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Les informés de franceinfo du mercredi 26 février 2025

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00:00Ravis de vous retrouver pour les informer, votre demi-heure de décryptage de l'actualité comme chaque matin, avec cette semaine, Benjamin Sportouche, bonjour Benjamin.
00:15Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:16Et nos deux informés, Sylvie Pierre-Brossolette, bonjour.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes éditorialiste au point et bonjour Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info et Canal 27.
00:26Voilà, j'attendais, pardonnez-moi.
00:28Bonjour Adrien, bonjour Benjamin, bonjour à tous.
00:30Bonjour.
00:31Bonjour à toutes et à tous.
00:32Voilà, vous êtes parfaitement complet.
00:34Bon, on peut donc y aller, on a le droit, on commence avec le comité interministériel sur l'immigration.
00:40Oui, cet après-midi, une dizaine de ministres autour de François Bayrou qui a prévu de s'exprimer à l'issue de cette réunion pour de premières décisions, a priori.
00:48Alors ce comité n'avait pas été réuni depuis plus de quatre ans et il a été convoqué il y a quelques jours avant l'attentat de Mulhouse qui a coûté, on le sait, la vie à un homme le week-end dernier.
00:57Alors cette réunion intervient sur fond de tensions exacerbées avec l'Algérie à qui la France réclame la délivrance de l'essai passé consulaire pour renvoyer ses ressortissants, en particulier condamnés pour apologie du terrorisme ou troubles à l'ordre public.
01:10Bruno Rotailleau, le ministre de l'Intérieur, est prêt au bras de fer avec l'Algérie, il l'a dit, quand son collègue Jean-Noël Barrault, le ministre des Affaires étrangères, continue lui de promouvoir une approche diplomatique.
01:21Le RN, le Rassemblement National, est pour la ligne dure.
01:24Écoutez, Julien Audoul, il était votre invité tout à l'heure sur France Info, Adrien.
01:28Je vais le dire assez crûment, mais M. Rotailleau, c'est la politique du foutage de gueule.
01:32Parce que d'un côté, il nous dit qu'il veut engager le rapport de force et de l'autre, on apprend qu'il octroie des visas pour les imams algériens pour qu'ils viennent prêcher en France pendant le ramadan.
01:44Voilà, donc c'est cash. Il est foutage de gueule, dit Julien Audoul.
01:47Alors, quelle ligne va ressortir de cette réunion, de ce comité interministériel ?
01:51Et au-delà, l'immigration doit être une priorité d'action pour les Français.
01:54C'est très loin quand on regarde les sondages derrière le logement ou la santé, par exemple.
01:59Et en le mettant sous les feux de l'actualité, ce sujet, le gouvernement ne risque-t-il pas de porter le RN en validant le fameux adage, l'original vaut mieux que la copie ?
02:07Vu que vous êtes extrêmement poli, je commence avec vous, Gilles Bernstein.
02:12Si on se dit les choses, à quoi ça sert, très concrètement, ce comité qui se réunit aujourd'hui ?
02:18Ça n'a pas été réuni, je crois, depuis trois ans. Donc, c'est compliqué d'avoir des références.
02:23On m'avait dit quatre, mais vous c'est trois.
02:24Comment ?
02:25On m'avait dit quatre, mais vous êtes trois.
02:26Quatre, peut-être quatre.
02:27Depuis plusieurs années.
02:28Je suis poli, mais inexact.
02:31Benjamin a certainement raison, donc c'est assez compliqué de savoir à quoi ça a servi récemment.
02:36Ça va déjà avoir un avantage politiquement, c'est que François Bayrou va parler.
02:39Benjamin l'a dit.
02:40Et c'est vrai que François Bayrou, on ne l'a pas beaucoup entendu.
02:42Il a s'est mis à s'exprimer, parfois en laissant des désaccords s'étaler sur la place publique.
02:46Là, il va écouter les uns et les autres.
02:48Nul doute que dans cette réunion, on n'y sera pas, mais Jean-Noël Barraud et Bruno Retailleau diront des choses qui ne sont pas tout à fait les mêmes.
02:54Mais là, pour une fois, François Bayrou va dire, c'est moi qui décide et la ligne de la France là-dessus, c'est ça.
02:59On verra ce que c'est.
