Les informés de franceinfo du vendredi 18 avril 2025
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00:00– Merci à tous d'être avec nous pour les informés du matin.
00:09Rendez-vous quotidien de décryptage de l'actualité sur France Info tous les matins à 9h30.
00:14Deux événements d'actualité du jour sur France Info Radio et France Info Télé,
00:18Canal 27, tous les jours avec Renaud Delis.
00:21Bonjour Renaud. – Bonjour William.
00:22– Autour de cette table, nos deux informés du jour.
00:25Julie-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info.
00:27Bonjour Julie et Jean-Jérôme Bertolus, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:33Vous êtes tous les trois ici pour parler d'un de ces faits d'actualité des derniers jours,
00:37ces séries d'attaques, Renaud, perpétrées contre des prisons et des agents pénitentiaires menacés.
00:42– Pas de nouvel incident à ce stade, en tout cas la nuit dernière,
00:46mais vous le disiez William, une série d'attaques, des prisons visées,
00:51des véhicules incendiés appartenant à des agents pénitentiaires,
00:54des surveillants, des agents pénitentiaires menacés d'ailleurs jusqu'à leur domicile,
00:59et puis même des tirs sur une prison, celle de Toulon il y a quelques jours.
01:04Et toujours pas aujourd'hui de pistes qui soient définies très clairement.
01:09Le procureur du Parc national antiterroriste le disait hier sur France Info,
01:13pas de pistes privilégiées.
01:15Plusieurs sont évoquées, celles des narcotrafiquants,
01:18celles d'activistes d'ultra-gauche, voire d'autres.
01:21En tout cas Gérald Darmanin, le garde des SAUE, son confrère, son collègue,
01:25ministre de l'Intérieur Bruno Rotaure, ont adressé hier au préfet
01:27et au directeur d'administration pénitentiaire une directive
01:31afin de renforcer la surveillance, la protection des prisons,
01:34et puis bien sûr des personnels.
01:36Donc on évoque des patrouilles, des dispositifs de détection de véhicules,
01:40de faire mieux remonter les signalements au moindre incident, à la moindre menace.
01:44Est-ce que cela peut être suffisant pour protéger les agents pénitentiaires ?
01:48Voici la réponse ce matin sur France Info de David Mention,
01:50qui est le représentant du syndicat pénitentiaire UFA Punsa de Toulon.
01:55On ne peut pas mettre un policier ou un gendarme derrière chaque agent
01:59quand il rentre chez lui.
02:01Après effectivement, là pour l'instant, on va dire,
02:04il y a un pansement qui est mis avec des patrouilles,
02:06avec les forces de police,
02:08mais elles aussi n'ont pas des effectifs extensibles.
02:13et il va falloir mettre en place des mesures pérennes,
02:16des sécurisations de sites,
02:18des moyens qui limitent les communications des détenus
02:22qui détiennent malheureusement des téléphones portables
02:24parce qu'on ne peut pas les fouiller comme on le souhaite,
02:26pour éviter qu'ils puissent communiquer à l'extérieur.
02:28Alors comment assurer durablement la sécurité des prisons et des agents pénitentiaires ?
02:33Pourquoi est-ce que l'enquête semble assez compliquée à ce stade ?
02:36Qu'il n'y a pas encore de pistes qui soient clairement déterminées ?
02:39Et puis au-delà, quel est l'impact ?
02:40Quelles sont les conséquences politiques de cet événement ?
02:44En particulier pour le garde des Sceaux,
02:45Charles Darmanin bien sûr,
02:47mais aussi pour le ministre de l'Intérieur Bruno Rotaillot,
02:49c'est-à-dire pour le tandem régalien du gouvernement,
02:51et puis au-delà d'ailleurs,
02:52pour la crédibilité du gouvernement tout entier.
02:54Julie-Marie Lecomte, on le voit,
02:56c'est un défi pour les enquêteurs
02:57qui tentent de résoudre et de trouver des suspects
03:00à ces attaques contre les prisons.
03:01C'est un grand, grand défi aussi pour le gouvernement.
03:03Oui, c'est un défi politique
03:05parce qu'effectivement, on est quasiment une semaine
03:07après l'ouverture de ce fil,
03:09de cette conversation sur la messagerie cryptée Telegram
03:13qui depuis a été fermée.
