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Dans son édito du 19/11/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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Transcription
00:00Quand j'ai vu passer, vous savez, je sais pas si vous êtes comme moi,
00:02mais moi, quand je regarde ma télévision, il m'arrive d'insulter ma télévision.
00:05C'est quelque chose d'assez fréquent, donc j'essaie de me calmer et de temps en temps,
00:11celle qui a la générosité de passer sa vie avec moi, elle dit « calme, calme, calme ».
00:16De temps en temps, elle hurle avec moi aussi.
00:17Et là, devant ça, c'est absolument scandaleux.
00:21C'est-à-dire, on est devant un cas où, on doit le rappeler,
00:23le milieu de l'enseignement, l'école plus largement en France, c'est Samuel Paty.
00:29C'est Dominique Bernard, mais c'est aussi tous ces professeurs
00:33qui ont dénoncé le pas de vague en disant « mais il y en a marre de toujours prendre sur nous,
00:36il y en a marre de ne plus pouvoir faire notre travail,
00:38qui est un travail de transmission de la culture, de transmission du savoir,
00:42parce que nous sommes dans un environnement qui ne permet plus de faire un tel travail ».
00:46Pourquoi ? Parce qu'on sait qu'en allant au travail, ça arrive pas tous les jours,
00:50mais on peut être menacé, on peut être agressé et on peut perdre la vie.
00:53Quand un internaute dit aujourd'hui « il faut le brûler vif »,
00:57on sait, très grande chance, que ça n'arrive pas.
01:00Mais il y a quand même certaines chances que ça arrive,
01:01que ce message soit entendu, que ce message soit repris,
01:05que ce message soit amplifié et qu'à terme, on décide vraiment de brûler vif quelqu'un.
01:10Alors là, le jugement, c'était en février si je ne me trompe pas,
01:13le jugement tombe là, très bien, on se dit la justice a fait son travail assez rapidement,
01:18mais avec une sanction qui atteint l'Everest du ridicule en quelque sorte.
01:23Alors je le redis, 600 euros d'amende,
01:26globalement je crois que c'est 10 euros sur 60 jours, 10 euros,
01:32et un stage de citoyenneté.
01:33Je laisse de côté la question de l'argent, bien que j'y reviendrai,
01:36parce que c'est important, mais je vais revenir sur le stage de citoyenneté.
01:40Je pense qu'aujourd'hui, c'est l'expression parachevée
01:43de ce qu'on pourrait appeler un état dévirilisé, pardonnez-moi ce gros mot.
01:47On a souvent dénoncé Big Brother,
01:49mais on a oublié qu'on l'a remplacé à bien des égards par Big Mother.
01:53Big Mother, c'est-à-dire, devant la situation qu'il y a dans l'autre,
01:56c'est l'état qui, alors qu'on l'a dit, il faudrait le brûler.
01:58Le brûler, ça veut dire que la personne, au mieux, sort de ça défigurée à jamais,
02:02au pire, meurt.
02:03C'est ça de brûler vif quelqu'un.
02:05D'ailleurs le type va dire, je m'excuse, ce n'est pas ce que je voulais dire,
02:07je regrette, je regrette.
02:08On dit toujours qu'on regrette après avoir eu une grosse horreur,
02:10en prétendant ensuite s'en sauver.
02:12Quoi qu'il en soit, et puis je n'ai pas toujours un pardon aussi facile
02:14que mon ami Charlotte.
02:16Alors qu'est-ce qu'on voit à travers cela?
02:18C'est l'expression, c'est le stage de citoyenneté,
02:21c'est l'état qui ne croit plus à la sanction.
02:23C'est l'état qui est obligé de donner l'impression qu'il va sanctionner,
02:26mais qui traite le problème comme un problème d'incompréhension,
02:30comme un problème thérapeutique.
02:31C'est, en gros, il n'a pas compris ce qu'était la citoyenneté française.
02:34S'il avait compris, il n'aurait pas dit qu'il faut brûler vif le professeur.
02:38Mais puisqu'il ne l'a pas compris, on va lui donner un petit cours de rééducation
02:42et il en sortira bon citoyen, bon français, excellent français probablement.
02:48C'est intéressant de voir que la citoyenneté est une punition.
02:51C'est très juste.
