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- Grand témoin : Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale

LE GRAND DÉBAT / Un an à l'Assemblée nationale : le bilan de Yaël Braun-Pivet

« Le chrono de Blako » par Stéphane Blakowski

Le 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet était élue par ses pairs Présidente de l'Assemblée nationale et devenait ainsi la première femme à occuper ce poste. Un an après jour pour jour, quel bilan et quelles leçons tire-t-elle de cette expérience ? Réforme des retraites passée au forceps, 49.3, rébellion des Insoumis... l'Assemblée n'avait jamais été aussi chahutée sous la Vème République. Difficile donc de s'affirmer et d'imposer son style... Mais le rôle de Yaël Braun-Pivet est aussi stratégique. Elle est devenue la clé de voûte de la majorité dans la mesure où celle-ci n'est que relative. Il faut donc sans cesse négocier et tenter de trouver des alliés... Est-ce en forgeant que l'on devient la forgeronne de l'Assemblée ?

Invités :
- Elsa Mondin-Gava, journaliste LCP
- Loïc Blondiaux, professeur de science politique à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
- Pierre-Hadrien Bartoli, directeur des études politiques d'Harris Interactive

LE GRAND ENTRETIEN / Yaël Braun-Pivet : son regard sur l'actualité
Bavures policières, nomination de Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du Dimanche, avenir de Vladimir Poutine... Quel regard la Présidente de l'Assemblée nationale porte-t-elle sur l'actualité française et internationale ?

- Grand témoin : Yaël Braun-Pivet, Présidente de l'Assemblée nationale

LES AFFRANCHIS :
- Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie en Seine-Saint-Denis
- Nathan Devers, écrivain

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcription
00:00 ...
00:04 -Bonsoir et bienvenue.
00:06 Invité exceptionnel de Savourgarde,
00:08 ce soir, Yael Broun-Pivet.
00:10 Bonsoir. Et merci d'être là.
00:12 Il y a un an, jour pour jour,
00:14 vous étiez élue au perchoir
00:16 par les députés à l'Assemblée nationale,
00:19 première femme présidente.
00:21 Vous entriez dans l'histoire.
00:23 C'est une journée particulière pour vous,
00:25 l'occasion de faire le bilan pour LCP
00:28 de cette année parlementaire.
00:30 L'Assemblée a fait preuve du meilleur
00:32 comme du pire. On va en parler.
00:34 Les attentes des Français sont immenses
00:36 et l'actualité très chargée.
00:38 On va revenir sur le drame de Nanterre.
00:41 Ce jeune de 17 ans, tué par un policier,
00:43 une minute de silence a été observée.
00:45 Aujourd'hui, une heure avec Yael Broun-Pivet.
00:48 C'est parti.
00:49 ...
01:01 Irruptive, incontrôlable, bloquée,
01:04 on a tout entendu sur cette nouvelle Assemblée nationale
01:07 que vous présidez, Yael Broun-Pivet,
01:10 et pourtant, un an après,
01:12 elle fonctionne bel et bien.
01:14 On va le voir, mais à quel prix ?
01:16 Pour dresser le bilan,
01:18 trois chroniqueurs, trois invités m'accompagnent.
01:20 Bonsoir. Merci d'être là, de la rédaction d'LCP.
01:23 Vous allez revenir sur le bilan des réformes adoptées.
01:26 Bonsoir, Pierre-Adrien Bartholi,
01:28 d'Aris Interactive, qui vous parlera,
01:31 madame la présidente, de l'image de l'Assemblée nationale,
01:34 études d'opinion à l'appui,
01:36 et puis le politologue Loïc Blondiau.
01:38 Professeur de sciences politiques à la Sorbonne,
01:41 qui va dialoguer avec vous sur la réforme des institutions.
01:44 Vous faites de nombreuses propositions.
01:47 Le billet de Stéphane Blakowski,
01:48 dans la peau d'Yael Broun-Pivet,
01:50 c'est un défi, et c'est à lui.
01:52 Je me retourne pour vous accueillir.
01:57 Je vous invite à faire la même chose.
01:59 Bonsoir, Stéphane.
02:00 -Bonsoir, Myriam. Bonsoir, madame la présidente.
02:03 Bonsoir à toutes et tous.
02:05 Il y a un an, Yael Broun-Pivet,
02:08 vous entriez dans l'histoire.
02:10 C'est notre grand journal du monde,
02:12 le monde qui le disait très solennellement.
02:15 Le problème, c'est qu'avant d'être reconnu par la postérité,
02:18 il faut déjà être reconnu par ses contemporains.
02:21 Et ça, au niveau de TF1, RTL, qui sont plus grand public,
02:25 ils saluaient la première, bien sûr,
02:27 mais ils se posaient une question.
02:29 Mais qui est Yael Broun-Pivet ?
02:31 Pour vous faire connaître,
02:33 vous avez commencé par démontrer,
02:35 ou vous avez commencé par vouloir démontrer
02:37 votre indépendance par rapport à l'exécutif.
02:40 Deux exemples.
02:41 En septembre, le gouvernement se disait
02:44 qu'on faisait passer la réforme de la retraite par un amendement.
02:47 Vous avez dit non.
02:48 Ensuite, c'est le président qui lançait son CNR,
02:51 Conseil national de la refondation.
02:53 Là aussi, pareil, vous avez dit stop.
02:56 Il ne s'agirait pas d'empiéter sur les plates-bandes de l'Assemblée.
03:00 Même pour démontrer votre impartialité à votre poste,
03:04 vous avez même été faire des rappels à l'ordre
03:07 contre les députés de votre propre camp,
03:09 notamment quand l'une d'entre elles avait dénoncé
03:12 le mot xénophobe du RN.
03:14 -Mme Panossian, je me vois contrainte
03:16 de prononcer un rappel à l'ordre
03:18 parce que vous avez utilisé le mot xénophobe
03:21 à l'égard d'un parti politique.
03:22 Je venais de rappeler qu'il fallait avoir
03:25 une attitude respectueuse les uns envers les autres.
03:28 -Le résultat de cette indépendance,
03:30 c'est qu'en décembre, on apprenait dans L'Express,
03:33 c'était le titre de l'article,
03:35 "Rien ne va plus entre Yel, Broun, Pivet et la majorité."
03:38 Et consécration pour vous,
03:40 toujours notre grand journal d'histoire,
03:42 vous dressez un portrait où on vous qualifiait
03:45 de présidente non-alignée,
03:47 capable de tenir la dragée haute à l'Elysée.
03:50 Mais bon, ça, évidemment, c'était en décembre,
03:53 il y a six mois, et depuis, il y a eu la réforme des retraites.
03:56 Pour quelqu'un qui rêvait que l'Assemblée
03:59 soit l'endroit où on peut débattre sans se battre,
04:01 vous avez dû tomber de haut.
04:03 La NUPES avait choisi de se mettre
04:05 au diapason de la colère de la rue.
04:07 De votre côté, vous avez multiplié les sanctions,
04:10 plus de 90 au total, et 68 en un seul jour,
04:13 ce fameux jour où, en plus de chanter la marseillaise,
04:16 les députés NUPES avaient brandi une affichette.
04:19 À qui la faute ?
04:20 Est-ce que c'est le gouvernement qui refuse le dialogue
04:23 ou est-ce que c'est l'opposition qui empêche le débat ?
04:26 Je me garderai bien de me prononcer.
04:28 Ce qui est sûr, c'est que de ce débat,
04:30 l'Assemblée n'est pas sortie grandie.
04:32 Sur les sondages du début de l'année,
04:35 une majorité de Français étaient choqués par la tournure des débats
04:38 et même, plus embarrassant, sur une période d'un an,
04:41 la cote de confiance de l'Assemblée,
04:43 qui était déjà plutôt en bas de la liste,
04:45 a perdu en un seul coup 10 points.
04:48 Vous-même, vous n'êtes pas tout à fait sorti indemne
04:51 de cette réforme,
04:52 parce que votre réputation d'indépendance,
04:54 d'impartialité, vous aviez commencé à construire.
04:57 On a appris comment vous avez sorti l'article 40
05:00 pour empêcher le vote sur le recul à 64 ans.
05:03 On va donc écouter les reproches que vous avez faits à ce moment-là.
05:06 L'un des députés les plus respectés de l'Assemblée,
05:09 le président Chassaigne.
05:11 -Le choix que vous avez fait, madame la présidente,
05:14 de recourir à l'article 40
05:16 porte un coût terrible à notre démocratie parlementaire.
05:20 Vous abimez, vous écrabouillez la démocratie parlementaire
05:25 et il y a une chose que vous oubliez,
05:27 c'est la séparation des pouvoirs.
05:29 -C'est dur d'encaisser ce genre de reproches.
05:32 -Mais c'est la bonne nouvelle, vous n'êtes pas rancunière.
05:35 J'ai lu dans "Le Parisien" dimanche
05:37 que vous étiez prête à faire rentrer André Chassaigne
05:40 au poste de ministre de l'Agriculture.
05:43 Je me suis dit que c'est peut-être la dernière macroniste de ce pays.
05:47 La majorité veut s'allier avec la droite,
05:49 mais il y a encore une personne qui croit
05:51 qu'on peut être de gauche et de droite,
05:53 qu'on peut débattre sans se battre.
05:56 J'espère que vous allez pouvoir prouver que cela est possible.
05:59 Pour le prouver, à moins d'une désolation.
06:01 -Merci beaucoup, Stéphane.
06:03 Une réaction pour commencer.
06:05 La dernière des macronistes, ça vous va ?
06:08 -Ca me va, mais je veux pas être la dernière,
06:10 ça voudrait dire que je serai la seule, peut-être.
