Les livres que les écrivains consacrent à leur père ou à leur mère s’inscrivent dans une longue tradition biographique, et ont presque fini par constituer un genre littéraire en soi. Ils sont nombreux, en tout cas, à paraître en cette rentrée d'hiver 2025, et «¿Au bonheur des livres¿» a donc choisi d’inviter deux auteurs qui s’illustrent particulièrement dans cet exercice : Frédéric Beigbeder qui consacre un récit très personnel à son père Jean-Michel, «¿Un homme seul¿» (Ed. Grasset), et Marie, Nimier, qui propose dans un livre intitulé «¿Le côté obscur de la reine¿» publié dans la collection illustrée «¿Traits et portraits¿» du Mercure de France, une sorte de lettre à sa mère défunte, après avoir écrit il y a vingt ans sur son père, l’écrivain culte Roger Nimier, dans «¿La reine du silence¿», prix Médicis en 2004. En les recevant, Claire Chazal pourra interroger un lien de filiation parfois ambigu, mais toujours passionnant à redécouvrir à travers la littérature. Frédéric Beigbeder fait ainsi le portrait d’un homme seul, figure paternelle à la fois fascinante et intrigante, produit d’une enfance soumise à la sévérité d’un pensionnat d'un autre âge et symbole aujourd’hui révolu d’une espèce de masculinité triomphante… Marie Nimier, quant à elle, raconte ¿le pouvoir d’une mère, très belle et volontiers manipulatrice, qui a toujours arrangé la fiction familiale à sa guise, obligeant sa fille à un exercice de vérité, parfois douloureux mais ¿souvent très malicieux également. Deux auteurs, deux livres, pour un sujet commun finalement universel, qui permettra à coup sûr de donner aux échanges orchestrés par Claire Chazal une certaine émotion que nous partageons tous. Année de Production :
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00:00Retrouvez « Au bonheur des livres » avec le Centre National du Livre.
00:23Bienvenue dans l'émission littéraire de Public Sénat.
00:25Je suis ravie de vous retrouver pour un nouveau numéro de notre émission « Au bonheur des livres ».
00:29Vous savez, chaque semaine, nous essayons de vous donner envie de lire des livres,
00:33mais aussi de découvrir ou de mieux connaître leurs auteurs.
00:36Avec nous, deux romanciers, deux écrivains, qui proposent deux livres à la fois très personnels et très touchants,
00:42car ils explorent l'un et l'autre, les rapports qu'ils ont eus avec leurs parents, leurs mères ou leurs pères,
00:49non seulement avec une grande sincérité, mais aussi avec un souci de faire de la littérature.
00:54C'est Marie Nimier, d'abord, qui signe « Le côté obscur de la reine » au Mercure de France,
00:59où elle dresse le portrait d'une mère complexe, c'est le moins qu'on puisse dire,
01:04épouse, bien sûr, de Roger Nimier, son père, très tôt disparu, elle avait cinq ans.
01:08Et puis Frédéric Beigbeder, qui lui raconte ses rapports avec son père, son père qui est mort aujourd'hui.
01:14Le livre s'appelle « Un homme seul » chez Grasset.
01:17Cet homme seul, c'est Jean-Michel Beigbeder, un père brillant, dandy, souvent absent,
01:22rapidement divorcé et peu capable ou incapable de se pencher vraiment sur ses deux fils,
01:28mais qui avait lui-même aussi vécu une enfance difficile,
01:32et qui avait donc, d'une certaine façon, des circonstances atténuantes,
01:35comme d'ailleurs votre mère, chère Marie Nimier.
01:38Alors Marie Nimier, vous avez commencé par faire de la musique, je le rappelle rapidement,
01:41écrit votre premier roman en 1985, publié de nombreux albums d'ailleurs pour la jeunesse,
01:46et reçu le Prix Médicis en 2004 pour « La reine du silence ».
01:51Vous y parliez de votre père, Roger Nimier, ou plutôt de l'absence du père
01:56et de l'absence des relations que vous avez pu avoir avec lui, bien sûr.
02:00Il était mort en 1962 à 36 ans.
02:03Et puis voici donc aujourd'hui le côté obscur de la reine.
02:06Alors ça, cette fois, c'est un portrait de Nadine.
02:08Nadine, c'est votre mère, une femme grande, blonde, flamboyante,
02:12une sorte de diva de Saint-Germain-des-Prés, ou en tout cas une femme…
02:18Pas vraiment, non.
