GRAND DÉBAT / Gaza : la tragédie humanitaire
« Le récap » par Bruno Donnet
Depuis le 2 mars 2025, l'État d'Israël a décidé de suspendre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, abandonnant les populations déplacées à la famine et aux épidémies. Le Premier ministre israélien était en visite à Washington le 7 avril 2025 pour rencontrer Donald Trump afin de négocier les droits de douanes et l'aide militaire américaine. Le même jour, Emmanuel Macron rencontrait le président égyptien al-Sissi. Au cours de sa visite, le Président français est allé à la rencontre de malades palestiniens soignés en Egypte, non loin de la frontière palestinienne. En conclusion de cette visite officielle, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté « d'aller vers une reconnaissance de l'État de Palestine » lors d'une conférence présidée par l'Arabie-Saoudite au mois de juin. L'annonce d'une reconnaissance de l'État de la Palestine par la France pourra-t-elle contribuer à une résolution du conflit opposant Israël au Hamas ?
Invités :
- Vincent Hugeux, essayiste, journaliste indépendant et enseignant à Sciences Po
- Ofer Bronchtein, Président du forum international pour la paix
- David Chemla, secrétaire général européen de JCall (réseau juif européen pour Israël et pour la paix)
- En Skype : Raphaël Pitti, médecin humanitaire, Président de l'ONG « Humanité Solidarité Médecine » (HuSoMe)
GRAND ENTRETIEN / Yaël Braun-Pivet : « À ma place », ou les racines de l'engagement
Séduite par l'engagement d'Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet est élue députée pour la première fois en 2017. Sept ans plus tard, celle qui est devenue la première femme élue à la présidence de l'Assemblée nationale revient sur son expérience à travers un récit de vie. Issue d'une famille juive polonaise qui s'est réfugiée en France à la fin de la seconde Guerre Mondiale, elle remonte le fil des événements qui ont façonné son itinéraire politique. Elle aborde le sexisme dont elle a été l'objet, l'adversité provenant de son propre camp ou encore les avancées politiques dont elle est fière. Sous sa plume, les propositions politiques affleurent au détour d'un souvenir ou d'une réflexion. Et si Yaël Braun-Pivet revendique n'avoir pas écrit un « livre programme », une question demeure en filigrane : qu'est-ce qui, aujourd'hui, lui permet d'affirmer qu'elle est enfin « à [sa] place » ?
Grande invitée : Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale
- Elsa Mondin- Gava, journaliste LCP
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l'art oratoire
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
« Le récap » par Bruno Donnet
Depuis le 2 mars 2025, l'État d'Israël a décidé de suspendre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, abandonnant les populations déplacées à la famine et aux épidémies. Le Premier ministre israélien était en visite à Washington le 7 avril 2025 pour rencontrer Donald Trump afin de négocier les droits de douanes et l'aide militaire américaine. Le même jour, Emmanuel Macron rencontrait le président égyptien al-Sissi. Au cours de sa visite, le Président français est allé à la rencontre de malades palestiniens soignés en Egypte, non loin de la frontière palestinienne. En conclusion de cette visite officielle, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté « d'aller vers une reconnaissance de l'État de Palestine » lors d'une conférence présidée par l'Arabie-Saoudite au mois de juin. L'annonce d'une reconnaissance de l'État de la Palestine par la France pourra-t-elle contribuer à une résolution du conflit opposant Israël au Hamas ?
Invités :
- Vincent Hugeux, essayiste, journaliste indépendant et enseignant à Sciences Po
- Ofer Bronchtein, Président du forum international pour la paix
- David Chemla, secrétaire général européen de JCall (réseau juif européen pour Israël et pour la paix)
- En Skype : Raphaël Pitti, médecin humanitaire, Président de l'ONG « Humanité Solidarité Médecine » (HuSoMe)
GRAND ENTRETIEN / Yaël Braun-Pivet : « À ma place », ou les racines de l'engagement
Séduite par l'engagement d'Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet est élue députée pour la première fois en 2017. Sept ans plus tard, celle qui est devenue la première femme élue à la présidence de l'Assemblée nationale revient sur son expérience à travers un récit de vie. Issue d'une famille juive polonaise qui s'est réfugiée en France à la fin de la seconde Guerre Mondiale, elle remonte le fil des événements qui ont façonné son itinéraire politique. Elle aborde le sexisme dont elle a été l'objet, l'adversité provenant de son propre camp ou encore les avancées politiques dont elle est fière. Sous sa plume, les propositions politiques affleurent au détour d'un souvenir ou d'une réflexion. Et si Yaël Braun-Pivet revendique n'avoir pas écrit un « livre programme », une question demeure en filigrane : qu'est-ce qui, aujourd'hui, lui permet d'affirmer qu'elle est enfin « à [sa] place » ?
Grande invitée : Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale
- Elsa Mondin- Gava, journaliste LCP
- Mariette Darrigrand, sémiologue
- Bertrand Périer, avocat, spécialiste de l'art oratoire
Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.
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00:00Générique
00:00Bonsoir et bienvenue, très heureuse de vous retrouver dans ça vous regarde ce soir, le cauchemar à Gaza.
00:13Pour la première fois, Emmanuel Macron envisage la reconnaissance de l'état de la Palestine par la France.
00:20C'est un changement de cap après son déplacement en Égypte.
00:23Avec quelles conséquences ? Une solution politique au conflit est-elle encore possible ?
00:29Grand décryptage avec mes invités dans un tout petit instant sur ce plateau.
00:34Pour la première fois, elle se raconte dans un livre et elle raconte son histoire, celle d'une petite fille d'immigré d'Europe de l'Est à qui la République a tout donné.
00:43Un récit intime sur ses origines, sa famille, son parcours.
00:47Un récit sans filtre aussi, vous allez le voir, sur la Macronie qu'il a parfois déçu.
00:52Yaël Braun-Pivet publie « À ma place » aux éditions Boucher-Chastel, la présidente de l'Assemblée et d'en franc parler.
00:59Ce soir, enfin, les cartes blanches de nos chroniqueurs à Yaël Braun-Pivet.
01:04L'Assemblée fragmentée, le risque d'immobilisme et puis 2027, ce sera retrouvé à la fin de cette émission.
01:11Voilà pour le sommaire.
01:13Installez-vous, ça vous regarde, ça commence tout de suite.
01:15Jusqu'ici, la France était restée très prudente, engagée sur le terrain humanitaire, mais hésitante sur le plan politique.
01:35Face à la rupture de la trêve, la reprise des bombardements à Gaza, Emmanuel Macron a donc créé la surprise.
01:45Annonçant la possible reconnaissance d'un État palestinien par notre pays, ce qui ferait d'ailleurs le principal, ce qui en ferait le principal pays occidental à sauter le pas.
01:54Alors pourquoi maintenant et surtout, qu'est-ce que ça peut changer très concrètement ?
01:59Bonsoir Vincent Higeux.
02:01Bonsoir Myriam.
02:01Merci d'être là, journaliste indépendant, essayiste et enseignant à Sciences Po.
02:06Bonsoir Ofer Braun-Stein.
02:07Bonsoir Myriam.
02:08Bienvenue, président du Forum international pour la paix, chargé de mission par Emmanuel Macron pour le rapprochement israélo-palestinien.
02:15Et je rappelle que vous étiez le conseiller de l'ancien Premier ministre assassiné israélien, Itzhak Rabin.
02:22Bonsoir David Shemla.
02:23Bonsoir.
02:24Ravi de vous accueillir.
02:25Vous êtes le secrétaire général du Mouvement européen pour la paix, G. Cole.
02:28Enfin, bonsoir Raphaël Pitti, à distance avec nous ce soir.
02:32Merci d'être avec nous, médecin humanitaire, président fondateur de l'ONG Humanité, Solidarité, Médecine.
02:39Merci à tous les quatre.
02:40Un débat qui s'ouvre comme chaque soir, avec un petit pincement au cœur particulier ce soir par Bruno Donnet.
02:56Bonsoir Bruno.
02:57Bonsoir mon cher pincement, bonsoir à tous.
02:59Emmanuel Macron tout prêt de reconnaître l'État palestinien.
03:04Et de plus en plus loin du président américain qui, il y a deux mois, avait un projet on ne peut plus baroque pour la bande de Gaza.
03:11La riviera du Moyen-Orient, ça pourrait être vraiment quelque chose de magnifique.
03:18Donald Trump souhaitait déplacer les Palestiniens pour y construire un immense complexe touristique.
03:24Un projet auquel Emmanuel Macron a donc répondu ce mardi, on ne peut plus fermement.
03:28Vous avez des dizaines de milliers d'enfants qui sont mutilés sans famille.
03:33C'est ça dont on parle quand on parle de Gaza.
03:35Ce n'est pas d'un projet immobilier.
03:37Car en dépit du cessez-le-feu annoncé le 15 janvier, Israël a choisi de rompre la trêve le 18 mars dernier.
03:44Depuis cette date, les frappes ont repris sur Gaza.
03:47Et d'après les chiffres communiqués par le ministère de la Santé de l'Enclave, 1 400 palestiniens bouclés et affamés auraient péri sous les bombardements israéliens.
03:57La réalité, c'est que vous avez 2 millions de personnes qui sont enfermées.
04:002 millions.
04:01Après des mois et des mois de bombardements d'une guerre terrible, des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie.
04:11Alors Emmanuel Macron était resté jusqu'ici d'une prudence de sioux sur la question de l'État palestinien.
04:17Il a donc annoncé dans l'avion qui le ramenait d'Égypte son ambition diplomatique sans précédent.
04:22On se bat pour Gaza, le retour de la paix et de la sécurité, l'humanitaire et une solution politique.
04:30On doit aller vers une reconnaissance.
04:32Et donc dans les prochains mois, on ira.
04:34On ira, a dit Emmanuel Macron, comprenez Myriam, on ira vers la reconnaissance d'un État palestinien.
04:40Alors c'était une déclaration, Bruno, qui a été diversement accueillie.
04:43Oui, côté palestinien, l'idée que la France aille un cran plus loin dans la doctrine de la solution à 2 États,
04:49promue jusqu'ici par Emmanuel Macron, a bien sûr été accueillie avec beaucoup d'enthousiasme.
04:56C'est une bonne chose.
04:58Et si Dieu le veut, tous les pays seront comme la France.
05:01Nous remercions la France et espérons qu'elle nous soutiendra avec quelque chose de meilleur et avec la paix.
05:07Seulement voilà, l'initiative n'a pas plu du tout à Israël.
05:11Dans une longue interview accordée à la chaîne britannique Sky News,
05:14le chef de la diplomatie, Gideon Sarr, a estimé qu'il s'agirait là d'un coup de pouce au Hamas,
05:20rappelant que les otages du 7 octobre n'ont toujours pas été libérés, pas tous en tout cas,
05:25et que certains sont revenus dans un cercueil.
05:27Pas content non plus, Donald Trump qui a redit cette semaine son ambition de placer Gaza sous tutelle américaine.
05:34Contrôler et garder les rues de Gaza serait une bonne chose,
05:37car actuellement, et c'est le cas depuis des années et des années,
05:41tout ce que j'entends ce sont les tueries, le Hamas et des problèmes.