03:16Gérald Darmanin a désigné les narco-trafiquants
03:22et il s'est enfermé dans un raisonnement finalement
03:24assez piégeux.
03:25Le raisonnement de Gérald Darmanin,
03:27c'est de dire des puissants m'attaquent,
03:29des puissants me défient,
03:30ça signifie que je suis puissant moi-même.
03:33Sauf qu'aujourd'hui, Renaud le rappelait,
03:35on n'a aucune idée de qui est véritablement
03:39à l'origine de ces attaques.
03:43Et l'exécutif, le gouvernement,
03:45les deux ministres cités par Renaud,
03:47Bruno Retaillot et Gérald Darmanin
03:49sont confrontés à un triple échec.
03:52D'abord parce que ni le renseignement intérieur
03:56ni le renseignement pénitentiaire
03:57n'ont su prévenir.
03:59Oui, et des attaques assez violentes.
04:00On le disait, des coups de feu.
04:02C'est-à-dire qu'ils ont des agents
04:03qui sont suivis même jusqu'à chez eux.
04:05Le gouvernement a été pris de court.
04:10Gérald Darmanin, Bruno Retaillot,
04:13Emmanuel Macron aussi a dit
04:14que les auteurs vont être attrapés,
04:18condamnés et jugés.
04:20Il a tweeté quand même Emmanuel Macron,
04:23essentiellement pour apporter son soutien
04:26au personnel pénitentiaire,
04:29mais pour dire aussi
04:30que la République ne va pas se laisser attaquer.
04:36sans réponse, sauf qu'aujourd'hui
04:38le gouvernement est coincé
04:40dans un registre du déclaratif.
04:44Et puis le troisième échec,
04:46d'une certaine manière,
04:47c'est qu'aujourd'hui,
04:48le gouvernement doit réfléchir
04:49à des mesures de protection.
04:51Ça veut dire qu'il s'installe
04:52dans le registre de la défense.
04:55Et être dans la défense,
04:56d'une certaine manière, c'est subir.
04:57Jean-Jérôme Bertolus, vous aussi,
04:59vous vous dites que le gouvernement,
05:00a fortiori Gérald Darmanin,
05:02le garde des Sceaux
05:03et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retaillot,
05:05se sont un petit peu enfermés dans un piège
05:06en attaquant avec ce qui semble être
05:08une réponse à cette politique de fermeté
05:10pour les détenus les plus dangereux.
05:12On verra.
05:13On verra, effectivement,
05:15les résultats de l'enquête.
05:17C'est vrai que le patron
05:19du parquet national antiterroriste
05:22sur l'antenne de France Info
05:23était très prudent
05:24quant aux différentes pistes,
05:26ne privilégiant cette semaine
05:27aucune piste.
05:28Est-ce que son parquet a été saisi ?
05:29Mais pour l'instant,
05:30on ne sait pas si c'est terroriste
05:31ou si ça ne l'est pas.
05:32Mais quand même,
05:33on va dire que c'est une séquence politique
05:36spéciale et compliquée
05:38pour Gérald Darmanin
05:40parce que Gérald Darmanin,
05:41il a pris la place Vendôme,
05:43le ministère de la Justice,
05:44comme il avait pris Beauvau,
05:45c'est-à-dire avec pratiquement
05:46une annonce par jour,
05:48une politique très claire
05:49au niveau des Français,
05:50l'attaque,
05:51l'attaque,
05:52disons,
05:53des mesures contre le narcotrafic.
05:56Donc, l'hypothèse,
05:57effectivement,
05:57d'une réaction des narcotrafiquants
05:59est pour lui une hypothèse
06:02extrêmement importante.
06:04Et puis,
06:05Gérald Darmanin,
06:05il a,
06:06comment dire,
06:08par rapport aux autres
06:09prétendants à 2027,
06:12il faut qu'il trouve ses marques.
06:14Et là,
06:14ça serait possible
06:15qu'il trouve ses marques.
06:16Encore une fois,
06:17si la piste des narcotrafiquants
06:18était validée.
06:20Mais quand même,
06:20ça fait plusieurs défis
06:22pour Gérald Darmanin.
06:22D'abord,
06:23il ne faut pas que la situation
06:24empire.
06:25C'est vrai que,
06:26Dieu merci,
06:26il y a eu 48 heures de calme
06:28par rapport aux 3 jours,
06:29aux 3 nuits d'attaque.
