Les informés de franceinfo du lundi 24 février
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00:00Ravis de vous retrouver pour les Informer de France Info. Votre demi-heure de décryptage de l'actualité jusqu'à 9h30 avec Benjamin Sportouche.
00:17Aujourd'hui, bonjour Benjamin.
00:18Bonjour Adrien, bonjour à tous.
00:19Et avec nos deux Informer. Bonjour Alix Bouillaguet.
00:22Bonjour Adrien.
00:24Et on vous retrouve tous les matins sur France Info Canal 27 pour votre interview politique à 7h45.
00:30Et bonjour à vous Carl Méus.
00:31Bonjour Adrien.
00:32Vous êtes rédacteur en chef au Figaro Magazine.
00:35On commence Benjamin avec ce sujet qui revient encore dans l'actualité.
00:41C'est le sujet des obligations de quitter le territoire français, les OQTF.
00:45Exactement, les fameuses OQTF, le sujet qui refait surface après le tragique attentat de Mulhouse qui a donc coûté la vie à une personne et blessé les agents de police municipale.
00:54Le meurtrier présumé est un Algérien de 37 ans sous obligation de quitter le territoire français et qui souffrait également de troubles psychiatriques.
01:01Une dizaine de laissés-passés consulaires avaient été demandés à l'Algérie en vain.
01:06De quoi remettre sur le devant de l'actualité cette question épineuse d'exécution des OQTF qui empoisonne tous les gouvernements et les ministres de l'Intérieur successifs
01:13dont l'actuel Bruno Rotailleau.
01:16Ce que ne manque pas de rappeler le Rassemblement national.
01:18Écoutez le député Jean-Philippe Tanguy qui réclame plus de fermeté l'été chez nos confrères de France Inter.
01:24La décision c'est au moins de faire en sorte que cette personne ne sorte pas de sa rétention administrative, soit sous surveillance stricte.
01:32Et évidemment, dans notre rapport de force avec l'Algérie, il est grand temps de prendre toutes les mesures que propose Marine Le Pen depuis des années, sans gradation.
01:39Maintenant on a fait assez de gradation, donc on suspend les visas, on suspend toutes les aides, on suspend tous les flux financiers de la diaspora.
01:46Alors sans gradation, c'est une solution proposée par l'ORN.
01:50Est-elle applicable à France CMA ?
01:52Chaque année, environ 130 000 OQTF, mais ne peut en exécuter actuellement que 10% environ.
01:56Dans ce contexte, un comité interministériel de contrôle de l'immigration doit avoir lieu mercredi autour du Premier ministre François Bayrou.
02:02Il avait été acté avant le drame de Mulhouse.
02:04Mais sur quoi peut-il vraiment déboucher ? Ne risque-t-il pas de mettre en lumière un peu plus une forme d'impuissance récurrente de l'État sur ce dossier épineux ?
02:12Alex Bouhélié, est-ce que le problème c'est les OQTF qui n'arrivent pas à être réalisés ?
02:19Ou c'est parce qu'il y a trop d'OQTF ?
02:21Enfin, on a parfois du mal, on a l'impression de parler des OQTF, mais on ne sait pas exactement peut-être de quoi on parle.
02:25Et on a l'impression qu'on se noie peut-être un petit peu dans le problème.
02:29En fait, de manière générale, il y a 10% seulement des OQTF, des obligations de quitter le territoire, qui sont exécutées.
02:36Et si on pointe les ressortissants algériens, c'est 7% seulement.
02:41D'où la petite musique. On a entendu Jordan Bardella dire à M. Retailleau « il faut agir ou partir ».
02:47Cette petite musique en impuissance, elle commence vraiment à monter de plus en plus.
02:52Il y a plusieurs leviers pour la France.
02:54Il y a un premier levier, je dirais, c'est la méthode douce.
02:57Et c'est peut-être celle qui, aujourd'hui, fait peut-être le plus consensus, y compris au sein de la Macronie,
03:02qui serait de dénoncer l'accord de 2007.
03:05L'accord de 2007, c'est un accord qui a été scellé sous la présidence de Nicolas Sarkozy
03:10et qui permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens d'être exemptés de visa.
03:17Et ça, ça touche beaucoup de monde et ça touche aussi des gens qui ne sont pas forcément du corps diplomatique.
03:23C'est-à-dire qu'en Algérie, on distribue peut-être beaucoup plus facilement que chez nous des passeports diplomatiques.
