Mardi 4 février 2025, SMART IMPACT reçoit Emmanuel Pilloy (Directeur général, Relais France) , Sandrine Planchon (directrice, Association Ruban Rose) , Anne-Sophie Tuszynski (Fondatrice, Cancer@Work) et Lionel Bouillon (directeur général et fondateur, Algo Paint)
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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif et voici notre sommaire du jour.
00:16Mon invité, c'est Emmanuel Pioua, le directeur général du Relais France pour évoquer le ralentissement du marché de la friperie et de la disparition des bornes de collecte de vêtements.
00:27Dans le débat de ce Smart Impact, on va parler des prix ruban rose, la lutte contre le cancer du sein, enjeux majeurs de santé publique, une femme sur huit est touchée au cours de sa vie.
00:38Et puis dans notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables, on va découvrir ensemble AlgoPaint, c'est sa peinture à base d'algues.
00:47Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact.
00:50L'invité de Smart Impact, c'est Emmanuel Pioua, bonjour.
01:00Bonjour.
01:01Bienvenue, vous êtes le directeur général du Relais France, vous allez nous le présenter en quelques mots, c'est quoi, c'est un réseau d'entreprises ?
01:06C'est un réseau d'entreprises qui a été créé il y a 40 ans dans le nord de la France.
01:10Une communauté Emmaüs et puis un fondateur, Pierre Duponchel, ingénieur, qui décide de se spécialiser sur la filière textile.
01:18Donc il y a 40 ans, on a commencé à collecter du textile et puis aujourd'hui, il y a un réseau de 30 sites en France qui collectent 120 000 tonnes de textiles,
01:30qui font travailler 2000 personnes et tout ça dans l'insertion.
01:33Oui, alors c'est un élément important, l'insertion, la lutte contre l'exclusion, ça fait partie de l'ADN du réseau ?
01:40L'ADN du réseau, c'était ça, c'était créer de l'emploi.
01:43Et d'ailleurs, il y a d'autres activités dans la rénovation du bâtiment, dans le logement social, dans la peinture, dans l'intérim d'insertion.
01:52Mais la filière la plus importante et là où il y a le plus d'emplois, c'est finalement les vêtements.
01:57Et en effet, créer et constituer cette filière, on est quand même aujourd'hui le leader sur le marché français de cette collecte et cette valorisation de vêtements.
02:07Est-ce que justement cette filière de valorisation textile, elle s'est alors peut-être pas créée, mais en tout cas, professionnalisée grâce au Relais ?
02:16Elle s'est constituée d'abord de façon assez simple.
02:19On réutilise en effet le vêtement dans sa nature initiale.
02:25On revend des vêtements en France à l'étranger.
02:28Et puis, petit à petit, il y a toujours eu des friperies en Relais, il y en avait déjà.
02:31Il y en avait, il y en a toujours eu.
02:33Et puis, on a en effet créé un éco-organisme en 2007.
02:37Et on a en effet un peu professionnalisé et essayé d'impulser des mécanismes qui permettent de développer et d'aller plus loin.
02:45Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, sur les 120 000 tonnes qu'on collecte, tout est réutilisé.
02:50Mais il y a 400 000 tonnes qui sont encore dans les poubelles des Français.
02:53Donc aujourd'hui, c'est beaucoup d'argent qui sont encore perdus, gâchés.
02:58Parce qu'on pourrait réutiliser ces vêtements, on pourrait les créer en de nombreux emplois et continuer notre mission qui est l'emploi d'insertion.
03:061 800 tonnes de textiles récupérés chaque semaine par le Relais et ça représente 55 % de la collecte en France.
03:15Est-ce que ces chiffres sont en train de baisser ? À quel point ils sont en train de baisser ?
03:21C'est-à-dire il y a de moins en moins de bornes de récupération ?
03:27Alors il n'y a pas de moins en moins de bornes de récupération pour le Relais.
03:30C'est ce que j'ai lu, mais bon.
03:31C'est ce que vous avez cru comprendre. En effet, il y a quelques acteurs qui ont arrêté de collecter cette année.
