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Avec Françoise Laborde

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##SUD_RADIO_MEDIA-2025-02-20##

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News
Transcription
00:00— Bonjour à toutes et à tous. Bonjour, Gilles. — Bonjour, Valérie.
00:04— Bonjour, Françoise Laborde. Vous êtes notre invitée aujourd'hui, journaliste, ancien membre du CSA.
00:12Vous avez publié une tribune de soutien à C8 et à Énergie 12. Il y a quelques jours, hier, la décision du Conseil d'État est tombée.
00:22L'exclusion de C8 est bien confirmée, l'exclusion de C8 et d'Énergie 12. On va en parler avec vous dans un instant et avec vous, Gilles.
00:31— Vous vous attendiez à cette décision, Françoise ? — C'était sans surprise. En plus, quand on a vu les termes du rapporteur,
00:40qui était quand même très très très sévère, il y avait pas de surprise. Mais on connaît la personnalité du rapporteur du Conseil d'État
00:49qui a instruit cette affaire. Et on n'est pas très surpris qu'il était violemment contre l'idée de maintenir la fréquence TNT de C8 et Énergie 12.
00:58— Mais alors pourquoi cette décision ? Est-ce qu'il y a une explication claire ? Moi, j'ai posé la question autour de moi.
01:04Est-ce que vous savez pourquoi la chaîne a perdu sa fréquence, pourquoi Énergie 12 et C8, dans un ordre d'idées différents, ont perdu leur fréquence ?
01:13— Parce qu'elles ont eu le malheur de ne pas plaire à des puissants qui se sont sentis autorisés à, en effet, ne pas renouveler leur autorisation d'émettre.
01:23— Mais pourquoi ? C'est... Enfin clairement, l'argumentation de l'ARCOM n'est pas « Vous ne nous avez pas plu » ou « Vous dites des choses
01:32qui ne nous plaisent pas ». Il faut une argumentation juridique. — L'argumentation...
01:39— Ah, on a perdu Françoise. Bon, on va passer au zapping tout de suite. Et puis on se reconnecte dans un instant.
01:45— Sud Radio-Média. L'instant zapping. — Valérie, je vous ai fait un zapping, évidemment, consacré à cette décision,
01:53puisque hier, Cyril Hanouna a fait une émission de 2h30 consacrée à l'arrêt de la chaîne. Donc évidemment, comme on est un peu en édition spéciale,
02:03j'ai fait un zapping sur ce sujet. Hier, donc, le Conseil d'état a supprimé dès la semaine prochaine. C'est ça qu'il faut qu'on se rende compte, hein.
02:12C'est dès la semaine prochaine, la chaîne C8 et NRJ12, entérinant donc la décision de l'ARCOM. La première, à l'avoir annoncée sur la chaîne,
02:21sur l'antenne de C8, c'est Pascale Delatour-Dupin en prenant l'antenne. Et vous allez voir, elle a été saisie par l'émotion.
02:27Elle en a profité également pour lire le communiqué de Canal+.
02:32– Émission un peu particulière pour ceux qui nous rejoignent. Vous le disiez, la décision du Conseil d'état est donc tombée dans l'après-midi,
02:36peu avant le début de cette émission. Et on est tous très émus ce soir. On est perturbés, on est en colère.
02:41C'est une journée extrêmement particulière pour nous, pour vous aussi, qui regardez cette chaîne et qui avez du mal certainement à vous dire,
02:47parce que nous, on a du mal à se le dire, que dans une semaine, allez, une semaine et un jour, c'est fini. Voilà, donc on est émus.
02:54Le public est là, ce soir, fidèle au poste. Merci d'être là. Merci, vous, téléspectateurs, d'être là. Je voudrais vous lire.
03:00La communauté du groupe Canal+. Le groupe Canal+, déplore vivement la décision du Conseil d'état de rejeter le recours de C8.
03:08C'est le communiqué de presse qui a été publié par le groupe tout à l'heure.
03:11Cette décision inédite dans l'histoire de la TNT conduit à une éviction pure et simple de la chaîne C8,
03:18installée dans le paysage audiovisuel depuis près de 20 ans, se classant toujours première chaîne de la TNT
03:27et réunissant chaque jour plus de 9 millions de téléspectateurs cumulés. Un écosystème tout entier se retrouve sacrifié
03:36au regard des enjeux économiques, sociaux et concurrentiels engendrés. Près de 400 collaborateurs.
03:44— Bon, c'est un peu long, hein. — Bah oui, mais c'est important de communiquer.
03:49— Oui, c'est le communiqué de la chaîne. — Et il fait allusion aux 400 personnes qui ont perdu un emploi. Les politiques ont réagi sur les réseaux.
03:56Et si les députés de la France insoumise se sont réjouis de cette disparition, à droite, au contraire, certains ont demandé
04:04de se mobiliser, parce qu'il reste 4 canaux qui peuvent être optionnés, comme Laurent Wauquiez qui a très vite posté une vidéo sur X.
04:13— C8, c'est fini. Je vais vous expliquer pourquoi ça me choque et pourquoi est-ce qu'on doit réagir. C8, c'est une chaîne de la TNT.
04:20C'est la plus regardée. Vous êtes 40 millions chaque mois. C'est une chaîne populaire, appréciée des Français, qui émet depuis 20 ans.
04:27La fermeture de C8, elle est due à l'ARCOM, une autorité administrative obscure, comme il y en a beaucoup trop dans notre pays.
04:34Vous savez que je combats ça. Et qui sait arroger un droit de vie ou de mort sur cette chaîne ? On n'enlèvera pas de la tête que cette décision
04:40de fermeture de C8, elle est due à une seule chose. C'est que ça appartient à un groupe médiatique qui ne convient pas à certains
04:46et qui ne pense pas comme il faudrait. Alors on peut ne pas aimer CNews. On peut ne pas aimer C8. Mais dans ce cas-là, c'est simple.
04:53Vous changez de chaîne. En revanche, fermer avec cette censure insidieuse, ça, c'est inacceptable.
04:58— François, ça devient une affaire politique aussi. On voit qu'il y a eu très peu de réactions à part la droite et l'extrême-droite.
