Co-fondée en juillet 2021, l’entreprise REEV développe une motorisation légère et intelligente pour orthèse médicale permettant de se déplacer plus facilement chaque jour. Amaury Ciurana, CEO & cofondateur et Robin Temporelli, CTO & cofondateur, nous révèlent sur quoi repose leur expertise et le fonctionnement de leur solution.
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00:00 Le Grand Entretien avec Amaury Siorana, qui est fondateur avec Robin Temporelli de RIV.
00:12 Amaury, vous êtes président et Robin, directeur général.
00:16 Que propose RIV ? C'est R-E-E-V.
00:20 R-E-E-V comme Rehabilitation Evolution.
00:23 Justement, avec RIV, on est là pour résoudre un problème majeur dans le secteur médical.
00:28 Aujourd'hui, il y a 50 millions de personnes qui sont victimes d'AVC,
00:32 qui vivent avec des séquelles et qui ont des difficultés à marcher,
00:35 qui ont été hospitalisées, qui ont suivi un parcours de soins spécialisé,
00:39 mais qui, à la fin de cette rééducation, se sont retrouvées renvoyées chez elles
00:42 avec une canne, un déambulateur, un releveur de pied.
00:46 Et c'est extrêmement frustrant pour ces patients,
00:48 parce qu'ils n'ont pas de solution pour recouvrer leur mobilité quotidienne.
00:51 Donc, nous, chez RIV, on développe la première genouillère robotisée,
00:54 légère, intelligente et sur mesure,
00:56 pour pouvoir, justement, continuer à aller marcher,
00:59 se promener dans le parc, faire ses courses, comme avant.
01:02 Alors, vous allez me dire comment est née cette société,
01:04 déjà dès maintenant, puis ensuite, comment ça marche.
01:06 La société est toute jeune, comme vous, et elle a deux ans ?
01:10 Elle a deux ans d'âge, exactement, juillet 2021,
01:13 mais le projet a commencé il y a déjà six ans,
01:15 quand j'étais encore étudiant à l'ISAE Super Hero.
01:18 Et l'école proposait, justement, des projets étudiants sociaux et solidaires,
01:23 avec pour thème les exosquelettes et le handicap moteur.
01:27 Donc, moi, j'ai vraiment creusé la problématique,
01:29 je me suis rapproché du besoin, justement, des patients en train d'AVC,
01:32 de paralysie cérébrale,
01:33 je me suis remis à un vrai besoin en mobilité de leur côté,
01:36 et j'ai construit tout mon cursus autour du projet, justement.
01:39 Je fais un master entrepreneurial,
01:41 pour transformer le projet scolaire en un projet, justement, de start-up.
01:45 Mais après, il fallait aussi le transformer en réalité technique.
01:47 Et c'est là, justement, que j'ai rencontré mon associé Robin.
01:50 Donc, c'est ça, moi, je suis un peu plus la partie ingénierie et direction technique.
01:54 J'ai une dizaine d'expériences dans l'industrie,
01:56 à travers l'aérospatial, l'aéronautique,
01:58 et l'idée, c'est que je suis arrivé sur le projet avec Amaury,
02:00 pour infuser une technologie que j'avais développée durant mon doctorat,
02:04 une technologie d'automobile,
02:05 qu'on a adaptée pour faire cette hortaise robotisée au sein de RIV.
02:09 Et donc, après deux ans, maintenant, de développement et d'investigation,
02:12 on annonce notre levée de fonds de 3 millions d'euros
02:15 pour scaler l'entreprise, passer de 15 salariés à 30 salariés,
02:19 pour accélérer le développement.
02:21 On annonce aussi un partenariat avec un leader mondial de l'orthopédie,
02:24 donc Tuan.
02:25 On annonce aussi une collaboration avec le MIT
02:28 pour faire une étude clinique aux États-Unis.
02:30 Et on est également encadré par l'accélérateur américain Techstars
02:35 dans l'entreprenariat.
02:36 C'était vite.
02:37 Ça a été vite.
02:38 Les précédentes années ont vraiment été intenses,
02:41 et les prochaines le seront aussi.
02:43 Donc là, on s'apprête aussi à lancer notre premier produit
02:46 sur le marché américain,
02:47 à aussi industrialiser notre solution Driven
02:50 pour la tester enfin sur des patients,
02:53 et préparer aussi une plus grosse levée de fonds encore l'an prochain.
02:56 Quel est ce produit ?
02:57 Alors, aujourd'hui, RIV, on conçoit aujourd'hui deux produits.
03:01 Contrairement à beaucoup de boîtes d'exosquelettes,
03:03 on a d'abord essayé de comprendre comment les gens marchaient,
03:06 parce qu'on a tous des démarches un peu différentes,
03:08 personnelles, qui sont inhérentes à notre âge,
03:10 notre poids, notre taille.
03:11 Donc la première étape, c'est de comprendre comment les gens marchent.