05:44La France rendra donc sa décision en juin prochain, au moment de la conférence des Nations Unies,
05:49mais si elle devait reconnaître officiellement l'État palestinien,
05:53elle serait le tout premier État parmi les membres du G7 à accepter de le faire.
05:58Merci beaucoup, merci Bruno Donnet.
05:59Vincent Heugeux, Emmanuel Macron l'avait dit, il reconnaîtrait,
06:04ce n'est pas une surprise énorme, parce qu'il l'avait dit, il reconnaîtrait la Palestine,
06:10je cite, le moment venu.
06:12Pourquoi le moment est venu, selon vous, pour lui ?
06:15Il est exact qu'en février dernier, il avait signifié que la question de la reconnaissance
06:20par la France de l'État palestinien n'était pas tabou, je le cite.
06:23Donc au fond, on s'inscrit dans la continuité de cette approche.
06:27Je crois que Bruno a mis le doigt sur l'essentiel,
06:29il y a une conjonction astrale très particulière.
06:33Il évoquait la dimension baroque du projet de Riviera de Washington.
06:39Pour moi, elle est plus obscène que baroque.
06:42C'est-à-dire qu'il n'y a rien de cocasse là-dedans.
06:44Il s'agit en fait d'un projet de déportation massive de la population de Gaza,
06:49en partie vers le Sinaï et peut-être, pourquoi pas, allons-y dans le délire,
06:56via la Cisjordanie vers le royaume hachémite de Jordanie.
07:01Simplement, la portée du propos d'Emmanuel Macron serait sans doute plus lourde
07:07s'il s'agissait non pas d'une initiative française, mais d'une initiative européenne.
07:11Or, il se trouve que l'Europe est profondément divisée.
07:14Alors, il y a quand même l'Espagne, la Pologne, les pays scandinaves qui l'ont déjà fait.
07:18Oui, mais 11 sur 27.
07:19Et sur les 11, vous avez plusieurs pays d'Europe centrale
07:22qui l'ont fait avant leur inclusion dans l'Union européenne,
07:25à l'époque où ils étaient encore des quasi-satellites de la défunte Union soviétique.
07:29Et pour n'en citer que deux, l'Italie et l'Allemagne
07:32ne sont pas du tout à ce stade sur cette ligne.
07:35Et donc, je m'arrête là-dessus à ce stade.
07:39Si d'aventure, pour des raisons X ou Y, il n'y avait pas de passage à l'acte
07:43à la fin de cette conférence qui aura lieu à New York,
07:46sur la bannière onusienne avec Riyad, avec l'Arabie saoudite,
07:49s'il n'y avait pas de passage à l'acte, la France, pour le coup,
07:52encourerait un procès en duplicité.
07:54Un dernier point quand même...
07:55Un procès en duplicité, ça voudrait dire que le silence de la France
07:57serait une forme de complicité de l'horreur à Gaza ?
08:01Quand vous annoncez un projet de nature politique comme celui-là,
08:04que vous fixez une échéance, si vous faites machine arrière,
08:07évidemment, on vous demande des comptes.
08:08Mais, et j'arrête vraiment là-dessus, mais c'est très important,
08:11parce qu'il y a beaucoup de caricatures que l'on sent montées,
08:15y compris dans l'extrême droite française, d'ailleurs, depuis ce propos.
08:19Macron inscrit ça dans une dynamique.
08:21Alors, on est bien.
08:22Il suppose désarmement du Hamas, exfiltration de la plupart de ses cadres,
08:26sinon de la totalité de ses cadres,
08:28et une sorte de réciprocité pour les pays de la région
08:31qui n'ont pas encore, et ils sont nombreux, reconnus Israël.
08:35– Alors, on y vient dans le détail.
08:36C'est vrai que le président français, Ofer Bronstein,
08:38parle d'un mouvement de reconnaissance réciproque.
08:41Ce sont ces mots, on vient de les entendre en vue de la conférence
08:44de New York en juin prochain sur la Palestine.
08:48J'imagine que vous étiez au courant.
08:50Expliquez-nous exactement dans quelle démarche il se situe.
08:54Est-ce qu'on est dans une démarche diplomatique ?
08:56Est-ce qu'on est dans une démarche symbolique ?
08:58Ce n'est pas du tout la même chose.
09:00– Permettez-moi, Myriam, tout d'abord, quelque chose de très personnel.
09:04Je vous souhaite un bon vent et beaucoup de chance
09:08dans vos nouvelles responsabilités.
09:10– Merci. On ferme la parenthèse.
09:11– On ferme la parenthèse.
09:13Non, non, non, ce n'est pas du tout symbolique.
09:15C'est plus que diplomatique.
09:17C'est politique.
09:19Et ce n'est pas uniquement une reconnaissance symbolique.
09:23On a reconnu et on passe à autre chose.
09:24Pas du tout.
09:25Elle est dans un contexte qui est beaucoup plus large.
09:28Moi, qui suis chargé de mission par lui,
09:30déjà presque depuis 4 ans,
09:32je martèle depuis 4 ans,
09:34reconnaissez, reconnaissez, reconnaissez.
09:36– Donc il y a une démarche qui est collective,
09:38il y a une dynamique qui est collective.
09:39Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
09:40Ça veut dire qu'il y a des pays en Europe,
09:44la France qui pourrait reconnaître la France,
09:46mais en échange, il y a notamment l'Arabie saoudite,
09:51Mohamed Ben Salman,
09:52qui reconnaîtrait l'existence d'Israël.
09:54C'est ça l'idée ?
09:55– La conférence du mois de juin,
09:57qui est le fruit de la visite du président à Riyad
10:01il y a quelques mois,
10:02s'appelle la conférence des deux États.
10:05Elle dit bien ce que son objectif.
10:08Israël a très envie, le Premier ministre,
10:11dans le contexte des accords d'Abraham,
10:14de voir l'Arabie saoudite appartenir à ce club de pays qui reconnaissent Israël.
10:19Macron leur dit, voilà, pas seulement l'Arabie saoudite,
10:22mais il y a d'autres pays arabes et musulmans.
10:23– On va voir la carte dans un instant.
10:25– Il y a d'autres pays arabes et musulmans qui vont plus loin.
10:26– On va regarder cette carte,
10:29parce que c'est vrai qu'on a toujours tendance à dire
10:31qu'Israël est entouré de pays arabes
10:33qui ne reconnaissent pas cet État.
10:36Ce n'est pas complètement vrai,
10:37puisqu'on sait que la Jordanie et l'Égypte,
10:41bien évidemment, reconnaissent.
10:42– Et aujourd'hui le Maroc avec les fameux accords de normalisation
10:45d'Abraham, les Émirats arabes unis,
10:48Bahreïn et le Soudan.
10:50Ceux qui sont en rouge, on va dire les satellites de l'Iran,
10:53la Syrie, le Liban, l'Iran ne reconnaissent pas.
10:57– Ce sont tous satellites de l'Iran.
10:59– Si l'Arabie saoudite basculait, qu'est-ce que ça changerait ?
11:03– Ça change énormément la donne.
11:05– Quoi précisément ?
11:05– Je vais vous dire, tout d'abord,
11:06je pense que ça donnera envie au Qatar d'aller de l'avant.
11:11– Pourquoi le Qatar, c'est important ?
11:13– Parce qu'il fait partie des pays du Golfe,
11:15parce que déjà les relations avec le Qatar
11:17sont des relations complexes.
11:18Je veux vous rappeler quelque chose,
11:20on n'est pas dans la nouveauté, on est dans un remake.
11:23En 1993, après les accords de paix historiques
11:26entre Yasser Arafat et le Premier ministre,
11:29Yasser Arafat Rabin, une quantité de pays musulmans
11:31avaient reconnu l'État d'Israël.
11:33Il y avait des relations diplomatiques avec la Mauritanie,
11:35il y avait des bureaux d'intérêt en Tunisie, au Maroc, au Qatar,
11:39à l'Arabie saoudite, dans les Émirats.
11:41– François Bonshain, ça veut dire quoi, reconnaître un État ?
11:43Est-ce que c'est, encore une fois, symbolique ?
11:45Dans quelles frontières ?
11:46La France reconnaîtrait l'État de Palestine ?
11:50Dans quelles frontières ?
11:50– Je vais vous dire, ce que je propose au président
11:52depuis 4 ans maintenant, c'est de changer le paradigme.
11:55Le paradigme, jusqu'à aujourd'hui, était
11:56les Israéliens et les Palestiniens vont négocier,
11:59au bout de ces négociations, il y aura un État palestinien,
12:02avec des frontières, etc.
12:03– Ça, c'est un pari, aujourd'hui, audacieux de le dire.
12:06– Oui, mais j'ai dit que ça fait 35 ans
12:07qu'on a essayé ce truc, ça n'a pas marché.
12:09Donc aujourd'hui, on change de paradigme.
12:10On reconnaît l'État de Palestine,
12:12et après, on aide les uns et les autres
12:14à se mettre autour de la table pour décider des problèmes qui sont…
12:17– Avec la Cisjordanie, avec Jérusalemès ?
12:19– Bien sûr, avec Jérusalemès.
12:19– Les frontières de 67 ?
12:21– Les frontières.
12:22S'il y a une volonté politique, s'il y a un courage politique,
12:25il y a des solutions faciles.
12:26– Bien. On entend votre optimisme.
12:28David Chemla, vous, vous suivez ce conflit quotidiennement,
12:31et particulièrement la société civile israélienne.
12:35Évidemment, reconnaître cet État,
12:36s'est refusé que les Palestiniens ne disparaissent,
12:39parce qu'on voit dans quelle situation humanitaire
12:42ils sont ce soir, ils sont aujourd'hui.
12:45Benyamin Netanyahou est furieux.
12:47Et les Israéliens ?
12:48Qu'est-ce qu'ils en disent ?
12:49– Les Israéliens sont divisés sur ce sujet
12:52comme sur d'autres,
12:53mais ce n'est pas le plus important pour eux.
12:56Ils sont encore dans cette situation de l'après 7 octobre,
12:59dans le traumatisme encore de cette guerre,
13:01des otages qui sont encore détenus,
13:02dont on espère la libération,
13:04et ils sont en lutte aussi, majoritairement,
13:07en tout cas plus que 70% de la population
13:09le manifeste dans les sondages,
13:11contre ce gouvernement,
13:12à cause des projets de réformes judiciaires
13:15qu'ils sont en train de remettre sur le devant de l'actualité.
13:19– Donc c'est ça qui vraiment les occupe.
13:20– C'est ça qui aujourd'hui les mobilise.
13:21– La Cour suprême, le chef des services secrets,
13:24il est vrai que Netanyahou veut limoger.
13:25– Voilà, effectivement,
13:27donc Netanyahou veut limoger,
13:29le chef des services secrets,
13:31cette décision a été rejetée par la Cour suprême
13:35qui dit que pour l'instant il n'en a pas le pouvoir
13:37parce qu'il n'a pas voté, etc.
13:40Donc c'est ça le sujet.
13:42Par ailleurs, il y a de plus en plus de voix aussi
13:45qui demande la fin de la guerre.
13:47Cette guerre dont les deux objectifs définis par le gouvernement
13:51étaient éradication du Hamas et libération des otages.
