• avant-hier
Mercredi 2 avril 2025, retrouvez Sylvie Emsellem (Déléguée nationale, Déléguée nationale de L'ESPER), Camille Lambert (Présidente et fondatrice, ADN), Yann Rivoallan (président, Fédération du prêt à porter féminin) et Amel Ahmedou (Responsable AresLab, Groupe Ares) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:16Et voici notre sommaire du jour.
00:18Mon invité, c'est Yann Rivoy-Alland, le président de la Fédération du prêt-à-porter féminin, secteur en crise, comment y remédier ?
00:25Que révèle le report du vote de la loi anti-fast fashion ?
00:29Réponse dans une minute.
00:31Dans notre débat, on parlera de la semaine de l'économie sociale et solidaire à l'école.
00:36On verra pourquoi c'est important d'éduquer les élèves à ce modèle économique.
00:40Et puis dans notre rubrique start-up, vous découvrirez ADN et ses skis recyclables.
00:47Trois thèmes, 30 minutes pour les développer.
00:49C'est parti.
00:56L'invité de ce Smart Impact, c'est Yann Rivoy-Alland.
00:59Bonjour.
01:00Bienvenue, vous êtes le président de la Fédération du prêt-à-porter féminin.
01:03On va évidemment parler de la lutte contre la fast fashion.
01:07Il y a une loi qui est un peu dans les limbes de la navette parlementaire.
01:11On va pouvoir détailler ça.
01:12Mais d'abord, peut-être une question très générale, comment va le secteur ?
01:16Toujours difficile ?
01:17Alors c'est toujours difficile avec un effet plancher qu'on voit pour un certain nombre de marques.
01:23Parce que la météo a joué de façon très favorable ces derniers mois.
01:27Il a plu, il a fait froid.
01:29Donc bon an, mal an, les derniers mois ont été assez corrects pour un certain nombre d'acteurs.
01:35Mais ce n'est quand même pas la fête, loin de là.
01:38Et surtout, structurellement, on voit quand même les casas qui tombent.
01:42C'est ce que je voulais vous dire, il y a des marques qui continuent de fermer ou quasiment.
01:45De toute façon, on voit la complexité.
01:47Et il y a aussi des transformations majeures,
01:50ne serait-ce qu'avec des incertitudes aussi qui le sont tout autant.
01:53Évidemment, les taxes aux Etats-Unis qui sont mises en place
01:57nous posent beaucoup de questions sur les adaptations nécessaires à mettre en place.
02:01Et donc, il y a cette concurrence de l'ultra fast fashion.
02:05On va parler de la loi, mais est-ce que vous pourriez la combattre sans une loi ?
02:10Vous voyez ce que je veux dire ?
02:10Parce qu'il y a les questions que le secteur se pose.
02:12C'est posé depuis longtemps.
02:14Sa capacité à anticiper sur ce modèle shine qui s'est imposé.
02:20Est-ce que vous pourriez combattre ce modèle sans la loi ?
02:23En fait, le point, c'est est-ce qu'on peut combattre des mafieux sans la loi ?
02:28La réponse est non.
02:29Voilà.
02:30Alors, sur la chaîne de valeur intégrale de Chine et de Tému en partie,
02:34en fait, chaque fois, on a des comportements qui sont au moins des loyaux.
02:38Et c'est le au moins, c'est-à-dire dans la contrefaçon, elle est massive.
02:43Toutes les semaines, j'ai des marques qui me remontent des contrefaçons.
02:46Il y a un procès qui entre en ce moment entre Lacoste et Chine
02:50qui montre comment Chine, depuis des mois, fait de la contrefaçon sur justement Lacoste.
02:56Et c'est aussi des petits créateurs.
02:59Et leur capacité à faire 10 000 nouveaux produits par jour est liée justement à cette contrefaçon massive.
03:04Donc, il y a déjà ce premier point.
03:06Or, technologiquement, on n'est pas, ce n'est pas possible pour l'instant de le refléter,
03:11de remonter cette contrefaçon parce qu'on se retrouve dans la même ambiguïté
03:15que celle qu'on peut avoir dans les médias.
03:16Si on prend votre image et qu'on la fout sur TikTok,
03:20pour que vous remontiez dessus, ça vous demanderait un boulot démentiel
03:24pour remonter sur l'algorithme de TikTok.
03:26Et donc, c'est pour vous impossible ou presque de le faire.
03:28Et c'est à cette impossibilité-là que vous vous confrontez.
03:30C'est celle-là, justement, qu'ils ont.
03:31Donc, il y a ce premier point de la contrefaçon.
03:33Est-ce qu'il y a eu un peu, je reste sur la contrefaçon ensuite, vous développez le point suivant,
03:36mais est-ce qu'il y a eu un peu de retard à l'allumage quand même ?
