Zayar Thaw était d'abord un précurseur du rap birman, devenu star avec son groupe Acid, avant de rejoindre le collectif prodémocratie Generation Wave, ce qui lui avait valu trois années de prison assorties de tortures. Charismatique activiste, il a été élu en 2015 pour siéger au Parlement aux côtés d'Aung San Suu Kyi, lors de la brève parenthèse libérale consentie par les militaires. À l'issue de cette législature, en 2020, Zayar Thaw avait choisi de se mettre en retrait de la vie politique. Il avait repris la musique avant d'être surpris par la brutalité du coup d'État qui, le 1er février 2021, a replongé le Myanmar dans les ténèbres et le silence. Révolté par la violence de la répression orchestrée par le régime, ce pacifiste de toujours avait rejoint un mouvement de résistance armée. Arrêté puis détenu au secret pendant plusieurs mois, il a été pendu dans sa prison d'Insein le 23 juillet 2022, à 41 ans.
À travers archives et témoignages, ce documentaire retrace le sort tragique de Zayar Thaw qui reflète celui de tout un peuple, engagé dans une lutte de plus en plus meurtrière pour reconquérir ses droits, dans la relative indifférence du reste du monde.
À travers archives et témoignages, ce documentaire retrace le sort tragique de Zayar Thaw qui reflète celui de tout un peuple, engagé dans une lutte de plus en plus meurtrière pour reconquérir ses droits, dans la relative indifférence du reste du monde.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00C'mon DJ !
00:07My name is Pyozy Anton
00:18C'était l'un des tout premiers rappeurs birmans
00:20quand il a fondé le groupe Acid avec ses amis
00:26Il était trop cool
00:29On a fait un vrai carton
00:35Et c'est là que nos problèmes avec les dictateurs ont commencé
00:43Quand leur album est sorti, cette musique ça nous donnait envie de briser nos chaînes
00:48C'était la première fois qu'un rappeur se lançait en politique
00:54Un rappeur, élu député, c'était tellement cool
00:57C'était une source d'inspiration pour nous les jeunes
01:07C'est un peu comme une expérience
01:09C'est un peu comme une expérience
01:11C'est un peu comme une expérience
01:13C'est une expérience
01:15C'est une expérience
01:17C'est une expérience
01:19C'est une expérience
01:21C'est une expérience
01:31Je ne m'attendais pas à autant de violence
01:38Il m'a dit il y a eu un coup d'état
01:40Je ferai ce que j'ai à faire
01:42Il a osé se dresser contre le mal
01:45...
01:54Zeyarto était un homme honnête,
01:57un homme bon qui a eu le courage de prendre la parole
02:00pour dénoncer le mal.
02:03...
02:05...
02:15Ils l'ont traîné hors de sa cellule en pleine nuit
02:18pour l'exécuter.
02:20Ca me fait mal d'y penser.
02:23...
02:27Je ne peux pas m'empêcher de penser à son exécution.
02:33J'y pense tout le temps.
02:36Chaque seconde.
02:39Zeyarto a lutté pour le bien de tous
02:42jusqu'à son dernier souffle.
02:44...
02:51...
02:55...
03:01...
03:07...
03:17...
03:23...
03:42Musique rythmée
03:46C'était le plus casse-cou de tous nos potes.
03:48...
03:53...
03:55Il a été le dernier de la bande à se mettre au skate,
03:58mais il a foncé tout de suite avec nous.
04:01Il avait peur de rien.
04:03En quelques jours, il a rentré des figures
04:06qu'on avait mis des mois à apprendre,
04:09mais son corps était couvert d'air à flure.
04:11...
04:14Musique rythmée
04:17...
04:21...
04:23On a grandi dans la même rue.
04:27On faisait tout ensemble.
04:29Des choses bienes et des conneries aussi.
04:33...
04:39Je m'appelle Yayang Chan.
04:41J'ai fondé le groupe Acid avec mon ami Zeyarto.
04:45...
04:53...
04:59...
05:04...
05:07Je m'appelle Anaga.
05:09Je suis aussi un des fondateurs du groupe Acid.
05:12...
05:18Au début, on s'est connus par la musique.
05:21...
05:26On composait la plupart de nos chansons
05:28dans la chambre de Zeyarto.
05:30...
05:33On n'avait pas d'ambition.
05:35On voulait juste chanter des nouvelles chansons
05:38et qu'elles soient écoutées par quelques personnes.
05:41...
05:50À cette époque, personne ne faisait du hip-hop.
05:54Et nous, on voulait écouter du hip-hop en Biarmant.
05:57Alors, on a chanté nos espoirs et nos rêves de jeunesse.
06:00On parlait aussi de notre désespoir parfois.
06:03Mais c'est tout.
06:05Mais le bureau de la censure et le gouvernement
06:08ont cru que c'était contre eux.
06:10...
06:15...
06:18On est nés et on a grandi sous le règne des dictateurs.
06:22...
06:27À la télévision,
06:29il ne passait que des informations de propagande du régime.
06:33Ou alors des défilés militaires
06:35ou des films à la gloire de l'armée.
06:37...
06:40Cette époque a été terrible pour le Myanmar.
06:43Les gens étaient terrorisés.
