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Élus par les territoires, les sénatrices et les sénateurs connaissent le terrain et côtoient les acteurs de notre patrimoine agricole et nourricier, tout ce qui fait de la France un pays où le contenu de l'assiette relève d'un engagement quotidien.
Vincent Ferniot rencontre ces hommes et ces femmes, en compagnie d'un sénateur ou d'une sénatrice, sur son territoire. Année de Production :

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Transcription
00:00Retrouvez « Manger, c'est voter » avec le concours général agricole.
00:08Bonjour, les brumes matinales montent des fossés du château d'Angers,
00:13avec sa typique architecture du XIIIe siècle.
00:16Nous sommes, vous l'avez compris, à Angers,
00:18et nous allons visiter avec « Manger, c'est voter »
00:20le Méniloir en compagnie du sénateur Stéphane Piennoir
00:23du groupe Les Républicains au Sénat.
00:25On a des choses à découvrir extraordinaires
00:27dans ce département pas si connu que ça.
00:55Bonjour, monsieur le sénateur.
01:01Bonjour, comment allez-vous ?
01:03Merci de nous accueillir ici devant cette belle mairie.
01:06Un petit rayon de soleil sur le tufau, c'est vraiment la pierre du pays.
01:10Absolument, une caractéristique de ce quartier-là.
01:13J'ai vu qu'il y avait un joli petit parc derrière la mairie.
01:16On va faire quelques pas ensemble ?
01:18Si vous le souhaitez.
01:20Ce qui est intéressant, c'est que vous avez un parcours atypique
01:23parce que vous êtes prof.
01:25Oui.
01:26Mais on sait que les professeurs, l'éducation nationale,
01:30c'est un énorme réservoir de voix de gauche.
01:33Et vous, vous êtes un prof de droite.
01:35C'est ça, il y en a quelques-uns, je peux le confirmer.
01:38Oui, on n'est pas un courant majoritaire au sein de l'éducation nationale.
01:42Mais j'ai toujours assumé ça, en fait.
01:44Dans tous les établissements que j'ai traversés,
01:47j'ai toujours assumé, je ne me suis jamais caché
01:49de mes orientations politiques.
01:51C'est parce que vous êtes un libéral ?
01:53Oui, je crois que je suis profondément un libéral.
01:55Moi, quand j'étais adolescent, il y avait des entreprises
01:58qui étaient totalement publiques.
02:00Des entreprises de production, Renault, des banques.
02:03Et donc, il a fallu passer par des privatisations massives
02:07à la fin des années 80.
02:09Moi, c'est vraiment quelque chose qui a marqué
02:11mes premiers engagements politiques
02:14parce que j'avais à cœur de libéraliser une partie de l'économie.
02:19Est-ce que c'est parce que vous êtes prof de maths,
02:21agrégé de mathématiques, qu'en définitive,
02:23ce sont les chiffres qui parlent ?
02:25Peut-être que ça sous-tend un petit peu cet engagement ?
02:28Pour moi, les mathématiques, ça a d'abord été l'enseignement aussi.
02:32Et ensuite, la politique, comme un virus que j'ai attrapé de tout petit.
02:38Et puis, des mentors, des gens qui m'ont aidé,
02:41qui m'ont inspiré ici, localement.
02:43Marc Lafineur, Catherine Doroch, évidemment,
02:46qui a été sénatrice avec moi en 2017.
02:48Et puis, au niveau national, Gérard Longuet,
02:51quelqu'un qui a une grande connaissance scientifique aussi.
02:55Et on est devenus amis en se côtoyant comme ça au Sénat.
02:58Et vraiment, ça fait partie des choses totalement inattendues
03:03dans mon parcours politique.
03:05C'est pas une pied-noir aujourd'hui.
03:07Vous allez m'emmener voir des gens de ce département.
03:09C'est pas très différent de ce que vous faites toute l'année.
03:12En tant que sénateur, on est très au contact des élus locaux.
03:14Notre rôle, ça fait partie du job,
03:17d'aller voir, d'aller à la rencontre des gens
03:19et de connaître leurs aspirations.
03:20On a une belle journée campagnarde qui nous attend.