03:37Pourquoi ? Parce que l'année 2024, comme on l'a déjà connu depuis 40 ans, est une période un peu de crise où les prix ont baissé.
03:44Ces acteurs qui, aujourd'hui, lâchent le territoire sont des acteurs qui ne font que de la collecte,
03:51qui ne sont pas les acteurs comme le Relais qui ouvre le sac, trie les vêtements en France et qui vont en effet valoriser en France ou à l'étranger les produits.
04:01Ces acteurs-là, pourquoi ils ont disparu ? Pour qu'ils soient en difficulté ?
04:04Parce qu'ils dépendent d'acteurs internationaux qui viennent de l'étranger, qui achètent le produit de temps en temps en France et qui, subitement, leur disent « j'en veux plus ».
04:13Parce que c'est moins cher d'aller en Chine, par exemple ?
04:15Parce qu'il y a un ralentissement, qu'ils restent en effet sur leurs gisements et qu'ils ne viennent plus chercher en France.
04:21On a par exemple un Allemand qui vient régulièrement, quand le marché est bon, venir chercher de la matière en France et puis quand le marché est plus bon ou qu'il diminue, abandonne ses acteurs.
04:31Ses acteurs ont disparu, ce n'est pas le cas du Relais. Aujourd'hui, le Relais continue de poser des conteneurs, continue de développer et nous, on va se substituer à ses acteurs.
04:42S'ils font des faux, on va reprendre la place.
04:45Donc aujourd'hui, on n'est pas du tout dans une filière qui a une difficulté sur la collecte. Nous, on est prêts à collecter plus, on est prêts à trier plus.
04:54Il y a une réalité qui, en effet, a une baisse de prix, un ralentissement de certains marchés depuis six mois.
05:01Et ça, ça a impacté…
05:02C'est peut-être conjoncturel ?
05:03C'est très conjoncturel.
05:04Ah oui, ça peut remonter.
05:06Alors, en effet, ça a planté quelques structures. Il y a quelques structures en France qui ont déposé et qui étaient uniquement sur cette collecte qui dépendait d'un acteur qui revendait et qui n'achète plus, mais c'est conjoncturel.
05:21Aujourd'hui, ce que vous m'avez posé comme question, c'est est-ce que cette filière, elle est viable ? Oui. Est-ce qu'elle s'est professionnalisée ? Oui.
05:29Il y a un éco-organisme qui existe, qui permet en effet d'amortir les effets.
05:36On a eu en effet un soutien aux tris, exceptionnel cette année, pour maintenir la filière.
05:42Et puis, il faudra en effet peut-être le faire encore un petit peu, mais il y aura une embellie parce qu'on a toujours connu ses hauts et ses bas.
05:48Je vous pose la question parce qu'il y a quand même un mouvement de fonds qui est le développement des sites de revente, de rachat de vêtements.
05:57Votre matière première, est-ce qu'elle a changé ? C'est-à-dire est-ce qu'il y en a moins ? Est-ce qu'elle est de moins bonne qualité ?
06:06En France, en 2024, 3,5 milliards d'articles mis sur le marché. Ça monte. D'accord ? Ça continue de monter.
06:15La pression, elle existe en effet de plus en plus de la Chine, de vêtements neufs de bas qualité.
06:21Ça, on le voit. On le voit chez nous. Nous, on est derrière. Nous, on va en effet prendre le vêtement tel qu'il arrive.
06:28Tout le monde n'achète pas ces vêtements-là. Il y a de tout, bien sûr.
06:32Et il y a des gens qui achètent des vêtements moins chers, des gens qui achètent des vêtements un petit peu plus chers de qualité.
06:37Oui, mais il y a aussi des gens qui donnaient au Relais ou à Emmaüs des vêtements et qui, maintenant, les vendent.
06:43Donc, ils ne sont plus dans votre réseau, ces vêtements-là. Oui. Alors, il y a en effet... Mais alors, ils les revendent.
06:48Ils les revendent. C'est des vêtements qui vont resservir en France. Oui, qui vont finir par arriver. C'est ça ?