06:45Il y avait plein de lois
06:48qui pouvaient vous envoyer en prison à tout moment.
06:51Du jour au lendemain, les gens disparaissaient.
06:54Les gens étaient en colère.
06:56Il y a eu des morts.
06:58Il y a eu des morts.
07:00Il y a eu des morts.
07:02Les gens disparaissaient.
07:04...
07:06Nous, on pensait que c'était tout ce qu'on pouvait espérer
07:10dans la vie. On ne savait pas
07:12comment ça se passait dans les autres pays.
07:14C'était notre vie. C'était comme ça.
07:17Avant, en 1988,
07:19on n'avait jamais vu de manifestation
07:21ou de soulèvement.
07:23...
07:25Peut-être plus d'un million de manifestants
07:28dans les rues de Rangoon, la capitale,
07:30pour installer la 2e ville du pays.
07:32La raison en est simple, la déception
07:34sur un contexte économique catastrophique.
07:37...
07:39La troupe sur les toits des bâtiments publics
07:42n'a pas hésité à tirer dans la foule.
07:44Une foule bravant l'interdiction faite
07:46de tout rassemblement de plus de 5 personnes.
07:49...
07:51...
07:53...
07:55...
07:57...
07:59...
08:02...
08:04Je voyais tous les jours des étudiants
08:06se faire tuer par les militaires.
08:08Les médecins et les infirmières
08:10de l'hôpital de Rangoon n'en pouvaient plus.
08:13Ils sont sortis,
08:15et ils ont écrit sur les draps
08:17des lits de l'hôpital pour demander
08:19une trêve de 24 heures.
08:21Pour toute réponse, les militaires
08:23les ont mitraillés.
08:26Et puis, ils leur ont roulé dessus
08:28avec les camions.
08:30Des médecins et des infirmières
08:32qui demandaient une trêve.
08:34J'ai vu ça de chez moi, depuis mon balcon.
08:36Cette scène a sans doute changé toute ma vie.
08:38...
08:41Je n'ai jamais pu l'oublier.
08:43Jamais.
08:45...
08:47...
08:49...
08:51...
08:54...
08:56...
08:58Zeyerto et moi, on s'est connus
09:00sur les bandes d'écoles primaires.
09:02Au moment de notre adolescence,
09:04la liberté d'expression n'existait quasiment pas chez nous.
09:08...
09:10...
09:12...
09:14On n'avait même pas le droit
09:16de se rassembler pour discuter.
09:18Il y avait une censure très stricte.
09:20La plupart des livres
09:23étaient censurés à l'époque.
09:25...
09:27...
09:29Mais le truc avec Zeyerto,
09:31c'est que ses parents étaient professeurs
09:33à l'école de médecine.
09:35...
09:38Ils avaient plein de livres chez eux.
09:40...
09:42Zeyerto lisait beaucoup,
09:44de la littérature,
09:46mais aussi des livres plus politiques.
09:48...
09:51...
09:53...
09:55...
09:57Le sujet qui nous obsédait,
09:59c'était la liberté.
10:01Zeyerto, lui,
10:03il nous en parlait tout le temps.
10:06...
10:08...
10:10...
10:12...
10:14...
10:16...
10:19...
10:21...
10:23Quand on a commencé à écrire
10:25des chansons comme
10:27« Tout ira bien si on reste unis »,
10:29en fait, les paroles,
10:31elles évoquaient plutôt l'attitude
10:34à tenir dans une bagarre de rue.
10:36On parlait un peu comme un gang
10:38ou une espèce d'organisation.
10:40...
10:42Mais ce mot « unis », en fait,
10:44ça pouvait aussi évoquer
10:46l'unité du pays.
10:49...
10:51...
10:53...
10:55...
10:57Ce mot « unis »,
10:59il était tellement puissant.
11:02Il avait un sens tellement fort
11:04dans un pays comme le nôtre,
11:06à cause de la dictature.
11:08...
11:10Il faut savoir qu'on n'avait pas le droit
11:12de se réunir à plus de 5 personnes.
11:14C'était strictement interdit.
11:17Si on avait osé se rassembler
11:19à plus de 5 personnes,
11:21on aurait été arrêtés immédiatement.
11:23...
11:25...
11:27...
11:30...
11:32Cette chanson,
11:34« Tout ira bien si on reste unis »,
11:36tout le monde l'a perçue
11:38comme une chanson politique.
11:40...
11:42...
11:44...
11:47C'est à ce moment-là
11:49que nos problèmes avec les dictateurs
11:51ont commencé.
11:53Ils ont voulu nous faire changer les paroles.
11:56...
11:58...
12:00Le truc avec le bureau de la censure,
12:02c'est qu'il ne voulait pas seulement
12:05vérifier les paroles.
12:07...
12:09...
12:11...
12:13...
12:15Les membres du bureau,
12:17ils étaient tellement ringards,
12:20tellement vieux-jeu.
12:22Ils ne comprenaient rien
12:24à la musique moderne.
12:26...
12:28Et ils détestaient
12:30la plupart de nos paroles.
12:33Les mots d'argot
12:35ou les mots d'anglais
12:37qu'on utilisait,
12:39ils les ont tous censurés.
12:41...
12:43On en a vraiment bavé avec eux.
12:45...
