Perrier, l'une des marques d'eau gazeuse naturelle les plus célèbres au monde, traverse une crise sans précédent. Son propriétaire, Nestlé Waters, a reconnu avoir mis en place, pendant des années, des filtrations interdites pour dissimuler une contamination de l'eau. Une commission d'enquête sénatoriale est en cours pour éclaircir ces pratiques, qui concerneraient 30% de toutes les eaux en bouteille que nous consommons. Mais au-delà du scandale, c'est tout un territoire qui retient son souffle. À Vergèze, dans le Gard, où l'eau de Perrier est produite, la population craint pour son avenir : l'emploi et l'économie locale, liés à ce fleuron régional, sont aujourd'hui menacés. Année de Production :
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00:18C'est peut-être l'eau gazeuse naturelle,
00:29la plus connue du monde entier.
00:32Perrier, une image prestigieuse.
00:35Mais depuis plusieurs mois,
00:36ce fleuron français est en pleine tempête.
00:40Nestlé Waters, son propriétaire,
00:42a reconnu avoir mis en place
00:43des filtrations interdites cachées
00:46pour masquer une contamination de l'eau.
00:50Quand on commence à travailler sur cette affaire,
00:52oui, on a vraiment eu le sentiment
00:54de plonger dans un thriller, en fait.
00:56On peut le dire, Nestlé Waters,
00:57ça fait n'importe quoi dans les dernières décennies.
01:00Une fraude aux consommateurs massive
01:02que le groupe suisse aurait avoué en secret
01:05au gouvernement et qui perdure,
01:07mais sur laquelle ses représentants
01:09refusent de s'expliquer devant le Parlement.
01:12Je vous demande de bien vouloir répondre
01:14à la question de monsieur le rapporteur
01:16où malheureusement,
01:18je devrais en tirer toutes les conséquences.
01:20Mes avocats nous ont confirmé
01:23que je ne pouvais pas répondre à cette question.
01:27Le fait de vouloir être une boîte noire,
01:29de refuser la transparence à des consommateurs
01:31que vous avez floués,
01:32vous refusez de dire le vrai.
01:34Comment on vous fait confiance après tout ça ?
01:36Un scandale national
01:38qui éclabousse tout le monde dans le Gard
01:40où est produite l'eau de Perrier.
01:43Ici, la petite bouteille verte
01:45est une fierté locale.
01:47Ce sont des familles entières
01:50qui ont fait les beaux jours
01:52de cette marque Perrier,
01:53qui l'ont fait rayonner à travers le monde.
01:55L'affaire fait craindre le pire pour le territoire.
01:59Une entreprise qui a 1000 emplois directs,
02:02250 emplois indirects,
02:04sans cet acteur majeur de notre territoire,
02:07notre vie serait bouleversée.
02:17L'histoire de Perrier
02:24commence sous le soleil du Gard,
02:27dans le village de Vergès.
02:29C'est ici que l'on produit
02:31la célèbre eau minérale naturelle
02:33portée en étendard
02:34par les 5000 habitants.
02:37Depuis toujours,
02:38l'histoire du village
02:39et de la source Perrier
02:41se mêlent dans les moindres détails.
02:43Ici, vous avez le logo
02:46de la ville de Vergès
02:47qui en réalité représente
02:49une moitié de la bouteille de Perrier
02:52avec l'eau Perrier qui jaillit.
02:57À 78 ans,
02:59Pierre Vallette est natif de Vergès.
03:02Ici, on le décrit
03:04comme la mémoire de la commune.
03:06Son village,
03:07il le raconte dans des livres.
03:09Le troisième de la trilogie,
03:13Vergès au fil des ans,
03:14c'est un pansemaître
03:15pour savoir tout ce qui s'est passé
03:17à Vergès depuis la préhistoire
03:19jusqu'à nos jours.
03:21Puisque la source Perrier
03:22était connue depuis l'époque romaine,
03:24il y avait un bassin romain
03:26et puis au cours des ans,
03:30il y a toujours eu Perrier à Vergès.
03:33Lors de ses recherches,
03:35il a même découvert
03:36que la source portait à l'origine
03:38le nom de la ville,
03:40avant qu'elle ne soit renommée Perrier
03:42au début du XXe siècle
03:43par Lord Amsworth,
03:45un homme d'affaires anglais
03:46qui en fera une marque
03:48d'eau minérale naturelle.