03:02Qu'à froid, il y ait un comité sur l'immigration, que la France réfléchisse à sa politique d'immigration, aux conditions dans lesquelles on laisse rentrer ou non des gens,
03:10ça me paraît assez raisonnable et normal.
03:13Évidemment, ça arrive en pleine polémique, en particulier avec l'Algérie, suite à l'attentat de Mulhouse et à l'expulsion ratée quelques semaines avant de l'influenceur qui était parti en Algérie.
03:28Ça donne un relief particulier avec une situation politique où, quand on entend Julien Oudoul, on sent que Bruno Retailleau commence à poser un problème au RN.
03:39Il paraît que des chiffres qui vont arriver dans un excellent hebdomadaire montrent que sa popularité, dont on disait que le temps de l'action, le temps des annonces, c'est une chose,
03:49mais à un moment, il va falloir qu'il ait des résultats.
03:52Sylvie a certainement des chiffres sur sa popularité. Il semble que, pour l'instant, Bruno Retailleau plaise à droite et continue de plaire à droite,
04:00ce qui, effectivement, va commencer à poser un problème à Marine Le Pen.
04:05Voilà, j'ai fait de la politique. Je n'ai pas répondu à votre question sur à quoi sert le si-si.
04:09J'allais dire. Je vais vous la poser à vous, Sylvie-Pierre Brossolette.
04:13On a quand même l'impression que, théoriquement, il y a une politique migratoire qui est menée au quotidien en France.
04:18On n'a pas besoin d'un comité pour mener une politique d'immigration, non ?
04:22Si. Il y a un moment où il faut mettre d'accord, d'abord, les ministres.
04:26Puisque, comme vous l'avez dit, il y a des lignes pas forcément divergentes, mais disons nuancées, pour être diplomatique.
04:34Donc François Bayrou va devoir trancher ça.
04:36Cela dit, je note que Jean-Noël Barraud a déjà évolué, parce que Spartin, au 4V, il a dit qu'il avait déjà pris des mesures sur les visas des personnalités officielles algériennes.
04:47Voilà. Et que, donc, il a voulu devancer l'appel en montrant qu'il n'était pas naïf non plus et qu'il n'y avait pas que la ligne purement diplomatique.
04:56Et je pense qu'étant centriste, il a dû avoir un coup de fil du Premier ministre.
05:01Ils sont très proches, avec François Bayrou, qui a dit au Salon de l'Agriculture que cette situation était inacceptable.
05:07Barraud devait s'aligner un petit peu sur son chef de fil, ne serait-ce que de courant politique.
05:12Donc je ne pense pas qu'il y ait une trop grande difficulté à réunir le gouvernement sur une ligne de riposte.
05:18Et pourquoi cette riposte est utile, même si elle est très compliquée à exécuter ?
05:22C'est qu'il y a un sentiment d'impuissance qui monte dans le pays face à des crimes répétés de personnes qui sont de manière irrégulière sur le territoire français.
05:34Et à chaque fois on dit qu'il y a ces OQTF qui ne sont pas exécutés, on n'y peut rien, on a épuisé les voies de recours.
05:41Retailleau a inventé un barbarisme assez parlant, l'impossibilisme juridique.
05:48Donc qu'est-ce qu'il faut changer pour être plus efficace, pour empêcher ces crimes de personnes étrangères et irrégulières sur notre sol ?
05:56Qu'est-ce qu'on peut faire à partant de là pour mieux contrôler les flux migratoires indésirables ?
06:03Il y a toutes sortes de questions qui sont éternellement posées.
06:07Je ne sais combien de lois depuis 20 ans.
06:09Et là il y a un paroxysme qui, si on ne fait rien, ne va faire que nourrir le rassemblement national.
06:14C'est vrai que peut-être les électeurs préféreront l'original à la copie, mais si on ne fait absolument rien, vous êtes sûr que l'original est sûr de gagner.
06:23C'est ce que j'allais vous dire, le problème de ce moment, quand on met les projecteurs sur l'immigration,
06:28on se retrouve avec Julien Audoul qui dit les mots que vous nous avez fait entendre tout à l'heure,
06:33foutage de gueule, en disant de toute façon vous ne faites rien, vous n'avez rien fait, rien ne se passe.
06:38C'est un peu le risque aussi.