03:22On y va ?
03:23Oui.
03:26Nous commencerons notre périple angevin à la Cantine des Demons,
03:29un restaurant scolaire bio, géré, une fois n'est pas coutume,
03:33par les parents d'élèves, avant de se réchauffer
03:35devant le feu de bois de Simon et Corentin,
03:37qui se nomment eux-mêmes boulangers paysans.
03:40Avec ce bon pain, nous irons chercher
03:42les bons fromages de la famille Gabory,
03:44producteur et transformateur laitier tout bio,
03:47et déguster un verre de l'un des plus grands vins licoreux de France,
03:51le Bonzo, au milieu des vignes surmuries.
03:55Puis, nous terminons comme toujours en cuisine,
03:57à l'abbaye royale de Fontevraud,
03:59où le chef Thibaut Ruggieri a transformé l'ancien cloître
04:03en restaurant étoilé.
04:05Mais d'abord, partons rencontrer chez Anthony
04:07la fierté bovine de l'Anjou,
04:09la Rouge-des-Prés A.O.P.
04:12Allez, en route !
04:19Oh, ben voilà des beaux bestiaux !
04:21Je ne parle pas des éleveurs !
04:23Bonjour messieurs !
04:25Anthony, j'ai une question à vous poser.
04:28Pourquoi on a changé le nom de la Ménanjou en Rouge-des-Prés ?
04:34La Ménanjou, on a gardé le nom de la race
04:38pour le produit.
04:40Je produis de la Rouge-des-Prés dans mes prés
04:43et de la Ménanjou dans l'assiette.
04:45L'A.O.P. Ménanjou, je pense que c'est intéressant
04:47à te préciser, ça a été une initiative
04:49d'un ancien sénateur de Médéloire.
04:51Alors, c'est donc une race à viande, comme on dit.
04:53Qu'est-ce qu'impose l'A.O.P.?
04:55Dans l'A.O.P., c'est une approche globale.
04:57C'est-à-dire que notre exploitation,
04:59on doit avoir un hectare d'herbe pour un village.
05:02Ça équivaut globalement à un terrain de foot.
05:04Nous, on a eu un fort déclin
05:06de notre race dans les années 70
05:08avec l'industrialisation de l'agriculture,
05:11les maïs et l'intensification.
05:14Et aujourd'hui, nous, notre A.O.P.
05:17est, comme beaucoup de signes de qualité,
05:19en grande difficulté.
05:20Dans cette loi Egalim qu'on a passée,
05:22il y a des gens qui sont arrivés avec un steak haché,
05:24je vais vous dire les tarifs.
05:26À 10 centimes moins cher ?
05:27Non, on est plus que ça, à 2 euros moins cher.
05:30Nous, il faudrait qu'on les vende 7 euros,
05:33l'A.O.P.
05:34Et en ce moment, ce qui se vend, c'est 5 euros.
05:37Et on est sur de l'industriel.
05:40La réponse à l'appel d'offres fait que ça ne passe pas.
05:43Ça ne passe pas.
05:44Et on a des grosses difficultés par rapport à ça.
05:46On parle beaucoup de la difficulté du monde agricole,
05:49que c'est un métier difficile, tout le monde le sait.
05:51C'est évident.
05:52Et là, on voit une exploitation
05:55où il y a vraisemblablement une transmission de père en fils,
05:58des exploitations qui restent dans la famille,
06:00dans le giron familial.
06:01Est-ce que c'est une voie déjà tracée
06:03ou est-ce que vous avez un libre arbitre
06:05à avoir choisi de prendre la suite ?
06:07Le libre arbitre, il faut l'avoir quand même.
06:10Mais c'est déjà quand même bien commencé
06:12pour tout ce qui est installation, tout ça.
06:14Après, il y a un échange.
06:16Comme disait papa, c'est la passion qui mène.
06:19Mais ce n'est pas une contrainte de se lever le dimanche matin.
06:21On ne va pas au travail.
06:23On va soigner nos animaux.
06:25Anthony, j'essaye de comprendre l'économie
06:28d'une exploitation comme la vôtre.
