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En avril 2025, le Parlement européen vote le report de deux ans de l’entrée en vigueur de la CSRD et d’un an celle de la CS3D. Quel est l’impact de ce coup de frein pour les entreprises ? Comment rendre efficace leur accompagnement réglementaire sur les enjeux de durabilité ? Réponses dans Smart Impact.

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Transcription
00:00Le débat de ce Smart Impact, que reste-t-il du pacte vert, du Green Deal et de certaines des directives majeures de ces dernières années ?
00:12On en débat avec Solène Garcin-Charkosset, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Bienvenue, vous êtes directrice conseil USG Carbone chez Tenaxia et Philippine Moiroux, bonjour.
00:22Bonjour.
00:22Manager impact et durabilité chez Bartel.
00:25Petite question de présentation pour démarrer, Tenaxia, plateforme de pilotage des actions de durabilité, c'est ça ?
00:31Exactement, on est éditeur de logiciels et cabinet de conseil sur les sujets HSE et RSE.
00:37Et effectivement, sur le sujet de la durabilité, on a un logiciel qui permet d'aller collecter, consomider, piloter les données extra-financières
00:44et les prestations de conseils qui vont autour, qui permettent d'identifier les sujets sur lesquels on va piloter les informations
00:52et puis aller jusqu'à la valorisation des informations à travers des rapports volontaires ou réglementaires, comme la CSRD par exemple.
00:59Comme la CSRD ou la CS3D.
01:02Chez Bartel, cabinet de conseil en management, c'est devenu, je ne sais pas, le thème récurrent, majeur, cette CSRD, CS3D, depuis quelques années ?
01:13Oui, effectivement.
01:14Alors nous, on n'est pas spécialisé uniquement sur l'impact et la durabilité, mais on a une grosse activité sur cette partie-là.
01:20Et effectivement, c'est devenu un gros sujet parce que, alors à la fois, ça concerne beaucoup d'entreprises,
01:25moi ça concernait ou concernera, et aussi parce qu'en fait, ça permet de structurer beaucoup les approches
01:32et on s'en sert pour pouvoir approcher les autres sujets d'impact et de durabilité,
01:37notamment via la double matérialité qui permet, au-delà de la mise en conformité,
01:42justement d'aller structurer des stratégies RSE de façon plus globale.
01:45Je vais vous poser la même question à toutes les deux, je commence avec vous.
01:47Est-ce que c'est passé de mode ?
01:49Les enjeux de RSE ?
01:51Alors, bon, évidemment, la réponse simple, ce sera non.
01:55Je pense que ce qui est passé de mode, c'est le côté très communiquant
01:59et c'est un petit peu la vision très globale.
02:02Le fait de s'engager de façon globale pour une entreprise, aujourd'hui, c'est plus suffisant.
02:07Donc là, on se confronte avec à la fois des entreprises qui sont de plus en plus expertes,
02:12qui sont structurées en interne aussi, avec des équipes qui se forment
02:15et qui ont connaissance de leurs enjeux.
02:18On ne parle plus vraiment d'impact et de durabilité de façon très large ou de RSE de façon très large.
02:22On va parler des sujets dedans.
02:24Ça va être les sujets sociaux, avec la diversité, avec la chaîne de valeur.
02:28Ça va être les sujets environnementaux.
02:29Et derrière, c'est justement les matières premières, la durabilité, recyclabilité,
02:35les bilans carbone, évidemment, mais bien au-delà.
02:39Donc la RSE au sens large, ce n'est plus tellement un tout.
02:42Et on va aller s'intéresser davantage aux détails.
02:45Ma question était volontairement provocatrice, parce qu'évidemment que ce n'est pas une mode,
02:49mais c'est une petite musique qu'on entend quand même un petit peu.
02:51Est-ce que vous l'entendez aussi ?
02:53Oui, on l'entend, mais en même temps, le terme RSE est un peu passé de mode,
02:57mais le fond, par contre, pas du tout.
03:00Et on le voit d'ailleurs, aujourd'hui, les entreprises, en fait, les plus résilientes,
03:03c'est celles qui ont quand même pris en main ces sujets.
