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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics.
Aujourd'hui, dans « Les 4V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics.
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00:00Merci beaucoup d'être avec nous Amélie de Montchalin ce matin.
00:04Vous avez écouté avec attention Axel de Tarlet.
00:06Il parlait de votre petit périple à Roissy hier avec Éric Lombard
00:10pour mettre en avant la déferlante des mini-colis chinois
00:13livrés plus précisément par Chine et par Temu.
00:16Et il vous proposait de faire payer des frais de gestion.
00:18Alors je cite le gouvernement, des frais de gestion à chaque colis.
00:21Est-ce que ça n'est pas quand même, disons les choses,
00:22une forme de taxe douanière mais qui ne dit pas vraiment son nom ?
00:25Alors ça a été très bien montré dans votre reportage.
00:27On a eu l'année dernière 800 millions de petits articles
00:30qui sont rentrés sur le territoire via ces plateformes.
00:3494% d'entre eux sont, on l'a dit, non conformes sur trois aspects.
00:38D'abord un aspect de sécurité.
00:40Beaucoup de produits sont dangereux.
00:42Dangereux parce qu'ils peuvent prendre feu,
00:44parce qu'ils sont dangereux pour la santé.
00:45Donc on a un produit sur deux, un acheteur sur deux aujourd'hui en France
00:48qui est confronté à un risque pour sa propre sécurité.
00:51Donc il faut les taxer.
00:52Deuxième chose, on a un risque, on a vu, économique.
00:55Beaucoup de contrefaçons qui mettent en danger nos propres marques
00:57et enfin on a un risque pour les finances publiques.
00:59Aujourd'hui, dans le droit, les plateformes sont censées faire des contrôles.
01:04Elles sont censées vérifier qu'elles n'envoient pas.
01:06Ils disent qu'ils le font, mais bon.
01:07D'accord.
01:07Mais moi, quand les douaniers dont je suis la ministre
01:09constatent 94% de non-conformité,
01:12ça veut dire qu'il faut qu'on renforce nos contrôles.
01:14Est-ce que c'est aux contribuables ?
01:16Est-ce que c'est aux contribuables ?
01:17Est-ce que c'est à vous et à moi et aux Français honnêtes
01:19de payer pour les moyens que je dois renforcer
01:22dans les aéroports, dans les ports,
01:24pour ouvrir les colis, contrôler, vérifier que ce n'est pas dangereux ?
01:28Donc ce sont les consommateurs qui vont payer.
01:29C'est ça que vous dites, c'est ça le message ?
01:30Mais les plateformes, elles répercutent sur leur prix.
01:33D'accord, mais vous savez, il y a une enquête aujourd'hui
01:35à la Commission européenne.
01:37Et l'enquête regarde si ces plateformes font les contrôles.
01:40Si elles ne font pas les contrôles, elles auront une amende.
01:42Donc ce que nous disons, c'est que pour quelques dizaines
01:44de centimes par article, ou pour quelques euros par colis,
01:49nous devons avoir les moyens de contrôler.
01:50C'est dans l'intérêt des consommateurs.
01:51Mais ce sont les consommateurs qui vont payer.
01:53Non, c'est aux plateformes de revoir leur modèle économique.
01:57Moi, je ne souhaite pas que les consommateurs,
01:59quand ils vont dans les magasins,
02:01quand ils vont dans les supermarchés en France,
02:03ils payent aussi le coût de la qualité,
02:05de la sécurité et du contrôle.
02:07Et j'assume aujourd'hui.
02:08Et nous y travaillons avec nos amis néerlandais,
02:10bientôt nos amis allemands.
02:12Oui, parce que c'est une décision européenne.
02:13Nous allons en faire un projet européen, bien coordonné.
02:16Nous travaillons aussi pour que les droits de douane
02:17puissent appliquer dès le premier euro,
02:20dès 2028, parce que les États-Unis ont voulu le faire
02:22en 24 heures, ça n'a pas marché.
02:24Ma conviction, c'est que ce n'est pas aux contribuables,
02:27ce n'est pas aux honnêtes gens,
02:28de faire le contrôle de produits
02:29qui sont dangereux pour la santé des Français,
02:32dangereux pour l'économie
02:32et dangereux pour les finances publiques.
02:34Donc, on va y travailler.
02:35Et je pense que les Français comprennent très bien
02:37qu'hier, nous étions à Roissy,
02:39quand on ouvre un colis qui pèse 7 kilos
02:42et qui a été déclaré pour 33 centimes,
02:44c'est qu'il y a un problème massif.