06:30Moi, j'ai 330 animaux.
06:32Vous prenez une valeur sur 330 animaux.
06:34Vous faites le calcul.
06:36Vous avez le tracteur.
06:37Le stock, ça vaut tant.
06:38Le tracteur, le bâti, les hectares de prairie.
06:40Les hectares de prairie, je suis propriétaire.
06:43Vous êtes locataire ?
06:44Je suis locataire à une grosse partie à mon père
06:47et puis à plein d'autres propriétaires autour.
06:50Quelques contrats en circuit court ?
06:52Parce que ça aussi, ça faisait partie
06:54des perspectives de la Royal Hymn.
06:56Il faut savoir qu'en faisant de la vente directe
06:58sur mon exploitation,
07:00je ne vais pas dire que je perds mon temps,
07:03mais aujourd'hui, sur le prix que je vends,
07:06je vends en moyenne autour de 15,50.
07:09Ma caissette de viande nette de 10 kilos,
07:13je ne gagne absolument rien.
07:15Compte tenu du temps passé, c'est ça que vous voulez dire.
07:17Compte tenu du temps passé et puis même,
07:19sans compter le temps,
07:21en termes de rapport et de contraintes, de risques.
07:25Mais Anthony, c'est l'image aussi.
07:27Vous faites de la communication comme ça.
07:29Je suis fier de vendre.
07:31C'est demain notamment, mon boucher est arrivé,
07:33ça avait bien tombé, on a fait des colis.
07:35Je suis très fier de vendre cette vendeuse
07:37et faire plaisir aux gens que je connais.
07:39Parce que les gens, ils viennent, ils sont de la commune,
07:42ils viennent chercher leur caissette, ils sont contents.
07:44Moi aussi.
07:45Vous êtes un super promoteur de votre race
07:48et de votre appellation.
07:49Merci Anthony, merci Tanguy.
07:58Alors, Vincent, ici, on est au Lion d'Angers.
08:00C'est le début du Seugréin, au nord du département,
08:03avec un modèle tout à fait unique de cantine scolaire,
08:07dans un groupe scolaire du Lion d'Angers,
08:09avec des parents d'élèves qui se sont investis
08:11pour gérer eux-mêmes cette cantine.
08:17Alors, Elie, vous êtes le directeur
08:20de cette cantine Baie-de-Monts.
08:22Exactement.
08:23Le modèle ici, monsieur le sénateur,
08:25c'est un truc un peu particulier,
08:26ce que vous m'expliquez dans la voiture,
08:28parce que c'est géré par une association
08:30de parents d'élèves.
08:31C'est même unique dans le département
08:33et probablement bien au-delà.
08:35C'est une association de parents d'élèves
08:37qui a pris en main la gestion
08:39et la préparation des repas
08:41pour tout un groupe scolaire maternel et élémentaire.
08:44Alors, on est indépendant de la mairie
08:46et de la communauté de communes,
08:48mais on travaille ensemble.
08:50En fait, c'est un travail d'équipe.
08:52Combien de repas par jour ?
08:54Environ 340.
08:55Comment vous est venue cette idée
08:57de vous occuper vous-même
08:59des repas de vos petits ?
09:01Parce que ce sont vos enfants
09:02qui sont scolarisés ici.
09:03Ça a toujours existé,
09:04ça s'est toujours...
09:05C'est pas une initiative récente, alors ?
09:07Pas du tout.
09:08C'est l'ADN de ce groupe.
09:10Exactement.
09:11Voilà.
09:12On n'a jamais eu une collaboration
09:15avec une cuisine centrale
09:18au lieu en danger.
09:19Tout s'est toujours préparé sur place.
09:21Le modèle, sur le plan du fonctionnement,
09:23il est intéressant,
09:24mais sur le plan du coût,
09:26est-ce que c'est intéressant aussi ?
09:28Est-ce qu'on s'y retrouve ?
09:30Le coût est maîtrisé
09:31parce qu'on a toujours le partenaire
09:33communal au quotidien.
09:34On est sur un coût matière
09:36entre 1,40€ et 1,50€,
09:38et on adapte les menus
09:40en fonction du coût matière.