03:51Il avait quand même
03:52une idée derrière la tête,
03:54c'est-à-dire qu'en Angleterre,
03:56un champagne très connu,
03:57c'était le champagne Perrier
03:58et donc il a baptisé l'eau,
04:01avec le son slogan,
04:02c'était l'eau Perrier,
04:03le champagne des eaux de table.
04:06La première usine,
04:07c'est ça,
04:09celle du docteur Perrier.
04:12Il faudra attendre 1950
04:14pour qu'on construise ce bâtiment.
04:19Ensuite, vous avez les agrandissements,
04:23là c'est P2,
04:24ça c'est P3
04:25et ça c'est P4.
04:26Le début d'un succès international
04:32qui va faire
04:33la prospérité du territoire.
04:37Perrier a été
04:38l'usine la plus importante
04:40du département.
04:41Donc il y avait plus de
04:424 500 personnes
04:43qui travaillaient.
04:44Il y avait des bons salaires,
04:46les gens avaient les moyens,
04:47donc les maisons sont
04:49bien entretenues.
04:51Il y a eu des tas de villas,
04:52le village s'est agrandi
04:5414 fois par rapport à l'origine.
04:57Perrier a toujours été
04:58une source de richesse.
05:01L'usine,
05:02comme tout le monde l'appelle ici,
05:04a été rachetée en 1992
05:06par le géant suisse
05:07Nestlé Waters.
05:09Avec près de 1 000 salariés,
05:11elle reste l'un des principaux
05:13employeurs du Gard,
05:14un territoire fragilisé
05:16par la désindustrialisation.
05:20Mais depuis janvier 2024,
05:22l'entreprise vacille.
05:24Perrier,
05:25Contrex,
05:26Vittel,
05:26Saint-Yor,
05:27Cristaline,
05:28l'eau minérale en France
05:29a-t-elle encore
05:29quelque chose de naturel ?
05:31Selon une enquête
05:31du journal Le Monde
05:32et de la cellule
05:33Investigation de Radio France,
05:34au moins un tiers
05:35des marques d'eau
05:36en bouteille en France
05:37recourent à des traitements
05:38interdits par la réglementation.
05:41Parmi les géants
05:41de l'industrie
05:42à l'origine
05:42de ce vaste Watergate,
05:44la multinationale suisse
05:45Nestlé.
05:47Depuis,
05:47Perrier se murent
05:48dans un épais silence.
05:50Aucun employé
05:51n'acceptera
05:52nos demandes
05:53d'interview.
05:56Pour obtenir
05:57une réaction,
05:58il faut se rendre
05:59sur le marché
06:00de Vergès.
06:02Les retraités
06:02de l'usine,
06:03eux,
06:03sont sidérés.
06:04J'ai été très étonnée
06:06et du coup,
06:09j'ai réduit
06:10ma consommation
06:11de Perrier.
06:13Moi,
06:13j'ai travaillé
06:14pas mal de temps.
06:15Jamais j'aurais cru
06:16qu'il puisse y avoir
06:18un tel problème.
06:21On a toujours pensé
06:22que Perrier,
06:23c'était pur.
06:25Il n'y avait pas de souci.
06:26Pourtant,
06:29l'affaire durerait
06:30depuis au moins
06:314 ans.
06:32Peut-être même
06:33depuis des décennies.
06:35Une enquête judiciaire
06:37a d'ailleurs été ouverte
06:38contre Nestlé
06:39pour tromperie.
06:42Au Sénat,
06:44l'écologiste
06:44Antoine Edgul
06:45est la première
06:47à s'être emparée
06:47du sujet.
06:48Ce qui s'est passé
06:50à Perrier,
06:51à Perrier,
06:52à Vittel,
06:52à Contrex,
06:53à Épargne,
06:54c'est-à-dire
06:54sur toutes les marques
06:55du groupe Nestlé Waters,
06:57c'est qu'il y a eu
06:57des filtrations
06:59pour pouvoir cacher
07:01qu'à l'origine,
07:02l'eau n'était pas
07:04de bonne qualité.
07:05On a donc trouvé
07:06un certain nombre
07:06de pollutions,
07:08des pollutions
07:08aux pesticides,
07:09des pollutions
07:10aux pifaces,
07:10des pollutions
07:11y compris aux bactéries
07:12de matière fécale.
