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  • il y a 4 jours
Les informés de franceinfo du 17 avril 2025

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00:00Il y a Braclia et Renaud Delis.
00:10Et bienvenue dans les informés, l'émission de décryptage de l'actualité de France Info.
00:14Bonjour Renaud Delis.
00:15Bonjour Sadia.
00:15Et bonjour à nos informés du jour.
00:17Alors on a du monde ce matin, on a Sophie Dravinel, chroniqueuse politique à Public Sénat.
00:21Bonjour Sophie.
00:22A vos côtés Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération.
00:26Bonjour Paul.
00:27Bonjour.
00:27Et Nicolas Teilhard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France,
00:30parce que le menu est très international aujourd'hui des informés.
00:33Renaud Delis, on reçoit deux Américains aujourd'hui à Paris.
00:36Marco Rubur, le secrétaire d'État américain, et puis Steve Witkoff qui est l'émissaire international de Donald Trump,
00:42qui donc seront reçus aujourd'hui à Paris, notamment d'ailleurs une rencontre avec Emmanuel Macron
00:47pour discuter en premier lieu de la situation en Ukraine, des relations entre les États-Unis et l'Union européenne.
00:55Alors que peut-on attendre de cette rencontre ? Est-ce que les Américains finalement redécouvrent qu'ils peuvent peut-être avoir un petit peu besoin de l'Europe
01:03quant aux négociations engagées avec Vladimir Poutine pour essayer d'arriver à un cessez-le-faire en Ukraine ?
01:08Voici ce qu'on disait il y a quelques minutes sur votre plateau.
01:11Il y a une complaisance absolument vertigineuse vis-à-vis de la Russie de Vladimir Poutine.
01:19Le sentiment qui est le mien, c'est que Donald Trump n'a qu'une hâte, c'est de se réconcilier avec la Russie,
01:26et qu'en fait l'Ukraine le dérange.
01:28Donc en fait il voudrait se débarrasser du problème ukrainien n'importe comment,
01:33à n'importe quel prix, pour pouvoir faire du business avec la Russie.
01:39Alors si le fossé est tel entre l'Europe et les États-Unis selon l'analyse de la matière de l'oiseau,
01:44que peut-on attendre de cette rencontre ?
01:46Est-ce qu'il s'agit d'acter un divorce entre les États-Unis et l'Europe et la France sur le dossier ukrainien ?
01:52Est-ce que d'ailleurs l'Europe peut éventuellement supplé un désengagement plus ou moins engagé des États-Unis
01:58quant à l'aide militaire à apporter à l'Ukraine ?
02:00Bref, à quoi bon cet entretien, ces entretiens aujourd'hui et demain ?
02:04Nicolas Teilhard, qu'est-ce qu'on peut en attendre ?
02:06Alors ce qu'on peut en attendre, c'est difficile à dire.
02:08Ce qu'on peut remarquer, c'est déjà qu'on se reparle,
02:10parce que c'est une première depuis au moins deux mois,
02:14et le moment où les États-Unis ont décidé officiellement de lancer des négociations de paix,
02:19et j'allais dire avec l'Ukraine, surtout avec la Russie et Vladimir Poutine,
02:23on se souvient de ce coup de fil entre Président Trump et Poutine.
02:27Depuis, c'est un cavalier seul américain sur ce dossier.
02:31On a délibérément mis de côté les Européens,
02:34et d'une certaine manière, l'entrevue du jour à l'Élysée marque quand même la reprise d'un dialogue.
02:40Après, il ne faut pas sans doute en attendre beaucoup, en tout cas du point de vue européen,
02:45parce qu'il y a toujours autant et plus de sujets de divergence que de convergence
02:49entre Washington et Paris, et plus largement l'Union Européenne aujourd'hui,
02:55et que la présence de Steve Wittkopf incarne un petit peu ces difficultés.
03:00L'émissaire spécial, oui.
03:01L'envoyé spécial, qui est surtout le négociateur en chef.
03:04Au début, c'était pour le Moyen-Orient.
03:05Finalement, c'est pour tout, parce que c'est lui qui va en Russie rencontrer Vladimir Poutine,
03:09c'est lui qui dialogue avec le Kremlin, qui est emprunte d'ailleurs au narratif russe,
03:14c'est ce qu'on a constaté depuis quelques semaines.