05:06Il n'y a pas eu de réaction. — C'est une absurdité, parce que franchement, ça devrait être un sujet qui intéresse
05:12toute la classe politique, de gauche comme de droite. Qu'est-ce que c'est que la TNT ? Qu'est-ce que c'est que l'idée de la TNT ?
05:17C'est une idée géniale. C'est une idée qui permettait à tous les Français, avec une simple antenne râteau – vous savez,
05:23la vieille antenne qu'on a sur la cheminée depuis « La nuit des temps » – d'avoir plus de 20 chaînes de télévision gratuitement.
05:29C'est-à-dire que c'était vraiment une forme de culture pour tous. Et dans cette offre de 27 chaînes, il y a en effet des chaînes culture,
05:37il y a des chaînes de services publics, il y a des chaînes privées, il y a des chaînes de divertissement, il y a des chaînes de feuilleton,
05:42il y a des chaînes de l'Assemblée nationale, etc. Donc une diversité d'offres. Et là, subitement, il y a en effet l'ARCOM qui dit
05:48« Tout compte fait. Je regarde dans quelles conditions je renouvelle votre audience. Ah oui, vous avez eu des incidents. »
05:54Alors bon, en effet, il y a eu des incidents. Il y a eu des amendes chères. D'ailleurs, très bien, le groupe Bolloré les a payées.
06:01Et au nom de ça, on vous retire votre fréquence. Et puis Énergie 12, c'est un peu la victime collatérale.
06:07« Ah ben Énergie 12, ouais bon d'accord, vous diffusez des feuilletons, mais pas tant que ça. Votre audience n'est pas terrible, on vous la retire aussi. »
06:13Mais c'est impensable. Ça n'est jamais arrivé. Et alors en plus, ce qui est absurde, c'est que l'ARCOM est censée non pas censurer,
06:21mais surveiller, mais protéger la TNT et la diversité et toutes les opinions. Et là, ils font exactement le contraire.
06:29Alors qu'est-ce qui va se passer demain ? Les téléspectateurs qui ont envie de continuer à regarder les programmes qui leur plaisent,
06:35ils vont aller acheter un abonnement chez Netflix, chez Amazon, sur Internet, là où il n'y a aucune espèce de contrôle et d'encadrement d'aucune sorte.
06:46Et puis ce sera la mort de la TNT et de cette idée de la télévision pour tous. Parce que quand on est au fin fond de la Corrèze ou du Gers
06:55et qu'on n'a pas les moyens de s'acheter un abonnement cher, eh ben on est très content d'avoir la TNT. Et si les gens n'aiment pas C8, ils regardent autre chose.
07:03Est-ce que l'idée de cette TNT n'a pas été dévoyée d'une certaine manière ? Ce matin, j'ai fait l'exercice de regarder les programmes de télévision.
07:12Je regarde Chéri 25, ça commence à 9h par Snap, qui est une émission qui sont des documentaires sur les femmes pieuses qui ont été diffusés, multidiffusés.
07:22A midi et demi, le jour où tout a basculé, pareil, émission de témoignages de 12h30 à 17h. Vous prenez Sister, vous avez Bones de 16h20 à 20h.
07:33De midi et demi à 16h20, vous avez Docteur Queen. C'est un robinet à série, multidiffusé. C'est quand même une honte, cette TNT, de le dire comme ça.
07:42Donc comment, à l'époque, l'ARCOM n'a pas déjà commencé à faire le ménage, ou le CSA à l'époque, dans ces chaînes qui sont indigentes ?
07:51W9, c'est pareil. NCIS de 11h à 19h. Vous vous rendez compte ?
07:57— Si vous voulez que je vous dise que la moitié des chaînes de la TNT ne respectent pas les conventions qu'ils ont signées à l'origine avec le CSA,
08:05je suis d'accord à 200% avec vous. — Non mais c'est pour ça...
08:08— Je veux dire que si on regarde chaîne par chaîne ce à quoi ils s'étaient engagés et ce qu'ils font à l'arrivée, ça n'est pas du tout la même chose.
08:16Donc évidemment que la plupart des chaînes, en fonction de leurs conventions, eh ben elles ont un peu triché, elles ont pris des chemins de traverse.
08:23Je vous rappelle que BFMTD, qui est une chaîne d'information tout à fait respectable, à l'origine, c'était une chaîne d'information business.
08:30C'est pour ça qu'elle s'appelle BFMT. — Oui, oui. Alors on va continuer le zapping.
08:36— Ah, on a retardé Françoise Laborde. — Oui, parce que vous êtes à 10 ans, je le précise.
08:39— Hier, c'était une émission spéciale sur C8 où tout le monde accusait le coup. Dès la semaine prochaine, concrètement, ils seront tous au chômage.
08:47Cyril Hanouna, hier, a donné la parole aux techniciens. Ils se sont tous exprimés lors des arrois comme la responsable beauté sur Aïa.
08:55— Tu vas pas réaliser. 15 ans à tes côtés. Il nous coupe l'herbe sous le pied en plein milieu de la saison.
09:00Va trouver des piges. Va trouver du travail, parce qu'on a des loyers, on a des vices. Et la vie, c'est... Moi, je réalise pas.
09:08Donc je suis pas dans le déni, parce que voilà, ils ont eu ta peau. C'est toi qui étais... Moi, je dis la vérité.
09:13— Oui, mais justement, ils ont tout sauf ma peau, en fait. Ils vont avoir la peau de pas mal de gens exactement.
09:18— Bah voilà. — C'est ça, leur erreur. — 400. — Bah oui. — 100... Bah on a des loyers, on a des crédits, on a de la vie, quoi.
09:26Et trouver en tant qu'intermittent, trouver du travail... — En mars. — En mars. — En mars, c'est quasiment mort.
09:33— C'est pas possible. En plein milieu, voilà. — C'est aussi ça, le vrai débat, c'est-à-dire que...
09:39— 400 personnes, parce que c'était une chaîne... Pardon de vous interrompre. C'était une chaîne qui produisait les...
09:46On peut ne pas aimer effectivement Cyril Hanouna, mais c'est une émission quotidienne. Il y avait William à midi tous les midis.
09:51Il y avait Les Animaux de la Une. Il y avait Jordan Deluxe. Enfin il y avait de la production.
