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Jeudi 8 mai 2025, retrouvez Anne-Laure Frischlander-Jacobson (fondatrice, Evvest et enseignante à l’université Paris Dauphine) et Evelyne Brugère (Présidente, FOEB solutions, multi family office indépendant, Business Angel, membre de FBA) dans SMART PATRIMOINE, une émission présentée par Nicolas Pagniez.

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Transcription
00:00Et c'est parti pour Enjeu patrimoine, une séquence entre femmes et aujourd'hui dédiée donc à l'investissement au féminin.
00:12Comment les femmes investissent, quels sont leurs rapports à l'argent et surtout pourquoi y a-t-il encore des différences entre les hommes et les femmes quand on parle d'investissement.
00:22Pour en parler, nous sommes ravis d'accueillir sur ce plateau Anne-Laure Frischlander Jacobson.
00:27Bonjour.
00:27Bonjour.
00:28Vous êtes fondatrice des Vestes et enseignante à l'université Paris-Dauphine et Evelyne Brugère.
00:33Bonjour.
00:33Bonjour.
00:34Vous êtes la présidente de FOEB Solutions.
00:37Pour commencer, Anne-Laure Frischlander Jacobson, que peut-on dire des femmes et de leur rapport à l'argent ?
00:45L'argent, s'il a un genre, on peut vraiment se focusser sur celui des femmes qui est particulier puisque déjà l'argent est synonyme d'angoisse.
00:57Pour près de 80% des femmes.
00:59D'accord.
00:59Et là, c'est une grande différence par rapport au rapport masculin où l'argent va être synonyme plutôt d'autonomie, de positionnement et d'excitation même.
01:15Donc, angoisse, angoisse aussi pourquoi ? Parce que tout simplement, les femmes ont déjà un salaire qui est souvent inférieur de près de 20% de celui des hommes.
01:30Et donc, il y a cet sentiment de précarité et de besoin qui est associé à l'argent.
01:36Par ailleurs, il y a aussi une culture, quelque chose de très sociétal dans le rapport féminin à l'argent, où finalement, il y a toujours cette question de légitimité du féminin dans le rapport à l'argent.
01:51Et on l'a vu, que ce soit dans l'argent de poche, où souvent, on voit des différences entre l'argent de poche des filles par rapport aux garçons.
01:59Donc, c'est quelque chose qui est ancré dès l'éducation.
02:02Dès l'éducation qui va créer finalement un rapport différent des femmes avec l'argent.
02:07Donc, déjà, cette partie vraiment angoissante de l'argent qui va définir également un rapport au risque par rapport à l'investissement.
02:19Puisque là, on va avoir une aversion au risque très, très, très prononcée de plus de 80% pour les femmes par rapport aux hommes.
02:28Et ça a une implication directe sur la gestion des investissements qu'on va développer par ailleurs.
02:35On va revenir plus en détail, effectivement.
02:37Donc, l'angoisse, légitimité et aversion au risque, ce sont vraiment les trois freins que l'on voit déjà inhérents chez la femme.
02:48Evelyne Brugère, est-ce que, selon vous, les femmes investissent, donc là, on parle vraiment d'investissement,
02:54est-ce qu'elles investissent de manière différente par rapport aux hommes ?
02:58Oui, je pense qu'elles n'ont pas du tout le même processus d'investissement que les hommes.
03:02Et en particulier, par rapport au risque, justement, je pense que les femmes sont beaucoup plus analytiques.
03:10C'est-à-dire que, je ne parlerai pas d'angoisse, mais quand elles investissent quelque part,
03:14elles veulent savoir dans quoi elles investissent et effectivement pouvoir évaluer.
03:18Elles font des recherches.
03:18J'ai été très longtemps et je suis toujours dans le réseau Femmes Business Angels, par exemple.
03:24Quand les porteurs de projets arrivent dans une salle où il n'y a que des investisseuses femmes,
03:28ils sont en général très surpris de la quantité de questions qui leur sont posées.
03:33Et ça fait vraiment partie de la marque.
03:35Donc, les femmes, elles vont investir, mais elles vont investir dans ce qu'elles connaissent ou dans ce qu'elles comprennent.
03:42Et surtout, en ayant rencontré aussi les porteurs de projets, en tout cas pour ce qui concerne le private equity, par exemple.