06:30Mais il ne faudrait pas
06:31qu'il y ait un incident
06:32et un incident grave.
06:33Il doit protéger
06:34la population pénitentiaire.
06:37Et puis,
06:37à moyen terme,
06:38très vite,
06:39il doit affronter
06:40d'autres défis.
06:41C'est-à-dire que,
06:41cette population pénitentiaire
06:42et la question des narcotrafiquants,
06:45ce n'est pas seulement
06:45en créant deux prisons.
06:47On sait qu'aujourd'hui,
06:48les prisons sont
06:48des véritables passoires.
06:50On sait qu'il n'y a pas
06:51assez de moyens,
06:52que tous les détecteurs
06:53anti-drones
06:54sont en panne.
06:55La prison d'Aix-Luine,
06:58par exemple,
06:58qui a fait l'objet
06:59d'une attaque,
07:00il manque 60
07:01surveillants pénitentiaires.
07:03Il y a un détenu
07:04qui a été tabassé
07:05à mort
07:06dans la cour
07:07de la prison
07:08parce que les caméras
07:09de surveillance
07:10étaient en panne.
07:12Donc ça,
07:12c'est vraiment,
07:13pour Gérald Darmanin,
07:14c'est des défis
07:15qui sont devant lui
07:15parce qu'on ne peut pas
07:16faire une annonce par jour.
07:18Sans répondre
07:19aux vrais problèmes.
07:20et qui pourraient
07:21poser des véritables
07:23incidents
07:24à court et au moyen terme.
07:25Alors il y a cette question
07:26des prisons,
07:27de l'état des prisons,
07:28des conditions de détention,
07:29etc.
07:30C'est un sujet
07:30qui est d'ailleurs
07:31trop peu évoqué
07:32en règle générale
07:32dans le débat public
07:33et qui évidemment
07:34surgit
07:35à l'occasion
07:36de ces événements.
07:37Mais au-delà de ça,
07:38je pense que
07:38cet événement,
07:39cette série d'attaques,
07:41c'est un caractère
07:41foncièrement inédit.
07:42le caractère coordonné
07:45sur une grande partie
07:46du territoire,
07:47l'ampleur,
07:48la diversité aussi
07:49des modes d'action utilisés.
07:52Et c'est vrai
07:52que ça peut avoir
07:53des conséquences politiques
07:54extrêmement lourdes.
07:55Pourquoi ?
07:55Parce que
07:55quand on regarde
07:56par exemple
07:57les codes de popularité
07:58des différents ministres
07:59du gouvernement
07:59de François Bayou,
08:01on s'aperçoit
08:01qu'il y a trois ministres
08:03selon le dernier baromètre
08:05IFOP pour Paris Match
08:06qui se détachent
08:08des autres.
08:08Ce sont justement
08:09Gérald Darmanin
08:10et Bruno Retailleau,
08:11donc le garde des Sceaux
08:12et le ministre de l'Intérieur
08:1343% d'opinion favorable
08:15de mémoire
08:15et puis un troisième ministre
08:17qui est le ministre des Armées
08:19Sébastien Lecornu
08:20qui est au même niveau
08:20et tous les autres
08:21sont loin,
08:21très loin derrière.
08:22Ces trois ministres
08:23ce sont justement
08:24les ministres en charge
08:25des questions dites régaliennes
08:27de l'ordre,
08:28de la sécurité,
08:29de la protection
08:29et je pense que
08:30dans la période
08:31qu'on traverse
08:32en France et au-delà
08:32d'ailleurs en Europe
08:33il y a aussi
08:34une dimension géopolitique
08:35de désordre planétaire
08:36en quelque sorte.
08:37La menace militaire russe,
08:39le comportement
08:40de Donald Trump,
08:41la guerre commerciale
08:42enclenchée par les droits
08:42de douane
08:43et puis le discours
08:43aussi extrêmement anxiogène
08:45tenu il y a à peine
08:4648 heures par François Bayrou
08:47sur la situation
08:48des finances publiques
08:49et de l'économie du pays.
08:51La survie même
08:52du pays est en jeu
08:52disait le Premier ministre.
08:53Dans ce contexte-là,
08:56ces ministres régaliennes
08:57sont particulièrement importants.
08:59Donc si cette enquête
08:59n'aboutit pas rapidement,
09:01les conséquences politiques
09:03pour le gouvernement
09:03peuvent être extrêmement lourdes.