06:13 Ca n'est pas possible.
06:15 Je crois au dépassement des clivages,
06:17 surtout au rassemblement des différentes opinions
06:20 et des énergies.
06:21 -Il est possible dans cette nouvelle assemblée à 3 blocs.
06:24 -Nous y arrivons tous les jours.
06:26 Nous produisons de très belles choses dans cette assemblée.
06:29 Beaucoup de textes votés à l'unanimité
06:32 ou à une quasi-unanimité.
06:33 -On va y revenir. -Oui, mais c'est important.
06:36 -Avec l'opposition, on entendait André Chassaigne.
06:39 Il est député depuis des années au Palais-Bourbon.
06:42 On renoue le dialogue ?
06:43 -Le dialogue n'est jamais brisé avec personne.
06:47 Et donc, avec André Chassaigne,
06:51 nous travaillons très bien ensemble.
06:53 -Avec cette gauche qui vous a traité de partiale,
06:56 et la présidente d'un camp, plus que de l'institution ?
06:59 -Il y a beaucoup de postures chez les uns et les autres.
07:02 C'est le jeu politique et de notre Assemblée nationale
07:05 que vous connaissez très bien.
07:07 Mais il faut savoir qu'avec chacun des présidents de groupe
07:10 et avec chaque parlementaire, le dialogue n'est jamais rompu.
07:13 Je crois que, et je suis convaincue,
07:16 chacun a conscience de la responsabilité
07:18 qui pèse sur ses épaules.
07:20 Et être dans le lieu du débat, par excellence,
07:24 et refuser le débat et prôner la rupture,
07:26 ça naît dans l'esprit de personne.
07:28 -Avant de donner la parole à mes camarades,
07:31 mes invités, un petit mot sur cette double casquette.
07:34 Au Royaume-Uni, le speaker de la Chambre des communes britannique
07:38 se met en retraite, son parti.
07:40 De fait, l'indépendance est attachée à la fonction
07:43 de président de l'Assemblée, mais vous êtes solidaire
07:46 d'un gouvernement où vous faites partie, de Renaissance.
07:49 C'est pas un exemple à suivre ? -Je crois pas,
07:51 parce que, déjà, c'est très artificiel.
07:54 Demander à un homme ou une femme politique
07:56 de se mettre en retraite son parti politique
07:59 à un moment où il exerce des responsabilités éminentes,
08:02 c'est complètement antinomique.
08:04 En revanche, être assurée que lorsque je prends des décisions
08:08 en tant que présidente de l'Assemblée nationale,
08:10 je le fais en toute impartialité et en me dégageant
08:13 d'une appartenance partisane, c'est essentiel.
08:16 C'est ce que je m'efforce de faire depuis un an,
08:19 de bien faire la distinction entre les deux.
08:22 Et je pense, en tout cas,
08:25 moi, je suis convaincue d'y arriver.
08:27 Ca n'est pas facile, et le chemin, parfois,
08:30 est extrêmement étroit. -On va voir
08:32 que le chemin, il est compliqué.
08:34 On va tout de suite passer à notre première séquence
08:37 sur les réformes adoptées à l'Assemblée nationale.
08:40 Elzamond Agha va rentrer dans le détail,
08:42 mais si elle ne résume pas cette année parlementaire,
08:45 que vous liez ou non, c'est la réforme
08:47 qui marquera les Français. Les audiences de LCP
08:50 en témoignent la réforme des retraites,
08:52 la mer des batailles et le point d'ordre
08:54 d'un affrontement dans l'hémicycle.
08:56 Clément Perreault, Rambobine, pour nous regarder.
08:59 ...
09:03 -Madame la présidente...
09:04 -Vous n'avez pas à frapper les pupitres,
09:07 la parole est au gouvernement.
09:08 -Les engagements présidentiels...
09:11 -Mesdames et messieurs les députés,
09:13 on n'est pas dans un amphi, on n'est pas dans une manif,
09:16 on est dans une manif nationale !
09:18 -Au fil de l'examen, la tension va encore monter crescendo,
09:22 notamment avec les députés insoumis.
09:26 -Ce ne sont pas les mots d'une première ministre,
09:29 ce sont les mots d'un bourreau.
09:31 -Entre 2017 et 2019, c'est 33 % d'accidents du travail
09:35 causant la mort en plus,
09:37 et vous avez la responsabilité de ce choix politique.
09:40 Vous êtes un imposteur et un assassin.
09:42 -Ces propos vaudront
09:44 au député Aurélien Saint-Aoul un rappel à l'ordre.
09:47 La virulence de certaines attaques a semblé affecter Olivier Dussopt.
09:51 A la fin de l'examen,
09:52 le ministre du Travail s'emporte dans l'hémicycle.
09:55 -Mesdames et messieurs les députés insoumis,
09:58 vous m'avez insulté 15 jours,
10:00 vous chantez, mais vous m'avez insulté !
10:02 Personne n'a craqué, personne n'a craqué !
10:05 Et nous sommes là, devant vous, pour la réforme !
10:08 -Au moment du vote définitif,
10:10 le gouvernement décide d'utiliser le 49-3.
10:13 L'hémicycle, ce jour-là, est un chaudron en pleine ébullition.
10:18 ...
10:40 Depuis le début de l'année parlementaire,
10:42 119 sanctions ont été prononcées contre des députés,
10:45 dont 79 pendant le seul examen de la réforme des retraites.
10:50 -Ellebrun-Pivet, quand on revoit ces images,
10:52 on se dit, un peu comme Mathilde Panot,
10:55 4 ans comme ça, est-ce que c'est possible ?
10:57 -Quand on voit ces images, on se dit que non.
11:00 Mais l'année que j'ai vécue à l'Assemblée nationale,
11:03 ça n'est absolument pas représenté par ces images.
11:07 L'Assemblée nationale, pendant cette année, a beaucoup travaillé.
11:10 Nous avons voté 32 textes de façon définitive.
11:14 Nous avons un taux d'accord avec le Sénat jamais atteint.
11:18 Nous avons voté des textes utiles aux Français,
11:20 la hausse du pouvoir d'achat, du point d'indice.
11:23 Nous avons voté la déconjugalisation...
11:25 -Il y a une forme d'injustice quand c'est ça qui reste.
11:28 Comment on fait pour faire en sorte que ça ne se cristallise pas
11:32 autour de cette réforme ?
11:33 -Eh bien, je ne peux pas vous apprendre votre métier,
11:36 mais quand on dit que le bilan d'un an d'Assemblée nationale,
11:40 c'est la réforme des retraites, eh bien non.
11:42 C'est pas ça. Je suis sûre que vous allez y venir,
11:45 parce que vous connaissez l'Assemblée,
11:47 vous savez qu'elle est capable du meilleur.
11:49 Moi, aujourd'hui, j'ai réuni le bureau de l'Assemblée nationale,
11:53 qui est l'instance la plus importante de l'Assemblée
11:56 et qui regroupe l'ensemble des partis politiques.
11:58 Eh bien, le bureau, pour la deuxième fois,
12:01 vient de voter à l'unanimité le budget de l'Assemblée nationale.
12:04 A l'unanimité.
12:06 Je viens de procéder à la nomination du fonctionnaire
12:09 le plus important de l'Assemblée nationale,
12:11 le secrétaire général, et la proposition de nomination
12:14 a été adoptée à l'unanimité. -Ca veut dire qu'en fait,
12:17 les compromis pour fonctionner, ils sont là,
12:20 mais quand il s'agit de s'opposer sur une réforme aussi importante,
12:24 alors là, c'est plus possible.
12:25 Le face à face, qui est responsable de ça ?
12:28 On a l'impression quand même que tout le monde est perdant.
12:31 -Mais tout le monde est perdant parce qu'effectivement,
12:34 finalement, on résume la vie de notre Assemblée à cela.
12:38 Ca n'est pas ça.
12:39 On résume la vie de notre Assemblée au chaos et aux insultes.
12:43 Quiconque regarde la vie de l'Assemblée
12:46 dans un moment autre que ce type de réforme
12:49 constate que dans l'hémicycle,
12:51 ça dialogue, ça débat, ça vote.
12:53 C'est ça qu'il faut regarder et il faut dézoomer.
12:57 -On va dézoomer, justement, avec Elsa Mondingava,
13:00 dans le détail.
13:01 Cette réforme ne résume pas l'année parlementaire.
13:04 -C'est une expression que vous avez l'habitude d'utiliser,
13:07 quand vous rencontrez des élus ou des Français,
13:10 un peu comme dans un mariage, c'est pour le meilleur et le pire.
13:13 Le pire, c'est peut-être ce qu'on a vu,
13:15 le tumulte, la tension permanente.
13:17 Le meilleur, il y a peut-être un chiffre.
13:20 Pour vous, c'est 68 textes adoptés, c'est tout confondu,
13:23 un projet de loi, proposition de loi,
13:25 proposition de résolution.
13:27 Pour vous, on imagine que c'est la preuve
13:29 que cette Assemblée fonctionne, malgré tout.
13:32 On peut citer quelques textes, pas tous,
13:34 mais il y en a eu un sur l'assurance-chômage,
13:37 sur les moyens du ministère de l'Intérieur,
13:39 sur les énergies, il y a eu le Macroniste,
13:42 un peu plus de nucléaire, d'énergie renouvelable.
13:44 Il y a eu aussi, c'est important pour vous,
13:47 des initiatives parlementaires,
13:49 une proposition de loi pour constitutionnaliser l'IVG
13:52 ou une autre pour lutter contre les dérives des influenceurs.
13:55 Tout ça certifié 100 %, 149-3.