02:52En fait, c'est cette idée qu'elle ne voit tellement plus de soi
02:54qu'elle vient sur le mode de la sanction rééducative.
02:56C'est très bizarre quand même.
02:58Or, j'ai autorité d'éviriliser,
03:01mais j'avais promis de ne pas oublier la question de l'argent.
03:03Parce que c'est important, parce que je me permets de référer.
03:06Pensez au harcèlement juridique, harcèlement judiciaire,
03:10harcèlement politique devant les tribunaux
03:13d'un homme qui a déjà été hors de cette table, Éric Zemmour.
03:16Zemmour, on peut être d'accord ou non avec ce qu'il dit.
03:18On peut penser qu'il a raison sur tel point et qu'il a tort sur tel autre.
03:21Mais ce que je constate, c'est que très rarement, on cherche à le contredire
03:24sur le mode, vous avez tort sur ce point, voilà mes arguments,
03:27vous avez raison sur ça, je vous l'accorde.
03:29Non.
03:29Quand il dit quelque chose qui choque un peu,
03:31et ça fait quand même plusieurs années,
03:33qui choque un peu parce qu'il y a quelques faits
03:34que notre société ne veut pas entendre.
03:36Il y a des faits qu'elle juge haineux.
03:38Il y a des faits qu'on ne peut pas mentionner
03:40sans que ça soit converti en discours haineux.
03:42On a traîné devant des tribunaux combien de fois?
03:44Une partie le jour où Zemmour va écrire ses mémoires,
03:46il y aura probablement un chapitre, ma vie judiciaire.
03:49C'est-à-dire, tous les fois, il était devant des tribunaux
03:51parce qu'il a dit quelque chose qui a heurté.
03:54Quand il est relaxé, on n'en parle pas.
03:55Oui, très justement.
03:56Mais à ce qui est intéressant là-dedans,
03:58vous avez raison, c'est relaxé souvent,
04:00mais je crois qu'il y a une condamnation.
04:02Mais dans les faits, même si la relaxation arrive,
04:07la relaxation arrive, juge,
04:08c'est qu'on est dans un harcèlement permanent
04:09qui occupe une partie de la vie.
04:11Et la sanction, lorsqu'elle vient,
04:12est normalement assez sérieuse, assez significative.
04:15On met de l'argent là-dedans,
04:16on dit que vous allez payer cher pour des propos
04:18où jamais Zemmour a dit qu'il faut brûler vif quelqu'un.
04:20Jamais il a dit qu'il faut flinguer quelqu'un.
04:22Jamais il a dit qu'il faut battre quelqu'un.
04:24Mais lui, on le fait payer.
04:25On dit que tu dois payer, mon gaillard.
04:27De la même manière, il y a une autorité de régulation
04:29des communications qui existent dans un pays
04:30qu'on nommera, par exemple, un autre pays que la France,
04:33mais ça pourrait être la France.
04:34Et cette autorité de régulation des médias
04:37multiplie les sanctions.
04:39Mais des sanctions qui peuvent aller, par exemple,
04:4120 000 euros d'amende pour propos climato-sceptiques.
04:45Alors, moi, je ne suis pas climato-sceptique,
04:46mais si quelqu'un avance une thèse X, Y ou Z
04:49et propose des arguments,
04:52à l'arrière, où est l'idée qu'on doit sanctionner?
04:54Ah, vous êtes sorti du dogme, 20 000 euros d'amende,
04:57on va vous faire payer.
04:58Ce n'est pas 600, 20 000 euros d'amende
05:00pour avoir contredit une idée, un dogme.
05:02Ça, c'est sérieux.
05:03Ou de la même manière...
05:03Ce n'est pas menacer de brûler vif quelqu'un.
05:05Non, en effet, ce n'est pas du tout la même chose.
05:07Ou encore, imaginez un propos sur la question de l'avortement.
05:10Quelqu'un qui dirait, dans une conception chrétienne,
05:12vous savez, un avortement, c'est un meurtre.
05:15Il n'est pas obligé d'être d'accord, franchement.
05:16On n'est pas obligé.
05:17Mais d'un point de vue chrétien, ça se défend.
05:19Quelqu'un qui dirait ça publiquement
05:21et qui dirait que ça a des conséquences
05:22dans l'organisation de la société,
05:23qui en tirerait quelques statistiques,
05:25pourrait avoir à payer 100 000 euros d'amende pour ça.