03:14 Donc on a conçu chez RIV un capteur d'analyse du mouvement
03:17 pour acquérir un certain nombre de données
03:19 pour comprendre le schéma moteur de tout un chacun.
03:22 Et à la suite de ça, cette compréhension du schéma moteur
03:25 est utilisée pour venir ajuster le contrôleur d'un moteur
03:30 qui est greffé sur une hortaise carbone.
03:32 Et c'est cette hortaise carbone, donc motorisée,
03:35 qui permet d'assister la personne,
03:37 de la souloger d'environ 30% de l'effort dont elle a besoin
03:40 pour se lever, gravir une pente et marcher.
03:43 Une hortaise, c'est quoi ?
03:46 Une hortaise, il faut le voir un peu comme une coquille en carbone
03:49 qu'on vient placer sur les membres inférieurs,
03:51 donc le fémur, le tibia et la cuisse.
03:54 Et ça permet de venir stabiliser un membre.
03:57 Alors ça, c'est les hortaises passives,
03:59 mais nous, on développe une hortaise qui est motrice,
04:01 donc qui permet de vous assister,
04:03 un peu comme un vélo électrique de la marche, si vous voulez.
04:05 Et qui est entièrement sur mesure, adapté à chacun.
04:09 Finalement, c'est comme quand on va chez le magasin de chaussures,
04:12 on sélectionne notre taille, notre morphologie,
04:15 on repart avec des chaussures adaptées.
04:16 Nous, on fait une genouillère motorisée,
04:18 adaptée à notre manière naturelle de marcher.
04:20 Donc ça, aujourd'hui, ça existe ?
04:21 Oui.
04:22 Ça fonctionne ?
04:23 Alors, on est en train de finir le développement et de l'industrialiser.
04:25 On fait les premiers tests pour améliorer le fonctionnement.
04:28 Et il nous reste à peu près 12 mois de développement
04:30 avant de passer à des études cliniques.
04:32 Alors, vous êtes basé à la fois à Toulouse et à Boston.
04:35 Ça paraît très bizarre.
04:37 Exactement.
04:38 Notre projet est né à Toulouse, au sein de l'école Super Hero.
04:42 Donc, notre force technique et industrielle, aujourd'hui, est à Toulouse.
04:45 Mais le marché médical, lui, est à Boston.
04:48 Pourquoi ?
04:49 Pour des histoires de remboursement médicaux, notamment,
04:52 qui sont aujourd'hui existants aux États-Unis pour les orthèses électroniques.
04:55 Et qui permettent déjà de tester notre solution là-bas,
04:58 avant de plus tard la ramener, justement, sur le marché européen,
05:01 après l'avoir dérisqué aux États-Unis.
05:03 Alors, vous, vous êtes à Boston ?
05:04 Oui.
05:05 Et vous, vous êtes à Toulouse ?
05:06 Exactement. Moi, je suis plutôt à Toulouse pour faire la direction technique
05:09 de la partie développement et des équipes.
05:12 Donc, une équipe de 30 ingénieurs et responsables de qualité.
05:17 Et aussi des métiers divers et variés.
05:19 Mais on a toute la partie compréhension du besoin et compréhension
05:22 de ce qu'attend le patient, qui est infusée par les études d'Amory
05:27 et toutes ces interviews qu'il a pu réaliser.
05:30 Cette orthèse doit être très attendue.
05:32 Ah ben ça, on a déjà des dizaines de patients qui attendent
05:36 de pouvoir la tester et attendent aussi sa commercialisation.
05:40 Mais depuis le début du projet, on a parlé à des centaines de médecins,
05:43 de kinés, justement, de patients qui ont ce besoin aujourd'hui urgent
05:48 d'avoir une assistance à la marche pour retrouver leur mobilité
05:51 et ne pas rester simplement, entre guillemets, dans leur canapé
05:54 à attendre qu'on vienne les aider.
05:57 Et c'est être proche de ce besoin qui, justement, nous a aidés
06:00 à faire quelque chose d'adapté.
06:02 Nous, on n'est pas médecin avec Robin, mais on s'est aussi associés,
06:05 justement, à des médecins, des rééducateurs, pour être au plus proche du besoin
06:09 et pas juste développer un produit technologique dans un garage,
06:12 entre guillemets.
06:14 Et il faut que ce soit parfaitement adapté aux besoins quotidiens,
06:17 qu'il n'y ait pas le moindre inconfort, le moindre heurt causé au patient,
06:20 parce que sinon, la solution qu'on développe, après, va rester,
06:23 entre guillemets, au placard.
06:25 Et nous, on veut que le patient la garde pendant plusieurs années à filer
06:28 quelque chose qui change sa vie au quotidien.
06:30 On va voir les chiffres de votre société RIV avec Virginie Mass
06:33 et on se retrouve juste après.
06:35 L'entreprise RIV a été fondée il y a deux ans et collabore aujourd'hui
06:38 avec 24 personnes à temps plein.