13:57 On doit le rappeler, malgré tout, sur les budgets,
14:00 le budget de la Sécurité sociale,
14:02 et on l'a vu sur la réforme de retraite,
14:05 l'article 49-3 de la Constitution a été utilisé par le gouvernement.
14:08 On en reparlera.
14:10 Si on regarde dans le détail, puisqu'on l'a dit, redit,
14:13 vous ne disposez que d'une majorité relative,
14:15 c'est souvent la droite qui vous permet d'avoir
14:18 le point de voix nécessaire.
14:19 Dans 64 % des cas sur les textes importants,
14:22 les camarades d'Eric Ciotti et d'Olivier Marlex
14:25 sont en soutien du gouvernement.
14:26 L'opposition est bien plus franche,
14:29 même s'il y a des disparités.
14:30 Les socialistes s'abstiennent à de nombreuses reprises.
14:34 -Au Rassemblement national, on a parlé de la normalisation
14:37 du parti avec son entrée à l'Assemblée.
14:39 Il y a un plafond de verre pour le groupe de Marine Le Pen,
14:42 c'est que les députés des autres camps ne veulent pas voter.
14:45 C'est le panorama de l'Assemblée, la partie que vous voulez montrer,
14:49 mais est-ce que ce bilan qui existe,
14:51 vous arrivez à le défendre auprès des Français
14:54 quand eux ne retiennent que le 49-3 ?
14:56 Ils le perçoivent, on le verra, comme un passage en force.
14:59 -Il faut le défendre, mais avant de le défendre,
15:02 il faut le connaître.
15:03 Je vous remercie d'avoir pris le temps de le faire,
15:06 parce qu'inlassablement, il faut expliquer
15:09 ce qu'est la vie de l'Assemblée et ce qu'elle peut produire
15:12 de bien comme de pas bien.
15:14 Avoir cette vision nuancée de l'Assemblée nationale,
15:18 c'est mieux coller à la réalité de ce qu'elle est.
15:21 Je crois qu'il faut en convaincre nos compatriotes.
15:25 Notre Assemblée nationale fonctionne,
15:28 elle leur est utile,
15:30 parce qu'elle a voté un certain nombre de textes
15:32 qui rentrent directement dans la vie des gens.
15:36 C'est à ça qu'on se projette vers l'avenir,
15:39 puisqu'on fait le bilan pour mieux réussir à réformer ce pays
15:43 dans cette Assemblée qui cherche, texte par texte, une majorité.
15:47 Il faut tendre la main plus généreusement
15:49 et beaucoup plus fortement.
15:51 Vous savez qui a dit ça ?
15:53 -Nicolas Sarkozy. -C'est Nicolas Sarkozy.
15:55 C'était hier à la question, lors d'un déjeuner,
15:58 de la réunion de la majorité macroniste.
16:00 Est-ce que c'est une idée que vous partagez,
16:03 une coalition avec les Républicains ?
16:05 -Je partage l'idée d'un plus grand rassemblement.
16:08 Vous savez, quand on est en majorité relative,
16:11 mais quand on est aux responsabilités,
16:13 on a, nous, le devoir de tendre la main
16:16 et on a le devoir de rassembler.
16:18 Ca ne veut pas dire que nous souhaitons...
16:20 Finalement, absorber.
16:23 Vous voyez ce que je veux dire.
16:25 C'est pas le même que le rassemblement
16:27 que le macronisme. -C'est une coalition
16:30 qui existe en Allemagne.
16:31 Ca fait partie de leur culture de compromis.
16:34 Quand vous avez deux tiers des députés
16:36 républicains sur les textes,
16:38 il y a deux tiers des textes votés grâce aux voix des LR,
16:41 il y a une traduction politique à faire,
16:43 se mettre autour d'une table
16:45 en essayant de trouver un programme de gouvernement.
16:48 -Si il s'agit de faire adopter les textes,
16:51 on a vu que nous n'avons pas besoin
16:53 de faire une coalition.
16:54 Les textes, nous y arrivons,
16:56 pour obtenir des majorités larges,
16:58 et pas seulement avec les républicains,
17:00 mais avec l'ensemble de l'Assemblée nationale.
17:03 Il faut continuer dans cette direction-là,
17:05 chercher des majorités le plus larges possibles.
17:08 La coalition, elle a du sens,
17:11 non pas pour faciliter l'adoption de textes,
17:13 elle a du sens si nous avons des valeurs communes,
17:16 si nous partageons des objectifs communs,
17:19 et là, effectivement, il est intéressant
17:21 que nous travaillions ensemble,
17:23 et je ne renonce pas à la promesse macroniste d'origine,
17:26 et donc le rassemblement,
17:28 je veux qu'il le porte à droite et à gauche.
17:30 -Le dépassement, on l'entend.
17:32 Elsa, il y a d'autres députés
17:34 qui surveillent bien les équilibres politiques,
17:37 parce que l'histoire macroniste,
17:39 c'est qu'on peut gagner ce qu'on perd d'un côté comme de l'autre.
17:43 -C'est l'aile gauche des macronistes,
17:45 ou ils se réclament plutôt macronistes canales historiques
17:48 qui disent "attention à ne pas se rapprocher de la droite".
17:52 -Les négociations sont en cours.
17:54 A force de trop négocier à droite,
17:56 vous risquez pas de perdre des voix ?
17:58 -Le risque, c'est surtout de s'asseoir,
18:00 finalement, sur nos valeurs et sur ce que l'on porte
18:03 et les objectifs que l'on souhaite atteindre.
18:06 Donc il faut évidemment rechercher des compromis,
18:09 c'est notre responsabilité première,
18:11 puisque nous sommes aux responsabilités,
18:14 mais ces compromis ne doivent pas se faire en sacrifiant nos valeurs.
18:18 -Est-ce que pour vous, le titre de séjour
18:20 "attention à la droite", c'est non ?
18:22 Il faut que ce soit dans la version finale du texte ?
18:25 -Ca fait partie des éléments qui équilibrent le texte
18:28 et qui en font, à mon sens, un texte dont on a besoin et qui est juste.
18:32 -Et s'il n'y a pas de majorité, le 49-3 ?
18:35 -Je fais partie de ces optimistes
18:37 qui pensent que le débat parlementaire
18:39 est utile et sert à quelque chose,
18:41 et donc je ne préjuge pas de l'issue de ces débats.
18:45 Les débats ne sont jamais vains.
18:47 -D'un mot, Elsa,
18:49 on continue à se projeter,
18:50 il y a pas mal de rendez-vous clés à la rentrée à l'Assemblée.
18:54 -Le renouvellement des postes importants,
18:56 président de commission, vice-président,
18:59 questeur secrétaire.
19:00 Chaque année, c'est une tacite reconduction.
19:03 On va les surveiller à la rentrée,
19:05 puisqu'il y en a qui vont faire débat.
19:07 Eric Coquerel, président de la Commission des finances,
19:10 président insoumis.
19:11 La majorité lui reproche de ne pas avoir activé
19:14 le fameux article 40, l'irrecevabilité financière
19:18 sur la proposition de loi pour abroger la réforme des retraites.
19:21 Est-ce qu'il peut et doit rester à son poste à la rentrée ?
19:24 -Ce seront les commissaires aux finances qui en décideront.
19:28 Ce qui est certain, c'est qu'effectivement,
19:30 nous avons eu un profond désaccord avec le président Coquerel
19:33 sur l'application de l'article 40,
19:35 et donc j'ai dû moi-même déclarer irrecevable cet article 1,
19:39 alors que, très clairement, il aurait dû le faire
19:43 avant que le texte arrive en commission.
19:45 Cette divergence de vue sur l'article 40 n'est pas isolée,
19:48 n'est pas unique. Malheureusement,
19:50 à plusieurs reprises, j'ai dû intervenir.
19:54 Après, les commissaires aux finances voteront et décideront.
19:57 Mais ce qui est très important et fondamental
20:00 sur lequel il ne faut pas transiger,
20:02 c'est la présidence à l'opposition.
20:04 -C'est la règle. L'usage, c'est que les députés de la majorité
20:07 ne prennent pas part au vote.
20:09 Si vous voulez vous débarrasser d'Eric Coquerel,
20:12 il faudra transgresser cet usage. -Effectivement.
20:15 Je ne vote pas en commission des finances.
20:17 -Bien. Allez, on avance.
20:18 Je voudrais vous faire écouter un ancien Premier ministre.
20:22 Vous réagissez, puis on parlera ensuite
20:24 de l'image de l'Assemblée.
20:26 -Gouverner...
20:27 Gouverner, enfin, devient la priorité
20:29 quand nous n'avons pas cessé... -C'est pas le cas, aujourd'hui.
20:33 -Nous n'avons pas cessé de croire qu'il fallait à tout prix réformer.
20:36 Gouverner, ça passe avant réformer.
20:39 Gouverner, c'est remettre de l'ordre chez soi.
20:41 Pour cela, on n'a pas besoin de faire passer des lois.
20:45 -C'est vrai qu'on entend cette petite musique,
20:47 au fond, il faut incarner politiquement,
20:49 gouverner, tenir son administration
20:52 et arrêter de réformer.
20:54 Il a complètement tort, Dominique de Villepin ?
20:56 -Non, il a grandement raison.
20:58 C'est ce que j'écrivais dans mon plaidoyer
21:01 pour un Parlement renforcé.
21:02 On croit depuis trop longtemps que, justement,
21:05 gouverner, c'est faire une loi,
21:07 que pour porter une politique,
21:09 il faut nécessairement porter un texte
21:11 à l'Assemblée nationale et au Sénat.
21:14 Je crois que c'est une erreur.
21:15 Les textes sont importants,
21:17 mais ils ne doivent être vus que comme un moyen,
21:20 pas comme une fin en soi.