09:42Parce que sur le modèle,
09:43ce qui est intéressant,
09:44c'est aussi la façon
09:45de faire un petit point d'honneur
09:47sur les régions, les départements.
09:49La salade vient de Nantes.
09:51La viande vient de 30 km aux alentours.
09:53Les haricots blancs qu'on va avoir,
09:55c'est du Lion d'Angers.
09:57Donc ça, c'est plutôt sympa.
09:59Donc on est vraiment, on va dire,
10:01de la fourche à la fourchette.
10:03Et puis, en dessert,
10:05on essaie de faire un petit caramel maison,
10:08une pâte à tartiner,
10:09puis une compote à base de pommes
10:11qui est aussi à 5 km.
10:13C'est exactement ce que l'on pouvait rêver
10:15à l'intérieur de la loi EGalim.
10:17On profite de cet avantage naturel
10:19du Maine-et-Loire
10:21pour avoir un modèle comme celui-là,
10:23qui est vraiment à la fois unique
10:25et j'allais dire exemplaire.
10:27Généralement, la restauration scolaire
10:29est soumise au quotient familial,
10:31c'est-à-dire qu'il y a des conditions de ressources
10:33plus souvent dans les communes.
10:35Mais vous, c'est particulier,
10:37vous avez une prime à la natalité ici.
10:39Tout à fait.
10:41Tout à fait, on peut parler
10:43de cette prime à la natalité.
10:45Nous, nous avons fait le choix de partir
10:47sur un tarif unique à 4 euros
10:49et qui est dégressif en fonction
10:51du nombre d'enfants que la famille
10:53met à la cantine le midi.
10:55Donc, ça va jusqu'à 4 enfants
10:57et le tarif pour 4 enfants est 3,73.
10:59Donc, c'est dégressif.
11:01Exactement, tout à fait.
11:03Mais si on en a 10, on ne paye pas moins
11:05que si on en a 4.
11:07À partir de 4, c'est le tarif maximum.
11:09C'est quand même un modèle unique
11:11en son genre.
11:13Vraiment sympa.
11:19Très sympa.
11:39Ce sénateur, on va à la ferme, là ?
11:41Oui, à la ferme.
11:43Et à la boulangerie, même.
11:45En même temps ?
11:47Exactement, on va chez Simon et Corentin.
11:49Ils sont des paysans boulangers.
11:51J'aime bien l'idée.
11:53Bonjour, bonjour.
11:55Bonjour.
11:57Bienvenue.
11:59Bonjour.
12:01C'est quoi votre métier, messieurs, au fond ?
12:03On est paysans
12:05et on est boulangers.
12:07On est vraiment, à la base, agriculteurs.
12:09C'est vraiment notre métier.
12:11Et en plus, comme on est agriculteurs,
12:13on a le droit de transformer notre propre production
12:15en pain.
12:17Parce que sinon, si on était juste boulangers,
12:19on aurait besoin d'un diplôme, mais c'est plus encadré.
12:21Combien vous avez d'hectares de blé ?
12:23En blé, en céréales, on a 10 hectares.
12:25Avec une répartition, vous faites de l'épaule ?
12:27Oui, c'est ça.
12:29On a à peu près 5 hectares de blé,
12:312 hectares de petite épautre,
12:33à peine 1 hectare de seigle,
12:35et là, ce qui est intéressant pour nous,
12:37en tant qu'agriculteurs,
12:39c'est que nous récupérons la valeur ajoutée
12:41de la production.
12:43En vendant du blé, ce n'est pas très cher.
12:45On fait une plus-value en faisant de la farine
12:47et on fait encore une plus-value sur le pain.
12:49Ce qui nous permet d'avoir une structure
12:51qui n'est pas forcément très grosse.
12:53On n'a pas beaucoup d'hectares,
12:55mais puisqu'on transforme tout, on va arriver
12:57à être même 2 sur l'activité, sur 45 hectares.
12:59C'est hyper intéressant.
13:01Economiquement parlant, c'est vraiment intéressant.
13:03La boulangerie, c'est un métier
13:05d'une maîtrise absolument incroyable.