03:51Donc, elles sont analytiques, c'est-à-dire qu'elles vont vraiment étudier.
03:54Elles vont vraiment prendre le temps de comprendre ce qu'elles font et pourquoi elles le font.
03:57La deuxième chose, c'est que je pense qu'effectivement, on parlait, c'est pas le mot à pas du gain,
04:03mais je pense que les femmes sont moins dans l'appât du gain que dans, effectivement, une rentabilité durable.
04:08Donc, elles vont aussi mettre des valeurs, c'est-à-dire que les femmes ne vont pas investir dans n'importe quoi.
04:13Elles veulent aussi quelque chose qui font sens.
04:15Donc, les critères extra-financiers sont très importants pour les femmes.
04:19On retrouve beaucoup dans les clientèles.
04:22Moi, si je fais une petite statistique, j'ai pas beaucoup de familles de clients.
04:26mais j'ai 80% des femmes qui vont se préoccuper des critères extra-financiers
04:31et alors qu'on n'aura que 20% des hommes qui vont s'en préoccuper.
04:36Alors, c'est vraiment une statistique très personnelle.
04:38Oui, oui, bien sûr.
04:39Mais en tout cas, je note quand même, chez les femmes, il y a toujours ce souci des critères extra-financiers.
04:44Dans la gestion, d'ailleurs, ISR, investissement durable, on retrouve beaucoup de femmes.
04:50Et la troisième caractéristique, c'est le rapport au risque, effectivement,
04:53qui est différent, je pense, chez les hommes que chez les femmes.
04:57C'est-à-dire qu'une femme ne va pas chercher une rentabilité à court terme.
05:02Donc, elle ne fait pas de crypto-monnaie.
05:04Elles ne vont pas sur ces actifs très volatiles et très risqués,
05:08dans lesquels, finalement, c'est assez difficile de comprendre comment se construit la performance et le gain.
05:12Donc, elles vont faire des investissements plus long terme.
05:19Elles sont un peu moins pressées, finalement, que les hommes ?
05:21Elles sont moins pressées.
05:22Elles sont à long terme.
05:23Et on en parlait, je ne sais pas si vous allez poser la question, justement,
05:26sur le fait qu'effectivement, les femmes sont meilleures gérantes que les hommes.
05:30Mais c'est juste parce qu'elles...
05:30Mais c'est juste parce qu'elles...
05:32Voilà. Et donc, du coup, moi, mon analyse, c'est qu'elles ont une meilleure compréhension du risque.
05:39Et effectivement, dans leurs critères d'investissement, elles vont analyser le risque,
05:44quel risque je prends, quel est mon potentiel de rendement.
05:46Et effectivement, elles vont souvent privilégier des investissements qui, au départ,
05:51paraissent moins rentables, mais qui présentent un moindre risque.
05:55En tout cas, le meilleur rapport rentabilité-risque.
05:57Anne-Laure, vous êtes d'accord ?
05:59Oui, il y a déjà eu des études qui ont montré, d'ailleurs,
06:01que c'était, je crois, Trade Republic et Fidelity qui ont fait une étude sur les femmes gérantes
06:06et sur le fait qu'à long terme, la performance était supérieure de 2%, je crois.
06:10Aux hommes ?
06:11Par rapport aux gérants hommes.
06:12Et ça s'explique, d'une part, tout à fait, je partage totalement le point de vue,
06:18sur le fait qu'il y ait moins de trading, finalement, et le côté moins court-termisme.
06:23Donc, c'est très clair qu'il y a une approche de la gestion de l'investissement
06:27qui est totalement différente et qui est plus long terme.
06:32Par contre, il faut déjà qu'elles investissent.
06:35Les femmes investissent moins ?
06:37Et ça, le problème, c'est qu'aujourd'hui, alors, on est d'accord pour les femmes gérantes,
06:42mais il y a une problématique, aujourd'hui, chez la femme, qui est finalement que son rapport à l'argent,
06:49du fait de cette légitimité, sentiment d'illégitimité, fait qu'elle investit peu.
06:55Et aujourd'hui, si vous voulez, on va avoir autant d'épargne de la part d'une femme, d'un homme,
07:04mais seulement 29% des femmes vont investir.
07:07Et ça, si vous voulez, moi, je vois un problème patrimonial assez prononcé sur le fait qu'elles n'investissent pas,
07:13du fait de la planification financière nécessaire.