03:18Et donc, sa présence ici, elle est importante parce que c'est lui qui a vu Vladimir Poutine directement,
03:24alors qu'Emmanuel Macron a rompu ses relations avec le président russe.
03:27Parce que ces deux personnes vont être reçues par le président de la République
03:30avant qu'ils rencontrent leurs homologues européens.
03:33Il l'a dit, Nicolas Teilhard, Marco Rubio est un peu plus méfiant vis-à-vis de Vladimir Poutine,
03:39mais Wittkopf, lui, carrément, il a acquis la cause de Vladimir Poutine.
03:45Il y a moyen de les retourner, ces Américains ? Paul Quignot ?
03:49C'est difficile à dire, comme ça a été dit, mais vous parliez de Wittkopf,
03:55mais Trump, lui-même, a très très envie de renouer avec Poutine.
04:00Et la discussion, elle est faussée quasiment depuis les premiers jours du mandat de Trump
04:06et des premières discussions, enfin, souvenez-vous de ce que Trump a utilisé
04:11exactement le vocabulaire de Vladimir Poutine.
04:14Et donc, il a presque, et c'est là où les négociations, on ne sait pas trop à quoi elles servent.
04:20Et si on se place du point de vue de Vladimir Poutine, qui a la main militairement sur le terrain,
04:25et qui, en termes de négociations, a presque obtenu, avant même qu'elle commence, ce qu'il réclamait.
04:33Donc, c'est Poutine qui, pour l'instant, malheureusement, mène le jeu.
04:39Et il le mène d'autant plus facilement qu'effectivement, on ne comprend pas toujours ce que font les Américains,
04:44comme sur ce sujet-là, comme sur beaucoup d'autres.
04:47Et que les Européens, ça a été dit aussi, sont divisés, et que les discussions sont longues.
04:51C'est toujours le problème des démocraties.
04:54Il y a des opinions publiques dont il faut tenir compte.
04:57Donc, c'est compliqué. On sait que l'Europe est divisée sur le sujet.
05:00Alors, sur quel sujet peut-il y avoir des ouvertures ?
05:04J'imagine, quand Emmanuel Macron va les recevoir tout à l'heure.
05:07Est-ce que ça va jouer sur la fin du conflit et ces fameuses garanties de sécurité que les Européens veulent amener ?
05:13Est-ce que ça va jouer sur l'aide militaire à l'Ukraine jusqu'à maintenant ?
05:17Sur quoi ça peut se jouer ?
05:18Ça peut se jouer sur tout ça, évidemment.
05:20Mais en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que c'est un peu de la diplomatie fantôme,
05:24parce que l'Europe est plus ou moins associée quand même aux négociations qui se passent entre la Russie et les États-Unis.
05:29Donc, ils ne savent pas très bien ce sur quoi ils peuvent compter ou quelles pièces ils peuvent avancer.
05:34Une chose qui est importante, c'est de voir l'Europe dans son ensemble,
05:37et pas seulement la visite aujourd'hui à Emmanuel Macron,
05:40parce qu'il y a énormément d'autres choses qui se jouent.
05:42Il faut savoir que Georgia Meloni, je parle sous votre contrôle, Nicolas Théa, est aujourd'hui à Washington,
05:48et qu'elle rencontre Donald Trump.
05:49Pour parler de droits de douane.
05:50Absolument.
05:51Mais c'est une question économique qui entre aussi évidemment dans les dialogues avec...
05:55C'est un fantôme des discussions en ce moment.
05:57Absolument.
05:57Les droits de douane et J.D. Vence, le vice-président américain, est à Rome.
06:00Ce sera, voilà, est à Rome et va la rencontrer.
06:02Et là, il y a aussi cet enjeu-là.
06:04Et il faut savoir aussi qu'il y a le futur ministre des Affaires étrangères allemand qui était à Paris la semaine dernière
06:11et qu'Emmanuel Macron va recevoir la visite du prochain chancelier qui va être investi le 6 mai et le 7 mai, il sera à Paris.