13:07Vous êtes jeune,
13:09donc vous diriez que vous n'êtes pas
13:11encore au bout de votre aventure.
13:13Oui, ça fait que 3 ans que je suis installé
13:15et j'ai encore beaucoup à apprendre
13:17sur la boulange.
13:19Ce qui est frappant, c'est la découverte
13:21de nouveaux formats dans l'agriculture.
13:23C'est aussi un message,
13:25pas d'espoir, mais un message positif
13:27pour les jeunes qui veulent s'investir
13:29dans l'agriculture en se disant
13:31qu'il y a potentiellement d'autres formes d'agriculture
13:33qui verront le jour demain.
13:35Est-ce que ce n'est pas le signe également ?
13:37On va y aller, là ?
13:39Corentin va avoir besoin de la place pour finir de défourner,
13:41donc on va tous sortir.
13:43Il faut aller faire un tour ?
13:45On va aller prendre le frais, Corentin.
13:47A tout à l'heure.
13:51Qu'est-ce qu'il fait, Corentin, là ?
13:53Il débraise, donc il enlève vraiment
13:55toutes les braises du four.
13:57Ça ne va pas chauffer s'il n'y a pas de braise.
13:59La braise, elle est très chaude.
14:01La braise va chauffer l'abric ?
14:03Exactement.
14:05C'est la masse du four qui va cuire le pain.
14:07C'est un pain qui, j'imagine,
14:09est plus cher qu'un pain de boulangerie.
14:11Pas tant que ça.
14:13On est à 5,20€ le kilo.
14:15On peut comparer en boulangerie,
14:17je ne le fais pas forcément souvent,
14:19mais sur des baguettes,
14:21on est à 1,20€ des fois pour des baguettes.
14:23250 grammes.
14:25Vous voyez, la différence est assez minime.
14:27On est en bio.
14:29Cette échelle-là vous convient ?
14:31Oui, parce qu'on a du temps libre pour faire autre chose.
14:33Et on arrive à avoir assez d'argent,
14:35à être rentable économiquement.
14:37Ça y est, il a fini le cours ?
14:39Oui, je pense.
14:41Corentin, on en est où ?
14:43Alors lequel on goûte ?
14:45Je vais vous conseiller le petit pavot.
14:47Très bien.
14:51On va partager le pignon.
14:53Vous pouvez tout manger si vous voulez.
14:55Non, quand même.
14:57Il faut en laisser pour les autres.
14:59Merci.
15:01Super.
15:03C'est du gâteau.
15:05Quand il sort tout juste du four,
15:07c'est vraiment ça.
15:09Merci beaucoup.
15:11Vous pouvez l'emmener par ici si vous voulez.
15:13On ne va pas se faire prier.
15:15A bientôt.
15:25C'est la famille Gavorie qui nous accueille cet après-midi.
15:27C'est eux là ?
15:29Exactement.
15:31Ce n'est pas une famille, c'est une tribu carrément.
15:33C'est un clan.
15:35Bonjour, bonjour.
15:37Bonjour.
15:39C'est les filles de la famille ?
15:41Vous vous déplacez toujours en groupe ?
15:43Pratiquement.
15:45Ce qui est extraordinaire,
15:47d'abord c'est d'être accueillis,
15:49certes par la famille,
15:51mais aussi par les Jerseyaises.
15:53Combien il y a de vaches ici ?
15:55130 en tout.
15:57130 en tout ?
15:59Vous avez une seule race laitière,
16:01la Jerseyaise.
16:03D'où est venu le choix de cette race ?
16:05C'est vieux.
16:07Le choix est venu
16:09quand j'avais 17 ans.
16:11J'ai eu un coup de foudre pour cette petite vache.
16:13Je me suis dit que si je m'installe un jour,
16:15c'est ça que j'irais comme vache.
16:17Ça ne m'est jamais porté de la tête.
16:19Je l'ai toujours eu.
16:21Qu'est-ce qui vous a fait craquer ?
16:23Le vieux biche,
16:25les facilités d'élevage,
16:27et aussi la qualité du lait.
16:29Étant donné que je voulais transformer le lait,
16:31ils ont un lait tout à fait adapté.