02:46On fait attention sur les mots.
02:48On le voit bien en vous écoutant,
02:49Amélie de Montchalin, ce matin.
02:50On ne dit pas « taxe sur les colis chinois ».
02:52Ce n'est pas une taxe.
02:53Non, mais bon.
02:54C'est des moyens de contrôle.
02:54On dit « les plateformes paieront ».
02:56Alors, c'est bien sûr les consommateurs
02:57qui vont payer.
02:57Bref, on fait attention.
02:58On ne dit pas non plus « retour de la taxe d'habitation ».
02:59On dit « contribution au financement des communes ».
03:01Ça, c'est l'expression employée
03:02par votre collègue François Rebsamen.
03:04C'est quoi exactement la différence entre les deux ?
03:06D'abord, je vous le redis,
03:08nous sommes le pays record du monde des impôts.
03:11Ça, tout le monde le sait.
03:12Record du monde des impôts.
03:13Pourtant, il y a des pistes qui sont lancées tout le temps,
03:15des nouvelles pistes tout le temps.
03:16Non, 51% de notre PIB,
03:18ce sont des impôts et des recettes pour l'État.
03:19Qui a parlé d'une contribution ?
03:21C'est bien François Rebsamen.
03:22Le but, ce n'est pas de créer des impôts nouveaux.
03:23Ce que veulent les collectivités,
03:24elles nous demandent quoi ?
03:25Elles nous demandent de la prévisibilité.
03:27Elles vivent avec un mandat de 6 ans.
03:29Les maires, quand ils sont élus,
03:30ils sont élus pour 6 ans.
03:31Et moi, je gère, ministre des Comptes publics,
03:33le budget de l'État sur un an.
03:35Donc, la première chose que nous demandent
03:36les collectivités, c'est donner-nous de la visibilité.
03:38La deuxième chose que nous demandent les collectivités,
03:40c'est moins de normes, moins de dépenses inutiles.
03:42Mais sur la contribution, pardon,
03:43il faut quand même que ce soit clair et précis.
03:44Sur la contribution, est-ce que vous dites
03:46qu'il n'en est pas question, ça n'est pas sur la table ?
03:47Je crois qu'hier, vous avez entendu
03:48le ministre de l'Économie et des Finances,
03:50le Premier ministre.
03:52Nous ne souhaitons pas créer de nouveaux impôts.
03:54Et donc, nous avons une discussion
03:56qui commence mardi.
03:59C'est une conférence de financement des territoires
04:00avec toutes les collectivités
04:02pour que nous recalions nos agendas,
04:04les 6 ans des maires,
04:05le budget annuel de l'État.
04:07Nous avons aussi à discuter les normes,
04:09les dépenses inutiles.
04:11Les maires voudraient créer ce lien fiscal
04:13renforcé entre les citoyens et eux-mêmes.
04:16Nous, gouvernement, nous avons une ligne
04:18dans le pays record du monde des impôts.
04:20Nous ne pouvons pas nous permettre
04:22de créer de nouveaux impôts.
04:23Je pense que c'est une position qui est très claire.
04:25Mais ça peut être à la main des maires,
04:26c'est ce que vous dites ce matin.
04:27Si les maires décident une nouvelle contribution,
04:29vous dites pourquoi pas, mais ça vous regarde.
04:31Moi, ce que je souhaite,
04:32c'est qu'on n'aille pas dire aux Français
04:33qu'aujourd'hui, ce qu'on doit créer,
04:34c'est des nouvelles recettes fiscales.
04:36Alors, dites-nous pourquoi vous en parlez sans arrêt.
04:38C'est François Rebzamen qui a parlé de la contribution.
04:40C'est vous-même qui avez parlé
04:41de l'abattement fiscal pour les retraités
04:43qui pourraient être supprimés.
04:44Tout ça, c'est des nouveaux impôts.
04:45Vous nous dites qu'il n'est pas question
04:46de nouveaux impôts.
04:46Et en même temps, vous mettez des pistes
04:48de nouveaux impôts sur la table en permanence.
04:50Je vais vous parler sur les retraités.
04:51Vous savez, un budget,
04:52ce n'est pas un tableau de chiffres.
04:53Un budget, c'est un tableau de choix,
04:56de choix démocratique,
04:57de choix pour notre avenir.
04:58Dans les sujets d'avenir,
04:59il y a ceux des retraites.