06:41 RIV a développé deux dispositifs médicaux et a créé un partenariat clé
06:45 avec le leader français de l'appareillage orthopédique médical Tuan.
06:49 Enfin, depuis la création de la société, RIV a réussi à lever 3 millions d'euros
06:54 de fonds auprès d'investisseurs privés et publics.
06:57 Virginie nous dit ce que vous avez dit, une levée de fonds de 3 millions,
07:01 c'est facile de lever des fonds quand on a un objectif comme le vôtre ?
07:05 C'est beaucoup de persévérance pour lever ces fonds.
07:09 C'est commencé par les objectifs réalisables pour ensuite monter au fur et à mesure.
07:14 On est suivi par de nombreux investisseurs depuis les précédentes années,
07:19 à commencer par Polytechnique Ventures,
07:21 qui est le fonds d'investissement de l'école Polytechnique,
07:24 par aussi IRD Capital qui est un investisseur régional à Toulouse
07:27 et Newfund qui est un investisseur franco-américain spécialiste de la BrainTech,
07:31 donc des innovations pour le domaine de la santé liées au cerveau.
07:35 L'orthèse que vous créez n'a pas d'équivalent ?
07:38 Aujourd'hui, non, elle n'a pas d'équivalent.
07:40 On a quelques concurrents qui arrivent à développer des orthèses électroniques similaires
07:43 mais qui se rapprochent plus d'amortisseurs,
07:45 qui vont vous aider à marcher, à amortir votre marche,
07:48 mais ils ne vont pas vous aider à vous relever, à gravir un escalier,
07:51 en tout cas pour les personnes atteintes d'un AVC.
07:53 Et donc nous, on apporte des fonctions motrices nouvelles,
07:56 des fonctions de motrices supplémentaires et surtout qui sont sur mesure pour le patient.
08:00 Donc on a une véritable synergie entre votre appareillage et ce que vous voulez faire.
08:04 Il n'y a pas un décalage comme on peut le voir dans certains exosquelettes
08:07 qui existent sur le marché.
08:09 Sur quoi repose votre expertise ?
08:11 Alors l'expertise repose d'abord sur un socle technique
08:14 avec une équipe d'ingénieurs dans la mécanique, l'électronique, l'intelligence artificielle,
08:19 mais elle repose également sur une compréhension profonde du besoin patient.
08:23 Et ça, c'est Amoury qui nous l'infuse au jour le jour pour faire quelque chose,
08:27 comme il l'a dit tout à l'heure, d'assez utile et qui répond aux besoins patients.
08:31 Alors vos clients, on en a parlé, ils sont impatients.
08:33 Les patients sont impatients de savoir.
08:36 Donc ça sera quand et ça sera cher, ça sera abordable ?
08:39 Là, on lance notre premier produit Rift Sense auprès de cliniques de rééducation et d'appareillage,
08:44 donc des clinés et des orthopothésistes qui vont justement s'en servir
08:48 pour suivre les progrès moteurs de leurs patients et objectiver leurs progrès.
08:52 Donc ça, c'est dès novembre aux États-Unis, puis directement ensuite en France,
08:56 un pack de capteurs coûtant un peu plus de 2 000 euros.
08:59 À côté, on développe aussi Driven, donc leur test robotisé,
09:03 qui, elle, sera testé cliniquement dès 2025 et commercialisé dans la foulée d'abord aussi aux États-Unis,
09:08 où les remboursements justement sont accessibles.
09:11 Donc c'est deux horizons de temps différents,
09:13 mais les deux produits seront complémentaires et fonctionneront ensemble.
09:15 Comment voyez-vous l'avenir de votre société ?
09:18 Là, l'avenir, concrètement, pour moi personnellement, c'est déménager à Boston,
09:22 quitter le stade toulousain, entre guillemets, pour les Boston Celtics,
09:26 et préparer justement la commercialisation, la levée de fonds prochaine,
09:30 les études cliniques de Driven.
09:32 Donc on a de longs challenges qui nous attendent,
09:35 mais on a aussi le soutien de partenaires comme Tchouane,
09:38 qui est un leader français justement de l'appareillage,
09:40 et qui va nous aider aussi justement à maximiser l'impact de notre solution
09:43 auprès du grand public atteint d'un handicap moteur.
09:46 Sur du long terme aussi, on compte quand même venir se réimplanter en Europe,
09:49 adresser le marché européen, qui représente quasiment 2 millions de personnes
09:52 atteintes de troubles neurologiques, et notre but, disons, ultime,
09:55 c'est vraiment d'adresser tous les troubles moteurs
09:58 de gens qui ont des problèmes neurologiques.
10:00 Donc c'est un ensemble de 2 millions de personnes en Europe.
10:04 Il n'y a pas de limite pour vous. On n'espère pas en tout cas.
10:07 On n'espère pas.
10:08 On verra ce que vous nous direz à l'avenir.
10:09 Merci beaucoup.
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