13:54Ils n'ont pas réussi à éradiquer le Hamas
13:56puisque 18 mois après, il y a encore une force du Hamas
13:59qui sont effectives et qui se battent
14:01et les otages, la seule façon de les avoir libérés
14:03c'était par des négociations.
14:05Donc la population en est consciente
14:06et demande d'arrêter ce conflit.
14:09Ces jours-ci, il y a eu une pétition signée par 1000 aviateurs
14:12et maintenant d'autres forces militaires réservistes
14:16qui vont dans ce sens
14:18pour demander au gouvernement d'arrêter la guerre.
14:20Ils ne veulent pas, ils ne sont pas des déserteurs
14:23ils ne refusent pas d'aller se mobiliser si nécessaire
14:25mais ils disent que c'est une guerre
14:27qui devient de plus en plus à des fins politiques.
14:29Et cette idée d'une logique au fond de normalisation implicite
14:32sans remettre les accords d'Abraham sur la table
14:35que certains pays et non des moindres
14:37comme l'Arabie Saoudite pourraient reconnaître Israël
14:40en échange d'une reconnaissance de la Palestine par la France.
14:44Vous, est-ce que c'est un minuscule petit pas
14:47vers une forme de solution politique
14:51ou le début de quelque chose d'autre
14:53ou vers un cessez-le-feu parce que c'est le préalable
14:55ou au fond ça ne change strictement rien ?
14:58Vous savez, on connaît le problème au fait,
15:00on en a parlé tout à l'heure,
15:01la solution des deux États est la seule
15:03parce que toute autre alternative est dramatique
15:05et pour les Palestiniens et pour les Israéliens.
15:07Donc la question, comment y arriver ?
15:09Il y a deux blocages, un gouvernement de droite
15:11et d'extrême droite en Israël qui n'en veut pas
15:12et puis du côté palestinien, le Hamas
15:15et les extrémistes palestiniens qui n'en veulent pas,
15:16qui font tout pour saboter toutes les possibilités.
15:19Donc effectivement, il faut trouver les leviers
15:22pour agir sur les deux côtés.
15:24Si on arrive à effectivement,
15:25en profitant de la situation à Gaza,
15:28de sortir le Hamas de l'équation,
15:30de mettre en place une autorité palestinienne
15:33ou des Palestiniens venus peut-être de la diaspora
15:34ou d'ailleurs qui prendraient en main la gestion
15:36de la population Gazaouie.
15:38Évidemment, le plan Trump est complètement,
15:40non seulement obsède, mais inconvénient.
15:42On va y revenir parce que pour la première fois
15:43il y a deux semaines, il y a quelques centaines
15:44de Gazaouies qui ont manifesté contre la masse.
15:46Je pense que la société israélienne la suivrait.
15:48Allez, en attendant, c'est la désolation à Gaza
15:50pour se figurer les choses en images,
15:53les conséquences du blocus humanitaire
15:54et la reprise des bombardements.
15:55Marco Pommier avec les équipes de l'AFP.
15:57Une ambulance transportant des corps
16:06vers l'hôpital de Ranounies
16:07après la dernière frappe israélienne
16:10survenue la nuit dernière
16:11dans le sud de la bande de Gaza.
16:14Dix morts, dix membres d'une même famille,
16:16dont sept enfants,
16:18selon la défense civile palestinienne.
16:20Au total, plus de 50 000 Gazaouis
16:23ont perdu la vie depuis le début de la guerre,
16:25le 7 octobre 2023.
16:28Des bombardements incessants
16:29et des habitants qui pleurent leurs proches.
16:33Nous sommes des innocents,
16:35des enfants qui n'ont rien fait de mal
16:37et des personnes âgées qui vivent dans des tentes.
16:40Pourtant, les Israéliens continuent
16:42de tirer des missiles sur nous.
16:45Tsaal a repris son offensive militaire mi-mars
16:48après deux mois de trêve,
16:50imposant un blocus total au territoire.
16:53De quoi raviver le spectre de la famine
16:55pour 2,5 millions d'habitants ?
16:57Ici, dans le nord de la bande de Gaza,
17:00des Palestiniens font la queue
17:01à un point de distribution d'aide de l'ONU.
17:05Il n'y a plus de farine,
17:06plus de boulangerie, plus rien.
17:09Et le prix d'un sac de farine
17:10a atteint 120 dollars.
17:12Où allons-nous trouver ça ?
17:14Nous souffrons beaucoup.
17:16Il n'y a pas de nourriture sur les marchés.
17:18Les légumes sont chers
17:19et les gens n'ont pas d'argent pour les acheter.
17:21La faim, la peur, survivre plutôt que vivre
17:26dans un territoire totalement ravagé
17:29avec des ruines à perte de vue.
17:31Et re-bonsoir, Raphaël Pitti,
17:36vous qui vous êtes rendu dans l'enclave palestinienne
17:38il y a quelques mois.
17:39Quelles sont précisément et concrètement
17:42les conséquences de ces 40 jours de blocus ?
17:45L'État est brodique.
17:46Il reste des stocks de médicaments et de nourriture.
17:48Peut-on les croire ?
17:50Non, c'est faux.
17:52Non, totalement.
17:53Nous avons sept centres de champs primaires à Gaza
17:56répartis entre le nord et le sud.
17:59Et à l'heure actuelle où je vous parle,
18:00nous n'avons pratiquement plus de médicaments
18:02pour soigner la population.
18:04Au même temps, nous essayons de distribuer de l'eau potable.
18:07Nous en distribuons 17 000 à la fois dans le sud
18:10et dans le nord.
18:12Et bien, nous avons vraiment des difficultés d'approvisionnement
18:14puisque les Israéliens ont encore détruit
18:16une usine de désalinisation de l'eau.
18:19Et donc, nous avons un gros souci d'approvisionnement
18:22pour ce qui concerne l'eau potable à la population.
18:26Et donc, vous savez, j'entends bien
18:28la reconnaissance de l'État d'Israël.
18:31J'entends bien tout ça.
18:33Mais ça ne répond pas à la question immédiate
18:35où il y a une population qui est maintenant terrorisée
18:38au point que les gens, les bombardements
18:40ayant lieu surtout la nuit,
18:42les gens dorment sous leur temps,
18:44habillés avec un sac à dos près d'eux
18:47pour pouvoir s'échapper éventuellement
18:48si tel était le cas,
18:51si la violence était à se rapprocher.
18:53Que vous disent vos contacts sur place
18:56concernant les enfants victimes, notamment ?
19:00Oui, je disais, la question fondamentale,
19:03c'est le cesser de feu immédiat
19:04et le réapprovisionnement.
19:06Cette population, depuis 18 mois,
19:08elle est violentée, elle est martyrisée.
19:11Il y a une nécessité de réponse
19:14et d'action immédiate.
19:16immédiat, la reconnaissance au mois de juin,
19:19de manière aléatoire,
19:20à position que d'autres pays suivent,
19:23tout ça, c'est pour qu'il y ait un.
19:25Dans l'immédiat, arrêtez cette guerre,
19:27arrêtez le bombardement,
19:28arrêtez de terroriser, arrêtez de tuer.
19:30Raphaël Pity, les hôpitaux dans Gaza,
19:35vous y étiez.
19:36Est-ce qu'ils fonctionnent encore ?
19:38Et de quoi manque-t-il le plus ?
19:41Il manque de tout.
19:42Nous sommes revenus à ce qui s'est passé
19:44tout à fait au début
19:45et avec maintenant beaucoup plus de problèmes
19:48parce qu'il y a moins d'hôpitaux,
19:50moins de possibilités de prise en charge
19:52de tous les blessés qui arrivent à l'hôpital.
19:55Et donc, on manque de moyens anesthésiques,
19:58on manque d'antibiotiques,
20:01on est dans une situation extrêmement difficile.
20:04J'aimerais que les gens puissent le comprendre.
20:06Déjà, en 2024,
20:08quand j'y étais au mois de janvier,
20:10j'ai vécu la pire expérience de ma vie
20:12sur le plan humanitaire en tant que médecin,
20:15c'est-à-dire le triage inversé,
20:17laisser mourir des gens
20:18parce que nous n'avions pas les moyens
20:21de les soigner.
20:23Merci Raphaël Pity.
20:23Et donc, aujourd'hui,
20:25ils sont dans cette situation-là de nouveau.
20:27Merci.
20:28Merci d'avoir été avec nous, Raphaël Pity,
20:31Vincent Huché.
20:3214 secouristes du Croissant Rouge palestinien
20:35et un de l'ONU ont été tués
20:38à la suite de tirs israéliens.
20:41Plus aucun humanitaire ne peut rentrer aujourd'hui.
20:43Au passage, cet épisode tragique
20:46a donné l'occasion aussi
20:47de constater jusqu'à quel point
20:49la boussole morale d'Israël
20:52avait pu être affolée
20:53par Netanyahou et les faucons
20:55qui l'entourent.
20:56puisqu'on a d'abord été dans le déni,
20:58dans le mensonge,
20:59et ensuite, à reculons,
21:02quand les vidéos ont été diffusées
21:04et authentifiées,
21:06dans une reculade
21:08sur le thème de l'erreur.
21:09Bien.
21:10Alors, expliquez-nous.
21:10Ce vendredi, vous avez une famille
21:13de 10 membres, dont 7 enfants,
21:15qui a été tué dans une maison
21:17à Ragnounès.
21:18On était à Ragnounès
21:18il y a quelques instants.
21:21L'ONU a fait un constat
21:23tout aussi désolant.
21:26Ils ont documenté
21:2736 des 224 frappes récentes,
21:31entre le 18 mars et le 9 avril,
21:33précisément.
21:34Eh bien, sur ces 36 frappes,
21:35la quasi-totalité,
21:37sinon la totalité des victimes
21:39étaient des femmes
21:40et des enfants.
21:41Seule lueur d'espoir
21:42dans ce constat amer.
21:45La presse israélienne,
21:47aujourd'hui même,
21:48fait état d'un échange
21:49de documents
21:50entre Égypte et Israël
21:53qui pourrait,
21:54le cas échéant,
21:55je suis extrêmement précautionneux,
21:57aboutir à un nouvel échange.
21:59En gros, il y aurait
22:008 otages vivants
22:01qui seraient libérés,
22:04accompagnés de 8 dépouilles,
22:05de captifs tués,
22:07en échange de quelques centaines
22:09de Palestiniens.
22:10Donc, ça veut dire que,
22:11malgré la reprise du conflit,
22:12ça négocie toujours ?
22:13Oui.
22:13Et une nouvelle trêve
22:14de 40 à 70 jours.
22:16J'y viens,
22:16puisque, à l'instant,
22:17Raphaël Pity a insisté
22:18sur la nécessité vitale,
22:20impérieuse de cette trêve.
22:21Alors, ça veut dire
22:21une nouvelle trêve.
22:22On sait pourquoi
22:23Netanyahou a repris le conflit.
22:25Parce qu'on était
22:25à la phase 2.
22:26Et la phase 2
22:27du cessez-le-feu,
22:28c'était normalement
22:29le retrait
22:30de l'armée de Tsaal,
22:33de Gaza.
22:34Et ça, au fond,
22:35tout le monde savait
22:36qu'ils ne le feraient pas.