03:29Et ça, ça vise la nomen clactura.
03:31Et ça, ça peut peut-être avoir un impact plus fort, en tout cas, sur le pouvoir algérien.
03:36Puis, il y a la deuxième méthode.
03:38Alors là, on passe à une méthode un petit peu plus dure qui est de dénoncer l'accord de 68.
03:43L'accord de 68, c'est des facilités, on va dire, pour les Algériens,
03:47pour obtenir des droits, des titres de séjour, du regroupement familial en France.
03:52Mais est-ce que, pardon Alix et vous pouvez réagir, mais peut-être aussi Karl,
03:58est-ce que finalement, cette méthode pour l'Algérie, ça va vraiment les faire changer d'avis ?
04:03On a bien essayé la méthode forte avec le Maroc, par exemple.
04:06Ça n'a pas nécessairement fonctionné par le passé.
04:08Pour l'instant, il n'y a aucune méthode qui ne fonctionne.
04:11La méthode douce ne marche pas, la méthode diplomatique ne marche pas.
04:15Et donc, pourquoi pas essayer la méthode un peu plus forte, comme le dit Alix Bouiaguet,
04:19en mettant un certain nombre de choses sur la table.
04:21On a dit, on a parlé, Gérald Darmanin a tenté les visas, la suspension des visas,
04:26mais il ne l'a fait que même pas un an.
04:28Donc, on ne peut pas se rendre compte.
04:29Et c'était en plus dans une situation où, techniquement...
04:32Pendant ce durcissement sur les visas, il y a eu moins d'OQTF encore exécutés, semble-t-il.
04:36Oui, alors en plus, c'est ça.
04:37Mais attention, parce que dans les OQTF, vous avez aussi tout un...
04:42Enfin, le nombre d'OQTF exécutés dépend aussi du nombre d'OQTF que vous prononcez.
04:47Et en fait, c'est ça le problème.
04:48Mais finalement, le vrai problème, il n'est pas là.
04:50Il est que les politiques ont fait de ce sigle l'alpha et l'oméga de leur politique migratoire.
04:56Et en fait, ils se sont fait piéger.
04:58Alors, l'opposition, c'était facile parce que c'était un moyen de dire,
05:01Benjamin Portouche l'a rappelé, regardez, ils n'exécutent qu'à peine 10% des OQTF, c'est donc un échec.
05:07Aujourd'hui, presque tout électeur sait ce que c'est qu'une OQTF,
05:10alors que c'était quelque chose de purement administratif.
05:12Et là, Bruno Retailleau en a fait aussi un symbole de sa politique
05:16parce que c'est un moyen de montrer, non pas son impuissance,
05:19mais qu'il essaye d'agir, mais qu'il est bloqué.
05:22Et donc, il faut changer la loi.
05:24Et c'est le grand discours aujourd'hui des LR, mais également du RN,
05:27qui est de dire, on est empêchés d'agir.
05:29On a la volonté, on a le discours, mais ce qui nous empêche,
05:33c'est la Cour européenne des droits de l'homme, l'Algérie, le carcan législatif.
05:39Et donc, il faut le changer.
05:40Mais faisant ça, ils montrent aux Français que toute leur politique dépend de ces 4 lettres du sigle OQTF.
05:47Et donc, ça crée cette distorsion.
05:50Et ça crée cette attente, dans l'opinion.
05:52C'est-à-dire que si vous mettez le focus sur les OQTF,
05:55et vous dites, voilà, en effet, notre politique d'immigration,
05:57si elle réussit, ça dépend des OQTF, les gens attendent que ce soit mis en œuvre.
06:01Et du coup, on a l'impression que l'État a orchestré sa propre impuissance.
06:04D'abord, en délivrant beaucoup d'OQTF.
06:06Vous l'avez dit, 130 000 en France,
06:08parce que les motifs sont beaucoup plus importants que dans d'autres pays européens.
06:12Et du coup, on a un taux d'exécution qui est moins fort qu'en Allemagne, par exemple, de 30 %.
06:16Par ailleurs, quand il prend des mesures comme la réduction de visa
06:19et qu'il n'y a pas de résultat probant,
06:21l'opinion l'a aussi dit, vous essayez, mais vous n'y arrivez pas.
06:24Donc, on entretient les attentes.
06:26Et là, maintenant, on fait un comité intermédiaire de suivi.
