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00:00Olivier d'Artigol, c'est une journée particulière, beaucoup plus sérieusement,
00:05puisque le livre sur l'affaire Betaham sort aujourd'hui, dans lequel on en a beaucoup parlé dans l'actualité.
00:11La fille de François Beyrou s'exprime avec des propos extrêmement poignants.
00:16Vous, particulièrement, vous êtes très au fait de cette affaire, puisque vous connaissez cette école,
00:21vous êtes de cette région, vous connaissez François Beyrou lui-même.
00:26C'est assez douloureux peut-être pour vous aussi.
00:29Dernièrement, dans un rendez-vous personnel avec le Premier ministre,
00:34parce que je connais en effet cette société béarnaise.
00:39Dans une autre vie, j'ai été élu de Pau et conseiller municipal pendant longtemps.
00:44J'ai des copains qui ont vécu cet établissement, qui ne parlent pas pour l'instant.
00:52Et je voudrais parler de monsieur, c'est Alain Esquer.
00:54Souvent, c'est dans l'humanité abîmée, il y a des fois des gens qui se lèvent,
01:02et alors que ça n'était pas leur destin, qu'ils accomplissent un travail remarquable.
01:06Et Alain Esquer, c'est celui qui croise de manière totalement fortuite un ancien agresseur,
01:12constate qu'il est toujours dans l'établissement,
01:16et il voit les petits gamins de 12 ans à côté de lui, et là il se dit que ce n'est pas possible.
01:19Et il lance un groupe Facebook, vous vous rendez compte,
01:22en disant, voilà ce que j'ai vécu à cet agresseur,
01:26et une bouteille à la mer numérique,
01:29dit témoignage 50, 100, 200,
01:31c'est la plus grande affaire pédocriminelle certainement des dernières années,
01:34puisqu'il y a 208 plaintes,
01:36la moitié c'est pour des viols,
01:38dans un système dont on découvre la terreur,
01:44avec des témoignages très durs, très très durs,
01:49avec ce qu'Alain Esquer évoque comme étant,
01:52il veut une réflexion sur le sens du déni collectif,
01:54dont a souffert, il dit, la société béarnaise,
01:58et notamment les enfants.
02:00Et puis, il parle dans son livre de choses très dures,
02:03mais aussi de choses très belles,
02:05il parle de cet enfant qui a été violé à plusieurs reprises,
02:08qui devient élève surveillant dans les dortoirs,
02:12et les élèves surveillants qui avaient été abusés
02:14pouvaient reproduire cette violence,
02:18et ce crime auprès d'enfants,
02:22et il y a eu un élève surveillant
02:24qui a été un ange,
02:25puisqu'il a permis de protéger,
02:28de sauver certains gamins,
02:30du père Caricard,
02:31qui était le père supérieur.
02:33Le portrait de ce père-là,
02:35c'est quelqu'un qui peut violer un enfant,
02:37alors que son enfant vient d'enterrer son père,
02:40le jour même.
02:41Donc c'est un enfant qui enterre son père,
02:43que la famille redonne à l'institution religieuse le soir même,
02:47et il est violé le soir même,
02:48par l'autorité religieuse,
02:50par le représentant de Dieu pour lui.
02:51Donc on touche au très fond de quelque chose,
02:56de très noir,
02:57c'est des ténèbres,
02:59mais il se lève en berne des lumières avec M. Esquin.
03:02Oui, je vous sens très émue, Olivier,
03:07effectivement.
03:08Parce que j'ai des copains qui ont fréquenté cet établissement,
03:12l'un d'entre eux m'a dit,
03:13non Olivier,
03:14j'en parle pas.
03:16Mais bon, bravo au collectif des victimes.
03:20Olivier, ce livre,
03:22effectivement,
03:22qui est publié aux éditions Michel Laffont aujourd'hui,
03:25où s'exprime la fille de François Bayrou,
03:27Hélène Perlan,
03:28s'appelle justement,
03:29dans le silence de Bétarame.
03:31Notre-Dame du silence, oui.
03:33Vous qui êtes de cette région,
03:35est-ce que vous en aviez entendu parler ?
03:38On savait,
03:39tout enfant du Grand Sud-Ouest,
03:40qui a ses résultats scolaires qui dévissent,
03:43nos familles nous disaient,
03:45attention,
03:46si tu te rattrapes pas,
03:47tu pars à Bétarame.