07:16Les femmes vivent plus longtemps, ont souvent des salaires moindres, on l'a dit tout à l'heure,
07:23ce qui fait qu'il faut absolument planifier,
07:27et l'investissement sur un livret 1 ou sur un compte courant qui ne rapporte rien
07:31ne va pas suffire à combler ce déficit.
07:34Donc, cette aversion au risque, si vous voulez, leur empêche, finalement, d'atteindre cette autonomie financière,
07:41surtout quand on est sur un placement long terme.
07:44Donc, toute la problématique, elle est à comment diriger, finalement, les femmes vers l'investissement
07:49de façon à ce qu'elles puissent sécuriser leur avenir sur le long terme et préparer leur retraite.
07:54Donc, il y a peut-être encore un certain besoin de pédagogie, je pense, sur ce sujet.
07:59Est-ce qu'il y a un problème, entre guillemets, de conseil en France, selon vous, Evelyne ?
08:05Oui, alors moi, je pense qu'il y a effectivement un problème au niveau du conseil en France.
08:10Je prenais l'exemple, vous avez quelqu'un qui arrive, qui vient de toucher un gros patrimoine,
08:17par héritage ou d'une autre façon, et va voir un conseiller financier parce qu'il ne connaît rien, en fait.
08:25Et en fait, la première chose qu'on va lui faire, c'est faire un questionnaire absolument ingérable
08:31et enfin, voilà, très compliqué pour quelqu'un qui n'y connaît rien.
08:34Donc, effectivement, le résultat du questionnaire va être, ah ben non, le client, la cliente,
08:39parce que ça concerne aussi les hommes et les femmes, mais le client ou la cliente,
08:43effectivement, n'a aucune expérience et n'a aucune connaissance.
08:45Donc, bilan d'opération, le conseiller, il ne peut rien faire d'autre que lui faire du livret d'épargne ou de contrat en euros.
08:51Donc, ça, c'est quand même une aberration, c'est quand même, à mon avis, une aberration de la réglementation.
08:57Donc, il faut, effectivement, je pense qu'il faudrait quand même revoir ce truc-là.
09:02On parle de pédagogie.
09:04Moi, je pense que la première chose qu'on devrait dire aux femmes, c'est que l'investissement, ce n'est pas compliqué.
09:08Et il y a aussi beaucoup chez les femmes, je pense, des tendances autolimitantes,
09:12c'est-à-dire qu'elles estiment aussi qu'elles ne sont pas capables.
09:16Parce que gérer les finances du ménage ou gérer une entreprise, une boulangerie ou une petite entreprise,
09:22c'est souvent les femmes qui font la compta, qui font les comptes et qui ont géré.
09:26Donc, après, il faut leur expliquer que passer de ça à, finalement, de l'investissement,
09:31ce n'est pas compliqué parce qu'investir, c'est acheter des parts d'une entreprise qui va faire plus ou moins de résultats.
09:37Et donc, il est tout à fait facile, aujourd'hui, d'investir avec quelques règles de base d'allocation d'actifs,
09:45déjà sur un horizon de placement, quand j'ai du long terme, quand j'ai plus de 10 ans devant moi, je fais des actions.
09:50Et quand je n'ai pas 10 ans, je ne fais pas d'actions.
09:52Donc, déjà, segmenter son patrimoine du court terme, très sécurisé, du moyen terme,
09:59et du long terme, du plus de 10 ans sur des actions, c'est la règle de base, finalement, de l'investissement financier.
10:07Et puis ensuite, soit j'ai envie de m'intéresser aux entreprises si je fais des actions,
10:11soit j'ai envie de m'intéresser aux entreprises dans lesquelles je vais investir très bien,
10:15je peux faire une sélection, on a des belles entreprises françaises dans lesquelles on peut investir sans souci,
10:22sur du long terme, ou européennes, ou même mondiales, donc du long terme.
10:32Et ensuite, effectivement, si on n'a pas envie de faire cette sélection,
10:36parce qu'on n'a pas envie de s'intéresser aux chiffres des entreprises, aux résultats des entreprises,
10:40eh bien, on peut tout à fait faire des trackers, et là, on sait qu'on aura la performance du marché boursier,
10:45et on sait que sur le long terme, eh bien, il faut faire des actions pour avoir une bonne rentabilité.