16:33Un lait qui est très riche, mais en tout.
16:35Si elle est la deuxième au niveau mondial
16:37au niveau des laitières, il y a bien des raisons.
16:39Vous êtes passé au bio en quelle année ?
16:41Dès 1979 en m'installant.
16:43Vous étiez presque un précurseur,
16:45un visionnaire.
16:47C'est l'agriculture de demain, il faut y aller.
16:49On n'a pas le droit à l'erreur, il faut être professionnel.
16:51Aujourd'hui, le temps nous a donné raison.
16:53La nature ne ment pas.
16:55Quand on aime la nature,
16:57quand on a travaillé comme il se doit,
16:59les rotations, les façons culturelles,
17:01les mélanges, on a de bons résultats.
17:03Tout le monde travaille dans l'exploitation ?
17:05Oui, tout le monde.
17:07On a chacun nos spécificités.
17:09C'est formidable.
17:11Le premier produit, c'est le yaourt chez Gaborit ?
17:13Oui, c'était le beurre le 2 janvier 1980.
17:15On a commencé le yaourt l'année d'après.
17:17Faire du yaourt nature, entier,
17:19et zéro bonchard.
17:21Et pas loin derrière, on a le lait cru,
17:23un produit très rare en France,
17:25mais qu'on est capable de diffuser,
17:27être dans tous les magasins bio, exigeant.
17:29Le cahier des charges est le même que chez nous.
17:31Sans ancillage, sans enrhumanage.
17:33Aucune matière fermentée.
17:35Aucune matière fermentée,
17:37c'est que du forage comme du foin,
17:39séché par le soleil.
17:41Expliquez-moi la différence
17:43en matière d'alimentation
17:45entre le foin séché,
17:47l'ancillage et l'enrhumanage.
17:49Quelle va être la différence
17:51sur le lait final ?
17:53Il y a le goût, il y a la fermentation.
17:55Les gerzias rendent ce qu'elles mangent,
17:57elles le donnent, on le reçoit dans le lait.
17:59Donc derrière, sur des produits frais,
18:01il va y avoir une odeur, ça va être fort,
18:03ça va sortir l'acidité.
18:05Et sur des fromages, ça va fermenter.
18:07C'est ça qui va faire des trous dans les fromages,
18:09qui vont donner un goût de savon, un peu sucré.
18:11C'est pas bon.
18:13Vous m'avez convaincue,
18:15mais je le serais vraiment
18:17quand j'aurais mis le nez dans le yaourt, je pense.
18:19Avec plaisir.
18:21On va goûter ?
18:23Allons-y alors.
18:29Je vois ce que vous voulez dire.
18:31C'est un peu yaourt grec,
18:33un peu cremeux.
18:35Le yaourt gaborit.
18:37C'est le yaourt gaborit.
18:39En grec, on dit yaouti,
18:41yaouti gaborit.
18:53Dites donc, ça grimpe, monsieur le sénateur, ici.
18:55Ce n'est pas rien que ce coteau,
18:57Bonzo, s'appelle La Montagne.
18:59La Montagne.
19:01Bonzo, je vous remercie de m'amener ici.
19:03C'est un des grands licoreux français,
19:05et pourtant méconnu.
19:07Il faut dire qu'il y a le choix en enjoue,
19:09sur les types de vins.
19:11Oui, dans la diversité, c'est une petite production,
19:13mais qui est caractéristique du Ménénoir.
19:15Et comment s'appellent les vignerons qu'on va voir ?
19:17À Simon et à sa maman Jeannine,
19:19qui nous accueillent sur leur domaine du Petit Val.
19:21Le domaine du Petit Val.
19:23Là, la vallée, elle est belle.
19:25Bonjour, bonjour.
19:29Quelle merveille.
19:31Là, on n'est pas tout à fait prêt.
19:33J'adore le chenin,
19:35parce qu'on est dans cette appellation de Bonzo,
19:37la plus belle de France,
19:39pour les licoreux et les moelleux.
19:41Il faut dire que le chenin, d'une année sur l'autre,
19:43est selon les terroirs,
19:45il peut donner des vins secs ou des vins licoreux.