09:04Un coût extrêmement lourd
09:05pour la suite de ces attaques
09:08contre des prisons.
09:09Merci à tous les trois.
09:10On va se retrouver
09:10dans quelques instants
09:12pour un deuxième thème
09:13sur la France
09:14qui pourrait éventuellement
09:15devenir un refuge
09:16pour les chercheurs américains.
09:17On sait que ça se passe
09:19assez difficilement
09:20entre Donald Trump
09:21et les chercheurs américains.
09:22On en parle juste après
09:22le fil info
09:22de 9h15 avec Magali Aumont.
09:25Des centaines de milliers
09:27de bouteilles de Perrier
09:28bonnes à jeter
09:29après de nouvelles contaminations
09:30dans son usine de Vergès.
09:32C'est une information France Info.
09:33Nestlé n'a pas prévenu
09:34les autorités sanitaires
09:36dans les temps.
09:36Le groupe l'assure.
09:37Les produits concernés
09:38n'ont pas été commercialisés.
09:40Le préfet Dugar
09:41doit se prononcer
09:42sur l'avenir de la marque
09:43dans les prochains jours.
09:45Mille foyers restent
09:46privés d'électricité
09:47ce matin dans les Alpes.
09:47Il est tombé plus d'un mètre de neige
09:49hier à Tignes
09:50ou encore à Val Thorens.
09:52Des stations qui rouvrent
09:53progressivement aujourd'hui.
09:54Attention au risque d'avalanche.
09:56La Savoie est en vigilance orange.
09:58Si vous partez skier,
09:59restez sur les pistes.
10:01La France est au cœur
10:02du jeu diplomatique
10:02pour Benjamin Haddad,
10:04le ministre délégué
10:04chargé de l'Europe,
10:05invité de France Info
10:06au lendemain
10:07d'un rendez-vous inédit
10:08entre Américains,
10:09Ukrainiens et Européens
10:11à Paris.
10:11Les discussions vont se poursuivre
10:12la semaine prochaine
10:13à Londres.
10:15Ça pique ce matin
10:15pour les supporters de foot
10:17de l'Olympique.
10:17Lyonnais,
10:18l'OL éliminé hier soir
10:19en quart de finale
10:20de la Ligue Europa
10:21par Manchester United.
10:23Défaite 5 buts à 4 au bout.
10:24Des prolongations matchs
10:26complètement fous.
10:29France Info.
10:31Les informés,
10:33Renaud Delis,
10:35William Giacosta.
10:37De retour avec nos
10:38trois informés,
10:40Jean-Jérôme Bertolus,
10:41éditorialiste politique
10:42à France Info TV,
10:43Julie-Marie Lecon,
10:44chef du service politique
10:45de France Info.
10:46Et vous,
10:46Renaud,
10:47le deuxième thème,
10:48nous en parlions,
10:49c'est le refuge
10:51que la France
10:51pourrait devenir
10:52pour les chercheurs
10:53américains
10:54avec la politique
10:54de Donald Trump,
10:55politique récente.
10:56Oui,
10:56Donald Trump qui a lancé
10:57une véritable offensive
10:58idéologique d'abord,
11:00mais aussi matérielle
11:01d'ailleurs,
11:01contre le monde
11:02universitaire
11:02et le monde
11:03de la recherche
11:03aux États-Unis
11:04en coupant des crédits,
11:06en licenciant
11:07des personnels.
11:082,2 milliards de dollars
11:09de subventions fédérales
11:11qui normalement
11:12devaient être versées
11:13à l'université de Harvard
11:14dont par exemple
11:14étaient gelés.
11:16Même l'ancien président
11:17Barack Obama
11:17d'ailleurs est sorti
11:18du silence à cette occasion.
11:20Il s'est indigné,
11:21je le cite,
11:22d'une tentative illégale
11:23et inepte
11:23d'étouffer
11:24la liberté académique.
11:26Et voilà donc
11:26que dans ce contexte-là,
11:28un autre ancien président,
11:30celui-ci français,
11:31François Hollande,
11:32a déposé en début de semaine
11:33une proposition de loi,
11:34la première depuis
11:35vu qu'il est redevenu député,
11:37pour créer un statut
11:38de réfugié scientifique.
11:39Il s'agit donc
11:40d'accueillir en France
11:41ces chercheurs américains.
