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00:00Pascal Proulx
00:01Bonjour à tous et bienvenue ce matin à l'heure des pros sur Europe 1 jusqu'à 9h30 sur CNew jusqu'à 10h30.
00:09L'affaire Betaram a connu hier un tournant de coupable.
00:13François Bayrou est devenu victime.
00:15Quand je dis coupable, j'ajoute des guillemets qui s'imposent.
00:19On reprochait à François Bayrou son silence durant ces années.
00:22On imaginait qu'il était plus ou moins au courant des violences qui existaient dans ce pensionnat
00:26et qu'il avait préféré ne rien dire.
00:28Depuis hier, cette thèse est mise à mal.
00:32Sa propre fille, Hélène, rapporte des faits graves.
00:35Lors d'un camp de vacances organisé sous l'autorité de Betaram,
00:39le père Lartiguet, décédé depuis, l'a roué de coups.
00:44Hélène Perlant était adolescente, nous étions en 1987.
00:47Elle n'a rien dit à ses parents.
00:49Et François Bayrou a découvert, ces dernières heures, son témoignage.
00:53Accuser François Bayrou de cacher des violences qu'il saurait alors que sa fille agressée ne lui a rien dit,
01:01cette accusation ne tient pas.
01:02En revanche, une question demeure.
01:04Pourquoi Hélène Perlant prend-elle la parole aujourd'hui ?
01:06Pourquoi si tard ?
01:08Pourquoi 38 ans après les faits ?
01:10Pourquoi n'a-t-elle rien dit à son père, à sa mère, ni à personne visiblement ?
01:15On pose souvent ces questions quant à la parole des victimes.
01:18Ce silence reste un mystère.
01:20Manifestement, il l'est pour ceux qui n'ont jamais subi ces traumatismes.
01:25Les autres comprennent.
01:26La vérité est parfois indicible.
01:29On est avec Sabrina Medjabers ce matin, avec Thomas Bonnet, avec Georges Fenech,
01:33avec Olivier Dartigolle et Philippe Bilger.
01:35Et c'est bien que nous ayons des hommes de la magistrature sur ce plateau,
01:40parce que l'affaire Bétarame pose évidemment plein de problèmes,
01:43et notamment cette prise de parole.
01:46Évidemment qu'on peut se taire pendant 30 ans, 40 ans, 50 ans.
01:50Mais ce n'est jamais très bien compris par l'opinion publique,
01:54sauf précisément peut-être par ceux, je le disais, qui ont été victimes de traumatismes.
01:58Alors, je vous propose peut-être de voir ce que disait,
02:02ou d'écouter de nouveau ce que disait François Bayrou hier,
02:05lorsqu'il a appris ce qu'avait subi, sa fille,
02:09et je rappelle, le père Lartiguet, Olivier Dartigolle, qui est de Pau,
02:15vous connaissez bien Bétarame.
02:17Bétarame, c'est à combien de kilomètres de Pau ?
02:1815 kilomètres.
02:20Et c'était, alors c'est un pensionnat qui était connu...
02:23Une institution religieuse, un collège et un lycée.
02:26Alors, ce qui parfois m'ennuie, il faut remettre tout en perspective sur l'époque.
02:32On fait parfois le procès, comment dire, à ces pensionnats catholiques d'avoir maltraité les enfants.
02:39C'était tout l'univers de ceux qui s'occupaient des enfants,
02:43qui parfois faisaient des choses absolument inadmissibles.
02:47On l'a vu dans le sport, parfois, avec des entraîneurs qui ont maltraité des jeunes enfants,
02:54qui ont 11 ans, 12 ans, 13 ans, qui venaient, pourquoi pas, dans des institutions sportives.
02:58On l'a vu dans toutes les écoles.
03:01Simplement, l'Église catholique a eu un mérite, c'est qu'elle en a parlé et elle a fait le ménage en son sein.
03:08Ce que tout le monde n'a pas fait.
03:09Je pense notamment au domaine du sport, parce qu'il y aurait beaucoup à dire sur les violences exercées
03:13contre les jeunes filles, notamment sportives, dans les années 70 et 80.
03:19Sur Bétarame, nous sommes très certainement sur la plus grande affaire pédocriminelle des dernières années,
03:24puisque les premiers cas remontent à 1957 et jusqu'à 2018.
03:29Grâce à un groupe Facebook, il y a donc aujourd'hui 208 victimes, dont plus d'une centaine pour viol.