02:19Alors on la mettrait peut-être pas là-dedans, parce qu'elle s'habillait chez Prisunic,
02:23elle en était très fière, mais c'est juste qu'elle avait…
02:26ses amis disaient qu'elle avait du chien.
02:29Voilà, c'est ça.
02:30De l'allure.
02:31Elle avait quelque chose, et elle avait surtout une grande intelligence
02:34et une façon de manipuler la langue, et avec la langue,
02:38de manipuler son petit monde, assez exceptionnelle.
02:42Alors ce qui apparaît, c'est que vous la décrivez, bien sûr sur la fin de sa vie,
02:45comme une mère qui vous demande en permanence, vous sa fille,
02:48et qui est, entre guillemets, abusive, ou en tout cas,
02:51qui cherche toujours à vous culpabiliser.
02:53Est-ce que vous avez décidé d'écrire parce que vous vous êtes rendu compte
02:57que vous étiez dans cette forme d'emprise,
02:59que vous subissiez cette forme d'emprise de la part de votre mère ?
03:02Vous vous êtes dit, je voudrais rétablir des vérités ?
03:06C'est drôle, parce que vous avez prononcé les mots emprise, culpabilité,
03:10et encore un autre mot du même genre.
03:13Et c'est vrai que ce sont des mots que je n'utilise pas dans le livre.
03:16Pas du tout, oui, c'est vrai.
03:18Ce sont des mots trop courants aujourd'hui.
03:20Non, mais vous avez complètement raison de les utiliser.
03:22C'est le travail du journaliste, ou même du lecteur, ou du sociologue.
03:26Oui, je dirais que ce n'est pas du tout ce que vous dites.
03:28Mais dans mon livre...
03:30Enfin, pourquoi je ne les utilise pas, ces mots ?
03:32Parce que si je mets, j'étais sous l'emprise de ma mère,
03:35elle a, voilà, hop, on ferme le livre, on passe au suivant.
03:37Non, j'ai bien dit une mère complexe.
03:39Complexe, oui, voilà.
03:41Ce qui m'a intéressée, c'est de comprendre cette ambiguïté,
03:45et puis surtout ce talent qu'elle avait de raconter la vie telle qu'elle n'avait pas été.
03:52C'est-à-dire de bâtir un espèce de château de mots.
03:57Mais des mensonges, vous diriez ? Pas tout à fait.
03:59Ah si, si, c'était complètement irréel, mais est-ce que c'était des mensonges ?
04:04Là encore, c'est presque trop dans une case.
04:06C'est plus des espèces de contes.
04:08C'est-à-dire que nous, paraît-il qu'on a été les fruits d'un grand amour,
04:13donc l'amour avec Roger Nimier,
04:15qu'elle, c'était la mère la plus exceptionnelle,
04:18qui a toujours été à notre...
04:20Et en fait, en grandissant, en vieillissant même,
04:23tout est venu démontrer,
04:25beaucoup de choses sont venues faire s'écrouler ce château de sable,
04:29mais ça a été assez difficile pour l'adolescente,
04:32pour la jeune femme que j'étais,
04:34de vivre avec ces...
04:36On va les appeler les mensonges,
04:38puisque je ne suis pas en train d'écrire, je peux prendre un mot comme ça,
04:41ces mensonges, et puis la réalité, par exemple.
04:46Il a fallu que vous rétablissiez d'une certaine façon une forme de réalité,
04:50votre vérité.
04:52Et c'est là où ça a été très difficile,
04:55c'est qu'on n'était jamais dans la vérité avec elle.
04:59Il faut dire que c'est dans une collection qui s'appelle Traits et portraits,
05:03qui est une magnifique collection au Mercure de France,
05:06et où il y a aussi des facsimilés de correspondance,
05:10des photographies.
05:12Moi, j'adore...
05:14J'ai été très bouleversé notamment par une lettre
05:17qu'écrit Marie quand vous avez quel âge ?
05:208 ans, je ne sais pas, qui est reproduite dans le livre.
05:23On voit la calligraphie d'une petite fille
05:26qui écrit une déclaration à sa mère,
05:29qui est à pleurer de beauté,
05:31et où on se rend compte ce que c'est que cet amour qu'on a tous,
05:34pour nos parents, au départ,
05:36et qu'ensuite, quand ils partent,
05:38on se retrouve à enquêter,
05:40à découvrir qu'ils étaient différents,
05:42à exposer peut-être...