11:44C'est une opportunité
11:45de circonstance,
11:47mais c'est surtout
11:48une obligation.
11:49Il faut que les travaux
11:50que menaient ces scientifiques
11:51puissent être poursuivis
11:52dans l'intérêt même
11:53de la recherche mondiale.
11:54Donc c'est retrouver
11:55la France des Lumières
11:56qui était capable
11:57d'accueillir
11:58à d'autres époques
11:59des chercheurs
12:00qui venaient du monde entier.
12:01Là, il s'agit
12:02de donner à la science
12:03toute sa place,
12:04d'encourager
12:05toutes les recherches
12:06sur ce qui est
12:07le plus essentiel,
12:08c'est-à-dire
12:08l'avenir du climat,
12:09la science
12:10en matière de santé,
12:11tout ce qui est
12:12quelquefois entravé
12:13pour des raisons idéologiques.
12:14Nous, nous devons
12:15permettre que ces laboratoires
12:17en France,
12:18nos laboratoires,
12:19puissent accueillir
12:19ces chercheurs.
12:20Alors, est-ce que ça peut fonctionner ?
12:22Est-ce que ce nouveau statut
12:23proposé, envisagé par France Hollande,
12:25peut être efficace ?
12:26Est-ce que la France
12:26a les moyens
12:27d'attirer les chercheurs américains ?
12:28Jean-Jean Bertolus,
12:29est-ce que la France
12:30peut accueillir
12:31dignement, on va dire,
12:32on connaît les salaires
12:33de l'autre côté de l'Atlantique,
12:34on le connaît de notre côté ?
12:36Est-ce que la France
12:37peut faire ça vraiment ?
12:38Est-ce que c'est réaliste ?
12:38En tout cas, la France
12:39a raison d'envoyer un signal.
12:41Il y a eu quand même
12:42un sondage aux États-Unis
12:44extrêmement frappant
12:45parce que d'abord,
12:45il a été fait
12:46par une revue scientifique
12:47extrêmement sérieuse
12:49qui a pignon sur rue
12:50en matière de recherche
12:51qui s'appelle Nature.
12:53Et Nature a interrogé
12:54des centaines,
12:56près de 2000 chercheurs
12:58à peu près américains,
12:5975%, 75%
13:03songent à quitter
13:05les États-Unis.
13:07Donc à partir de ce moment-là,
13:09comme on sait que la recherche
13:10c'est vraiment essentiel
13:12en amont de tout projet industriel,
13:15en amont de toute mesure
13:17d'avenir sur l'IA et autres,
13:20eh bien c'est bien
13:21que la France se positionne
13:22parce que les autres pays
13:23sont déjà en train
13:24de se positionner
13:25comme l'Allemagne,
13:26la Chine et autres.
13:26Alors, cette proposition de loi,
13:29on verra,
13:29ce n'est pas une initiative
13:30du président de la République,
13:32en fait,
13:32c'est le président d'Aix-Marseille
13:34qui a été le chercher,
13:36qui a été le tiré par la manche
13:37en disant que ça serait bien
13:38de prendre une initiative.
13:40Pourquoi pas ?
13:41L'université Aix-Marseille
13:42a déjà reçu
13:43plusieurs dizaines
13:44de candidatures.
13:45Pas beaucoup vont être sélectionnées,
13:46d'ailleurs.
13:47Pas beaucoup vont être sélectionnées.
13:48Une vingtaine.
13:48Tout à fait, tout à fait.
13:50Et ce qui est intéressant,
13:51c'est que le deuxième problème,
13:53vous l'avez dit,
13:54c'est l'argent.
13:54Et même en matière de recherche,
13:56l'argent,
13:57c'est le nerf de la guerre.
13:58Et on sait que
13:59les trois quarts
13:59des universités françaises
14:01sont en déficit.
14:02On sait qu'il y a quelque temps,
14:04les chercheurs disaient
14:05nous, on n'en peut plus,
14:06on est étranglé.
14:07Alors, effectivement,
14:08ce qui est intéressant,
14:09c'est que
14:09les patrons d'universités
14:12disent aujourd'hui,
14:12ce n'est pas l'argent
14:13la motivation
14:14des chercheurs américains.
14:15mais quand même,
14:17il y a un point d'interrogation
14:18sur, on va dire,
14:19le confort des centres de recherche,
14:21enfin, disons,
14:22ce qu'on pourra leur rapporter
14:24en termes de confort
14:26de centres de recherche
14:27à ces candidats au départ.