03:39Parce que ce modèle-là, il existe depuis le début.
03:41Il s'est créé là-dessus, quoi.
03:42Il y a ce retard à l'allumage classique dans toute l'innovation digitale.
03:47C'est-à-dire, il y a un retard à l'allumage dans le vol des images,
03:50dans le vol des musiques, souvenez-vous.
03:51Avec Napster, il y a maintenant près de 20 ans.
03:54Donc, chaque fois, oui, il y a un retard.
03:56Et il est lié aussi à cette croissance exponentielle qu'ils peuvent avoir.
03:59Parce que quand une société fait 100% de croissance tous les ans,
04:03eh bien, au bout de 5 ans, c'est près de 5000% de croissance.
04:06Donc, on ne l'avait pas vu il y a 5 ans.
04:07Le temps qu'on fasse des lois, que ça passe à l'Europe et que ça soit appliqué,
04:10les 5 ans sont passés.
04:12Et la société est passée de 3 milliards à 45 milliards.
04:15OK. Donc, ça, c'est le deuxième aspect qui explique...
04:18Parce que vous disiez, il y a la lutte contre la contrefaçon.
04:20Alors, il y a la contrefaçon, il y a l'exploitation des salariés.
04:24Là aussi, par vêtement, c'est un centime de versé.
04:27Donc, les gens sont obligés de faire 100 vêtements par jour pour des salaires de misère,
04:32de travailler jusqu'à 100 heures par semaine,
04:34de n'avoir qu'un jour de congé par mois.
04:36Donc, là aussi, on est quasiment proche de l'esclavagisme.
04:39C'est la baisse de la qualité des produits dans la mode.
04:41Là aussi, les clients ne se rendent pas nécessairement compte,
04:44mais ils achètent du poulestère à plus de 80%.
04:48Et c'est mal taillé, c'est mal fait, c'est de mauvaise qualité.
04:50Mais en effet, quand on a acheté 3 euros, comme ce n'est pas cher, on s'en fiche un peu.
04:55On va le porter 2 fois ou 3 fois et puis voilà.
04:57Et je reprends ce qu'on peut voir aussi sur certains réseaux sociaux.
05:00En fait, c'est gratuit.
05:01Donc, comme c'est gratuit, on passe le contenu.
05:04Ce n'est pas très grave non plus.
05:06Et enfin, il y a l'exploitation, justement, de la faille des taxes.
05:10C'est-à-dire, quel est le vrai chiffre d'achat d'air de Chine
05:14et quel est la véritable TVA qu'ils font semblant de payer ?
05:16Parce que pour l'instant, ils échappent à une grande partie de la TVA, c'est ça ?
05:19Alors, ils déclarent une espèce de TVA sur un chiffre d'affaires
05:22qui, des sources que je peux avoir, est tellement ridicule
05:25versus le véritable chiffre d'affaires qu'ils font,
05:27que là aussi, il y a une fraude massive.
05:29Donc, comme sur toute la chaîne de valeur, il y a de la fraude, du début à la fin.
05:35En effet, personne ne peut les concurrencer.
05:37Et c'est pour ça que vous parliez de système mafieux et de la nécessité d'une loi.
05:41Que contient cette loi ?
05:42Ensuite, on parlera du fait qu'elle ait été reportée.
05:46Alors, la loi a trois points majeurs.
05:49Le premier, c'est un de déterminer ce qu'est l'ultra-fast fashion,
05:52c'est-à-dire combien de nombres de références par jour on peut avoir.
05:55Un ordre d'idée, une marque française, c'est 2-3 références nouvelles par jour.
06:01Zara, c'est 100, donc c'est énorme.
06:03Chine, c'est 10 000.
06:05Donc, on est dans des ratios…
06:06Par jour, c'est délirant.
06:08Par jour, Chine fait ce qu'une marque française va faire toute sa vie.
06:13Donc, on est dans un volume astronomique.
06:15On retrouve les volumes, évidemment, des plateformes digitales
06:18qui sont aussi capables d'avoir des millions de vidéos tous les jours.
06:22Le deuxième point, c'est qu'il y a un système avec l'affichage environnemental
06:27qui permet de déterminer si un produit est bon ou mauvais.
06:30Il est mauvais, je paye un malus de 5 euros.
06:32Il est bon, je touche un bonus de 5 euros.
06:34Donc, un bonus-malus qui est prévu dans la loi.
06:36Oui, et cet affichage environnemental, il est travaillé avec des polytechniciens,
06:41des ingénieurs et les experts du textile depuis maintenant des années.
06:44On aboutit à cet algorithme et grâce à cela, on va pouvoir dire
06:48que c'est un bon et un mauvais produit.
