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Le groupe Legrand, spécialiste des infrastructures électriques et numériques du bâtiment, publie sa feuille de route 2025-2027, avec cinq grands piliers RSE faisant la part belle à la circularité. Virginie Gatin, directrice RSE de la société, nous les décrit.

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Transcription
00:00L'invité de ce Smart Impact, c'est Virginie Gattin. Bonjour.
00:09Bonjour.
00:09Bienvenue, vous êtes la directrice RSE du groupe Le Grand, spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment.
00:168,6 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2024, implanté dans près de 90 pays, des produits commercialisés dans près de 180 pays.
00:25Et c'est 38 000 collaborateurs pour les grands chiffres et une feuille de route qui est évidemment remise à jour régulièrement.
00:34La sixième feuille de route 2025-2027, quels sont les grands principes ou peut-être même l'ambition de cette feuille de route ?
00:41L'idée, c'était vraiment de mettre la performance de l'entreprise au cœur de la feuille de route RSE.
00:46Donc, on voulait mettre des choses très concrètes qui permettent vraiment à l'entreprise de mettre en place, dans la continuité de ce qu'on avait fait avant,
00:58des initiatives et des ambitions qui nourrissent vraiment le business, mais évidemment dans une culture très RSE qui est très implantée dans l'entreprise depuis des années et des années.
01:08Oui, la RSE fait partie de la stratégie, mais là, on rentre encore plus dans le cœur de la mécanique des produits, de la façon dont on donne envie aux clients de les utiliser, etc.
01:20Je vais donner les cinq grands axes, favoriser la diversité et l'inclusion, atténuer le changement climatique en lien avec l'engagement basé sur la science du groupe,
01:29développer une économie plus circulaire, être au service des clients, agir en acteur responsable.
01:33Voilà les cinq grands piliers. Je voudrais commencer par le changement climatique et notamment cet engagement SBTI, c'est-à-dire que basé sur la science,
01:41c'est toujours plus compliqué quand on prend cet engagement-là. Vous en êtes évidemment consciente.
01:45C'est plus compliqué. C'est pour ça qu'on est engagé à être net zéro à 2050.
01:48Ça prend du temps parce qu'être engagé net zéro, il faut bien avoir en tête.
01:52Ça veut dire réduire de 90% toutes ces émissions de CO2, donc scope 1, scope 2, scope 3, pour nous versus une baseline 2022.
02:00Donc c'est un très très gros engagement et on a un engagement du coup intermédiaire parce qu'il faut quand même faire des progrès régulièrement.
02:07Et donc on a un engagement 2030 de baisser de 42% nos émissions scope 1, 2 et de 25% nos émissions scope 3.
02:13Donc c'est avoir en fait ces étapes intermédiaires pour vraiment mettre en place un plan de transition très concret.
02:19Alors évidemment on n'a pas encore toutes les solutions, mais ça nous permet quand même de vraiment poser tel sujet.
02:25Ça représente tant de pourcents de nos émissions. Qu'est-ce qu'on met en place pour les réduire de 42% au 25% selon si c'est scope 1, 2 ou 3 ?
02:33Et donc voilà, on essaie de rendre très concret un engagement qui est quand même complexe et long terme.
02:37Avec la question du scope 3 qui engage la chaîne de valeur et donc vos fournisseurs.
02:44Si vous êtes dans un fonctionnement, enfin j'imagine un fonctionnement trop vertical, en fait ça ne marche pas.
02:50C'est-à-dire que c'est quelque chose à co-construire avec les fournisseurs ?
02:53C'est à la fois très complexe et absolument essentiel.
02:56C'est-à-dire très complexe, oui, scope 3 c'est totalement quelque part en dehors de nos activités propres.
03:01Et donc il faut vraiment engager les autres. On peut se dire mais pourquoi est-ce que je dois m'occuper de mon scope 3 ?
03:05C'est essentiel parce qu'on est un grand groupe international, vous l'avez dit, présent dans près de 90 pays physiquement,
03:11avec des personnes le grand là-bas.
03:14Et donc il faut vraiment avoir cet impact positif sur les fournisseurs partout où on est présent.
03:20Leur envoyer le message, on est engagé, parce que les fournisseurs c'est comme un gros bout de notre empreinte carbone.
03:25Et donc leur dire, engagez-vous à nos côtés, on est là pour vous aider et donc on les aide.
03:29Donc concrètement, on les forme à calculer leur empreinte carbone.
03:33Concrètement, on les aide à mettre en place un plan d'action pour les réduire et que ça leur permet de s'engager à nos côtés.
03:38Donc c'est compliqué.
