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Dans son édito du 27/03/2025, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00que c'est une histoire lunaire et banale tout à la fois.
00:03Lunaire parce que voilà un homme politique qui se retrouve devant les tribunaux
00:08pour avoir livré son interprétation d'une affaire qui avait une portée nationale.
00:12Et banale parce qu'il est aujourd'hui banal de se retrouver devant les tribunaux
00:17lorsqu'on remet en question la doxa, l'idéologie dominante.
00:21Alors, on ne reviendra pas sur le détail de l'affaire Crépole,
00:23Dieu sait qu'on l'a souvent raconté ici.
00:25Je raconterai plutôt comment Éric Zemmour a raconté cette affaire,
00:29et ce qu'on lui reproche aujourd'hui.
00:31D'abord, il sort du récit médiatique autorisé.
00:35Ce n'est pas une rixe, selon Éric Zemmour.
00:37Ce n'est pas un fait divers, selon Éric Zemmour.
00:40Ce n'est pas Thomas qui a donné un coup de ventre à un couteau, selon Éric Zemmour.
00:43C'est un événement qui n'est pas une rixe seulement.
00:47Éric Zemmour politise l'événement.
00:49Il le politise en disant que cette délinquance n'est pas qu'une forme d'insécurité banale.
00:55Cette délinquance a une dimension politique ou sociologique en quelque sorte.
00:59C'est raide, c'est une délinquance prédatrice et conquérante.
01:03Ce ne sont pas ses mots exactement, je résume évidemment son état d'esprit.
01:07Donc, c'est une délinquance conquérante et prédatrice
01:10qui porte une dimension de racisme anti-blanc.
01:14Il ajoute, il y a une dimension intercommunautaire dans ce conflit.
01:19Donc, ce ne sont pas que des individus qui se battent.
01:23Il y a une communauté et une autre qui s'identifient en tant que telle.
01:27C'est-à-dire qu'il y a un « nous » contre un autre « nous » qui se confrontent.
01:31Ces deux « nous » sont distincts.
01:33D'un côté, dans son propos, il y a le « nous » de la communauté nationale,
01:36le « nous » des autochtones, le « nous » des natifs,
01:38et de l'autre, un « nous » qu'il associe au racaille, dit-il.
01:43Il identifie ces communautés.
01:45Ce n'est pas un « nous » générique.
01:47Il dit, voilà de qui nous parlons, voici de quelle communauté nous parlons,
01:50et il le fait de manière imagée en associant une communauté à un prénom,
01:53en associant une autre communauté à un prénom.
01:56Donc, il fait le portrait des événements.
01:59On peut évidemment être en désaccord avec la lecture que Zemmour fait des événements.
02:04Ça va de soi.
02:05En politique, nul n'est obligé de partager une même lecture.
02:08C'est de moins en moins vrai, ça, avec le pouvoir qui nous dit qu'on devrait toujours répéter la même chose.
02:13Mais quoi qu'il en soit, on pourrait être en désaccord.
02:16Mais on pourrait dire que c'est immoral, on pourrait dire que c'est inexact, surtout.
02:20On pourrait dire que vous avez tort.
02:21Et voilà, pour les faits, pourquoi votre analyse est fausse.
02:24Mais ce n'est pas de cela dont nous parlerons ici,
02:26parce que pour son analyse, il s'est retrouvé devant les tribunaux,
02:29et il est donc aujourd'hui condamné.
02:32La question est donc, on veut transformer un désaccord politique en délit idéologique.
02:38Zemmour est transformé en délinquant idéologique.
02:41Qui a cherché à le condamner?
02:44Parce que le « qui » est important ici.
02:46C'est d'abord l'État, indirectement, avec la DILCRA.
02:49Ça, c'est l'agence proche du premier ministre,
02:51responsable de la lutte contre la discrimination, le racisme, l'homophobie, la transphobie,
02:55ce qu'on pourrait appeler plus poliment la police politique du régime.
02:58Il y a SOS Racisme, la milice idéologique publiquement subventionnée du régime.
03:04Il y a deux députés, LFI, sans surprise,
03:08et un citoyen ordinaire qu'on appellera poliment un « délateur », comme il y en a tant aujourd'hui.
03:13Dans les circonstances, il doit donc payer, vous l'avez dit, 9000 euros d'amende.
03:18S'il ne paye pas ces 9000 euros d'amende,
03:20il pourrait aller en prison pour son propos.
03:23On parle donc aujourd'hui d'un pays qui n'est pas l'Algérie,
03:27où on peut se retrouver en prison pour avoir dit quelque chose
03:30qui déplait aux gardiens de l'orthodoxie.
03:33Je précise, s'il le faut, que jamais Zemmour n'a dit que tous les Arabes,
03:40par exemple tous les musulmans, tous les si, tous les si,
03:42ça fait de la liste de tous les groupes possibles, seraient coupables.
03:45En fait, c'est un échange historique entre vous et lui, d'ailleurs.
03:47Pas tous.
03:48Là, on est dans un autre pas tous.
03:50Non, on se disait pas tous, pas tous, pas tous.
03:52Mais il ne dit pas tous.
03:53Il dit par ailleurs, il y a un fait statistique reconnaissable,
03:56il dit un fait sociologique reconnaissable.
03:58Encore une fois, on peut être en désaccord, j'insiste.
04:00Mais lui, il dit voilà les choses comme je les vois.
04:02Mais il ne dit jamais que tous, par exemple tous les immigrés,
04:05ils sont des racailles.
04:06Ce serait absurde de dire ça, ce serait odieux de dire ça.
04:08Et ça tombe bien, il ne le dit pas.
04:11Mais l'objectif ici est très clair.
04:13C'est d'assurer avec une justice complaisante,
04:16idéologiquement orientée, très marquée à gauche.
04:19Il s'agit de transformer, je l'ai dit,
04:21un désaccord politique en délit idéologique.
04:23Il s'agit de le marquer au fait rouge de la condamnation.
04:26Et ensuite, on nous le présentera
04:28comme un délinquant multirécidiviste sur ces questions.
04:32Et tout comme je dirais qu'il y a une gestion policière
04:34aujourd'hui des manifestations,
04:35il y a une gestion juridique de l'opposition.
04:38Et ce qui devrait nous intéresser ici, je crois,
04:40c'est le simple fait qu'on puisse être condamné
04:42pour avoir exercé sa liberté d'expression.
04:44Ce qui devrait nous intéresser,
04:45c'est que la mise en question d'une vérité officielle
04:48peut vous conduire possiblement en prison.
04:50Je pense que ça, c'est le véritable enjeu.

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