12:48...
12:50...
12:52...
12:54...
12:56...
12:58...
13:00...
13:03...
13:05...
13:07Nous, les musiciens,
13:09on était vraiment oppressés
13:11par le bureau de la censure.
13:13Mon nom est Azine.
13:16Je suis la femme de Zeyarto.
13:18Je suis rappeuse, comme lui.
13:20Les hommes, à l'époque,
13:22n'avaient pas le droit
13:24d'avoir les cheveux longs.
13:26Pour les femmes,
13:28interdiction de montrer les genoux
13:31ou de porter des décolletés.
13:33C'était l'oppression permanente.
13:35...
13:37...
13:39Si les paroles des chansons
13:41évoquaient le gouvernement militaire
13:44ou les dictateurs,
13:46ils censuraient les textes
13:48avec un bruit strident.
13:50Ca faisait bip
13:52et ça ruinait la chanson.
13:54...
13:57...
13:59...
14:01...
14:03...
14:06Les jeunes connaissaient nos chansons
14:08parce qu'ils les recopiaient sur des cassettes
14:10et ils se les passaient entre eux.
14:12...
14:14Ils les rapportaient chez eux
14:17et ils les partageaient avec leurs copains.
14:19C'est comme ça que nos chansons
14:21ont commencé à se répandre chez les jeunes.
14:23...
14:25...
14:27Au début,
14:30on a pensé que notre album
14:32avait fait un flop,
14:34mais on l'a vu petit à petit dans tout le pays.
14:36...
14:38...
14:40Partout où on allait,
14:42il passait notre musique.
14:44...
14:47...
14:49...
14:51On a fait un vrai carton.
14:53...
14:55...
14:57Avec cet album,
15:00Acid a vraiment mis le feu chez les jeunes.
15:02...
15:04...
15:06...
15:08...
15:10...
15:12...
15:15Un succès aussi énorme,
15:17on n'osait même pas en rêver.
15:19...
15:21...
15:23...
15:25On a commencé à recevoir des lettres de fans.
15:28On était tellement heureux.
15:30On recevait des piles de lettres.
15:32On a battu
15:34tous les records de vente.
15:36On a vraiment marqué
15:38l'histoire de la musique.
15:41Et puis, on est devenus
15:43des vraies figures révolutionnaires
15:45et des leaders pour la jeunesse.
15:47...
15:49Quand Acid a sorti cet album,
15:51leur musique, elle nous donnait
15:54envie de briser nos chaînes.
15:56C'est là que notre génération
15:58a commencé à avoir envie de se rebeller.
16:00...
16:02...
16:04...
16:06...
16:08...
16:11...
16:13...
16:15Au cours de l'année 2007,
16:17...
16:19on a commencé à entendre
16:21les gens se plaindre un peu partout.
16:24Les étudiants se plaignaient beaucoup.
16:26Il y avait beaucoup de problèmes.
16:28...
16:30...
16:32Le prix de l'essence avait explosé.
16:34...
16:36En fait,
16:39tous les prix avaient augmenté.
16:41...
16:43...
16:45...
16:47...
16:49En septembre 2007,
16:52les moines sont sortis pour protester.
16:54Et on les a rejoints.
16:56...
16:58...
17:00Quand j'ai vu de mes propres yeux
17:02que d'autres osaient sortir
17:04et se battre pour nous,
17:07j'ai vraiment voulu les soutenir.
17:09...
17:11Et c'est pour cette raison
17:13que j'ai rejoint la Révolution safran,
17:15le 17 septembre 2007.
17:17...
17:20...
17:22A cette époque-là,
17:25on vivait nos vies chacun de son côté.
17:27...
17:29Mais quand le soulèvement a commencé,
17:31on a tous rejoint les manifestations.
17:33Et c'est à ce moment-là
17:35qu'on s'est retrouvés, lui et moi.
17:38...
17:40...
17:42...
17:44...
17:46...
17:48La répression de la Révolution safran
17:50a été affreuse,
17:53brutale et inhumaine.
17:55...
17:57Après ce soulèvement,
17:59j'ai commencé à avoir peur de l'armée.
18:01Je les ai vus arrêter les gens
18:03et tirer dans le tas.
18:06...
18:08Après ça, oui, j'ai eu vraiment peur.
18:10...
18:12...
18:14Ces chiens de militaires,
18:16ils sont prêts à tout.
18:18Ils ont patiné la robe des moines.
18:21Ils ont tué les moines.
18:23...
18:25...
18:27...
18:29...
18:31...
18:34...
18:36...
18:38Ils sont prêts à tout
18:40pour conserver leur pouvoir.
18:42Ils sont prêts à tout pour continuer
18:44à exploiter les ressources économiques
18:46de notre pays.
18:49...
18:51...
18:53...
18:55...
18:57...
18:59...
19:02...
19:04On a fondé le mouvement
19:06Generation Wave le 9 octobre 2007.
19:08...
19:10C'est une conséquence directe
19:12de la Révolution safran
19:14qui a eu lieu le 5 septembre.
19:16...
19:19On menait des actions
19:21de défiance politique,
19:23mais il faut bien dire
19:25qu'on était pacifiques
19:27et non violents.
19:29On avait des techniques
19:32inspirées du marketing.