06:28Mais qu'est-ce qu'on peut en attendre ?
06:29Très franchement, il n'y aura pas de solution magique.
06:31Il n'y aura pas de solution miracle.
06:33C'est bien tout le problème.
06:34Et en même temps, on crée encore de l'attente.
06:35Donc, c'est un peu une spirale infernale
06:37dans laquelle les gouvernements successifs se mettent.
06:40Il y a un impératif à agir sur ces entrées irrégulières, c'est certain.
06:44Et l'opinion publique, qu'elle soit de droite, mais aussi de gauche,
06:47on le sent aussi qu'il y a une volonté chez les électeurs de gauche
06:50qu'il y ait une exécution sur l'immigration,
06:53qu'il y ait une immigration de gestion et de contrôle.
06:56Mais du coup, on a l'impression que l'État, depuis des années,
07:00attend le bâton pour se faire battre lui-même sur ce sujet,
07:03en ciblant les occultés.
07:05Alex Bouyagué, est-ce que finalement,
07:07les gouvernants ne sont pas condamnés à faire de la communication
07:10ou pour dire s'agiter et faire croire qu'ils font,
07:13ou s'agiter en disant on n'y arrive pas ?
07:16C'est sûr que sur cette histoire d'occupation,
07:19il y a quand même un consensus politique,
07:23c'est-à-dire, à l'exception de la gauche naturellement,
07:25le Bloc central, on entend Gabriel Attal, Édouard Philippe,
07:28qui plaident pour remettre à plat l'accord de 68,
07:31notamment pour essayer de faire bouger les choses,
07:33le Rassemblement national naturellement, la droite naturellement.
07:36La question, c'est Emmanuel Macron.
07:39En fait, derrière cet accord, il y a aussi des intérêts économiques,
07:44des intérêts stratégiques, de lutte contre le terrorisme,
07:47ce qui se passe en Algérie.
07:49On a l'impression, oui, parce que c'est celui
07:51qui est en ce moment plus sur le devant de la scène,
07:53on a l'impression que le président Tebboune, il n'est pas partageur,
07:56c'est compliqué de travailler avec lui,
07:59mais en fait, on ne sait pas aussi tout ce qui se passe en sous-main.
08:02Et c'est pour ça qu'on sent Emmanuel Macron
08:04sur cette remise en cause appelée par une partie
08:07de la classe politique des accords de 68,
08:09une forme de réserve, et on n'a pas le sentiment
08:12qu'il voudra bouger là-dessus ou qu'il voudra lâcher là-dessus.
08:15Mais parce que c'est aussi, c'est économique,
08:17c'est supprimer les visas du jour au lendemain,
08:19ce que préconise le Rassemblement national.
08:20Mais l'Algérie, c'est notre deuxième partenaire commercial
08:22avec des échanges à hauteur de 8 milliards.
08:24Il y a l'enjeu des hydrocarbures, on importe beaucoup de pétrole aussi.
08:28On a des rapports historiques avec l'Algérie.
08:30Est-ce que vous pouvez, ne serait-ce que pour des raisons économiques,
08:32du jour au lendemain, mettre un terme à cette politique-là ?
08:35C'est complètement impossible.
08:37Pourquoi ? Sinon d'autres l'auraient fait par le passé.
08:39On imagine bien que Nicolas Sarkozy ne se serait pas laissé faire.
08:41Donc, on a l'impression qu'il y a des solutions
08:43qui sont simplistes et évidentes.
08:45Non, c'est beaucoup plus compliqué.
08:46Ça, notamment avec l'Algérie, parce qu'il y a des liens,
08:48et notamment économiques, avec ce pays.
08:50Donc, on est dans quelque chose qui, franchement,
08:53prend une ampleur au-delà de la raison.
08:56Et du coup, il y a encore une fois une frustration politique
08:59et dans l'opinion.
09:00Alors, Carl Meus, est-ce qu'il ne faudrait peut-être pas
09:02tout simplement revenir à essayer d'apaiser les choses
09:06de façon très diplomatique ?
09:07C'est ce que suggère, par exemple, Dominique de Villepin.
09:09Il dit, voilà, il faut reprendre le chemin de la discussion diplomatique
09:12entre diplomates et pas des gens qui font,
09:14ça, c'est moi qui le dis, mais des moulinets avec leurs bras
09:17et un peu les matamores.
09:18Voilà, de la diplomatie à l'ancienne.