06:19Et c'est ce couple franco-allemand aussi qui se construit et qui va servir un peu de bouclier
06:24alors que les États-Unis continuent à refuser de discuter avec Ursula von der Leyen qui est quand même la chef de l'exécutif européen
06:31et que ça, c'est un problème pour l'Europe qui ne parvient pas à faire front uni vis-à-vis des États-Unis.
06:37Et dans ce brouillard, sur quoi on peut se baser ?
06:40Sur les faits, tout simplement.
06:42Qu'est-ce qu'on voit depuis deux mois ?
06:43C'est qu'aucune concession n'a été faite par la Russie,
06:46que depuis qu'elle s'est engagée à ne plus frapper les sites énergétiques en Ukraine
06:51et que Kiev l'accuse d'ailleurs d'avoir violé cet engagement,
06:53elle frappe de manière incessante les grandes villes ukrainiennes
06:57avec des bâtiments civils, des habitations.
06:59Cette nuit, ça a été à Dnipro ou à Odessa encore.
07:03Et qu'il y a un sujet de profonde divergence entre Européens et Américains,
07:07c'est sur la question des sanctions.
07:09Parce que Donald Trump, il avait entre-ouvert la porte à l'idée d'arrêter de sanctionner l'économie russe
07:15parce que ça pouvait être une voie d'accès dans les négociations pour Vladimir Poutine
07:20et parce que ça permet aussi de refaire des affaires d'une certaine manière.
07:25Or, les Européens ont dit niette, il y a quelques semaines déjà,
07:28s'opposent fermement à l'idée de mettre un terme aux sanctions
07:31tant qu'il n'y avait pas un cessez-le-feu réel et appliqué véritablement en Ukraine.
07:37Ça peut être aussi un sujet de discussion tendue aujourd'hui.
07:41Paul, rapidement ?
07:41Il y a une différence majeure aussi entre les deux, entre Trump et Poutine,
07:44c'est que c'est la gestion du temps.
07:47Poutine est un homme pressé.
07:48Il a dit qu'il voulait...
07:49Trump.
07:50Trump, pardon.
07:50Trump est un homme pressé.
07:51Il voulait tout régler très vite.
07:52Il voulait un accord rapide avant Pâques, etc.
07:5524 heures au départ, quand il est temps qu'en Pâques.
07:57Poutine a une gestion du temps qui est longue et donc il en joue à son avantage.
08:01Il est possible aussi, si on reprend l'analyse de Nathalie Loiseau
08:05dont on diffusait les propos tout à l'heure
08:06et qui est partagée d'ailleurs par pas mal d'observateurs,
08:09l'analyse selon laquelle, quand même, l'un des premiers soucis,
08:12l'une des premières motivations, si je veux dire, de Trump,
08:15c'est la dimension du business.
08:17On le voit aussi, d'ailleurs, ça pèse sûrement aussi sur son analyse
08:21du sort qu'il prétend réserver à la bande de Gaza à terme
08:25quand il fantasme sur cette histoire de Riviera.
08:29Il faut bien comprendre que, comme vous l'avez évoqué à l'instant,
08:32tous les dossiers s'entremêlent un petit peu en même temps.
08:34C'est-à-dire qu'il y a plusieurs fronts ouverts
08:37entre les États-Unis et l'Union européenne
08:39et que cette question, cet enjeu des droits de douane
08:42pèse probablement peut-être encore plus dans l'esprit de Donald Trump
08:45que le sort de l'Ukraine et du président Zelensky.
08:47Et donc, on peut aussi imaginer que, dans les multiples rencontres,
08:51et Nicolas Teilhard a raison de souligner que, en tout cas,
08:54la nouveauté, c'est qu'on se reparle.
08:55On se reparle à Paris.
08:57Georgia Meloni va aussi parler à Washington.
08:59Il y a aussi cette dimension du business et donc de la guerre commerciale
09:05qui peut être éventuellement un outil pour les Européens
09:08puisqu'on voit que les conséquences, elles sont très fortes.
09:11– Il faut l'expliquer, du coup, à ceux qui nous écoutent et qui nous regardent.
09:14– Il a reculé, il a reculé quand même.
09:16– N'empêche que les droits de douane vis-à-vis de la France
09:18ont quand même largement augmenté.