06:39Oui tout à fait, c'est sûr que dès que vous mettez la lumière et le focus sur un sujet sur lequel vous avez montré votre impuissance,
06:44ou en tous les cas sur lequel vous avez fait beaucoup d'annonces et il n'y a pas eu de résultat derrière,
06:48ça sert l'adversaire, ça sert l'opposition, en l'occurrence le rassemblement national.
06:52Et c'est vrai qu'en même temps il y a des politiques qui sont mises en oeuvre, il y a des directives.
06:56Sont-elles appliquées ? A-t-on les moyens de les mettre en oeuvre ?
06:58Je regardais les chiffres, vous savez qu'il y a eu 5000 fonctionnaires qui ont été supprimés dans les préfectures par exemple.
07:03Et c'est les préfectures qui vont chercher, Adrien, les laissés-passés consulaires.
07:07Alors du coup le ministère de l'Intérieur, ça je l'ai découvert aussi, a mis en place une task force
07:11avec une dizaine de fonctionnaires, pas plus, pour aider les préfectures à aller chercher ces laissés-passés consulaires.
07:17Donc vous voyez aussi qu'il faut avoir des moyens pour mettre en application des politiques.
07:21On a l'impression qu'il y a des instructions mais qu'elles sont difficiles à mettre en oeuvre sur le terrain,
07:25notamment par manque de moyens administratifs.
07:28C'est le cas, tous les cas, pour les préfectures.
07:30Il y a aussi Patrick Stefanini, on le disait sur ce plateau, qui a été, il y a quelques jours,
07:34qui a été nommé représentant pour ces questions qui va aller nouer des contacts avec les pays qui posent problème.
07:39Donc en effet il y a des choses qui sont faites.
07:41Maintenant plus on fait de comités interministériels, plus vous attirez la lumière sur un sujet qui est délicat
07:46et qui en effet ne peut pas se résoudre aussi facilement qu'avec des déclarations et des réunions.
07:53C'est toute la difficulté.
07:54C'est aussi ça le problème, pardon Gilles Bornstein, mais c'est que le moindre résultat,
07:59certains diront, le Rassemblement national par exemple à chaque fois,
08:03oui vous avez certes un minuscule résultat, mais ça n'est rien par rapport à tout ce que nous, nous pourrions faire.
08:09Absolument, c'est ça, quand on est dans l'opposition, on peut toujours dire, nous on ferait mieux,
08:13et puis on raserait gratis et puis tout serait parfait.
08:16C'est effectivement le carburant principal électoral du Rassemblement national.
08:20Les autres ont échoué, nous on ne nous a pas essayé, et nous on ferait mieux.
08:23Il faut quand même faire attention parce que ceci-ci là, on est tous en train de céder à quelque chose qui est que,
08:28c'est l'immigration, l'immigration ça concerne des millions de gens en France.
08:31Ce dont on parle là, la tante Anne Mulhouse, l'influenceur d'OLM, ce sont des affaires de police.
08:38Bien, qui peuvent être efficaces, inefficaces.
08:41Il y a l'évidence un problème à régler avec l'Algérie.
08:44Oui, il y a différentes échelles.
08:45Mais là, le ci-ci, ça concerne l'immigration en général.
08:48Mais d'ailleurs, ça ne va pas mieux parce que là aussi, il y a un autre différent au sein du gouvernement.
08:51On l'a entendu par exemple, entre toujours le même Bruno Retailleau, et là, c'est plus Jean-Noël Barraud,
08:56mais Astrid Pannot, si on pouvait, la ministre du Travail, l'immigration, c'est aussi,
09:00et j'imagine que ça va être l'objet de la réunion de tout à l'heure, c'est aussi,
09:03dans quelles conditions on régularise ou on ne régularise pas les gens.
09:07Il y a eu cette liste des métiers en tension de juillet la semaine dernière.
09:10Je rappelle qu'il y a encore un an, le gouvernement a eu toutes les peines du monde à faire passer une loi d'Armanin,
09:16gentil avec les gentils, méchant avec les méchants.
09:19Il y avait tout l'aspect gentil avec les gentils qui était de la régularisation pour les métiers en tension
09:23parce qu'on sait très bien que sans une main d'oeuvre étrangère massive,
09:26eh bien, il n'y a plus personne dans les EHPAD, il n'y a plus personne dans les restaurants.
09:29Le patronat le réclame aussi.
09:30Le patronat le réclame aussi.
