Malgré l'annonce d'ArcelorMittal de sa volonté de supprimer 600 emplois en France, le président de la République estime que la situation ne mérite pas une nationalisation. Il rejoint en effet Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, sur la volonté de sauver les emplois en question. Mais pas en prenant le contrôle de la société.
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00:00Une question ce matin, Nicolas, faut-il nationaliser ArcelorMittal ?
00:03Oui, dit Sophie Binet de la CGT sur TF1 hier soir face à Emmanuel Macron.
00:07Non, lui répond le chef de l'État.
00:09On te soumet ce matin au référendum.
00:11Oui ou non, la nationalisation d'ArcelorMittal ?
00:13Absolument pas.
00:14Alors pour des raisons hyper basiques et pas politiques.
00:16C'est trop cher.
00:18Même la partie française.
00:19Au total, c'est 24 milliards en bourse.
00:20Tu prends que la France, ce sera plusieurs milliards d'euros, on ne les a pas.
00:23La deuxième réponse, c'est que ça ne répond absolument pas au problème.
00:26Arcelor a besoin de clients, a besoin de parts de marché, a besoin de résister à la concurrence low cost et carbonée de l'Asie.
00:35Si tu remplaces quelqu'un qui est privé par l'État dans le capital, il n'y a pas de clients, il n'y a pas de parts de marché.
00:41Et la concurrence asiatique est exactement la même.
00:43Je ne suis pas surpris de ce débat.
00:45La CGT avec le mot nationalisation est dans ses éternelles doctrines XXe siècle comme taxer les riches, prendre l'argent des dividendes.
00:53C'est à peu près le triptyque des réponses systématiques de la CGT.
00:56Et ça ne changera pas.
00:56Bon, il y a pourtant bien un enjeu de souveraineté autour de l'Asie, non ?
00:59Totalement, totalement.
01:01L'Asie est un truc important, notamment parce qu'on est en phase de réarmement.
01:05Et puis aussi parce que le monde multipolaire animé par le libre-échange, ce n'est plus vraiment le même aujourd'hui.
01:09Je ne sais pas exactement comment sera le suivant.
01:11C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Britanniques viennent de nationaliser les deux derniers aux fourneaux du pays de British Steel,
01:19qui appartenaient à un Chinois.
01:20Et les Chinois disaient, moi, je vais les fermer.
01:21C'est la raison d'ailleurs pour laquelle Emmanuel Macron dit, je ne vais pas nationaliser ArcelorMittal,
01:25mais je m'engage à sauver les sites de Dunkerque et fausses-sur-Mer, car là, il y a effectivement un enjeu stratégique.
01:31Et alors là, pour les sauver en ultime recours, évidemment, l'argent public pourrait être une solution.
01:38Mais pour des raisons bien précises, car là, on sait faire de l'acier vert.
01:41Mais si les Anglais l'ont fait, ça veut dire que ça a du sens quand même de nationaliser ?
01:45Oui, ça a du sens. Si on le prend sur un sujet, un débat, enfin un terrain économique et pas politique.
01:49Si tu commences à sortir une nationalisation en disant, tu vas voir, l'État va créer des emplois, va sauver des emplois, va monter les salaires, va éviter les faillites, c'est mort.
01:56On l'a fait en 1983, en 82.
01:5944 nationalisations qui ont toutes fragilisé les entreprises de l'époque, qui ont fini par revenir finalement dans le giron privé.
02:05A l'inverse, quand l'État intervient ponctuellement pour des raisons économiques et pas politiques, c'est utile.
02:11PSA 2014, oui, c'était bien que l'État ponctuellement prenne un petit peu du capital de PSA.
02:16Quand les États-Unis prennent le contrôle de GM quelques années en 2009, oui, ça avait du sens, c'était pour des raisons précises.
02:23Quand en 1946, on va nationaliser toute une partie du pays parce qu'il faut le reconstruire, oui, là, ça a du sens.
02:30Mais pas pour des raisons politiques.
02:31Maintenant, pourquoi nationaliser Arcelor ?
02:33Souveraineté, j'en ai parlé.
02:36Préserver un outil industriel qui sait faire de l'acier décarboné, j'en ai parlé.
02:40Si c'est pour envoyer un signal purement politique, évidemment, là, c'est hors de question.
02:44Maintenant, pourquoi il ne faut pas nationaliser Arcelor ?
02:46Ça n'apporte aucune réponse au problème d'aujourd'hui.
02:51Ça n'apporte aucune solution à la façon dont l'Europe doit se réorganiser face au dumping de la Chine.
02:57Et puis juridiquement, ce n'est pas évident parce que ça reste quand même une multinationale de droit luxembourgeois.
03:02Donc vous imaginez les procédures.
03:03Merci.
03:04Merci.
03:05Merci.