03:05Et ce qu'on voit aussi, c'est qu'avant, il y avait des convictions personnelles.
03:09Maintenant, il y a des questions de compétitivité derrière.
03:11Et on le voit, aujourd'hui, les banques, les investisseurs,
03:15s'intéressent énormément à ce sujet.
03:16Et ce n'est pas pour rien.
03:17Ce n'est pas parce que c'est une mode.
03:19C'est vraiment parce que ça a un sens pour les entreprises
03:21et ça a un sens pour ces investisseurs et ces financeurs.
03:24Oui, mais alors il y avait aussi, chez certaines entreprises,
03:28on ne va pas généraliser ce sentiment que,
03:30et là, on va rentrer dans le détail de cette directive Omnibus
03:33qui revient sur la CSRD et la CS3D,
03:36le sentiment qu'on les mettait face à un défi trop compliqué à relever,
03:40une espèce d'usine à gaz, les 800 pages, etc.
03:43J'ai reçu suffisamment de chefs d'entreprise ici
03:46ou de cadres dirigeants et dirigeantes pour le savoir.
03:49Il y a une petite part de vérité là-dedans.
03:52Est-ce que la réglementation européenne telle qu'elle existait,
03:56et puis on va revenir sur ce qui se passe maintenant,
03:58n'était pas trop compliqué ?
03:59Ce qui était compliqué, je pense,
04:01c'est que c'était finalement le même niveau demandé
04:03à des entreprises du CAC 40
04:05ou à des entreprises beaucoup plus petites.
04:08Il y avait une question, en fait,
04:09en termes de définition des entreprises soumises.
04:12Nous, on a des clients, ils sont 50,
04:15mais comme ils dépassaient des seuils financiers,
04:17en fait, ils avaient les mêmes obligations,
04:18ils avaient la même méthodologie à mettre en place
04:19qu'une entreprise du CAC 40.
04:21Donc, effectivement, pour ces plus petites entreprises,
04:23il y avait un décalage et c'était forcément un peu complexe
04:28à mettre en place.
04:29On a vu les premiers rapports sortir,
04:30c'est plutôt des grandes entreprises.
04:32Les rapports sont très intéressants aujourd'hui
04:33et on voit que ça les a vraiment poussés à avancer.
04:36Donc, la difficulté pour moi,
04:37c'était plutôt d'avoir le même niveau d'informations à publier
04:39et la même méthodologie à mettre en place
04:42entre une grande entreprise et une petite entreprise.
04:45À mon sens, la simplification était la bienvenue
04:48pour des entreprises plus petites,
04:50justement pour les accompagner un peu plus.
04:51des normes sectorielles auraient été les bienvenues.
04:54C'est pareil, elles sont supprimées pour les aider aussi.
04:57Mais la CSRD, l'objectif final était très intéressant.
05:01Oui, il reste très intéressant,
05:03mais les parlementaires européens ont donc voté
05:05le report de deux ans de la CSRD
05:08et d'une année de la CS3D
05:10sur le devoir de vigilance, pour simplifier.
05:13Comment je peux dire ça ?
05:18C'est aux électeurs qui s'adressent en faisant ça,
05:20les parlementaires européens,
05:21ceux qui les ont élus au mois de juin dernier,
05:24ou c'est aux chefs d'entreprise qui disaient
05:25que c'est trop compliqué ?
05:27Je pense que de toute façon, c'est un petit peu les deux
05:30et c'est le sujet qui émerge en ce moment.
05:32Il y a des ONG aussi qui ont justement...
05:34qui ont décidé d'attaquer la Commission européenne.
05:37Voilà, sur ce sujet, parce que ça avait été fait très rapidement.
05:40Effectivement, c'est arrivé au même moment
05:42que le renouvellement du mandat d'Hursula von der Leyen aussi.
05:47Donc forcément, il y a des sujets politiques
05:49et des sujets de lobby, évidemment.
05:53Ces ONG-là, justement, elles disent que c'est vraiment
05:55en faveur des entreprises, des secteurs, on va dire, à impact.