03:36Mais je suis d'accord avec vous, partout dans la société où sur ces années-là,
03:40il y avait un accompagnement de la jeunesse, que ce soit dans le monde éducatif,
03:45ça s'est aussi passé dans le public ou sportif, il y a pu y avoir en effet des comportements de cette nature-là.
03:51Nous sommes sur Bétarame, sur quelque chose de très très particulier.
03:56Par exemple, vous, vous étiez adolescent, vous avez sans doute connu des gens qui allaient à Bétarame,
04:01et vous aviez ces échos-là ?
04:03Je peux avoir une minute ?
04:04Je vous en prie.
04:05Il n'y a pas un jeune dans le grand sud-ouest à qui on n'a pas dit un jour,
04:10attention, si tu ne redresses pas tes résultats scolaires, tu iras à Bétarame.
04:14C'est un bâtiment sinistre à la vue, gris, avec le gave, dans une vallée pyrénéenne assez encaissée.
04:23Quand vous êtes enfant dans le sud-ouest, vous n'avez surtout pas envie d'y aller.
04:27Ce qui se passe, c'est qu'on n'imaginait pas, donc on savait qu'on pouvait prendre une gifle.
04:33Ce qu'on ignorait, c'est les violences pédo-criminelles.
04:38Et dans ce que vous avez dit, ça m'a beaucoup touché,
04:40parce que j'en ai parlé avec le Premier ministre récemment.
04:42Et, bon, la politique n'est pas toujours belle, tu le sais, Georges,
04:47mais il y a quand même des personnes qui ont fait croire,
04:50qui ont voulu aller sur un terrain parce qu'il était à Matignon,
04:54qu'il aurait couvert des crimes pédo-criminels.
04:56Il vit aujourd'hui un véritable séisme personnel,
04:59mais il dit, je ne veux pas en faire une affaire personnelle,
05:01il faut parler des victimes.
05:03Pour vous donner un exemple, ils sont une centaine dans le dortoir,
05:07établissement où vous ne pouviez parler que,
05:08où vous deviez garder le silence 22h sur 24.
05:11Ils sont dans un dortoir, ils sont une centaine.
05:13L'un d'entre eux prend une gifle monumentale.
05:17Tous ces enfants sortent,
05:19personne ne part de cette gifle à l'un de ses camarades
05:22ou le soir en rentrant chez eux.
05:24Il y a un pensionnaire un jour,
05:26il s'appelle le petit Philippe Navarro,
05:28en juin 80.
05:30Il a une méningite foudroyante la nuit,
05:33ses camarades essayent de trouver un adulte qui n'en trouve aucun.
05:36Le matin, ce petit est mort.
05:38Ça ne parle pas.
05:40Et Hélène Bayrou a cette formule,
05:44ça ne parle pas.
05:46Et donc, c'est là où c'est abyssal,
05:48sur ce silence sur 40 ans,
05:51les élites béarnaises savaient que c'était
05:53un établissement difficile,
05:58mais sans s'imaginer ça.
05:59Et puis, dans la ténèbre, il y a aussi une lumière,
06:02et je veux donner son nom, son prénom,
06:03c'est Jean Rémy.
06:05C'est un élève qui a été violé à plusieurs reprises
06:08et après, il est devenu élève surveillant.
06:11Et souvent, les élèves surveillants qui avaient été violés
06:13faisaient vivre cet enfer à leurs camarades,
06:17à leurs condisciples.
06:18Sauf que ce Jean Rémy,
06:20ça a été un élève surveillant qui a été un ange
06:23parce qu'il a protégé les proies les plus faibles
06:26du père Caricard quand il s'approchait.
06:28Donc, il y a aussi des choses lumineuses dans les ténèbres.
06:33Et le livre qui sort aujourd'hui,
06:36le seul lanceur d'alerte a travaillé tout seul.
06:38Il ouvre simplement ce forum de discussion sur Facebook,
06:42c'est étonnant,
06:43en disant, voilà ce que j'ai à dire,
06:44s'il vous plaît, croyez-moi.
06:46Et les autres, parler,
06:48les dix premiers témoignages,
06:4920, 50, 200,
06:51il a monté son dossier tout seul en justice.
06:54Et aujourd'hui,
06:55le travail judiciaire est enfin enclenché.
06:58Il y a beaucoup d'émotions dans ce que vous dites
07:00et je vous comprends,
07:02puisque vous êtes de cette région.