06:50Un peu comme le Nutri-Score, mais sous une autre forme très intéressante,
06:54c'est qu'on va avoir un nombre de points.
06:56Et ce nombre de points, en fait, c'est le nombre de points de vie
06:59qu'on va prendre à la planète.
07:00C'est-à-dire que quand on achètera un produit avec 150 points,
07:04on prendra 150 points à la planète.
07:07Oui, donc on intègre le coût environnemental au prix d'achat du produit.
07:11Et là, grâce à ce malus et ce bonus, on dira
07:14oui, je prends un peu à la planète, mais il faut bien qu'on s'habille tous les jours.
07:17Oui, bien sûr.
07:17Donc, je mange aussi, je prends aussi un peu à la planète,
07:20mais je peux lui rendre d'une autre façon.
07:22Et donc, cet affichage est assez intéressant justement de cette perspective
07:26de je vais consommer ou non, beaucoup ou pas la planète.
07:30Et quand j'achète pour chez SHEIN, pour un t-shirt en polyester
07:36qui va détériorer à vie la planète parce que le plastique ne se détériore pas,
07:40et bien là, je vais avoir un gros affichage environnemental.
07:43Et en plus, ça va me coûter 5 euros de plus.
07:45OK.
07:46Donc, ça limite justement l'achat.
07:47Donc, ça, c'est pour le bonus.
07:48Ensuite, il y avait une question de publicité.
07:50L'interdiction de la publicité.
07:51Alors là, c'est une vision très intéressante de pourquoi est-ce qu'on a le droit ou non
07:56ou pas de faire de la publicité.
07:58Pour l'instant, l'interdiction de la publicité se fait avant tout avec des produits
08:01qui sont très dangereux pour la santé, du type le tabac ou l'alcool.
08:05Et donc là aussi, on a cette vision qui est quand on sait que ces produits sont clairement,
08:09parce que c'est l'ultra fast fashion, dangereux pour la santé de la planète et donc pour nous,
08:14parce que quand un t-shirt en plastique va dans les ossements,
08:16à la fin, cette dégradation, les microfibres finissent aussi dans notre corps.
08:21Et bien, on peut se poser la question de est-ce qu'on a le droit ou non d'autoriser cette publicité.
08:25Et donc là, c'est une vraie question de société.
08:27Parce que pour l'instant, le droit européen interdit de faire ceci.
08:31Donc, est-ce qu'il faut aussi que le droit européen change ou pas ?
08:34Oui, vous dites que c'est un combat qui dépasse la filière textile d'une certaine façon.
08:38Et c'est pour ça que, et si on retrouve la base d'ailleurs de la mode depuis des années,
08:42c'est qu'on est souvent à l'avant-garde de beaucoup de transformations.
08:45Dans le digital, les marques de mode sont depuis maintenant plus de 15 ans en e-commerce,
08:49alors qu'encore quelques industries n'y sont pas encore.
08:52Et donc, il y a toujours ce côté avant-gardiste évidemment dans les tendances,
08:56mais aussi dans l'innovation et aussi dans la responsabilité.
08:59Et donc, de ce fait, la transformation qu'on voit avec Chine,
09:03c'est qu'on voit comment une marque comme Chine est le pire du pire,
09:07dans l'innovation et dans la responsabilité, et quand même les marques françaises sont l'inverse.
09:11C'est-à-dire, elles cessent aussi de se transformer dans l'innovation,
09:14mais avec les contraintes légales que nous on a, qu'eux n'ont pas,
09:17et évidemment dans la responsabilité, dans vouloir bien faire les choses.
09:19Et alors, cette loi qui avait été votée à l'Assemblée, qui devait passer au Sénat,
09:24il y a eu la décision de report de l'examen.
09:29Est-ce que vous faites le lien avec l'embauche par Chine
09:32d'un certain nombre de personnalités politiques, d'anciennes personnalités politiques,
09:36qui sont… c'était quoi, une stratégie d'influence en fait ?
09:38Alors, il y a des raisons légitimes.
09:40Les raisons légitimes sont évidemment la dissolution, les changements de gouvernement,
09:44et donc c'est compliqué en effet de faire passer des lois dans ces contextes.
09:49Le deuxième, c'est qu'en effet, il y a un lobby, un lobby massif de Chine qui s'adresse,
09:54je le vois aussi, aux écoles.
09:55Il va aller dans les écoles pour expliquer à quel point ils sont bien des écoles de mode, évidemment.
09:59Ils font du lobby vis-à-vis des parlementaires.
10:02Je prends évidemment Castaner, qui a fait beaucoup d'images, beaucoup de bruit.
10:05Christophe Castaner, ancien ministre de l'Intérieur, qui a été embauché, effectivement.
