Parlement Hebdo c'est le meilleur de la semaine parlementaire. Chaque vendredi, un député et un sénateur analysent les temps forts de la semaine au Sénat et à l'Assemblée nationale.Cette semaine, Kathia Gilder (LCP-AN) et Alexandre Poussart (Public Sénat) reçoivent Ian Brossat, sénateur communiste de Paris et Constance Le Grip, députée « Ensemble pour la République » des Hauts-de-Seine.Au programme : les négociations autour d’un cessez-le-feu en Ukraine et le financement de la hausse des dépenses militaires françaises. Sous l’égide des Etats-Unis, une proposition de cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie est sur la table. Un moment charnière pour ces deux pays, mais aussi pour l’Europe. A l’Assemblée nationale mercredi, les députés ont adopté une résolution de soutien à l’Ukraine, prévoyant notamment une saisie des avoirs russes. A l’heure où la guerre se rapproche, Emmanuel Macron a annoncé augmenter les dépenses de défense du pays, sans augmenter les impôts. A droite comme à gauche, les parlementaires ont des propositions pour financer cet effort important, alors que les comptes publics sont toujours dans le rouge. Année de Production :
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00:09– Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver
00:11pour un nouveau numéro de Parlement hebdo,
00:13l'émission qui revient sur les temps forts de la semaine au Parlement.
00:15– Et comme chaque semaine, nous vous proposons un débat
00:17entre un député et un sénateur, aujourd'hui Constance Legrippe.
00:20Bonjour, vous êtes députée Ensemble pour la République des Hauts-de-Seine,
00:24ancienne Eurodéputée, et vous débattez avec Yann Brossat.
00:27– Bonjour. – Bonjour.
00:28– Sénateur communiste de Paris, on parle de l'Ukraine.
00:31– Oui, un débat cette semaine consacré à la guerre en Ukraine,
00:34alors que Vladimir Poutine, le président russe,
00:36est favorable à un cessez-le-feu sous réserve.
00:39L'Assemblée nationale, de son côté, a voté mercredi
00:41une résolution symbolique de soutien à l'Ukraine,
00:44mais ce texte n'a pas fait l'unanimité.
00:47Et puis, comment financer le réarmement de notre défense ?
00:50Faut-il augmenter les impôts, réduire les dépenses publiques
00:53ou encore demander aux Français de travailler plus longtemps ?
00:55Les solutions sont multiples, mais les avis divergent au Parlement.
01:00– Mais d'abord, on va réécouter Vladimir Poutine,
01:02le président russe, qui s'est dit favorable à un cessez-le-feu,
01:06mais sous conditions.
01:10– Nous sommes d'accord avec les propositions visant à mettre fin
01:13aux hostilités, mais nous pensons que cet arrêt doit être un arrêt
01:17qui mène à une paix durable et qui s'attaque aux causes profondes
01:21de cette crise.
01:22– Alors, précisons que le président ukrainien, Volodymyr Zelensky,
01:25a mis en garde contre, je cite,
01:26les paroles manipulatrices de Vladimir Poutine.
01:29Constance Legrip, cet accord de principe de Vladimir Poutine
01:32pour une trêve de 30 jours sous condition,
01:35est-ce que pour vous, c'est déjà un petit, un premier pas vers la paix ?
01:40– Je ne suis pas très sûre d'entendre dans les propos récents
01:45de Vladimir Poutine un accord constructif, positif, sincère
01:52en faveur d'un cessez-le-feu.
01:54Je pense qu'il a compris que la pression américaine étant là,
01:59il fallait qu'il se livre à quelques déclarations d'intention,
02:03mais qui sont somme toute assez vagues, assez floues.
02:06Et il insiste tellement sur les conditions,
02:08que je n'hésiterai pas à qualifier de dictates,
02:11que je mets vraiment en doute la sincérité de l'accord de principe
02:16donné par Vladimir Poutine.
02:19À mon avis, il cherche à gagner du temps.
02:20Il cherche à gagner du temps pour continuer et intensifier
02:24un certain nombre d'opérations militaires.
02:27Il continue à bombarder, il continue à pilonner.
02:30Donc non, je ne vois pas là de choses très, très encourageantes,
02:35même s'il n'a pas claqué la porte au nez des négociateurs.
02:40Je reste extrêmement sceptique.