03:39Parfois c'est plus long pour certains que pour d'autres.
03:41C'est très long, même de les engager parfois c'est très long parce qu'ils ne sont pas toujours très matures.
03:45Ce qui est très positif, c'est de voir qu'on n'a pas de refus catégorique.
03:48C'est pas un « je ne veux pas le faire », c'est simplement « aidez-moi ».
03:51Et parfois ça prend du temps parce qu'il n'y a pas de maturité.
03:53Même sur le marché américain, vous me voyez venir, on est en plein backlash, en plein retour en arrière là-bas après l'élection de Donald Trump,
04:00avec même des injonctions données aux entreprises et pas seulement sur le sol américain.
04:04Comment vous faites ? C'est-à-dire que vous, vous avez un engagement qui est ambitieux et puis un marché aussi important que le marché américain,
04:11avec un président qui dit « non, non, on appuie sur le frein ».
04:13Alors c'est là où, je ne vais pas rentrer dans la politique, mais on voit quand même sur le marché américain énormément d'entreprises engagées.
04:20Alors déjà nos clients, notamment tous les data centers, donc Legrand fait près de 20% de son chiffre d'affaires dans les data centers.
04:25Les grands donneurs d'ordres data centers sont extrêmement engagés, particulièrement sur le climat,
04:31et s'engagent à couvrir 100% avec de l'énergie renouvelable et ils installent des énormes parcs éoliens, solaires, etc.
04:37Ils nous demandent de leur fournir des produits bas carbone.
04:40Donc cet engagement, il existe chez nos clients, mais aussi beaucoup chez nos fournisseurs, beaucoup sur le marché.
04:45Donc c'est un engagement qui date.
04:46Et il ne s'est pas démenti là depuis trois mois.
04:48On n'a pas vu de gros changements.
04:50Alors évidemment, on parlera peut-être du sujet diversité-inclusion qui est un peu plus complexe là-bas,
04:54mais sur le climat, on n'a vraiment pas vu de changements.
04:58L'engagement, il est là, il continue.
04:59Et l'attente de nos clients, cette attente reste vraiment forte.
05:03Et donc on continue à travailler dessus.
05:05Avec parmi les engagements, le fait de développer une économie plus circulaire.
05:09Et c'est passé notamment par un partenariat avec Circulaire, qui est l'un des pionniers du conseil en la matière, en économie circulaire.
05:19Vous êtes quoi, rentré au capital, c'est ça ?
05:21C'est ça, c'est une prise de participation majoritaire.
05:23Pourquoi ?
05:23Pour plusieurs raisons.
05:24La première, c'est qu'on a travaillé avec eux.
05:27Et on a beaucoup aimé ce qu'ils faisaient, leur pragmatisme, leur approche.
05:30Et donc on voulait, on s'est dit, on peut les aider.
05:33On est un grand groupe, on peut les aider à se développer.
05:35Et si cette approche, à la fois très engagée et pragmatique, pouvait se développer en France et en Europe, et pourquoi pas au-delà, on veut faire partie de cette aventure.
05:46Donc on est là d'abord, avant tout, comme un gros investisseur qui va les aider à se développer.
05:51Et ensuite, nous-mêmes, on a des grosses ambitions en économie circulaire.
05:53On a mis l'éco-conception au cœur de notre développement produit.
05:57Et donc on s'est dit, voilà, il y a sûrement des synergies avec Circulaire.
06:01Eux peuvent nous apprendre des choses, on peut les aider, travaillons ensemble.
06:04Oui, c'est tout récent, c'est décembre, donc c'est beaucoup trop tôt pour faire un bilan.
06:08Mais quand on parle d'éco-conception, ça veut dire revoir même la chaîne de fabrication.
06:16C'est tout revoir.
06:16C'est ce que vous faites en ce moment.
06:17C'est revoir de A à Z.
06:18Il faut bien avoir en tête qu'un produit, si vous ne réfléchissez pas dès sa conception, a tout son impact sur toute sa durée de vie, vous n'arriverez pas à réduire les impacts.
06:30Donc il faut, dès la conception, réfléchir quelle est la durabilité du produit, quelle est la réparabilité du produit, quelle est la recyclabilité des éléments qui composent le produit, qu'est-ce que je mets dedans.
06:39Et donc tout ce travail-là, on le fait en amont.
06:41Donc c'est vraiment un gros travail de remise à plat de qu'est-ce que l'éco-conception pour le grand.
06:46Est-ce que ça veut dire qu'on simplifie les produits ou qu'au contraire, on est obligé de les complexifier ?