06:53Bah oui. Ces vêtements, aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils font ? Ils démocratisent, en tout cas, ce que vous m'expliquez là.
06:59C'est de la concurrence que nous, on voit d'un bon oeil. Si on regarde les habitudes des Français sur les 5 dernières années,
07:06elles sont tout à fait positives. Nos magasins de vente, on a un réseau de 80 boutiques de seconde main,
07:12où les gens aiment venir essayer, acheter au prix du 9 divisé par 5. 20% du prix. Oui.
07:21Eh bien, ça, aujourd'hui, ça s'est démocratisé. Et c'est très bien. C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la seconde main se développe.
07:27Et il y a de la place pour d'autres. Et c'est vrai qu'on a des magasins, nous, de proximité, et que la vente en ligne, c'est à l'étude pour le relais,
07:35parce qu'il y a des habitudes qui se sont prises comme ça. Mais c'est très bien. Bon, OK. Alors qu'est-ce qu'ils deviennent, ces vêtements ?
07:42Alors voilà, c'est important. Parce que ça, c'est très important. Ce qui est important, c'est que les gens comprennent qu'aujourd'hui, il y a un gâchis.
07:48On en ramasse 120 000 tonnes pour le relais, 250 000 tonnes, tout acteur confondu. Il y a 400 000 tonnes qui vont encore dans les poubelles.
07:56Ça, ça doit arrêter. Aujourd'hui, on doit être beaucoup plus vertueux. Il faut arrêter de jeter des vêtements à la poubelle. Pourquoi ?
08:02Parce que ce jeans-là... Ce jeans-là, il ne sera plus jamais porté. Donc le jeans en bon état. Dans nos magasins en France, on a un réseau d'ingues fringues
08:12qui vendent des vêtements à 4, 5 €. C'est très bien. Voilà. Réemploi. Il y a du réemploi également à l'étranger. Puis après, il y a du recyclage.
08:20C'est un bon exemple. Ce jeans, nous, on a des usines qui permettent de défibrer et puis de réagglomérer et de faire ce produit.
08:28— C'est quoi, ça ? — Ce produit, c'est un écomatériau pour le bâtiment. — Ah, c'est de l'isolation... D'accord.
08:33— De l'isolation thermique et acoustique à partir de cette fibre au coton. Cette fibre au coton, si vous la portez 3, 4 ans, 5 ans, et puis que vous la mettez à la poubelle,
08:44ça coûte à la collectivité, puisque 1 tonne d'ordure ménagère, ça coûte 200 € à la collectivité, dans vos impôts et vos taxes. Si par contre, vous la donnez au relais,
08:52il y a quelqu'un qui est au RSA qui va sortir du RSA, qui va retravailler, qui va être retravaillé. Donc ça, il faut surtout penser à cette personne qui vient collecter,
08:59qui vient trier. Mais surtout, cette fibre-là, qui est du coton, qui est une valeur – je dirais – acoustique, thermique, on la remet 20 ans dans le bâtiment.
09:09Là, l'impact environnemental, il est majeur. Vous multipliez par 4 voire 5 la durée de vie de ce produit. Et vous savez, un jour, la déconstruction, elle sera plus intelligente.
09:23Vous savez qu'aujourd'hui... Déjà, ça commence. Je crois que dans votre émission, on en parle de temps en temps. On démontera les maisons dans 20 ans.
09:32On ira chercher ce produit-là. On le remettra dans notre usine Métis. Et ce produit-là, il aura peut-être une deuxième, une troisième vie. Vous savez que la fibre au papier, ça se recycle 6 fois.
09:43La fibre coton, il faut surtout pas la jeter. Il faut la donner au relais. – Donc ça, c'est le message que vous faites passer même à un vêtement...
09:50– On est une entreprise industrielle qui est capable de faire de l'isolation. – Même un vêtement en mauvaise qualité, il faut jamais le mettre à la poubelle.
09:56– Tout se recycle. – Tout se recycle. Est-ce qu'on peut faire ce qu'on appelle, je crois, le fil-à-fil ? C'est-à-dire est-ce que ce vêtement peut redevenir un vêtement ?