02:41– Yann Brossat, ce n'est pas un premier signal vers la paix,
02:44cet accord sous réserve, avec beaucoup de réserve,
02:46de Vladimir Poutine pour une cessation des combats ?
02:49– Aller vers une perspective de cesser le feu,
02:51en soi, c'est évidemment une perspective positive.
02:54Je pense que, de ce point de vue-là, tout le monde s'en réjouirait.
02:58Tout le monde se réjouirait du fait que le bruit des armes cesse.
03:01Simplement, effectivement, lorsqu'on entend le contenu
03:04des propos de Vladimir Poutine,
03:05il y a de quoi entretenir un certain nombre de doutes.
03:08Et il ne faudrait pas que cette perspective de cesser le feu
03:12se fasse au prix d'une humiliation de l'Ukraine
03:14et d'un non-respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
03:18Or, si ce cesser le feu se faisait au prix de ce que Vladimir Poutine dit,
03:23aux conditions qu'il pose dans son intervention d'hier,
03:27ce serait inévitablement le cas.
03:29Ce que je regrette, c'est que dans ces discussions,
03:31l'Union Européenne est quand même sacrément marginalisée,
03:34sans doute parce qu'elle n'a pas été capable
03:36de mener ce type d'offensive diplomatique.
03:38Et donc, ce que je souhaite, c'est que nous puissions travailler
03:41à la fois à un cesser le feu qui, une fois de plus,
03:44respecte la souveraineté de l'Ukraine,
03:47et que, dans le même temps, nous puissions tracer
03:49des perspectives de paix durable,
03:50pas simplement un cesser le feu de quelques semaines,
03:53mais une perspective de paix.
03:54Aujourd'hui, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on n'y est pas.
03:57Vous regrettez l'absence de l'Union Européenne
04:00dans les négociations ? On a l'impression que l'Europe n'est…
04:03Alors, on est tout au début du commencement de l'amorce de négociations,
04:07même s'il y a eu cette rencontre assez spectaculaire à Adjeda.
04:11L'histoire mettra certainement un certain nombre de choses au clair,
04:15peut-être que ça prendra un petit peu de temps,
04:16mais peut-être que l'histoire retiendra que la proposition de cesser le feu,
04:22qui a été conjointement travaillée, écrite, élaborée
04:25par le Royaume-Uni et la France,
04:28que le président Macron était venu présenter
04:31dans le bureau ovale du président américain à Washington
04:36il y a une quinzaine de jours, qui a été repris,
04:38endossé par la partie ukrainienne, par Zelensky,
04:40aura servi de base à ce qui est le début de commencement
04:45d'une amorce d'accord, en tout cas telle qu'elle a été présentée
04:49à Adjeda par les négociateurs.
04:51Donc, il y a eu ce travail européen,
04:54sous l'égide du Royaume-Uni et de la France,
04:56d'ailleurs soutenu par les autres pays de l'Union européenne,
04:59qui est quand même la trame à partir de laquelle
05:02on essaye de déployer des conditions normales,
05:05je dirais loyales, de discussions et de négociations.
05:08Alors, dans ce contexte à l'Assemblée nationale,
05:10les députés ont adopté une proposition de résolution de soutien à l'Ukraine,
05:14mais ce texte n'a pas fait l'unanimité.
05:16La question des avoirs russes, je l'ai, a également divisé.
05:20Les explications d'Elsa Mondangava.
05:27Pour 288 contre 54, l'Assemblée nationale a adopté.
05:32Un soutien indéfectible à l'Ukraine,
05:34très largement adopté, mais loin de faire l'unanimité.
05:38Dans l'hémicycle, ce mercredi, débat houleux,
05:40notamment entre le Rassemblement national
05:43et les soutiens du gouvernement.
05:44Ce que je vois sur ces bancs, quelques vats en guerre,
05:47moi je vous encouragerais à envisager d'échanger
05:51vos mocassins à pampilles et vos vestons croisés
05:54contre des Rangers et des gilets pare-balles.
05:56Les seuls vats en guerre qui existent,
05:58ils sont au Kremlin, ils sont à Moscou,
06:00ce sont vos amis, vous les avez soutenus pendant des décennies.
06:04Dans la proposition de résolution
06:06qui appelle à renforcer le soutien à l'Ukraine,
06:08deux points ont fait plus spécifiquement débat.
06:11La référence à l'adhésion du pays à l'Union européenne,
06:14que le texte propose dans sa version amendée, d'accompagner.