05:00Et vous savez que le Premier ministre
05:01a ouvert un conclave
05:02où les partenaires sociaux
05:03discutent de comment revient l'équilibre.
05:06Il se trouve que ces partenaires sociaux,
05:08le président du MEDEF,
05:09le président de la CPME,
05:11qui représente les PME,
05:12les syndicats,
05:14ont évidemment un sujet,
05:15c'est qu'est-ce que font les actifs
05:16pour les retraites,
05:17qu'est-ce que font les retraités
05:18pour les retraites.
05:19Et il y a cette idée
05:19qui a été proposée.
05:21Moi, mon rôle,
05:22le ministre des Comptes publics,
05:22à nouveau,
05:23ce n'est pas d'interdire le débat.
05:25Ce n'est pas de dire
05:25il y a des choses,
05:26vous savez, c'est interdit.
05:27Nous devons donner carte blanche.
05:29La seule chose qu'on leur a dite,
05:30c'est vous devez nous aider
05:31à remettre le système
05:32à l'équilibre.
05:33Et donc, aujourd'hui,
05:34qu'est-ce qu'on fait ?
05:35Le Premier ministre,
05:35là aussi, a été très clair.
05:37Nous préparons le débat budgétaire.
05:39Nous laissons les Français,
05:40les économistes débattre.
05:41À la fin,
05:42il y a des choses qui seront retenues
05:43et des choses qui ne seront pas retenues.
05:44Et celle-là pourrait être retenue.
05:45Elle est encore sur la table.
05:46Mais elle n'est pas sur la table
05:47du lieu d'autre fait.
05:48Ce n'est pas le gouvernement qui dit.
05:50C'est vous qu'on avait parlé
05:51dans une interview aux Parisiens ?
05:52Ce que j'ai dit dans cette interview,
05:53et c'est très intéressant là aussi,
05:55est-ce que c'est mon rôle
05:56d'interdire le débat ?
05:57On me dit,
05:58qu'est-ce que vous pensez
05:58de ce débat dans le conclave ?
06:00Je dis, c'est au conclave,
06:01c'est aux partenaires sociaux
06:02qui gouvernent notre système de retraite,
06:05qui gouvernent notre sécurité sociale,
06:06de faire des propositions.
06:07Viendra le temps des arbitrages,
06:09viendra le temps de la décision
06:10et surtout,
06:11viendra le temps du consensus.
06:13Quel est notre but ?
06:14On en est loin.
06:15Oui, mais vous voyez,
06:16à la fin,
06:17est-ce qu'on fait des choix ?
06:18Parce qu'on a débattu,
06:19on a pesé les avantages,
06:21les inconvénients,
06:22on a fait au fond un débat collectif,
06:24les économistes,
06:25les Français,
06:26et on se dit,
06:26ça on le fait ou ça on ne le fait pas,
06:28moi ce que je ne veux pas,
06:29c'est qu'on ne change rien
06:30par renoncement,
06:31par incapacité de travailler,
06:33par incapacité de regarder
06:34les choses en face,
06:35de regarder les faits,
06:36et vous savez à la fin,
06:37si ça se fait,
06:38c'est parce qu'il y aura consensus,
06:40et si ça ne se fait pas,
06:41c'est parce que le pays
06:42se sera dit
06:42que ce n'était pas la bonne solution.
06:44Je pense que les Français
06:45voient l'intérêt démocratique
06:46de ces débats
06:48consensus négatif
06:49sur cette histoire d'abattement,
06:50on verra ce que ça va donner.
06:52Puisque vous parlez du débat,
06:52il y a quelqu'un
06:53qui a donné des contributions hier,
06:54quelqu'un que vous connaissez bien,
06:55c'est Laurent Wauquiez,
06:56lui il dit,
06:57on peut récupérer,
06:58en gros,
06:59il sort les chiffres,
06:5915 milliards sur ce qu'il appelle
07:00l'assistanat,
07:01c'est l'un de ses combats,
07:02on le sait,
07:026 milliards sur l'immigration,
07:04il donne aussi d'autres chiffres,
07:05vous lui répondez quoi
07:05à Laurent Wauquiez ?
07:06Je lui réponds que c'est essentiel
07:08que nous ayons aujourd'hui,
07:09alors que nous sommes qu'au mois,
07:10vous voyez,
07:11tout début mai,
07:18pourquoi pas ?