09:31Georgia Meloni, toute extrême droite qu'elle est, a dû accepter 400 000 régularisations en Italie.
09:37Et on sent qu'à la révision de la circulaire Valls, qui donnait les conditions de la régularisation,
09:42eh bien, on a un côté Bruno Retailleau qui veut régulariser le moins possible
09:46parce qu'il fait de la politique, y compris au risque de mettre en danger l'économie française,
09:51et de l'autre côté, Astrid Panossian-Bouvet, ministre du Travail, venue du Parti Socialiste,
09:55qui dit, comme le disait Gérald Darmanin, il y a des gens dont l'économie française a besoin d'une part,
10:01qui par ailleurs se comportent très bien sur le territoire français, et qu'il faut régulariser.
10:06Et ça aussi, entre le durcissement d'Armanin, Retailleau, pardon,
10:11et la volonté d'une partie du gouvernement de régulariser un certain nombre de personnes,
10:17on ne sait pas trop où est le gouvernement.
10:20Et j'aimerais bien que François Bayrou en parle aussi cet après-midi.
10:23Les informer se poursuivent dans une minute.
10:26D'abord, votre file info à 9h16, Maureen Swiniard.
10:29L'annonce est faite par un groupe palestinien allié du Hamas,
10:33un groupe qui affirme que le corps de l'otage franco-israélien Oad Ya'alomi sera rendu demain.
10:38Pas de confirmation d'Israël ou de la France.
10:41Pour l'heure, il avait été enlevé le 7 octobre par le Hamas dans son kiboutz.
10:45Si un pays ne coopère pas avec les autorités françaises pour reprendre leur ressortissant en situation irrégulière,
10:51il faut que tous les pays européens puissent restreindre la délivrance de visas.
10:56La proposition est faite par le ministre des Affaires étrangères.
10:59Jean-Noël Barreau participe cet après-midi avec d'autres ministres à un conseil interministériel de contrôle de l'immigration autour de François Bayrou.
11:07La crise dans le secteur de l'immobilier se poursuit.
11:1059 000 nouveaux logements ont été mis en vente l'année dernière, une baisse de 29% sur un an.
11:15C'est aussi moitié mien, moins qu'en 2022.
11:18L'île de la Réunion va passer en alerte orange en fin de matinée.
11:22Il y a une tempête Garance qui arrive.
11:25Elle risque de se transformer en cyclone, prévient la préfecture de l'île française de l'océan Indien.
11:42Toujours avec Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info, Télécanal 27, et Sylvie-Pierre Brossolette, éditorialiste au Point.
11:51Gilles Bornstein nous disait, Sylvie, en clair qu'on avait deux lignes.
11:55Bon, on est finalement dans une forme, au gouvernement en tout cas, d'impossibilité peut-être à avancer d'une certaine façon aussi.
12:03Il y a plusieurs niveaux de problèmes.
12:05D'abord, il faut distinguer ce qui est politique étrangère et politique intérieure.
12:09Au niveau du problème qui nous préoccupe ce matin, en particulier l'Algérie, ça ne va pas se terminer à Matignon, cette affaire.
12:17C'est le président de la République, dans son domaine réservé, dans sa politique particulière avec l'Algérie, qui va devoir trancher.
12:23On ne l'a pas encore entendu sur le sujet.
12:25On ne l'a pas encore entendu.
12:26On sait qu'il a décalé plusieurs réunions au mois de janvier, qu'il est gêné sur cette affaire,
12:30qu'il a donc décidé de prendre le parti du Maroc dans l'affaire du Sahara occidental et que ça a énormément vexé l'Algérie.
12:38Il y a l'affaire Boalem-Sensal.
12:41Tout est très compliqué avant de prendre des sanctions ou des gestes désagréables vis-à-vis de l'Algérie,
12:47pour ne pas empirer une situation qui est déjà très tendue.
12:50Donc, il va y réfléchir à deux fois et avant de trancher.
12:54En tout cas, ce dossier ne peut pas être tranché sans lui.
12:57Ça, c'est pour la partie algérienne.
12:59Puis, pour la partie qui concernerait purement la politique intérieure,
13:05par exemple, le nombre de mois de détention, le droit de séjour irrégulier,
13:10toutes sortes de mesures qui sont agitées pour pouvoir mieux contrôler les flux migratoires.