10:01– Oui. Vous avez un peu d'initiatives dans le fil-à-fil. Aujourd'hui, vous avez des vêtements qui incorporent 10, 20%. Mais il y a des produits de ce type-là qui sont encore plus simples,
10:13qui, en effet, aujourd'hui, ne demandent qu'à se développer. On a une usine. On pourrait en avoir 5. Et on pourrait développer des éco-matériaux en masse également.
10:22– Merci beaucoup Emmanuel Pilloua. Et bon vent au relais. On passe tout de suite à notre débat. Les prix rumeurs roses au programme.
10:31« La lutte contre le cancer du sein » au programme de notre débat. Je vous présente mes invitées. Sandrine Planchon, la directrice de l'association Ruban Rose.
10:46Bonjour, bienvenue. Et Anne-Sophie Tuzinski, fondatrice de Cancer At Work. Bonjour. Bienvenue. Vous publiez « Cancer, maladie et travail ». Voilà ce livre aux éditions Erol.
10:57– Alors, Ruban Rose, c'est une association qui est dédiée à la lutte contre le cancer du sein, qui est une association loi de 1901, qui a donc des missions.
11:07Et ces deux missions, c'est de sensibiliser, informer le plus grand nombre de personnes, j'allais dire de femmes et d'hommes, parce qu'il y a 1% de cancers du sein qui touchent les hommes.
11:19Donc j'en profite pour faire ce... On n'en parle pas beaucoup. – Bien sûr, oui.
11:23– C'est un cancer qui touche une femme sur huit, qui est le premier cancer chez la femme, première cause de décès. Donc c'est important d'informer, de sensibiliser, surtout de faire de la prévention.
11:32Donc c'est une des missions principales de l'association. Et la deuxième mission, c'est de soutenir la recherche sur le cancer du sein. Et on fait ça avec chaque année les Prêts Ruban Rose.
11:42– Oui. Alors on va évidemment détailler ce que sont ces prix. On a l'une des lauréates. Le principe des Prêts Ruban Rose, c'est quoi ?
11:49– Alors le principe, d'abord, l'objectif, c'est de prendre en charge de mieux en mieux les femmes atteintes du cancer du sein. Pour ça, on a trois catégories.
12:00Alors on ne va pas rentrer trop dans les détails, mais on a évidemment un jury, un comité scientifique, donc des process très rigoureux avec une caution scientifique.
12:09On a une catégorie qui sont les grands prix, donc qui sont plutôt là pour récompenser une carrière d'un chercheur ou d'un médecin qui a consacré sa vie au cancer du sein, et qui a des avancées surtout.
12:22Des prix qu'on appelle les prix avenir, qui sont là pour plutôt audacieux, innovants, donc plutôt dans la recherche novatrice. Et puis les prix qualité de vie, on va y revenir avec Anne-Sophie,
12:36qui sont tout aussi importants, parce qu'ils sont là pour aider l'amélioration de la qualité de vie, et ce qu'on appelle les soins de support, l'aide psychologique, mais aussi l'estime de soi,
12:47et tout ce qu'on rencontre quand on traverse un cancer du sein.
12:50– Et c'est donc ce prix que vous avez obtenu, Anne-Sophie Tuzinski. Présentez-nous Cancer At Work.
12:55– Alors Cancer At Work, c'est une association d'un genre un peu particulier, parce que c'est une association d'employeurs qui s'engagent pour mieux concilier la vie professionnelle
13:05de leurs salariés malades et de ceux qui les entourent, pour toutes les pathologies d'ailleurs.
13:11Et elle est née à la suite d'une expérience de vie du cancer du sein que j'ai eue en 2011, et puis de compétences professionnelles développées dans les ressources humaines.
13:21Les missions sont simples, c'est mobiliser les dirigeants et les engagés dans l'action, partager les pratiques et développer des travaux d'innovation sur des sujets comme l'inclusion
13:33de la maladie dans le dialogue social par exemple. C'est une mission de mesure des attentes des actifs et de progrès des organisations sur le sujet.
13:44Et puis c'est aussi une mission de cœur qui est le soutien à la réinsertion professionnelle des personnes malades.