09:19– Oui, mais enfin, il a reculé par rapport à toutes les annonces qu'il avait faites
09:21parce qu'il a quand même mesuré, peut-être pas tout seul,
09:24mais les conséquences que ça avait sur le plan boursier,
09:27les menaces sur l'économie américaine, etc.
09:29Donc, au-delà du duel qu'il veut évidemment faire perdurer
09:33et même augmenter vis-à-vis de la Chine,
09:34il y a, me semble-t-il, un levier aussi pour les Européens sur ce terrain-là.
09:39– Nicolas ?
09:40– Il a reculé, mais il a reculé avec un sursis.
09:43– Oui, 80 livres.
09:43– Et d'une certaine manière, si on se reparle, on se reparle sous pression
09:47et avec le couteau sous la gorge aujourd'hui,
09:49et c'est assez marquant quand même depuis deux mois,
09:51c'est-à-dire que l'Europe est quand même une cible prioritaire
09:54de la diplomatie américaine et de l'administration Trump
09:57qui multiplie ses critiques, ses attaques,
09:59on parle de pays alliés historiquement,
10:02et que la journée d'aujourd'hui, ou en tout cas cette fin de semaine,
10:05elle marque aussi l'espèce de diplomatie bulldozer de Donald Trump
10:09parce qu'au moment où on parle de l'Ukraine,
10:11on parle aussi de Gaza et du Proche-Orient,
10:13on parle aussi du nucléaire iranien,
10:15on parle sur fond de négociations sur les droits de douane,
10:19donc il y a des dossiers dans tous les sens,
10:20avec une stratégie difficile à déchiffrer
10:23et avec des Européens dont l'Amérique est tentée de jouer
10:27sur la division aussi forcément.
10:28– Juste un point, il a reculé avec sursis, c'est très juste,
10:31il a suspendu d'ailleurs pour 90 jours les mesures qu'il avait annoncées,
10:34mais s'il l'a fait, c'est aussi parce que l'Europe à ce moment-là
10:36a affiché un front commun, uni et une riposte forte,
10:40en deux temps certes, et même en plusieurs temps d'ailleurs,
10:42mais une riposte sur ce terrain des droits de douane,
10:44donc ça aussi, ça doit être une leçon pour les Européens,
10:48c'est que dès lors que la riposte peut aussi toucher les Etats-Unis,
10:51en tout cas sur le plan commercial,
10:52Donald Trump est au moins capable de suspendre,
10:56de reculer et d'attendre, et peut-être même de réfléchir.
10:59– Dialogue compliqué avec les Américains,
11:00dialogue compliqué en France avec les Algériens,
11:02on en parle juste après le fil-info de Maureen Suignard à 9h17.
11:05– La nuit a été calme, pas de nouvelles dégradations
11:08ou feux de voitures signalés pour l'heure devant des prisons françaises,
11:12les enquêteurs tentent toujours de savoir qui est derrière la série d'attaques depuis dimanche.
11:16Pour l'heure, il n'y a pas de pistes privilégiées,
11:18assure sur France Info le procureur national antiterroriste,
11:20le ministre de l'Intérieur évoque, lui, la piste des narcotrafiquants.
11:26Paris au cœur de discussions sur la guerre en Ukraine,
11:28aujourd'hui Emmanuel Macron reçoit le chef de la diplomatie américaine
11:31et l'émissaire spécial de Donald Trump.
11:33Le bras droit du président ukrainien annonce ce matin
11:36être en France pour participer à ces rencontres.
11:39De nouvelles frappes israéliennes ont fait 25 morts dans la bande de Gaza
11:43ces dernières heures, selon la défense civile.
11:45Des tentes de déplacés touchés, l'armée israélienne a par ailleurs annoncé hier
11:49avoir transformé 30% du territoire palestinien en zone tampon,
11:54des zones vidées de leurs habitants.
11:56Le retour de la neige dans les Alpes, la Savoie est en vigilance orange
11:59pour des risques d'avalanche, d'avalanche d'orange aussi pour la Haute-Corse
12:03et la Corse du Sud pour pluie, inondation.