19:34A chacune de nos actions,
19:36on laissait notre logo
19:38et on revendiquait nos actions
19:40de résistance dans des vidéos
19:42locaux ou internationaux.
19:44...
19:47Les dictateurs sont terrorisés
19:49à l'idée qu'on découvre
19:51ce qu'ils font.
19:53Les disparitions, les tueries.
19:55...
19:57Quand on a fondé ce mouvement
20:00avec Zé Harto,
20:02lui, à ce moment-là,
20:04il était déjà une vraie star.
20:06...
20:08Alors j'ai vraiment été sidéré
20:10quand il nous a rejoints
20:12dans la lutte politique.
20:14...
20:17...
20:19En mars 2008,
20:21on avait prévu
20:23d'organiser une manifestation,
20:25mais ma maison a été perquisitionnée
20:27juste avant,
20:30le 6 mars.
20:32Et moi, j'ai dû prendre la fuite.
20:34...
20:36Alors Zé Harto
20:38a pris ma place.
20:40Il a essayé de contacter
20:42les réseaux pour organiser
20:45la manifestation, quand même.
20:47Quand je l'ai eu au téléphone
20:49à propos de la réunion de préparation,
20:51je me souviens de ses mots.
20:53Il a dit qu'on peut se faire arrêter
20:55à tout moment, soit en se cachant,
20:58soit en luttant. Ils ont déjà
21:00interpellé tous nos camarades.
21:02Autant se faire arrêter en luttant.
21:04Alors on y va.
21:06...
21:08...
21:10Tout le monde le mettait en garde.
21:13Il était sur le point
21:15de se faire arrêter. Parfois,
21:17il venait se cacher chez moi.
21:19En fait, non, il se cachait même pas.
21:21Il était là, relax.
21:23...
21:26...
21:28Moi, je lui disais
21:30qu'il allait se faire serrer.
21:32Il me répondait,
21:34c'est comme ça.
21:36Il connaissait son destin
21:38et il s'en fichait.
21:41...
21:43...
21:45On a commencé la réunion
21:47pour préparer l'action du 13 mars.
21:49On évoquait l'itinéraire
21:51et tout le reste.
21:54...
21:56Des types en civil nous ont encerclés
21:58et ils nous ont arrêtés.
22:00...
22:02On s'était dit que si on se faisait prendre,
22:04il fallait réussir à ne rien dire,
22:07à ne rien lâcher, pendant au moins 24 heures,
22:09pour laisser le temps à nos camarades
22:11de se mettre à l'abri.
22:13...
22:15Ça leur permettait de s'enfuir.
22:17Alors on n'a rien dit pendant l'interrogatoire.
22:20...
22:22On ne savait pas où on était.
22:24On ne savait pas où on allait.
22:26On ne savait pas où on allait.
22:28On ne savait pas où on allait.
22:30On ne savait pas où on était.
22:32Mais on savait qu'on était dans un centre d'interrogatoire.
22:35On entendait juste nos voix.
22:38...
22:40Ils nous ont interrogés toute la nuit,
22:42Zahirto et moi.
22:44Ils nous ont cognés tellement fort.
22:46Ils lui ont cassé le nez
22:48et les dents.
22:51C'était vraiment très brutal.
22:53Ils l'ont gardé
22:55pendant des jours et des jours.
22:57...
23:00...
23:02Zahirto, c'était un vrai camarade.
23:04C'était le suspect principal dans ce dossier.
23:07Alors il a tout fait
23:09pour endosser un maximum de responsabilité.
23:11...
23:13Et en prison, quand il y avait un problème
23:15avec des policiers ou des gardes,
23:17il s'interposait toujours pour nous protéger.
23:20...
23:22...
23:24Il est resté longtemps en prison.
23:26Trois ou quatre ans, je crois.
23:28...
23:30...
23:32...
23:35...
23:37...
23:39...
23:41Après des années de dictature militaire,
23:43le pays semble changer.
23:45C'est la liesse,
23:48l'assignation à résidence de la dissidente.
23:50Sansouchi est levé.
23:52C'est la fin de cette année
23:54de résidence surveillée.
23:56...
23:58...
24:00...
24:02...
24:05...
24:07...
24:09...
24:11...
24:13...
24:15Zahirto, pour sa part,
24:18est sorti de prison en 2011.
24:20Il représentait la relève.
24:22...
24:24Il était devenu un homme politique à part entière.
24:26C'est à ce moment-là
24:28qu'il s'est rapproché d'Aung San Suu Kyi.
24:30...
24:33...
24:35Ce jour-là,
24:37c'était un jour mémorable.
24:39Cette photo,
24:41elle a été prise le 23 mai,
24:43une semaine après ma sortie de prison.
24:46...
24:48A la fin de l'année 2011,
24:50il est devenu un membre
24:52de ce qu'on appelait
24:54le compound.
24:56Ca signifie la maison d'Aung San Suu Kyi.
24:58C'est là qu'ils établissaient
25:00les stratégies politiques.
25:03...
25:05Aung San Suu Kyi
25:07ne choisissait
25:09pour être près d'elle
25:11que les politiciens les plus talentueux.
25:13...
25:16Alors oui, c'est vrai,
25:18j'étais très fier de mon ami.