05:44Excusez-moi, mon saignage.
05:46Je n'ai pas du tout senti ça comme ça, moi.
05:48Ce que vous ferez aussi, de toute façon,
05:50vous allez découvrir des choses aussi sur votre père.
05:52Moi, je ne l'ai pas senti comme ça.
05:54Mais quand même, vous nous produisez ces documents qui sont très émouvants.
05:57J'étais très tapée de ma mère quand j'étais petite,
05:59et je me suis assez vite détachée,
06:01parce qu'il y avait quand même du poison là-dedans,
06:04et que la séparation a été très difficile,
06:08c'est-à-dire que, moi, je pense que,
06:10comme toutes les petites filles, à un moment,
06:12je suis devenue adolescente et j'étais prête à partir,
06:14mais elle, à ce moment-là,
06:16a jeté, a tissé ses filets,
06:18a jeté comme l'araignée de Louise Bourgeois,
06:21comme ça, et que ça a commencé à être très difficile.
06:26Mais en fait, l'amour-passion, c'est terminé quand même assez jeune.
06:30Mais est-ce que c'est là que vous vous êtes rendu compte
06:32qu'elle vous avait trouvé laid à la naissance,
06:34ou qu'elle vous avait même un peu abandonné,
06:37d'une certaine façon, pendant un certain temps,
06:39à une nourrice dès la naissance ?
06:41C'est-à-dire, le laid à la naissance,
06:43c'est l'anecdote que ma mère aimait raconter pour mon anniversaire.
06:47C'est pas le fait qu'elle ait dit au bébé,
06:50mon Dieu, qu'il est très laid,
06:52qu'il est laid,
06:54mais c'est le fait qu'elle le re-répète, ça pose question.
06:57Je lui en veux pas pour ça,
06:59mais c'est juste, tout d'un coup, ça me met des doutes.
07:02C'est-à-dire, cette enfance bienheureuse,
07:04cette mère formidable, géniale,
07:06qui comprend tout, qui est toujours d'accord pour tout,
07:09tout d'un coup, je me dis, c'est bizarre, quand même.
07:11Et viennent, comme ça, s'accumuler les preuves,
07:15et les récits des amis aussi, etc.,
07:18qui montrent quand même une mère très inconséquente, on va dire.
07:23Il y a un autre épisode.
07:25Vous allez encore vous fâcher.
07:27Non, non, je me fâche.
07:29Vous avez un petit ami qui vous dit
07:32qu'il a l'intention de draguer aussi votre mère.
07:36C'était plutôt les petits amis de ma mère qui me draguaient,
07:38c'était dans l'autre sens.
07:40Il y a les deux choses, peut-être.
07:42Et les amis aussi, d'ailleurs.
07:44Les frontières étaient très, très perméables.
07:48Tout ça se passe dans une époque aussi
07:50où peut-être on perdait aussi la notion de la séparation
07:53entre les générations, j'ai l'impression.
07:55C'est en tout cas un point commun avec mon livre.
07:57Ça commence, oui.
07:59C'est-à-dire que les pères et les mères
08:02fréquentent les amis de leurs enfants,
08:04et puis tout ça semble naturel et tout,
08:07alors qu'en fait, pour les enfants,
08:09c'est très important de séparer les choses.
08:11Ce qu'il faut préciser, d'ailleurs,
08:13on va le retrouver bien sûr chez vous, Frédéric Becbédé,
08:15c'est que cette mère, à des circonstances atténuantes,
08:20oui, dans les documents dont vous parliez,
08:22que vous découvrez, vous allez par exemple découvrir
08:24que vous aviez un demi-frère,
08:26et que tout ça, et cette vie avec Roger Nimier,
08:28n'a jamais été facile pour elle.
08:30Vous l'aviez déjà écrit, bien sûr.
08:32Oui, mais non seulement elle n'était pas facile,
08:34mais elle était d'une violence inouïe.
08:37Alors voilà ce qu'est devenue cette mère aussi,
08:40sous cette influence-là et sous ces épreuves-là.
08:45Oui, beaucoup d'épreuves.
08:47C'est-à-dire que le monde des hommes dans ce livre
08:49est assez catastrophique.
08:51Non, c'est vrai.
08:52Bien sûr.
08:53Oui.