07:14Donc,
07:14on s'est retrouvé
07:15avec une eau
07:15qui n'était pas pure.
07:16Le groupe
07:18a donc désinfecté
07:20son eau minérale naturelle
07:21avec des microfiltres,
07:23des ultraviolets
07:24et du charbon
07:25en toute illégalité.
07:27Le consommateur
07:28croit acheter
07:29de l'eau minérale naturelle.
07:30Il paye pour une eau
07:31minérale naturelle,
07:32mais il achète
07:32quelque chose
07:33qui est proche
07:34de l'eau du robinet.
07:36Dans son rapport,
07:38la sénatrice estime
07:39la fraude
07:39à plus de 3 milliards d'euros.
07:43L'enquête journalistique
07:44montre quant à elle
07:46que Nestlé
07:46avait une technique
07:47bien particulière
07:48pour tromper
07:49les contrôles.
07:50La multination
07:51avait caché
07:52les filtres interdits
07:54dans des fausses
07:56armoires électriques,
07:57il faut imaginer,
07:58avec des faux boutons
07:59poussoirs
07:59et dans des sous-sols.
08:03La fraude
08:04était très,
08:04très,
08:05très,
08:05très bien organisée
08:06et au sein
08:07de l'entreprise,
08:08très peu de salariés
08:09étaient au courant.
08:10en fait.
08:11Mais les choses
08:12vont s'accélérer
08:14en 2021.
08:15La répression
08:16des fraudes
08:17lance une enquête
08:18chez un concurrent.
08:20Nestlé,
08:21ils ont peur
08:22de cette enquête,
08:23donc ils vont voir
08:24tout de suite
08:24Bercy,
08:25le ministère de l'économie,
08:26en disant,
08:26voilà,
08:26on a des filtres
08:28interdits
08:28dans nos usines,
08:30c'est pas réglementaire,
08:31et si on n'utilise
08:32pas ces filtres,
08:33eh bien,
08:34on a des problèmes
08:34de pollution de nos eaux,
08:36donc on ne pourra plus
08:36vendre nos eaux,
08:37donc donnez-nous
08:38du temps,
08:39donnez-nous des moyens
08:40et s'il vous plaît,
08:41changez la réglementation
08:41pour qu'on puisse
08:42continuer à utiliser
08:43certains filtres
08:43pour qu'on puisse
08:44continuer à vendre nos eaux.
08:47À l'issue du rendez-vous,
08:49le gouvernement lance
08:50une grande enquête
08:51sur l'ensemble
08:52des minéraliers.
08:55Si vous voulez,
08:55on ne peut pas dire
08:56qu'il ne s'est rien passé,
08:57mais on va aller lancer
08:58une enquête
08:59qui va aller mobiliser,
09:00faire 180 contrôles
09:01ou je ne sais combien,
09:02enfin,
09:02c'est vraiment énorme,
09:04donc une grande,
09:05une grande,
09:06opération de contrôle
09:08des eaux minérales
09:09qui aboutira
09:10à un rapport
09:10huit mois plus tard
09:12et pendant ces huit mois,
09:14il ne s'est rien passé.
09:16Pourquoi la justice
09:18n'a-t-elle pas été prévenue ?
09:20Y a-t-il eu
09:21un risque sanitaire ?
09:23Qui a pris
09:23quelle décision
09:25au sommet de l'État ?
09:26Des questions
09:27auxquelles tente
09:28de répondre
09:29une commission
09:30d'enquête sénatoriale.
09:32Aux manettes,
09:33Laurent Burgoa,
09:34le président.
09:35C'est sur son territoire,
09:37le Gard,
09:38que l'on trouve
09:38l'usine Périer.
09:40À ses côtés,
09:41Alexandre Ouizi,
09:42le rapporteur.
09:43On parle de l'eau
09:44qu'on recommande
09:45pour nos enfants
09:46en bas âge,
09:47on parle de l'eau
09:47qui est sur nos tables,
09:49dans les restaurants,
09:50donc forcément,
09:51ça interpelle tout le monde.