03:49Bétarame,
03:49c'est une vallée pyrénéenne très encaissée,
03:52au bord du Gave,
03:52c'est un bâtiment très gris,
03:55qui est lugubre,
03:56dans l'imaginaire des jeunes enfants du secondaire,
03:59dans le Grand Sud-Ouest,
04:00vous disiez,
04:01surtout,
04:01il ne faut pas qu'on aille là-bas.
04:03On savait que la gifle était facile,
04:05on ne devinait pas les crimes pédocriminels,
04:08ceux qui ont essayé d'intenter,
04:10ainsi va la politique,
04:11elle est des fois ô combien violente,
04:13ceux qui ont essayé de faire croire
04:15que le Premier ministre,
04:16à couvert des crimes pédocriminels,
04:19se sont comportés de manière abominable,
04:21ils se sont peu intéressés à Bétarame,
04:23ils n'en ont jamais,
04:24d'ailleurs,
04:24ils ne le connaissaient pas,
04:25avant que François Baigrou,
04:27certainement,
04:27arrive à Matignon,
04:28donc tout ça n'a pas aidé,
04:30je l'ai trouvé remarquable,
04:32dans sa réaction,
04:34puisqu'il a donc pris connaissance,
04:36de ce que Hélène,
04:37sa fille aînée,
04:37n'avait pas dit,
04:38pour protéger,
04:39très certainement,
04:40ses parents,
04:40puisque les victimes,
04:41alors que les parents doivent protéger les enfants,
04:44là,
04:44c'est les enfants qui n'ont pas parlé,
04:45pour protéger leurs parents,
04:48et là,
04:49la parole se libère en béarnes,
04:50c'est un tsunami,
04:53dans notre territoire,
04:54parce que,
04:55et aussi,
04:56le livre pose cette question,
04:58comment il y a pu avoir,
05:01un déni collectif,
05:04aussi installé dans la durée,
05:06le premier viol,
05:08arrive en 1957,
05:10et le dernier,
05:12en 2018,
05:14comment cela a-t-il été possible ?
05:15paraît effectivement incroyable.
05:16Alors,
05:16le livre apporte une contribution,
05:19Hélène Bayrou dit,
05:22on est dans un immense réfectoire,
05:25l'un d'entre nous,
05:26prend une gifle,
05:27une gifle monumentale,
05:29mais une bouffe,
05:31on est une centaine,
05:32on sort,
05:33personne n'en parle,
05:34et on rentre chez nous,
05:36personne n'en parle,
05:38et elle dit,
05:39ça ne parle pas,
05:40et on a besoin de,
05:42de comprendre,
05:43pourquoi ça ne parle pas.
05:44Et est-ce qu'on a un début d'explication,
05:47aujourd'hui,
05:47du mécanisme,
05:48certainement psychologique ?
05:50D'abord,
05:50les victimes,
05:52ne parlent pas,
05:54ou tardivement,
05:55pour différents,
05:57mécanismes,
05:59parce qu'elles se sentaient aussi sous,
06:01il ne faut pas oublier,
06:02que les agresseurs,
06:04sont les représentants de Dieu,
06:06et quand vous êtes dans des familles,
06:07très catholiques,
06:08très pieuses,
06:09moi j'ai beaucoup,
06:10je ne crois pas en Dieu,
06:11mais j'ai beaucoup de respect,
06:13pour ceux qui ont la foi,
06:14il y a,
06:15un marqueur en plus,
06:18qui est difficile,
06:20et puis,
06:20j'ai parlé avec des victimes en Béarn,
06:22qui m'ont contacté par les réseaux sociaux,
06:24et après,
06:24je les ai appelés,
06:26et aussi le fait de ne pas être cru.
06:27Olivier d'Artigol,
06:30merci pour ce témoignage,
06:32c'est nous qui le sommes,
06:33merci en tout cas,
06:35merci pour ce témoignage,
06:36merci Vincent Roy,
06:37d'avoir été avec nous,
06:39on se retrouve,
06:40moi aussi,
06:40je vous écoutais avec émotion,
06:42on se retrouve pour Europe 1 soir,
06:43à partir de 19h ce soir.