05:59Mais il faut aussi tenir compte du vote des électeurs
06:01qui ont moins voté pour les listes vertes,
06:03qui, il y a cinq ans, qui ont plus voté
06:04pour des listes d'extrême droite ou des listes de droite
06:06qui portaient une promesse de coup de frein.
06:10Oui, effectivement.
06:11Et de toute façon, c'est pour ça qu'on a justement
06:13cette organisation au niveau de l'Europe.
06:17Et c'est ce qu'on constate quand on a tous les débats
06:19au niveau du Parlement européen
06:20et avec les eurodéputés, notamment en ce moment même.
06:24Donc oui, effectivement, ça reflète
06:26les orientations des électeurs.
06:29Et c'est pour ça qu'on tire aussi,
06:31dans le sens d'une simplification,
06:33après, il y a aussi une nécessité
06:35de donner une vision long terme
06:38et d'être dans la ligne de ce à quoi on s'est engagé.
06:41C'est ce que j'allais vous demander
06:42parce que pour les entreprises,
06:43il n'y a rien de pire que le changement de cap
06:47ou le stop and go.
06:48Exactement.
06:48Et c'est un petit peu le problème.
06:50C'est qu'aujourd'hui, on s'est inscrit quand même
06:52dans un Green Deal qui est extrêmement ambitieux.
06:54On s'est donné une vision à 2050
06:56d'être un continent neutre pour le climat d'ici 2050.
07:03Et là, on est sur des discussions,
07:04mais c'est le cas pour d'autres réglementations.
07:07Évidemment, les allégations vertes,
07:08c'est aussi des sujets qui sont en train d'être discutés.
07:11Globalement, on est en train justement de tâtonner
07:13et même de questionner notre objectif long terme.
07:16Et c'est deux choses différentes
07:18entre discuter des modalités,
07:21effectivement simplifiées
07:22pour que les plus petites entreprises puissent suivre
07:24et discuter justement de notre ambition
07:26et nos objectifs de façon très long terme.
07:29Est-ce que, Solène Garcin-Charcosse,
07:31il n'y a pas une forme d'échec collectif,
07:35médias y compris, depuis 2019 ?
07:37Puisque 2019, c'était l'élection qui a abouti
07:39à un Parlement qui a voté un Green Deal ambitieux.
07:43Et puis là, on est dans ce retour en arrière.
07:45Qu'est-ce qu'on a loupé sur l'acceptabilité
07:48ou l'accompagnement des citoyens
07:52dans le virage environnemental et sociétal ?
07:54Alors effectivement, oui.
07:55Aujourd'hui, je lisais encore ce matin une étude
07:57qui montrait que les jeunes sont très engagés,
08:00mais jusqu'à leur porte de ce qu'ils font eux-mêmes.
08:03Et donc, globalement, tout le monde compte sur les autres, en fait.
08:06C'est vrai qu'il y a sans doute un besoin encore fort d'accompagnement,
08:10de faire comprendre que chacun a sa part à jouer.
08:13Les entreprises, certes, l'État, certes,
08:15mais aussi l'individu doit aussi avancer.
08:19Et je pense qu'on le voit quand les personnes sont vraiment sensibilisées,
08:24formées à ces sujets.
08:25En fait, il y a vraiment une prise de conscience beaucoup plus importante
08:29et une volonté plus importante d'avancer et de changer, en fait.
08:33Donc, il y a un sujet encore de sensibilisation et de formation.
08:36Mais est-ce que vous, vous voyez chez vos clients des entreprises qui disent
08:42« Bon, ben, finalement, on ne prend pas le virage. »
08:44Vous voyez ce que je veux dire ?
08:45On réfléchissait à un changement de stratégie.
08:47Bon, ben, il y a moins d'urgence, on n'y va pas.
08:49Alors que l'urgence climatique, environnementale est toujours là.
08:52Mais bon.
08:53Et je dirais l'urgence aussi pour leur compétitivité, en fait.
08:55Alors, c'est pour ça.
08:57Si vous rentrez ça dans la feuille de route,
09:00j'imagine que la réflexion n'est plus la même.
09:02Mais est-ce qu'il y a quand même cette tentation du coup de frein ?
09:06Vous voyez ce que je veux dire ?