09:52Et donc,
09:53je me suis dit,
09:53c'est un sujet
09:54potentiellement de santé publique,
09:56en tout cas,
09:56un sujet de consommateurs,
09:57certainement,
09:57et donc,
09:58il faut aller voir
09:58ce qui se passe là-dedans.
09:59C'est comme ça
10:00qu'on a décidé
10:00de faire
10:00cette commission d'enquête.
10:03Les auditions
10:03s'enchaînent
10:04pendant six mois
10:05sous serment.
10:06Mentir
10:07est un parjure.
10:09Sous le feu
10:09des questions
10:10ce jour-là,
10:11l'ancien patron
10:12de l'usine Périer.
10:13Est-ce que ces traitements
10:15étaient mis en place
10:16parce qu'il y avait
10:17un problème
10:17de pureté originelle
10:20de l'eau
10:20sur les puits
10:22où ces traitements
10:23étaient mis en place ?
10:26Ces traitements
10:26étaient répartis
10:28sur différents puits,
10:30oui.
10:30Voilà.
10:31Et donc,
10:31pourquoi ?
10:32Alors,
10:33ça,
10:33je ne pourrais pas le répondre.
10:34Je n'étais pas là.
10:35Ce n'est pas moi
10:35qui les ai mis en place
10:37et je ne sais pas
10:38la vraie raison
10:40pourquoi ça a été mis.
10:41Bon,
10:41on prend,
10:42je prends acte
10:43en tout cas du fait
10:43que le directeur du site
10:45ne savait pas pourquoi
10:46des traitements
10:48étaient mis en place
10:49pour tromper
10:50les services de l'État,
10:52pour tromper
10:52le consommateur.
10:55Je vous pose
10:55une dernière fois
10:56la question sous serment.
10:57Vous ne saviez pas ?
10:58Je ne le sais pas.
10:58Je ne le sais pas.
11:00Et je peux vous le garantir,
11:01je ne le sais pas.
11:04Les réponses
11:05se trouveront peut-être
11:07plus facilement
11:08sur le terrain.
11:10Les sénateurs
11:10ont rendez-vous
11:11à l'usine Perrier
11:12de Vergès,
11:14l'un des temps forts
11:15de leur enquête.
11:17Alors l'enjeu
11:18de cette visite,
11:18c'est d'abord
11:19de se rendre compte
11:20de ce que c'est
11:20qu'une usine d'embouteillage.
11:21Pour l'instant,
11:21on est en commission,
11:22on regarde les choses
11:23de manière finalement
11:24assez théorique.
11:25Donc aller voir
11:25comment les choses se passent,
11:27aller avec les agents,
11:28parce qu'on a les agents
11:28des ARS qui sont avec nous,
11:30on a les agents de l'État
11:31qui sont avec nous
11:31qui nous fassent voir
11:33comment ils contrôlent.
11:35Merci.
11:36S'il vous plaît.
11:36Depuis ses aveux
11:38au gouvernement,
11:39Nestlé a investi
11:4053 millions d'euros
11:42pour moderniser le site.
11:44Les filtres les plus problématiques
11:46ont été enlevés,
11:48d'autres restent encore en place,
11:50mais nous ne sommes pas
11:51autorisés à filmer.
11:52On a vu au point d'émergence
11:55les processus illégaux
11:57qui étaient en place avant.
12:00Ce que je peux noter,
12:01ce que je peux vous dire quand même,
12:02c'est qu'il y a eu
12:02sur toute la période antérieure
12:04un refus de répondre
12:06à notre question.
12:07Moi, j'ai posé la question
12:08aux personnes qui étaient sur place.
12:10L'avocat de Nestlé
12:11est intervenu pour que
12:12sur ce qui se passait avant,
12:14la réponse ne soit pas donnée.
12:15On attend quand même,
12:16pour le coup,
12:17une autre attitude
12:18par rapport à ce qui s'est passé.
12:22Il y en a au contraire
12:27qui ont envie de parler.
12:30Les élus du Gard
12:31ont rendez-vous
12:32avec les sénateurs.
12:34On a besoin,
12:34par rapport
12:35à la structure économique,
12:37que vous ne fassiez pas
12:39de vos ressentis
12:40sur ce sujet-là.
12:41L'inquiétude est palpable.
12:44Beaucoup craignent
12:44que le scandale
12:45compromette
12:47l'avenir de Perrier.