13:50Donc nos 178 membres, qui représentent à peu près 10% de la population active française,
13:56se mettent au service des personnes malades pour les aider à revenir en emploi. Et c'est dans ce cadre qu'on a le plaisir de travailler avec Ruben Rose.
14:03Avec ce chiffre, c'est l'Institut National du Cancer qui nous le donne fin 2023, 20% des personnes en emploi au moment du diagnostic de cancer ne le sont plus 5 ans après.
14:13Est-ce que c'est un chiffre stable ? Est-ce qu'on réussit à le réduire finalement ?
14:19En fait, le chiffre qu'on doit considérer en tant qu'employeur, c'est celui de tous les actifs qui sont touchés par une maladie grave ou chronique.
14:27Et c'est 1 salarié sur 4. Et ce chiffre ne cesse d'augmenter. Dans le quatuor de têtes des maladies en nombre, on a évidemment les cancers et le cancer du sein
14:37chez la femme, les diabètes, les maladies cardiovasculaires, l'endométriose chez les femmes. Et donc on a de plus en plus d'actifs malades.
14:46Et comme les personnes n'osent pas en parler, les centres de soins ne considèrent pas la vie professionnelle des patients,
14:54et les employeurs ne savent pas trop comment agir face à ce sujet qui est intime, on a une forte désinsertion professionnelle.
15:01Avec justement, Sandrine Planchon, cette question de l'intimité et de comment, quand on est employeur, offrir des solutions sans trop rentrer dans l'intimité de ses salariés
15:14et sans être intrusif, ça peut être un défi un peu paralysant.
15:18Oui, mais tout l'enjeu aussi de l'information et de la sensibilisation, c'est de lever les tabous. C'est d'ailleurs comme ça que l'association est née.
15:26C'était vraiment, il y a plus de 30 ans, un tabou. Je pense qu'on a fait quand même des énormes pas. Il y a maintenant la libération de la parole.
15:37Bon, ça reste néanmoins, évidemment, la féminité, l'intimité, en plus de la maladie et de l'épreuve que c'est, de tout ce qu'on rencontre sur ce parcours-là.
15:47Donc ça marche, ça passe par quoi, pardon de vous interrompre, ça passe par des moments de sensibilisation,
15:53et peut-être des espaces où celles et ceux qui veulent venir en parler peuvent le faire ? Comment on concilie justement intimité et accompagnement ?
16:04Alors, il y a, et je pense qu'Anne-Sophie peut en parler, de plus en plus d'entreprises dans le cadre de l'ARSE qui s'est développée considérablement,
16:12qui désirent accompagner de l'annonce de la maladie au retour à l'emploi, parce que c'est quand même le sujet aussi principal.
16:20C'est, est-ce qu'on retourne ? Comment on se sent de retourner, de ne pas se sentir exclu, etc.
16:29Et maintenant, à travers la charte Cancer at Work, et notamment qu'a signée l'entreprise cofondatrice de l'association,
16:37donc c'est ce que je peux moi aussi, à l'intérieur de l'entreprise qui a cofondé, qui est Estée Lauder, l'association,
16:43je vois à quel point ces entreprises signent cette charte et s'engagent, mettent des actions très concrètes,
16:51et il y a un baromètre et un monitoring qui est fait de ces actions pour accompagner et pour que les salariés puissent justement pouvoir,
17:00s'ils le souhaitent, avoir un espace de parole et être accompagnés tout au long du parcours et du retour.
17:05Signer cette charte, ça suppose quels aménagements, quelles actions pour les entreprises ?
17:10Alors la charte Cancer at Work engage les dirigeants et leurs salariés à agir.
17:16Elle est très large volontairement parce qu'on ne croit pas aux recettes toutes faites chez Cancer at Work.
17:20Ce qui nous semble important, comme le soulignait Sandrine, c'est de prendre le temps d'écouter les salariés,
17:26d'écouter leurs besoins et leurs attentes et de bâtir un plan d'action adapté.