06:50Parce que je pense à la fin du cycle de vie, souvent, on sait que si un produit est trop compliqué, il est très dur à articler.
06:57On le simplifie pour la chaîne de valeur, parce qu'on va le simplifier pour l'installateur, on va le simplifier pour la personne qui vient réparer s'il y a besoin de réparation.
07:03Ça complexifie beaucoup pour notre R&D.
07:05Parce que là où ils prenaient, on est dans la sécurité électrique du bâtiment.
07:09Donc regardez les matériaux qui résistent le plus, qui assurent la sécurité.
07:14Là, on leur demande de faire tout pareil, donc sécurité évidemment important, qualité essentielle, mais en même temps de réfléchir éco-conception, donc séparabilité.
07:23Donc on ne peut plus faire plusieurs matières en une, il faut faire des matières séparées qu'on peut recycler.
07:27Il faut réfléchir s'il y a un bout, alors on pense souvent en petits produits, mais on a plein de très gros produits.
07:33Qu'est-ce qui doit être réparé en priorité ? Qu'est-ce qui risque finalement de lâcher en premier ?
07:37Qu'est-ce qui doit être réparé pour qu'on n'ait pas à tout changer ?
07:39Et donc on leur demande de réfléchir très très différemment.
07:41Avant, on leur demandait qualité, robustesse, sécurité.
07:44Et là, on leur demande tout ça, mais avant tout, s'il vous plaît, éco-conception.
07:48Avec l'éco-conception, le cycle de vie en plus, vous l'avez évoqué, on va consacrer quelques minutes à l'un des axes de cette feuille de route qui concerne la diversité et l'inclusion.
07:58Alors il y a notamment la place des femmes à des positions managériales élevées.
08:04Vous en êtes où aujourd'hui et quel est l'objectif ?
08:06On a fini 2024 à 30,5% de post-managériaux occupés par des femmes.
08:11Donc c'était l'ambition de notre feuille de route 22-24, c'était 30%.
08:14Donc on est juste dépassé, on est très contents.
08:17L'objectif, c'est d'être à 35% à horizon 2027.
08:20Et on a en parallèle un objectif 2030 qui est un tiers de post-managériaux clés occupés par des femmes.
08:27Et donc l'idée, c'est vraiment, post-managériaux, on parle de cadres partout dans le monde, et en fait, c'est vraiment d'alimenter finalement ces talents pour arriver au tiers de post-management clés.
08:38Donc là, on parle des 200, 300 post-management les plus importants dans le groupe à horizon 2030.
08:44Là aussi, j'insiste, ça nourrit la performance de l'entreprise.
08:49Je reviens toujours au basique quand les gens parlent de la diversité.
08:51Attention, si vous mettez, je vais être un petit peu caricatural, mais 10 hommes autour d'une table qui ont fait après les mêmes études, qui ont après le même profil,
09:00ils vont être tous d'accord très vite ensemble, et donc les décisions vont aller très vite.
09:04Par contre, il n'y aura aucune voix dissonante qui leur permettra de réfléchir à ce que c'est vraiment la bonne décision.
09:09Quand on commence à mettre de la diversité, et ce n'est pas que de la diversité de genre, toute forme de diversité autour de la table,
09:14les décisions sont plus longues à prendre, c'est sûr, donc c'est moins confortable.
09:16Mais par contre, vous entendez des voix divergentes qui vous disent, oui, mais est-ce que vous avez pensé à ça ?
09:21Oui, mais quel est l'impact de ça ?
09:23Et là, vous commencez à avoir une vision beaucoup plus globale, et de votre business, et de vos décisions.
09:27Et je pense que vous prenez des meilleures décisions.
09:29Alors oui, plus lentes.
09:30Donc je peux comprendre, ceux qui ont historiquement été entourés de gens qui leur ressemblaient,
09:34que ça peut être un petit peu gênant au début, et un petit peu difficile,
09:38mais je crois profondément que la diversité sous toutes ses formes apporte des meilleures décisions à l'entreprise,
09:43et c'est pour ça qu'on continue vraiment dans cette direction.
09:45Et alors aux Etats-Unis, vous faites quoi ? Vous faites le dos rond ?
09:47Non, non, on continue.
09:49Là encore, comme on considère que ça nourrit notre performance,
09:52on n'est pas du tout dans des enjeux de militantisme ou quoi que ce soit,
09:55on est dans des convictions fortes.
09:58Mais s'il y a une injonction de ne plus le faire ?
10:00Alors, attention, l'injonction est d'abord dans les mots,
10:04et donc là, il faut être très prudent, c'est-à-dire que la panique à bord d'on arrête tout,
10:08attention, c'est d'abord dans les mots.