25:20Mais la communauté politique
25:22était sidérée.
25:24On se demandait pourquoi elle l'avait choisie.
25:26On se disait, c'est qui, ce type ?
25:28Quelles compétences il peut bien avoir ?
25:31Qu'est-ce qu'il peut faire ?
25:33...
25:35Il avait beaucoup de talent.
25:37Il était plein d'atouts.
25:39Et puis je crois aussi
25:41qu'elle voyait un fils en lui.
25:44...
25:46...
25:48...
25:50En 2012,
25:52quand le parti d'Aung San Suu Kyi
25:54a décidé de se présenter
25:56aux élections partielles,
25:58on a entendu dire
26:01que Zahierto allait se présenter.
26:03...
26:05...
26:07...
26:09Il a dû se débrouiller
26:11à peu près seul
26:14pour mener sa campagne électorale.
26:16...
26:18...
26:20...
26:22...
26:24...
26:26...
26:29...
26:31...
26:33...
26:35...
26:37...
26:39...
26:42...
26:44Il a fait campagne dans le district Pobatiri et Anepido.
27:00En fait, ce sont des bastions de l'armée, c'est là que se trouvent tous les fonctionnaires.
27:05Dans un des bureaux de vote, il n'y avait que des policiers inscrits sur les listes.
27:14Ils étaient 700 votants. Et bien même là, il a obtenu plus de 600 voix.
27:20Il avait tellement de talent, il s'est tout de suite tissé au-dessus du lot.
27:35Cette élection, nous l'avons remportée largement. Ça a été un vrai raz-de-marée.
28:05Deuxièmement, nous avons remporté plus de 60 voix pour la première élection.
28:18Troisièmement, nous avons remporté plus de 60 voix pour l'élection de Médouane Sansouji.
28:26Nous avons remporté plus de 60 voix pour la première élection.
28:34Nous avons remporté plus de 60 voix pour la première élection.
28:40Nous avons remporté plus de 60 voix pour l'élection de Médouane Sansouji.
29:04Il a retenu toute mon attention quand il est devenu membre du Parlement.
29:12C'était la première fois qu'un rappeur devenait député et s'investissait totalement en politique.
29:19Zeyarto a aidé le pays à faire sa transition démocratique.
29:26Nous avons attendu ce jour pendant plus de trente ans.
29:31Il y a eu tant de vies sacrifiées.
29:34Pour honorer la mémoire de nos frères et nos sœurs tombées,
29:39nous allons faire tout notre possible pour satisfaire les attentes et les besoins de notre peuple.
29:48Nous avons réussi à changer un État à partie unique en un système électoral pluraliste.
29:54On a réussi à changer une économie socialiste en une économie de marché.
29:59On a mis les mots « droit de l'homme » sur toutes les lèvres.
30:03Et on a réussi à protéger le peuple à chaque fois que c'était possible.
30:10En réalité, on n'a jamais eu de véritable démocratie.
30:15Les militaires ont simplement fait les ajustements qu'il fallait pour se refaire une légitimité
30:20et diminuer la pression internationale.
30:23Ils nous ont juste donné un peu de liberté sans jamais gêner leurs intérêts.
30:32Même quand nous avons perdu notre pays,
30:36même quand ils étaient au gouvernement,
30:39la Ligue Nationale pour la Démocratie a eu un pouvoir très limité.
30:47D'ailleurs, si on regarde bien la Constitution de 2008,
30:51on voit que l'Acte VI stipule que les militaires garderont toujours la mainmise sur la politique nationale.
30:59Tous les postes clés, les ministères comme celui de la Défense,
31:05le ministère des Affaires étrangères, le ministère des Frontières,
31:08tous ces postes étaient contrôlés par des militaires en uniforme,
31:12des généraux qui se comportaient comme des ministres.
31:18Il discutait avec les militaires dans les coulisses du Parlement
31:21et il avait peu de marge de manœuvre, c'était très frustrant.
31:35C'est là qu'il y a eu un coup de feu.
31:50Pendant qu'Onsang Suu Kyi et son parti travaillaient à une réconciliation nationale avec les militaires,
31:56et même si c'était pour le bien du pays,
31:59ils ont ignoré certains droits du peuple
32:03particulièrement ceux de certaines minorités.
32:07Ils ont gardé le silence et ils ont échoué.
32:10Ils ne les ont pas protégés.
32:14De héros à zéro.
32:17C'est comme ça que la presse internationale a qualifié Onsang Suu Kyi.
32:23Celle qui avait pris la défense du peuple, qui avait protégé le peuple,
32:27était désormais un ange déchu.
32:33Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour protéger le peuple.
32:44Mais il faut savoir qu'avant l'année 2020,
32:47les militaires avaient déjà menacé par deux fois
32:50Onsang Suu Kyi et son gouvernement de faire un coup d'État.
32:55En réalité, il y avait une personne clé qui contrôlait les guerres et les exactions.
32:59C'était le chef des armées, le général Ang Leng.
33:25Le pire est arrivé en 2017,
33:28quand ils ont commis des crimes contre l'humanité.
33:31Ils ont massacré et torturé les Rohingyas.
33:34C'est même allé jusqu'au génocide.