10:09Mais il y a aussi Bernard Splitz, qui a demandé à rencontrer la présidente de l'Assemblée,
10:14ce qu'il n'avait pas fait depuis maintenant près de cinq ans.
10:16Alors Bernard Splitz, il était…
10:17C'est un des fondateurs des GRAC, qui est un mouvement qui a été aussi à l'initiative de l'élection d'Emmanuel Macron.
10:23Donc c'est quelqu'un qui a été très important, qui faisait aussi partie du Medef.
10:27Et donc il y avait une stature et un réseau.
10:30Et donc il utilise clairement ce réseau aussi pour s'adresser à de nombreux parlementaires.
10:35Et donc il y a aussi Nicole Gatch, une ancienne secrétaire d'État,
10:38qui avait une très belle réputation, malheureusement, elle aussi embauchée par Chine.
10:42Donc on le voit, c'est un investissement en lobby par Castaner, qui est très visible,
10:47mais aussi sur d'autres, qui bien sûr, influencent les parlementaires.
10:50Vous espérez quand même que cette loi soit votée rapidement ?
10:55Alors on a une première étape, on verra début avril si ou non elle va être à l'agenda.
11:00Si elle est à l'agenda, comment est-ce que la loi va être transformée aussi par les sénateurs ?
11:05Donc on va voir s'il y a des modifications positives ou pas.
11:09Et de ces transformations, elle sera votée ou pas.
11:12Donc il y a beaucoup d'incertitudes d'ici peut-être mi-mai, où elle passera peut-être justement au Sénat.
11:18Merci beaucoup Yann Rivaud-Alland.
11:20Évidemment, on va soutenir ce combat et continuer d'en parler ici.
11:24Je vous dis à bientôt sur Bismarck for Change.
11:26On passe à notre débat.
11:27Comment parler d'économie sociale et solidaire aux jeunes ?
11:37La semaine de l'économie sociale et solidaire à l'école vient de se terminer.
11:41On en parle avec Amèla Médoux.
11:43Bonjour.
11:43Bonjour.
11:44Bienvenue.
11:44Vous êtes responsable Ares Lab au sein du groupe Ares.
11:48Et Sylvie Mcellem, bonjour.
11:50Bienvenue à vous aussi, déléguée nationale de l'ESPER.
11:53C'est l'économie sociale partenaire de l'école de la République.
11:57Présentation du groupe Ares en quelques mots.
12:00Oui, alors le groupe Ares, c'est un groupe de structures tremplin vers l'emploi.
12:03Donc en fait, on a comme activité principale l'insertion par l'activité économique.
12:08Donc on va proposer à la fois un support travail pour des personnes qui étaient éloignées de l'emploi.
12:13Donc pour récupérer le cadre du travail et découvrir ou redécouvrir ses compétences.
12:20Et à côté de ça, on va proposer un accompagnement social et professionnel.
12:24Donc c'est-à-dire lever les freins sociaux et ensuite travailler son projet professionnel.
12:29Puis trouver un emploi.
12:31Avec toujours cette logique qui consiste à...
12:35Vous faites travailler des gens qui sont éloignés de l'emploi.
12:39L'objectif, c'est qu'ils vous quittent.
12:40Moi, je trouve ça, c'est toujours très particulier comme démarche intellectuelle
12:45ou même entrepreneuriale ou associative.
12:47C'est à vous former des gens pour qu'ils partent.
12:49Oui, tout à fait. L'insertion, c'est maximum deux ans.
12:51Oui, c'est ça.
12:52Et donc nous, on est content quand les personnes nous quittent.
12:54Parce que ça veut dire qu'elles ont trouvé un emploi.
12:56Et tout l'accompagnement est fait autour de ça.
12:58Donc sur nos activités de travail, on va vraiment s'adapter à la montée en compétences des personnes.
13:04Et on organise le travail autour de ça.
13:06L'économie sociale partenaire de l'École de la République Sylvie MCLM, de quoi il s'agit ?
13:10Alors, c'est une association.
13:12On est à la croisée des chambres de l'éducation et de l'économie sociale et solidaire.
13:16C'est-à-dire qu'on agrège 41 membres qui sont à la fois des associations, des mutuelles,
13:22des syndicats d'enseignants, des associations d'éducation populaire.
13:27Et en fait, si je devais résumer le projet associatif,
13:30c'est qu'on fait finalement le pari que parce que des élèves, des collégiens,
13:34des lycéennes dans les établissements scolaires sur l'ensemble du territoire national
13:38éprouvent, montent véritablement un projet.
13:41Donc, ce n'est pas des informations descendantes académiques
13:45sur ce que c'est que l'économie sociale et solidaire.