22:37Et d'ailleurs,
22:37ils étaient déjà soutenus
22:38avant même le début
22:40de la mise en œuvre
22:40de la trêve
22:41par Donald Trump
22:43C'est pour ça qu'aujourd'hui,
22:45il y a des milliers
22:45de soldats israéliens
22:46qui ont signé
22:48le petit saut
22:48en disant
22:49qu'on ne comprend plus
22:49le sens de cette guerre.
22:51Jusqu'où Trump
22:51peut soutenir tout ça ?
22:53Je ne sais pas.
22:55Demandez-moi beaucoup de choses,
22:56mais pas d'interpréter
22:57le président américain.
22:58Je ne suis pas capable.
22:59Par contre,
22:59je vais vous dire,
23:00cette guerre n'a plus de sens.
23:02Elle ne permet pas
23:03le retour des otages
23:05à la maison.
23:05Elle ne permet pas
23:06l'asphyxie du Hamas.
23:09Par contre,
23:10permettez-moi
23:11de vous donner quelque chose.
23:11Je vous en prie.
23:12Israël dépense
23:15200 millions
23:16de chèquelles
23:17par jour
23:17dans cette guerre.
23:19Cette guerre
23:19qui dure déjà
23:20depuis presque deux ans,
23:21c'est 60 milliards
23:22de chèquelles.
23:23Et la reconstruction
23:25de Gaza,
23:26elle est possible.
23:27C'est la seule façon
23:28de redonner espoir
23:29à ces enfants
23:30dont le président Macron
23:31a parlé,
23:33amputés,
23:34orphelins.
23:35Ces enfants-là,
23:36si on ne leur donne pas
23:36de l'espoir...
23:37Les leviers de pression
23:38de l'Europe,
23:38ils existent.
23:39Sur Israël ?
23:40Oui.
23:41C'est l'arrêt
23:42de livraison d'armes,
23:43c'est quoi ?
23:43Il y a quelques leviers...
23:44L'Europe et la France
23:45ne vendent pas d'armes
23:46à Israël.
23:47Moi, je ne pense pas
23:48au contraire.
23:49Nous, on ne vend pas.
23:50Israël en vend,
23:50mais eux,
23:51ils n'en vendent presque pas.
23:52Des pièces de rechange,
23:53oui,
23:53mais pas d'armes.
23:54Je ne pense pas non plus
23:56que le boycott
23:56ou les pressions économiques
23:57sont la bonne chose.
23:58Au contraire,
23:59ils renforcent
23:59la droite
24:00et l'extrême droite
24:01dans leur posture.
24:07Il y a des leviers économiques,
24:08il y a des leviers politiques.
24:10Israël ne peut pas...
24:11L'Europe a une force.
24:13L'Europe,
24:13c'est le principal marché
24:14d'Israël.
24:15Et je vais vous dire
24:16autre chose.
24:16L'Europe,
24:17c'est le principal donateur
24:18de l'autorité palestinienne.
24:2050 milliards
24:21en l'espace de 25 ans
24:23pour que, justement,
24:24se crée un État palestinien.
24:25Moi, j'ai proposé
24:26au président Macron,
24:28si les Israéliens
24:28ne veulent pas aller de l'avant,
24:29d'arrêter l'aide aux Palestiniens.
24:31Il m'a dit,
24:31comment ça, aux Palestiniens ?
24:32Je dis, oui.
24:33Si on arrête l'aide aux Palestiniens,
24:37la situation sera invivable
24:41pour les Palestiniens.
24:42Mais ça obligera les Israéliens
24:44de prendre la relève.
24:46Vous savez qui fait un lobby
24:47à Bruxelles chaque année
24:49pour que les Palestiniens
24:50reçoivent de l'argent ?
24:51C'est les Israéliens.
24:52C'est 20 milliards de dollars par an.
24:5420 milliards de dollars par an
24:55que le contraire israélien
24:56ne veut pas payer
24:57pour les Palestiniens.
24:58Mais je ne veux pas
24:59qu'on en arrive là.
25:00Je pense que les Israéliens
25:01ont plus de choix.
25:02Ils vont reconnaître, eux aussi,
25:03l'État de Palestine.
25:04Vous avez encore un peu d'espoir.
25:05Vous êtes tous les deux,
25:07David Shemla, notamment,
25:09des militants historiques de la paix.
25:10Franchement, ça fait quoi ?
25:11Ça fait 35 ans maintenant.
25:12On a les yeux blancs.
25:14En ce qui me concerne,
25:15ça fait plus de 50 ans.
25:16Tous les acteurs disent
25:17plus de 50 ans que c'est fini.
25:20Deux peuples, deux États,
25:21c'est fini.
25:22On peut encore y croire, franchement ?
25:24Quelle alternative ?
25:26Voilà.
25:26Quelle autre alternative ?
25:29Vous avez dans cette région,
25:30tout le monde le sait,
25:31à peu près 15 millions d'habitants.
25:33Moitié, moitié.
25:33Les Israéliens ne partiront pas,
25:35les Palestiniens ne partiront pas.
25:37Il y a deux entités
25:38avec un attachement à un drapeau,
25:41à une culture, à une langue
25:43et ils ne disparaîtront pas.
25:44Donc, le seul moyen,
25:45c'est le partage.
25:45C'est un combat
25:46depuis l'origine du mentionniste.
25:48Il y avait deux visions aussi,
25:50celle à laquelle nous nous sommes rattachés.
25:51C'est une vision
25:52qui permettait la création d'un État
25:53et il aurait dû y avoir
25:55un État palestinien en 1947.
25:57Il a été refusé à l'époque
25:58par les Palestiniens.
25:59Rappelons-le quand même.
26:01Ils ont une part de responsabilité
26:03dans cette histoire.
26:04Ce n'est pas que Israël
26:05qui est responsable de leur situation.
26:07Maintenant, 77 ans,
26:08bientôt après la création d'Israël,
26:11il faut trouver une solution
26:12et la seule,
26:12c'est celle du partage en deux états.
26:14Je vais vous donner, nous, à la fin
26:15avec un petit peu d'émotion.
26:16Mon cher Vincent,
26:18à vous de conclure.
26:18C'est un privilège
26:19en vous souhaitant bonne route.
26:21Merci à vous
26:21pour conclure ce débat.
26:25Quand vous songez
26:26au regard de la profondeur historique
26:27qui vient d'être rappelée,
26:29qu'une partie de cette tragédie
26:31relève de calculs judiciaires et politiques
26:34d'un Premier ministre
26:35dont l'histoire retiendra
26:36qu'il aura été l'un des pires serviteurs
26:38de la cause du peuple juif,
26:40les bras vous en tombent.
26:42On s'arrête là.
26:42On s'arrête là.
26:43J'ai honte en tant qu'Israélien
26:45et en tant que juif
26:46de ce qui se passe à Gaza.
26:46En tout cas, on voulait marquer le coup
26:48parce que c'est quand même
26:48un changement de pied important
26:50que la position française.
26:52Rendez-vous donc
26:53pour ce sommet en juin
26:54à New York
26:55pour voir s'il devient concret.
26:57Merci à vous
26:57et bonsoir,
26:58Yael Brun-Pivet.
26:59Merci d'être mon invité
27:01franc-parler
27:01dans un instant
27:02pour évoquer ce livre.
27:04Pour la première fois,
27:05vous prenez la plume
27:06à ma place
27:08aux éditions Boucher-Chastel.
27:10C'est l'histoire
27:10d'une novice en politique
27:12que rien ne prédestinait
27:14au perchoir.
27:14Un récit intime
27:16sur vos origines,
27:17sur votre parcours,
27:19sur votre famille aussi.
27:20C'est un récit
27:20sans filtre aussi.
27:22Vous allez le voir
27:22sur la Macronie,
27:23l'invitation de Stéphanie Despierre.
27:25Grand entretien
27:26juste après.
27:27Si on vous invite,
27:30Yael Brun-Pivet,
27:31c'est parce que vous racontez,
27:32avec une franchise
27:33parfois désarmante,
27:34votre ascension fulgurante
27:36jusqu'au perchoir.
27:37Avocate,
27:38vous plongez
27:38dans le bain politique
27:39en 2017
27:40dans le sillage
27:41d'Emmanuel Macron.
27:43Novice,
27:43vous êtes élu député
27:44des Yvelines.
27:45Cinq ans plus tard,
27:46vous serez brièvement ministre.
27:48Dès 2017,
27:49au nez et à la barbe
27:50de parlementaires
27:51aguerris
27:52et contre la vie
27:53de l'Elysée,
27:54vous raflez la présidence
27:55de la prestigieuse
27:56commission des lois.
27:58En 2022,
27:59même histoire.
28:00Le 28 juin,
28:01vous devenez
28:01la première femme
28:02présidente
28:03de l'Assemblée nationale.
28:05Personne n'est entré
28:07dans cet hémicycle
28:07sans émotions,
28:10sans ressentir
28:11l'histoire
28:11dont ces murs
28:12sont emprunts.
28:13Un symbole historique
28:14et une victoire
28:15de haute lutte,
28:16là encore,
28:17contre la vie
28:17de l'Elysée.
28:19Moins d'une heure
28:19avant votre désignation
28:21comme candidate
28:21par le groupe macroniste,
28:23la première ministre
28:24vous met la pression.
28:25Yaël,
28:26ce n'est pas possible.
28:27Tu te rends compte
28:28que tu joues contre nous,
28:29contre le président
28:30et moi-même ?
28:31Nous te demandons
28:32de démissionner
28:32immédiatement
28:33du gouvernement.
28:34J'attends ta lettre,
28:35maintenant.
28:36Votre livre raconte
28:36vos combats,
28:37l'aide à mourir,
28:38l'inscription de l'IVG
28:39dans la Constitution,
28:40la transparence,
28:41les droits du Parlement,
28:42la proportionnelle,
28:43avec un maître mot,
28:44l'indépendance,
28:45la vôtre
28:46et celle de l'Assemblée nationale.
28:48Mais face à cet hémicycle
28:49tumultueux,
28:50tenir le perchoir
28:51n'est pas simple.
28:52Vous avez un rappel
28:53à l'ordre
28:53avec inscription au procès
28:54verbal
28:54jusqu'à saisine du bureau.
28:57C'est inadmissible.
28:58Dans votre livre,
29:00vous fustigez
29:00ces comportements.
29:01Les députés LFI
29:02revendiquent
29:03une nouvelle façon
29:04de faire de la politique
29:05qui n'est rien d'autre
29:06qu'une façon
29:07de défaire
29:08nos institutions.
29:09Le nombre de fautes
29:10dans l'hémicycle,
29:12je m'aperçois
29:12qu'il y a des moments,
29:13des perturbations
29:15qui viennent de son camp,
29:16de son bloc central
29:17et elle ne regarde pas.
29:18C'est auquel entend
29:19un bruit de notre côté,
29:20elle se tourne.
29:21Je trouve que c'est
29:21vraiment exagéré.
29:22Elle a eu tendance
29:23parfois à avoir
29:24une vision,
29:27notamment,
29:28des sanctions
29:29à géométrie variable
29:30avec beaucoup
29:31une vision assez magnanime
29:33à l'égard
29:34de la gauche
29:35et de l'extrême gauche.