14:30Julie-Marie Lecomte,
14:31chef du service politique
14:31de France Info,
14:33on le disait,
14:34ça va coûter cher
14:35de faire venir
14:36des chercheurs français,
14:37on le rappelle,
14:3840 milliards
14:38à économiser
14:39pour le budget 2026,
14:40comment on fait ?
14:41C'est un choix,
14:42alors, ça va coûter cher,
14:44mais il y a quand même
14:44une convergence politique
14:46parce que c'est passé
14:47assez inaperçu.
14:49Mais le 31 mars dernier,
14:51alors politiquement,
14:52ce qui occupait
14:53la scène politique
14:54et médiatique ce jour-là,
14:55c'était la condamnation
14:56de Marine Le Pen,
14:58mais Emmanuel Macron
14:58clôturait un sommet
15:01sur les océans
15:03et il avait lancé
15:05un appel aux scientifiques
15:08et un appel aussi
15:09à l'Europe
15:10pour accueillir
15:11ces scientifiques.
15:12Donc, vous demandiez
15:13tout à l'heure
15:14s'il y avait une chance
15:15que cette proposition
15:16de François Hollande
15:18aboutisse.
15:19Plus convergée
15:19avec le chef de l'État
15:20et le gouvernement ?
15:20La réponse est plutôt oui
15:21et puis la donne
15:22a sans doute changé
15:24et une opportunité
15:25pour la France.
15:28En 2018,
15:29quand Donald Trump,
15:30lors de son premier mandat,
15:32quitte les accords
15:33de Paris,
15:34vous vous souvenez peut-être
15:34qu'Emmanuel Macron
15:35répond
15:37avec ce slogan,
15:41le slogan de Donald Trump
15:42c'était
15:42« Make America
15:43Great Again »
15:44et Emmanuel Macron,
15:46quand Donald Trump
15:47quitte les accords
15:48de Paris,
15:50répond par
15:50« Make our planet
15:52Great Again ».
15:53Et à ce moment-là,
15:55Emmanuel Macron
15:55lance un appel
15:57aux chercheurs américains,
15:59il débloque
15:59entre 40 et 60 millions
16:03d'euros pour les attirer
16:04et finalement,
16:05il y a 43 scientifiques
16:08américains seulement
16:09qui sont intégrés
16:12dans le programme.
16:13Il n'y avait pas Donald Trump.
16:14Ah oui,
16:14Donald Trump
16:14il était là,
16:15autant pour moi.
16:16Mais ce n'était pas le même.
16:17Sauf que là,
16:18l'attaque contre
16:19la recherche scientifique
16:20aux États-Unis
16:21est beaucoup plus grave.
16:26Ce ne sont plus que des mots,
16:27cette fois c'est de l'argent,
16:29des menaces concrètes.
16:29Plus grave et plus massive.
16:33Là, c'est la France
16:34qui avait lancé cet appel.
16:36Donc je vous disais,
16:37sommet océan.
16:38Emmanuel Macron dit
16:39que c'est l'Europe
16:40qui doit se mobiliser.
16:42Et sans doute,
16:43effectivement,
16:43c'est la bonne échelle
16:44à laquelle il faut réfléchir
16:45parce que le risque
16:46auquel va être exposé
16:50et le continent
16:51et d'une certaine manière
16:52la recherche,
16:53c'est qu'il y a une concurrence
16:54en fait entre les pays européens
16:56pour attirer
16:58ces chercheurs américains.
17:01Donc sans doute,
17:01il faut-il passer
17:02à l'échelon supérieur.
17:03Oui, parce qu'on va se battre
17:04entre Européens, Renaud.
17:05Finalement,
17:05la France va vous faire quelque chose
17:06mais l'Allemagne sans doute
17:07fera autre chose.
17:08On peut se battre entre Européens
17:09donc c'est encore une occasion
17:11de tester justement
17:12la capacité des Européens
17:13de s'entendre,
17:14de s'unir.
17:15C'est le cas
17:15sur le plan militaire
17:17pour assurer leur défense
17:18dans le nouveau contexte
17:19avec le désengagement américain.
17:20C'est le cas
17:21en ce qui concerne
17:21l'aide à l'Ukraine.
17:23C'est le cas
17:24dans les négociations commerciales
17:25qui s'engagent
17:27qu'à un cas
17:27avec Washington.