13:47C'est parce que je vais monter un projet avec d'autres élèves dans un collège,
13:51par exemple une maraude, une action de lutte contre le racisme,
13:56que je vais éprouver ce que c'est que l'économie sociale et solidaire et que je vais bouger.
14:01Et moi, ce qui me tient à cœur et que je voudrais partager avec vous dans ce projet associatif,
14:05c'est que cette finalité du projet associatif, c'est une émancipation collective.
14:09C'est-à-dire par le groupe, avec les pairs, je me déplace,
14:13je peux bouger des assignations qui m'ont été faites au départ,
14:17par rapport à où je suis née, de quelle origine sociale, etc.
14:21Donc voilà, en gros, si je devais résumer, c'est ça.
14:22– Et donc, avec cette semaine de l'économie sociale et solidaire à l'école,
14:26dans laquelle il y a des ateliers, ces projets peuvent naître à l'occasion de cette semaine,
14:31parce que j'imagine qu'ils ne sont pas tous concentrés en une semaine,
14:34c'est au fil d'une année scolaire.
14:36– Alors, peut-être pour mieux comprendre l'articulation,
14:38c'est-à-dire que l'ESPER propose une action qui s'appelle
14:41mon entreprise sociale et solidaire à l'école pendant un an,
14:46dans des établissements scolaires, avec un niveau d'exigence assez élevé.
14:49On va dire que nous, on accompagne l'association des enseignants,
14:53des élèves à monter un projet sur un an, avec des outils pédagogiques,
14:58avec une méthodologie qui fait intégrer l'ESS.
15:00Et la semaine de l'ESS à l'école, elle est co-pilotée avec un autre partenaire associatif,
15:06qui est l'OCCE, l'Office Central de la Coopération à l'école.
15:09Et là, c'est l'idée que pendant une semaine, on fait un peu feu de tout bois,
15:13c'est-à-dire à la fois, on valorise ces actions qu'on a amenées pendant un an,
15:17mais aussi, c'est l'occasion, par exemple, que des collégiens vont rencontrer une mutuelle,
15:22vont rencontrer une recyclerie, vous voyez ce que je veux dire ?
15:25Qui organise des forums, par exemple.
15:29Et vont rencontrer l'une des entreprises du groupe Arès, qui s'appelle RéparSEB,
15:34qui est en partenariat avec la marque d'électroménager SEB, j'imagine.
15:40C'est quoi RéparSEB ? Et comment vous participez à la semaine de l'ESS à l'école ?
15:44Alors, on a reçu la semaine dernière une classe, une classe de lycée,
15:48du lycée Jules Verne de Sartre-aux-Villes, et donc dans nos locaux de RéparSEB.
15:54RéparSEB, c'est une joint venture sociale, donc ça veut dire que c'est une co-entreprise d'insertion
15:58qu'on a créée entre le groupe Arès et le leader mondial du petit électroménager SEB, le groupe SEB.
16:04Donc le groupe SEB, c'est assez connu, c'est vraiment plein de marques qu'on connaît tous,
16:07Calor, Moulinex, Roventa, et donc ils sont engagés depuis très longtemps dans ces enjeux de durabilité,
16:15notamment avec leur engagement de réparabilité qui a été porté à 15 ans en 2021.
16:20Et donc en 2021, on s'est retrouvés autour d'un projet avec une double jambe, enfin deux jambes plutôt,
16:25une jambe sociale, donc vraiment faire de la réinsertion pour les personnes éloignées de l'emploi,
16:29et une jambe environnementale sur le reconditionnement et la réparation du petit électroménager.
16:36Alors c'est un lieu que moi j'ai eu l'occasion de visiter, c'est Porte de la Chapelle, c'est ça à Paris ?
16:41Tout à fait, c'est vraiment implanté au cœur du 18ème, donc c'est à Porte de la Chapelle.
16:45Vous aviez reçu le prix de l'entreprise éthique qu'on avait organisée ici sur Bismarck,
16:51mais le lieu est assez passionnant, notamment sur la dimension de réinsertion,
16:57mais il y a aussi un magasin où on peut venir, c'est ça, acheter de l'électroménager recyclé.
17:03Tout à fait, en fait on fait quatre activités principales à RéparSeb.
17:06On fait de la réparation, donc c'est on répare les appareils électroménagers qui soient sous-garantis ou hors-garantis.
17:14On fait du reconditionnement, donc tout ce qui va être retour de la consommation,
17:18on va pouvoir le reconditionner et le remettre sur le marché.
17:21Et on fait de la vente en boutique et en ligne.
17:23Et donc on a une boutique, Porte de la Chapelle, où le particulier peut venir déposer son matériel,
17:29le faire réparer et ou acheter du matériel reconditionné.