07:05C'est Alain Esquer,
07:07qui effectivement a consacré d'ailleurs
07:09l'avant-dernier chapitre de son ouvrage
07:11à la fille de François Bayrou,
07:13qui l'a contactée elle-même.
07:15C'est important évidemment de le lire.
07:17Et lui-même était passé devant Bétara,
07:20mais il avait reconnu,
07:21c'est pour cela qu'il a eu cette idée
07:23de monter, vous dites, groupe...
07:24Il reconnaît effectivement quelqu'un
07:28qu'il a eu lorsqu'il était jeune
07:30et il dit que ce n'est pas possible
07:31que cette personne soit encore là.
07:33Et il monte.
07:33Alors moi, on m'a dit que c'était un groupe
07:34WhatsApp, Facebook.
07:37Et pendant quelques jours,
07:38il n'y a pas de témoignages
07:39et puis les témoignages ont afflué.
07:41Je voulais qu'on écoute François Bayrou hier.
07:43Comment vous dire ça de la manière
07:47la plus juste ?
07:51En tant que père de famille,
07:52ça me poignarde le cœur.
07:58Même si c'est une affaire très ancienne,
08:03puisqu'il y a, je ne sais pas, 35 ans,
08:05quelque chose comme ça,
08:06mais qu'on ne l'ait pas su
08:11et que des dérives de cet ordre
08:15aient eu lieu,
08:16pour moi, c'est presque insupportable.
08:20Mais en tant que responsable public
08:22qui dépasse le père de famille,
08:29c'est aux victimes que je pense.
08:32Ça n'est pas une affaire personnelle.
08:36Les travaux, l'écriture
08:38de ma fille
08:42sont tout entier centrés
08:46autour d'une question.
08:48Pourquoi est-ce qu'on n'en parle pas ?
08:52C'est la question, évidemment, essentielle,
08:56mais ça nous invite à beaucoup d'humilité,
08:59pour tout vous dire,
09:00Philippe Bilger et Georges Fenech.
09:01Pourquoi ?
09:01Parce que lorsqu'on prend des lunettes
09:03de 2025
09:05pour juger n'importe quelle époque,
09:06on parle souvent de 1940,
09:08on parle de 1960,
09:09on parle de la guerre d'Algérie,
09:11on parle de tous ces sujets-là,
09:12ça nous invite à l'humilité
09:14parce qu'il est très difficile
09:17lorsque soi-même,
09:18on n'est pas dans l'époque
09:19de comprendre
09:20comment cette époque,
09:22précisément, était.
09:23Et je fais juste un parallèle
09:25avec ce que disait François Mitterrand
09:26précisément sur cette période de 40.
09:29Il disait,
09:29la grande fracture
09:30entre les uns et les autres,
09:32c'est ceux qui ont connu cette période
09:33et ceux qui ne l'ont pas connu.
09:35Là, j'ai trouvé votre éditorial
09:38très fin, réellement.
09:39Non, mais sérieusement,
09:42parce que vous...
09:45on pourrait tenter
09:46par une approche
09:47un peu sommaire,
09:49simpliste,
09:49de dire
09:50mais comment se fait-il
09:51que ces êtres
09:52jeunes
09:53qui ont subi le pire
09:55n'aient jamais parlé,
09:56n'aient jamais dénoncé ?
09:58Et pourtant,
09:59vous pointez bien
10:00dans votre éditorial
10:01le fait...
10:02Et d'ailleurs,
10:02la fille de François Bayrou
10:04l'explique très très bien
10:06dans l'entretien
10:07qui a été donné
10:08à Paris Match.
10:09Elle explique
10:09comme chacun peut être enquisté
10:13dans sa propre douleur
10:15et il ne veut surtout pas
10:16la communiquer.
10:19Et donc,
10:20à un moment donné,
10:21les êtres parviennent
10:23à parler
10:23dans ce domaine
10:24comme dans d'autres.
10:25C'est évident
10:26et il ne faut surtout
10:28pas se moquer.
10:29Peut-être,
10:30parfois,
10:30et j'ai été tenté
10:31de le faire,
10:32de ces êtres
10:33qui attendent
10:34des années,
10:35des années
10:35pour révéler
10:36le pire
10:37dont ils ont été évités.
10:39Ce sont des enfants
10:39qui ont voulu protéger
10:40les parents
10:41et ce sont des enfants
10:43qui sont devenus
10:45des adultes
10:45détruits d'intérieur.
10:47Un grand nombre
10:47d'entre eux,
10:48moins une dizaine,
10:49se sont suicidés.