12:49Alors, s'il faut
12:50taper sur quelques doigts
12:52pour ce qui s'est passé
12:53par le passé,
12:55les autorités compétentes
12:56pour le faire
12:57le feront,
12:57mais surtout,
12:59surtout,
13:00voilà,
13:00préserverons l'avenir
13:02et, voilà,
13:04faisons en sorte
13:05que Perrier
13:06reste cette belle image
13:08pour nous,
13:10ce vecteur
13:13de développement
13:13pour notre territoire,
13:14mais aussi, voilà,
13:16cette véritable pépite
13:17pour la France.
13:19Donc, voilà,
13:20il me semble
13:20qu'il faut un peu avancer
13:22et être un peu modéré.
13:24En tout cas,
13:24moi, je regrette
13:25le traitement médiatique
13:26qui est fait
13:27autour de cette enquête
13:28et il me tarde
13:29d'avoir les conclusions
13:30de l'enquête.
13:36Carperier,
13:37ce n'est pas qu'une affaire
13:38d'emploi
13:39pour les élus.
13:41Pour s'en rendre compte,
13:43il faut retourner
13:44à Vergès.
13:44la commune compte
13:47trois terrains de foot,
13:49deux salles polyvalentes
13:50et un cinéma
13:51pour seulement
13:535000 habitants.
13:57La maire de Vergès
13:58nous a donné rendez-vous
13:59en mairie.
14:00voulait un Perrier.
14:03C'est la boisson
14:03d'accueil
14:04ici,
14:05à la mairie
14:05et ailleurs,
14:06à Vergès,
14:06on boit du Perrier,
14:07on ove du Perrier
14:08et il est toujours
14:09très bon.
14:11Depuis l'affaire,
14:13sa parole est rare
14:13dans les médias.
14:15Elle va nous expliquer
14:16pourquoi
14:16la commune
14:17est si bien dotée.
14:19Les villes
14:20d'eau minérale
14:22naturelle
14:22bénéficient
14:24d'une fiscalité
14:25particulière
14:25qui s'appelle
14:26la surtaxe
14:26sur l'eau minérale
14:28naturelle.
14:29Et donc Vergès,
14:30au même titre
14:31que les autres villes
14:32dans ce cas,
14:33on en bénéficie.
14:34C'est une taxe
14:35sur le nombre
14:37d'hectolitres
14:39sortis
14:41de nos sous-sols
14:42et qui sont vendus
14:43en métropole.
14:4570 centimes d'euros
14:47pour chaque hectolitre
14:48vendus dans l'Hexagone,
14:50soit 500 000 euros
14:51en 2024.
14:53Ça permet,
14:53bien entendu,
14:54des services publics,
14:55de l'entretien,
14:56ça permet
14:57tout le fonctionnement
14:59d'une collectivité.
15:05Nestlé
15:05multiplie aussi
15:07les opérations
15:08de mécénat.
15:16Philippe Gras
15:17est vice-champion
15:19de France
15:19d'attelage amateur.
15:21J'entraîne mes chevaux
15:22parce que vendredi,
15:23on est en compétition
15:24dans le Berry.
15:26Et puis,
15:26c'est quand même
15:26plus agréable
15:27que de se promener
15:29en 4x4.
15:34Mais il est surtout
15:35président
15:35de la communauté
15:37de communes
15:37qui regroupe
15:38les villes
15:39autour de Perrier.
15:40Et il a
15:41un problème
15:42qu'il veut nous montrer
15:43à cheval,
15:45évidemment.
15:45ce cours d'eau
15:48semble paisible,
15:50mais la région
15:50est sujette
15:51aux épisodes
15:52sévenoles,
15:53des pluies diluviennes
15:54qui font
15:55angoisser
15:56le président.
15:57Le 14 septembre 2021,
16:00l'eau est passée
16:01par-dessus
16:01cette moto de terre
16:03qui protège
16:04à peu près
16:05le lotissement
16:06aujourd'hui
16:06et donc est rentrée
16:08dans le lotissement
16:09et puis a noyé
16:11certaines habitations.
16:12Il veut créer
16:14une vraie digue.
16:16Le cours d'eau,
16:17là,
16:17il va être déplacé
16:18à notre droite
16:19de façon
16:22à libérer
16:23de l'espace
16:24pour pouvoir
16:24créer la digue.