12:05Les informés continuent avec Sophie Dravinel, chroniqueuse politique à Public Sénat
12:21avec Paul Quignot, directeur délégué de la rédaction de Libération,
12:24Nicolas Teilhard, journaliste à la rédaction internationale de Radio France.
12:28Renaud Deli, on parle maintenant de la crise avec l'Algérie.
12:30Une escalade dans la crise des relations diplomatiques entre la France et l'Algérie,
12:34à nouveau, depuis quelques jours, avec l'expulsion mutuelle de 24 agents diplomatiques.
12:39C'est l'Algérie qui a commencé par expulser 12 agents français,
12:42prenant prétexte d'une décision de la justice française visant l'un des agents consulaires algériens
12:47qui a été interpellé, mis en examen en France,
12:50parce qu'il est soupçonné, accusé d'avoir séquestré un opposant au régime algérien
12:56qui séjourne en France.
12:59Et pourtant, il y a à peine 15 jours, Emmanuel Macron avait décroché son téléphone
13:04pour s'entretenir longuement avec le président Tebboune,
13:08avec lequel il entretient d'ailleurs des relations plutôt amicales.
13:10Il envisageait le retour d'un dialogue fructueux,
13:13c'était la formule utilisée à l'Élysée,
13:16avec la reprise d'un certain nombre de coopérations.
13:18Alors, est-ce que cette nouvelle crise est un échec de la méthode du chef de l'État ?
13:23Voici ce qu'en disait hier chez nos confrères de France Inter,
13:25le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barraud.
13:29Il fallait donner sa chance au dialogue.
13:31Nous avons obtenu des engagements.
13:33Et puis, vendredi dernier, la justice française, indépendante,
13:37a décidé d'arrêter trois Algériens
13:39qui sont visés dans une affaire où ils sont soupçonnés d'avoir commis des faits graves.
13:43Ils ont été mis en examen, ils ont été placés en détention provisoire.
13:46C'est une décision indépendante.
13:48Et pourtant, les autorités algériennes, dimanche, soit deux jours après,
13:51ont pris cette décision très brutale
13:53qui dégrade la possibilité d'avoir un dialogue de qualité avec elle.
14:00Une décision indépendante de la justice française.
14:02D'ailleurs, le procureur du Parquet national antiterroriste
14:05l'a rappelé ce matin sur l'antenne de France Info.
14:08Mais une décision qui a donc été utilisée,
14:10instrumentalisée par le régime algérien
14:12pour déclencher une nouvelle crise.
14:14Alors, la méthode du dialogue prônée par Emmanuel Macron semble échouer.
14:19La méthode des coups de menton, la méthode plus musclée du ministre de l'Intérieur,
14:22Bruno Taillot, n'est pas plus efficace,
14:24notamment sur le dossier des ressortissants visés par des OQTF,
14:28obligation de quitter le territoire français,
14:30que la France voudrait voir l'Algérie accueillir ses ressortissants,
14:35ce qu'elle ne fait pas.
14:36Et puis, évidemment aussi, sur le soir de Boilem Sansel,
14:38écrivain franco-algérien,
14:39qui est aujourd'hui toujours emprisonné.
14:41Alors, comment faire pour essayer de dénouer cette crise qui ne fait que s'aggraver ?
14:46Paul Quignot.
14:49Ça va être très compliqué pour Macron de sortir de cette crise,
14:53pour une raison toute simple,
14:55c'est qu'il a choisi le Maroc, d'une certaine manière.
14:58Je caricature un peu,
14:59mais en décidant d'adouber la position marocaine sur la question du Sahara occidental,
15:07les Algériens ont quand même eu le sentiment qu'ils les prenaient à l'envers.
15:14Alors, Brousse-Poile, ils ont été surpris,
15:18ils ont vexés,
15:20et surtout, alors que depuis son élection,
15:24Emmanuel Macron avait plutôt tendance à multiplier les signes envers l'Algérie,
15:30là, ils ont vraiment eu l'impression qu'ils lui faisaient à l'envers.
15:32Donc, ils n'ont pas aimé du tout,
15:34et je pense que ça va prendre du temps,
15:37et je ne suis pas très optimiste sur une résolution rapide ou une...
15:42Vous dites que le point de départ de la crise, c'est ça ?
15:44C'est la marocanité du Sahara occidental ?
