Le jeu vidéo au service de l’éthique, de l’accessibilité et de l’inclusion ? C’est le pari du game designer Mickaël Dell’ova, fondateur de l’EthicAll Games Jam. Son nouveau projet, The Others, se veut une expérience sur la santé mentale.
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00:00Tech for Good et maintenant Vidéogames for Good, on va parler de comment les jeux vidéo peuvent rendre le monde meilleur, peuvent promouvoir des messages d'inclusion, d'accessibilité.
00:14On le fait avec Mickaël Delova, bonjour.
00:16Bonjour.
00:17Vous êtes game designer ?
00:19Oui.
00:19Vous êtes très engagé sur toutes les questions de représentation de la diversité dans le jeu vidéo et si j'ai bien compris, vous êtes en train de monter un projet de jeu vidéo The Others.
00:28Quel sera le thème de ce jeu ?
00:31Oui, tout à fait The Others, ça va traiter de maladie mentale, c'est une ode à la bienveillance, à l'empathie et une fable sur le fait d'aider les autres et qu'en allant à la rencontre des autres, on peut aller à la rencontre de soi-même et ça va traiter du sujet des handicaps, de maladie mentale et aussi de la diversité, de l'inclusion à travers les personnages qu'on rencontrera.
00:53Depuis combien de temps, vous personnellement, vous vous êtes dit avec le jeu vidéo, je peux faire passer des messages d'inclusion, de tolérance, de diversité ?
01:02Puisque déjà l'an dernier, durant Vivatech, vous aviez organisé un concours jeu vidéo 100% éthique, le Ethical Games Jam si je me souviens bien.
01:11Tout à fait.
01:11Donc pour vous, c'est un choix de vie aujourd'hui, votre carrière, c'est de promouvoir des messages à travers le jeu vidéo ?
01:17Oui, c'est la continuité logique. Moi, j'ai travaillé dans plus de 10 ans dans les plus grands studios de jeux vidéo, notamment chez Ubisoft et dans d'autres studios à l'international.
01:25Étant moi-même LGBT et neuroatypique, j'ai très rapidement pris conscience de la responsabilité éthique et sociale que l'on a en tant que créateur, que créatrice, en travaillant sur un média aussi puissant que le jeu vidéo, qui est la première industrie culturelle au monde aujourd'hui.
01:39Qu'est-ce qui fait que le jeu vidéo est aussi puissant, en fait, pour passer ces messages-là par rapport à la musique ou au cinéma ?
01:46Parce que dans un jeu vidéo, on joue quelqu'un d'autre.
01:49On se fait dans les chaussures de quelqu'un.
01:50Tout à fait. C'est le meilleur moyen pour sensibiliser à la différence, à l'autre, puisqu'on vit à travers quelqu'un d'autre, un personnage, on se projette dans un avatar.
02:00Donc voilà, c'est le meilleur moyen pour vivre la différence.
02:03Aujourd'hui, moi de mémoire, quand je pense aux personnages principaux, déjà, penser aux personnages principaux dans des jeux vidéo majeurs, il n'y en a pas beaucoup.
02:13Il y a le personnage principal de The Last of Us, peut-être, une femme lesbienne.
02:18Oui.
02:18Mais sinon, on a un personnage transsexuel, je crois, dans un jeu de Dontnod, c'est Tell Me Why.
02:25Mais sinon, on fait le tour très, très vite.
02:27Oui. Aujourd'hui, on est en 2025. Il n'y a pas un héros de jeu vidéo solo triple A.
02:35Transsexuel ou homosexuel ?
02:36Homosexuel. Avec un homme homosexuel.
02:38Le sujet d'une femme lesbienne, ça passe encore.
02:41Un homme gay, en tant que personnage principal d'un gros jeu, ça n'existe toujours pas.
02:45Et donc, le blocage, il vient d'où ? Des mâles hétéro-blancs, c'est ça ?
02:49Oui. L'industrie du jeu vidéo est dominée par les hommes blancs, hétéro, cisgenres, valides.
02:54Moi, j'ai travaillé sur plein de prods de jeux vidéo.
02:56On comptait sur les doigts de la main les femmes et les personnes LGBT.
02:59Donc, ce n'est pas forcément de la malveillance, mais c'est des personnes qui ne vivent pas ces sujets-là,
03:03donc qui ne comprennent pas l'importance.
03:05Et il y aurait des étapes à franchir pour faire en sorte qu'un jour, ce ne soit pas un débat
03:11d'avoir un personnage qui ne soit même peut-être pas si genre dans un jeu vidéo comme personnage principal ?
03:18Il y a encore du travail, ça c'est sûr.
03:20Moi, je le vois, je reçois énormément de commentaires homophobes sur les vidéos,
03:25puisque je fais beaucoup de vidéos à côté pour sensibiliser à ces sujets-là.
03:28Et c'est hallucinant de voir encore le travail qu'il y a.
03:31Il y a encore quelque chose de très hétéronormé, machiste, sexiste, même homophobe dans l'industrie du jeu vidéo,
03:38dans les studios, mais aussi dans les communautés de joueurs et de joueuses.
03:41Je vais le rappeler avant qu'on se quitte.
03:43The Others, votre projet de jeu vidéo, actuellement en crowdfunding.
03:46Oui, tout à fait.
03:46Donc là, vous êtes à l'écoute de toutes les propositions d'aide financière.
03:50Et donc, on croise les doigts pour que ce jeu aboutisse et soit une grande réussite.
03:56Et je vous dis à très bientôt, peut-être pour d'autres sujets sur PlaySmart.
04:00Cette émission est déjà terminée.
04:01Je remercie Angel qui était à la réalisation, Héloïse au son.
04:05Sybille était en train de me parler dans l'oreillette et Juliette s'est occupée de l'accueil invité.
04:09PlaySmart, on se retrouve le mois prochain.
04:11D'ici là, n'oubliez pas, jouer c'est bien, jouer intelligemment, c'est mieux.
04:15Sous-titrage Société Radio-Canada