09:07Alors, certains mettent effectivement en pause,
09:09surtout en se demandant, parce qu'ils sont dans l'incertitude,
09:12est-ce que je vais être soumis, pas soumis ?
09:13Plutôt en se demandant, ben, finalement, est-ce que j'y vais maintenant,
09:16j'y vais plus tard, comment j'y vais ?
09:17Est-ce que j'y vais selon la réglementation,
09:19parce que demain, en fait, je vais être soumis ?
09:21Est-ce que j'attends de voir, justement,
09:23si je vais être soumis ou pas à la réglementation ?
09:25Nous, c'est ce qu'on leur conseille chez Tenaxia,
09:27c'est plutôt de mettre en place déjà une démarche volontaire,
09:29d'avancer sur les sujets, pour être,
09:31s'ils sont soumis, finalement, prêts,
09:33avec quelques ajustements peut-être,
09:35mais au moins d'avoir avancé sur les sujets.
09:37On a des clients qui continuent, bien évidemment, à y aller,
09:39parce qu'ils ont bien compris qu'il y a cet enjeu de compétitivité,
09:43et les demandes des parties prenantes,
09:45investisseurs dont on parlait, mais talents, clients aussi.
09:48Donc, en fait, voilà, on va dire que c'est une minorité,
09:51ceux qui mettent vraiment en pause, voire qui arrêtent complètement.
09:54Est-ce que le Green Deal, il est simplement reporté,
09:58ou alors vous le jugez, vous, moins ambitieux, aujourd'hui ?
10:02Alors, à date, je pense que c'est compliqué à dire,
10:05mais oui, il y a un vrai sujet.
10:07Il y a eu le même sujet sur le pacte pour l'industrie verte aussi.
10:11Donc, on voit que les objectifs long terme,
10:14ils sont difficiles à atteindre,
10:15et on voit qu'on commence à se brouiller un petit peu,
10:19on va dire, les pistes,
10:21à opposer, justement, la compétitivité,
10:24que ce soit entre les entreprises,
10:26en lien avec le rapport Draghi, justement,
10:28et au niveau mondial, avec les autres pays,
10:30autres continents,
10:31versus, justement, la transition.
10:33Alors que l'optique initiale de l'Europe,
10:36c'était quand même d'en faire une force de cette transition-là,
10:39et de l'utiliser.
10:39De devenir le continent le mieux-disant, quoi, très clairement.
10:41C'est ça, c'est-à-dire que, finalement,
10:43en tout cas, de mon point de vue,
10:44j'ai l'impression qu'on perd cet axe qu'on s'était donné,
10:47cet axe de travail d'aller et d'engager la transition,
10:51pour permettre, justement, à l'Europe d'être un continent fort
10:55et qui va permettre de driver les transformations
10:58à l'échelle un petit peu plus mondiale.
11:00Avec des États-Unis qui appuient très clairement sur le frein,
11:04on ne sait pas pour combien de temps,
11:05mais, en tout cas, au moins pour deux ans,
11:07est-ce qu'au contraire,
11:08ce ne serait pas le moment pour l'Europe d'accélérer ?
11:10Alors, à mon sens, si,
11:12ce serait le moment pour l'Europe d'accélérer,
11:13d'autant plus que même la Chine, en fait,
11:15a mis en place récemment une obligation calquée sur la CSR,
11:19dès très clairement,
11:20avec l'analyse de double matérialité,
11:22avec des normes de publication calquées sur les nôtres.
11:26Donc, en fait, si nous, on fait un stop,
11:28la Chine va prendre le lead, en fait.
11:30Donc, ce ne sera pas les États-Unis sur ce sujet,
11:31clairement, en tout cas à court terme.
11:33Donc, maintenant, l'Europe a le choix entre
11:35est-ce qu'elle continue d'avoir son avancée historique
11:37ou est-ce qu'elle laisse la main à la Chine ?
11:39Et effectivement, je pense que ce serait très dommage
11:42sur ce sujet de laisser la main, encore une fois, à la Chine.
11:46Donc, autant essayer d'y aller.
11:48Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur Be Smart for Change.
11:52On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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