08:54Roger Nimier, pas reluisant,
08:57et très violent, alcoolique violent,
09:00enfin voilà, c'est-à-dire qu'on a d'un côté
09:02le grand écrivain, là aussi,
09:03une espèce de chose brillante, magnifique,
09:06qui m'est présentée dès mon enfance,
09:08fille d'un grand écrivain,
09:10mais en même temps, l'homme qu'il était,
09:12et donc le papa,
09:14était plutôt médiocre et plutôt malveillant.
09:18Oui, vous l'avez déjà raconté dans La Reine du silence.
09:20Et même un époux plus que répréhensible.
09:24Oui, enfin, répréhensible, là encore,
09:26il n'y a pas de morale là-dedans.
09:28Mais enfin, disons que les faits...
09:29Infidèles.
09:30Voilà.
09:31Oui, mais ça, c'est pas ça qui est très grave,
09:34mais il s'est montré quand même très inconséquent.
09:36Inconséquent.
09:37Donc on révèle, en effet, des choses qui sont...
09:41D'ailleurs, j'ai appris après le premier livre,
09:44donc après La Reine du silence,
09:46j'ai reçu des lettres, des choses,
09:48tout ça est présent dans le livre,
09:50qui m'ont donné envie de partir sur la route
09:52du portrait de la mère.
09:54Vous avez prononcé moins conséquent pour les deux.
09:56Vous avez dit inconséquent pour les deux,
09:58la mère et le père.
09:59Oui.
10:00Mais ce qui est marrant, c'est que c'est un mot
10:02qui est aussi une qualité.
10:04Et le problème, c'est que les qualités d'écrivain,
10:08la conséquence, le dandisme,
10:10vous voyez, une forme de je-m'en-foutisme constant,
10:14c'est respectable pour une posture d'écrivain,
10:18et c'est complètement nul dans la vie privée.
10:20C'est un comportement de connard, en fait.
10:23C'est clair.
10:24Oui.
10:25Je vous le fais pas dire.
10:26En tout cas, par rapport à des enfants qu'on est censé élever.
10:28Exactement.
10:29Et donc, si vous voulez,
10:30autant on l'aime pour sa désinvolture comme styliste,
10:34et puis comme homme,
10:36et ça devait être quelqu'un de très insupportable.
10:38Voilà.
10:39Et surtout pour sa famille.
10:40Je pense qu'il était merveilleux pour les autres gens aussi.
10:42Oui, sûrement.
10:43C'était un très bon ami, etc.
10:45Et ma mère, elle a été géniale pour plein de gens.
10:47Elle a eu plein de filles adoptives
10:49qu'elle a énormément aidées.
10:51Dès qu'elle pouvait,
10:52de toute façon, dès que quelqu'un avait besoin d'elle,
10:54elle y allait.
10:55Et elle adorait aider les gens,
10:57leur faire des cadeaux,
10:59surtout si c'était mes amis,
11:01qu'elle pouvait mettre la main dessus.
11:03Voilà.
11:04Et moi, je me suis mis...
11:05Une volonté de contrôler un peu les choses.
11:07Ça me fait penser vraiment à mon père aussi,
11:10parce qu'une de mes grandes douleurs,
11:12c'est d'avoir l'impression que j'aurais été mieux
11:14si j'avais été un de ses potes,
11:16plutôt que son fils.
11:17Vous voyez ?
11:18Je pense que c'est des gens...
11:19Il valait mieux être leur copain,
11:20parce qu'alors là, c'était beaucoup plus marrant
11:22que d'être leur enfant.
11:23C'est déjà pas mal en même temps, Frédéric.
11:24C'est pas un rejet total.
11:25Non, bien sûr.
11:26C'est ce qu'on va dire, bien sûr, dans la vie.
11:27Non, mais ni l'un ni l'autre, on n'est pas dans un rejet.
11:30On aurait aimé...
11:32Si on avait pu les aimer,
11:33on les aurait aimés beaucoup.
11:34Oui.
11:35Je dirais quelque chose comme ça.
11:36Oui, c'est vrai, c'est joli.
11:37Alors, votre livre s'appelle « Un homme seul ».
11:39Frédéric Beigbeder, je rappelle que vous avez été
11:41chroniqueur, journaliste,
11:43vous avez écrit votre premier roman à 25 ans,
11:45« Mémoire d'un jeune homme dérangé ».