17:32Et on a aussi du coup une activité de plaidoyer,
17:34donc c'est vraiment pousser les questions d'allongement de la durée de vie des produits
17:38et de réparation, de reconditionnement, d'acheter de la seconde main.
17:42Et c'est dans ce cadre-là qu'on a reçu les élèves.
17:44– Et alors justement, on va parler, je vous demanderai le retour d'expérience des élèves que vous avez reçu.
17:48Mais l'objectif, Sylvie Salem, c'est…
17:51parce que quand on dit ESS, on pense souvent prioritairement aux associations,
17:54mais évidemment aussi toutes les entreprises, entreprises coopératives,
17:57entreprises qui décident de ne pas verser de dividendes aux actionnaires, etc.
18:02Je ne vais pas refaire la définition de l'économie sociale et solidaire,
18:05mais que découvrent les élèves en fait ?
18:08Est-ce qu'ils soupçonnent justement qu'il y a un autre modèle économique qui est possible ?
18:14– J'allais dire que de manière générale, je vais vous donner un petit exemple qui est emblématique.
18:18Il y a des lycéens en Avignon qui sont allés faire un petit micro-trottoir,
18:24dans le cadre de la semaine de l'ESS à l'école,
18:26pour mieux faire connaître l'économie sociale et solidaire.
18:29Ils font un petit micro-trottoir et donc il y a une personne qui dit
18:32« l'ESS c'est une station spatiale », vous voyez un peu où on en est.
18:35– C'est vrai aussi, mais bon.
18:37– Donc si vous voulez, moi je pense que la subtilité elle vient de là,
18:42c'est ce que je vous disais tout à l'heure, quand ils éprouvent,
18:44vous leur dites finalement « vous avez fait un projet qui a pour finalité
18:49l'articulation entre justice sociale et justice écologique,
18:52et vous l'avez fait dans un mode de participation qui est la gouvernance démocratique. »
18:56– Oui, mais ce que vous avez cité par nos interromps tout à l'heure,
18:59quand vous disiez une marotte, c'était plutôt dans le modèle associatif,
19:03vous voyez ce que je veux dire ?
19:04Moi, les deux me passionnent, on reçoit beaucoup d'associations ici,
19:07mais sur l'aspect « une entreprise de l'ESS, qu'est-ce que c'est ? »
19:11Et tiens, peut-être qu'un jour je deviendrai, je créerai mon entreprise avec ce modèle-là.
19:15Est-ce que ça fait naître des vocations d'une certaine façon ?
19:17– Alors là, on peut objectiver, oui, ça fait naître des vocations
19:20parce qu'on fait une étude d'impact, parce qu'on pourrait vous dire
19:22« ce qu'on fait, c'est super, c'est génial ».
19:23On essaie d'objectiver et on suit une cohorte d'élèves avant, après.
19:27Pareil pour les enseignants.
19:28Et les élèves, une, on vérifie qu'ils comprennent ce que c'est que la chronime,
19:34les valeurs et les principes, mais pour certains,
19:37ils ont l'envie de s'orienter ou de faire un stage.
19:40Donc, ils ont découvert à la fois un champ, un périmètre et je pense,
19:44et j'insiste, au-delà du côté du statut,
19:48c'est-à-dire que ce soit une association, une coopérative, une fondation.
19:51En tout cas, ce qui me tient à cœur et ce qu'on souhaite transmettre dans le projet,
19:54c'est comment on fait ensemble, comment on coopère.
19:57Dans un contexte aujourd'hui dont on voit bien qu'il y a une crise démocratique majeure,
20:01donc si des gamins, au départ, vous leur dites, quand il faut prendre une décision,
20:06comment vous vous mettez en ordre de marche ?
20:07Parce que quand ils choisissent un projet, dans la classe,
20:10pas tout le monde veut le même projet, ils sont deux, trois.
20:13Oui, c'est un petit exercice de démocratie, bien sûr.
20:16Et ils découvrent aussi, et ça, c'est très important, peu importe le statut,
20:21c'est quand je vais monter cette action et qu'il peut passer
20:25par une organisation associative ou coopérative,
20:29la finalité de mon action, ce n'est pas mon intérêt personnel,
20:32c'est l'utilité sociale, donc ça, ils le découvrent
20:36et je pense que ça leur parle pour beaucoup.
20:38Quel retour des jeunes qui sont venus chez RéparSeb, vous avez eu la semaine dernière ?
20:44C'était très intéressant de voir justement la découverte des différents métiers
20:48qu'on peut avoir dans une structure sociale,
20:50mais qui est une entreprise, qui a des métiers d'entreprise.
20:54Et donc d'abord, la première découverte, c'est ce métier de réparateur,
20:58qui est quand même un métier qui est en forte tension aujourd'hui sur Paris.