05:29Oui, 100 000 euros d'amende, pourquoi?
05:30Pour avoir proposé une conception de la vie,
05:32une anthropologie qui est globalement
05:34une anthropologie chrétienne,
05:35avec lesquelles, j'insiste, on peut être en désaccord.
05:37On peut vraiment être en désaccord.
05:39Mais sanctionner, encore une fois,
05:40l'opinion dissidente sur le mode
05:43« vous allez payer cher »,
05:44on commence à se dire, voyant tout cela,
05:46qu'il y a une forme de cohérence dans notre société.
05:48C'est-à-dire, si vous menacez de mort quelqu'un,
05:50et je reviens sur la question de l'idéologie diversitaire,
05:53vous risquez moins, dans notre société,
05:55de dire, en menaçant de mort quelqu'un,
05:58que si vous décidez de noter quel est le point commun
06:02de ceux qui, souvent, menacent à mort
06:04une personne ou une autre.
06:05Est-ce qu'on doit comprendre que la justice
06:07ne prend pas au sérieux de telles menaces,
06:09ou bien qu'elle prend trop au sérieux d'autres menaces?
06:11Peut-être les deux.
06:14C'est-à-dire, d'un côté, on est devant une idéologie.
06:17Parce que c'est une idéologie, il faut nommer les choses,
06:18qui ne peut plus faire semblant
06:20qu'il n'y a pas de telles agressions contre les profs.
06:22Qui ne peut plus faire semblant
06:23que les profs ne vivent pas toujours menacés.
06:26Ce n'est plus possible de faire semblant que ce n'est pas vrai.
06:27En plein procès de Samuel Paty.
06:29Ce n'est pas un détail.
06:30Vous avez tout à fait raison de le noter.
06:32Donc, on ne peut plus faire semblant que ce n'est pas le cas.
06:33Donc, qu'est-ce qu'on va faire?
06:34On va traiter ce...
06:36Il faut le brûler vif.
06:37Je crois qu'il y a eu ce chien, je crois.
06:39Ce chien, en plus.
06:40Ça signe un peu l'attaque.
06:42Alors, quoi qu'il en soit, il faut le brûler vif, ce chien.
06:45Ça, dans ce contexte, on ne peut pas ne pas le mentionner.
06:48Donc, ce sera traité comme une forme de fait divers,
06:50anodin, d'un adolescent.
06:52Ce n'est pas vraiment un adolescent, cela dit.
06:53En fait, c'est un adulte,
06:54mais qui a mal compris son rôle de citoyen.
06:56Petite sanction caline, on tapote la joue,
06:58on dit, fais plus ça, mon gaillard.
06:59Redeviens un excellent Français.
07:01De l'autre côté, et je note que...
07:03Combien de fois, Charlotte nous en parle-t-elle,
07:05des cas où on se retrouve avec des gens
07:07qui ont des sanctions qui devraient être sévères,
07:08mais finalement, ça ne s'applique pas.
07:10Le fameux laxisme judiciaire dont on parle tant.
07:12De l'autre côté, si vous tenez un discours
07:15qui est considéré généralement comme étant
07:17les points forts du régime, l'idéologie dominante,
07:20qu'il s'agisse de diversité, d'immigration,
07:22de compatibilité des cultures,
07:24de lecture de l'histoire,
07:26si vous tenez un discours qui, à tort ou à raison,
07:28s'éloigne de l'idéologie dominante,
07:30alors là, la sanction sera brutale.
07:32On en appelle toujours à plus de lois.
07:34On veut s'assurer même que de tels propos
07:36qui peuvent choquer, vous ne puissiez pas les dire
07:38autour de la machine à café,
07:40vous ne puissiez pas les dire dans un déjeuner d'entreprise,
07:42vous ne puissiez pas en parler sur un gros WhatsApp.
07:44Donc l'État n'a pas renoncé.
07:46On dit souvent que l'État a renoncé à l'autorité.
07:48C'est faux. L'État a décidé d'exercer l'autorité
07:50contre les Français qui ne s'enthousiasment pas
07:54de la marche de l'histoire qu'il leur est proposée.
07:56Et de ce point de vue,
07:58l'État est très autoritaire envers ceux
08:00qui quelques fois pleurent ce qu'on fait de leur pays.

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