09:54— Philippe Labraud. — Philippe Labraud, absolument. — En fait, c'est 8 quotidiennes et 8 émissions hebdomadaires de mémoire.
10:00Ce qu'a dit hier Franck Apieto, qui est le président de la chaîne de mémoire. Il a dit 7 quotidiennes et 8 hebdos.
10:07Alors comment vous expliquez-vous que ça, ça n'a pas séduit l'art com... Vous pensez comme Cyril Hanouna que c'est politique ?
10:15— Mais je pense que le problème, c'est que l'audiovisuel est dirigé par des gens qui n'aiment pas la télévision, qui ne regardent pas la télévision,
10:24qui ne s'intéressent pas à la télévision et qui ne comprennent rien à la télévision, parce que leur argument, c'est de dire
10:29qu'on vous donne gratuitement des fréquences. Mais fabriquer une chaîne, ça coûte de l'argent. Et puis ça emploie du monde.
10:35L'audiovisuel en France, ça emploie autant de personnes que l'industrie automobile. Je veux dire c'est pas simplement une activité où on peut...
10:42où les gens travaillent pour eux gratuitement. Je veux dire c'est impensable. C'est comme si on disait à Renault
10:48« Vous faites une voiture qui nous plaît pas. Finalement, vous allez fermer l'usine. Et puis les travailleurs, on s'en fout. »
10:53Mais je veux dire ça n'est jamais arrivé. Et c'est impensable que dans un pays qui se veut défenseur des droits de l'homme, de la liberté de penser,
11:02d'une institution qui est censée garantir la diversité des opinions et la diversité de la liberté d'expression, on décide de fermer
11:12une chaîne sur des critères qui sont parfaitement fumeux. Parfaitement fumeux. Donc c'est vrai que c'est une honte. Et moi j'ai une pensée
11:19pour tous ces gens qui du jour au lendemain vont se retrouver au chômage, alors même que c'est un secteur en crise, et alors même
11:25qu'on fait rentrer deux chaînes, on sait pas quelle va être leur qualité, je n'ai pas à juger de leur qualité, ne produisent pas pour l'instant,
11:31qui ne seront pas prêtes avant le mois de juin, le mois de septembre. Donc ça veut dire qu'on va avoir des créneaux qui vont être noirs,
11:38et qu'on met au chômage une quantité considérable entre 400 personnes sur C8 et peut-être la moitié sur Énergie 12, dont on leur dit
11:48« débrouillez-vous, c'est pas notre sujet, on s'en fout, vous n'avez qu'à trouver du travail ailleurs ». Mais c'est impensable !
11:55Ce que disait Gilles ce matin quand on discutait, on avait un débat sur la question, c'est que c'est une chaîne qui existe depuis 20 ans.
12:03Donc ça se construit une chaîne. Là on va avoir du tâtonnement dans les chaînes qui vont arriver. Quelle est l'opportunité de tout redémarrer ?
12:11On verra effectivement, mais on a une chaîne, on a une marque, et voilà, alors il faut marquer.
12:17Et puis surtout, ça va inciter le téléspectateur, encore une fois, à migrer vers d'autres sources, c'est-à-dire à aller s'abonner ailleurs,
12:27c'est-à-dire tout ce qu'on dit toujours, c'est-à-dire n'allez pas sur Internet, attention aux fake news, faites attention, etc.
12:34Et bien il y avait sur la TNT une forme de garantie, c'est-à-dire qu'en effet, même s'il y a des dérapages, je dis pas qu'il n'y en a pas eu,
12:41mais de temps en temps on dit « ah, attention, ça c'est pas bien ». Ailleurs, il n'y a aucun contrôle. Ailleurs, c'est la jungle.
12:47Et donc on incite les Français, un, à payer pour recevoir la télévision, et deux, à aller ailleurs où ils peuvent regarder tout et n'importe quoi.
12:54Alors on va marquer une pause et on se retrouve dans un instant.
12:56Vous voulez pas ma fin en musique ?
12:58Ah bon, bah allez-y.
12:58Ah bah on finit toujours en musique. Alors je pouvais pas passer à côté du maestro de la chanson, Cyril Hanouna, pour finir mon spécial TPMP.
13:06Puisque tout est joué d'avance et l'on n'y peut rien changer.
13:13Tous les ponts de ta naissance et moi je ne suis pas rienné.
13:21T'as vu, j'ai bien choisi d'exprès, puisque tout est joué d'avance et moi je ne suis pas rienné.
13:25Voilà. Allez, on se retrouve dans un instant avec Françoise Laborde pour parler de cette décision du Conseil d'Etat sur l'exclusion de C8 de la TNT et également d'Energie 12.
13:36A tout de suite.
13:37Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman, Sud Radio Média, l'invité du jour.
13:46L'invité du jour c'est Françoise Laborde, donc journaliste et ancien membre du CSA.
13:52Beaucoup de nos auditeurs vous transmettent leurs condoléances, chère Françoise, après le décès de votre sœur qui a beaucoup beaucoup ému les Français, vraiment on peut le dire comme ça.
14:02On a eu une pensée très forte pour Catherine qui était une femme formidable, élégante, cultivée, enfin voilà j'en profite pour le redire devant vous.
14:11Quand on l'avait reçu ici, c'était un soleil, c'était un sourire, c'était une femme incroyable.
14:16Et elle n'est pas oubliée, elle ne sera pas oubliée.
14:18Donc Françoise Laborde ce matin, c'est en tant qu'ancien membre du CSA, journaliste que nous vous recevons.
14:26Vous avez signé une tribune aux côtés de Renaud Dutreil pour contester la décision du Conseil d'Etat sur l'exclusion de C8 et de la TNT, vous le liez à la liberté d'expression.
14:38Je ne sais pas si vous avez vu ce matin l'éditorial de Patrick Cohen sur France Inter qui est une charge contre C8 en disant « on ne peut pas tout dire, on ne peut pas laisser dire n'importe quoi, laisser dénigrer des gens, laisser s'attaquer à la réputation ».
14:52Il y a eu 35 feux rouges qui ont été franchis, le compas, cela a un retrait de permis. Comment vous réagissez à cela ?
14:59D'abord je trouve que s'il faut commencer à interdire tous les gens qui ont des propos qui ne plaisent pas à la Cour, on n'est plus dans un pays liberté.