21:21 Et faire de la politique, c'est autre chose.
21:24 C'est porter des valeurs,
21:27 c'est porter des objectifs, c'est les incarner,
21:30 et c'est aussi être capable de fédérer les énergies
21:33 derrière ces objectifs, d'entraîner les gens,
21:36 de convaincre du bien fondé de telle ou telle politique.
21:39 C'est piloter et une administration,
21:41 c'est beaucoup de choses.
21:43 -Et Elisabeth Borne, pour vous ?
21:45 -Politiquement, elle incarne bien.
21:47 -Chef de la majorité, Elisabeth Borne ?
21:49 -Evidemment. -Bien.
21:50 Donc, le gouvernement, dernier mot,
21:53 avant de passer à l'image de l'Assemblée,
21:55 ça vous tente pas ?
21:56 Vous restez jusqu'au bout ?
21:58 -Vous savez que moi, j'ai quitté le gouvernement
22:01 pour revenir à l'Assemblée nationale,
22:03 puisque j'étais ministre.
22:05 Donc, moi, l'Assemblée nationale, c'est un lieu
22:07 que je chéris par-dessus tout,
22:09 je crois qu'il est profondément utile à nos compatriotes...
22:13 -Plus utile qu'au gouvernement, aujourd'hui ?
22:15 Députée que ministre ? -Aujourd'hui, moi,
22:18 je suis, je pense, beaucoup plus utile à mon pays,
22:21 à la présidence de l'Assemblée, qu'au gouvernement.
22:24 -Justement, comment faire passer, au fond,
22:26 cette passion pour le métier de légiférer,
22:29 de présider cette institution ?
22:31 On passe à l'Assemblée, vu par les Français,
22:33 avec vous, Pierre-Adrien Bartholi,
22:35 vous dirigez les études politiques
22:37 chez Harris Interactive.
22:39 C'est un institut de sondage qui regarde régulièrement
22:42 l'image de l'Assemblée tout au long du temps,
22:44 depuis un an. Je vous donne la parole.
22:46 D'abord, on va les entendre.
22:48 Les Français, Marco Pomier a demandé aux visiteurs
22:51 de l'Assemblée ce qu'ils retiennent de cette année parlementaire.
22:55 Musique de tension
22:57 ...
23:05 -Si vous mettez LFI dehors,
23:07 on va avoir peut-être de bons niveaux.
23:09 -Je suis un peu agacé par le commentaire politique
23:12 qui est fait par la majorité et par des journalistes
23:15 qui reprennent ça en disant que l'opposition
23:17 ne respecterait pas la dignité de la République, etc.
23:22 -On peut délibérer de façon plus nuancée,
23:26 même s'ils sont contre. Je suis d'accord, ils sont contre.
23:29 C'est une façon pour invectiver les gens,
23:32 pour empêcher le débat de se produire ? Non.
23:34 -Nous, par exemple, au lycée,
23:36 on arrive à avoir des débats très constructifs
23:39 en s'écoutant les uns les autres.
23:40 Alors, si des ados peuvent le faire,
23:43 pourtant, on est tout feu tout flamme quand on est ado,
23:46 si des ados peuvent le faire, comment des adultes,
23:49 qui sont encore plus instruits, qui ont des années d'études
23:52 dans les plus prestigieuses universités, n'y arrivent pas ?
23:55 -On peut penser que c'est négatif,
23:57 le fait que ça se répercute sur l'Assemblée nationale,
24:00 mais peut-être que c'est bien aussi, quelque part, que...
24:03 Je sais pas. J'ai cette ambiguïté, je me dis que c'est pas joli,
24:07 ce qu'on voit, mais quelque part, aussi, c'est notre société.
24:11 -Ce sont eux qui ont voté, qui l'ont élu.
24:18 Donc, ça représente les Français.
24:20 -En fait, le peuple, je trouve pas qu'il soit représenté
24:24 par les idées.
24:25 -Les députés représentent mal les citoyens en France ?
24:29 -Complètement. Complètement.
24:31 -Sur quel sujet ?
24:32 -Retraite.
24:33 -Pour ma part, ils sont dans leur tour de verre.
24:36 -Je pense que c'est aux citoyens d'aller aussi...
24:39 Bien sûr, le député doit aller vers le citoyen,
24:41 mais si le citoyen fait pas l'effort,
24:44 on va pas mettre tout sur le dos du député
24:46 en disant qu'il était hors-sort.
24:48 -Je pense qu'il y a une facilité en France à dire,
24:55 dès qu'il y a un problème, c'est la faute du régime,
24:58 des institutions, c'est jamais la faute des personnes,
25:02 c'est jamais le problème.
25:03 Il faut peut-être réfléchir à ça et arrêter de vouloir
25:06 changer de République tous les 50 ans.
25:09 -Être plus près des citoyens,
25:11 être à l'écoute du citoyen,
25:13 des référendums, demander aux citoyens
25:16 ce qu'ils veulent, ce qu'ils souhaitent pour leur pays,
25:19 quelle loi serait intéressante.
25:21 A partir du moment où on participe,
25:23 on accepte mieux les choses.
25:24 Imposer, ça n'a jamais été une bonne chose.
25:27 Aujourd'hui, on subit.
25:29 -Il y a beaucoup de sujets
25:31 qu'on trouve dans ces paroles de Français,
25:33 notamment sur l'association du citoyen.
25:35 On en parle dans un instant.
25:37 Pierre-Adrien Bartholdy, dites-nous,
25:39 que pensent les Français de l'Assemblée nationale
25:42 sur cette année passée ?
25:43 -Vous le disiez, tout au long de cette année,
25:46 cette première année de législature,
25:48 on a interrogé les Français pour comprendre
25:51 cette image de l'Assemblée et comment elle évoluait.
25:54 Au début, l'image était positive.
25:56 Il y avait une forme de confiance dans l'Assemblée,
25:59 une forme d'optimisme, presque.
26:00 On se disait, au fond, cette nouvelle Assemblée,
26:03 on se dit qu'elle a la capacité à changer les choses,
26:06 à changer notre vie, nous, en tant que Français,
26:09 à 61 %, et c'est le premier chiffre
26:11 que je voulais vous montrer.
26:13 Donc, un élan d'optimisme qui allait de pair
26:15 avec la composition de cette Assemblée.
26:17 C'est une situation de majorité relative,
26:20 qui est une situation nouvelle pour les Français,
26:23 qu'ils n'ont pas accueilli avec défiance,
26:25 mais, au contraire, avec une certaine forme d'entrain,
26:28 en se disant que c'est une bonne chose,
26:30 car différentes opinions vont pouvoir être représentées
26:33 à l'Assemblée et, surtout, on va pouvoir y faire des compromis.
26:37 On a 2/3 des Français, c'est-à-dire 65 %,
26:39 qui nous indiquent que c'est une bonne chose
26:42 d'avoir une majorité relative à l'Assemblée.
26:45 Avec, néanmoins, deux attentes fortes, lourdes,
26:47 une attente pour les oppositions,
26:49 quand on regarde ce que nous disent
26:51 l'ensemble des Français, mais aussi les sympathisants
26:55 des partis d'opposition, que ce soit au RN
26:57 ou chez la FI, dans les deux cas,
26:59 c'est une minorité de sympathisants
27:01 qui souhaitent une opposition systématique
27:04 aux projets de loi.
27:05 La majorité veut parfois trouver des arrangements,
27:08 pas tout le temps, mais ça peut arriver,
27:11 mais aussi des attentes très fortes
27:13 du côté de la majorité et du gouvernement,
27:15 avec cette idée qu'il faut co-construire
27:17 ces projets qui vont être mis sur la table.
27:20 Une ligne rouge très claire dans leur esprit dès le départ,
27:23 c'est, évidemment, le 49-3.
27:25 Avant même la première utilisation,
27:27 au tout début de la législature,
27:29 on a posé la question aux Français,
27:31 majorité relative, où il existe le 49-3,
27:33 est-ce qu'il faut l'utiliser ?
27:35 Dès le départ, on est loin des retraites,
27:38 71 % nous disaient qu'il ne faut pas y aller,
27:40 c'est la ligne rouge.
27:42 On connaît la suite de l'histoire,
27:44 ce qui a créé une forme de frustration,
27:46 de tension au sein de la société française,
27:49 qui nous emmène, il y a quelques semaines,
27:51 à poser la question du bilan.
27:53 Avoir, groupe, si les Français étaient satisfaits ou non
27:56 de leurs députés, et là, les réponses sont claires,
27:59 aucun groupe ne bénéficie de la confiance
28:02 d'une majorité des Français.
28:05 Pire, tous ces groupes sont en dessous
28:07 du tiers de confiance, sauf un,
28:09 il y en a un qui distingue un peu du lot,
28:11 c'est le RN, avec 37 % de confiance.
28:14 -Justement, pour rebondir sur ce dernier chiffre,
28:17 et on va revenir sur les enseignements de ce sondage,
28:20 on a beaucoup dit, 88 députés,
28:22 la stratégie de la normalisation, la fameuse cravate,
28:25 c'est un tremplin pour ces députés.
28:27 L'Assemblée nationale, est-ce que, pour vous,
28:30 c'est un parti comme les autres, aujourd'hui ?
28:33 -Je ne sais pas si c'est un tremplin.
28:35 Je ne le souhaite pas.
28:36 Après, c'est le respect, c'est le choix des électeurs.
28:41 -Ca vous surprend, ces chiffres-là ?
28:43 -Ils ont élu... On disait toujours, rappelez-vous,
28:46 qu'il y avait un plafond,
28:48 que le scrutin majoritaire, en fait,
28:50 faisait qu'il n'y aurait pas ou peu d'élections
28:54 de députés radicaux, en fait, de part et d'autre.