33:39C'est vrai, la crise des Rohingyas en 2017
33:42a brisé la réputation d'Onsang Suu Kyi
33:45et celle de son gouvernement.
33:50Madame Suu Kyi, pensez-vous que les droits de l'homme
33:54sont respectés pour la minorité Rohingya ?
33:57Non, ne filmez pas.
34:00Non, vous ne pouvez pas filmer.
34:08Durant cette période, Zeyarto était un représentant important
34:11du gouvernement au Parlement.
34:14Il ne pouvait pas s'exprimer librement.
34:17Il ne pouvait pas aller contre la politique de son parti.
34:24Mais ce qui est sûr, c'est qu'à ce moment-là,
34:27il a décidé de ne pas être candidat aux élections suivantes.
34:54Il avait décidé de faire un break avec la politique
34:57et de reprendre sa carrière de musicien.
35:00C'est à ce moment-là qu'il m'a contacté par Internet
35:03pour qu'on travaille ensemble.
35:18Ça fait tellement longtemps que je n'étais plus
35:22dans l'industrie de la musique.
35:25J'avais d'autres responsabilités ailleurs.
35:28Et en plus, ce soir, on a essayé sur scène
35:31des chansons qu'on n'avait encore jamais interprétées.
35:34Alors oui, c'est vrai, j'avais un peu la pression.
35:37On avait plein de projets.
35:40On était trop contents qu'il soit de retour
35:43et qu'il puisse chanter avec nous
35:46sans risquer de compromettre sa carrière politique.
35:51Il a toujours été un homme d'arrière-plan.
35:54Il était très content de nous voir.
35:57Il était très content de nous voir.
36:00C'est vrai que je suis un peu moins des gens.
36:03Je suis plus de 4 ou 5 ans.
36:06J'avais l'impression qu'il était un peu plus jeune.
36:09Je suis un peu plus vieux que lui.
36:12C'est vrai que je suis un peu plus vieux que lui.
36:15Je suis un peu plus vieux que lui.
36:18Il avait commencé à écrire de nouvelles chansons, et on préparait son comeback.
36:22On discutait quel type de chansons, quelle stratégie, ce genre de choses.
36:48On écrivait même des chansons à caractère politique pour le nouvel album d'Acid.
36:58À ce moment-là, c'était encore possible, mais il y a eu le coup d'État.
37:03Et là, notre avenir a été brisé, et tous nos rêves sont partis en fumée.
37:21Dès que j'ai entendu l'information à propos du coup d'État, j'ai eu peur pour lui.
37:31Je sentais qu'il était en danger. Il pouvait être arrêté à tout moment.
37:47Les gens ont commencé à sortir dans les rues. Internet était coupé.
37:57On est tous descendus dans la rue pour manifester. On était tous là.
38:07Au début des manifestations, on a tendu la main aux forces de police.
38:14On leur offrait des fleurs, des bouteilles d'eau.
38:30Il allait manifester tous les jours. Pas question pour lui de rester à la maison.
38:41Je dis aux jeunes, rejoignez-nous. Je serai avec vous épaule contre épaule.
38:46Et s'il y a du danger, je me mettrai devant vous, en première ligne, pour vous protéger.
38:54C'est ce que nous voulons. C'est ce que nous voulons.
39:01C'est ce que nous voulons. C'est ce que nous voulons.
39:06C'est ce que nous voulons. C'est ce que nous voulons.
39:12Dès les premiers jours du coup d'État, ils ont commencé à arrêter des gens en pleine nuit.
39:25Ils disaient que c'était pour de simples interrogatoires de police.
39:46Et le lendemain, ils rendaient des corps sans vie.
39:50Ça se passait comme ça. Et malgré ça, on a continué à manifester pacifiquement, sans violence.
40:08J'ai été élevée par une famille de militaires.
40:19Je les connais tellement bien, je savais qu'ils seraient prêts à tout pour conserver leur pouvoir.
40:49Pour tout vous dire, Zahierto, il nous avait prévenus dès le début. Il avait dit ce sont des brutes et ils vont passer à l'acte.
40:59Mais je ne m'attendais pas à autant de violence. C'était pas humain.
41:06Dans le quartier de Lengthaya, j'ai vu les militaires et la police.
41:25Ils ont tué plus de 60 personnes en une seule journée.
41:37C'est horrible. Après le coup d'État, ils ont tué 3500 manifestants. Et ils ont arrêté 32 000 personnes à travers tout le pays.
41:50Ils nous ont terrorisés toute notre vie. Encore et toujours, ils se servent de leurs armes pour prospérer et pour se faire de l'argent.
42:05Ils frappent les civils et ils tuent. Le seul et unique langage que peuvent comprendre ces chiens de militaires, c'est le langage des chiens, je veux dire le langage des armes.
42:36Ils ne sont pas humains, ces gens-là. Ils sont méprisables. Alors quelque part, c'est logique d'en venir aux armes quand on a affaire à ce genre de personnes.
42:49Zahierto a choisi cette voie, la voie des armes.
42:59Il disait que c'était son devoir de s'engager. Il savait ce qu'il avait à faire. Il n'a eu besoin de personne pour prendre sa décision et rejoindre le mouvement.
43:14Nous avons décidé de les attaquer directement, les dirigeants de l'agent et leur famille aussi.