16:28Entre les deux,
16:30il y aura
16:30une zone naturelle.
16:32Coût de l'opération,
16:3315 millions d'euros,
16:35Nestlé en apporte
16:36un million.
16:38C'est Nestlé Water
16:39qui nous a proposé
16:40de contribuer
16:42à ces compensations
16:42environnementales.
16:43Leur intérêt,
16:44c'est que le grand cycle
16:45de l'eau
16:45fonctionne au mieux.
16:47L'idée,
16:48c'est que l'eau
16:48soit retenue,
16:50pénètre
16:50et donc vienne alimenter
16:53les nappes
16:54et également
16:55que cette eau
16:56qui pénètre
16:57dans les sous-sols
16:58soit de la meilleure
16:59qualité possible.
17:03Qu'en est-il justement
17:05de la qualité
17:06des eaux de Perrier ?
17:08Salut David !
17:13D'où ont pu venir
17:14les contaminations ?
17:16Sophie Ressouche,
17:17s'occupe de la préservation
17:19de la ressource en eau.
17:21Les sous-sols de la région
17:22n'ont plus de secret pour elle.
17:24C'est la semaine
17:25de la campagne de prélèvement.
17:27Ça nous permet comme ça,
17:28tous les trimestres,
17:28d'avoir un état
17:30de la qualité
17:30de la ressource en eau
17:31sur le territoire.
17:34Son cœur de métier,
17:35c'est l'eau du robinet.
17:37Mais elle connaît
17:38très bien les nappes
17:39où sont pompées
17:40les eaux de Perrier.
17:41On est sur un réservoir
17:42composé de fissures,
17:44de fractures
17:44dans lesquelles
17:45l'eau va circuler.
17:47Et l'intérêt
17:48de cette traversée
17:49de ces terrains,
17:50c'est que ça joue
17:51un rôle de filtre.
17:55Mais ces filtres naturels
17:57atteignent leurs limites
17:59quand l'activité humaine
18:00est trop intense.
18:02On a des problématiques
18:06liées à la présence
18:07de l'agriculture
18:08et de l'utilisation
18:09de certains produits
18:10qui sont nécessaires
18:11pour faire pousser
18:12les cultures.
18:13Donc on a par exemple
18:14la présence de nitrates
18:15qui proviennent
18:16des engrais
18:16et on a également
18:17la présence de pesticides.
18:19Après,
18:19on peut avoir aussi
18:20des pollutions,
18:21on appelle ça
18:21des pollutions bactériologiques
18:22qui sont issues
18:23des eaux usées.
18:24Donc ces pollutions
18:25bactériologiques,
18:26quand on fait de l'eau potable,
18:27on les traite
18:28en mettant du chlore
18:30dans l'eau.
18:31Donc on élimine
18:31comme ça
18:31la pollution bactériologique.
18:33Une eau minérale naturelle,
18:35elle n'est pas censée
18:35être traitée.
18:38Une fois la nappe polluée,
18:40il est très difficile
18:41de faire machine arrière.
18:44On n'est pas sur des eaux
18:45de surface
18:46où les pollutions
18:47peuvent passer.
18:48On est sur des eaux
18:49souterraines,
18:49effectivement,
18:50où la circulation
18:51de l'eau est plus lente
18:51et où une fois
18:52que les pollutions
18:53ont pédé dans le réservoir,
18:54c'est plus long
18:55de pouvoir restaurer
18:56la qualité de l'eau.
19:00Deux points de captage
19:02ont déjà été déclassés,
19:04mais l'avenir de Perrier
19:05s'annonce bien plus noir.
19:08Des hydrogéologues indépendants
19:09ont acté que la totalité
19:11de la nappe est polluée.
19:13Des conclusions
19:14que Nestlé conteste
19:15fermement,
19:17car la marque
19:17perdrait l'appellation
19:19eau minérale naturelle.
19:21La préfecture du Gard
19:22doit maintenant trancher.
19:24C'est déjà en place ?
19:29Vous le mettez en place ?
19:30Oui, je suis déconne.
19:30C'est pas assez causé,
19:32c'est un truc.
19:33Il faut rentrer comme ça.
19:34À Paris,
19:35Alexandre Whizy
19:35peaufine ses questions.
19:38L'enjeu est grand.