10:51Mais ce type
10:53d'agression,
10:55certains ne s'en remettent
10:57jamais
10:57et peut-être même
10:58ne s'en remettons jamais.
11:00Moi,
11:00j'étais très bouleversé
11:02par le récit
11:02d'Olivier.
11:05Ce qui m'étonne
11:06quand même,
11:06c'est que
11:07cette longue durée
11:08où personne
11:09n'a rien vu.
11:11Le silence total
11:12derrière ces murs
11:14qui étaient
11:14les murs de l'enfer,
11:16les murs de la torture,
11:17du crime.
11:17Le goulag
11:18des pires.
11:18C'est hallucinant.
11:20D'où,
11:20si vous voulez,
11:21moi je pense
11:22à tous les services
11:23qu'ont-ils fait.
11:25Et je pense aussi
11:26que ça rappelle
11:28la nécessité
11:29pour les services
11:31de l'État
11:31d'opérer
11:32des visites
11:34inopinées
11:34dans les établissements
11:35qui sont sous contrat
11:37ou hors contrat
11:38davantage encore.
11:39c'est seulement
11:40ces mesures-là
11:41qui peuvent
11:41révéler
11:42des faits
11:43d'une gravité
11:44certaine.
11:45Voilà,
11:45je crois qu'on a
11:46beaucoup progressé
11:47effectivement
11:48depuis cette époque
11:50mais on n'est pas
11:51à l'abri
11:52d'un nouveau
11:52bétarame
11:52quelque part.
11:53C'est ça
11:54que je suis en train
11:54de vous dire.
11:54Mais Georges,
11:55j'ai été longtemps
11:56dans le sport.
11:58Les témoignages
11:59que j'ai reçus
12:00de l'INSEP
12:01dans les années 70-80,
12:04l'INSEP,
12:05qui sont des témoignages
12:08que je n'ai jamais
12:08vérifiés par définition,
12:10qui sont simplement
12:10des conversations
12:11qu'on nous rapporte,
12:13des gens qui disent
12:14voilà ce qui se passait.
12:16Que voulez-vous
12:16que je vous dise ?
12:17C'était effectivement
12:19le rapport
12:20les encadrants
12:22à l'époque
12:22avec les enfants
12:23se sont conduits
12:25d'une manière
12:26parfaitement
12:27oui, criminelle.
12:29Absolument.
12:29Bien sûr.
12:30François Bayrou,
12:31pas tous.
12:32Non.
12:32Bien sûr,
12:33pas tous.
12:34Évidemment.
12:35Mais il y a eu
12:36des agissements
12:37qui ont été couverts
12:38par toutes les hiérarchies
12:40de tous ceux
12:41qui encadraient
12:42les enfants
12:43à cette époque-là.
12:44Et c'est une réalité,
12:45je vous assure,
12:46dans le sport.
12:48Alors, il y a eu
12:48des témoignages
12:49régulièrement
12:50des jeunes femmes
12:51qui ont témoigné
12:52le rapport
12:52avec leur entraîneur
12:53notamment dans le patinage
12:55artistique,
12:55on s'en souvient.
12:56Écoutez M. Bayrou
12:57une deuxième fois
12:57qui évoque cette fois-ci
12:59sa fille
13:00qui ne lui avait rien dit.
13:03Votre fille,
13:04vous n'en avez jamais parlé ?
13:06Non, pourtant je parle
13:07très souvent avec elle.
13:09Mais,
13:12comme vous savez,
13:14tous les parents
13:15sont comme ça.
13:16mes enfants sont
13:17comme la prunelle
13:19de mes yeux.
13:21Chacun d'entre eux.
13:22Et donc,
13:23elle en premier
13:23puisque c'est l'aîné
13:24de mes enfants.
13:26Non, on parle
13:27de tas de choses,
13:28elle n'avait jamais
13:29parlé de ça.
13:29Une volonté aussi
13:31très classique
13:32chez les enfants,
13:33pas tant d'ailleurs
13:33lorsqu'ils sont
13:34dans leur prime jeunesse,
13:36mais ensuite,
13:37c'est souvent
13:37de ne pas inquiéter
13:38leurs parents.
13:39Lorsqu'ils deviennent
13:39adolescents,
13:40lorsqu'ils deviennent
13:40adultes,
13:41ils n'ont pas envie,
13:42leurs parents parfois
13:43ont pris un peu de l'âge,
13:44et ils n'ont pas envie
13:45de les inquiéter
13:47par des soucis
13:49personnels
13:49qu'ils peuvent avoir.