09:20Et là, on essaiera d'apaiser les choses comme ça.
09:22On voit que sur Bois-Alem-Sensal, c'est très efficace.
09:24Ça fait 100 jours que le Quai d'Orsay dit à tous les politiques,
09:28à tous les écrivains, faites pas trop de bruit.
09:30Ne faites pas de manifestations.
09:32Allez-y doucement. On négocie.
09:34Oui, 100 jours pour quelqu'un de 80 ans qui, en plus, a un cancer,
09:38on le sait, qui entame une grève de la faim.
09:40Je pense qu'il aurait aimé, il aurait apprécié
09:42que peut-être le Quai d'Orsay se bouge un peu plus.
09:44Donc, oui, la diplomatie, il faut le faire, évidemment.
09:47Mais vous heurtez quand même à une mauvaise foi d'un régime algérien
09:54qui refuse de reprendre ses ressortissants
09:56et donc qui ne respecte pas le droit international.
09:59C'est ça aussi.
10:00Donc, on veut bien être conciliant du côté français.
10:02Mais si vous heurtez à quelqu'un qui ne joue pas les règles
10:05que tout le monde doit appliquer, il y a quand même un problème.
10:08Il faudrait qu'il y ait une amélioration au niveau européen aussi.
10:11C'est-à-dire que si tous les pays européens font ensemble le bloc,
10:14c'est sûr que ça pourrait changer la donne.
10:17Et puis, une dernière chose quand même, c'est que, quelque part,
10:19on se dit que si jamais on continue à aller sur ce terrain-là
10:22dans la diplomatie, c'est qu'il y a peut-être encore quelque chose à faire.
10:26Il y a Patrick Stefanini qui vient d'être renommé.
10:28Il est en train de travailler quand même à faire des accords
10:31spécialistes de l'immigration à droite.
10:33Et c'est vrai qu'il travaille, si on le dit moins,
10:35pour nouer des contacts avec d'autres pays.
10:36On ne parle que de l'Algérie, mais il y a d'autres pays aussi
10:38comme le Kazakhstan, d'où vient une très forte immigration.
10:40Donc, c'est jouer sur la diplomatie et parfois aussi montrer les muscles.
10:43Les informés, vous restez bien sûr avec nous.
10:45On va parler des élections en Allemagne dans une petite minute.
10:49On sera d'ailleurs à Berlin.
10:51D'abord, votre fil info à 9h16, Laura Dulieu.
10:56L'Union européenne annonce adopter de nouvelles sanctions contre la Russie
10:59alors que plusieurs dirigeants étrangers se retrouvent à Kiev
11:02pour réaffirmer leur soutien à l'Ukraine à l'occasion du 3e anniversaire
11:05de l'invasion russe.
11:07Les dirigeants européens qui attendent la formation rapide
11:09d'un gouvernement allemand après la victoire des conservateurs
11:12aux élections législatives.
11:14Leur chef de file, Friedrich Merz, devrait ainsi devenir
11:17le prochain chancelier à la place d'Olaf Scholz,
11:19dont le parti social-démocrate enregistre son pire score de l'après-guerre.
11:23Record historique en revanche pour l'extrême-droite allemande.
11:26L'AFD double son score par rapport à 2021
11:29avec près de 21% des suffrages.
11:32Israël a expulsé au moins 40 000 Palestiniens de chez eux
11:35dans le nord de la Cisjordanie, occupés à Jenin, Tulkarem et Nourcham.
11:39L'armée israélienne a détruit des dizaines de maisons
11:41et interdit le retour des Palestiniens.
11:44Il est accusé d'avoir violé ou sexuellement agressé près de 300 enfants.
11:47Joël Lesquarnay, qui est jugé à partir d'aujourd'hui
11:50pendant la cour criminelle du Morbihan à Vannes.
11:52Le chirurgien de 74 ans sera jugé pendant 4 mois
11:55pour des faits perpétrés entre 1989 et 2014.
12:09Et toujours avec Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info TV
12:14et Carl Meus, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
12:18Nous parlons à présent, Benjamin Sportouche,
12:20des élections en Allemagne avec cette victoire des conservateurs de la droite.
12:24Oui, et une percée record de l'extrême droite.
12:27C'est ça qui marque l'AFD qui arrive en seconde position
12:30derrière les conservateurs de la CDU, vous l'avez dit,
12:32avec 28,6% des voix pour la CDU.