11:46Vous avez reçu l'Interallié en 2003
11:48pour Windows and the World,
11:50le Renaudot en 2009 pour un roman français.
11:52Vous avez réalisé des films aussi,
11:54écrit de nombreux romans,
11:56souvent avec une part de vous-même, bien sûr.
11:58Et là, cette fois, ça s'appelle « Un homme seul »
12:01parce que vous y parlez de votre père,
12:02qui est mort, Jean-Michel Beigbeder,
12:04il y a peu de temps.
12:06Et j'allais dire, directement,
12:08sans faire le malin,
12:10sans vous mettre en avant,
12:12d'une certaine façon...
12:13Ça va être difficile.
12:14Ça va être difficile, Jean-Michel Beigbeder.
12:16Franchement, vous demandez l'impossible.
12:18Mais attendez, attendez.
12:20C'est un peu le propre de ce livre.
12:22Ou peut-être vous baissez les armes,
12:23est-ce qu'on peut dire ça comme ça ?
12:25Je pense que l'état d'émotion
12:27dans lequel on est
12:29quand on perd son père
12:31ou sa mère,
12:34c'est un mélange
12:36de tellement de sentiments
12:38qui s'entremêlent
12:40que, du coup, écrire
12:42aide à y voir plus clair.
12:44Alors...
12:45Oui, mais vous pourriez écrire
12:46en voulant épater la galerie.
12:47On peut toujours, même si on a de la douleur
12:49et une émotion sincère,
12:50on peut dans l'écriture.
12:51Et là, je trouve que, d'ailleurs,
12:53les deux livres vont
12:55dans une forme de simplicité.
12:57Enfin, de...
12:58Pas d'esbrouf, je dirais.
13:00Je pense qu'en même temps,
13:02au départ, je l'ai commencé
13:04sans savoir si je publierais.
13:06C'était vraiment pour
13:08essayer de mettre noir sur blanc
13:10des malaises, des silences,
13:12d'essayer de comprendre
13:14cet homme qui reste
13:16quand même pas mal un inconnu
13:18pour moi et pour mon frère.
13:20Voilà, on a découvert
13:22qu'il avait une autre identité,
13:24une autre nationalité.
13:25Vous aussi, vous faites des recherches
13:26et vous tombez sur des photos,
13:27des passeports...
13:28Il était américain,
13:29il s'appelait William Harbin aux Etats-Unis
13:31et en France, il s'appelait Jean-Michel Beigbeder.
13:33Et puis, c'est tout ce qui arrive
13:35quand on doit organiser un enterrement,
13:37aussi.
13:39Le corps...
13:41Tout un tas de choses qu'on découvre.
13:43Et puis, c'est...
13:45C'est devenu un livre, mais honnêtement,
13:47je ne savais pas
13:49si j'allais ou pas le publier.
13:51C'est aussi, formellement,
13:55agiter tous ces sentiments
13:57qui s'entrecroisent, de chagrin
13:59et aussi de révolte,
14:01de colère...
14:03De souvenirs négatifs...
14:05Enfreindre la pudeur, aussi,
14:07sans exhibitionnisme,
14:09mais en même temps, se dire qu'il faut...
14:11Là, maintenant, c'est une question de survie,
14:13je veux savoir qui c'est,
14:15d'où je viens,
14:17qui je suis, moi aussi,
14:19et qu'est-ce que c'est qu'être un homme,
14:21aujourd'hui, aussi, peut-être,
14:23par rapport à cette génération.
14:25Ça fait beaucoup de raison de le publier, finalement.
14:27Vous-même, on va en parler,
14:29vous le décrivez comme un homme brillant,
14:31il a été chasseur de tête, un brillant chef d'entreprise,
14:33dandy,
14:35séducteur,
14:37qui oublie un peu ses enfants,
14:39les deux fils, qui est très tôt divorcé,
14:41donc il ne s'occupe peu de vous...
14:43Oui, mais comme toute cette génération.
14:45Comme cette génération.
14:47Vous appelez, d'ailleurs, ça un homme seul.
14:49Parce que vous allez chercher,
14:51et comme, d'ailleurs, Marie le fait,
14:53pourquoi il est comme ça ?
14:55Et c'est ce qui nous intéresse, bien sûr.
14:57Et là, vous décrivez son enfance,
14:59qui est une enfance malheureuse, douloureuse.