17:29On l'a vu hier
17:30Georgia Meloni,
17:31la présidente du Conseil italien
17:32justement,
17:32se rendre à Washington.
17:33Pas au nom de l'Europe.
17:34D'ailleurs,
17:35elle ne parlait pas
17:35au nom de l'Europe.
17:36Qui peut parler
17:36au nom de l'Europe
17:37sur ces sujets-là d'ailleurs ?
17:39Dès lors,
17:39en plus que Donald Trump
17:40visiblement n'a pas
17:41beaucoup envie
17:42de converser
17:42avec Ursula von der Leyen.
17:44La même question
17:44se pose sur cette compétition-là,
17:46cette compétition planétaire aussi,
17:48celle qui vise
17:49à faire venir
17:49les chercheurs
17:51avec la concurrence asiatique
17:53qui est extrêmement forte.
17:54Vous aviez raison
17:55de rappeler Julie
17:56le précédent de 2017-2018
17:58au moment de la sortie
17:59des accords de Paris.
18:01Et c'est vrai qu'à l'époque
18:01ça n'avait pas fonctionné,
18:03en tout cas pas
18:04avec une grande ampleur,
18:05notamment parce que
18:06l'offensive idéologique
18:07et matérielle de Donald Trump
18:09n'était pas aussi vigoureuse.
18:10Là, il y a vraiment
18:11des crédits qui sont coupés
18:12et des personnels
18:13qui sont licenciés
18:14du jour au lendemain.
18:15On voit qu'il y a aussi
18:16d'une certaine manière
18:17une volonté d'afficher
18:19la solidarité de l'Europe,
18:20des valeurs européennes
18:21avec les valeurs
18:22des chercheurs américains.
18:23Il y a tout de même
18:24quand même un peu
18:24de cynisme là-dedans,
18:26peut-être de vouloir
18:26faire venir des gens
18:28qui peuvent nous apporter.
18:29On sait que l'Europe
18:30s'est plainte.
18:31En politique, William,
18:32on ne dit pas du cynisme,
18:33on dit du pragmatisme.
18:34Oui, voilà.
18:35Vous êtes chef
18:36du service politique,
18:36vous connaissez mieux
18:37les mots que moi.
18:37Je rejoins quand même
18:38assez Jean-Jérôme
18:39sur le fait
18:41que c'est important
18:43d'envoyer ce type
18:44de messages
18:45parce que c'est aussi
18:46effectivement opposer
18:48les valeurs européennes
18:49et les valeurs françaises
18:51à la politique
18:52qui est en train
18:53de mener Donald Trump.
18:56Je mettrais quand même
18:56un bémol
18:58sur ce que vous appelez
19:01cette forme de cynisme.
19:03La recherche française,
19:05aujourd'hui,
19:05elle est confrontée
19:06à des difficultés.
19:08et très clairement,
19:10il y a quand même
19:11une différence de traitement
19:12entre les sciences humaines
19:14et sociales
19:15et les sciences dures,
19:18disons,
19:18avec un appétit,
19:19aujourd'hui,
19:20pour les gouvernements
19:20successifs d'Emmanuel Macron,
19:22en tout cas,
19:23au moins depuis 8 ans,
19:25davantage pour les sciences appliquées.
19:29Qui se traduisent
19:29en innovation,
19:30en production.
19:31Et les chercheurs
19:32en sciences humaines
19:33et sociales
19:34vous diront tous
19:34qu'ils se sentent
19:36un peu les mal-aimés
19:36des politiques
19:38et des programmes
19:38de recherche
19:39qui sont menés
19:40aujourd'hui.
19:42Or,
19:43ceux contre qui
19:44Donald Trump
19:45mène sans doute
19:46aujourd'hui
19:47l'offensive
19:49la plus dure,
19:51ce sont aussi
19:52ces chercheurs
19:54qui travaillent
19:55sur les questions
19:56de genre,
19:56sur les questions
19:57de diversité
19:59et qui sont taxés
20:01de walkies.
20:01On peut oublier
20:01toute la dimension
20:02sur le climat,
20:03qui me semble-t-il
20:03est extrêmement...
20:04Tous les chercheurs
20:04qui travaillent
20:05sur le climat
20:05sont vraiment
20:06dans le viseur
20:06de cette administration
20:07et là aussi,
20:08c'est vrai d'ailleurs.