21:02Il y avait trois réparateurs quand on a lancé RéparSeb en 2021.
21:05Aujourd'hui, RéparSeb, c'est le seul centre de réparation du petit électroménager dans Paris.
21:10Donc c'est un peu déjà découvrir les différentes facettes de ce métier,
21:13donc une première découverte très technique, très métier.
21:16Et derrière, c'est aussi se rendre compte que dans les structures sociales,
21:20on a des métiers qu'on va retrouver dans d'autres structures,
21:22mais qui vont s'appliquer vraiment à un objet social.
21:25Donc des métiers de gestion, des métiers de vente,
21:30et derrière, des métiers plus spécifiques à l'entreprise sociale,
21:33typiquement les métiers d'accompagnement socio-pro.
21:35Donc c'est à la fois se rendre compte de la proximité que ça peut avoir
21:39avec le schéma classique qu'on a du monde de l'entreprise,
21:43mais aussi des spécificités propres à l'ESS.
21:46Est-ce que la dimension sociale ou sociétale ressort plus dans leur esprit
21:53que la dimension environnementale d'un projet comme celui-là ?
21:55Ou est-ce que finalement, il lie les deux ?
21:59– Bonne question. Je pense que…
22:03– Qu'est-ce qui les frappe le plus ?
22:04C'est « Ah, c'est super, vous pouvez aider des gens à éloigner de l'emploi »
22:07ou alors « Ah, c'est super, vous donnez une seconde vie à un petit électroménager ».
22:12C'est difficile.
22:13– Oui, c'est vraiment une réponse, une question difficile, une réponse difficile.
22:17Je pense que c'est vraiment les deux, notamment parce que l'aspect environnemental
22:21de notre activité de réparation et de reconditionnement
22:24est complètement imbriquée avec notre activité sociale.
22:27Donc même la manière dont les salariés vont présenter leur activité
22:32va montrer tout le cadre qu'on met sur la manière de monter en compétences.
22:38Je dirais que vraiment, c'est se rendre compte que ce n'est pas l'un, ce n'est pas l'autre,
22:42que les deux vont vraiment ensemble
22:44et que c'est vraiment comme ça que marchent les entreprises comme RéparSep.
22:47– Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
22:51On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
22:53– Smart Ideas avec Camille Lambert, bonjour.
23:02– Bonjour.
23:03– Vous êtes la présidente, la fondatrice d'ADN Group.
23:06C'est quoi ADN Group, racontez-moi,
23:07parce que ça part d'une idée autour des skis, de skis recyclables.
23:12Vous avez fait un peu pivoter le modèle, je veux bien comprendre.
23:14– Oui exactement, alors en 2018, on a créé une éco-conception
23:17qui permet de rendre un ski entièrement recyclable,
23:20ce qui n'existait pas avant parce qu'un ski est un monobloc indissociable.
23:23Et donc on a commencé à faire ça, on a travaillé avec Salomon,
23:26on a créé des centaines de paires de skis recyclables.
23:29Et puis on a naturellement pivoté sur des solutions en fin de vie cette fois-ci
23:32pour créer une technologie de démantèlement des matériaux composites
23:36d'une manière plutôt globale.
23:37– Oui, alors on va revenir à un ski recyclable.
23:42C'est quoi un ski recyclable déjà ?
23:44– Alors un ski recyclable, c'est un ski qui va avoir une structure
23:47un peu différente d'un ski traditionnel.
23:50Donc on va retrouver des éléments comme une résine
23:53qui va pouvoir se dépolymeriser en fin de vie.
23:55Et puis également des matériaux qui vont être sourcés d'une meilleure manière.
24:00Et puis également en fin de vie, on va pouvoir le démanteler
24:03avec une certaine technologie.
24:05– Vous avez signé, je crois c'était au mois de janvier, fin janvier,
24:08un partenariat avec le CNRS, de quoi il s'agit ?
24:11– Tout à fait, avec le CNRS, on développe en laboratoire
24:15une technologie qui s'appelle les fluides supercritiques
24:17qu'on vient justement agrémenter et puis également adapter à chaque industrie.
24:22Donc les fluides supercritiques, c'est un état intermédiaire de la matière.
24:26Aujourd'hui, on vient l'améliorer en conditions de test
24:29et également avec des solvants biodégradables.
24:30– Alors comment ça marche ?
24:31Moi j'essaye de comprendre, on a un matériau, ça peut être un ski ou autre,
24:36comment vous allez finalement récupérer des matériaux et pour en faire quoi ?
24:40– Alors on va mettre le matériau composite à l'intérieur d'une autoclave.
24:43On va y injecter du CO2, également des solvants verts si besoin.
24:47On va mettre dans un état supercritique,
24:50donc à une certaine température et une pression donnée.