06:18Nous, nous avons le droit, et c'est notre souveraineté aussi,
06:21de dire que nous ne voulons pas, au sein de l'Union européenne,
06:25d'un pays où le SMIC est à 200 euros.
06:28Autre divergence sur la question des avoirs russes
06:30et la possibilité de les utiliser pour aider l'Ukraine.
06:34Mais je pense qu'il faut y aller, il faut y aller.
06:36On ne va pas aller leur prendre, on va leur dire qu'on va le faire
06:38et ils viendront négocier, voilà.
06:40Les Insoumis et les communistes ont voté contre,
06:43l'ERN et l'UDR se sont abstenus,
06:45le reste des groupes a voté pour.
06:48Un débat dans l'hémicycle qui illustre les divisions
06:50de la classe politique française en matière de politique internationale.
06:55Yann Brossat, vos collègues, les députés communistes,
06:57ont voté contre cette résolution de soutien à l'Ukraine.
06:59Pourquoi ce refus au moment où l'Ukraine a plus que jamais besoin
07:03du soutien de la France et des Européens ?
07:05Pour une raison assez simple, c'est que nous sommes des gens sérieux
07:07et donc nous lisons ce que nous sommes amenés à voter.
07:10Et en l'occurrence, il y a deux choses très différentes.
07:13Il y a la nécessité d'un soutien financier, militaire, diplomatique à l'Ukraine.
07:18Je l'ai dit tout à l'heure, il n'y a aucun sujet pour nous là-dessus
07:21et nous serons toujours au rendez-vous de ce point de vue-là.
07:22Simplement, dans cette résolution, il y a d'autres choses qui sont dites
07:26et notamment la perspective d'une entrée de l'Ukraine au sein de l'Union européenne.
07:31Et donc, lorsqu'on envisage l'entrée d'un pays supplémentaire
07:34dans l'Union européenne, il faut en mesurer les conséquences
07:37et notamment les conséquences pour les travailleurs français.
07:40Effectivement, ça a été dit dans le cadre du débat à l'Assemblée nationale.
07:44Ça pose la question du dumping social.
07:46Quand vous faites entrer dans l'UE un pays qui a un salaire minimum de 200 euros,
07:50200 euros, ça a inévitablement des conséquences.
07:53Ça conduit au fait qu'on tire tout le monde vers le bas et qu'on dira
07:57aux travailleurs français, si vous n'acceptez pas des efforts supplémentaires,
08:00on délocalisera votre entreprise vers l'Ukraine.
08:03D'ailleurs, c'est déjà le cas.
08:04On l'a vécu avec la Pologne, on l'a vécu avec la Roumanie,
08:07on le vit en ce moment même, où on continue à avoir des usines
08:11qui partent vers ces pays-là.
08:12Je rajouterai une chose.
08:13En Pologne, en Roumanie, le salaire minimum est à 800 euros.
08:17Imaginez ce qui se passera demain avec un pays dont le salaire minimum
08:20est à 200 euros, c'est-à-dire quatre fois moins que la Roumanie et que la Pologne.
08:25Donc, qu'on apporte notre soutien diplomatique, financier,
08:28militaire à l'Ukraine, mille fois oui.
08:30Qu'on fasse entrer l'Ukraine dans l'Union européenne, c'est un autre débat.
08:33– Constance Le Grip, vous étiez l'oratrice principale pour votre groupe
08:36lors de ce débat à l'Assemblée nationale.
08:38Il y a eu beaucoup, beaucoup de tumultes.
08:40La question ukrainienne a divisé certains groupes,
08:43même si la proposition de résolution a été votée.
08:45Est-ce que vous entendez les réserves émises par le sénateur Yann Brossat ?
08:49Est-ce que vous comprenez qu'il n'y ait pas eu d'union nationale
08:52lors de ce débat à l'Assemblée ?
08:54– Je les entends et je les écoute, comme je les ai entendues et écoutées
08:58mercredi soir dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
09:01D'ailleurs, formulée dans des termes à peu près équivalents,
09:04s'agissant de la perspective d'une adhésion future,
09:08un jour, de l'Ukraine à l'Union européenne,
09:10à peu près dans les mêmes termes, tant par la France insoumise,
09:13les communistes que les députés du Rassemblement national.
09:15Je suis obligée de le constater.