19:39Dans quelques minutes,
19:40il auditionne
19:41Muriel Liennot,
19:43la PDG
19:43de Nestlé Waters.
19:45Quelle peut être l'attitude ?
19:46Est-ce qu'ils vont être
19:46dans un truc positif
19:47qui est de,
19:49OK,
19:49il y a eu une fraude
19:50de 3 milliards d'euros
19:51aux consommateurs,
19:52on vient à Canossa
19:53à quand même expliquer
19:54ce qui s'est passé
19:55ou bien est-ce qu'ils sont
19:56dans une attitude
19:56très défensive ?
19:59Il y a un événement
19:59qui se passe
19:59quand il y a une discussion.
20:01Est-ce que ça va se passer
20:01ou est-ce que ça va être
20:02très fermé ?
20:03Chaque audition est différente.
20:04Parfois, on y arrive,
20:05parfois, on n'arrive pas
20:05complètement à le faire.
20:07On est paré,
20:08de toute manière.
20:09On est prêt à gérer tout ça.
20:17Qui a mis en place
20:18les filtres interdits
20:19chez Perrier ?
20:20Pourquoi ?
20:21Nestlé a-t-il fait
20:24du chantage à l'emploi
20:25pour obtenir
20:26des arbitrages favorables
20:28du gouvernement ?
20:30Alexandre Ouizi le sait,
20:32l'audition de Muriel Liennot
20:34est l'une de ses dernières chances
20:36d'obtenir des explications
20:38de la part de Nestlé.
20:41Elle est accompagnée
20:42d'un avocat,
20:43il n'a pas le droit
20:44de s'exprimer,
20:46mais il peut aiguiller
20:47discrètement ses réponses.
20:49Est-ce que vous pouvez nous dire
20:52par quelles équipes
20:54est-ce que vous avez été mis
20:55au courant
20:56de ce qui se passait
20:58au sein de votre groupe ?
21:00Cette question porte
21:01sur des faits
21:02qui font l'objet
21:03du procédure judiciaire
21:04et donc,
21:05je ne peux y répondre.
21:07Une référence
21:08à l'enquête judiciaire
21:09lancée contre son groupe.
21:11Pourtant,
21:12la loi l'oblige à répondre,
21:13mais Muriel Liennot
21:15se mûre dans le silence.
21:17Le président prend acte,
21:19Alexandre Ouizy
21:20tente une nouvelle question.
21:22Est-ce que des sanctions internes
21:23ont eu lieu
21:24chez Nestlé Waters
21:26à la suite de cette affaire ?
21:29Donc,
21:29comme je vous l'ai dit,
21:29j'ai fait des choix,
21:30des choix manageriaux.
21:31Est-ce que vous pouvez juste
21:32répondre une fois à une question ?
21:33Ça nous aiderait quand même,
21:34madame.
21:34Je suis désolée,
21:35mais est-ce que vous voulez bien
21:36répondre à nos questions ?
21:36Est-ce que les éléments de langage
21:38avant chaque réponse
21:39sont vraiment compliqués pour nous ?
21:40Merci.
21:40J'ai fait le choix
21:42de ne pas chercher
21:43des responsabilités individuelles.
21:44C'est mon choix,
21:45un choix managérial.
21:47À l'issue d'une audition tendue,
21:49Laurent Burgoa
21:50abat une dernière carte
21:52pour obtenir les noms
21:53des responsables
21:54de la mise en place
21:55des filtres.
21:56Je vous ai une dernière chance.
21:59Mais là,
21:59il faudra me répondre
22:00par oui ou par non.
22:03C'est plus simple.
22:05Est-ce que vous accepteriez
22:07de me transmettre
22:08par écrit ou par mail
22:10ces noms-là
22:11et je m'engage
22:14avec l'accord
22:15de M. le rapporteur
22:16si on devait
22:18les auditionner,
22:19ces personnes-là,
22:21de le faire
22:21dans le cadre
22:22du secret
22:23de la commission d'enquête,
22:24c'est-à-dire
22:24que ça ne soit pas public ?
22:26Je maintiens
22:28ma position.
22:30D'accord.
22:31Écoutez,
22:31je vous remercie
22:32et on en dira
22:33les conséquences.