15:09On est en 1980, je veux dire, Patrick Cohen, quand il était à l'interview de Madame Dati en parlant de ses barésies, moi je trouve ça parfaitement déplacé.
15:17Je trouve qu'il n'a pas à lui demander comment il est habillé, je trouve ça misogyne, sexiste et extrêmement désagréable.
15:23Pour autant, je ne pense pas qu'il fasse supprimer Patrick Cohen de l'antenne.
15:27Je considère que c'est une forme de dérapage, oui, donc tout cela n'a pas de sens.
15:31Et alors Energy 12, quelle est la région dans laquelle on supprime Energy 12 ?
15:34Parce que les feuilletons d'Energy 12 n'ont pas l'air de plaire à M.Cohen.
15:38Qu'est-ce que c'est que ces gens qui se permettent de condamner leurs confrères et de dire du mal d'eux alors qu'eux-mêmes ne sont pas exempts de défauts et de critiques ?
15:46Tout cela n'a pas de sens. Depuis quand, dans ce pays, on valorise la censure ?
15:51Enfin, qu'est-ce que ça veut dire ? Il n'a pas lu Voltaire, Patrick Cohen ?
15:55Il ne connaît pas cette expression ?
15:57Je ne partage pas votre opinion, mais je me battrai pour que vous puissiez l'exprimer.
16:00Donc en effet, très bien, Cyril Hanouna, à un moment donné, s'est interrogé sur l'utilité du vaccin et alors il n'a pas le droit ?
16:07C'est interdit de s'interroger sur l'utilité du vaccin ? Depuis quand c'est interdit ?
16:11C'est un débat qu'on peut avoir quand même en France.
16:14On va écouter peut-être hier Cyril Hanouna qui, en fin d'émission, a livré sa vérité, a exprimé en quelque sorte le pourquoi.
16:28Alexis Colère, apparemment, les infos que j'ai, bien sûr à prendre des pincettes,
16:34aurait monté un dossier pour l'arrêt de C8 parce qu'il veut vraiment contrôler l'audiovisuel.
16:43Et il a vu que nous, on était difficilement contrôlables.
16:48Il aurait monté le dossier avec Roch-Olivier Mestre, parce qu'il est soucieux du contrôle de l'audiovisuel, sans en parler à Emmanuel Macron.
16:56Et il a eu ensuite l'info, Emmanuel Macron, il a eu l'info de ce dossier et qu'il allait arrêter. C'était engagé, je vous le dis.
17:04Il ne pouvait pas revenir dessus sans remettre en cause la séparation des pouvoirs.
17:09– Est-ce que quand vous étiez au CSA, et c'est la question que je me suis posée en entendant Cyril Hanouna,
17:14est-ce que vous, quand vous étiez au CSA, il y a eu des interventions de la présidence ou du conseiller de la présidence ?
17:21Est-ce qu'il y a eu des moments où le patron du CSA, quand vous étiez, a été obligé d'appliquer des consignes politiques ?
17:30– Alors, obligé d'appliquer des consignes politiques, je ne dirais pas juste là.
17:34Mais il y a une tradition en France qui fait que les hauts fonctionnaires sont plus ou moins,
17:38enfin, aujourd'hui, peut-être que ce n'était pas le cas avant, mais aujourd'hui, les hauts fonctionnaires,
17:43ils sont ravis quand ils sont invités à une réunion à l'Élysée ou invités à une réunion rue de Valois au ministère de la Culture.
17:51Est-ce qu'on leur donne des consignes strictes en disant, celui-là oui, celui-là non ? C'est possible.
17:57Moi, je n'ai jamais eu l'écho direct de ça.
18:00Mais je vois bien dans les comportements, en effet, de certains patrons du CSA qu'ils étaient, en effet, plus ou moins influencés.
18:08Et ce que je déplore, c'est que quelqu'un comme Roch-Olivier Mestre, qui est à la fin de sa carrière,
18:13parce que sa carrière est plutôt derrière lui que devant lui, il se serait grandi en disant que, justement,
18:19en tant que patron de l'ARCOM, il prenait les décisions tout seul et qu'il n'avait pas besoin d'avoir des consignes de M. Collère
18:25ou de quiconque d'autre, puisque, après tout, l'ARCOM est censée être une autorité indépendante.
18:30Donc je pense qu'il faut arrêter de nommer à l'ARCOM des présidents qui sont issus du Conseil d'État,
18:37qui retournent au Conseil d'État dès qu'ils ont quitté l'ARCOM ou le CSA et qui sont, au fond, toujours du côté du pouvoir.
18:44Parce que c'est ça, la réalité, on pense.
18:45Ce sont des politiques, mais néanmoins...
18:49Ce ne sont même pas des politiques. Ce sont des fonctionnaires qui obéissent.
18:52— Néanmoins, l'accusation que porte Cyril Hanouna est très grave contre Alexis Collère.
18:58Je pense qu'il y a même matière à porter plainte de la part d'Alexis Collère.
19:01Est-ce qu'on peut imaginer Alexis Collère, donc, dans un coin de bureau avec le président de l'ARCOM bidouiller un dossier
19:10pour faire tomber la chaîne ? Est-ce que ça vous paraît plausible et possible ?
19:15Je veux dire, l'ARCOM, vous avez été au CSA. Il y a des conseillers. Il n'est pas tout seul, le président du CSA.
19:19On n'est pas, contrairement à ce que disent certains, dans une dictature.
19:24— Oui, mais comment dire...
19:27— Comment ça se passe, une délibération ?
19:30— Ça dépend des personnalités des uns et des autres.
19:33Si vous nommez comme membres du collège des gens qui n'ont pas l'habitude de se taire
19:37et qui ont l'intention de faire passer leurs idées, quoi qu'il arrive et quoi qu'il en coûte,
19:42vous avez une autorité indépendante.
19:43Si vous nommez des gens qui espèrent demain avoir un autre poste, quelque chose, une récompense quelconque,
19:51eh ben vous avez des gens qui obéissent. Après, c'est une question, j'allais dire, de colonne vertébrale personnelle.
19:56Je vais pas vous citer la phrase célèbre de Jacques Chirac. En Grèce de tout aujourd'hui, elle est un peu vulgaire.