29:36Elle a raison
29:36de rappeler les règles,
29:37c'est une fonction
29:38pas facile en ce moment
29:39et moi je trouve
29:40qu'elle fait bien
29:41le boulot.
29:41Malgré cette atmosphère
29:43survoltée,
29:44malgré cet hémicycle
29:45morcelé,
29:46vous dites vous sentir
29:47aujourd'hui parfaitement
29:48à votre place
29:49au perchoir.
29:51Et merci d'être là
29:52Yael Brunpivet.
29:53Justement,
29:53revenons sur ce titre
29:55« À ma place ».
29:57C'est drôle
29:57parce qu'il peut être étonnant,
29:58vous n'avez cessé
29:59au fond de sortir
30:00de votre place
30:01pour en conquérir
30:02de nouvelles.
30:03C'est un peu
30:03ce que raconte ce livre.
30:05Vous refusez
30:06toute forme d'assignation
30:07et aujourd'hui,
30:09c'est à ma place,
30:10c'est à votre place.
30:11Ça veut dire quoi
30:11? Ça veut dire que
30:12peut-être même
30:13sans l'avoir imaginé,
30:15vous êtes à la place
30:17dont vous avez toujours rêvé ?
30:19Non, ça veut dire
30:20surtout que
30:21la place
30:22qui est la vôtre
30:24est celle que vous choisissez.
30:26C'est vous
30:26qui construisez
30:28votre chemin
30:28et votre destin
30:29et votre place
30:31c'est celle-là
30:32et ce n'est pas celle
30:33qu'on imagine
30:34pour vous,
30:35celle que d'autres
30:35imaginent pour vous.
30:37Je crois cela
30:38le message principal
30:39du livre,
30:40c'est qu'un destin
30:41se construit,
30:42un destin,
30:43ça se fabrique,
30:45en prenant des risques,
30:46on va le voir,
30:46en ayant d'audace
30:48et de la persévérance
30:50et c'est aussi pour ça
30:51que j'ai mis ça
30:52en miroir
30:52avec les histoires
30:54familiales
30:55qui montrent que
30:55dans ma famille,
30:57les destins
30:57se sont construits.
30:58On va remonter le fil.
31:00Vous racontez
31:00vos origines.
31:01votre livre s'ouvre
31:03sur une histoire républicaine,
31:04celle de votre grand-père,
31:06Kalman Braun,
31:07orphelin,
31:08juif,
31:08polonais
31:09qui fuit son pays
31:10tout seul
31:10à 9 ans,
31:12traverse l'Europe,
31:13devient tailleur,
31:13arrive en France
31:14et s'engage
31:15dans la résistance.
31:16Pourquoi cette figure-là
31:18pour commencer ?
31:19Déjà parce que
31:20je l'aimais beaucoup
31:20et que pour une petite fille,
31:22un grand-père,
31:23c'est sacré
31:24et j'ai voulu déjà
31:27lui rendre hommage
31:28avec ce prologue
31:29mais c'est aussi
31:30pour dire
31:31dans un moment
31:31où on est dans un pays
31:33qui rejette l'autre,
31:35qui peut-être doute
31:37sur la capacité
31:38à intégrer,
31:39à accueillir
31:39et à faire grandir
31:41au sein de la République,
31:42dire que cette histoire,
31:45elle avait beaucoup de sens.
31:46Qu'est-ce qu'elle représente
31:46pour vous, cette histoire ?
31:47C'est une France
31:49qui est fidèle à ses valeurs,
31:51une France qui accueille,
31:52qui accueille
31:53cette immigrée
31:55qui le protège,
31:57cette immigrée
31:58qui aussi donne tout
31:59pour la France
31:59puisqu'il se bat pour elle
32:01et il est prêt
32:02à perdre la vie
32:03pour ce pays
32:04qui l'accueille
32:05et qui n'est pas encore
32:06le sien
32:07puisqu'avant de rentrer
32:08dans la résistance,
32:09il s'engage
32:09dans la Légion étrangère
32:10puisqu'il n'est pas français.
32:12Et donc,
32:13c'est ça aussi la France
32:14et peut-être c'est ça aussi
32:15surtout
32:16ce que l'on attend
32:18de notre pays.
32:19Donc, c'est ça
32:19que j'avais envie
32:20de décrire
32:21et puis aussi
32:21le fait de dire
32:22que lorsqu'on fait
32:24de la politique,
32:25lorsqu'on atteint
32:25les plus hautes fonctions
32:27de l'État,
32:28ça n'était pas forcément écrit,
32:29on n'est pas forcément
32:30des héritiers,
32:30on n'a pas forcément
32:31des parents,
32:32des grands-parents
32:33qui étaient des élus,
32:34des grands élus,
32:35des grands bourgeois,
32:36que la politique,
32:37c'est l'affaire de tous,
32:38qu'elle est ouverte
32:38à tout le monde
32:39et que dans notre pays,
32:40chacun peut arriver
32:42aux plus hautes responsabilités.
32:43Vous conservez d'ailleurs
32:44l'étiquette
32:45de la maison de couture
32:46de votre grand-père
32:47dans la doublure
32:48de votre robe d'avocate.
32:49Le jour où vous êtes élue
32:51au Père Choir en 2022,
32:53la première fois,
32:54on s'en souvient,
32:55votre mère est dans
32:56les tribunes de l'hémicycle,
32:57il y a même quelques images
32:58avec toute votre famille
32:59et l'on découvre
33:00sous votre plume
33:01dans ce livre
33:01qu'elle a été
33:03une enfant abandonnée,
33:05puis récupérée,
33:06battue par son beau-père,
33:09salement amochée,
33:10plusieurs fois.
33:12À chaque fois,
33:12d'ailleurs,
33:12toute jeune,
33:13elle se rend au commissariat
33:14et finira par grandir
33:15dans un foyer
33:16grâce aux interventions
33:18des voisins.
33:19Vous écrivez
33:20« Elle m'a appris
33:21à ne jamais subir ».
33:23Que lui devez-vous ?
33:24Ça, justement,
33:25cette force,
33:27cette capacité
33:28à tenir,
33:30à résister,
33:31à ne jamais me plaindre.
33:33Ma mère,
33:33quand j'étais enfant,
33:35je n'avais pas le droit
33:35de me plaindre,
33:36je n'avais pas le droit
33:36d'être malade,
33:37je n'avais pas le droit
33:38d'être fatiguée.
33:41Voilà,
33:41elle était toujours
33:42« C'est rien ce que tu vis
33:44par rapport à ce que j'ai vécu ».
33:46Elle aurait pu vous embarquer
33:47dans une forme de dépression,
33:49de grande tristesse ?
33:49Elle ne l'a jamais été
33:50parce que ma mère,
33:51et c'est ça qu'elle m'a appris,
33:52c'est que quand elle a coupé
33:54les ponts
33:55pour se débarrasser
33:56de tout ce malheur
33:57et de toute cette noirceur
33:59dans laquelle elle avait grandi,
34:00et elle m'a montré
34:03qu'il fallait être fort
34:06et qu'il fallait être capable
34:07d'avancer,
34:08de ne pas subir
34:09et de se construire
34:10son propre chemin
34:12et de ne pas laisser
34:14les autres faire.
34:15Alors justement,
34:16c'est étonnant
34:17parce qu'on parle d'audace,
34:18on parle d'une certaine forme
34:20aussi de prise de risque
34:22sans forcément connaître la suite.
34:24Parfois,
34:25vos prises de risque,
34:26elles sont complètement
34:26à rebours
34:27de l'air du temps
34:28des femmes de votre génération.
34:29Vous quittez
34:30le cabinet prestigieux
34:32d'avocat
34:32dans lequel vous travaillez
34:34à l'époque
34:34pour suivre votre mari
34:35au Japon
34:36et à Taïwan
34:37et vous allez faire
34:38cinq enfants
34:39en neuf ans
34:40et vous choisissez,
34:42vous choisissez vraiment
34:43d'être ce qu'on appelle
34:44une mère au foyer
34:45et tant pis
34:46pour les critiques
34:48des copines.
34:49Oui,
34:50mais en fait,
34:51je ne l'avais jamais imaginé.
34:54Lorsque je travaillais à Paris
34:55et puis après
34:56avec des amis avocates,
34:58j'ai eu un enfant,
34:59deux enfants,
34:59trois enfants
35:00et je me projetais
35:00très bien comme ça.
35:02Et puis,
35:03à un moment donné,
35:04c'était trop,
35:05le moment est venu
35:06de partir avec mon époux
35:08et on a eu d'autres enfants
35:10et je me suis accomplie
35:11comme jamais
35:12en étant mère
35:13de familles nombreuses,
35:15en pouvant m'occuper
35:16de mes enfants,
35:17les voyant grandir
35:18et en permettant aussi
35:20à mon mari
35:21de poursuivre ses rêves
35:22de carrière à l'étranger
35:23et donc,
35:24c'était une période,
35:25une grande parenthèse
35:27mais qui m'a permis
35:29de construire cette famille
35:30très solidement
35:31et pour moi,
35:32c'est extrêmement important
35:33parce que,
35:34voilà,
35:34c'est l'essentiel en fait
35:35et il ne faut jamais perdre
35:37dans la vie
35:38ce qui est l'essentiel
35:40et on a parfois tendance
35:42à l'oublier
35:42surtout quand on peut mener
35:43des carrières
35:44qui sont prestigieuses
35:45et pour autant,
35:47aujourd'hui,
35:47ça reste mon essentiel.
35:48– D'ailleurs,
35:49vous n'habitez pas
35:50à l'hôtel de Lassay
35:51et vous expliquez pourquoi.
35:53Le goût de l'engagement,
35:54on le découvre aussi,
35:55vous revenez d'Asie
35:57et vous envoyez un mail
35:58au Resto du Coeur
35:59pour devenir bénévole.
36:01Alors,
36:01la coup de bol,
36:02ils cherchent une juriste,
36:04vous finirez même
36:05à la tête du centre
36:06de Sartrouville.
36:08C'est des années,
36:08c'est vrai qu'on savait
36:10dans les portraits de presse
36:11que vous étiez passés
36:12par les Restos du Coeur,
36:13mais là,
36:13on vous découvre
36:14vraiment tous azimuts.
36:16Vous allez partout,
36:18vous changez les meubles,
36:20vous investissez beaucoup.
36:22C'est quel souvenir ?
36:23Racontez-nous
36:23quelques anecdotes
36:24de ces années-là.
36:24– J'ai adoré ces années
36:26parce qu'on y sent
36:27une énergie incroyable.
36:28En fait,
36:29c'est des hommes et des femmes
36:31qui viennent donner du temps,
36:32qui viennent donner leur énergie
36:33pour une cause
36:34qui les dépasse
36:35et qui ne s'attardent pas
36:37sur des choses futiles
36:38ou superflues
36:39parce que l'important
36:40est ailleurs.
36:41Donc, j'ai appris ça.
36:43J'ai appris évidemment
36:44le fait,
36:45mais ça, je le sais,
36:45c'est dans ma personnalité,
36:47j'ai toujours l'œil à tout
36:48et il n'y a rien
36:50qui ne mérite pas
36:52d'être fait.