09:17Cette alinea parmi les quelques 65-66 alinéas
09:21que comptait la proposition de résolution européenne
09:23a été particulièrement mise en avant, un peu comme prétexte,
09:25en tout cas chez certains, particulièrement au sein du groupe
09:29du Rassemblement national, pour ne pas adhérer à la proposition de résolution.
09:33Moi, je veux être extrêmement claire et puis dire très, très calmement
09:37que pour nous, effectivement, la perspective européenne
09:42doit être donnée à l'Ukraine, qui est d'ailleurs officiellement
09:45un candidat à l'entrée dans l'Union européenne et c'est une candidature
09:50que notre pays, la France, soutient et accompagne.
09:54Maintenant, un certain nombre de choses doivent être précisées.
09:56Je rappelle que les critères d'adhésion pour entrer un jour
10:00dans l'Union européenne sont assez stricts.
10:02Les procédures de négociation et d'accomplissement critère par critère
10:08d'un certain nombre d'objectifs en matière d'État de droit,
10:10en matière de liberté publique et individuelle,
10:14en matière de lutte contre la corruption,
10:16en matière économique et sociale, etc.
10:18sont extrêmement longs, extrêmement exigeants.
10:21Je prends, pour exemple, l'une des dernières adhésions
10:23que nous avons eues à connaître, la Croatie.
10:25La Croatie, un petit pays, entre guillemets,
10:26par sa taille géographique et son poids économique, a mis 10 ans.
10:30Donc, on est quand même dans un processus très, très long.
10:32Simplement, apporter une perspective européenne à l'Ukraine
10:35est quelque chose qui me semble très important
10:36pour assurer la stabilité, la sécurité de notre continent.
10:40Justement, on va revenir sur les questions sécuritaires,
10:43car il y a ce débat sur la nécessité de se réarmer,
10:46réarmer l'Europe, réarmer la France face à la menace russe.
10:49Sian Brossat, est-ce qu'on peut faire la paix à Vladimir Poutine
10:51sans garantir notre sécurité et sans se réarmer ?
10:54Non, bien sûr qu'il y a besoin de se réarmer.
10:56Donc, plus de dépenses militaires.
10:57Moi, je n'ai aucun problème là-dessus.
10:58Évidemment qu'il y a besoin que la France,
11:01que les pays de l'Union européenne de manière générale,
11:04puissent être autonomes.
11:05Et a fortiori, en voyant aujourd'hui l'attitude nouvelle des États-Unis,
11:10il y a besoin d'une autonomie stratégique
11:12des pays de l'Union européenne,
11:13de l'Union européenne de manière générale.
11:15Là-dessus, une fois de plus, il n'y a pas de débat.
11:17Simplement.
11:17Donc, les communistes sont pour une hausse des dépenses militaires ?
11:19Simplement, ça soulève deux questions.
11:21La première question, c'est notre capacité à disposer d'une industrie militaire nous-mêmes,
11:28qui fasse que nous ne soyons pas dépendants, de ce point de vue-là, des États-Unis.
11:31Quand vous voyez qu'au sein des gens,
11:32j'entends parler tous les matins d'Europe de la défense,
11:34quand vous voyez qu'aujourd'hui, 60% des dépenses militaires
11:38des pays de l'Union européenne vont vers l'achat d'armes
11:43qui viennent de pays extérieurs à l'Union européenne et notamment des États-Unis,
11:48ça pose une question redoutable.
11:49C'est-à-dire quand même, excusez-moi de relever ce paradoxe,
11:52qu'on nous explique qu'il va falloir se protéger des États-Unis
11:55en achetant des armes aux Américains.
11:57Donc, ça pose la question de notre souveraineté industrielle.
12:00Dans un moment, bien sûr qu'on a besoin d'avoir des dépenses militaires
12:06qui nous permettent de garantir notre sécurité.
12:08Il y a besoin aussi, je le redis, que nous puissions acheter français.
12:13Et pour que nous puissions acheter français,
12:15cela suppose que nous préservions notre industrie.
12:17Et je le dis à un moment où notre industrie est proprement dépecée,
12:22notamment dans le domaine industriel.
12:23Quand vous voyez qu'on est en train de lâcher une entreprise comme Vancorex,
12:27qui est pourtant indispensable pour produire le carburant de nos missiles,
12:31ça pose une question redoutable.