28:57 Et on voit que ce plafond a explosé.
29:00 Avec un scrutin majoritaire,
29:02 on a beaucoup de radicalité à l'Assemblée nationale,
29:05 pour des raisons différentes.
29:07 D'un côté, il y a la NUPES qui a organisé
29:09 les candidatures sur les territoires
29:11 en candidature unique, et de l'autre côté,
29:14 le RN, qui réussit à s'implanter.
29:16 Donc, ça, effectivement, moi, ça m'inquiète,
29:19 en tant que femme politique,
29:20 mais après, mon rôle de présidente de l'Assemblée nationale,
29:24 c'est de m'assurer que le choix des électeurs est respecté
29:27 et d'assurer un traitement égal à tous députés,
29:30 quel que soit leur parti politique.
29:32 -Ce fameux compromis qui a réclamé,
29:34 c'est très intéressant dans ce sondage,
29:36 par pratiquement tous les Français,
29:38 quelle que soit leur sensibilité politique,
29:41 seul 35 % des proches du parti des Insoumis
29:43 considèrent qu'il faut faire une opposition systématique.
29:47 Vous êtes surprise de découvrir ça ?
29:48 -Surtout, ça veut dire que je suis sur la bonne voie,
29:51 parce que, moi, je le répète inlassablement depuis un an,
29:55 c'est ce que les Français veulent.
29:57 Ils veulent qu'on discute, qu'on échange, qu'on débatte,
30:00 et ils veulent qu'on travaille ensemble.
30:02 Dans leur intérêt, nous n'avons pas de temps à perdre,
30:05 les sujets sont trop importants.
30:07 C'est pour ça que j'insiste sur le fait
30:10 que nous adoptons des textes à l'unanimité,
30:12 que nous trouvons des majorités.
30:14 -Je rappelle que les Insoumis et les écologistes
30:17 ont voté zéro projet de loi, toujours contre,
30:19 contrairement aux socialistes.
30:21 -Et contrairement aux communistes, qui ont fait des abstentions.
30:25 On arrive à trouver un chemin, c'est difficile,
30:28 mais j'invite chacun à prendre ses responsabilités.
30:30 Le sondage que vous évoquez me conforte.
30:33 C'est ce qu'attendent les Français de nous,
30:35 et donc à nous de nous montrer à la hauteur de leurs attentes
30:39 et de l'élection et de la mission qu'ils nous ont confiée.
30:42 Vous savez, moi, je le dis souvent,
30:44 nous sommes porteurs d'un mandat.
30:46 Nous n'agissons pas pour notre propre compte,
30:49 nous agissons pour le compte des Français,
30:51 pour le compte de nos électeurs, dans l'intérêt général.
30:55 Cela nous impose d'aller chercher des compromis,
30:57 parce que sinon, nous ne remplirions pas
31:00 la mission qu'ils nous ont confiée.
31:02 -Un petit mot, Pierre-Adrien Bartholy,
31:04 peut-être sur le 49-3 ? -Oui, qui est essentiel.
31:07 Quand on reprend la séquence, on se rend bien compte
31:10 qu'il y a une crispation préalable autour de cet objet de 49-3,
31:13 qui est pas parfaitement défini, mais dont on sent
31:16 qu'il a quelque chose qui est perçu comme antidémocratique,
31:20 la réalité étant autre chose,
31:21 et surtout sur la réforme des retraites,
31:24 on sent que dans la séquence, le 49-3 fait la bascule.
31:27 Il y a une transformation de ce qu'est la mobilisation
31:30 contre la réforme des retraites, à ce moment-là,
31:33 qui passe d'un mouvement assez traditionnel,
31:35 fort, mais traditionnel, contre un projet,
31:38 qui est un mouvement plus profond, plus transverse,
31:41 sur la manière dont on est gouverné,
31:43 voire, si léger largi, la manière dont on est pris en compte.
31:46 -C'est vrai, mais en même temps, vous voyez,
31:49 le 49-3 est la résultante de la majorité relative,
31:52 puisqu'il a été prévu, dès l'origine,
31:55 pour servir dans ce type de situation,
31:58 et nous, nous savions, dès le départ,
32:01 que sur les questions budgétaires,
32:03 nous n'aurions pas de capacité à avoir une adoption
32:06 à une majorité absolue, puisque nous n'en disposons pas,
32:09 et que le vote du budget est structurant,
32:11 du fait de savoir si vous êtes dans la majorité ou l'opposition.
32:15 Il est indispensable, dans une situation de majorité relative,
32:18 qui est souhaitée par les Français,
32:20 mais il nous faut trouver les bons équilibres.
32:23 Je crois qu'en 2008, nous les avons trouvés
32:25 avec la réforme portée par Nicolas Sarkozy,
32:28 qui était de dire qu'il faut limiter
32:30 drastiquement l'usage en période ordinaire,
32:32 donc sur des textes classiques,
32:34 mais le budget budgétaire ne le mit-on pas,
32:37 puisqu'on peut être dans une situation
32:39 où on a besoin de l'utiliser
32:41 pour simplement doter le pays d'un budget.
32:43 -C'est un par session, hors budget.
32:45 -Toujours rester comme ça,
32:47 en enlevant les 49.3 en dehors des budgets ?
32:49 -Non, je pense que c'est utile.
32:51 Vous savez, un seul 49.3 sur toute une session ordinaire,
32:54 c'est très peu, mais je pense que c'est une bonne chose,
32:58 et ça correspond à ce que vous décrivez
33:00 sur la perception de cet outil.
33:02 -Transition toute trouvée pour aller sur le terrain
33:05 des institutions, est-ce que c'est ce 49.3 sur les retraites
33:08 que les Français rejettent ou le 49.3
33:10 qu'ils ne peuvent plus supporter
33:12 parce qu'ils réclament davantage de place
33:14 dans la décision publique ?
33:16 On va aborder toutes ces questions avec vous, Loïc Blondiau,
33:19 mais d'abord, pour se figurer,
33:21 on est allé en reportage avec vous,
33:23 Yann Brun-Pivet, dans les Yvelines, au Mureau,
33:26 et c'est Elsa Mondingava qui vous a suivies.
33:29 Vous allez le voir, c'est très clair.
33:31 C'est encore et toujours ce fameux 49.3.
33:33 -Je pense que le 49.3, c'est à peu près l'équivalent
33:37 de l'édit royal de...
33:39 de il y a 300 ans,
33:41 et ça, c'est inadmissible.
33:43 Ne vous étonnez pas que les gens n'aillent plus voter,
33:46 qu'ils n'aient plus confiance, car nos politiques
33:49 ont pris l'habitude de nous trahir.
33:51 -Pour moi, la base, c'est de supprimer le 49.3,
33:54 parce qu'à part montrer à la population
33:56 que peu importe si elle se bat, si elle sort dans les rues,
33:59 si elle fait le premier contentement,
34:01 ce que le président a décidé, c'est ce qu'il se fera.
34:04 Donc, pour moi, la base, c'est de supprimer le 49.3.
34:07 -Voilà, donc, pour ces paroles de français,
34:10 dans votre circonscription, Yael Brun-Pivet,
34:12 c'est très clair, ce 49.3, ils n'en veulent plus.
34:15 Comment vous interprétez cette demande ?
34:17 Est-ce que c'est sur cette réforme ?
34:19 Ou est-ce qu'il faut, maintenant, peut-être envisager
34:22 de recoudre la Constitution différemment
34:25 à partir des demandes sociales exprimées ?
34:28 -Je crois que les Français expriment vraiment beaucoup
34:32 ce désir de participer à la prise de décision.
34:35 Ils veulent, ils se reconnaissent plus ou moins
34:38 dans leurs représentants, et on pourrait en parler
34:41 sur le mode de scrutin, mais ils ne conçoivent plus
34:44 leur citoyenneté comme uniquement l'acte d'aller voter
34:47 et de désigner un représentant.
34:49 Ils veulent également participer à la construction de la décision
34:53 et parfois décider eux-mêmes.
34:54 C'est pour ça que je propose d'aller très loin.
34:57 -Un tour de France, d'ailleurs.
34:59 -En termes de consultation et de participation citoyenne.
35:02 Ca permettrait de revivifier la démocratie.
35:05 Quant à l'usage du 49.3, à nouveau, il est très encadré
35:08 et il me semble que dans un contexte
35:10 de majorité relative, nous n'avons pas le choix.
35:13 -C'est audible.
35:14 Il faut continuer à faire cette pédagogie.
35:16 -Il faut continuer,
35:18 parce qu'en même temps, les Français,
35:20 ils sont ambivalents, ils se satisfont
35:22 de la majorité relative.
35:24 En fait, un gouvernement en majorité absolue
35:26 n'a pas besoin de 49.3.
35:28 -Peut-être que c'est ça.
35:29 -Mais en majorité relative, il n'y a pas trop le choix.
35:32 -On en vient à vous, Loïc Blondiau.
35:34 On y est, le chantier des institutions.
35:37 La Ve République était la bout de souffle,
35:39 en tout cas dans les cortèges, dans les retraites.
35:42 On a vu très vite, après le 49.3, basculer les mots d'ordre,
35:45 les slogans sur la question institutionnelle.
35:48 Vous étiez garant de la Convention citoyenne pour le climat.
35:51 Vous avez beaucoup travaillé sur la démocratie participative.
35:55 Vous avez fait une proposition, une journée de consultation,
35:58 un premier dimanche par mois,
36:00 peut-être par an, pardon,
36:02 dans l'année, peut-être en octobre,
36:04 pour faire une série de consultations
36:06 au niveau national, au niveau local.
36:08 Qu'en pensez-vous ?
