En déplacement à Saint-Quentin-Fallavier (Isère), le Premier ministre François Bayrou s’est exprimé au sujet des récentes attaques ciblant des centres et des agents pénitentiaires en France. Mais aussi sur le témoignage de sa fille dans Paris Match où elle raconte avoir été victime de violences dans un camp d'été organisé par la même congrégation que l'établissement catholique de Bétharram.
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00:00Avec François Bayrou depuis la prison de Saint-Quentin Falavier en Isar.
00:02Des agents pénitentiaires ont été ciblés, menacés.
00:07On a tiré sur leur maison ou sur ce qu'on croyait être leur maison.
00:14Le parquet national antiterroriste, le procureur national est par là, est là.
00:21Le parquet national antiterroriste s'est saisi de ces attaques
00:27et on espère bien que dans les jours ou semaines qui viennent,
00:32les auteurs de tout cela pourront être identifiés et appréhendés.
00:38Mais plus largement, il s'agissait de montrer au personnel pénitentiaire
00:42qu'on était avec eux dans ces circonstances
00:45et qu'on était avec eux parce qu'ils sont en première ligne
00:52du plus difficile de la société, des plus dangereux de la société,
00:57et parce qu'ils sont notre dernier recours.
01:01C'est sur leur engagement et sur leur travail
01:04que repose au fond la défense de la société
01:10en ultime recours.
01:16Et donc on voulait être avec eux
01:19et en même temps on mesure très bien
01:21quel est le cadre de ces attaques.
01:28Ce sont des réseaux qui tout d'un coup
01:32croyaient qu'ils étaient en situation d'impunité,
01:39les maîtres absolus,
01:40et qui pouvaient continuer leurs actes de délinquance
01:44et qui tout d'un coup voient la perspective
01:47des tensions plus sévères, plus rigoureuses,
01:54sans les moyens de continuer à exercer leurs activités néfastes
01:58depuis la prison.
02:02Et ça veut dire qu'ils se sentent inquiétés
02:04dans leur impunité,
02:07dans leur toute-puissance.
02:09Et ça, ça a aussi une signification très importante.
02:11Alors c'est la première fois
02:14qu'on a pu mettre en place,
02:19qu'on a pu faire voter
02:20des textes qui organiseront
02:23une réponse sans doute plus sévère
02:27et en tout cas une mise en sécurité
02:30plus grande pour la société
02:32par rapport à des délinquants
02:34qui sont à la tête de réseaux ultra-puissants.
02:38Si vous me permettez de le dire,
02:40c'est aussi pour nous une manière de rendre hommage
02:43aux deux agents pénitentiaires
02:46qui ont été victimes de l'assassinat
02:48que vous savez au moment de l'évasion d'Amra.
02:54C'est aussi à leur mémoire que nous faisons cela.
02:58C'est pour éviter que ne se reproduisent
03:01des affaires comme l'affaire Amra
03:03et qu'il y ait d'autres victimes
03:04pour qu'eux soient mieux proportionnés
03:10la réponse de la justice
03:12et que des gens dangereux soient traités
03:14comme les menaces réelles qu'ils représentent.
03:21Voilà ce que nous sommes venus dire
03:23aux agents pénitentiaires
03:24pour leur manifester notre reconnaissance,
03:29notre gratitude et notre soutien.
03:31Vous estimez que c'est l'autorité de l'État
03:33qui est défiée et si vous, que répondez-vous ?
03:35C'est forcément l'autorité de l'État.
03:38C'est forcément l'organisation
03:41de notre justice,
03:46de tout notre appareil
03:48pour identifier les gens dangereux,
03:50pour les mettre dans des situations
03:55où ils ne menaceront plus la société
03:58et pour que l'autorité de l'État
04:02soit enfin respectée comme elle devrait l'être.
04:05Si quelqu'un dit que c'est facile,
04:07vous savez bien que c'est extrêmement difficile.
04:09Cette tâche, cette entreprise,
04:13cette volonté de réduire les risques,
04:17c'est évidemment quelque chose
04:19de très exigeant.
04:24Mais notre présence,
04:26tous les trois,
04:28le ministre d'État,
04:29Gare des Sceaux,
04:30et le ministre d'État,
04:31ministre de l'Intérieur,
04:32notre présence signifie
04:33que nous sommes absolument déterminés
04:37et d'une certaine manière,
04:40ces attaques montrent que l'action
04:43du gouvernement et de l'État
04:45touche juste.
04:47Vous avez rencontré les deux agents
04:48dont les gens ont été attaqués.
04:51Dans quel état sont-ils ?
04:52Est-ce qu'ils ont pu reprendre le travail ?
04:54Ils étaient trois pour dire la vérité.
04:56Bon, ils sont en train d'examiner
04:58comment ils vont reprendre le travail.
04:59Nous avons été très émus
05:02parce que l'une d'entre elles
05:04qui travaille dans cet établissement,
05:07les trois ne travaillaient pas
05:08dans cet établissement.