15:46En tout cas, c'est le point majeur.
15:49Sans Sahara, sans cet épisode-là,
15:50je pense qu'on ne comprend pas ce qui se passe en ce moment.
15:53Sophie Dravinel,
15:55il l'a dit, Renaud,
15:56on est passé par le bras de fer avec Bruno Rotaillot,
15:59maintenant la diplomatie,
16:00et on a des résultats compliqués malgré tout.
16:02Oui, absolument, mais il faut avoir des résultats,
16:04parce que nos deux pays sont totalement imbriqués,
16:06que nos deux pays sont totalement solidarisés,
16:09évidemment, par l'histoire,
16:11par un passé, un passif,
16:13par des revendications,
16:14par des attentes,
16:16et surtout par la masse
16:18et le nombre des Algériens
16:20qui irriguent notre pays,
16:22et qui sont dans une double nationalité,
16:24qui donnent à la fois cette puissance
16:26à ce dialogue,
16:27et qui sont eux aussi pris en otage
16:29entre un régime vieillissant
16:30qui n'en finit pas de vieillir,
16:32et la diplomatie française
16:33qui a tardé,
16:35même si Emmanuel Macron
16:36a repris la main
16:38pour dire ce que le peuple algérien
16:40et les autorités algériennes attendaient.
16:42Donc ce qui, moi, me semble important,
16:43c'est quand même de dire que
16:44depuis 1962,
16:46jamais il y a eu ce degré quand même
16:47de tension entre les deux pays.
16:49C'est un appel de l'ambassadeur en France.
16:50Absolument, mais il faut savoir pourquoi.
16:51C'est parce qu'il y avait un opposant
16:53sur notre sol français
16:55qui a quand même été pris en otage
16:57pendant 27 heures
16:58sur notre sol français
16:59par dégâts des services algériens.
17:02Alors je veux bien que la France
17:03travaille avec ses services
17:04justement dans la lutte antiterroriste
17:06et dans la lutte
17:07contre les dérives islamistes.
17:09Mais enfin, il y a quand même des limites.
17:11On se souvient des Russes
17:13qui allaient assassiner leurs opposants
17:14sur le territoire,
17:15enfin en Angleterre,
17:16en 2006, en 2018,
17:17des Russes qui allaient en Allemagne
17:19saisir des Tchétchènes
17:21ou le régime islamique iranien
17:22même sur notre territoire.
17:24Je pense que là, quand même,
17:26on est arrivé à un stade
17:27où les choses doivent être
17:28vraiment mises à plat.
17:29Nicolas ?
17:29Ce qui est compliqué,
17:30c'est qu'on comprend que la diplomatie,
17:32c'est aussi une question de timing,
17:34comme dans la vie,
17:35et qu'en l'occurrence,
17:36le timing est en permanence
17:38sur un faux rythme
17:39entre la France et l'Algérie
17:40ces dernières années
17:41parce qu'on disait à l'instant
17:43qu'il y avait eu une bascule
17:44du côté marocain.
17:45Ça a aussi été fait par dépit,
17:47par une forme de lassitude
17:48chez Emmanuel Macron
17:49qui a sans doute été le président
17:51de la Vème République
17:52qui a fait le plus de gestes,
17:54en tout cas,
17:55sur les questions mémorielles
17:56vis-à-vis de l'Algérie
17:57et qui n'a pas eu le sentiment
17:58d'être payé d'une certaine manière.
18:00aussi parce que c'était un moment de bascule
18:02du côté du régime algérien.
18:04Le président Tebboune succédait
18:06au président Bouteflika
18:08et on a le sentiment
18:08comme dans un mauvais tango,
18:11en fait,
18:11qu'on ne danse jamais au bon moment
18:13et au même moment.
18:14Mais pourtant,
18:14on les dit proches,
18:15ces deux présidents.
18:17Peut-être,
18:17mais il a suffi ici,
18:19par exemple,
18:19d'une affaire judiciaire
18:20qui ne dépend pas
18:21d'Emmanuel Macron
18:22pour faire basculer
18:24un dialogue
18:24qui avait repris.
18:25Il a suffi aussi
18:26de certains faits divers
18:28qui ont été liés
18:29à la question
18:29des OQTF
18:30en France
18:31pour faire basculer
18:32le sujet de l'autre côté.