12:35Et donc l'AFD qui arrive à peu près à 20%.
12:37Devant le SPD du chancelier sortant Olaf Scholz,
12:40du jamais vu, il faut le dire, dans ce pays qui semblait réticent jusque-là
12:43donc à voter pour un parti aussi nationaliste et radical,
12:46l'AFD a doublé son score par rapport à 2021,
12:49c'est-à-dire qu'il y a à peine 4 ans.
12:51Et dès hier soir, la leader de l'AFD, Alice Weidel,
12:54a tendu la main à la CDU, aux conservateurs,
12:57pour constituer une coalition. Écoutez.
13:04Je dois dire une chose.
13:05Notre main sera toujours tendue pour participer à un gouvernement
13:08et pour remplir la volonté du peuple, la volonté de l'Allemagne.
13:12Nous sommes prêts à participer au gouvernement
13:16Nous sommes toujours prêts à mettre en œuvre la volonté du peuple.
13:23Alors, le futur potentiel chancelier allemand,
13:26Friedrich Merz, a dit qu'il ne prendrait pas cette main tendue.
13:29Et donc on peut quand même se poser la question,
13:31ira-t-il jusqu'au bout ?
13:32Le cordon sanitaire qu'on appelle par feu en Allemagne,
13:35tiendra-t-il vraiment ?
13:36Et puis quel impact sur la France, ça c'est important,
13:39et sur les autres extrêmes droites européennes ?
13:41Bonjour Sébastien Baer.
13:43Bonjour Adrien, bonjour à tous.
13:45Vous êtes le correspondant de France Info, Radio France à Berlin.
13:50Je me permets de vous poser, pour commencer,
13:52la même question que celle que vient de poser Benjamin Sportouche.
13:58Est-ce que ce cordon sanitaire, il va tenir ?
14:02Ou est-ce que, d'une manière ou d'une autre,
14:05Friedrich Merz va finir par être obligé de se rapprocher de l'AFD ?
14:0820% quand même, c'est considérable.
14:11Oui, ce cordon sanitaire, il a été mis à rude épreuve
14:13à la fin du mois de janvier, quand il y a eu ce vote commun
14:16avec les voix des députés conservateurs
14:19et les voix des députés de l'extrême droite, de l'AFD,
14:22pour faire passer un texte commun sur l'immigration.
14:25Il s'agissait d'une motion non contraignante.
14:27Ça fait beaucoup parler, ici en Allemagne,
14:29on a parlé de rupture d'un tabou qui existait depuis l'après-guerre,
14:32qui exclut là, en fait, depuis cette période,
14:34toute alliance entre les partis dits traditionnels et l'extrême droite AFD.
14:39Ça a été beaucoup reproché à Friedrich Merz, le conservateur,
14:42qui a dû, pendant toute la campagne, depuis un mois,
14:45se justifier, répéter que jamais il ne ferait d'alliance
14:49dans le futur avec l'extrême droite.
14:51Il l'a répété dès que l'occasion se présentait,
14:54lors des débats, lors des meetings électoraux,
14:56lors de ces deux duels télévisés avec Olaf Scholz.
14:59Jamais il ne fera alliance avec l'extrême droite.
15:01Et d'ailleurs, il a refusé, effectivement, Benjamin en parlait,
15:03la main tendue, hier soir, d'Alice Weidel, la chef de l'extrême droite,
15:07pour former un gouvernement avec la CDU.
15:10Elle s'est proposée, mais Friedrich Merz a refusé.
15:12Alors, Sébastien, la question corollaire de ce que vous venez de dire,
15:16c'est avec qui Friedrich Merz peut-il gouverner ?
15:19On se rappelle de cette grande coalition sous Merkel,
15:23on se rappelle de cette, peut-être encore plus grande coalition
15:27sous Olaf Scholz, la tripartite, qui n'avait pas bien fonctionné.
15:30Est-ce que Friedrich Merz, qui promet un gouvernement sous deux mois,
15:34je crois, 20 avril, il peut y arriver ?
15:36Et il peut arriver à échapper à la tripartition ?
15:40Oui, c'est ce que voudrait éviter à tout prix Friedrich Merz,
15:43échaudé par l'expérience précédente, effectivement, que vous évoquiez.
15:47Cette coalition tripartite du SPD d'Olaf Scholz,
15:50le Parti social-démocrate, avec à la fois les Verts de Robert Habeck
15:53et le Parti libéral, le FDP de Christian Lindner.