13:51Donc très souvent,
13:52moi j'entends
13:53des parents
13:53qui disent
13:53comment ma fille
13:55ou mon fils
13:57ne me dit pas
13:57qu'il ne va pas bien
13:58ou qu'il ne va pas bien,
13:59il n'ose peut-être pas,
14:01etc.
14:01Et je m'en aperçois
14:02quand même,
14:02je le vois.
14:03Mais il y a une pudeur,
14:05une délicatesse,
14:06appeler ça comme...
14:06Et puis on était
14:07dans une époque,
14:08si vous le permettez,
14:09non mais aujourd'hui encore,
14:10où très naturellement
14:13le mouvement des parents,
14:15et ça n'était pas le cas là
14:16en l'occurrence,
14:17mais était de venir
14:19au soutien
14:20de ces hiérarchies,
14:22de ces univers officiels,
14:25alors qu'aujourd'hui,
14:26je dirais,
14:27on a radicalement
14:28changé de cap.
14:30Sophie Prima
14:31s'est exprimée
14:32à des porte-parole
14:33du gouvernement,
14:34elle était avec Sonia Mabrouk
14:35tout à l'heure
14:35sur Europe 1,
14:36je propose de l'écouter.
14:38C'est une histoire
14:39qui est générale,
14:41qui est malheureuse,
14:41et là aussi je veux penser
14:42aux nombreuses,
14:43voire très nombreuses
14:45victimes de cet établissement
14:46et des méthodes
14:47de cet établissement,
14:48dont la fille
14:49de François Béraud.
14:50C'est aussi une histoire
14:51personnelle
14:51qui est extrêmement
14:53blessante,
14:55je pense,
14:55pour lui,
14:55difficile.
14:57On a tous des enfants
14:58et s'imaginer
14:59que pendant des années,
15:00ces enfants n'ont pas,
15:01par culpabilité,
15:03n'ont pas osé
15:03exprimer
15:05ce qu'ils avaient vécu,
15:06ça doit être extrêmement
15:08difficile à titre personnel.
15:10Je pense que ça n'exonère
15:11pas le Premier ministre,
15:12mais ça n'exonère
15:13personne en réalité,
15:14parce que pendant
15:15toutes ces années,
15:17il y a un écosystème,
15:20il y a beaucoup d'élus,
15:22beaucoup de personnes
15:22autour de cet établissement,
15:24beaucoup d'élèves
15:25qui ont participé
15:27à cette vie.
15:32Le Premier ministre
15:33n'est pas au centre de tout,
15:34comme sa fille
15:35n'est pas au centre de tout.
15:36Bon, ça n'exonère pas,
15:37François Bayot.
15:38J'ai l'impression
15:39que cette phrase
15:39a un peu échappé.
15:40Il n'y a pas un fil conducteur
15:42intellectuel
15:43dans sa démonstration.
15:44Je ne sais pas
15:45ce qu'elle veut dire,
15:46Madame Puy.
15:46Je pense que comme vous
15:46que ça lui a échappé,
15:47je pense que je veux dire
15:48que le Premier ministre,
15:48comme les autres parents peut-être,
15:50n'a pas été au courant
15:51et qu'il n'est pas...
15:52C'est plutôt ça,
15:53comme ça que je l'interprète.
15:54Oui, je ne pense pas
15:54que ça ne l'exonère pas
15:56sur sa responsabilité,
15:57etc.
15:57Je n'imagine pas.
15:59Politiquement,
16:00vous trouvez que...
16:06Je ne peux que me dire
16:11que c'était absolument abject
16:13l'instrumentalisation politique
16:14qui a été faite de ce dossier.
16:15Depuis le départ,
16:16pourquoi ce dossier
16:17est utilisé par une partie
16:19de l'échiquier politique
16:20pour nuire à François Bayot
16:21parce qu'il était à Matignon ?
16:23Au détriment des victimes.
16:24Certains s'en fichaient totalement.
16:25C'était simplement
16:25pour montrer qu'il y avait
16:26une forme d'implication
16:29du Premier ministre.
16:30Je trouve ça absolument abject
16:31et je suis très marqué
16:34par la déclaration hier
16:35de François Bayrou.
16:36Vous savez,
16:36on a connu la fin de vie.