18:33Il y a plein de choses
18:34qui se mêlent
18:34dans cette relation
18:35et il y a aussi
18:37cette difficulté
18:38qu'il n'y a peut-être pas
18:40dans d'autres relations
18:41avec d'autres pays
18:42d'avoir autant d'acteurs
18:43et autant d'enjeux
18:44qui entrent en ligne de compte.
18:46Et la difficulté de fond,
18:47elle tient quand même
18:47à la nature des deux régimes.
18:49C'est très difficile
18:50pour une démocratie
18:52de rétablir des liens apaisés
18:55avec une dictature
18:56dès lors que celle-ci
18:56a choisi de rompre.
18:57Effectivement,
18:58il y a un choix diplomatique
18:59qui a été celui
18:59d'Emmanuel Macron
19:00l'été dernier
19:00de reconnaître
19:01la marocanité
19:02du Sahara occidental.
19:03Mais à partir de là,
19:04et au-delà des relations
19:05effectivement plutôt apaisées
19:07entre les deux hommes
19:07voire amicales,
19:08entre les deux présidents,
19:10il y a des réactions
19:11du régime algérien
19:12qui illustrent sa vraie nature.
19:13On le voit
19:14sur le plan
19:15justement des affaires judiciaires
19:16qu'évoquait à l'instant
19:17Nicolas Teilhard.
19:18On a d'un côté
19:19donc depuis vendredi
19:20une décision
19:20parfaitement indépendante
19:22de la justice française
19:23qui enquête quand même
19:24sur un éventuel enlèvement,
19:25séquestration, etc.
19:26et qui prend cette décision
19:27d'interpeller,
19:28de mettre en examen
19:29un certain nombre
19:30d'individus algériens
19:31qui servent le régime.
19:33De l'autre côté,
19:34on a un écrivain
19:35franco-algérien
19:36Boalem Sansan
19:36qui est arrêté,
19:38détenu, condamné
19:39pour délit d'opinion
19:41en quelque sorte
19:41parce qu'il tient
19:43des propos
19:43qui ne plaisent pas au régime.
19:45Dans un cas,
19:47on a une procédure judiciaire
19:48parfaitement démocratique
19:49en France
19:49et on le voit aussi
19:50sur un autre plan,
19:51c'est le dossier des OQTF,
19:52ces fameux ressortissants algériens
19:54visés par des obligations
19:55de quitter le territoire français.
19:56S'ils ne le font pas tous
19:58ou pas suffisamment
19:59au regard
19:59de ce que pense
20:00le gouvernement français,
20:02c'est d'abord parce que
20:03l'Algérie ne délivre pas
20:04un certain nombre de laissés-passer consulaires
20:05et puis parce qu'ils ont
20:06un certain nombre de voies de recours.
20:07Le droit français
20:08dans une démocratie,
20:09fort heureusement,
20:10permet un certain nombre
20:10de recours
20:11à tous les individus
20:13qui se retrouvent
20:13dans cette situation
20:14ou dans d'autres regards du droit.
20:16Ce qui n'est pas le cas en Algérie,
20:17on le voit avec le cas
20:18de Boalem Sansal,
20:19toujours emprisonné,
20:21encore une fois,
20:22condamné,
20:22alors qu'il est
20:24évidemment parfaitement innocent.
20:26Et donc on voit bien
20:26que la nature
20:27de ces deux régimes
20:28fait qu'il est extrêmement difficile
20:30soit de jouer
20:31la voie des coups de menton
20:32pour des raisons de politique intérieure
20:34comme le fait Bruno Retailleau,
20:35juste pour courir
20:35après une base électorale,
20:36mais aussi de renouer le dialogue
20:38si le régime algérien
20:39ne veut pas renouer ce dialogue
20:40parce qu'il utilise
20:41évidemment le sentiment
20:42anti-français
20:43pour essayer
20:43d'affermir son empris
20:45sur le pays.
20:45Sophie ?