20:03Donc je ne vous ai pas écrit la phrase. Mais c'est ça. Je veux dire que ce qui manque, c'est le courage politique.
20:09Après, qu'il y ait des réunions à l'Élysée entre un conseiller et le patron de l'ARCOM,
20:13en ce point, c'est pas choquant. J'allais dire, c'est comme les journalistes qui vous disent
20:18« je ne déjeune jamais avec aucun politique pour pas être influencé ».
20:21Ben si, c'est votre métier. Donc il faut y aller. Il faut au contraire rencontrer les gens.
20:25Il faut savoir. Mais il faut savoir dire non. Je veux dire, c'est pas parce qu'on rencontre un conseiller
20:30du président de la République qu'il faut dire « oui, monsieur, bien, monsieur, je vais faire ce que vous me demandez ».
20:35Alors est-ce qu'Alexis Kohler a pris sur lui de faire ça ? Je n'en ai pas la moindre idée.
20:43Franchement, je ne m'aventurerais pas là-dessus. Mais ce qui est clair de toute façon, c'est que
20:49je pense que l'ARCOM n'a pas fait preuve de la plus grande indépendance qu'on puisse attendre
20:54d'une autorité indépendante dans cette décision. Et je trouve ça triste.
20:59Qu'est-ce que vois-tu ?
21:01Oui, mais ça veut dire quoi ? Quel est le but ? Parce que moi, je n'arrive toujours pas à m'expliquer.
21:06Quel est le but recherché par la suppression de cette chaîne ? C'est faire taire Cyril Hanouna ?
21:12C'est s'attaquer à Bolloré ? Il faut argumenter pour supprimer une chaîne.
21:17Donc, si on reprend ce que dit Patrick Cohen, c'est « 36 feux rouges », entre guillemets, franchi,
21:23avertissement, amende que certains considèrent comme une double peine.
21:26Ils ont payé. En plus, on supprime la chaîne. Mais pourquoi on supprime la chaîne ?
21:31Pourquoi on supprime la chaîne ? Il y a bien un point de départ qui est que peut-être, effectivement,
21:37ce sont les propos qui dérangent.
21:39Parce que la chaîne ne plaît pas. Ce n'est pas très compliqué à imaginer.
21:45Parce que la chaîne ne plaît pas et qu'en effet, on a trouvé des arguments pour supprimer la chaîne.
21:49Et puis, on peut multiplier aussi les sanctions pour dérapage.
21:53Moi, j'ai vu le nombre de fois où on s'interrogeait sur mettre une sanction, pas une sanction.
21:58Est-ce qu'on est plus ou moins sévère ? Donc, on peut multiplier les sanctions.
22:00Il y a plein de chaînes qui n'ont pas respecté encore une fois, alors qu'il y a eu des charges.
22:03Et puis, on n'a pas fait de sanctions. On a fait un petit communiqué en disant « ce n'est pas bien ».
22:07On a convoqué le patron de la chaîne. Parce qu'on peut doser les sanctions.
22:10Si on veut être très sévère, on met de plus en plus de sanctions.
22:12Et à l'arrivée, on dit « quoi ? Vous avez eu 30 sanctions. Mais c'est énorme, ce n'est pas bien ».
22:17Mais il y en a d'autres qui ont fait à peu près des dérapages comparables
22:21et qui ont eu une sorte de petit rappel au règlement.
22:23Mais c'est comme la justice française.
22:25Vous savez, entre le rappel à la loi, la condamnation avec sursis, avec pas sursis.
22:29Parfois, c'est un peu en fonction de l'air du temps et de la tête du client.
22:34Là, c'est typiquement ce qui est en train de se passer.
22:37Est-ce que l'Arcom sert à quelque chose ? Est-ce que le CSA servait à quelque chose ?
22:41Est-ce que, comme le souhaitait Laurent Wauquiez, il faut supprimer cette instance ?
22:45Moi, je pense que l'Arcom ou le CSA a servi à quelque chose quand ça a permis justement
22:51de faire émerger une diversité d'opinions, une diversité de chaînes,
22:56quand ça a permis de mettre en œuvre quelque chose de nouveau et de formidable comme a été la TNT,
23:00quand ça a permis de développer des nouvelles fréquences radio,
23:03quand ça a permis de multiplier les offres.
23:05Mais sur le fond, si ça devient un organe de censure, non, franchement non.
23:10Moi, quand j'étais au CSA, mon truc, c'était de dire qu'on n'est pas un organe de censure,
23:15on est un organe de règlement, on surveille.
23:17Moi, je m'occupais de la protection des mineurs.
23:20Jamais j'ai censuré un programme a priori, je censurais a posteriori.
23:24Quand il y a eu des dérapages, on a eu des dérapages sur les premières émissions
23:29quand on enfermait tout le monde dans une téléréalité.
23:33Mais j'allais dire, on essayait de dialoguer,
23:36parce que le but, c'est quand même de faire améliorer les choses.
23:40C'est plus intéressant de dialoguer avec quelqu'un en disant, écoutez, franchement,
23:44faites un effort, ça ne va pas continuer comme ça,
23:46et il faut faire évoluer la chose que de dire à un moment donné,
23:49c'est très bien, c'est terminé, on met 400 personnes au chômage.
23:52Je veux dire, depuis quand on arrête ça ?
23:55Et je trouve que cette façon de considérer qu'on doit tout normer,
24:00qu'on doit mettre des normes sur tout et qu'il n'y a aucune marge d'amélioration,
24:04c'est tellement désespérant et c'est tellement représentatif
24:07de l'état d'esprit du pays aujourd'hui.
24:09C'est-à-dire que soit tu es mon ami et tu partages mon point de vue et je t'adore,
24:13soit tu es mon ennemi et je ne partage pas ton point de vue,
24:18tu es mon ennemi et je veux que tu te taises.
24:20Et c'est ça qui est terrible.
24:22On est d'accord qu'on ne peut pas tout dire non plus ?
24:25Mais évidemment qu'on ne peut pas tout dire.
24:27Mais j'allais dire que le débat du café du commerce,
24:32où en effet on dit tout et n'importe quoi,
24:34et le débat à la télévision, il y a une marge.