19:47C'est incroyable.
19:49C'est même sa particularité, Simon.
19:51Jusqu'aux sélections de grains nobles.
19:53On raconte un peu l'histoire
19:55de cette pourriture noble, de ce Botrytis,
19:57qui vient en quelque sorte aider la nature.
19:59Les vignerons, surtout.
20:03C'est tout simplement un champignon
20:05qui vient se greffer sur le raisin
20:09et piquer le raisin
20:11pour extraire l'eau du raisin,
20:13concentrer tout ce qui est arôme et sucre.
20:17En quelque sorte, c'est comme s'il transformait
20:19la peau du raisin en passoire.
20:21C'est ça. D'où le côté moelleux et licoreux du Bonzo.
20:23On est servi derrière,
20:25parce que c'est vraiment un vin
20:27qui fait la réputation du Bonzo,
20:29mais du Ménéloir.
20:31C'est une concentration de production,
20:33à l'échelle nationale,
20:35mais très concentrée ici,
20:37dans le Ménéloir.
20:39Simon, le domaine vient de vous être
20:41transmis par vos parents, c'est ça ?
20:43C'est ça, il y a un mois.
20:45C'est extraordinaire. On arrive pour fêter ça.
20:47On va déboucher une bouteille tout à l'heure.
20:49Là, on parle de Bonzo.
20:51Je suis sûr que 90% des gens
20:53qui nous regardent aujourd'hui
20:55se disent que je n'en ai jamais
20:57entendu parler.
20:59100 hectares de Bonzo.
21:01100 hectares de Bonzo,
21:03on est 45 viticulteurs dessus.
21:05Libre, après, aux viticulteurs
21:07de choisir, lui, ce qu'il veut obtenir
21:09comme vin par rapport à sa clientèle
21:11qu'il a, et au choix du viticulteur,
21:13au choix aussi de son goût.
21:15Si le temps le permet de pousser
21:17de la maturité à son maximum,
21:19d'obtenir un vin très licoreux,
21:21ou soit l'année est très compliquée,
21:23on voit que la pourriture se dégrade,
21:25on part en pourriture blanche,
21:27on récolte plus tôt et on aura moins de sucre.
21:29Ça veut dire qu'on peut comparer
21:31un viticulteur de vin licoreux
21:33à un joueur de roulette
21:35qui remet tous les jours tapis,
21:37qui remet toute la mise sur le tapis
21:39tous les jours.
21:41Ça peut changer tous les jours.
21:43On essaye de pousser au plus loin
21:45la maturité en espérant
21:47que ça ne tombe pas,
21:49que ça ne pourrisse pas.
21:51Après, il ne faut pas jouer à un jeu dangereux non plus.
21:53On est un peu sur le fil,
21:55quand même, quand on fait des vins licoreux.
21:57On n'est jamais sûr de nous.
21:59Il faut faire attention à la situation économique.
22:01Aussi.
22:03Il y a un enjeu financier aussi.
22:05En 2023, on n'a pas fait de bonnes eaux.
22:07L'année ne s'y prêtait pas,
22:09donc on n'a pas fait de bonnes eaux en 2023.
22:11On devrait peut-être aller au domaine
22:13pour déboucher une bouteille,
22:15savoir ce qu'il y a dedans.
22:17Tout à fait. Alors on y va.
22:23On dirait de l'or liquide.
22:27Monsieur le Sénateur,
22:29on a bien vu,
22:31on a bien bu.
22:33Il ne manque plus qu'à remplir les assiettes
22:35et j'ai une idée, je vais vous emmener
22:37quelque part. Vous n'allez pas être déçu du voyage.
22:39Merci beaucoup,
22:41la famille Goisy.
22:43Merci à vous.
22:49Cher Stéphane Piednoir,
22:51j'ai voulu terminer en beauté
22:53ici même, à l'abbaye royale de Fontevraud
22:55cette journée.
22:57C'est le tombeau
22:59d'une grande dame du XIIe siècle,
23:01Aliénor Aquitaine, et ses deux fils,
23:03Richard Coeur de Lyon et Jean Santerre,
23:05qu'on connaît grâce à Robin Desbois.