43:28Nous tous, y compris Zahierto, de tous milieux confondus, des médecins, des étudiants, des enseignants, nous avons laissé tomber nos rêves et notre avenir pour prendre part à la lutte armée.
43:46J'ai participé à des opérations à Rangoon. C'est Zahierto qui était le chef de la résistance armée dans le secteur.
44:04Zahierto était tout sauf un homme de violence. Il n'aimait pas ça. Toute sa vie, il a lutté et il a œuvré pour réformer le pays sans violence. On peut même dire qu'il était un pacifiste.
44:18Mais quand il a vu de quoi étaient capables les militaires, il a compris qu'il n'avait plus le choix.
44:27J'ai travaillé moi aussi sous la direction de Zahierto. J'ai fait partie de la guérilla urbaine. J'ai mené plusieurs opérations commando.
44:41Selon moi, il n'y avait aucune autre façon de les arrêter. La guérilla, c'était le seul moyen.
44:57Jamais je n'aurais imaginé faire une chose pareille. Je ne voulais pas et je ne veux toujours pas. Je suis bouddhiste. Toute ma vie, je me suis tenue à l'écart de la violence, du meurtre, mais je n'avais pas le choix.
45:28Pour ma première opération, j'ai lancé un cocktail Molotov sur un commissariat. Ensuite, j'ai placé des explosifs. J'en ai placé sur des checkpoints militaires ou dans des commissariats. Je faisais ça la nuit.
45:55Ensuite, on a décidé de passer à la vitesse supérieure avec une opération spéciale.
46:00Nous avons reçu des informations sur le dirigeant d'un quartier de Rangoon. Apparemment, c'était un informateur très actif de l'agent.
46:24Il dénonçait les manifestants et après, ces gens-là se faisaient arrêter. Alors, nous avons décidé de l'éliminer.
46:36D'abord, on a fait exploser une bombe artisanale à son bureau en pleine nuit.
46:49Dès qu'il a appris la nouvelle, il s'est précipité hors de chez lui pour aller voir. Deux de nos camarades l'attendaient dehors. Ils l'ont abattu. Ils n'ont tiré qu'une seule balle.
47:06Zeyharto a permis de fédérer et de coordonner tous ces différents réseaux de résistance. Il leur a permis de se concerter et de communiquer entre eux.
47:32Un homme comme Zeyharto, un politicien célèbre qui a serré la main d'Obama, a forcément plein d'options. Beaucoup de pays lui ont proposé de l'accueillir. Il lui a offert l'asile politique et la sécurité. Mais il a refusé.
47:58Il craignait d'être moins efficace pour mener la lutte s'il quittait Rangoon. On le conduisait en secret d'un endroit à un autre. Il fallait faire attention et ne pas laisser de traces derrière nous. La situation évoluait tout le temps.
48:29Moi, je l'aidais à trouver des logements. S'il devait aller quelque part, je le conduisais. Je faisais des petites choses comme ça pour lui. Ce genre de petits services.
48:46Les derniers jours, il y avait de plus en plus de descentes de police.
48:52Il y avait des arrestations à la chaîne.
48:58En fait, on voulait changer de planque, mais on avait de moins en moins d'options. L'espace se réduisait de plus en plus autour de nous. Le lendemain, ils sont venus. En cinq minutes à peine, ils ont encerclé l'immeuble. On était fait comme des rats.
49:29J'ai jeté un coup d'œil dehors. Ils étaient déjà partout.
49:33À ce moment-là, je savais pas quoi faire. J'étais paralysée. Je les regardais. J'étais perdue. Il m'a dit de sortir vite, de l'enfermer de l'extérieur et de descendre rejoindre les autres.
49:57J'étais incapable de dire un mot. Je lui parlais avec les yeux. Je voulais pas le quitter.
50:10Peu après, Tazine nous a rejoints chez nous.
50:14On les entendait défoncer toutes les portes à l'étage du dessus. Et puis tout d'un coup, ils ont trouvé. C'était leur jackpot, dans le dernier studio.
50:23Le monde s'écroulait.
50:26On entendait le fracas, les cris. Rien qu'au son, on pouvait dire que c'était très violent.
50:34On les entendait, elles frappaient depuis notre chambre. C'était juste au-dessus de chez nous. On entendait tout.
50:41J'arrivais pas à y croire.
50:46Juste après l'arrestation Zayarto, la pluie a commencé à tomber. Une pluie lourde et intense.
50:54On a profité d'un moment d'inattention des militaires. Deux minutes et on s'est enfuis.
51:02On a roulé comme ça sous la pluie sans trop savoir où aller. On avait peur. On pleurait.
51:23On s'est dit que c'était la fin de l'année.
51:26On s'est dit que c'était la fin de l'année.
51:34On s'est dit que c'était la fin de l'année.
51:46Sur les images, j'ai vu qu'il portait un tee-shirt rayé bleu et blanc.
51:51C'était mon tee-shirt.
51:55Alors, je me suis dit que c'était la fin de l'année.
52:00Je me suis dit que c'était la fin de l'année.
52:05Sur les images, j'ai vu qu'il portait un tee-shirt rayé bleu et blanc.
52:11C'était mon tee-shirt.