16:38Et l'instrumentalisation
16:40est d'autant plus abject
16:41qu'ici ou là,
16:43on prétend que derrière
16:45cet entretien
16:46dans Paris Match,
16:47il y a un processus
16:49de connivence délétère
16:50entre le Premier ministre
16:52et sa fille
16:53en raison de la future audition
16:56de François Bayrou
16:57le 14 mai.
16:59Ça, c'est odieux.
17:00Bon, et puis,
17:01disons-le,
17:02il y a aussi une instrumentalisation
17:04contre le monde catholique
17:05qui est faite,
17:06bien sûr,
17:06et je le répète
17:07et chacun le sait,
17:10c'est un problème général
17:12de toute la société
17:13qui traitait mal,
17:15parfois,
17:16pas toujours,
17:17certains enfants,
17:18surtout lorsqu'ils étaient
17:19dans un système
17:20de pensionnat
17:21et on retrouve ça
17:22dans le sport,
17:23j'ai cité tout à l'heure,
17:24l'INSEP.
17:25On ne peut pas ignorer
17:25la commission sauvée,
17:27on ne peut pas ignorer
17:28tout ce qui s'est passé.
17:29Oui, mais parce que
17:29la commission sauvée,
17:30elle, elle a fait le ménage.
17:32Pardonnez-moi,
17:32les autres institutions
17:33ne l'ont pas fait.
17:34Bien sûr.
17:35C'est ça que je veux vous dire.
17:36Ça a existé.
17:37Mais bien sûr
17:39que ça a existé.
17:40Mais, comment dire,
17:41ce n'est pas le fait
17:42des catholiques,
17:43c'est ce que je veux vous dire.
17:44L'instrumentalisation
17:46qui est faite parfois
17:47en mettant un lien
17:48de causalité
17:49entre le catholicisme
17:50et ses brimades
17:51est parfaitement odieux.
17:53Bien sûr.
17:53C'est ça que je veux dire.
17:54Disons, on peut s'interroger
17:56ni plus ni moins.
17:58On peut tout de même
17:58s'interroger.
17:59Ce n'est pas le catholicisme
18:00qui était responsable de ça.
18:01On peut tout de même
18:02s'interroger
18:03pour savoir
18:04comment,
18:05dans la tête de catholiques,
18:07on peut germer
18:08l'idée de telle pratique.
18:11Mais ça s'appelle
18:11le diable,
18:12cher ami ?
18:12Oui, oui, non, mais...
18:14Ça s'appelle le malin
18:14dont parle très souvent
18:16M. Joseph Massescaron,
18:18c'est le diable.
18:19Oui, mais...
18:19Le diable est un ange déchu,
18:21je vous le rappelle.
18:21C'est une conception...
18:23Mais les catholiques croient...
18:24Quand vous croyez en Dieu,
18:25vous croyez au diable,
18:27m'a expliqué Joseph Massescaron
18:29sur ce plateau
18:30il y a 48 heures.
18:31Donc le diable existe
18:32pour les catholiques en tout cas.
18:33Je n'en doute pas,
18:34mais il est étonnant
18:35que ceux qui croient en Dieu
18:37cultivent le diable
18:39dans certains moments
18:40de leur équipe.
18:41Mais ils ne le cultivent pas.
18:42Ah si.
18:42Ils murmurent,
18:43je cite Joseph Massescaron,
18:45ils murmurent.
18:47Je ne suis pas un spécialiste
18:48du diable.
18:50Je voudrais qu'on écoute
18:51Hélène Perlant.
18:52C'est l'âme humaine,
18:53mais...
18:53Oui, en plus,
18:54ne jouez pas le naïf.
18:56Ne faites pas le naïf,
18:57vous savez très bien,
18:58l'âme humaine
18:58est la raison.
19:00Non, mais on peut
19:01s'interroger.
19:02Mais écoutez,
19:03pense le pire d'un homme,
19:04tu es encore en dessous
19:04de la vérité.
19:06Oui, je suis assez d'accord.
19:07J'espère,
19:08cette phrase n'est pas de moi,
19:11mais je ne la pense pas.
19:12Dans les années 70,
19:13il faut quand même rappeler
19:14qu'il y a une partie de la gauche
19:15qui avait théorisé ce genre de choses.
19:17Eux ne sont jamais revenus là-dessus.
19:19Remarquable l'intervention
19:20de Thomas Bonnet.
19:22Je n'osais pas l'évoquer.
19:23Remarquable l'intervention
19:24de Thomas Bonnet.