36:53Donc, effectivement,
36:54trier des yaourts,
36:55s'occuper des meubles,
36:56prendre un pinceau
36:57pour peindre,
36:58aller trier les salades
36:59à la ramasse à 7h,
37:00rien ne me gêne.
37:01Moi, à partir du moment
37:03où c'est utile,
37:04c'est bien.
37:05Et encore aujourd'hui,
37:06je continue à faire
37:07tous les ans les collectes.
37:09Je vais tous les ans
37:10passer un après-midi
37:12à faire le service
37:13dans mon centre
37:14des Restos du Car.
37:15Et en fait,
37:15les gens me retrouvent
37:16comme ils m'ont quittée
37:17et c'est toujours
37:19des très beaux moments.
37:20D'ailleurs,
37:20vous assumez
37:21d'écrire dans ce livre
37:22que certaines phrases
37:24d'Emmanuel Macron
37:24ne passent toujours pas,
37:26notamment cette expression
37:26du président
37:28sur ceux qui ne sont rien.
37:30Je vous cite,
37:31mes grands-parents
37:31n'avaient rien,
37:32nous ne sommes pas
37:33une famille d'héritiers,
37:34vous le disiez encore
37:35il y a un instant.
37:37Ils ont travaillé,
37:38ils ont réussi leur vie,
37:39même s'ils n'étaient pas riches.
37:40Ils n'ont jamais été rien.
37:42Les bénéficiaires
37:43des Restos du Coeur
37:44que j'accueille
37:44ne sont pas rien.
37:47Personne n'est rien.
37:48La bonne entendeur,
37:49M. Macron.
37:49Je crois qu'il a reconnu
37:51que son expression
37:53était extrêmement malheureuse
37:55et qu'elle avait heurté.
37:57oui, parce qu'elle m'a heurté
37:58comme elle a heurté
37:59des millions de Français
38:00et je pense qu'il s'est
38:01vraiment mal exprimé
38:02et qu'il en a conscience.
38:04Et vous savez,
38:04quand on est responsable politique,
38:06c'est vrai que par la parole,
38:08on peut blesser,
38:09on peut faire mal
38:09et l'important,
38:10c'est de le reconnaître
38:11et je crois qu'il l'avait reconnu.
38:13Et c'est bien,
38:14il faut reconnaître parfois
38:16qu'on fait une bêtise.
38:18Alors justement,
38:19les premiers contacts
38:20en Macronie sont frais,
38:22c'est plein de naïveté.
38:23Vous utilisez le mot
38:24dans le livre
38:25que vous portez
38:26votre candidature
38:27aux législatives,
38:28vous l'emportez
38:28contre Jacques Millard
38:29dans les Yvelines.
38:30Alors là,
38:30on est vraiment
38:31sur la figure
38:31de l'ancien monde.
38:33C'est toujours très enthousiaste
38:34que vous arrivez
38:35à l'Assemblée
38:35et que vous pitchez
38:36votre candidature
38:37pour la commission des lois.
38:39Et là,
38:39c'est la douche froide.
38:40La Macronie va tout faire
38:42pour vous débrancher.
38:44J'imagine qu'il vous parle
38:46depuis la publication
38:47de ce livre.
38:48Est-ce qu'ils regrettent
38:49cette manière
38:50qu'ils ont eue
38:51d'essayer de vous écarter
38:52parce que vous ne faisiez
38:53pas partie du Serail ?
38:55Je ne crois pas
38:56qu'ils le regrettent.
38:56Je ne sais pas.
38:57Après,
38:57j'essaie de me mettre
38:59à leur place
39:00en me disant
39:00qu'ils voient débarquer
39:01une inconnue
39:02qui n'a aucune expérience
39:05et peut-être que c'est effrayant.
39:08Et je les comprends
39:08quand on est responsable politique.
39:10Ça peut être effrayant.
39:12On a beaucoup parlé
39:12de Stéphane Séjourné.
39:13On n'y revient pas.
39:14C'était dans le sujet
39:14de Stéphanie Despierre.
39:15Elisabeth Borne,
39:16quand même,
39:17au moment du perchoir.
39:19En fait,
39:19c'est...
39:20Ces exemples...
39:20Qui se permettent
39:21d'essayer de vous faire renoncer.
39:23Je les ai montrés...
39:24J'en ai parlé,
39:25non pas pour incriminer
39:26les uns et les autres,
39:27ce n'est pas mon propos,
39:28mais c'est surtout
39:28pour montrer que...
39:30Et dire aux gens,
39:32en fait,
39:32rien n'est acquis,
39:34rien ne vous est donné.
39:35Il faut aller chercher
39:36les choses.
39:37N'attendez pas
39:38qu'on vous offre
39:39une fonction,
39:40un poste,
39:40quelque chose
39:41sur un plateau.
39:42Eh bien,
39:43il faut se battre.
39:44Et c'est ce que j'ai fait.
39:45Je me suis battue.
39:45Vous le racontez.
39:46Et en même temps,
39:48à chaque fois...
39:48Il y a eu des boules puantes,
39:49il y a eu du sexisme.
39:51Vous racontez tout ça,
39:52le procès en amateurisme.
39:53Mais quand vous dites
39:54il faut se battre,
39:55quand vous êtes arrivée
39:56à l'Assemblée nationale
39:57en 2017,
39:59Yael Brunpivet,
40:00vous incarniez
40:00ce qu'on appelle
40:01la promesse macronienne,
40:03le dépassement,
40:05le renouvellement
40:05par la société civile.
40:07Aujourd'hui,
40:08la défiance est immense.
40:09Les Français le disent.
40:11Ils sont quasiment dégoûtés.
40:12C'est les mots
40:13qui reviennent
40:13par leur politique.
40:14Qu'est-ce que vous avez raté
40:16dans cette initiative
40:18d'Emmanuel Macron
40:19En Marche ?
40:21C'est difficile
40:22d'analyser
40:23ce qu'on n'a pas réussi.
40:25Mais en tout cas,
40:25ce qui est sûr,
40:26c'est que c'est une des raisons
40:27pour lesquelles
40:28j'ai fait ce livre.
40:29Parce que les Français
40:31ont une image
40:33de leur politique horrible.
40:35Et je voulais,
40:37par ce livre,
40:38leur raconter
40:38que les politiques,
40:40ce n'était pas ça.
40:40Que les politiques,
40:41c'était des hommes
40:42et des femmes,
40:43comme tout le monde,
40:44mais qui avaient
40:44un désir très sincère
40:46de s'engager
40:47pour les servir,
40:49que nous n'étions pas
40:50intéressés par les ordres
40:52de la République
40:52ou pour les avantages
40:53que ça pourrait procurer
40:55dans des fantasmes
40:56que nous avions
40:58nos vies.
40:59Donc on peut retisser
41:00ce lien malgré la défiance.
41:01Et je crois qu'il faut
41:01le retisser.
41:02En tout cas,
41:03il ne faut jamais renoncer
41:04à le retisser.
41:05Et c'est pour ça
41:06que je me suis livrée
41:07pour que les Français
41:08voient qu'au plus haut niveau
41:10de l'État,
41:11les responsables
41:12sont exactement comme eux,
41:14avec aussi leur fragilité,
41:16leur douleur,
41:17leurs difficultés
41:17et qu'il ne faut pas
41:20les accabler.
41:21Ce qui est drôle,
41:21finalement,
41:22c'est que parce que
41:23vous ne faites pas partie
41:24du serail,
41:25du premier cercle macroniste,
41:27eh bien,
41:27vous gagnez.
41:28Qu'est-ce que ça vous inspire ?
41:30Le perchoir,
41:30c'est vraiment le cas d'école.
41:31On est en 2022.
41:33À chaque fois,
41:34au fond,
41:34vous arrachez une victoire
41:36sur, là,
41:37en l'occurrence,
41:38Roland Lescure,
41:38qui était le candidat
41:40de l'Élysée,
41:40parce que vous n'êtes pas,
41:42justement,
41:43le candidat de l'Élysée.
41:44Qu'est-ce que ça dit,
41:45ça, au fond,
41:46de cette famille
41:47des marcheurs
41:48d'hier et d'aujourd'hui ?
41:49Que, justement,
41:50ce n'était pas des godillots,
41:51qu'au contraire,
41:52ils avaient
41:53leur libre pensée
41:56et leur capacité
41:57à décider eux-mêmes
41:58et qu'ils ne...
41:59Et qu'il y avait
41:59un petit peu trop
42:00de verticalité
42:01et de verrouillage.
42:02En tout cas,
42:02c'est moi,
42:03c'est ce qui m'a fait plaisir
42:04dans le parcours politique
42:05que j'ai eu
42:05depuis 2017,
42:07c'est que toutes
42:07les fonctions
42:08que j'ai occupées
42:09ont été des fonctions
42:09où j'ai été élue,
42:11sauf lorsque j'ai été
42:12nommée ministre
42:13des Outre-mer
42:14et j'ai eu
42:15l'immense honneur
42:16d'être réélue
42:17présidente en 2024,
42:18alors qu'on n'avait
42:19plus du tout
42:20de majorité.
42:20Donc, ça dit
42:21quelque chose
42:22et ça donne
42:23beaucoup de force
42:23et beaucoup de légitimité.
42:25Je crois que les collègues,
42:27ils ont jugé
42:28sur pièce,
42:28ils m'ont vue
42:29travailler à la commission
42:30des lois,
42:31ils m'ont vue
42:31au perchoir
42:32et ils ont vue,
42:33je crois,
42:34que j'étais animée
42:34d'un désir sincère
42:35de les servir.
42:36Oui, et vous adorez
42:37l'Assemblée nationale,
42:38je renvoie au lecteur,
42:39vraiment,
42:39vous vibrez
42:39dans les lieux,
42:41même le chaudron
42:41de l'hémicycle,
42:42même quand ça,
42:43voilà,
42:44ça tacle,
42:45vous aimez ça.
42:45Je vais vous montrer
42:46deux images,
42:472022,
42:48vous vous en souvenez,
42:49vous êtes radieuse,
42:50c'est l'arrivée
42:51d'une première femme
42:53dans notre histoire politique
42:55à la tête
42:56de l'Assemblée nationale
42:572024,
42:58on le voit,
42:59vous êtes beaucoup
43:00plus grave
43:01et c'est d'un cheveu
43:02que vous êtes réélue
43:03dans cet hémicycle
43:04ô combien fragmenté.
43:06Qu'est-ce qui a changé ?
43:07Mais ce qui montre aussi,
43:08c'est rigolo,
43:09c'est qu'en 2022,
43:10je sais que je vais être élue,
43:11donc je suis maquillée,
43:13je suis coiffée,
43:142024,
43:15je ne sais pas,
43:16j'ai fait l'inverse,
43:18ma famille n'est pas là,
43:19je ne suis pas maquillée,
43:20je ne suis pas coiffée particulièrement,
43:21j'ai même pas de discours.
43:22Mais politiquement,
43:23en deux ans.
43:23Je n'ai même pas de discours
43:24parce que je ne suis pas sûre
43:25de cette victoire.
43:27En deux ans,
43:28qu'est-ce qui a changé ?