20:46Je pense juste
20:47pour Bruno Retailleau,
20:48évidemment qu'il y a
20:49l'enjeu
20:49de ces élections
20:51chez les Républicains,
20:51mais je pense qu'il incarne
20:53aussi,
20:54y compris chez des Algériens
20:55qui sont en France
20:56et qui ne sont pas forcément
20:57des soutiens
20:58du régime actuel en Algérie.
21:00Au contraire,
21:00il soutient un refus
21:03du fonctionnement
21:04très bien décrit
21:05par Renaud Deli
21:06de ce régime-là.
21:07Bruno Retailleau
21:07n'est pas que dans une course
21:09à la tête des Républicains.
21:10Il incarne aussi
21:11une partie de l'opinion publique.
21:12Il faut se souvenir
21:13qu'effectivement,
21:14l'attentat qu'il y a eu
21:15à Mulhouse
21:15il y a quelques mois,
21:16il y a quand même
21:17un mort et plusieurs blessés.
21:19Le gars qui était à l'origine
21:20avait 14 au QTF
21:2314 injonctions
21:24de refus
21:26du territoire.
21:27Et après,
21:27on peut comprendre aussi
21:28l'Algérie
21:30qui n'a pas forcément
21:31envie de récupérer
21:32sur son territoire
21:33des gars
21:33qui n'ont
21:34sur leur passeport
21:35qui n'ont que leur passeport
21:36d'Algériens.
21:38Et à titre de comparaison,
21:40je ne suis pas sûr
21:40que Bruno Retailleau
21:41souhaite par exemple
21:42récupérer des djihadistes français
21:43qui sont prisonnés en Syrie.
21:44Non, absolument.
21:44Ça s'entend
21:45des deux côtés.
21:46Paul ?
21:46Je suis évidemment d'accord
21:47avec tout ce qu'il a été dit
21:48sur la différence de régime
21:49entre la France et l'Algérie
21:50et notamment sur l'histoire
21:51de Bolem Sansal.
21:52Voilà, c'est une arrestation
21:53qui est insupportable
21:54et il faut qu'il soit libéré.
21:56Je me permets quand même
21:57de souligner que
21:58je pense que
21:59la diplomatie française
22:01dans cette histoire
22:02et je reviens encore
22:03au Maroc
22:05a manqué de subtilité.
22:07Emmanuel Macron.
22:08Emmanuel Macron manque
22:10de subtilité diplomatique.
22:14On a parlé de ses bonnes relations
22:15avec le président algérien,
22:16c'est vrai.
22:17Mais est-ce que
22:18l'appareil d'État,
22:19est-ce que le quai d'Orsay
22:20et on sait que les relations
22:21entre le quai d'Orsay
22:22et Emmanuel Macron
22:23ne sont pas bonnes,
22:24comment ces gens-là
22:24l'aident ou pas,
22:26l'aident à comprendre
22:27comment il en...
22:28Est-ce qu'il se laisse aider
22:29par des gens
22:30qui connaissent
22:30dans la finesse
22:32les clans,
22:33les subtilités
22:34du régime, etc.
22:36Je ne suis pas sûr.
22:36L'attention avec le régime
22:39algérien qui ne cesse
22:40d'augmenter,
22:41effectivement,
22:42comment arrêter l'escalade ?
22:43C'est la question
22:43qu'on se pose ce matin.
22:44On va évidemment suivre
22:45les prochains événements.
22:46Merci beaucoup
22:47à tous les quatre.
22:49Sophie Dravinel,
22:49chroniqueuse politique
22:50à Public Sénat.
22:51Merci à vous.
22:51Paul Quignot,
22:52directeur délégué
22:53de la rédaction de Libération.
22:54Libé qui propose
22:55aujourd'hui
22:56un dossier important
22:57sur la pédocriminalité
22:59dans l'art.
22:59Le système Claude Lévesque
23:00raconté par ses victimes
23:02à travers les témoignages
23:03de la mécanique d'emprise
23:04du plasticien star,
23:05c'est-à-dire dans Libé ce matin.
23:07Merci Nicolas Teilhard,
23:09journaliste à la rédaction
23:10internationale de Radio France.
23:11Merci à vous.
23:11Merci Salia.
23:12Renaud Delis.
23:13Les informés du soir
23:14arrivent à 20h
23:15avec Agathe Lambré
23:16et Jérémy Baudoff.

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