10:50Donc, en fait, c'est ça qu'il faut expliquer aux femmes, c'est que l'investissement, ce n'est pas compliqué.
10:55On n'est pas obligé d'aller sur des instruments financiers complexes,
11:00ou d'arbitrer tous les mois son portefeuille ou ses investissements.
11:07Donc, c'est le premier message qu'il faut faire passer, je pense.
11:09Et le deuxième message, il faut rendre les femmes plus visibles dans la finance,
11:13parce que quand on regarde les médias, quand on regarde les journaux spécialisés dans le patrimoine, la finance, etc.,
11:18on ne voit pas les femmes, alors qu'on en a une foultitude qui sont toutes plus brillantes les unes que les autres,
11:24mais qu'on ne voit pas dans les médias.
11:26Donc, moi, si je suis là aujourd'hui, ce n'est pas parce que j'adore intervenir et le montrer,
11:30mais c'est juste parce que la parole des femmes compte, et il faut que les médias...
11:33C'est important.
11:34Aujourd'hui, systématiquement, dans tous les panels, dans toutes les conférences, dans tous les panels,
11:39ils mettent systématiquement une femme sur un podium.
11:42Et les médias féminins également.
11:45Oui.
11:45Pas forcément mettre le dernier rouge à lèvres à la mode, mais parler de l'emplacement, avoir des rubriques à l'argent.
11:51On le voit de plus en plus, d'ailleurs, c'est plutôt pas mal.
11:54Mais c'est vrai qu'il faut mettre l'indépendance économique en première ligne.
12:01C'est primordial.
12:02Oui, tout à fait.
12:03C'est primordial.
12:04Et puis, pour...
12:06Pardon, je vous ai interrompu.
12:09Vous souhaitez compléter, peut-être ?
12:11Non, mais oui, j'adhère totalement.
12:15Mais c'est vrai qu'il y a quand même une chose qui est propre aux féminins, c'est la charge mentale.
12:20D'accord ?
12:21Les femmes ont une charge mentale qui est très lourde, ce qui fait qu'elles n'ont pas...
12:25Supérieure à celle des hommes, par exemple ?
12:26Supérieure.
12:27Déjà, elles gèrent généralement la maison, les enfants, la nounou, le travail.
12:32Elles travaillent quand même pour la plupart.
12:35Elles ont une charge mentale qui est très lourde.
12:37Donc, la finance, ça passe finalement en dernière priorité.
12:44Or, ça devrait être l'une des premières priorités.
12:47Mais il y a des moyens, finalement.
12:48On n'est pas obligé de gérer soi-même.
12:51Il y a de la gestion automatisée, il y a de la gestion pilotée.
12:54Ce qui est important, c'est que la finance soit de plus en plus accessible.
12:58Moi, je parle toujours du principe qu'il faut d'abord sensibiliser à l'importance de gérer ses finances.
13:03Et deuxièmement, apporter une solution qui leur parle.
13:07Une solution qui soit accessible, qui soit simple, qui soit automatisée et qui fait sens.
13:11Donc, on a parlé, effectivement, de faire sens.
13:14Les femmes ont besoin d'avoir du concret et de donner de la valeur, finalement, à leur investissement.
13:18C'est vrai que l'investissement responsable est une priorité pour beaucoup de femmes qui désirent investir.
13:25Et on ne peut que s'en réjouir.
13:26Il faut simplement expliquer aussi qu'il peut y avoir des différences de performance.
13:31Et ensuite, oui, ce n'est pas compliqué.
13:33On a des professionnels de la gestion de patrimoine, de la finance, qui permettent, finalement, d'apporter des solutions.
13:40Et d'apporter, mais vraiment, cet exercice de planification financière, de comprendre combien je dois investir pour préparer ma retraite et quel rendement je dois accéder, il faut le faire.
13:54Il faut le faire. Il y a des outils pour le faire.
13:56Et c'est important pour l'autonomie financière sur le long terme.
14:00On finira là-dessus.
14:01Merci beaucoup, Anne-Laure Frischlander-Jacobsson.
14:04Vous êtes fondatrice des Vestes et enseignante à l'Université Paris-Dauphine.
14:07Merci beaucoup. Et merci, Evelyne Brugère.
14:10Vous êtes présidente de FOEB Solutions.
14:12Merci à toutes les deux d'être intervenues sur ce plateau.
14:15Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans l'œil de l'expert.

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