52:15Je pense qu'il l'a enfilé avant d'être arrêté.
52:22Ça m'a bouleversée de voir ça.
52:26C'était comme un message.
52:29J'ai tout de suite compris ce qu'il avait voulu me dire.
52:33Sur les images prises juste après l'arrestation, on peut déjà voir qu'il a été tabassé.
52:46Et je n'ose même pas imaginer comme ils l'ont torturé par la suite.
52:51Sur les images, il avait les yeux boursouflés et des hématomes.
52:58En regardant bien, on voit aussi des traces de sang sur son tee-shirt.
53:04Ça m'a tout de suite fait penser à notre passage par le centre d'interrogatoire.
53:10Mais cette fois, j'avais vraiment peur pour sa vie.
53:17En janvier 2022, ils ont diffusé une vidéo de ses aveux lors d'une conférence de presse.
53:33Comment avez-vous découvert le fait que vous avez été arrêté?
53:36Le fait que j'ai été arrêté par le centre d'interrogatoire a été répandu par les autorités.
53:44Je ne sais pas comment j'ai pu le faire.
53:47Alors, j'ai appelé à mon collègue à m'occuper de son dossier.
53:51On a été poussé à interroger un étudiant, qui était de l'autre côté de la rue.
54:03les solutions de l'Agence Paprika,
54:05de l'Agence Paprika d'Afrique,
54:08et de l'Agence Paprika de l'Afrique.
54:10Nous avons aussi des solutions
54:12pour la sécurité des populations.
54:14Nous avons des solutions
54:15pour les populations
54:17et nous avons des solutions
54:18pour les pays de l'Afrique.
54:20La première mission qu'il a avoué,
54:22c'est celle qu'on avait fait
54:24avant qu'il ne l'avoue.
54:25C'est la première mission
54:27que nous avons fait,
54:28et c'est la première mission
54:30qu'il a avouée.
54:31La première mission qu'il a avouée,
54:33c'est celle qu'on avait montée ensemble.
54:36...
54:38Tout le monde sait qu'il a été torturé
54:40avant d'apparaître à la télévision.
54:42Ce n'est pas grave, ce que Zayarto a dit.
54:45Ce n'est pas grave.
54:46...
54:52Il n'a avoué que le strict minimum.
54:55Beaucoup de gens, comme moi, par exemple,
54:57ont pu se dire que ce n'était pas le cas.
55:00Jouguri, par exemple,
55:01ont pu s'échapper grâce à lui.
55:03Même ses collaborateurs les plus proches
55:06ont pu s'en sortir,
55:07parce qu'il ne les a pas balancés.
55:09...
55:28C'est vrai que je me faisais du souci pour lui,
55:31mais je n'étais pas préparé à ça.
55:34...
55:40Je n'arrive pas à chasser son exécution de mon esprit.
55:45J'y pense tout le temps,
55:48chaque seconde.
55:49...
55:55Apparemment, il ne savait pas qu'il allait être exécuté.
56:00Ils ne lui ont pas dit.
56:02Ils sont venus le traîner de sa cellule en pleine nuit
56:05et ils l'ont exécuté.
56:08Depuis ce jour-là, il y a cette pensée qui m'obsède.
56:12Je me demande qu'est-ce qu'il a ressenti cette dernière nuit.
56:17Ça me fait tellement mal.
56:19...
56:22Quand j'ai appris la nouvelle,
56:26je n'ai pas dormi.
56:29Je n'ai pas mangé pendant une semaine.
56:32...
56:38Zeyarto a lutté pour le bien de tous
56:42jusqu'à son dernier souffle.
56:44...
56:47Je serai toujours fière de lui.
56:49...
57:04Si je suis encore en vie,
57:06c'est parce que j'ai l'impression qu'il est toujours là,
57:10à côté de moi.
57:12C'est ce qui me donne la force de tenir.
57:20Je ne veux pas pleurer, mais c'est plus fort que moi.
57:32Musique douce
57:35...
57:44Il savait mieux que personne
57:46ce qui pouvait lui arriver.
57:49Mais il s'est quand même battu.
57:51Il s'est sacrifié jusqu'au bout.
57:54Zeyarto était un homme honnête.
57:57Un homme bon qui a eu le courage de prendre la parole
58:02pour dénoncer le mal.
58:04...
58:09Son esprit, son abnégation,
58:12sa bravoure,
58:13vivreont pour toujours.
58:16Je suis convaincu que l'histoire de Zeyarto
58:19va perdurer pendant des centaines d'années.
58:21Pas seulement dans l'histoire de la Birmanie,
58:24mais dans le monde entier.
58:26Cette histoire, c'est l'histoire d'un homme
58:28qui a pris la défense du peuple.
58:30Il a sacrifié sa vie pour la vérité.
58:33Il va vivre comme ça pour toujours.
58:35Musique douce
58:38...
58:43Mon ami me manque.
58:45Je le salue ainsi que tous les autres
58:47qui ont sacrifié leur vie.
58:50Et j'espère que de là où il est,
58:52il peut continuer à être un homme
58:54qui lutte pour le bien.
58:55Dans cette nouvelle vie
58:58et dans toutes les autres à venir.
59:00...
59:04Musique douce
59:07...
59:37...