36:10 -Il y a vraiment une urgence.
36:11 Au-delà de la question de la Ve République,
36:14 des institutions, du 49.3,
36:16 il y a une urgence de la question démocratique elle-même.
36:19 Aujourd'hui, on voit que la désaffection
36:22 vis-à-vis du gouvernement, des représentants,
36:25 le sentiment de ne plus être représenté
36:27 ou d'être mal représenté de la part des citoyens,
36:30 l'augmentation du niveau d'abstention
36:32 montre un affaiblissement majeur de la démocratie
36:35 et, en même temps, une demande très paradoxale.
36:38 On a vu le mouvement des Gilets jaunes.
36:40 Leur demande principale, c'était le RIC,
36:42 c'était avoir la possibilité de peser sur la décision.
36:45 On a des outils, cette Convention citoyenne.
36:48 J'étais membre du comité de gouvernement,
36:50 c'était pas exactement garant,
36:52 mais a montré que les citoyens étaient prêts,
36:55 150 citoyens étaient prêts à travailler,
36:57 à construire l'intérêt général,
36:59 des propositions d'intérêt général,
37:01 et l'on fait dans une ambiance,
37:03 dans une qualité de délibération extraordinaire.
37:06 -Il y a urgence à associer le citoyen ?
37:08 -Il y a plus qu'une urgence.
37:10 Camus disait que quand la démocratie est malade,
37:13 le fascisme vient à son chevet,
37:15 mais c'est pas pour demander de ces nouvelles.
37:17 Aujourd'hui, on voit l'extrême droite
37:20 qui a mis la mise, et on ne sait pas ce que vont devenir
37:23 nos démocraties. Pour moi, la centralité
37:25 de la question démocratique est liée à ce qui va nous arriver
37:28 au regard de la transition écologique.
37:31 On ne pourra pas mener la transition écologique
37:33 sans associer les citoyens.
37:35 C'est ça, le paradoxe.
37:36 C'est là-dessus que je voudrais interroger
37:39 madame Braun-Pivet. On a l'impression
37:41 que cette question n'est pas à l'agenda réellement.
37:44 La réforme des institutions, elle est un peu enlisée.
37:47 Je ne suis pas sûr que les propositions
37:49 qui ont été mises sur la table pour l'instant
37:52 soient à la hauteur des défis.
37:54 La question, alors qu'il y a plein de possibilités,
37:57 ouvrir le référendum, la représentation proportionnelle,
38:00 l'inversion du calendrier, ça ne demanderait pas grand-chose
38:03 du calendrier électoral, ça changerait tout.
38:06 Faire voter aux élections législatives
38:09 avant, ou le même jour, que de voter
38:11 l'élection présidentielle, on change complètement
38:14 l'équilibre de nos institutions.
38:16 Pourquoi, d'un certain point de vue,
38:18 ça n'est pas à ce point pour vous une urgence ?
38:21 La conviction qu'on peut avoir,
38:23 c'est que la démocratie représentative,
38:25 particulièrement malade, ne pourra se sauver
38:28 que par plus de démocratie, sinon, elle devra laisser la place
38:31 à autre chose. -Je suis entièrement d'accord
38:33 avec vous, c'est la conviction que j'ai.
38:36 Aujourd'hui, j'ai entamé un tour de France
38:38 pour parler à nos concitoyens de la démocratie
38:41 et de ces questions démocratiques,
38:43 et pas plus tard qu'hier, j'étais encore
38:46 dans le Pas-de-Calais, avant-hier,
38:48 dans le Pas-de-Calais, pour discuter.
38:50 Donc oui, je suis convaincue que nos concitoyens
38:53 ont ce besoin de participation, et donc il faut l'organiser.
38:56 Est-ce que ça passe par une grande réforme constitutionnelle ?
38:59 Je ne suis pas sûre. Il y a des sujets constitutionnels,
39:02 et vous les avez évoqués, l'ouverture du champ
39:05 du référendum de l'article 11 passe par une révision
39:08 constitutionnelle. Si on veut moderniser
39:10 le référendum d'initiative partagée,
39:12 ça passe par une réforme constitutionnelle.
39:15 Si on veut aller plus loin dans la réforme
39:17 du Conseil social et environnemental,
39:20 que nous ne l'avons fait en lui confiant
39:22 la possibilité d'organiser les conventions citoyennes,
39:25 il faut une révision constitutionnelle,
39:28 ou aller plus loin dans la décentralisation,
39:30 pour mieux savoir qui fait quoi, qui est responsable de quoi.
39:34 C'est quelque chose qui revient beaucoup chez nos compatriotes.
39:37 Ils ne comprennent pas bien, et parfois, moi non plus.
39:40 On ne va pas voter si on ne sait pas pourquoi.
39:43 -C'est très compliqué. -Exactement.
39:45 -C'est quasiment impossible. -Les deux tiers.
39:47 -Avec le Sénat qui a un droit de veto...
39:50 -C'est très compliqué dans le système,
39:52 mais il y a plein de voies d'action
39:54 qui ne sont pas constitutionnelles.
39:56 Si on change le mode de scrutin des parlementaires,
39:59 c'est une loi ordinaire.
40:01 Nous n'avons pas besoin d'une majorité des 3/5e.
40:04 -Ca, vous allez le proposer ?
40:06 -Je vais rimasser sur l'inversion du calendrier,
40:09 car je propose les élections le même jour.
40:12 C'est plus favorable à cette situation-là.
40:14 -Pour casser la dynamique présidentielle
40:16 qui, au fond, emporte tout sur son passage
40:19 aux législatives.
40:20 -Ca renforcerait le rôle du Parlement,
40:23 et d'autre part, ça assurerait une meilleure représentation
40:26 des partis politiques,
40:28 puisque ça ne serait pas biaisé par l'élection présidentielle.
40:31 Et puis, on aurait un avantage mathématique,
40:34 c'est qu'on augmenterait de facto la participation aux législatives,
40:38 puisque l'élection présidentielle
40:40 est l'ultime élection à laquelle nos compatriotes participent,
40:43 puisqu'on a plus de 80 % de participation
40:46 à l'élection présidentielle,
40:48 là où on tombe, plutôt aux environs de 50 %
40:51 pour les législatives.
40:52 Si vous les faites le même jour,
40:54 vous augmentez la participation aux législatives
40:57 et donc vous renforcez la légitimité des députés.
41:00 -Ca, le président de la République aurait favorable.
41:03 -Sur les mêmes jours ou pas, là, il n'y a même pas besoin de loi.
41:06 C'est la fixation des jours des élections
41:09 du ministère de l'Intérieur des élections
41:11 et du chef de l'Etat.
41:12 -Ca dépend de l'exécutif.
41:14 Et de dire, par exemple, je parlais du jour de consultation,
41:17 on n'a pas besoin de faire de réformes constitutionnelles,
41:21 le président de la République peut décider de faire un référendum
41:24 et on peut, collectivement, avec les maires,
41:27 les présidents de conseils départementaux et régionaux,
41:30 se dire "Allons-y, lançons-nous dans ce jour de la consultation
41:34 "et trouvons des sujets locaux et nationaux
41:37 "et on ne fera pas de réformes".
41:38 -Pas de réformes, au fond, une journée,
41:41 le seuil du référendum d'initiative partagée serait abaissé,
41:44 c'est ce que vous proposez, pour qu'on puisse le déclencher
41:47 plus facilement et pourquoi pas permettre aux citoyens
41:50 de faire des référendums, comme en Suisse,
41:53 à différents échelons. Pas besoin de loi.
41:56 -Tout à fait. -Chiche.
41:57 -La défiance historique en France,
42:01 à gauche et à droite vis-à-vis du référendum,
42:04 et surtout l'histoire plébiscitaire du référendum,
42:07 le fait qu'il a été utilisé, notamment par De Gaulle,
42:10 comme un plébiscite,
42:11 empêche que le référendum devienne
42:14 une sorte de possible politique
42:17 et entre dans le quotidien de la vie politique.
42:22 C'est ce qui se passe en Suisse.
42:24 Certes, les Suisses votent finalement assez peu
42:27 au référendum, mais le simple sentiment
42:30 de pouvoir être à l'origine
42:33 d'une votation ou le fait d'être consulté
42:37 sur des sujets importants devrait nous faire croire
42:40 que c'est possible. -Et réconcilier
42:42 avec les représentants. -C'est un des éléments.
42:44 Si on regarde les enquêtes,
42:46 les Français sont demandeurs de référendums,
42:49 qu'ils soient d'initiatives citoyennes...
42:52 -Formidable. On retient ça.
42:53 Pas besoin de changer la Constitution.
42:56 -Pas forcément. Il faut faire des ajustements.
42:58 -La journée de consultation, une fois par an,
43:01 termine votre proposition.
43:03 Vous restez avec moi. Merci à vous.
43:05 Dans une petite dizaine de minutes,
43:07 deux parties pris, deux affranchies.
43:09 Yannis Roder, une nouvelle histoire d'école.
43:12 Notre enseignant d'histoire géopréférée
43:14 de la Fondation Jean-Jean Rezva vous interpelle
43:17 sur le défi des abayas à l'école.
43:19 Le philosophe et écrivain Nathan Devers
43:21 vous interroge sur le complotisme,
43:24 les fake news et la démocratie.
43:27 Mais d'abord, on passe aux questions d'actualité.
43:30 Sur lesquelles on a envie de vous entendre.
43:32 Yael Broun-Pivet a commencé
43:34 par ce qu'il s'est passé à Nanterre.
43:36 Tour d'horizon en images.
43:38 -Nuit d'émeute dans plusieurs villes
43:42 de la banlieue parisienne.
