Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Bienvenue Stéphane Manigold.
00:02Eh bien bonjour.
00:03Bonjour, vous êtes président du groupe Eclore, restauration, connu, gros succès, etc.
00:09Vous allez évidemment nous raconter, mais moi ce qui m'intéresse aussi c'est que derrière tous ces chefs d'entreprise, c'est l'homme qu'il y a.
00:16Vous avez eu une enfance très difficile, vous avez commencé à bosser extrêmement tôt, quel âge ?
00:21J'ai commencé à travailler à l'âge de 11 ans, c'est pas très légal.
00:24Mais quand mes amis allaient à la fête foraine dans les manèges, moi je ramassais les tickets, je gagnais mes 50 francs par jour.
00:35J'ai fait le choix du travail plutôt que le chemin de la délinquance.
00:40Oui mais c'est formidable ça, et on ne dira jamais assez que l'entrepreneuriat c'est un épanouissement, quoi qu'il se passe, quoi qu'il arrive, et vous êtes un exemple, c'est formidable.
00:49Mais j'aimerais juste que si des enfants des foyers de la DAS nous écoutent, puissent aussi croire qu'il y a une issue favorable possible, parce que ce sont les grands oubliés de la République les enfants de la DAS.
01:02Et merci de me donner la parole en tant que chef d'entreprise maintenant.
01:06Oui bien sûr, mais c'est formidable ces enfants, et d'ailleurs on sent l'énergie dans les enfants, et c'est une solution, en plus, solution pour les autodidactes.
01:15Absolument, mais si vous saviez les talents qu'on reçoit qui ont Bac-4, c'est formidable.
01:21Alors donc vous, vous avez, et d'ailleurs j'aime bien, j'ai lu certaines de vos tribunes, etc., vous avez des restaurants, en ce moment on nous explique que la restauration,
01:31on ne sait plus qui croire, que la restauration, d'abord il n'y a personne, on ne paie pas assez les gens, ensuite on ne trouve absolument personne,
01:38il faut avoir des immigrés, que tous les gens qui font la plonge dans les restaurants viennent d'Afrique du Nord ou de je ne sais pas où.
01:45Et vous, vous avez l'air de penser le contraire.
01:47D'ailleurs, quand je vois les chiffres des gens qui sont à Pôle emploi et qui pourraient aller dans les restaurations, c'est stupéfiant, non ?
01:55Alors, c'est pour ça que le Figaro m'a donné cette tribune absolument formidable, Alexandre Devecchio,
02:00qui m'a permis de dire, en fait, non, la restauration, à date, n'a pas besoin d'immigration par le travail.
02:08Et je décortique pourquoi.
02:10La première des choses, c'est que, vous l'avez rappelé, il y a près de 100 000 salariés disponibles à Pôle emploi
02:18qui pourraient reprendre le chômage du travail.
02:21Et ils sont financés par qui ? Par les entreprises, parce que je rappelle que depuis le 2019, contrairement aux idées reçues,
02:27seules les entreprises cotisent pour le chômage.
02:29Et donc, ce n'est pas parce que vous êtes assuré que vous pouvez, avec votre voiture, rentrer dans un arbre en disant
02:36« mais ce n'est pas grave, je suis assuré ».
02:37Non, l'assurance est un aléa.
02:39Lorsque vous choisissez d'être au chômage, lorsque vous choisissez de ne pas reprendre le chemin du travail,
02:43alors ce n'est pas la collectivité de financer l'oisiveté, ça s'appelle les congés sabbatiques, ce que vous voulez.
02:48Mais en tout cas, moi, je pense qu'il faut rapidement remettre, petit un, les gens vers le chemin du travail.
02:54Et puis, honnêtement, il n'y a pas de raison dans des secteurs en tension,
02:56mais que ce soit la restauration, le bâtiment, la boulangerie, l'artisanat.
02:59– Entièrement de votre avis.
03:00– De protéger 24 mois des gens, ce n'est pas possible.
03:02– Alors, je suis entièrement de votre avis, à cela près comme objecte,
03:05parce que je dis la même chose que vous, comme objecte qu'ils n'ont qu'à les payer plus.
03:10Alors, c'est toujours indéfiniment le pouvoir d'achat qu'on met en doute.
03:13Ah bah oui, ils ne veulent pas travailler pour ce prix-là.
03:15D'abord, je trouve que le travail doit, de toute façon, payer plus que le chômage, ça c'est certain.
03:20Donc, ou le chômage est trop élevé, ou le travail ne paye pas assez, ou les deux.
03:23La réalité, c'est que nous ne pouvons pas, lorsqu'ils ont un salarié à 1 000 euros dans sa poche,
03:31ça vous en a coûté 3 000 euros en gros.
03:33Et donc, ce n'est plus possible cet écart, c'est très difficile.