19:24On pourrait citer
19:25un éditorialiste célèbre
19:28qui faisait l'apologie
19:30du rapport avec les enfants
19:31sur un plateau d'apostrof.
19:32Je n'osais pas l'évoquer.
19:36Et je n'ai pas vu, effectivement,
19:37les intellectuels
19:38qui prenaient la parole
19:40dans ces années-là
19:40aujourd'hui faire amande d'orale.
19:43Il y avait une idéologie
19:44qui semblait justifier
19:45de l'autre côté.
19:47Donc l'instrumentalisation,
19:48on est là, effectivement,
19:49pour mettre en perspective
19:50les choses et voir
19:51cette instrumentalisation
19:53telle qu'elle est parfois
19:54mise en place.
19:55Hélène Perlant,
19:56elle était sur France Inter
19:56ce matin.
19:57Je vous propose de l'écouter.
19:59Et vous n'avez rien dit.
20:01Je n'ai à personne.
20:02À personne.
20:03Pas à vos parents,
20:04pas à personne.
20:05Pas à moi-même.
20:06À moi-même,
20:07je sais que j'ai été agressée.
20:10Je me demande un peu
20:11pendant plusieurs années
20:12pourquoi je réfléchis,
20:13alors sans aucune culpabilité,
20:15mais pourquoi je n'ai pas
20:16quitté ce groupe,
20:17été porté plainte.
20:18C'est quelque chose
20:19qui me travaille
20:20mais comme une vraie question ouverte.
20:22Donc, à partir de là,
20:23moi, je fais partie des gens
20:24qui ont tout de suite
20:24commencé à réfléchir
20:25à ce qui se passait
20:26dans ce type de violence.
20:27Il a fallu tout le livre d'Alain
20:29pour que je comprenne
20:30comment ça fonctionnait
20:31et que je parte avec lui
20:33pour dire
20:33OK, on va vous expliquer
20:35de l'intérieur,
20:35petit à petit.
20:36Comment ça fonctionne,
20:37ce silence ?
20:38Donc, je le rappelle,
20:39c'est dans un camp d'été
20:40dans les Pyrénées,
20:41une quarantaine de personnes,
20:42c'est sous l'autorité de Bétaram,
20:43élève, moniteur,
20:44un soir,
20:44alors qu'on déballe
20:45nos sacs de couchage,
20:46écrit-elle,
20:47dit-elle à Paris Match,
20:48l'artiguais me saisit
20:49tout d'un coup par les cheveux,
20:50il me traîne au sol
20:51par plusieurs mètres
20:52et me roue
20:53de coups de poing,
20:54de coups de pieds,
20:55sur tout le corps,
20:56sur tout dans le ventre,
20:57il pesait environ 120 kg.
20:58Pour parler crûment,
20:59je me suis uriné dessus
21:00et suis resté toute la nuit
21:02comme ça,
21:02humide et prostrée
21:03dans le monde duvet.
21:04Alors, quand j'ai lu ça,
21:05je me suis dit,
21:05mais quand elle rentre
21:05chez ses parents,
21:07visiblement,
21:07ça doit se voir,
21:08mais entre le moment
21:09où elle est frappée
21:10et le moment où elle rentre
21:11chez ses parents,
21:11il se passe du temps.
21:12Donc, les échymoses sont bonnes.
21:15Il est intéressant de voir,
21:17Pascal,
21:18les motivations qu'elle donne
21:20de ces terribles violences.
21:22Elle dit,
21:23j'étais trop insolente,
21:24on a voulu me donner une leçon.
21:26Oui, mais c'est...
21:27Tu es insolente
21:28comme ton père.
21:29Mais pardonnez-moi,
21:31ça, ça existait,
21:32enfin,
21:33tous les gens de ma génération
21:34ont vu,
21:36dans l'école,
21:37parfois publique,
21:38dans le sport,
21:39des professeurs
21:40lever la main
21:41sur des enfants.
21:43Il n'y a pas une personne
21:44qui n'a...
21:45Vous-même,
21:45j'imagine que vous l'avez vu
21:47dans le monde du sport
21:48puisqu'on est de la même génération.
21:50Vous pareil,
21:50genre les filles,
21:51nous sommes d'accord.
21:52Aujourd'hui,
21:53ça n'existe plus.
21:54Moi, je l'ai vécu au lycée
21:55en tant que pensionnaire.
21:57On recevait des gifs,
21:59on recevait des coups de règles,
22:01on recevait des...
22:02Donc, c'est important
22:05pour la jeune génération
22:07de rapporter ces...