12:32On peut faire de grandes phrases, une fois de plus, sur notre souveraineté
12:35si dans le même temps, on laisse filer notre industrie
12:38et notamment celle qui est indispensable pour pouvoir nous réarmer,
12:42ça renvoie à une contradiction majeure dans le discours du Président de la République.
12:48– Je crois qu'il n'y a aucune contradiction et au contraire,
12:51beaucoup de cohérence, de constance et d'opiniâtreté
12:53dans les choix stratégiques et industriels faits par la France
12:58et notamment à travers deux lois de programmation militaire.
13:01Depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron,
13:03il y a clairement un engagement très fort, très clair de notre pays
13:08pour aller vers plus d'armement, plus de budget consacré à nos armées
13:15et l'identification de toutes les formes de menaces.
13:18Les objectifs de la dernière loi de programmation militaire votée par le Parlement,
13:23que mon groupe ainsi que tous les groupes du Bloc central ont voté,
13:28est très clairement indiqué, autonomie stratégique, réarmement, augmentation du budget.
13:35Cette dernière loi de programmation militaire, 413 milliards d'euros pour nos armées d'ici 2030,
13:42cette année 50,5 milliards d'euros pour la défense.
13:46– Presque au niveau de la mi-guerre en fait.
13:48– En tout cas, un effort budgétaire consenti par le Parlement,
13:55par nos compatriotes absolument considérable
13:57et d'autres pays font également depuis plusieurs années
14:01des pas en avant substantiels qu'il y a encore beaucoup, beaucoup à faire
14:05et c'est tout l'objet de la mobilisation européenne
14:07à laquelle le Président de la République ne cesse d'appeler
14:10et ce je dirais autonomie stratégique européenne, vous l'avez dit,
14:13souveraineté, vous l'avez dit depuis son discours de la Sorbonne de 2017.
14:18– Alors dans le débat de l'Assemblée nationale,
14:19il y a également des divisions sur la question des avoirs russes,
14:22les avoirs russes gelés par l'Union européenne depuis l'invasion de l'Ukraine,
14:27210 milliards d'euros d'avoirs de la Banque centrale de Russie
14:31qui sont dans les banques européennes.
14:33Yann Brossat, est-ce qu'il faut les utiliser ?
14:35– Moi sur le principe, j'y suis favorable, ils sont déjà gelés,
14:38les intérêts de ces avoirs sont aujourd'hui utilisés
14:41pour l'effort financier vis-à-vis de l'Ukraine,
14:44tout ça ne me pose aucun problème, qu'on puisse les confisquer,
14:47sur le principe une fois de plus, il n'y a aucune espèce d'hostilité.
14:50Très honnêtement, je préfère qu'on finance cet effort de guerre,
14:54cet effort de réarmement en utilisant ces avoirs
14:56plutôt que de demander des efforts supplémentaires aux Français.
14:59– Les intérêts de ces avoirs c'est 3 milliards d'euros par an.
15:02– Vous avez raison, simplement, ce que je relève aujourd'hui,
15:08c'est que ce sont les ministres eux-mêmes, en l'occurrence M. Haddad et M. Bompard,
15:14qui expliquent que c'est une perspective qui est impossible,
15:17ils disent on n'a pas aujourd'hui la possibilité de confisquer ces avoirs.
15:21M. Lombard, j'ai dit Bompard, excusez-moi,
15:23M. Lombard, vous avez raison, ministre de l'économie, c'est eux qui le disent.
15:27Donc, ce que je trouve, pour être tout à fait sincère…
15:30– Et Emmanuel Macron, également, qui est contre.
15:31– C'est exactement, un peu terrible, c'est que sur un débat sérieux comme celui-là,
15:37on se retrouve à un niveau de politique aérien un peu minable,
15:41avec le président du groupe macroniste M. Attal,
15:44qui monte au créneau pour dire on va confisquer ces avoirs,
15:47qui fait d'une certaine manière de la surenchère,
15:49et des ministres macronistes, et un président de la République,
15:53qui dit ça n'est pas possible, excusez-moi, accordez vos violons,
15:55parce que je ne comprends plus bien quelle est la position
15:58du camp présidentiel sur ce sujet, ça n'est pas un sujet mineur.