05:09L'une d'entre elles travaillait à Lyon.
05:12Mais ils nous ont dit
05:14qu'elle avait été
05:15le mouvement de solidarité,
05:18d'affection de leurs collègues
05:20autour de leur hiérarchie
05:23et de leurs collègues autour d'eux.
05:25Et ça faisait chaud au cœur.
05:29Vous savez bien que ce sont
05:31des circonstances humaines
05:32dans lesquelles les agents,
05:35leur famille, leur domicile
05:36se trouvent tout d'un coup menacés
05:39et d'une certaine manière violés.
05:42Et donc, c'est une chaîne d'humanité aussi.
05:47C'est une chaîne de relations personnelles
05:49et d'humanité.
05:50Et donc, on a pu parler
05:54avec eux de ce qu'ils ressentaient
05:57et de leur volonté
05:59de continuer à être mobilisés.
06:02Est-ce qu'on sait qui se cache
06:03derrière ces attaques ?
06:05Le parquet national antiterroriste,
06:11les trois mots ont leur sens.
06:14parquet national antiterroriste.
06:19A pris en main
06:20cette situation et l'enquête.
06:25Et moi, en tout cas,
06:26j'ai confiance dans le professionnalisme
06:28et la mobilisation
06:29de ceux qui font vivre,
06:32monsieur le procureur national,
06:35de ceux qui font vivre
06:36cette réponse de l'État
06:39et cette mise en sécurité.
06:41– Et qu'est-ce qui va être mis en place
06:42pour assurer la sécurité des agents ?
06:45– Il y a déjà des choses
06:47qui sont mises en place.
06:48Par exemple, l'identification
06:49des domiciles, s'ils le souhaitent,
06:52puisque c'est volontaire,
06:54de manière à pouvoir avoir
06:56une surveillance.
06:57Mais vous voyez bien
06:59à quel point tout ça
07:00est sans doute coordonné,
07:04puisqu'il y a plusieurs lieux
07:06d'attaque à peu près
07:07dans les mêmes moments.
07:10Et en même temps,
07:11d'après ce qu'on voit
07:12et ce qu'on entend,
07:15c'est une volonté d'intimidation.
07:19Et c'est à cette volonté
07:20d'intimidation
07:21que notre présence
07:23et notre visite
07:25et notre soutien
07:25tient à répondre.
07:27– Monsieur le Premier ministre,
07:28je me permets une question
07:29plus personnelle.
07:30– Non, pas là.
07:30– Vous avez eu l'interview
07:30de votre feedon par image.
07:32– Pas maintenant.
07:34S'il vous plaît,
07:34nous allons finir avec.
07:37Qui veut encore poser des questions ?
07:40– Est-ce que vous pensez
07:41que la piste de l'ingérence étrangère
07:43est une possibilité ?
07:48– Monsieur le procureur national.
07:51– Comme j'ai eu l'occasion
07:54de le dire,
07:56nous travaillons sur l'ensemble
07:58des pistes qui sont possibles.
08:01Toutes vont être exploitées.
08:02et la réponse judiciaire,
08:04une fois qu'elle sera donnée,
08:04permettant de répondre
08:05à la question que vous posez
08:07de façon plus précise.
08:08Ce n'était pas temps aujourd'hui
08:09de définir laquelle des pistes
08:10doit être privilégiée.
08:13– Monsieur le Premier ministre,
08:14la justice vient de rétablir
08:15le contrat liant l'État
08:16au lycée Averroès.
08:18Je vais donc contredire
08:19une décision du préfet.
08:20Quelle est votre réaction ?
08:21Le lycée va pouvoir à nouveau
08:21bénéficier de subventions
08:23de l'État.
08:23– J'ai été ministre
08:27de l'Éducation nationale
08:28et donc je respecte la décision
08:30du ministère de l'Éducation nationale
08:31et je respecte la justice administrative
08:34par définition.
08:36On va avoir à trouver
08:36le meilleur équilibre possible
08:38dans les semaines qui viennent
08:40pour éviter qu'il n'y ait des dérives
08:43et en même temps
08:45pour que le droit soit respecté.
08:46– Monsieur le Premier ministre,
08:49les questions de justice sont terminées.
08:51Est-ce que vous avez eu l'occasion
08:52de lire cette interview
08:54de votre fille dans Paris-Baschou ?
08:55– Oui, j'imagine que si je ne l'avais pas lu,
09:00ça vous surprendrait.
09:02Qu'est-ce que je peux dire ?
09:03– Un, en tant que père de famille.
09:08– Comment vous dire ça
09:09de la manière la plus juste ?
09:14En tant que père de famille,
09:16ça me poignarde le cœur.
09:18Même si c'est une affaire très ancienne,
09:26puisqu'il y a, je ne sais pas,
09:2735 ans, quelque chose comme ça,
09:29mais qu'on ne l'ait pas su
09:34et que des dérives de cet ordre
09:38aient eu lieu,
09:39pour moi, c'est presque insupportable.