22:09Avec une dimension,
22:09parce que j'ai lu
22:10beaucoup de témoignages
22:11des victimes de Béteram,
22:12avec une dimension
22:14dans le milieu catholique,
22:16c'est que les parents
22:17confiaient donc
22:17ces enfants
22:18à une institution
22:19qui était certes sévère,
22:21mais qui jouissait
22:21d'une très bonne réputation
22:22sur le plan éducatif.
22:23Et les victimes
22:25ont certainement voulu
22:26protéger leurs parents,
22:28mais aussi,
22:29leur agresseur
22:29était le représentant
22:30de Dieu.
22:31Oui.
22:31Et ils disent donc
22:32que c'était pour eux
22:33quelque chose
22:34de déchirant
22:36ô combien.
22:37Une autre anecdote,
22:38l'un des petits
22:39qui enterre son père
22:40à la journée
22:41est récupéré
22:42par le père Caricard
22:43le soir,
22:44et le soir même,
22:45le père Caricard
22:45le viole.
22:47Et il évoque donc,
22:49on ne peut même pas
22:51mettre des mots
22:51là-dessus,
22:53qu'il a compris
22:55plus tard
22:55que c'était un viol
22:56parce qu'au début,
22:57il pensait que c'était
22:58une protection.
22:59Après,
23:00les obsèques
23:00de son père.
23:03Je ne sais pas
23:04si on a un dernier
23:04témoignage
23:06à vous faire écouter
23:07sur ce sujet.
23:08Mathilde Panot
23:09s'est exprimée,
23:10elle était ce matin
23:10sur TF1,
23:11me dit Marine Lançon,
23:11écoutons-la.
23:13Il y a une différence
23:14en ce qui concerne
23:15la famille
23:16Bayrou,
23:17la relation entre
23:17un père
23:18et une fille
23:19et le volet politique,
23:21ce qui nous intéresse
23:21nous dans le cadre
23:22de la commission
23:23d'enquête
23:23portée notamment
23:24par l'insoumis
23:25Paul Vannier
23:25qui est un scandale
23:27d'État
23:27avec un Premier ministre
23:28qui a menti
23:29à plusieurs reprises
23:30devant la représentation
23:31nationale,
23:32encore récemment
23:33un gendarme
23:33et un magistrat
23:35ou redit
23:36que François Bayrou
23:37savait lorsqu'il était
23:38ministre de l'Éducation
23:39mais aussi président
23:40du Conseil départemental
23:41donc en charge
23:42de la protection
23:43de l'enfance
23:43et c'est ce que
23:44nous essayons de savoir
23:45le 14 mai
23:46lorsque François Bayrou
23:48sera auditionné
23:49sous serment
23:50par la commission
23:51d'enquête.
23:51Si cet homme de justice
23:52et si ce gendarme
23:53sont tellement faits,
23:55pourquoi ils n'enclenchent pas
23:56l'article 40
23:57à l'époque ?
23:58Comme c'est vrai ?
23:59Oui, bien sûr.
24:00Le carillon a fait
24:01un autre juge
24:02dans une affaire finaire.
24:04Le carillon d'Europe 1
24:05et vous le savez
24:06cette semaine
24:06notre ami Thomas
24:07il était en vacances
24:08définitives.
24:10Non, pas définitive.
24:11Il reviendra
24:12la semaine prochaine
24:12parce que le vrai titulaire
24:13c'est Jean-Pierre Foucault.
24:15Il revient à l'adis.
24:15Titulaire, il est là
24:17cher Jean-Pierre.
24:18Comment allez-vous ?
24:19Je vais très bien
24:19mon cher Pascal.
24:20Nous serons sans doute
24:21un peu plus légers
24:22que les propos
24:23que vous avez tenus
24:24il y a quelques instants
24:25qui sont assez préoccupants.
24:27Merci en tout cas.
24:28Vous êtes de retour
24:29à 11h j'espère ?
24:30Je suis de retour
24:31à 11h bien sûr
24:33et nous aurons le plaisir
24:34d'échanger encore
24:35ensemble.
24:36Et tous nos échanges
24:37d'ailleurs
24:38seront publiés
24:39à la fin de l'année
24:40dans un coffret
24:41pour Noël.
24:42Un coffret cadeau
24:43pour Noël
24:43qui sera exceptionnel.
24:45Pensez à réserver
24:46ce coffret cadeau.
24:47Merci Pascal.
24:48A tout à l'heure.

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