13:15Ça, ça relève plus de la politique purement intérieure.
13:19Et à ce moment-là, on en revient à notre bonne politique politicienne.
13:22Effectivement, Bruno Retailleau incarne une ligne assez à droite
13:27qui, en plus, est en jeu dans la compétition interne à LR,
13:32où c'est plus à droite que moins tumeur,
13:35puisqu'entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, il n'y a pas beaucoup de différences idéologiques.
13:39Donc, c'est qui en remettra le plus sur la même ligne.
13:42Et donc, c'est en train de brouiller un peu l'image de cette politique-là.
13:46Alors, Bruno Retailleau a toujours eu ces idées-là.
13:48Dès qu'il est arrivé, ordre, ordre, ordre dans tous les domaines.
13:52Et ça lui réussit, pardon, nous disait Gilles Bernstein.
13:55Pour l'instant, il y a des sondages qui vont sortir cette semaine dans un grand hebdomadaire,
13:59qui n'est pas le mien, mais qui vont montrer qu'il est toujours plus haut
14:05et que pour l'instant, il a une confiance assez étonnante dans l'opinion.
14:10Ces choses-là peuvent passer.
14:12Il peut être attrapé par la patrouille d'un manque de résultats.
14:15Il peut passer de mode. Tout arrive, on connaît ça.
14:18Mais pour l'instant, il apparaît comme une espèce de conservateur à visage humain
14:23qui est sincère, qui a envie de faire les choses.
14:25Il a tout d'un coup, il y a un moment, Retailleau, qui paraît être une solution à tous nos maux.
14:32Mais c'est ce qui joue la présidence des Républicains, il faut le dire aussi, dans quelques mois.
14:35Mais évidemment, c'est pour ça qu'il tape sur le clou.
14:37Exactement. Et qu'il tient sa ligne, coûte que coûte.
14:39Alors, on verra si François Bayrou lui donne raison ou pas, c'est important.
14:42Mais tout de même, dans la perspective d'un rassemblement,
14:44si il est candidat à la présidentielle, moi je regardais les sondages ce matin,
14:47certes, les Français, quand vous leur posez la question,
14:49ils estiment qu'il y a trop d'immigrants en France, et c'est assez massif, 63%.
14:52Mais en même temps, l'immigration, c'est, je le disais, le sixième sujet de préoccupation.
14:56C'est très loin, par exemple, derrière la santé ou le logement.
14:59On est à 18%, donc il faut faire attention aussi quand on aborde ces sujets-là,
15:02parce qu'à un moment donné, aussi, c'est pas ce qui va être décisif.
15:05Oui, mais vous savez ce qui a fait que Marine Le Pen a été au deuxième tour ?
15:08C'est un fait d'hiver un soir, et ça suffit à faire basculer l'élection présidentielle.
15:12Tout ce qui est économie et sociale revient toujours sur le devant de la scène à un moment donné.
15:15Un dernier mot sur ce sujet, parce qu'on a un deuxième sujet à faire.
15:17Il y a deux choses, ou plutôt trois choses là-dessus.
15:19C'est vrai que quand on prend...
15:20Trois petites choses, alors.
15:21Trois petites choses. Quand on prend au global, l'immigration n'est pas au-dessus.
15:24Mais quand on regarde, famille politique par famille politique, c'est pas vrai.
15:28Pour tous les gens de droite et d'extrême droite, l'immigration est très importante,
15:32et elle ne l'est pas du tout pour les gens de gauche.
15:34Et au total, ça fait ce que vous dites.
15:36Mais pour les gens dont il veut les suffrages, et à la fin, ce qui compte,
15:39c'est de rassembler son camp, Bruno Retailleau, voilà.
15:42Il aura un problème politique, c'est ses positions sociétales.
15:46Parce qu'autant il peut être d'accord, sur le mariage pour tous, sur la PMA,
15:51sur tous les sujets sociétaux, pour le coup, on n'en parle pas.
15:54Mais même sur l'immigration, il dit que c'est pas une chance pour la France.
15:56Je dis juste que, ça c'est ce que dit Retailleau, 70% des Français en 2023
15:59disent que la présence des migrés, je cite, est une source d'enrichissement culturel.
16:02Donc c'est assez intéressant de voir comment il va articuler sa pensée dans la perspective,
16:06si il est candidat en 2027.