24:36Donc il est normal en effet d'avoir une instance qui régule et qui dit
24:39« Attention, là vous allez trop loin, ça vous ne pouvez pas le faire,
24:43les insultes vous ne pouvez pas le faire ».
24:44Moi la première je l'ai fait, encore une fois.
24:47Quand il y avait la télé-réalité et que les participants s'insultaient copieusement,
24:50j'ai dit « Si vous continuez comme ça, on va arrêter ».
24:53Mais il y a eu, mais je n'ai pas pris des sanctions pour arrêter la télé-réalité en soi.
24:59Mais pourquoi il y a eu la télé-réalité ?
25:00Parce qu'il y a eu un autre règlement avant qui interdisait qu'on produise des feuilletons.
25:04Donc à un moment donné, au lieu de continuer à produire des normes et des normes et des normes
25:09et interdire tout, on finit par réduire un espace et on oblige les gens à faire quoi ?
25:14Tout le monde à s'acheter une parabole pour aller recevoir des chaînes qui ne sont pas contrôlées,
25:19qui viennent du Bélochistan occidental, des États-Unis,
25:22qui sont des trucs absolument horribles et on va penser que c'est mieux.
25:25Mais enfin ça n'a pas de sens.
25:27Et demain si on change de pouvoir politique, il y aura eu le président de l'ARCOM
25:32et un autre pouvoir politique qui dira « On va interdire telle et telle chaîne
25:36parce qu'elle ne nous plaît pas et qu'elle n'a pas l'air de nous plaire ».
25:39C'est impensable.
25:40Donc il serait temps en effet que ces autorités indépendantes soient vraiment indépendantes
25:45et qu'à un moment donné elles prennent aussi le pouls de l'opinion.
25:50Je veux dire, ça ne peut pas être sept personnes
25:52toutes seules dans un bureau qui ne regardent jamais la télévision qui décident.
25:56Il y a de moins en moins de gens de la télévision à l'ARCOM.
25:58Oui c'est vrai.
25:59On va marquer une pause et on se retrouve dans un instant avec vous Françoise Laborde
26:02pour parler donc de la disparition de la décision du Conseil d'État
26:07qui confirme l'exclusion de C8 et de NRJ12 de la TNTA tout de suite.
26:15On était en train de parler de la liberté d'expression et des limites
26:25qui est une chose compliquée.
26:27Françoise Laborde, vous êtes notre invité ce matin pour évoquer la décision du Conseil d'État
26:32qui confirme l'exclusion de C8 et de NRJ12 de la TNT sur « peut-on tout dire ? »
26:39et « peut-on ? » c'est ce qui est le seul à mettre les pieds dans le plat Patrick Cohen ce matin,
26:45qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, il a le mérite de dire une opinion un peu différente
26:50et de dire qu'on ne peut pas s'attaquer aux gens de cette manière.
26:53On ne peut pas parler n'importe comment, dire n'importe quoi.
26:58On avait ce débat avec Gilles.
27:00Oui mais en même temps, je ne regarde pas beaucoup TPMP
27:05mais le peu que j'ai regardé me fait dire qu'il y a quand même des gens
27:09avec des points de vue complètement différents qui sont sur l'entraîne.
27:13Il y a de la contradiction, les gens parlent de tout.
27:16Je veux dire, il y a des gens qui sont manifestement de gauche voire d'extrême gauche,
27:20il y a des gens qui sont droite, il y a des animateurs, il y a des influenceurs, il y a des journalistes,
27:26il y a une sorte de panel extrêmement diversifié.
27:30Et puis j'allais dire, encore une fois à l'ARCOM, on n'est pas là simplement pour censurer.
27:34Je vais vous donner un exemple.
27:36Moi j'étais au CSA quand il y a eu les attentats de Charlie Hebdo et l'affaire de l'hypercachère.
27:43Et j'ai eu des prises de bac très violentes à l'époque avec Olivier Chramek.
27:49Et à un moment donné, je lui ai dit, il faut absolument qu'on réunisse tous les patrons de chaîne
27:53parce qu'on ne peut pas continuer comme ça, et je suis journaliste,
27:56en laissant les chaînes en direct, donner des informations qui sont susceptibles
28:01d'être utilisées par les terroristes, et notamment le journal de 13h de France 2,
28:06qui était en direct avec un des garçons qui était otage des terroristes.
28:11Et à un moment donné, on a dit, ce n'est pas possible de continuer comme ça.
28:14Donc qu'est-ce qu'on a fait ? On a été deux conseillers à dire,
28:17il faut inviter tous les patrons, tous les responsables, les directeurs d'information des chaînes,
28:22et puis on va leur dire, il faut arrêter ça, ça n'est pas possible,
28:25vous mettez les gens en danger, vous mettez la police française en danger,
28:28vous mettez les otages en danger, etc.
28:30Ils l'ont fait, très bien, il y a eu une réunion, ça s'est très bien passé.
28:33On n'a pas pris de sanctions, on n'a pas dit, ah là là, mon Dieu, quelle horreur,
28:36alors attendez, vous avez fait ça.
28:38– Mais effectivement.
28:38– Non, parce qu'encore une fois, c'est de l'intelligence, c'est de la co-gestion,
28:43c'est à un moment donné du dialogue.
28:45Quand on est journaliste, et moi la première, on a envie d'être sur le terrain,
28:48on ne réfléchit pas forcément, on veut avoir l'info en premier,
28:52mais le rôle de l'ARCOM, c'est de dire, il faut arrêter.
28:55– Mais est-ce que l'ARCOM, oui c'est ça, n'aurait pas dû mettre des garde-fous,
28:58comme ils ont commencé à le faire, en disant qu'il faudrait que l'émission soit endifférée,
29:03c'est-à-dire mettre des garde-fous, sans aller jusqu'à la suppression de la chaîne,
29:09encore une fois, qui est la cinquième chaîne de…
29:13– 3,1% de par les marchés, première chaîne de la TNT.
29:16– Première chaîne de la TNT, qui est quand même une aberration,
29:19sur le fond, de supprimer cette chaîne qui fonctionne.
29:21– 2,7 millions, il y a encore un carton d'audience.