43:44 Voiture et poubelles incendiées,
43:46 affrontement avec les forces de l'ordre
43:48 après la mort de Naël, 17 ans,
43:50 tué hier matin par un policier
43:52 pour refus d'obtempérer.
43:54 Le fonctionnaire a été placé en garde à vue.
43:56 Deux enquêtes ont été ouvertes,
43:59 dont l'une confiée à l'IGPN,
44:00 la police des polices.
44:02 "J'ai mal à ma France" a réagi Kylian Mbappé.
44:04 Emmanuel Macron en appelle au calme.
44:07 -Nous avons un adolescent qui a été tué.
44:09 C'est inexplicable, inexcusable.
44:11 Et d'abord, ce sont des mots d'affection,
44:14 de peine partagée, de soutien à sa famille
44:17 et à ses proches.
44:18 Musique rythmée
44:20 -C'est la crainte des journalistes
44:22 du journal du dimanche.
44:24 En grève depuis six jours,
44:26 il a été envoyé en prison
44:27 pour dénoncer l'arrivée de Geoffroy Lejeune
44:30 à la tête de leur rédaction.
44:32 Marqué à l'extrême droite,
44:33 l'ancien directeur de la rédaction
44:36 de Valeurs Actuelles était un soutien
44:38 d'Éric Zemmour à la dernière présidentielle.
44:40 Derrière cette nomination polémique,
44:43 l'ombre de Vincent Bolloré,
44:45 nouveau propriétaire du journal.
44:47 -On espère que ce qui nous arrive
44:48 sera un électrochoc
44:50 pour toutes les rédactions de France.
44:52 On est même contactés par des rédactions européennes,
44:55 allemandes, italiennes,
44:57 qui s'inquiètent, en fait,
44:58 de cette montée rampante d'idées xénophobes,
45:01 qui ne sont pas les idées véhiculées par le JDD.
45:05 -Ce dont nous avons connu,
45:06 c'est l'imprégnation.
45:08 -Quatre jours après la tentative d'insurrection
45:11 de la milice Wagner menée par Prigojine,
45:13 les diplomaties occidentales sont dans le flou.
45:16 Avec cette question, le maître du Kremlin
45:18 sort-il renforcé ou affaibli
45:21 par cette rébellion avortée ?
45:22 -On va évidemment commencer par le drame de Nanterre.
45:26 Il y a eu plusieurs incidents cette nuit,
45:28 24 interpellations,
45:29 et la mort d'un jeune homme de 17 ans
45:32 à la suite de ce possible refus d'obtempérer.
45:35 L'enquête est en cours, un policier est en garde à vue.
45:38 Cette minute de silence, aujourd'hui,
45:40 elle était fondamentale,
45:42 que la représentation nationale s'arrête
45:45 et fasse silence en hommage à Maëlle,
45:47 17 ans, tuée par un policier.
45:49 -Oui, ce sont des moments importants,
45:52 ce sont des moments poignants,
45:55 et c'est ce que nous devons aux victimes.
45:58 Et lorsque l'émotion saisit un pays,
46:03 il est fondamental que cette émotion
46:05 traverse les murs de l'Assemblée nationale
46:08 et que l'hémicycle puisse également s'associer
46:12 à cette émotion et à la douleur des familles.
46:15 -L'émotion saisit le pays, les réactions sont très nombreuses.
46:19 Des footballeurs comme Kylian Mbappé
46:22 disent qu'ils ont mal à leur France,
46:24 aujourd'hui, le comédien Omar Sy aussi s'indigne.
46:28 Il va falloir attendre les résultats de l'enquête,
46:31 mais les mots du président de la République
46:34 sont extrêmement forts.
46:35 Il dit que c'est inexcusable, inexplicable
46:38 et inexcusable comme acte.
46:40 -Il va évidemment falloir laisser l'enquête se faire.
46:45 Moi, ce que j'observe, c'est que les faits
46:50 qui sont reprochés aujourd'hui aux policiers,
46:53 c'est de l'homicide volontaire.
46:55 Il est en garde à vue actuellement,
46:57 et donc on voit bien que les autorités
47:00 ont saisi la mesure de ce qui s'était passé.
47:03 Maintenant, moi, je ne...
47:05 -On voit bien que la crainte,
47:07 au-delà de l'enquête et des faits,
47:09 c'est la crainte de l'embrasement des banlieues.
47:13 On le sait, c'est une possibilité, vous le redoutez ?
47:16 -Oui, et je vois bien que, même dans ma circonscription,
47:20 il y a eu des événements cette nuit.
47:22 Donc on voit bien que l'indignation
47:25 s'empare de nos jeunes et bien au-delà,
47:28 dans toutes les familles.
47:29 C'est un enfant de 17 ans qui est décédé.
47:33 Donc il faut que toute la lumière soit faite,
47:35 il faut qu'il y ait cette émotion,
47:37 et il faut aussi que nous restions calmes,
47:40 parce que nous faisons société ensemble,
47:44 et ça n'est pas en provoquant des heurts,
47:48 en attisant les flammes, parfois,
47:50 qu'on réglera cette situation.
47:52 -Il y a eu des mots très forts dans l'hémicycle.
47:55 Une écologiste hier a dit que le refus d'obtempérer
47:58 n'est pas passible de la peine de mort.
48:00 C'est une loi de 2017, juste avant l'élection d'Emmanuel Macron
48:04 sur les critères justifiant l'usage d'une arme à feu,
48:07 qui est en cause.
48:08 Aujourd'hui, est-ce qu'il va falloir faire le bilan
48:11 de l'application de cette loi ?
48:13 -Ecoutez, pourquoi pas ?
48:14 Moi, je pense que c'est utile.
48:16 Je crois beaucoup en l'évaluation de la loi
48:19 d'une façon générale.
48:20 Il est important, une fois que nous avons voté un texte,
48:23 que nous regardions si le texte, finalement,
48:26 atteint les objectifs que nous avons poursuivis.
48:29 Et donc, regarder si un texte est bien fait,
48:32 s'il fonctionne, s'il permet d'atteindre nos objectifs,
48:36 est utile.
48:37 Donc, moi, je souhaiterais, effectivement,
48:40 qu'on puisse évaluer cette loi.
48:42 -Mais pas refonder toute la police,
48:44 comme le dit Jean-Luc Mélenchon.
48:46 -C'est pas le sujet. Il faut rentrer
48:48 dans la complexité des choses, dans la nuance.
48:51 Moi, je suis lasse, en fait,
48:53 de ceux qui jettent des anathèmes
48:56 sur les uns ou sur les autres.
48:58 Nos policiers font un travail remarquable.
49:01 Ils sont... Ils doivent être
49:02 le plus rigoureux possible.
49:04 Il faudra regarder s'ils étaient bien dans le cadre d'emploi,
49:08 mais ne jetons pas l'opprobre sur des groupes.
49:10 -Les vidéos des témoins, pour l'instant,
49:13 laissent penser que... -Laissons l'enquête se faire.
49:16 -C'est bien pour cela que les mots se comprennent.
49:19 -On va parler de ce qui se passe au journal du dimanche.
49:22 Quatre questions au gouvernement hier.
49:24 Beaucoup de députés, y compris dans la majorité,
49:27 ont signé la tribune de soutien aux journalistes en grève.
49:30 Pourquoi ? J'imagine que vous avez été sollicité.
49:32 -J'ai été sollicité par principe.
49:34 En tant que présidente de l'Assemblée nationale,
49:37 je m'interdis de signer des tribunes sur quelque sujet que ce soit.
49:41 Il ne faut pas y voir un désaccord de ma part.
49:44 Au contraire, j'ai publiquement soutenu le journal du dimanche.
49:49 -Vous inquiétez ?
49:50 Jean-Froid Lejeune, ancien directeur de Valeurs Actuelles,
49:54 qui avait été condamné pour un jeu raciste,
49:56 pour une représentation sur une députée
49:58 qui siège sur les bancs,
50:00 la soumise Danielle Obono,
50:02 représentée en esclave avec chêne au cou.
50:04 -Je me souviens bien de cette une.
50:06 Ce qui doit tous nous inquiéter,
50:08 c'est le fait que l'on puisse douter, peut-être,
50:12 de l'indépendance de tel ou tel média.
50:14 Des médias d'opinion, ça a toujours existé,
50:17 et c'est normal qu'il y en ait.
50:18 Il faut que les rédactions soient totalement indépendantes
50:22 et il faut également s'assurer de la pluralité
50:24 de ces mêmes opinions.
50:26 -Alors, comment... -Deux points.
50:29 -Il y a des aides publiques aussi qui sont versées au JDD.
50:33 Certains députés disent qu'il faut légiférer,
50:35 permettre une forme de veto des rédactions
50:38 dans les nominations des directeurs de rédaction.
50:41 Le cas au Monde, par exemple, il y a un énorme sujet.
50:44 On le voit.
50:45 -Il y a un énorme sujet.
50:46 On voit que les lois successives
50:49 doivent, méritent d'être probablement revisitées.
50:53 Il y a eu plusieurs missions,
50:55 que ce soit à l'Assemblée nationale ou au Sénat,
50:58 sur ce sujet. Les parlementaires sont à pied d'oeuvre,
51:01 mais ce qui doit être revisité doit l'être,
51:03 parce que je crois que c'est important,
51:06 parce que nous devons garantir dans un Etat démocratique
51:09 la sécurité des médias et l'indépendance des rédactions.
51:12 -Deux petites questions avant d'accueillir nos affranchis.
51:15 J'imagine que vous avez été scotché,
51:17 comme nous tous, samedi,
51:19 voyant cette colonne de blindés emmenées par Prigogine
51:22 monter vers Moscou avec ce putsch avorté.