15:01Et bien, là encore, pour beaucoup
15:03d'hommes de cette génération,
15:05c'était normal, mais les parents les exilaient
15:07dans des prisons, parce qu'on appelle ça...
15:09Et pourtant, famille bourgeoise, Frédéric.
15:11Oui, famille bourgeoise,
15:13qui aurait pu avoir, par exemple,
15:15une nounou à domicile.
15:17Mais non, il était dans un endroit
15:19où il y avait des cachots,
15:21où il y avait des cellules fermées.
15:23Oui, c'est ça.
15:25C'est à 5h du matin,
15:27à 19h, ils étaient
15:29en uniforme,
15:31dans le froid.
15:33À partir de l'âge de 8 ans.
15:35On peut se dire, mettre un enfant en pensionnat
15:37à 14-15 ans,
15:39c'est déjà dur,
15:41mais à 8 ans, c'est inimaginable
15:43aujourd'hui. Mais c'est quelque chose qui était normal.
15:45Et c'est ce qui fait qu'il est...
15:47Enfin, c'est ce que vous sous-entendez,
15:49mais on le comprend bien.
15:51Quand on a vécu cette enfance et l'adolescence,
15:53on est forcément, après, un homme
15:55entre guillemets, égoïste,
15:57solitaire...
15:59Ou, en tout cas, on a appris à être un individualiste
16:01dans ces conditions très difficiles
16:03de froid, de faim,
16:05de châtiment corporel,
16:07et puis de peur aussi.
16:09Et n'oublions pas la guerre, qui était juste avant.
16:11Et donc, c'est des hommes
16:13qui n'ont pensé qu'à se libérer
16:15de toutes les entraves.
16:17À partir des années 60, c'était
16:19l'hédonisme total,
16:21et c'est incompatible avec une vie de famille,
16:23évidemment. Donc c'était des consommateurs,
16:25des séducteurs,
16:27des voyageurs aussi,
16:29et un peu aventuriers.
16:31Vous l'accompagnez de temps en temps avec votre frère,
16:33et qu'il vous abandonne un peu dans la chambre d'hôtel.
16:35Tout ça dans une sorte de luxe un peu effréné,
16:37mais c'est sa vie.
16:39Oui, tout ça pour aller draguer des filles
16:41différentes tous les soirs.
16:43Oui, alors c'est un modèle de père assez
16:45féerique, fascinant...
16:47C'est un modèle, on peut dire un modèle fascinant.
16:49Oui, mais je l'ai admiré énormément,
16:51et je pense que si j'ai été l'homme
16:53que je suis, c'est aussi parce que
16:55j'ai voulu l'imiter.
16:57Et en même temps, là maintenant,
16:59je regarde tout ça aussi avec
17:01circonspection,
17:03et puis comme la société, d'ailleurs.
17:05La société juge très sévèrement ces hommes-là.
17:09Alors qu'est-ce qu'on en garde ?
17:11Elle a été moins sévère à un moment, oui, c'est vrai.
17:13Elle a été plus permissive à un moment.
17:15Et les années 70,
17:17je peux vous dire que nous, mon frère et moi,
17:19on était en pyjama au milieu
17:21de soirées invraisemblables.
17:23Je précise d'ailleurs que pour la mère de
17:25Marie Nimier, dont vous faites
17:27ce portrait, encore une fois
17:29en ombre et lumière, complexe,
17:31sa propre mère, c'est pour ça qu'on parle de l'enfance,
17:33n'était pas tendre avec elle, c'est ce que vous dites aussi.
17:35C'est ce qu'elle me raconte.
17:37C'était une femme assez extraordinaire
17:39que j'aurais bien aimé connaître un peu mieux,
17:41parce qu'elle était sculptrice, elle pilotait son avion...
17:43Elle sculpte Paul Valéry.
17:45Elle sculpte Paul Valéry, qui tombe mêlée,
17:47tapée de ses petites mains qu'il sculpte.
17:49Et il y a une
17:51correspondance incroyable de Paul Valéry
17:53qui est déposée à la Bibliothèque nationale
17:55et qui est publiée aussi.
17:57Il y en a quelques extraits dans le livre.
17:59Et donc il y a ça aussi.
18:01Il y a quand même le passé.
18:03Mais qui a pesé sur elle aussi.
18:05Qui a pesé, parce qu'en tout cas,
18:07elle dit qu'on ne s'est pas occupé d'elle.
18:09Et ce qui est sûr, c'est qu'elle n'a pas pu faire d'études.