09:43Mais en tant que responsable public
09:45qui dépasse le père de famille,
09:51c'est aux victimes que je pense.
09:55Je les ai rencontrées,
09:56j'ai passé des heures avec elles.
10:01Et un certain nombre de ces victimes,
10:05à la fois des brutalités insupportables,
10:09et d'autres actes abominables.
10:16Pour cela,
10:18une partie de leur vie a été gâchée
10:21si profondément que je ne veux pas les abandonner.
10:26Ça n'est pas une affaire personnelle.
10:31Les travaux, l'écriture de ma fille,
10:37sont tout entier centrés autour d'une question.
10:42Pourquoi est-ce qu'on n'en parle pas ?
10:47Pourquoi est-ce que les victimes ne parlent pas ?
10:49J'ai été très, très, très bouleversé lorsque j'ai reçu,
10:55pendant des heures, la dizaine de garçons qui étaient victimes,
11:00de ce qu'entre eux, ils ne savaient pas que leurs camarades
11:04avaient subi les mêmes choses insupportables,
11:10brutalités ou, pire encore, atteintes sexuelles.
11:16Ils ne savaient pas.
11:17Et pourquoi est-ce qu'on ne parle pas ?
11:18Pourquoi est-ce qu'on ne parle pas dans les affaires de violence intrafamiliale ?
11:24Pourquoi est-ce qu'on ne parle pas dans les affaires,
11:27c'est pas dramatique, d'inceste ?
11:31Pourquoi est-ce que les voisins ne voient rien ?
11:34Et pourquoi les victimes elles-mêmes ne disent rien
11:37parce qu'elles ne veulent pas ?
11:40Je vais vous dire, je pense que les victimes elles-mêmes
11:44veulent protéger leurs parents.
11:45Et c'est quelque chose qui est terrible,
11:51de même qu'est terrible le fait que,
11:54quand il y a harcèlement dans la cour de récréation
11:56d'un petit garçon ou d'une petite fille,
11:59et que les autres ne le disent pas,
12:03parfois même y participent.
12:05Et c'est cette question-là.
12:09Pourquoi on n'en dit rien ?
12:11Pourquoi les victimes eux-mêmes n'en disent rien ?
12:14C'est cette question-là dont je trouve qu'elle doit nous hanter.
12:21Mais des faits comme ça,
12:23il y en a probablement des centaines,
12:27il y en a qui apparaissent dans beaucoup d'établissements,
12:30et c'est pas seulement des établissements scolaires.
12:33Et donc cette question-là,
12:34du caractère insupportable,
12:40de non seulement des actes,
12:43mais du silence qui se fait autour,
12:46qui est pour moi question principale.
12:49Et comment appréhendez-vous
12:50votre audition dans trois semaines ?
12:52C'est très simple.
12:56Je ne dis depuis le premier jour
12:59que ce que je sais de cette affaire,
13:02que la vérité de ce que je découvre,
13:05et je n'ai de ce point de vue-là aucun problème
13:08à répondre à quelque question que ce soit.
13:11Votre fille, vous n'en avez jamais parlé ?
13:14Non, pourtant je parle très souvent avec elle.
13:17Mais comme vous savez,
13:23tous les parents sont comme ça.
13:25Mes enfants sont comme la prunelle de mes yeux.
13:30Chacun d'entre eux.
13:31Et donc elle en premier,
13:32puisque c'est l'aîné de mes enfants.
13:34Non, on parle de tas de choses.
13:37Elle n'avait jamais parlé de ça.
13:39Elle l'a dit d'ailleurs
13:40lors de sa première interview.
13:45Mais elle n'est pas le centre de l'affaire
13:49comme l'association l'a indiqué.
13:51Peut-être grâce à elle,
13:54on en parle plus.
13:55Ou grâce à la contestation
13:59qu'on a voulu développer contre moi,
14:03on en parle plus.
14:04Mais le centre de l'affaire,
14:06je veux le répéter,
14:07c'est les victimes.
14:08Ceux dont la vie a été gâchée
14:11pendant des décennies,
14:13puisque certains actes remontent
14:15à 40, 50 ans.
14:21C'est ceux-là qui m'intéressent.
14:23Si vous me permettez de le dire,
14:25c'est ceux-là dont je ne veux pas lâcher la main.
14:29Ceux qui...
14:31Et au fond,
14:32tous les petits garçons,
14:34petites filles
14:35qui sont enfermées dans le silence,
14:37d'abord parce qu'elles ne savent pas quoi dire,
14:39ne savent pas identifier
14:40ce qui leur arrive.
14:44Et elles ne veulent pas
14:45faire de la peine
14:47à ceux qui sont les plus proches d'eux.
14:51Et c'est probablement là
14:53qu'est une des clés
14:54de ce genre d'affaires-là.
14:57Merci beaucoup.
14:57Merci.
14:57Merci.