20:08Ceci nous intéresse
20:09Jean-Jérôme.
20:10Il y a sans doute
20:10l'avantage.
20:11Alors l'Europe
20:11c'est évidemment
20:12très important,
20:14la compétition
20:14est très importante
20:15mais ça a été
20:16justement dit
20:17par Julie-Marie Lecomte,
20:19c'est aussi
20:19une question de valeur
20:20parce que là,
20:22Donald Trump
20:22s'en prend par exemple
20:23à Harvard.
20:24Harvard,
20:25c'est un monument,
20:26c'est la première
20:26université américaine,
20:29c'est comme si en France
20:30on voulait démolir
20:32la Sorbonne
20:33en disant
20:33vous êtes déviant
20:34au plan politique.
20:36Donc ce qui va être
20:36intéressant à suivre,
20:37maintenant,
20:38à partir de la proposition
20:39de loi de François Hollande,
20:41c'est que ça va s'inscrire
20:42dans une niche
20:43transpartisane.
20:45Et on va voir
20:46combien de députés
20:48de gauche peut-être,
20:50mais aussi de droite,
20:51voire d'extrême droite,
20:53vont signer
20:54cette proposition.
20:55On va voir...
20:56Ça fera office
20:56de baromètre
20:57pour la vie.
20:58Et on va voir
20:58si ça crée
21:00une espèce de consensus
21:01parce que
21:02ne nous trompons pas,
21:03on parle de moyens,
21:04mais là,
21:04c'est créé
21:05une sorte
21:06de nouveau droit d'asile.
21:07C'est dans
21:08ce qu'on appelle
21:09la protection subsidiaire.
21:11Quand on n'est pas
21:12complètement
21:12en phase
21:15d'avoir
21:15le droit d'asile,
21:16si j'ai une demande
21:18d'asile,
21:18eh bien,
21:19je passe en protection
21:20subsidiaire,
21:21ce qui est une forme de...
21:21Voilà.
21:22Et donc,
21:22ça crée
21:23une sorte
21:23de nouveau droit.
21:25On va voir
21:26si, effectivement,
21:27tout le monde
21:27est sur la même
21:28longueur d'onde
21:28et si le fait
21:29que Donald Trump
21:30mette en code
21:31des valeurs
21:32qui sont chères
21:32à la France
21:33en matière de lumière,
21:34eh bien,
21:34ça résonne aussi en France.
21:36Julie,
21:36vous vouliez dire un mot
21:37ou l'aviez la main ?
21:37Non,
21:37simplement,
21:38vous parliez
21:38de budget,
21:39de dépense.
21:40La recherche,
21:41c'est un investissement.
21:43C'est un investissement,
21:44ce n'est pas seulement
21:44une dépense.
21:45Renaud,
21:45sur ce refuge français,
21:48qu'est-ce qu'on peut ajouter ?
21:49Est-ce qu'on a des chances
21:50de le voir se concrétiser,
21:52ce refuge ?
21:52Il y a deux dimensions
21:53et d'ailleurs,
21:53ça apparaissait
21:54dans nos échanges
21:54à l'instant.
21:55Il y a la dimension
21:55politique,
21:56idéologique.
21:57François Hollande
21:57y fait allusion
21:58quand il évoque
21:58une France
21:59qui doit être fidèle
22:00à l'esprit des Lumières
22:01et puis il y a
22:01la traduction concrète,
22:03matérielle,
22:05monétaire,
22:05financière,
22:07pragmatique,
22:08si je reprends le mot
22:09utilisé par Julie Main
22:09Lecomte tout à l'heure
22:10et on sait parfois
22:11qu'un certain nombre
22:12d'engagements,
22:13y compris de bonne foi,
22:14de bonne volonté
22:15de la part de la France
22:16ont plus de mal
22:16à se traduire
22:17de ce point de vue-là.
22:18Il faudra effectivement
22:19des moyens
22:19pour concrétiser
22:20cette ambition.
22:21Merci Renaud Dely,
22:23merci Julie Marie Lecomte
22:24d'avoir été autour
22:24de cette table,
22:25chef du service politique
22:26de France Info
22:26et merci à Jean-Jérôme Bertolus,
22:28éditorialiste politique
22:29à France Info TV.
22:30Merci à vous d'avoir suivi
22:31Les Informés.
22:31L'info continue
22:32sur France Info.