15:56Parti libéral qui a fini par être à l'origine de l'éclatement de la coalition.
16:01C'était début novembre, il y avait des dissensions,
16:04des tensions énormes, depuis quelques semaines,
16:06sur la question du budget allemand.
16:07Et ça a conduit à l'éclatement prématuré de la coalition,
16:10puisque je vous rappelle que, normalement, les élections
16:12auraient dû se tenir le 28 septembre prochain seulement.
16:14Ça, Friedrich Merz va à tout prix l'éviter.
16:17Il souhaite une coalition avec deux partis.
16:19A priori, ça pourrait être possible.
16:22Cette alliance plutôt naturelle irait avec le SPD d'Olaf Scholz,
16:26le Parti social-démocrate, qui a réalisé 16,5% des voix hier.
16:33C'est son plus mauvais score depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
16:38Alliance qui a déjà été éprouvée à quatre reprises depuis l'après-guerre.
16:41A quatre reprises, cette grande coalition entre la CDU et le SPD
16:45a vu le jour, et notamment trois fois sous Angela Merkel.
16:48Les discussions sont en cours.
16:50Hier, c'était le temps de la fête.
16:51Aujourd'hui commence celui du travail.
16:53C'est ce qu'a dit Friedrich Merz hier soir.
16:57C'est le moment qui est venu pour former une coalition
16:59et pour essayer de trouver des partenaires.
17:01Des coalitions qui s'annoncent longues.
17:03Ça avait duré plus de deux mois pour former une coalition en 2021
17:06avec Olaf Scholz et plus de six mois avec Angela Merkel en 2017.
17:09Merci à vous, Sébastien Bayer, correspondant de France Info.
17:13Vous êtes en direct de Berlin.
17:16Alors effectivement, ce qu'on observe quand même
17:19et ce qui est frappant, Alix Bouillaguet,
17:20c'est que sur l'extrême droite, l'Allemagne semble faire quelque part
17:26ou en tout cas commencer à faire ce qui se passe dans d'autres pays européens.
17:29Oui, c'est vrai.
17:30C'est vrai que c'est impressionnant, notamment de l'AFD,
17:33parce que l'AFD, c'est un tout jeune parti qui a été créé en 2013.
17:36Le parti a quand même doublé son score.
17:40Avec des positions extrêmement radicales.
17:42Avec des positions très radicales.
17:43Des discours qui peuvent se rapprocher de certains discours néonazis.
17:47On est vraiment sur du gros calibre.
17:49Et c'est vrai qu'ils ont aussi surfé pendant cette campagne législative
17:55sur des attaques en série meurtrière qui ont impliqué des étrangers.
18:00Est-ce que ça peut faire boule de neige ?
18:02En fait, ça fait déjà boule de neige.
18:03C'est-à-dire qu'on voit bien que c'est un phénomène qui existe partout en Europe,
18:07en Autriche, en Italie, aux Pays-Bas, en France.
18:09En France, si on regarde les chiffres du RN,
18:12le RN double aussi son score.
18:14Entre les législatives de 2022, ils sont à 19%
18:17et les législatives de 2024, ils sont à 32%.
18:20Donc c'est un phénomène massif.
18:22Ce qui est intéressant de voir par rapport, si on regarde notre lunette franco-français,
18:27c'est de voir que le RN n'a pas du tout...
18:29Ils ont vraiment rompu avec l'AFD en 2019.
18:32Pour eux, c'est vraiment trop de radicalité.
18:35Et ça va vraiment à l'encontre même de la stratégie...
18:38Avec notamment la question de la remigration.
18:40Voilà, cette remigration.
18:41Et ça va à l'encontre de la stratégie mise en place par Marine Le Pen
18:44qui est la dédiabolisation.
18:46Donc pour eux, c'est un parti extrêmement sulfureux.
18:48Ils ne siègent plus au même groupe au Parlement européen.
18:51Il y a un cordon sanitaire.
18:53Mais en tout cas, il y a un phénomène général effectivement
18:56de montée des populismes en Europe.
18:57Karl Meus.
18:58On s'attache évidemment à l'AFD.
19:01C'est normal puisqu'ils ont doublé leur score.
19:04Mais il y a un autre petit parti à gauche
19:07qui, lui, passe de 0 à 5%.