43:29On a une assemblée
43:30qui est encore plus fragmentée,
43:33qui n'a plus aucune majorité
43:36et qui sort d'une campagne électorale
43:37dans laquelle il s'est passé
43:39beaucoup de choses
43:40qui ont beaucoup angoissé.
43:42Après la dissolution
43:43sur laquelle vous revenez,
43:44vous avez mis des critiques.
43:45Mais est-ce qu'en 2024,
43:46au fond,
43:47les Français ne vous font pas payer
43:48le 49-3 sur les retraites
43:51et ce débat sur l'immigration,
43:53combien difficile,
43:54arraché au forceps ?
43:55Vous vous assumez dans votre livre
43:57ces deux débats-là ?
43:59Oui, tout à fait.
43:59Moi, j'assume tout ce que nous avons fait
44:02et je suis fière de notre bilan.
44:04Tout n'est pas parfait.
44:06Évidemment, on a raté des choses,
44:08mais on a eu d'immenses réussites.
44:10Et donc, moi, je suis fière
44:11d'être une députée macroniste,
44:14d'avoir rejoint Emmanuel Macron
44:15en 2017
44:16et peut-être aujourd'hui
44:18encore plus qu'hier.
44:19Donc, pas de regrets à cet égard.
44:22En revanche, on a raté des choses.
44:23Vous restez une marcheuse ?
44:24Je suis plus que jamais.
44:26Je pense que je serai
44:26la dernière des marcheuses.
44:28Moi, je crois en l'engagement
44:29de la société civile.
44:30Je crois en l'engagement des femmes.
44:32Et on n'a pas fait suffisamment
44:33pour l'engagement des femmes en politique.
44:35On vient de mettre la dernière pierre
44:37avec cette loi sur la parité
44:38qu'on a votée lundi dernier.
44:40Je crois aussi à l'engagement
44:42de la société civile,
44:43à une meilleure participation.
44:45Il y a des très belles pages,
44:46d'ailleurs, dans le livre
44:46sur l'inscription de l'IVG
44:48dans la Constitution,
44:49où là, justement,
44:50au-delà des différences politiques,
44:52vous pouvez tomber dans les bras
44:53d'une Iaëlle Panot.
44:55Mathilde Panot.
44:55Mathilde Panot.
44:56Vous voyez, je mélange les deux noms.
44:58Mathilde Panot,
44:59la présidente du groupe LFI.
45:00Ma dernière question,
45:01je vais la poser à la femme de droit,
45:04à l'avocate et à la députée.
45:07Les attaques de l'État de droit,
45:09est-ce qu'elle vous inquiète
45:10après le jugement de Marine Le Pen ?
45:11Est-ce que le pays pourrait basculer
45:12dans une forme de trumpisme ?
45:14En tout cas, je suis très inquiète,
45:15très soucieuse,
45:16et il faut se garder, justement,
45:18de fragiliser nos démocraties,
45:20nos institutions.
45:21L'État de droit,
45:22ce n'est pas quelque chose de théorique,
45:24ce n'est pas quelque chose d'éloigné.
45:26C'est ce qui protège nos libertés.
45:28La liberté d'expression,
45:30la liberté d'aller et venir,
45:31la liberté de manifestation,
45:32l'égalité entre les hommes et les femmes.
45:35Et on voit bien qu'aujourd'hui,
45:36vous voyez,
45:37on est dans un pays qui est fracturé,
45:38avec une classe politique qui est éclatée.
45:41Eh bien, nos institutions,
45:42elles nous protègent.
45:43L'État de droit,
45:44c'est notre bouclier.
45:46Et donc, prenons-en soi.
45:48Vous restez avec moi,
45:49Yael Brunpilet,
45:50on va continuer à parler de ce livre.
45:53Vous allez vous faire interroger,
45:54interpeller même,
45:56par nos chroniqueurs.
45:57Tout de suite,
45:57leur carte blanche.
45:58Et on accueille avec un grand plaisir,
46:08Mariette Darigrand,
46:09sémiologue et essayiste,
46:10Bertrand Perrier,
46:11avocat spécialiste des arts de la parole,
46:14et Elsa Mondagava,
46:15ma consoeur de la chaîne parlementaire.
46:18Bienvenue et merci à tous les trois.
46:20On va commencer avec vous.
46:22Mariette,
46:22vous avez lu attentivement
46:23« À ma place »
46:24de Yael Brunpilet.
46:25Et sans surprise,
46:26c'est un mot,
46:27la sémiologue que vous êtes,
46:28qui a sauté à vos yeux.
46:30Oui,
46:30c'est le mot qui est partout,
46:32qui est sur le titre,
46:32qui commence le livre
46:33et qui le termine.
46:34C'est le dernier mot du livre.
46:35Et on l'a à chaque chapitre.
46:37Donc,
46:38c'est un mot récurrent
46:39qui scande,
46:40qui donne son rythme au livre.
46:42Alors,
46:42ça m'a beaucoup intéressée
46:43parce que sur un plan,
46:44disons,
46:44littéraire,
46:45quand il est question de place
46:47dans les récits,
46:48c'est de deux façons.
46:50Il y a un premier récit
46:51où la place,
46:52elle est au bout du chemin.
46:53C'est le voyage.
46:54Et donc,
46:55le héros ou l'héroïne
46:56dit « j'étais pas à ma place,
46:58mais là,
46:59je l'ai trouvé,
46:59etc. »
47:00ou « retrouvé comme Ulysse ».
47:01C'est le but.
47:03Et puis,
47:03il y a le deuxième type de récit
47:05où c'est le contraire.
47:05La place,
47:06c'est l'origine.
47:08De quoi on part ?
47:10Et c'est les récits,
47:11à ce moment-là,
47:11d'émancipation,
47:12de libération.
47:14Ce serait un peu
47:14premier modèle,
47:16Tesson,
47:16et il se retrouve
47:17dans les forêts de Sibérie,
47:18c'est enfin sa place.
47:20Deuxième modèle,
47:21c'est Annie Ernaud,
47:21transfuge de classe.
47:23Et bien,
47:24vous,
47:24non,
47:24c'est pas du tout ça.
47:26J'ai cherché,
47:27je me suis dit
47:27de quel récit ?
47:29Et en fait,
47:29je crois que vous faites
47:30autre chose
47:31qui est finalement
47:33la place.
47:34C'est comme si
47:34elle était portative.
47:36Chapitre en chapitre,
47:37puisque vous dites
47:38là,
47:38je suis à ma place
47:40comme maire,
47:41Myriam me l'a dit,
47:41comme bénévole,
47:43comme politique.
47:45Donc,
47:45c'est comme si
47:46vous arriviez
47:48à articuler
47:48la stabilité
47:50et le mouvement.
47:51Probablement,
47:52c'est psychologique,
47:52mais moi,
47:53je ne suis pas psychologue.
47:54Je ne suis même pas
47:55politologue.
47:56Et donc,
47:56je vais vous poser
47:57une question,
47:58mais plutôt littéraire,
47:59une question de lectrice.
48:01Puisque vous avancez
48:02comme ça
48:02de chapitre en chapitre,
48:04en ayant votre place
48:05à chaque fois,
48:07alors moi,
48:07je me dis,
48:07est-ce qu'on aura
48:08un tome 2
48:09avec un chapitre ?
48:11Vous me voyez venir.
48:12Alors,
48:12il faudra traverser
48:13une vraie place,
48:13celle de la Concorde.
48:15Et puis,
48:15vous pourriez dire,
48:16je suis à ma place
48:17un jour de mai
48:182027,
48:20en disant,
48:20je suis à l'Élysée,
48:22je suis à ma place.
48:23Donc,
48:23ma question,
48:24est-ce que vous allez
48:24écrire ce tome 2 ?
48:26Alors,
48:27j'écrirai peut-être
48:28un tome 2,
48:28je n'en sais rien.
48:30Ce qui est sûr,
48:30et c'est là où vous avez,
48:32je crois,
48:32tout compris dans mon livre,
48:34c'est que moi,
48:35je ne sais pas
48:36quelle va être ma place
48:37dans quelques années
48:39ou dans quelques mois.
48:40Et en fait,
48:41c'est ça que j'aime.
48:43Et c'est comme ça
48:43que je suis à l'aise,
48:44c'est-à-dire que je ne préjuge pas
48:46de là où est ma place,
48:48que ça n'est pas un objectif
48:49et que pour moi,
48:51en fait,
48:51je laisse aussi la vie venir
48:53et je peux accepter
48:56d'être à ma place
48:57à un endroit
48:58où je n'imaginais pas
48:59être à ma place.
49:00Tout à l'heure,
49:01Myriam parlait
49:02de ma famille nombreuse.
49:04Je ne m'étais jamais
49:05imaginé un quart de seconde
49:06pouvoir me dire
49:07que je serais à ma place
49:08avec mes cinq enfants
49:09sans travailler.
49:10Et pourtant,
49:11je l'ai accepté.
49:12Vous voyez,
49:13je n'ai pas passé ma vie
49:14à lutter contre moi-même.
49:16Et au contraire,
49:17je laisse aussi
49:18faire les choses
49:20parce qu'on n'est pas pareil
49:21à 20 ans,
49:22qu'à 30 ans,
49:22qu'à 40 ans.
49:23Et donc,
49:24les vies ne doivent pas
49:25être linéaires.
49:26Et c'est pour ça
49:27que, en fait,
49:28ma place,
49:28elle est effectivement
49:29évolutive.
49:31Bertrand,
49:31merci.
49:33On s'arrête là ?
49:34Un tout petit mot rapide ?
49:35Le petit mot,
49:36il me semble que vous avez
49:37un joker,
49:37c'est votre grand-père
49:38et c'est très, très beau
49:40comme à la fin,
49:41vous dites,
49:42en France,
49:42il a trouvé sa place
49:43et il a pu vivre
49:44une vie paisible.
49:46Votre vie n'est peut-être
49:46pas paisible,
49:47mais je crois que ce modèle-là,
49:48il énerve aussi
49:49tout le livre.
49:49Il y a une inscription.
49:51C'est très beau, ça.
49:52dans l'ordre des générations.
49:53Alors, Bertrand,
49:55vous,
49:55vous vouliez parler
49:56de la fièvre,
49:58la fièvre du discours.
49:59Oui,
50:00parce que depuis votre place,
50:01en tout cas,
50:01votre place actuelle,
50:02en surplomb de l'hémicycle,
50:04vous êtes actrice,
50:05mais aussi observatrice
50:07de l'évolution
50:08des débats
50:08à l'Assemblée nationale.
50:10Et je voulais revenir
50:10avec vous
50:11et avoir votre regard
50:11sur une étude
50:12qui est parue
50:13au début de cette année 2025,
50:15qui a analysé,
50:16par l'intelligence artificielle,
50:172 millions de discours
50:19faits à l'Assemblée nationale
50:21entre 2007 et 2024.
50:23Et il en ressort
50:244 tendances
50:25que je vais résumer
50:25très rapidement
50:26sur lesquelles
50:26je voudrais votre analyse.
50:28La première tendance,
50:29c'est l'évolution
50:30de la durée
50:32des interventions.
50:33Les interventions,
50:34au début de la période,
50:35faisaient 250 mots,
50:36maintenant 150 mots.
50:38C'est-à-dire,
50:38grosso modo,
50:39une minute.