23:07Mais surtout, c'est le berceau
23:09d'un chef formidable, Thibaut Ruggieri,
23:11qui œuvre ici dans le restaurant de l'abbaye.
23:13Et pourtant, il est très simple,
23:15dans sa cuisine
23:17et dans sa façon de concevoir
23:19la nourriture ici.
23:21Mon cher Thibaut,
23:23quand je t'ai mis entre les mains
23:25la responsabilité de faire faire
23:27un peu de cuisine à monsieur le sénateur,
23:29directement,
23:31tu m'as parlé d'un produit
23:33que moi j'adore aussi, le champignon de Paris.
23:35Alors ceux qui nous regardent se disent
23:37« Que vient faire le champignon de Paris
23:39en Maine-et-Loire ? »
23:41Eh bien, il y a pourtant une histoire.
23:43Quand Haussmann a refait Paris
23:45à la fin du XIXe siècle,
23:47on a cassé toutes ces fameuses caves
23:49dans lesquelles on cultivait le champignon de Paris.
23:51Et ces orphelins de caves,
23:53on les a importés dans le saumuroi
23:55parce que ça se compétait parfaitement.
23:57L'idée, on coupe le champignon
23:59et passe ses doigts.
24:01Regardez comme ils sont fermes.
24:03C'est presque trop facile, j'ai envie de dire.
24:05C'est hyper fin.
24:07Entre 3,5 et 4,2 millimètres.
24:09On taille le champignon
24:11jusqu'à arriver aux alvéoles.
24:13Quand on arrive aux alvéoles,
24:15on arrête parce qu'on n'aura plus
24:17des beaux disques blancs comme ça.
24:19Entre 3,5 et 4,2.
24:21C'est pas mal, là.
24:23Pas d'erreur de parallaxe.
24:25Pas plus épais.
24:29Il faut bien gérer la pression
24:31et le poussage.
24:33C'est vraiment comme une...
24:35C'est pas si facile.
24:37On va peut-être laisser bosser le chef.
24:39Cher Stéphane Piennoir,
24:41on est ici dans le cloître,
24:43un des cloîtres de l'abbaye de Fontevraud
24:45qui est normalement
24:47un lieu de silence.
24:49J'espère que vous n'avez pas fait votre silence
24:51au moment de me parler.
24:53Je vous parle de ça
24:55parce que la tradition est partout
24:57et l'identité aussi de l'enjeu.
24:59En termes d'identité,
25:01on a cette agriculture
25:03très diversifiée dans le département.
25:05Le gouvernement avait mis en place
25:07la loi Egalim
25:09de manière à inciter à des comportements plus vertueux.
25:11Qu'en est-il aujourd'hui dans votre département ?
25:13C'est une loi qui, manifestement,
25:15a tous ses objectifs parce que
25:17la grande distribution, on n'a pas totalement joué le jeu.
25:19Néanmoins, ça a accompagné
25:21une aspiration de l'ensemble de la population
25:23d'une alimentation
25:25de meilleure qualité, peut-être de moins
25:27manger, mais de mieux manger.
25:29Des circuits très courts,
25:31bien identifiés d'où vient le produit.
25:33Je pense que les Français sont de plus en plus
25:35attachés à cette visibilité
25:37sur les produits qu'ils achètent.
25:39De ce point de vue-là, ça a peut-être
25:41accompagné un élan, j'allais dire,
25:43national. Néanmoins,
25:45il reste tellement à faire.
25:47Tiens, voilà le chef !
25:49Ça sent le champignon !
25:51Notre champignon de Paris
25:53à Fontevaux. Oh là là !
25:55Que c'est beau, ça ! Et donc, ce montage
25:57avec nos disques de champignons
25:59et la vinaigrette mou de raisin.
26:01Merci beaucoup, monsieur le sénateur,
26:03de m'avoir emmené dans votre département
26:05à la rencontre de gens exceptionnels.
26:07Et merci à vous tous
26:09de nous suivre sur nos chemins de France.
26:11On se retrouve bientôt sur la plateforme
26:13publicsenat.fr.

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