29:24– Et c'est une aberration, parce que ça ne pénalise que les Français,
29:29qui ont bien le droit de regarder une émission qui leur plaît.
29:31– Et qui zappent si ça ne leur plaît pas.
29:33– Voilà, et ça pénalise les gens qui travaillent pour cette chaîne,
29:37et ça pénalise, mais vous savez, moi quand j'étais au CSA,
29:41j'ai vu une bagarre sans nom, pour savoir si LCI devait passer en clair ou pas.
29:45Et il y avait un certain nombre de conseillers qui pensaient que non,
29:47il fallait que LCI reste encryptée, c'est-à-dire n'ait pas accès au grand public.
29:53Voilà, pourquoi est-ce qu'ils faisaient ça ?
29:55Quelles étaient leurs idées derrière la tête ? Je ne préfère pas le savoir.
29:57Mais je veux dire, à un moment donné, c'était aussi une forme de censure.
30:00Pourquoi est-ce que LCI n'avait pas le droit à être diffusée en clair comme tout le monde ?
30:04Donc il y a toujours des arrières-pensées,
30:06parce qu'on peut dire après, oui mais LCI c'est le groupe Ouïg,
30:08alors le groupe Ouïg fait les autres, ils veulent leur chaîne.
30:11Donc voilà, on sait qu'il y a des concurrences entre chaînes,
30:13on sait qu'entre chaînes, il y en a qui poussent et qui disent,
30:15ah bah chic alors, Intel n'a plus le droit d'émettre, le truc, le machin.
30:19Ça fait partie, je vais aller dire, des petits arrangements
30:22ou des petites influences entre chaînes.
30:25Mais fermer une chaîne, deux en l'occurrence,
30:28ça franchement, ça dépasse tout ce qu'on peut imaginer.
30:32Et je pense que si Canal+, fait un recours en Cour européenne des droits de l'homme,
30:37en disant qu'au nom de la liberté d'expression et de la diversité des opinions,
30:41la décision de l'ARCOM, maintenue par le Conseil d'État,
30:46et n'est pas conforme aux droits,
30:49je pense qu'ils peuvent gagner et je pense qu'ils gagneront.
30:52Parce qu'en effet, alors ça ne changera rien le fait que la chaîne est interdite,
30:55ou la chaîne n'est pas renouvelée comme on veut.
30:57Mais ils vont le faire ou pas, à votre avis ?
30:59Ils vont aller jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme ?
31:03Moi, je pense que oui, parce que symboliquement,
31:07le fait que ça leur donne raison, contre l'ARCOM et contre le Conseil d'État,
31:13ce serait symboliquement extrêmement important,
31:16et ça apporterait la preuve qu'en effet,
31:20c'est une forme de censure et d'atteinte à la liberté d'expression,
31:24et que l'ARCOM n'a pas respecté ce qui est son rôle,
31:29c'est-à-dire d'assurer la diversité et le pluralisme des opinions.
31:34Moi, quand j'entends des gens qui se félicitent en disant « Ah Chig, on ne les entendra plus »,
31:39mais c'est quoi le pluralisme des opinions ?
31:41– Non, non, mais c'est effectivement…
31:43Puis il y a l'écran noir que vous évoquiez tout à l'heure,
31:45c'est-à-dire que là aussi, le truc ubuesque, c'est que la chaîne va disparaître,
31:50enfin les deux chaînes vont disparaître à la fin du mois de février,
31:52et que les autres chaînes ne seront pas prêtes avant septembre.
31:55Donc il y a un moment, il y a un manque de pragmatisme et de réalité
31:59qui est absolument dingue.
32:01Moi, j'avais lu une interview du patron de West France qui disait
32:03« Ah oui, il y a eu un appel à candidature, on a candidaté. »
32:06Un peu genre, bah tiens, puis on a gagné, on a un peu gagné au loto, quoi.
32:10– Non, mais c'est exactement ça.
32:13Mais c'est la maladie française, c'est ubesque.
32:16Je vous rappelle qu'il y a quand même toujours aussi un procès qui est en cours
32:19dont plus personne ne parle, le fait qu'on ait donné une fréquence
32:22à quelqu'un qui l'a revendu des millions et des millions d'euros,
32:26et qui, lui, pour le coup, a embauché, je ne sais plus combien c'était,
32:2920 millions, 30 millions, 40 millions d'euros ?
32:31– C'est le numéro 23, c'est ça, la chaîne numéro 23.
32:33– Et là, on n'a pas dit « Comment, qu'est-ce que c'est, qu'est-ce qui se passe ? »
32:39On n'a pas coupé l'antenne, on n'a pas dit « Vous n'avez pas le droit,
32:43donc on arrête la diffusion. »
32:46On a dit « Ah oui, quand même, ce n'est pas très moral de faire ça.
32:49On voit très bien une fréquence gratuitement, puis après on la revend.
32:52Ah, ce n'est pas moral, mais bon, en même temps, on ne vous sanctionne pas. »
32:55C'est pour ça que les sanctions, c'est vraiment à la tête du client.
32:58– Alors Valérie François, je vous propose d'aller dans le passé,
33:02de revenir au mois de mars, il y a 20 ans,
33:06et c'était la naissance de Direct 8.
33:10Et voici la première minute de Direct 8 avec Vincent Bolloré.
33:16Et puis, il était accompagné, à l'époque, du patron de la station.
33:20Et évidemment, j'ai un trou sur le patron, Philippe Labrou.
33:25— Bonsoir, bienvenue sur Direct 8.
33:38— Bonsoir, bienvenue sur Direct 8. Vincent Bolloré.
33:42— Philippe Labrou, nous sommes très heureux de vous accueillir ce soir.
33:45Cela fait 20 ans, en France, qu'il n'y avait pas eu de nouvelle chaîne gratuite.
33:50On a vu fleurir de nombreuses chaînes payantes,
33:52mais pas de chaîne gratuite depuis la naissance de la 6.
33:55Et on est heureux ce soir d'inaugurer la TNT,
33:58qui va permettre à 45 millions de Français d'avoir des nouvelles chaînes.
34:02Alors on voudrait évidemment saluer d'abord nos concurrents et amis.
34:05— Bien sûr.
34:06— Et en particulier peut-être Jean-Paul Bodecroux et Énergie.