50:40La deuxième tendance,
50:41c'est la multiplication
50:43des invectives,
50:45plus 25%
50:46et des interruptions,
50:47trois fois plus
50:48que depuis 2007.
50:50Troisième tendance,
50:51c'est l'objet
50:52de la prise de parole
50:54qui n'est plus
50:55de défendre son idée
50:56mais d'attaquer
50:57celle des autres.
50:59Et les sémiologues
50:59comme Marie-Anne Arigrand
51:00ont objectivé
51:01que l'objet
51:03des interventions
51:04avait changé.
51:05Et puis,
51:05la quatrième tendance
51:06qui me paraît vraiment
51:07une tendance passionnante,
51:09c'est le rapport
51:10dans le discours
51:11entre le lexique
51:12rationnel
51:13et le récit
51:14émotionnel,
51:16entre ce qui relève
51:16de la raison
51:17et du sentiment.
51:19Eh bien,
51:19à l'origine de la période
51:202007,
51:21ce n'est pas si vieux,
51:22les discours émotionnels,
51:24c'était 20%.
51:25Aujourd'hui,
51:26c'est 40%
51:28et même 50%
51:29chez les députés
51:30LFI.
51:31Donc,
51:31la moitié presque
51:33des discours
51:33ont totalement occulté
51:35la raison
51:36pour être sur le terrain
51:37de l'émotion.
51:38Et donc,
51:39on a un peu l'impression
51:39d'une assemblée nationale
51:41éruptive
51:42qui est presque
51:43irrationnelle,
51:44qui relève presque plus
51:46de TikTok
51:47et des codes
51:48des réseaux sociaux
51:50que des codes
51:51du débat parlementaire.
51:52On peut évidemment
51:53le regretter,
51:54j'imagine que c'est
51:54votre cas,
51:55mais la question,
51:56c'est que faire demain
51:57pour que les députés,
51:59vous le dites
52:00dans votre livre,
52:01la plupart du courrier
52:02que vous recevez,
52:02c'est on n'en peut plus
52:04de ça.
52:04D'où,
52:05que faire
52:05pour que les députés
52:06aient plus envie
52:07de se parler
52:08que de se filmer.
52:10De se parler,
52:11de se convaincre,
52:12puisque l'idée
52:14pour un député,
52:15c'est de porter une idée,
52:16une proposition
52:17dans l'hémicycle
52:17et d'emporter
52:18l'adhésion
52:19des autres parlementaires.
52:21Et c'est vrai
52:21que ça n'est plus
52:22le cas aujourd'hui.
52:23Mais vous avez très bien
52:24analysé les choses.
52:24On voit bien
52:25qu'il y a l'émergence
52:26des réseaux sociaux
52:27d'une part,
52:28qui fait que
52:28les discours
52:29sont raccourcis,
52:31plus punchy finalement
52:32pour être exploités
52:34sur les réseaux.
52:35Et puis,
52:36il y a quand même
52:36des radicalités
52:37qui sont rentrées
52:39dans l'hémicycle
52:39qui n'existaient pas avant
52:41et qui,
52:43justement,
52:44génèrent
52:44ces confrontations
52:46verbales
52:47qui sont plus agressives
52:49qu'avant.
52:50Il y a quelque chose
52:51à faire
52:51ou il n'y a rien
52:51à faire contre ça ?
52:52En fait,
52:53c'est difficile
52:54parce que c'est
52:55intuitu personné.
52:57C'est vraiment dû
52:58à la classe politique.
53:00Peut-être,
53:01c'est difficile
53:02de lutter contre.
53:03En revanche,
53:05on est toujours
53:06admiratifs
53:07lorsqu'on entend
53:07une belle intervention,
53:09un beau discours.
53:10Allez.
53:10Et il est remarqué.
53:12La parole à Elsa Mondagava
53:13qui va devoir se presser
53:14un peu pour qu'on soit
53:15dans les temps.
53:16Pardon, Elsa.
53:16Vous voulez nous parler
53:17de cette assemblée
53:18qui, parfois,
53:19a un peu du mal
53:19à savoir où elle va ?
53:20Exactement.
53:21Alors,
53:21il a fallu passer
53:22depuis 2024 un budget.
53:24Ça a pris beaucoup plus
53:24de temps que d'habitude.
53:25Ça a coûté un gouvernement.
53:27Et puis,
53:27depuis 2024,
53:28cette assemblée en trois blocs,
53:29elle cherche un mode
53:30de fonctionnement.
53:32Les députés ont parfois
53:32le sentiment de passer
53:33un peu du coq à l'âne.
53:35On commence un texte,
53:35après,
53:36on en vote un autre.
53:37Et puis,
53:37ensuite,
53:37les textes sont inscrits,
53:38retirés.
53:39Et puis,
53:39parfois,
53:40les députés,
53:40ils arrivent à légiférer.
53:41Je vais vous citer
53:42différents textes
53:42adoptés ces derniers jours
53:44ou qui vont être examinés
53:44dans les prochaines semaines.
53:46Proposition de loi
53:46contre les déserts médicaux.
53:48Proposition de loi
53:48pour modifier
53:49la définition pénale du viol.
53:51Proposition de loi
53:51de lutte contre le narcotrafic.
53:53Proposition de loi
53:54Paris-Lyon-Marseille.
53:55Proposition de loi
53:56fin de vie.
53:56Vous me voyez venir.
53:57le point commun.
53:59Proposition de loi,
54:00on rappelle,
54:01proposition de loi,
54:01c'est quand ça vient
54:02des parlementaires.
54:03Projet de loi,
54:04quand ça vient du gouvernement.
54:05Alors vous,
54:05vous le défendez,
54:06le travail parlementaire,
54:07surtout quand il est transpartisan.
54:08Est-ce que le gouvernement
54:09a trouvé là
54:10la bonne méthode
54:11ou est-ce que c'est parce
54:12que finalement,
54:13il n'a pas de projet de loi
54:14à proposer aux députés ?
54:16Allez,
54:16en un petit mot.
54:17Yael Broun-Pivet.
54:18Proposition de loi
54:19transpartisan,
54:20narcotrafic,
54:20c'était le cas.
54:21Et ça,
54:22c'est extrêmement intéressant.
54:23Majorité opposition
54:24se mettent ensemble
54:25pour proposer quelque chose
54:26et ça marche
54:26parce que les textes
54:27que vous avez cités
54:28ont été adoptés
54:29à des larges majorités
54:30voire à l'unanimité.
54:32Donc c'est important
54:33et ça montre
54:33que l'Assemblée fonctionne
54:35parce que plein de gens
54:36pensent qu'elle ne fonctionne pas.
54:38Elle fonctionne.
54:39C'est vrai qu'après,
54:39pour les projets de loi,
54:41on en a un peu moins
54:42et donc on attend,
54:44on espère qu'il y aura
54:45des grands projets de loi
54:46qui nous seront soumis
54:46parce que cette Assemblée,
54:48elle est prête à travailler,
54:49elle est prête à légiférer.
54:50Ses propositions de loi
54:51le montrent.
54:52Elle avance,
54:52elle ne fait pas du surplace.
54:53Non,
54:53elle ne fait pas du surplace.
54:54Allez, on va suivre ça
54:55et on vous surveillera
54:57ici ou ailleurs.
54:58Merci, mes amis,
55:00les affranchis.
55:01Merci, Elsa.
55:02Merci, Elbrun Pivet.
55:04À ma place,
55:04c'est donc à lire
55:05aux éditions Bûcher-Chastel.
55:08Je vais prendre quelques instants,
55:09vous l'avez compris,
55:10parce que je voudrais
55:11vous remercier.
55:12Remercier d'abord
55:14mes téléspectateurs,
55:16chers téléspectateurs,
55:17merci beaucoup.
55:18Merci de m'avoir suivie.
55:20C'était ma dernière émission.
55:21Alors,
55:22je vais prendre une grosse inspiration
55:24parce que je veux aller jusqu'au bout.
55:25C'était ma dernière émission ce soir.
55:28LCP m'a accueillie
55:28il y a six ans
55:29avec beaucoup de bienveillance.
55:31C'est rare la bienveillance
55:32et Marie-Ere dansait quelque chose.
55:35Bertrand Delay
55:36et Emmanuel Kessler
55:36m'ont fait confiance
55:37pour inventer
55:39un nouveau Savourgarde,
55:40exigeant et vivant,
55:42je l'espère.
55:42Merci pour la liberté.
55:44Merci à mon équipe.
55:46Vous allez énormément me manquer.
55:47Fanny Saliou,
55:49ma chef d'édition.
55:50Merci,
55:51Fanny,
55:51pour ta rigueur
55:52et pour nos débats
55:53en diablés.
55:54Merci,
55:55Charlotte Barbaza,
55:55ma programmatrice.
55:56Merci pour tes lumières,
55:58Charlotte,
55:58et pour ton attention
55:59infinie aux autres.
56:00Merci à Aude Morachini,
56:02ma rédactrice en chef,
56:03impériale.
56:04Nous te devons,
56:06Aude,
56:06de nous avoir insufflé
56:07la douceur
56:08et la sérénité
56:09qui nous manquaient.
56:11Merci,
56:12et là,
56:12je vais reprendre mes notes,
56:14à l'indispensable
56:15Samuel Boyer.
56:17Merci à la talentueuse Pauline
56:18pour ses magnifiques infographies.
56:21Merci à tous les visages
56:22de l'émission.
56:23Les excellents,
56:24les excellentes,
56:26Elsa Mondingava,
56:27Valérie Brochard,
56:28Stéphanie Despierres,
56:29Maïté Frémont,
56:30mais aussi les excellents
56:31Marco Pommier,
56:32Thibaut Hénoc,
56:32Clément Perrault,
56:33mon Bruno Donnet
56:33que je ne saurais oublier,
56:35toujours partant,
56:36pour des récaps,
56:37pour des sujets
56:37et pour des chroniques.
56:39Merci à tous les journalistes
56:40de la rédaction
56:40que je ne peux pas tous citer.
56:43La production,
56:44bien sûr,
56:44la régie,
56:45Jean C.
56:46et Christophe,
56:47mes deux piliers.
56:49Prenez soin de vous
56:50et prenez bien soin
56:51de cette émission.
56:52Et puis un grand merci
56:53à Delphine Gouedard
56:54qui m'a fait confiance.
56:56C'est elle qui est venue
56:57me chercher
56:57à la toute première
56:58il y a six ans,
56:59la directrice
56:59de la rédaction
57:00d'LCP.
57:01C'est un peu long,
57:02mais vous l'avez compris,
57:02l'LCP,
57:03c'est une petite famille
57:04extrêmement attachante,
57:06une chaîne passionnante
57:07à laquelle je crois beaucoup.
57:10Je pars pour de nouvelles
57:11aventures audiovisuelles.
57:12J'espère vous retrouver
57:13un peu partout ailleurs.
57:14je vous dirai plus tard.
57:16Mais évidemment,
57:16je vais vous regarder.
57:18C'est Clément Méry
57:19qui reprend les rênes
57:19à partir du 29 avril.
57:22Gage de succès.
57:24Très belle soirée.
57:25Bravo à vous.
57:26Applaudissements
57:27Merci.