19:10C'est le parti BDW qui n'a pas la même politique
19:18mais qui dit qu'on peut être de gauche
19:20et être radical contre l'immigration.
19:23Donc c'est très intéressant parce que c'est les deux partis
19:26qui progressent le plus.
19:27Ce sont des partis qui disent
19:28attention, l'immigration,
19:31submersion, ce que vous voulez.
19:33Je ne sais pas si ces termes-là étaient employés en général
19:35mais qui disent, voilà, sur l'immigration,
19:37on n'en peut plus, il faut arrêter.
19:39Et ça, c'est quand même un signal très fort
19:41parce que ça fait 25%.
19:43C'est un quart quand même du corps électoral allemand.
19:46Deux droites très fortes et deux gauches.
19:50Donc c'est un signal.
19:52Quand on entend que Friedrich Merckx
19:55veut faire une coalition avec l'USPD,
19:57ce qui est la logique en Allemagne,
19:59le problème, c'est pour faire quelle politique ?
20:01Alors d'accord, on sait qu'il y a des discussions et tout.
20:03Parce que Friedrich Merckx, en plus,
20:04il a des positions assez dures, finalement,
20:06qui ne sont pas vraiment celles du SPD.
20:08Plus dures que celles de la CDU de l'époque Merkel, par exemple.
20:11Oui, sur l'immigration, sur les portes ouvertes
20:15au moment d'Angela Merkel.
20:17On voit bien les conséquences aujourd'hui.
20:19Il faudra analyser ça beaucoup plus finement.
20:21Mais si l'AFD en est là,
20:23le point de départ peut être, effectivement,
20:25le moment où Angela Merkel ouvre les portes
20:27de l'Allemagne aux migrants.
20:28Un aspect, peut-être, Benjamin Sportouche aussi,
20:30c'est l'impact qu'a pu avoir Elon Musk,
20:32qui finalement ne semble pas, lui,
20:34qui avait, on le rappelle, appelé de façon officielle,
20:36a voté pour Alice Weidel, pour l'AFD.
20:38Son impact ne semble pas si considérable.
20:40Non, parce qu'elle était déjà très haute, l'AFD,
20:41avant même qu'il exprime cette préférence.
20:43D'ailleurs, il l'a saluée sur les réseaux sociaux,
20:45ce score de l'AFD.
20:47En fait, ce qui est assez surprenant,
20:49c'est qu'il y a 20 ans, jamais on ne pensait
20:51que l'AFD pouvait être un tel score en Allemagne.
20:53Il y avait ce tabou total de voter
20:55pour un parti d'extrême droite
20:57parce que ça rappelait le nazisme
20:59et la période très sombre de l'Allemagne.
21:01Mais aujourd'hui, en fait, ils ont des débats
21:02que nous avons eus, nous, il y a 30 ans, en France,
21:04par exemple, récemment encore,
21:05sur l'interdiction de l'AFD,
21:07ce qui avait été le cas sur le Front National
21:09il y a 30 ans, sur l'alliance avec la CDU.
21:12En effet, vous disiez, il y a eu quand même
21:14quelques voix de l'AFD qui se sont alliées
21:16à celles de la CDU récemment
21:18pour voter une résolution sur l'immigration.
21:20C'était il y a à peine trois semaines.
21:22Donc, ils sont en train de connaître
21:24ce que nous, Français, nous avons connu
21:26il y a plusieurs années
21:28et en train de prendre ce qui se passe
21:30le train de l'Europe sur, en effet,
21:32une radicalisation et une extrémisation.
21:34Vous avez deux secondes, Alex Bouillaguer.
21:36Deux secondes. Il ne faut pas négliger quand même
21:38le retournement de l'alliance américaine.
21:40Aujourd'hui, quand on entend Emmanuel Macron
21:42qui dit que c'est une internationale réactionnaire,
21:45le centre est aujourd'hui à Washington.
21:47Et juste pour dire que Eric Zemmour
21:49a été invité hier.
21:51Donc, l'alliée de l'AFD...
21:53Aucune autorité !
21:55On y va. Merci à vous.
21:57Merci Benjamin Sportouche.
21:59Merci Carl Meius, rédacteur en chef au Figaro Magazine.
22:01Et merci Alex Bouillaguer.
22:03On vous retrouve tous les matins à 7h45
22:05sur France Info.
22:07Les informés reviennent, bien sûr, ce soir.
22:10Sous-titrage Société Radio-Canada