16:08Benjamin, vous continuez, vous gardez la main pour évoquer notre deuxième sujet,
16:12qui est aussi une préoccupation des Français, en tout cas, qui a pu l'être,
16:15c'est bien sûr la réforme des retraites.
16:17Oui, sujet toujours électrique.
16:19Un coup d'envoi demain du conclave, comme on dit, qu'avait annoncé François Bayrou
16:23quand il a été nommé, sur l'avenir de la réforme de 2023.
16:26Syndicats et patronats vont se retrouver à la même table,
16:29mais avec des solutions très divergentes.
16:31Ils vont discuter au moins jusqu'à fin mai, et notamment, bien sûr,
16:34sur les 64 ans qui cristallisent tous les débats.
16:37S'il décroche un accord partiel ou total, le texte sera soumis au Parlement.
16:41C'est l'engagement qu'a pris François Bayrou.
16:43Matignon promet de les laisser débattre sans tabou,
16:46mais avec une condition de taille,
16:48ne pas dégrader l'équilibre financier du système.
16:51Et si l'on écoute la Cour des comptes,
16:53cet équilibre financier est loin d'être assuré.
16:556 milliards d'euros de déficit pour cette année,
16:5715 milliards en 2035,
16:59et 30 milliards en 2045.
17:01Alors, ces constatations peuvent-elles vraiment aboutir à un consensus ?
17:04Et même si les politiques n'y sont pas conviés,
17:06peuvent-ils vraiment s'abstenir de s'en mêler ?
17:08Sylvie, Pierre Brossolette, est-ce que l'objectif, finalement, de François Bayrou
17:11n'est pas tout simplement de dire
17:13on met ensemble des gens qui ne sont pas d'accord,
17:15donc il n'en ressortira pas grand-chose ?
17:17Non, je ne crois pas.
17:18Au contraire, il y a une tentation très grande de la part du gouvernement
17:21de se défausser de ce sujet épouvantable,
17:24où, comme l'avait dit Michel Rocard,
17:26dix gouvernements pourraient tomber,
17:28sur les partenaires sociaux.
17:30Débrouillez-vous, vous y êtes bien arrivés sur Agirarco,
17:33et bien écoutez,
17:35trouvez-nous une solution,
17:37parce qu'il n'y a que des coups à prendre.
17:39On sait que le régime
17:41instauré par la réforme Borne
17:43est déjà voué au déficit,
17:45donc même si on gardait les 64 ans
17:48qui sont un abcès de fixation,
17:50même si on les gardait,
17:52ça ne suffirait pas à assurer l'équilibre
17:54dans les années qui viennent.
17:56Donc, à votre bon plaisir,
17:58mesdames et messieurs,
18:00pour trouver une solution,
18:02sachant que personne ne veut
18:04de ces 64 ans chez les syndicats,
18:08alors que le patronat veut le conserver,
18:10et sachant que, pour les autres mesures,
18:12personne ne veut baisser les pensions
18:14des pensionnés,
18:16augmenter les cotisations des entreprises,
18:18disons déjà, on croule sous les impôts
18:20et les prélèvements.
18:22Donc, il y a effectivement un compromis
18:24qui va devoir être trouvé,
18:26mais je crains que ce soit une rustine
18:28jusqu'à 2027,
18:30et que le vrai débat sur qu'est-ce qu'on fait
18:32du système des retraites sera traité
18:34à la présidentielle.
18:36Il faudra rééquilibrer
18:38comment ça commence à se dire,
18:40Éric Lombard l'a un peu dit quand même,
18:42le niveau de vie des retraités
18:44par rapport au niveau de vie des salariés.
18:46Ce n'était pas le meilleur sujet à évoquer
18:48avant 2027.
18:50Introduire un peu de capitalisation
18:52qui ne réglera le problème que sur 20 ou 30 ans,
18:54mais quand même, beaucoup de pays du Nord
18:56qui ne sont pas mieux disant socialement
18:58que nous l'ont introduit, et ça marche.
19:00Comment quand même retarder
19:02le moment encore
19:04de partir à la retraite.
19:06Des ministres s'en sont mêlés avant même
19:08l'ouverture de ce conclave,
19:10Éric Lombard, Astrid Panossian
19:12et Catherine Vautrin ont toutes dit
19:14qu'il fallait sans doute
19:16travailler plus longtemps.