34:09On est contents de commencer avec lui ce soir.
34:11Il avait été un des premiers avec les radios libres.
34:14Et Jean-Paul, bonne chance à toi.
34:16Je sais que ta chaîne commence en même temps que la nôtre.
34:19C'est incroyable d'entendre ce son, où ils sont nés en même temps et ils partent en même temps.
34:24C'est incroyable, je trouve, ce son.
34:27— Et une pensée pour Myriam Salehi, qui est la patronne de Énergie 12
34:30et qui s'est battue comme une guéonne,
34:32et évidemment pour Jean-Paul Bodecroux, qui n'a pas les mérités
34:36et qui se voit en effet sanctionné de la sorte.
34:40Je voudrais aussi rajouter un truc.
34:41Alors pour tous les gens qui trouvent que Cyril Hanouna est un personnage odieux
34:48et que c'est bien fait pour lui,
34:50d'abord, je pense qu'il va rebondir parce qu'il y a suffisamment de créneaux,
34:56si je puis dire, sur les chaînes du groupe Bolloré pour qu'ils puissent rebondir.
35:00Donc c'est tous les autres qui vont être punis, si je puis dire,
35:04à commencer par Philippe Lambroux, qui avait encore une émission sur C8,
35:08Jordan Deluxe, William Lémergie, enfin bref, tous les autres.
35:11— Et les 350 personnes qui travaillent pour le groupe.
35:14— Et les 400 salariés de la chaîne.
35:16Et puis l'autre chose, c'est qu'on aime ou qu'on n'aime pas Cyril Hanouna,
35:19il a quand même inventé quelque chose en télévision.
35:22Ce côté...
35:26Il a intégré Internet à la télévision.
35:28C'est-à-dire qu'avant, il y avait l'univers des fans d'Internet et puis la télévision.
35:33Et lui, il a géré sa communauté de fans comme des téléspectateurs.
35:38Et il a créé une proximité avec eux.
35:40Et ça, ça n'existait pas avant.
35:42Nous, les journalistes, moi, quand j'étais à la télévision,
35:45on regardait vaguement ce qu'on faisait comme audience.
35:47Mais je veux dire, on n'avait pas une proximité.
35:49On ne parlait pas directement.
35:51Et lui, il a inventé ça.
35:53Et il a inventé en effet de s'entourer de chroniqueurs
35:56avec des profils complètement différents.
35:58Il y en a qu'on adore, il y en a qu'on déteste.
36:00Et tout le monde a droit à la parole à égalité.
36:03Et je trouve que c'est intéressant de s'interroger là-dessus.
36:08Et ça aurait été intéressant de voir comment ça évolue
36:11et de le faire évoluer au lieu de dire maintenant,
36:13ben non, c'est fini, rentre chez toi.
36:16Vous avez raison de le dire, c'est-à-dire que Cyril Hanouna
36:17visiblement était dans la cible de cette interdiction.
36:21Et c'est le seul qui risque de s'en sortir.
36:23Alors, il emmènera des gens avec lui, bien évidemment,
36:26mais on ne le fera pas taire.
36:27C'est bien le paradoxe d'une chaîne qui va disparaître
36:32avec un animateur qui n'est pas décidé à arrêter.
36:36C'est sûr. Et c'est toute la bêtise.
36:40Et c'est toute la bêtise et la stupidité de cette décision.
36:44Mais c'est vraiment un mal français.
36:47Quand je pense que c'est la génération qui avait inventé
36:50il est interdit d'interdire.
36:51Je rappelle ça à Patrick Cohen pour mémoire.
36:54Parce qu'il l'a scandé à l'époque.
36:56Alors un futur peut-être pour Cyril Hanouna
36:59qui sera pas forcément audiovisuel, mais aussi politique.
37:02C'est un petit clin d'œil à la rumeur
37:04de sa présentation à la présidence en 2027.
37:08Bruce Toussaint l'a évoqué dans Bonjour.
37:10Il n'y a pas une personnalité politique que vous avez interviewée
37:12qui considère que, éventuellement,
37:15la classe politique est peut-être un tout petit peu responsable
37:19de cette possibilité de l'espace
37:22qu'elle peut éventuellement laisser à une personnalité,
37:24quelle qu'elle soit, que ce soit Cyril Hanouna
37:26ou une personnalité comme ça, hors du serrail.
37:28Ça n'est pas un problème.
37:29C'est quand même un problème.
37:30Parce qu'en réalité, il y a un espace.
37:33Et il n'y a jamais eu autant d'espace.
37:34Il est très populaire, en effet.
37:36Et surtout, il me semble qu'il n'y a jamais eu autant d'espace.
37:39– François, est-ce que vous avez un poche de ministre de la Culture
37:41qui vous attend ?
37:43– Oui, sûrement.
37:44Non, non, mais je veux dire, la candidature de...
37:47Mais rappelez-vous Coluche, voilà.
37:49Ça avait été à un moment donné un caillou dans la chaussure
37:55de tous ces hommes politiques.
37:57Et c'était un grain de folie dans une campagne électorale.
38:00Je ne sais pas s'il le fera.
38:02Je n'en ai pas la moindre idée et je suis...
38:04– Ah, je me fais parler dans l'orderno !
38:06– Oui, oui, oui, absolument.
38:08– Merci d'avoir été avec nous ce matin,
38:10Françoise Laborde, journaliste, ancien membre du CSA,
38:13pour parler de l'arrêt définitif de C8 et de Énergie 12.
38:18Il ne faut pas oublier Énergie 12 dans l'histoire.
38:20Vous l'avez dit au début, dommage collatéral.
38:22Parce que pourquoi Énergie 12 et pas W9 ?
38:25Pourquoi, enfin, j'ai oublié Boucheri 25,
38:28qui sont, encore une fois, je le rappelle,
38:29des chaînes d'une indigence absolue.
38:32– Derrière, la vie de Boucheri 25, elle est très, très en danger
38:35parce que l'écosystème d'Énergie 12 plus Boucheri 25,
38:40c'était un vrai écosystème économique.
38:42Sans Énergie 12, ça va être très compliqué de garder Boucheri 25.
38:46– On se retrouve dans un instant pour les débats, à tout de suite.
38:49Merci François.

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