17:31Alors on va retrouver régulièrement des actions de sensibilisation, de la formation pour les ressources humaines ou les managers
17:38ou de la mise en place d'accompagnements individuels ou collectifs quand les situations se crispent.
17:44Ça, c'est quelque chose d'assez générique.
17:46Et puis ensuite, on va avoir des choses un peu plus exotiques qui peuvent être liées à des métiers de main d'offre, par exemple.
17:52Des ouvrières qui, sur chaîne de production, disent « Nous, quand on revient après un cancer du sein, qu'on a subi une mastectomie,
18:00on ne peut pas tenir les cadences. »
18:02Et des dirigeants et dirigeantes en l'espèce membres de Cancer at Work qui vont décider d'installer au cœur de l'usine
18:09un atelier, une chaîne de production sans cadence.
18:13Donc c'est vraiment très concret. Vous dites plutôt des dirigeantes.
18:17Ça veut dire que quand c'est une femme qui dirige une entreprise, elle est plus sensible à la question ?
18:20Non, il se trouve que sur l'exemple que je viens de vous donner, c'est une dirigeante femme, elle-même touchée par un cancer du sein.
18:27Mais tous les dirigeants qui constituent l'association ne sont pas touchés directement,
18:33mais sont des dirigeants qui ont vraiment conscience de l'importance de leurs collaborateurs dans la réussite de leur entreprise.
18:41Et le premier à s'être engagé, c'est Philippe Salle, qui dirige Emeria, qui est en transition, comme vous le savez,
18:50qui s'est engagé dans l'action. Aujourd'hui, on a en France 160 dirigeants engagés,
18:55des hommes, des femmes, des grandes entreprises, des petites, à Paris et en province, des institutions publiques.
19:02La Sécurité sociale, France Travail font partie des membres de l'association des collectivités territoriales,
19:09comme le Conseil régional de Normandie. Tous ces dirigeants ont conscience de la problématique de nombre à laquelle leur entreprise est confrontée.
19:20Ils ont conscience de la guerre des talents qui se joue sur notre territoire.
19:25Et donc, ils s'engagent pour que tous les salariés, malades ou pas d'ailleurs, vivent bien ensemble.
19:31Vous l'avez évoqué, Sandrine Planchon, ce prix très attendu chaque année, le grand prix de la recherche attribué à Suzette de La Loge.
19:39Alors, je vais vous demander pour quels travaux, peut-être que c'est beaucoup trop compliqué à expliquer, mais je veux bien que vous en digniez quelques mots.
19:46Alors, Suzette de La Loge, elle est médecin oncologue au centre Gustave Roussy, et elle fait quelque chose qui est incroyable.
19:54Elle fait ce qu'on appelle du dépistage personnalisé, ce qu'on appelle l'interception, et à travers des tests salivaires de l'ADN,
20:04elle compare des femmes qui ont un cancer du sein et qui n'en ont pas, donc sur un échantillon important,
20:10pour essayer de voir comment détecter sur des populations plus à risque, donc la nécessité d'avoir des dépistages personnalisés à travers un simple test salivaire.
20:22Et donc, on a remis dans le cadre de ce projet à Suzette de La Loge 350 000 euros cette année.
20:29Alors, c'est bien que vous parliez d'argent, parce que c'était la question que j'allais vous poser depuis que ces Prix Ruban Rose existent.
20:37Vous avez accompagné combien de projets, combien d'argent distribué ? Parce que, voilà, c'est la recherche, évidemment, ça mobilise des talents et ça coûte cher.
20:46Oui, ça coûte cher. Et avant de vous répondre, les chercheurs avec lesquels, évidemment, on est en lien tous les jours, nous disent
20:54on a fait ce métier pour chercher, mais on passe 50% de notre temps à chercher des fonds de financement. Voilà, d'où l'importance vraiment de les aider.