16:01– Alors, moi, je tiens simplement à remettre un peu les choses en perspective,
16:04je suis un parlementaire, très attachée à ce que le Parlement,
16:09alors on peut parler de diplomatie parlementaire,
16:11on peut parler de résolution, on peut parler d'expression politique
16:15à travers les votes des résolutions, par exemple, que nous portons,
16:19et donc, en tant que parlementaire, effectivement,
16:22j'ai porté la parole du groupe Ensemble pour la République,
16:25et la position de Gabriel Attal, pour appeler à ce que,
16:28effectivement, soit sérieusement envisagé,
16:30exploré toutes les pistes possibles pour aller vers cette confiscation
16:34des avoirues segelées, j'observe qu'au sein du Parlement européen,
16:38le sujet est également abordé depuis plusieurs semaines maintenant,
16:42qu'une résolution, tout récemment, à Strasbourg,
16:45mercredi, a également été votée très largement pour appeler à cette confiscation.
16:50– Et pourquoi le gouvernement français ne vous suit pas ?
16:51– Alors, à ce stade, j'entends la porte-parole du gouvernement,
16:57Sophie Primat, qui a dit encore tout récemment qu'effectivement,
17:00il y avait une réflexion qui était engagée à Bercy,
17:03plusieurs pistes peuvent être explorées,
17:06très franchement, c'est un peu technique, mais enfin, il peut y avoir…
17:08– Mais c'est juste des pistes pour le moment, il n'y a pas de décision.
17:11– La prise de décision, elle sera prise au moment opportun,
17:14nous souhaitons effectivement, nous, porter cette proposition dans le débat,
17:18le Président de la République, dans son adresse au français, le 5 mars,
17:22a appelé l'ensemble des familles politiques à faire des propositions,
17:24notamment pour financer, à la fois, l'effort militaire,
17:29l'effort d'accompagnement que nous devons poursuivre…
17:31– Mais il y a eu de la résistance extrénière.
17:34– Alors, j'entends très bien toutes les réserves qui sont émises
17:37par les uns et par les autres, nous pensons qu'il y a,
17:40et d'ailleurs c'est actuellement une réflexion qui est menée de manière accélérée,
17:43partout en Europe, tant la pression politique et parlementaire
17:47se fait jour dans de nombreux pays européens,
17:49d'ailleurs certains exécutifs européens ont déjà fait connaître
17:53qu'ils commençaient à envisager sérieusement ce sujet,
17:56je pense que non seulement il y a des pistes techniques, juridiques
17:59à mettre en œuvre assez rapidement, on pourrait parler de collatéral,
18:02pour un nouvel emprunt, un nouveau prêt très important à l'Ukraine, etc.
18:07Et puis surtout, surtout, il faut envoyer des messages forts,
18:11il faut envoyer également des messages forts à la Russie,
18:14y compris le jour où il y aura de vraies négociations,
18:17et ne pas s'interdire, ça fait partie des leviers de pouvoir
18:22et de pression que nous pouvons brandir face à l'agresseur russe,
18:26et c'est à l'agresseur de payer, c'est à l'agresseur de payer.
18:30– Yann Brosset a une réaction rapidement.
18:31– Excusez-moi, mais je ne pense pas que nous puissions être perçus
18:34à l'échelle internationale, y compris par la Russie,
18:37comme des gens sérieux, dès lors que vous avez un président de la République
18:41qui dit une chose, et les députés qui le soutiennent qui disent autre chose,
18:44tout ça nous décrédibilise plutôt qu'autre chose,
18:46et je voyais d'ailleurs un député de chez vous, je crois,
18:49à l'Assemblée nationale, on le voyait dans la vidéo,
18:51tout à l'heure, qui disait, nous allons le dire,
18:53mais nous n'allons pas le faire, enfin, excusez-moi,
18:55quand vous voulez mettre la pression sur un chef d'État,
18:58a fortiori sur Vladimir Poutine, on ne dit pas des choses pareilles,
19:01et on décrédibilise la parole des parlementaires
19:03et la parole du pays qu'on représente.
19:05– On joue notre rôle, on joue notre rôle, en tant que parlementaires,
19:08on joue notre rôle.
19:09– Au-delà de ce débat sur les capitaux russes gelés,
19:13c'est la question du financement de notre défense qui se pose,
19:15faut-il créer un nouvel impôt, réduire nos dépenses publiques,
19:19ou demander aux Français de travailler plus longtemps ?
19:21Les sénateurs sont divisés sur les moyens pour trouver cet argent.
19:25– Emmanuel Macron l'avait promis dans son allocution aux Français,
19:33l'effort de défense sera financé sans augmenter les impôts,
19:37irréaliste pour la droite au regard de l'État des finances publiques.