19:18C'est une des solutions qui a été adoptée par tout le monde,
19:20on ne sait pas très bien comment la France y échapperait.
19:22Gilles Bernstein, Rustine,
19:24et peut-être à un moment donné le mot
19:26capitalisation qui arrive aussi.
19:28Il y a,
19:30la CFDT et le patronat
19:32ont intérêt à aboutir
19:34à quelque chose. D'abord pour montrer
19:36qu'eux sont des adeptes de la concertation,
19:38du dialogue social, du paritarisme.
19:40Ils considèrent que ce système existe
19:42depuis la libération et qu'après tout
19:44ce n'est pas le plus mauvais des systèmes
19:46et qu'il faut arriver à trouver
19:48des solutions. Ils ont été très
19:50contre la tentation, enfin pas la tentation,
19:52la réalité du président Macron
19:54de s'affranchir
19:56du dialogue social, de s'affranchir
19:58des corps intermédiaires. François Bayrou,
20:00c'était convaincant cette conférence,
20:02c'était aussi un coup porté contre le président
20:04de la République. Ils ont dit, vous les corps intermédiaires,
20:06ce n'est pas votre truc, moi j'essaye de les faire travailler.
20:08De beauté en touche aussi quand même pour François Bayrou.
20:10De beauté en touche,
20:12parce qu'à l'époque c'était un moyen
20:14d'éviter la censure. Il a inventé ce truc-là,
20:16ça lui faisait gare. Deux mois, monsieur le bourreau,
20:18avant la censure, maintenant on est au bout de ces deux mois-là.
20:20Et maintenant il doit assumer les conséquences
20:22de cette conférence. Et justement,
20:24Benjamin Sportouche, et après je crains qu'on ne doive
20:26s'arrêter, mais on a
20:28un petit sujet pour François Bayrou quand même,
20:30comme le disait Gilles. Politique,
20:32vous voulez dire, c'est-à-dire que quand même, c'est pas rien,
20:34il peut y avoir une censure sur les retraites.
20:36Pour l'instant, François Bayrou, il croit à son bonne étoile,
20:38il se dit qu'il va pouvoir durer encore quelques mois,
20:40voire jusqu'à 2027, sauf que vous savez qu'il y a
20:42deux congrès qui arrivent, celui des socialistes
20:44qui doivent se trouver un chef, et celui des républicains,
20:46on en parlait entre retaillots, évoqués.
20:48Alors est-ce qu'ils vont faire un cadeau, ceux-là,
20:50à François Bayrou ? C'est pas sûr.
20:52Si à un moment donné ils trouvent un intérêt partisan
20:54à censurer le gouvernement,
20:56je pense qu'ils n'hésiteront pas à le faire.
20:58Donc ça peut être un sujet encore explosif.
21:00Et on se posait la question de comment arbitrer,
21:02pourquoi pas un référendum ? C'est la question qui se pose aujourd'hui.
21:04Certains le murmurent, le président de la République a dit
21:06qu'il voulait un référendum, alors ça serait certainement explosif.
21:08Il pense davantage
21:10à la fin de vie, on le sait,
21:12mais en même temps, certains lui murmurent
21:14d'aller saisir les électeurs pour dire
21:16faut-il travailler plus longtemps, par exemple,
21:18comme on le fait dans d'autres pays européens,
21:20faut-il davantage de solidarité
21:22générationnelle avec des déretraités
21:24qui cotiseraient davantage ou qui auraient des retraites moindres,
21:26faut-il désindexer les retraites
21:28sur l'inflation ? Voilà des sujets, en effet,
21:30qui pourraient mobiliser l'attention des Français
21:32et qui pourraient, bien évidemment, faire un débat politique.
21:34Certes inflammable, mais en même temps,
21:36après tout, c'est la raison du débat politique.
21:38Et la réponse serait trois fois non.
21:40Merci à vous,
21:42Sylvie-Pierre Brossolette, éditorialiste
21:44au point d'avoir été avec nous ce matin.
21:46Merci Gilles Bornstein,
21:48éditorialiste politique à France Info,
21:50à la télé, Canal 27.
21:52Et à bientôt, Benjamin Smartouche.
21:54Bonne journée à vous. Merci d'avoir suivi
21:56les informés qui reviennent, bien sûr, ce soir,
21:58sur France Info.

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