21:03Alors, on a remis en plus de 20 ans, à 110 projets, plus de 10 millions d'euros. Mais ça s'est considérablement accéléré ces dernières années grâce à la générosité
21:13des mécènes d'entreprise, parce qu'en l'occurrence, l'association Ruban Rose, c'est des fonds qui sont collectés à 80% par des actions mises en place par des entreprises
21:23dans tous les domaines d'activité. Et donc, pour vous donner un chiffre, en 2019, on donnait 700 000 euros à la recherche. Là, on vient de remettre à l'Assemblée nationale, il y a quelques jours,
21:332,4 millions, parce qu'on accompagne, on a donné 10 prix, dont le Grand Prix à Suzette-de-la-Loge. Et on a aussi donné des bourses, parce que le but, c'est d'accompagner la recherche,
21:43mais dans la durée. Donc, on permet, à travers ces bourses, dès que l'on aura des grands prix Ruban Rose ou des prix à venir, de continuer à les accompagner,
21:53parce que la recherche, c'est un temps qui n'est pas forcément le nôtre, qui peut être un temps plus long, pas forcément très long. Parfois, il y a des très très bonnes surprises,
22:01mais en tout cas, la nécessité d'accompagner dans la durée.
22:04En ces temps de disette budgétaire, heureusement que vous êtes là. Vous faites un peu ce que l'État devrait faire, d'une certaine façon.
22:09C'est une aventure, et ce n'est pas Anne-Sophie qui dira le contraire. C'est la force d'un écosystème, de l'engagement collectif, et d'une générosité, malgré le contexte économique et autre qu'on connaît,
22:25une grande générosité des Français, pour notamment, pas que, évidemment pour l'urgence, pour les enfants, mais aussi pour la santé publique.
22:33Moi, depuis que je dirige l'association, on est en croissance de dons constantes, malgré Covid, malgré les guerres, malgré tout ce qu'on connaît, l'augmentation des coûts de l'énergie.
22:44Je trouve que c'est un, et c'est ce qu'on aime aussi faire passer, c'est un message d'espoir, et dire qu'il y a énormément d'initiatives et de générosité, et que c'est grâce à ça qu'on peut notamment accompagner la recherche sur le cancer du sein.
22:59Merci beaucoup, merci à toutes les deux, et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe tout de suite à notre rubrique Startup.
23:05Smart Ideas avec Lionel Bouillon, bonjour.
23:14Bonjour.
23:15Bienvenue, vous êtes le fondateur d'AlgoPaint. L'histoire est sympa à raconter, parce que c'est une longue histoire. Quand et comment vous avez eu l'idée de cette peinture aux algues ?
23:24L'idée est venue tout simplement un week-end en prenant ma douche, comme tout le monde, et dans ma douche, j'avais un beau shampoing d'un leader de la cosmétique, voisin de Rennes, puisque nous sommes basés à Rennes, à la Gastigy.
23:37Oui, je connais bien, très bel endroit, très belle expo photo tous les ans.
23:41Exactement.
23:42Donc un shampoing aux algues, c'est ça ?
23:44Exactement, et à partir de là, je me suis dit, si aujourd'hui, ce leader de la cosmétique arrive à faire des shampoings à base d'algues, pourquoi nous, fabricants de peinture, on n'arriverait pas à développer la première peinture écologique aux algues ?
23:53Ok, donc ça, c'est le point de départ. Combien se passe de temps entre l'idée sous la douche et l'arrivée du produit ? La recherche, j'imagine, les brevets, enfin bon, il y a deux, trois étapes à passer.
24:04Exactement, autour de l'idée, on a amené avec nous dans notre aventure des partenaires, dont l'école de chimie de Rennes, qui nous a mis également en contact en parallèle avec le CEVA, le Centre d'études et valorisation des algues,
24:15et on a commencé à identifier avec différents chercheurs les différentes typologies d'algues qui existaient et qui pouvaient rentrer dans la composition de nos peintures.
24:23Et comme en Bretagne, on a plus de 700 variétés d'algues sur le littoral, l'Aventure Algo a commencé comme ça, donc on a incubé le projet d'entreprise familiale, et en 2012, on a déposé un brevet en co-construction avec le CEVA,
24:39et l'Aventure Algo nous a permis de participer au Grand Prix du ministère de l'Environnement et de l'Écologie et de faire partie des 30 solutions dans le climat à la COP21 où on a exposé nos peintures,
24:49et c'est comme ça que j'ai décidé de créer la société le 30 juin 2015, la start-up.