07:19Mais je dis,
07:20à la fin,
07:20il faut qu'on fasse un consensus,
07:22à la fin,
07:22vous savez,
07:23le budget qui est aujourd'hui en 2025,
07:24je l'ai dit plusieurs fois,
07:25ce n'est pas le budget d'un parti,
07:27c'est le budget de compromis
07:28pour un pays.
07:30Aujourd'hui,
07:30nous avons une majorité
07:31qui n'est pas absolue,
07:33nous devons travailler ensemble
07:34et donc ces propositions,
07:35il faut qu'on les travaille
07:36comme toutes celles
07:37qui seront mises sur la table.
07:38Il y a un sujet sur lequel
07:39il parle
07:40et nous sommes,
07:40je crois,
07:41profondément d'accord,
07:42c'est celui de l'organisation
07:43de l'État,
07:44les agences,
07:44les opérateurs.
07:45Sur les sommes,
07:46vous n'êtes pas d'accord,
07:46lui dit 10 milliards,
07:47vous vous dites 2 à 3 milliards.
07:48Il y a une commission d'enquête
07:49au Sénat,
07:50je serai auditionnée
07:51le 14 mai prochain
07:52par Christine Lavarde
07:53qui est la sénatrice
07:54qui se charge de ce travail.
07:55Derrière,
07:56c'est quoi la question ?
07:57C'est est-ce que notre organisation
07:58est efficace ?
07:59Vous savez,
07:59j'ai été ministre des agents publics
08:01pendant deux ans,
08:02nous avons fait,
08:02je crois,
08:03un bon travail après le Covid
08:04pour que la fonction publique
08:06reprenne son fonctionnement
08:08et que les Français
08:09voient ces services publics
08:10en marche.
08:11Aujourd'hui,
08:12les agents publics,
08:13les Français,
08:14le but,
08:14ce n'est pas qu'on supprime
08:15des missions,
08:16ce n'est pas qu'on dise
08:16tiens,
08:16il y a telle politique publique,
08:17on fait un train dessus,
08:18on sort la tronçonneuse
08:19ou je ne sais quoi.
08:20C'est-à-dire,
08:20est-ce qu'on est bien organisé ?
08:21Est-ce qu'il n'y a pas des endroits
08:22où on fait deux fois la même chose ?
08:23Est-ce que c'est compréhensible
08:24pour les Français ?
08:25On a l'impression d'entendre ça
08:25depuis des décennies
08:26et on a l'impression
08:27que dans des décennies,
08:27on l'entendra toujours,
08:28ça ne change jamais.
08:29Je viens vous le dire
08:29avec beaucoup,
08:31beaucoup de sérieux
08:31et beaucoup d'engagement.
08:32Si aujourd'hui,
08:34dans la situation budgétaire
08:35qui est la nôtre,
08:36alors que le Sénat y travaille,
08:38les Français le demandent,
08:39nous-mêmes,
08:39gouvernement,
08:40sous l'autorité du Premier ministre,
08:41on est parti de revoir
08:42qu'est-ce qu'étaient les priorités,
08:43comment on s'organisait,
08:45nous voulons le faire
08:46parce que c'est essentiel
08:47pour que les Français
08:48voient où va leur argent,
08:49c'est essentiel
08:50pour que les collectivités
08:51comprennent comment ça marche,
08:52c'est essentiel
08:53pour que les agents publics
08:54soient organisés
08:55de la meilleure manière
08:56pour qu'ils se sentent eux-mêmes
08:57dans la meilleure capacité
08:58de faire pour les Français
08:59et ma conviction,
09:00et je le dis vraiment,
09:02on fait ça pour les Français,
09:03il n'y a pas d'argent public,
09:04il n'y a que l'argent des Français,
09:05moi je dois être garante
09:06que chaque euro d'impôt,
09:08parce qu'il y en a beaucoup,
09:09je vous l'ai dit,
09:09on ne veut pas en créer de nouveaux,
09:11mais il soit bien utilisé
09:12et cette démarche-là,
09:14ça demande du temps,
09:15c'est très précieux
09:16qu'on ait ce débat,
09:16c'est très précieux
09:17que les Français puissent
09:18y participer
09:18et le débat budgétaire,
09:20les décisions,
09:21c'est pour le mois d'octobre,
09:22vous voyez,
09:22on a le temps
09:22de faire les choses
09:23avec méthode
09:24et d'associer tout le monde
09:30Non, on va y arriver,
09:31on va y arriver il y a deux mois.