51:24 Aujourd'hui, c'est Kramatorsk, en Ukraine,
51:27 qui est bombardé par un missile russe.
51:29 Est-ce qu'il n'est pas urgent d'aider encore plus les Ukrainiens ?
51:33 -Je suis très inquiète,
51:34 parce qu'on voit que la situation est très instable
51:37 et cela doit nous préoccuper au plus haut point.
51:40 Je m'entretiendrai tout à l'heure avec mon homologue de la Rada
51:44 sur cette situation.
51:45 Plus que jamais, oui, il faut être en soutien des Ukrainiens.
51:49 -Les armer davantage et que les armes arrivent plus vite.
51:52 -Leur fournir tout ce dont ils ont besoin, c'est fondamental.
51:55 -Vous restez avec moi, Yael Broun-Pivet.
51:57 C'est l'heure d'accueillir nos affranchis
52:00 pour leur parti pris. Ils vont vous interpeller.
52:03 On les accueille tout de suite.
52:04 Yanis Roder, bienvenue.
52:07 Et Nathan Devers, qui enseigne la philosophie à Bordeaux
52:10 et qui est écrivain.
52:11 Yanis, qui enseigne l'histoire-géographie
52:14 en Seine-Saint-Denis, de la Fondation Jean Jaurès.
52:17 Vous êtes installés. On commence avec vous.
52:19 Carte blanche, c'est parti. Yanis, on vous écoute.
52:22 -Madame la présidente, je voulais vous alerter sur un sujet
52:25 que l'on croyait révolu, le port de vêtements à l'école
52:28 manifestant une appartenance religieuse,
52:31 notamment les abayas.
52:32 Depuis un an, des jeunes filles sont de plus en plus nombreuses
52:36 par dizaine dans certains établissements.
52:38 On parle de 150 à 180, par exemple,
52:40 dans des lycées de Lyon ou Vénitieux.
52:42 Par sa circulaire du 9 novembre 2022,
52:44 le ministre de l'Education nationale a réagi
52:47 et est venu en aide au chef d'établissement,
52:50 mais la situation sur le terrain demeure parfois compliquée.
52:53 Non seulement l'abaya n'est pas un signe religieux par nature,
52:56 mais également parce que des jeunes filles
52:59 utilisent des éléments de langage,
53:01 d'ailleurs les mêmes à Grenoble, Toulouse et Lille,
53:04 ce qui est un signe culturel et non cultuel.
53:07 Certains appellent donc aujourd'hui de leur vœu
53:10 une nouvelle loi, bien que M. Papendiaïe
53:13 se soit dit opposé à cela ou même à une évolution
53:16 de la loi de 2004. Personnellement,
53:18 je pense que le ministre a raison, mais cette lecture,
53:21 vous l'avez compris, n'est pas unanimement partagée.
53:24 Je souhaiterais avoir votre avis sur la question.
53:27 -Moi, je suis très inquiète.
53:29 Je viens de faire un déplacement dans le Pas-de-Calais
53:33 et j'ai des élus qui m'ont dit
53:36 qu'au moment du Ramadan,
53:39 il y avait des parents qui demandaient
53:41 dans des écoles primaires
53:43 à ce que les enfants n'aillent pas à la cantine
53:46 et qu'on prenne en charge la surveillance de ces enfants
53:49 puisqu'ils n'étaient pas à la cantine,
53:52 ça nécessitait une surveillance supplémentaire.
53:55 Moi, je ne veux pas de cette France-là.
53:57 Moi, je veux d'une école publique parfaitement laïque,
54:01 où il n'y a pas de Ramadan,
54:03 où il n'y a pas d'abaya,
54:05 où il n'y a pas de signes ostensibles religieux.
54:09 Je veux que ce lieu-là, par-dessus tout, soit préservé.
54:13 -Pas besoin de changer la loi ?
54:15 -Pour qu'il soit préservé, il faut être très clair
54:17 sur les valeurs que l'on porte.
54:19 Tous mes enfants sont dans l'école publique.
54:22 C'est important pour moi,
54:24 mais parce que je crois en l'école publique.
54:27 Je crois dans une école publique qui permet à chacun
54:30 d'avoir... de ne pas subir d'influence.
54:33 Et donc, moi, s'il fallait faire une loi
54:37 pour rappeler tout ça et faire en sorte
54:39 que nos enseignants et que les directeurs d'établissement
54:42 et nos maires ne soient pas en difficulté
54:45 face à ces situations,
54:47 je n'hésiterai pas à voter une telle loi,
54:49 mais en tout cas, moi, je suis très inquiète
54:52 et je ne veux pas que la religion pénètre comme ça
54:55 dans ces espaces-là.
54:56 -Retour à la loi possible.
54:58 Merci, Yael Brune-Pivet, pour cette annonce.
55:01 On verra ce qu'il en est dans les jours qui viennent,
55:04 dans les semaines qui viennent.
55:06 On attend une décision du Conseil d'Etat
55:09 sur les hijabeuses dans le football demain.
55:11 Nathan, c'est vous qui terminez, Nathan Devers,
55:14 qui enseigne la philosophie.
55:16 Vous voulez vous parler de démocratie
55:18 à l'heure des fake news et du complotisme.
55:21 -Exactement. Bonsoir.
55:22 Je voulais vous poser une question
55:24 sur un phénomène majeur de notre époque,
55:26 le complotisme, qui à la fois engendre
55:29 une polarisation de la société
55:30 et qui, me semble-t-il, creuse un gouffre
55:33 entre les citoyens et les élus.
55:35 Il y a eu une étude d'avril 2023, Ipsos,
55:37 qui a montré que 35 % des Français,
55:39 c'est énorme, adhèrent au moins à une théorie du complot
55:43 et parfois plus, que ce soit sur le 11 septembre,
55:45 sur la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique.
55:49 Il y a un paradoxe fondamental dans le phénomène du complotisme.
55:52 Tout le monde sera d'accord, me semble-t-il,
55:55 que le complotisme mine la démocratie,
55:57 mine la possibilité d'un débat démocratique,
56:00 car le débat démocratique repose sur la distinction
56:03 entre des vérités de raison, que des citoyens n'ont pas
56:06 les mêmes opinions, les mêmes avis,
56:08 et les vérités de fait. Tout le monde doit être d'accord
56:11 pour dire qui a été élu aux élections présidentielles.
56:14 Si on mélange les faits et les opinions,
56:16 il n'y a plus de débat démocratique.
56:18 Mais d'autre part, c'est le paradoxe du complotisme,
56:21 que sa condition de possibilité, c'est la démocratie,
56:25 c'est la liberté d'opinion,
56:26 et que l'Etat n'a pas à légiférer sur ce que pensent les gens,
56:29 quand bien même penserait-il mal, et quand même penserait-il faux.
56:33 Ma question est double.
56:35 En tant qu'élu et président de l'Assemblée nationale,
56:38 quel rapport avez-vous d'expérience du complotisme ?
56:42 Et comment lutter contre le complotisme
56:44 sans entraver la liberté d'opinion ?
56:47 -Vous avez moins de deux minutes
56:49 que la quatre heures.
56:50 Non, mais c'est une question très complexe,
56:54 parce que pour rencontrer beaucoup les citoyens
56:57 lors de réunions publiques ou lors de mes déplacements,
57:00 je vois bien qu'il est parfaitement impossible, parfois,
57:04 de réussir à dialoguer avec des personnes
57:06 qui sont très complotistes,
57:08 et que c'est un dialogue de sourds, on tourne en rond,
57:11 et à chaque fois qu'on sent qu'on va convaincre,
57:14 il y a une pirouette, et on...
57:17 Voilà, on n'y arrive pas.
57:19 Et donc, je pense qu'il faut être très inquiet.
57:22 Il faut, pour réussir à lutter contre ces faits-là,
57:26 je crois, développer profondément l'esprit critique,
57:29 profondément la culture du débat, justement,
57:32 savoir écouter l'autre, savoir débattre,
57:36 argumenter, contre-argumenter,
57:38 accepter de se laisser convaincre,
57:41 ne pas être sûre d'avoir raison,
57:43 envers et contre tout.
57:44 On peut se tromper, on peut, on doit être capable
57:48 de changer d'avis, de ne pas savoir tout sur tout,
57:52 de raisonner parfois faux.
57:53 Il faut avoir cette humilité-là, je crois que c'est important,
57:57 et puis ne rien prendre pour argent comptant,
58:01 surtout à un moment où on voit
58:03 qu'avec, maintenant, l'intelligence artificielle,
58:06 on peut fabriquer des images, fabriquer des vidéos
58:10 en un laps de temps très bref,
58:13 qui ont toute l'apparence de la réalité.
58:16 Donc, il faut, impérativement,
58:17 on ne va pas maîtriser l'information,
58:20 ce n'est pas possible et ce n'est peut-être pas souhaitable.
58:23 Donc, il faut, en fait, ne pas maîtriser la source,
58:26 mais maîtriser celui qui reçoit cette information
58:29 pour qu'il soit capable de la recevoir
58:31 avec un esprit le plus éclairé possible.
58:34 -Et donc, par l'éducation. -Il faut qu'il lutte.
58:37 -Merci. On revient aux enseignants que vous êtes.
58:39 Pardon, je vous ai un peu pressée. C'était un peu chargé.
58:43 Merci beaucoup. Merci beaucoup,
58:45 madame Nielle Brune-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale,
58:49 qui fait donc sa première année d'élection au Perchoir.
58:52 C'est la fin de cette émission.
58:53 Tout de suite, votre soirée documentaire.
58:56 Jean-Pierre Gratien. A demain. Même mieux, même heure.
58:59 SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA
59:01 Générique
59:03 ...
59:13 [SILENCE]

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