24:54– Donc voilà pour les étapes, alors là vous êtes venu avec des algues, là je les reconnais, à côté c'est quoi ?
25:01– En fait aujourd'hui l'algue on la connaît tous, il existe donc ce que je disais tout à l'heure, plus de 700 variétés sur notre beau littoral breton,
25:09et à partir de là, je dirais, elle est valorisée par la cosmétique et l'agroalimentaire, et aujourd'hui une partie est inexploitée,
25:16et c'est cette poudre blanche que l'on va récupérer et qu'on va valoriser dans nos peintures, et elles vont nous apporter principalement 3 fonctionnalités,
25:24la première elle va avoir un rôle dépecissant, puisqu'on connaît tous le rôle de l'agar-agar qu'on utilise en cuisine,
25:30donc on va avoir un produit qui est très agréable à appliquer, et elle est également blanche, donc ça va contribuer je dirais à apporter de l'opacité au produit,
25:38et également ça va apporter une résistance mécanique, puisque aujourd'hui toutes nos peintures sont lessivables,
25:44donc vous pouvez aussi bien les appliquer en cuisine, en salle de bain...
25:47Alors c'est la question que j'allais vous poser, vous réussissez, donc vous faites des peintures à base d'algues,
25:52qui ont, enfin pas les mêmes propriétés, mais qui ont les mêmes usages que les peintures classiques ?
25:58Exactement, aujourd'hui on n'a pas inventé les peintures écologiques, elles existaient bien avant nous,
26:04par contre aujourd'hui AlgoPaint a réussi à transformer, je dirais, et à les rendre aussi performantes que les peintures conventionnelles,
26:11ce qui nous permet clairement d'être impliqué dans tout support et toute destination, tout ce qui est petite enfance, hôpitaux...
26:20Une peinture classique c'est fait de quoi ?
26:22Justement, une peinture classique c'est à base de pétrole principalement, puisque c'est adossé à la chimie du pétrole, comme tous les fabricants de peinture,
26:28et nous aujourd'hui Algo, on est véritablement là pour bousculer le segment classique des peintures bâtiment,
26:33et ce que je dis, arrêtons d'appliquer du pétrole sur les murs, on lui est place de solutions beaucoup plus saines et écoresponsables.
26:38Donc ça veut dire quelles économies de CO2, puisqu'on part d'une matière première, quel pétrole ?
26:44Aujourd'hui par rapport à une peinture classique, vous prenez même une peinture solventée, vous avez, je dirais, un gap qui est colossal par rapport à Algo.
26:52Aujourd'hui nous on est à plus de 80% biosourcés, donc aussi bien sur nos résines, sur nos charges, sur nos additifs,
26:58qui nous permet d'avoir un gap en termes d'impact au carbone divisé quasiment par 5 à 6 par rapport à une peinture classique.
27:05Il y a aussi un enjeu de santé, parce que moi je suis très sensible aux odeurs de peinture et à ce qu'elle rejette dans l'air.
27:13Tout à fait, aujourd'hui quand vous achetez un litre de peinture, peu de consommateurs le savent,
27:18mais il y a à peu près la moitié du pot de peinture qui s'évapore dans l'air intérieur en séchant.
27:22Quand votre peinture est fabriquée à partir de matières premières dérivées du pétrole,
27:27la chose logique, vous relarguez dans l'air intérieur ce qu'on appelle des composés organiques volatiles ou semi-volatiles,
27:32qui font partie des perturbateurs endocriniens.
27:35Et nous sur notre peinture, on a un taux d'émissivité 10 fois inférieur aux normes les plus strictes,
27:40et je dirais 100 comme une mesure par rapport aux peintures classiques.
27:43Donc très peu d'émissivité, très peu d'odeurs, ce qui nous permet d'être en milieu occupé, beaucoup plus facile et agréable à appliquer.
27:50Merci beaucoup Lionel Bouillon et bon vent à AlgoPaint.
27:54Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
27:57Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change.
28:01Et je vous dis à demain, tout simplement. Salut !