24:53Et au bout d'un moment, les molécules deviennent ce qu'on appelle schizophréniques,
24:56elles ne savent plus si elles sont liquides ou gazeuses.
24:58Elles pénètrent entre les couches des matériaux pour délaminer la résine
25:01et donc séparer chaque matière les unes des autres
25:03sans altérer l'intégrité des matériaux.
25:05– Ça a demandé combien de temps de recherche et de développement
25:09pour aboutir à cette solution ?
25:11Et puis question subsidiaire, est-ce qu'elle est à l'échelle aujourd'hui ?
25:16Où vous en êtes ?
25:18– Il faut savoir que les fuites supercritiques
25:19sont utilisées dans beaucoup d'applications,
25:20par exemple pour décaféiner le café.
25:22Aujourd'hui, le brevet a été déposé par le CNRS
25:25sur le démantèlement CO2 plus acétone.
25:28Nous, on vient en implémentation pour pouvoir changer les solvants
25:31pour les rendre, on va dire, moins toxiques.
25:33Et puis également, pour pouvoir s'adapter à chaque typologie de matériaux.
25:36Donc aujourd'hui, on développe ça, c'est bientôt terminé.
25:39On travaille beaucoup avec l'industrie, notamment l'industrie aéronautique
25:42pour la mise en place de nos solutions à partir de mi-2025.
25:45– D'accord, donc là, c'est tout de suite,
25:47vous n'êtes pas loin de commencer à industrialiser.
25:51Ça peut concerner quels secteurs ?
25:53– Ça peut concerner tous les secteurs utilisant
25:55des matériaux composites multicouches et notamment, on va dire, en volume,
25:59c'est surtout dans l'automobile, l'aéronautique et l'aérospatiale.
26:02Donc c'est vraiment les secteurs qu'on vise
26:04et aujourd'hui, on fait participer l'industrie à nos études
26:07et donc on travaille avec de nombreuses entreprises
26:10qui nous fournissent des matériaux.
26:11– À quel moment vous vous êtes dit,
26:13tiens, on a inventé des skis recyclables, c'est déjà bien,
26:17mais il y a là un marché potentiel beaucoup plus important ?
26:20– Au moment où on s'est dit, alors nous, on est une société à mission,
26:23on s'est dit que notre impact pouvait être beaucoup plus gros
26:25en trouvant des solutions en fin de vie plutôt,
26:27plutôt que de mettre des contraintes à la production.
26:29Et donc c'est à partir de ce moment-là,
26:31après un retour d'expérience, qu'on s'était dit qu'il fallait y voir.
26:34– Mais ça suppose quand même une éco-conception,
26:36c'est-à-dire, c'est ça que je veux comprendre.
26:38– Non, pas du tout.
26:38– Pas forcément, c'est-à-dire qu'on peut avoir créé
26:41un produit dans lequel les matériaux sont imbriqués les uns avec les autres,
26:45c'est justement ça le modèle.
26:46– C'est ça tout à fait, en fait, l'avantage de cette technologie,
26:49c'est qu'on peut avoir des matériaux qui ne sont pas du tout éco-conçus
26:51et donc pouvoir récupérer chaque matière,
26:53ce qui n'était pas du tout possible avant,
26:55puisque la plupart du temps, ces matériaux-là sont broyés,
26:57enfouis ou incinérés.
26:58– Et justement, le gain environnemental
27:02du passage à l'échelle de cette technologie,
27:06vous l'avez un peu modélisé ?
27:07– Oui, tout à fait, bien sûr, le gain environnemental, il est énorme.
27:10Après, pouvoir dire un chiffre, ça serait compliqué,
27:12puisque ça dépend de chaque industrie.
27:13– Bien sûr.
27:14– Mais aujourd'hui, pour donner un ordre d'idée,
27:18en tout cas, ce marché pèse des milliards de tonnes en termes de déchets,
27:22et aujourd'hui, le but, c'est vraiment de pouvoir être souverain
27:25en termes de ressources, même en termes de géopolitique.
27:28– Oui, on va récupérer des matériaux qui peuvent être critiques.
27:30– Oui, tout à fait, donc la souveraineté des ressources est hyper importante
27:33et c'est aussi sur ce qu'on met l'accent dessus.
27:36– Merci beaucoup Camille Lambert et bon vent à ADN Group.
27:40Voilà, c'est la fin de ce Smart Impact.
27:42Je voudrais remercier Marie-Léa, Alexis Mathieu et Juliette Miliérina
27:48qui s'occupe de la production et de la programmation de l'émission,
27:51Ulysse Touré, le réalisateur, Héloïse Merlin, l'ingénieur du son.
27:54Salut.
27:55– Sous-titrage Société Radio-Canada