10:10Choisissons bien les mots et continuons à faire ce qu'on fait et à s'engager, c'est la première chose.
10:14Et deuxième chose, elle est dans, en tout cas, ça a été présenté comme,
10:18il ne faut pas de discrimination positive.
10:20On n'est pas dans la discrimination positive, on est dans la performance.
10:23Et donc, nous, on considère qu'on continue à faire ce qu'on fait
10:26parce que ça nourrit la performance de notre entreprise partout dans le monde,
10:31notamment aux Etats-Unis.
10:32Je voudrais, tiens, parce qu'il y a plein, plein, plein d'exemples dont on pourrait parler,
10:36mais je vois dans les ambitions 2030, éliminer 100% des plastiques
10:40dans les emballages primaires et secondaires des produits Legrand.
10:43Alors là aussi, vous en êtes aujourd'hui, puis quel levier il faut activer pour,
10:46parce que c'est vraiment tout de suite, à 2030, pour arriver à ce 100% ?
10:50Oui.
10:50Alors déjà, le pourquoi.
10:52On considère qu'il y a d'un côté l'impact environnemental carbone,
10:56et puis de l'autre côté, il y a quand même la pollution,
10:57pollution des sols, pollution des océans.
10:59Legrand ne réglera pas le problème de la pollution des océans tout seul,
11:02mais on doit faire notre part.
11:04Et donc l'idée derrière, c'est vraiment, qu'est-ce qu'on peut faire ?
11:07On peut éliminer les plastiques à usage unique,
11:09et donc on regarde d'abord de quel emballage est-ce que j'ai vraiment besoin.
11:13Et finalement, on s'est rendu compte qu'au fur et à mesure des années,
11:15on mettait un emballage, puis un sur-emballage, puis un sur-emballage,
11:18comme un peu tout le monde.
11:19Et là, on dit, non, non, on remet tout à plat.
11:21De quoi est-ce que j'ai vraiment besoin ?
11:22De quoi est-ce que mon client a vraiment besoin ?
11:24Et à partir de là, on en élimine une certaine partie,
11:26et le reste, on remplace par du papier, par du carton,
11:29où on en enlève un petit peu, c'est-à-dire qu'on protège ce qui doit être protégé,
11:32mais pas tout.
11:32Donc il y avait un peu ce systématisme de j'emballe tout,
11:35deux fois, trois fois.
11:37Et là, on dit, non, non, on repart de zéro.
11:38Qu'est-ce qu'il faut vraiment protéger ?
11:39Qu'est-ce que le client attend de nous ?
11:41Et comment est-ce qu'il l'utilise aussi ?
11:43Parce que parfois, vous vous emballez individuellement,
11:45alors que le client sur un chantier, il ne veut pas des choses emballées.
11:47Ça lui perd du temps.
11:49Et donc, on essaye vraiment de repenser usage, client.
11:52On remet le client au cœur de tout ça, et on réduit.
11:54Tiens, un tout dernier mot, 30 secondes, vraiment, sur le modèle de commercialisation.
11:59Est-ce qu'il y a une logique de reprise ou de location
12:04que vous intégrez finalement à votre modèle économique ?
12:06On commence à réfléchir.
12:08Vous pouvez imaginer que quand vous vendez des prises interrupteurs,
12:10c'est un peu plus compliqué.
12:11Mais dès qu'on est sur des beaucoup plus gros produits,
12:14pour les data centers notamment,
12:15bien sûr qu'on regarde toute l'économie de la fonctionnalité,
12:18de dire, voilà, est-ce que je ne peux pas louer ?
12:20Donc on le fait.
12:21On expérimente énormément.
12:22Effectivement, parfois, on est bien au-delà de l'expérimentation
12:24puisque c'est vraiment des modèles actifs.
12:26On voit, en fait, il y a des data centers, je dirais,
12:30de première génération, donc ceux qui sont très performants.
12:34Et en fait, ils veulent changer tous les 3-4 ans le matériel.
12:37Nous, quand on récupère au bout de 4 ans,
12:39il est parfaitement en état de marche pour encore des années et des années.
12:41Et donc, on peut le replacer dans d'autres data centers.
12:43Donc, on travaille beaucoup, effectivement, tout ça
12:45pour ne pas jeter quelque chose qui est en état de marche
12:47pour encore beaucoup d'années.
12:48Merci beaucoup, Virginie Gattin.
12:50Et à bientôt sur Be Smart for Change.
12:52On passe tout de suite à notre débat,
12:54les grands prix impactus au programme.
12:56Sous-titrage Société Radio-Canada

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