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  • il y a 4 jours
Dans l'ouvrage "Le silence de Bétharram", Alain Esquerre, fondateur du collectif des victimes de Bétharram, donne la parole à d'anciens pensionnaires de cet établissement catholique, où des faits de violences ont été signalés pendant plusieurs décennies. Parmi les victimes, l'une des filles du Premier ministre, François Bayrou, Hélène Perlant.

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Transcription
00:00C'est quoi le mécanisme psychique ?
00:02C'est trop violent ? C'est trop insupportable d'être à ce point bousculé dans ses certitudes,
00:05dans son désir d'idéal ? C'est quoi ?
00:08Moi j'ai une autre approche qui est que je pense que plus on en a sous les yeux, moins on voit.
00:12C'est-à-dire qu'il fallait être capable de comprendre, avec tout ce qu'on avait sous les yeux,
00:16qu'en fait, il y avait dans l'établissement, que tous les adultes religieux étaient des violeurs, en fait.
00:22Tous ! On n'avait jamais vu nulle part ça en France.
00:25C'est trop énorme.
00:26C'est incroyable, si on vient vous dire dans un lycée, en fait non, là, là, là, là, c'est des violeurs ça aussi.
00:34Il fallait être capable, et Bétarame est la première structure, grâce à Alain, que l'on découvre comme ça.
00:40Et à tous ensemble, on peut la regarder, à condition de se décharger, je pense, de la culpabilité de ne pas avoir vu.
00:46Moi j'ai vu par exemple, quand il découvre ça, je me dis, alors je n'ai aucune image des enfants du collège frappés.
00:53Mais par contre, j'ai dans le lycée que je fréquente, beaucoup de signaux de sexualité qui ne vont pas.
00:59Ça parle de sexe, ça regarde bizarrement, etc.
01:02Ça en fait tellement trop, que nous, on pense qu'ils ne passent pas à l'acte.
01:07Ce n'est pas possible, c'est trop gros, c'est trop gros.
01:10J'imagine...
01:11Arriver à comprendre qu'en fait, non, ce qu'on a sous les yeux, ça fait sens, et que oui, c'est possible que des adultes, plusieurs, plein, tous, passent à l'acte.
01:21Et que peut-être, quand on a des sensations qu'il y a un peu de regard de pédophile, il y a aussi des actes, peut-être.
01:29Pour moi, c'est un champ complètement nouveau, complètement énorme.
01:31Est-ce que, selon vous deux, cette omerta était organisée par les religieux et les laïcs en charge de Bétaram à l'époque ?
01:40Comment ce système et ce silence a perduré autant d'années ?
01:45Il a perduré avec la bonne volonté de tous ceux qui sont aujourd'hui mis en cause et parfois décédés.
01:50Nous, on pense, et on est en train d'avancer sur ce terrain, tous les trois, Clémence, Alain et moi,
01:55qu'il faut expliquer la différence entre des individus et leur intelligence moyenne.
02:00Ce n'est pas des...
02:02Il n'est pas capable d'amener un système à 18 verrous de sécurité et de dire, voilà comment il faut les frapper pour qu'en fait, personne ne parle.
02:09Non, c'est...
02:10Et la structure, ce qu'on appelle le dispositif, c'est-à-dire, si on a un milieu totalement clos, un huis clos,
02:16des attentes disciplinaires, en tout cas un mythe de la discipline, on va les mater, on va les recadrer.
02:23Et il faut le dire, du religieux, c'est-à-dire des prêtres qui sont tous ici devenus violeurs,
02:32et ça, c'est la théorie d'Alain, ça rend pervers, la structure les rend pervers.
02:37Ils n'auront peut-être pas été ailleurs.
02:39Si on a ces trois ingrédients, il y a quelque chose qui se passe,
02:42et finalement, indépendamment de l'intelligence ou de la conscience des gens de participer à ça.
02:49Transparence.

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