19:41– Pas de dettes, pas d'impôts, pas de remise en cause des dépenses sociales,
19:45c'est intenable, nous devons la vérité aux Français,
19:48donc nous devons avoir du courage pour réformer.
19:50– L'effort de guerre ne devra pas se faire non plus
19:53sur le dos de la transition énergétique, rappellent les écologistes,
19:57alors que nos importations d'hydrocarbures russes
20:00aident Vladimir Poutine dans sa guerre d'agression en Ukraine.
20:03Il faut donc d'abord taxer les riches, affirme Mélanie Vogel.
20:07– Demander aux Français de payer des chars avec leur service public
20:10et leur retraite pendant que des super-riches achètent des yachts
20:13grâce aux impôts qu'ils ne payent pas, c'est impossible.
20:16Si vous faites ça, vous minerez l'indispensable soutien citoyen
20:20à l'effort de guerre, mais vous jetterez par centaines de milliers
20:24des électeurs dans les bras de ceux qui préfèrent se soumettre à Poutine.
20:27– Les socialistes, quant à eux, mettent une proposition sur la table,
20:31lancer un nouveau livret d'épargne dédié à la défense nationale
20:35sur le modèle du livret A, une idée a priori écartée par le gouvernement.
20:40– Nous sommes favorables, avec une proposition de loi
20:42qui a été portée par Rachid Temal, à la création d'un livret
20:46souveraineté défense spécifique où les Français les plus volontaires
20:49pourraient contribuer à l'effort national.
20:51– Je ne suis pas sûr qu'un livret dédié soit une solution
20:55puisqu'il y a déjà beaucoup d'outils d'épargne qui existent
20:57et c'est surtout cette épargne que nous souhaitons mobiliser
21:00afin que les Françaises et les Français participent à cet effort.
21:03– Pour mobiliser l'épargne privée, Éric Lombard a annoncé
21:07qu'il réunira les acteurs de la finance et les industriels de défense
21:11à Bercy jeudi prochain.
21:14Yann Brossat, on est dans un contexte économique assez compliqué pour la France,
21:17une économie qui tourne au ralenti,
21:18on a déjà un niveau de prélèvement obligatoire qui est assez élevé,
21:20est-ce que l'idée d'un nouvel impôt, d'une nouvelle taxe pour la défense
21:24ce serait une bonne idée ?
21:25– C'est le cœur du débat, enfin on y vient, qui paye ?
21:27Parce que c'est évidemment très heureux de dire tous les matins
21:30qu'on va dépenser des centaines de milliards d'euros supplémentaires
21:33pour nos dépenses militaires mais à un moment donné
21:34il faut aborder le cœur du sujet et en l'occurrence
21:37ça pose une question fondamentale qui est la question de la justice fiscale.
21:40Je vous le dis très honnêtement, pour nous l'idée même
21:43qu'on puisse demander des efforts supplémentaires
21:45aux travailleurs de notre pays qui n'en peuvent déjà plus,
21:47aux Français qui sont déjà privés de services publics,
21:50avec un hôpital qui est dans une situation pathétique,
21:53des fermetures de classes pour la rentrée scolaire
21:55dans notre école publique qui sont massives,
21:57l'idée qu'on puisse sacrifier le service public
21:59ou demander des efforts supplémentaires au monde du travail
22:02c'est hors de question et donc inévitablement
22:04il faudra se poser la question de la justice fiscale
22:06dans un pays qui, je le rappelle quand même,
22:08a vu des entreprises du CAC 40 verser 100 milliards d'euros
22:12à leurs actionnaires en 2024.
22:13Donc s'il y a de l'argent à prendre pour financer nos efforts militaires
22:17c'est de ce côté-là qu'il faut regarder.
22:18Constance Legrippe, il faut bien financer cet effort de défense
22:23qui va payer, c'est toute la question.
22:25Emmanuel Macron ne veut pas de hausse d'impôts
22:27mais alors pourquoi pas un effort des plus riches
22:29comme suggère Yann Brossat.
22:32Le Président de la République a raison de dire
22:33que la hausse d'impôts, la fuite en avant fiscale,
22:37toujours plus de taxes, toujours plus de prélèvements obligatoires
22:39n'est absolument pas ce qu'il faut faire
22:42et moi je ne suis pas favorable à la création d'une taxe ukraine.