22:35Après cette séquence
22:36compliquée,
22:37Nestlé concède
22:38au sénateur
22:39une simple enquête
22:40interne
22:41pour faire la lumière
22:42sur les erreurs commises.
22:45Aucune sanction
22:45n'est prévue,
22:47ce qui ne rassure
22:48pas le rapporteur.
22:50On est dans un système,
22:51l'eau,
22:52où il y a énormément
22:52d'autocontrôle.
22:54Énormément.
22:54Un peu du contrôle
22:55sanitaire, bien sûr,
22:56mais aussi de l'autocontrôle
22:57qui repose sur la confiance
22:58aux avis de l'industriel.
23:00Moi, je ne suis pas
23:01en confiance
23:01avec ce qui vient de se passer.
23:02Donc ça aussi,
23:03il faut qu'on en tire
23:04les conclusions
23:04dans les recommandations
23:05que je proposerais.
23:07En parallèle,
23:09Nestlé prépare l'avenir
23:10et il s'appelle
23:11Maison Perrier.
23:14Un tour de passe-passe marketing
23:15qui a fait son arrivée
23:17dans les rayons
23:17il y a un an.
23:19La marque promet
23:20une expérience
23:21plus irrésistible
23:22que jamais.
23:24Alors vous voyez,
23:25ce qu'a fait
23:25Nestlé Waters
23:27et ce qu'a fait Perrier,
23:28la marque Perrier,
23:29c'est qu'elle a créé
23:30finalement
23:30deux marques différentes
23:33mais qui se ressemblent
23:34tant dans leur design
23:35que dans leur nom
23:36mais qui traduisent
23:37une réalité
23:38qui est différente.
23:40Sur la bouteille
23:41Maison Perrier,
23:42la mention
23:43eau minérale naturelle
23:44n'apparaît pas
23:45et pour cause,
23:47l'eau provient
23:48des deux points de captage
23:49officiellement déclassés
23:51par la préfecture.
23:52Ici,
23:53vous avez
23:53de l'eau de boisson
23:54qui est en fait
23:56une eau
23:56qui a été rendue potable
23:57par traitement
23:58donc qui a pu subir
23:59des traitements UV,
24:00des traitements
24:01au charbon actif,
24:02etc.
24:02comme l'eau du robinet
24:03et qui est aromatisée.
24:04Et aujourd'hui,
24:05à peu près la moitié
24:06de la production
24:06de Perrier
24:07n'est pas de l'eau
24:08minérale naturelle.
24:09C'est de la maison Perrier
24:10qui est de l'eau de boisson.
24:12Et ça,
24:12c'est important
24:12que les consommateurs
24:13le sachent
24:14parce que ça n'est pas
24:15la même qualité d'eau.
24:18Avec cette technique,
24:20Nestlé pourrait continuer
24:21à vendre l'eau Perrier
24:23même si elle perdait
24:24totalement
24:25l'appellation
24:26eau minérale naturelle.
24:28Mais à Vergès,
24:31cette solution inquiète.
24:34Moi,
24:34je ne vais pas faire
24:34la pub de Maison Perrier.
24:36Ça me fait...
24:37En fait,
24:38il y a deux raisons.
24:39Moi,
24:39je préfère qu'on boive
24:40de l'eau minérale naturelle
24:41et qu'on continue
24:41à avoir de l'eau minérale naturelle.
24:43Et je souhaite
24:44que cette appellation
24:46puisse être conservée.
24:47Aujourd'hui,
24:48Maison Perrier,
24:49ce n'est pas la solution
24:50d'autant plus
24:51qu'aujourd'hui,
24:52on peut craindre
24:53s'il n'y avait que Maison Perrier
24:54d'avoir une délocalisation
24:56puisque Maison Perrier,
24:58c'est de l'eau de boisson.
24:59On peut en trouver partout.
25:00Alors que l'eau minérale naturelle
25:01Perrier,
25:02qu'on connaît,
25:02elle se fait ici.
25:04C'est vraiment
25:04de l'eau de notre territoire.
25:08Le modèle commercial
25:10de l'eau minérale naturelle
25:12a-t-il atteint ses limites ?
25:15Pour tenter de le savoir,
25:17des sénateurs demandent
25:18une grande enquête.
25:20Ils veulent faire la lumière
25:21sur l'état
25:22de toutes les nappes
25:24exploitées en France
25:25par les industriels.