03:36Mais donc, la bonne nouvelle, c'est qu'on a en France ce qu'on veut pour travailler dans la restauration.
03:41Alors, on a ce qu'on veut, mais maintenant, il faut poser le bon constat.
03:45Nous sommes consommateurs de main-d'oeuvre.
03:48C'est-à-dire qu'on a besoin massivement, pour éprimer des carottes, des pommes de terre,
03:52en tout cas, ceux qui ne font pas de la cuisine industrielle, qui font tomber des micro-ondes,
03:55parce que c'est eux, en réalité, qui appellent massivement à l'immigration
03:57pour avoir des travailleurs à bas coût, pas d'escalier social, pas d'évolution possible.
04:02Moi, je trouve que cette situation, pardon, j'emploie un mot qui ne va pas vous plaire,
04:05mais je trouve ça dégueulasse de considérer qu'on doit systématiquement faire appel à l'immigration
04:10pour éviter que les gens puissent s'élever dans la société socialement.
04:14Moi, je ne partage pas ce point de vue.
04:15Je pense qu'on doit pouvoir élever les gens socialement.
04:18Mais ça s'appelle...
04:18Mais moi, je ne suis pas d'accord.
04:19Il y a un problème.
04:20Il y a des gens qui viennent de l'immigration qu'on prend et qui évoluent formidablement bien.
04:23Mais bien sûr.
04:24Mais non, mais aujourd'hui, donc, si on ne les fait pas évoluer
04:27et qu'on a constamment besoin d'appels, c'est qu'on ne les fait pas forcément évoluer.
04:30Donc, il y a un point qui est central qui s'appelle le coût du travail.
04:35Le coût du travail.
04:36Et quand en France, vous donnez 100 euros brut à un salarié
04:39et qu'il a 70 euros dans sa poche et que ça coûte 140 à l'entreprise
04:43et que ce même argent au sein de l'Union européenne, en Allemagne,
04:46je ne vais pas prendre un pays où on me dirait,
04:48ben oui, mais ce n'est pas les mêmes règles.
04:49L'Allemagne, quand vous donnez 100, ça coûte 120 à l'entreprise
04:54et 80 dans la poche du salarié.
04:56Vous voyez bien qu'il y a un gap qui est formidable à la fois dans la poche du salarié
05:00et pour le coût de l'entreprise.
05:01Donc, le coût du travail, il faut avoir le courage politique, enfin,
05:05de le réformer et de le baisser.
05:08Il faut s'attaquer au coût du travail.
05:09Et s'attaquer au coût du travail, eh bien, c'est par exemple...
05:11C'est changer le système.
05:12Ben, c'est changer le système.
05:1440 milliards, c'est le coût du chômage.
05:15Mais je vous arrête là, parce que là, on pourrait aller très loin là-dessus,
05:17surtout avec la situation actuelle,
05:18mais que ressentez-vous en 30 secondes ?
05:22Est-ce que la situation actuelle vous paraît dangereuse pour vos entreprises,
05:27dangereuse pour les gens que vous recrutez ?
05:29Est-ce que, d'après vous, ça va, dans votre secteur,
05:31déséquilibrer quelque chose ?
05:33Vous avez rappelé mon parcours.
05:34Alors, à chaque mauvaise nouvelle, il faut transformer cette mauvaise nouvelle en opportunité.
05:38Oui, alors, l'opportunité pour terminer.
05:40Les opportunités, c'est quoi ?
05:41C'est, on a un taux de TVA qui est puissant en France,
05:46on a un coût du travail qui est puissant,
05:47un taux de prélèvement qui est puissant.
05:49Il suffit de baisser tout ça, vous voyez,
05:51et de rentrer dans la norme,
05:52et on peut enfin rentrer dans ce qu'on appelle la compétition mondiale.
05:55Moi, je trouve que la France est un pays formidable.
05:57Je lui dois tout.
05:57J'aime ce pays par-dessus tout.
05:59J'aime nos agriculteurs, j'aime nos artisans,
06:01j'aime les chefs d'entreprise,
06:03j'aime celles et ceux qui payent de l'impôt.
06:04Parce que la solidarité, on ne le rappelle pas assez,
06:06il n'y a pas de solidarité s'il n'y a pas de gens qui payent les impôts dans ce pays.
06:09Et qui paye les impôts ?
06:11Les entreprises, les ménages.
06:14Eh bien, il faut que
06:15on arrête de peser
06:19complètement et pleinement
06:20la solidarité sur celles et ceux
06:22qui portent déjà ce pays à bout de bras.
06:24Et bien, vous avez le mot de la fin.
06:25Je cautionne tout, je ne rajoute pas une virgule.
06:28Merci infiniment et on va essayer de
06:30trouver ce qu'il y a de positif de la situation actuelle.
06:33Merci beaucoup.
06:33Merci.
06:34Merci.
06:40Merci.