22:45Je crois que ce n'est pas du tout ainsi que l'on pourrait
22:48continuer à rassembler et à mobiliser nos compatriotes
22:53dans le soutien essentiel à l'Ukraine.
22:56Là aussi, il y a actuellement une réflexion
22:58qui est menée à très très grande vitesse
23:01en France comme en Europe, au sein du Parlement européen
23:05comme au sein des institutions européennes
23:06parce que plusieurs possibilités existent.
23:08Effectivement, celle qui a également été mise en avant
23:11il y a plusieurs mois déjà de cela à l'Assemblée nationale
23:14également par exemple par un collègue du groupe Horizon
23:17Christophe Plassard d'un livret d'épargne dédié.
23:20Il peut y avoir effectivement une plus grande mobilisation
23:23de l'épargne privée à travers le comportement d'un certain nombre d'acteurs
23:28c'est ce à quoi va s'employer Éric Lombard quand il va...
23:31Mais aussi la contribution de ceux qui peuvent.
23:32De ceux qui peuvent.
23:32Donc il y a un certain nombre de produits d'épargne qui existent.
23:35On peut imaginer qu'il y ait effectivement un fléchage
23:38parce qu'on le sait dans les produits d'épargne tels qu'ils existent
23:41pour des raisons diverses et variées
23:43quelquefois de responsabilité sociale et environnementale
23:46le fléchage vers l'industrie d'armement n'est pas possible.
23:49Donc là il y a des assouplissements certainement à mener.
23:51Il y a également le sujet d'obligations européennes
23:55qui revient sérieusement sur la table, les Eurobonds.
23:57Il y a quelque chose comme les centaines de milliards dont vous parlez
24:00ce n'est pas au niveau franco-français
24:02c'est au niveau de l'ensemble de notre continent
24:05et au niveau de l'ensemble des pays européens
24:07et donc il y a une réflexion qui est menée aussi
24:09à travers un emprunt européen commun
24:13à travers l'émission d'obligations européennes
24:15à travers une plus grande implication de la BEI par exemple
24:18de l'assouplissement aussi d'un certain nombre de critères
24:21tout cela est sur la table et clairement la taxe ukraine non.
24:26On va finir par un mot sur la réforme des retraites
24:29car au même moment de ce débat sur un effort supplémentaire de dépense militaire
24:34il y a une concertation, un conclave entre les partenaires sociaux
24:37et entre les syndicats et le patronat sur l'amélioration de la réforme de la retraite à 64 ans
24:42le Medef dit actuellement ça devient dérisoire d'avoir ce débat
24:46il faut même penser à demander aux français de travailler plus longtemps
24:49qu'est-ce que vous leur répondez ?
24:50Je leur réponds que c'est honteux et qu'il y a dans cette instrumentalisation
24:54de la période que nous traversons quelque chose de répugnant
24:57d'ailleurs le Medef disait exactement la même chose
24:59quel que soit le contexte, un jour c'est parce qu'il y a l'endettement de la France
25:03ensuite c'est parce qu'il y a la perspective d'une guerre
25:07toutes les occasions sont bonnes pour refuser ce que les français ont dit par leur vote
25:13par leur vote c'est-à-dire revenir sur la réforme borne qui a imposé la retraite à 64 ans
25:19Les français vont devoir travailler plus longtemps en amont ?
25:22Constance de Grippe ?
25:23En tout cas moi j'ai toujours eu la même position
25:25quel que soit les contextes, quel que soit les sujets,
25:27quel que soit les moments, quel que soit les échanges électoraux
25:31nous ne pouvons pas baisser l'âge légal du départ à la retraite
25:36je pense que quand on regarde le monde, quand on regarde l'âge légal du départ à la retraite
25:39dans la totalité des pays européens autour de nous, ça n'est pas 60 ou 60 ans
25:44Quand vous l'avez porté à 64 ans vous n'avez pas dit aux français que vous auriez une clus de revoyure
25:47Et c'est la fin de l'épisode
25:49On finit par un mot sur l'opération une jonquille contre le cancer
25:52menée par l'institut Curie pour faire un don de 5 euros
25:56envoyez le mot espoir au 92002
25:59ou alors sur le site unejonquillecontrelecancer.fr
26:03Merci à vous de nous avoir suivis et à la semaine prochaine
26:05Ciao ciao, à bientôt