18:11C'est-à-dire que le papa a dit
18:13que pour une fille, 6 mois au cours pigé,
18:15ça va suffire.
18:17Donc une jeune fille très intelligente,
18:19très vive,
18:21il a vraiment fallu qu'elle se batte.
18:23Donc je l'admire pour ça.
18:25Comme le père de Frédéric Sebatu.
18:27Les enfants ne sont considérés
18:29comme des personnes que depuis Françoise Dolto.
18:31C'est vraiment récent.
18:33Mais c'est vrai, c'était des objets.
18:35Et on s'en occupait
18:37très peu.
18:39Et on ne leur donnait pas confiance en eux aussi.
18:41C'est très récent de dire
18:43je t'aime à son enfant pour qu'il ait de la force.
18:45Ça n'existait pas.
18:47Par exemple, vous, quand vous vous mettez à écrire,
18:49Frédéric Beigbeder,
18:51vous cherchez aussi son approbation à ce père ?
18:53Même son admiration ?
18:55Sûrement,
18:57mais je ne l'ai jamais reçu.
18:59Il n'a jamais lu un seul de mes livres.
19:01Vous êtes primé, vous êtes reconnu,
19:03l'un et l'autre.
19:05Rien du tout. Il disait,
19:07c'est Charles Dickens.
19:09C'est intéressant qu'il cite Charles Dickens.
19:11Ça clôt le débat.
19:13C'est Charles Dickens qui est vraiment
19:15l'écrivain sur l'enfance maltraitée,
19:17qui était la sienne.
19:19C'est intéressant qu'il ait cité Dickens.
19:21Ça me touche d'ailleurs de penser
19:23que c'était sa référence.
19:25J'ai été très soutenue par ma mère,
19:27sur mon travail.
19:29C'est elle qui m'avait fabriquée.
19:31Si j'écrivais des bons livres,
19:33si j'avais des prix,
19:35ça rejaillissait aussi sur elle.
19:37Elle était très fière de moi.
19:39Elle m'a toujours soutenue.
19:41Je ne parle pas du tout de maltraitance.
19:43Je parle juste de ce grand écart
19:45entre la vérité
19:47et quelques faits
19:49qui peuvent désinguer une personne.
19:51Pareil pour vous.
19:53Ce qui est très touchant dans le livre,
19:55c'est qu'il y a une forme d'autocritique
19:57par rapport à votre propre vie.
19:59Ce père vous a servi de modèle
20:01et vous avez reproduit certaines choses.
20:03Vous le regrettez un peu.
20:05Oui, bien sûr.
20:07Personnellement,
20:09je commence à avoir un certain âge
20:11et alors à faire des bilans.
20:13C'est normal.
20:15Et à questionner
20:17ce qu'a été ma trajectoire.
20:21Parfois, elle est en ombre et lumière.
20:23Je pense aussi
20:25que j'essaie
20:27de ne pas non plus
20:29faire de l'auto-flagellation.
20:31J'ai cette génération
20:33qui a été
20:35très hédoniste,
20:37très épicurienne.
20:39Je pense qu'aujourd'hui,
20:41les nouvelles générations les envient
20:43et les jalousent un peu.
20:45Aujourd'hui, il y a moins de liberté.
20:47Prenons un exemple très simple.
20:49La guerre.
20:51Il y avait des guerres
20:53tous les 20 ou 30 ans.
20:55Tout d'un coup, ils ont réussi
20:57à ce qu'il n'y en ait plus.
20:59On dit moins parce qu'on est plus menacé.
21:01Nous avons vécu 50 ans de paix totale.
21:03Cette génération-là
21:05a réussi un exploit.
21:07Il n'y a pas une nouvelle guerre.
21:09Ils se sont débarrassés de beaucoup de structures,
21:11dont la famille, mais aussi la religion.
21:13Il y a eu
21:15beaucoup de choses poussiéreuses
21:17pour la femme,
21:19qui ont permis de vivre des amours librement.
21:21C'était évidemment très important.
21:23Est-ce que
21:25vous diriez que pour les deux,
21:27il y a une réconciliation
21:29aujourd'hui avec votre père ?
21:31On peut dire
21:33que vous ayez été brouillés.
21:35J'ai l'impression d'avoir passé beaucoup plus de temps
21:37avec lui depuis sa mort,
21:39constamment en train de penser à lui,
21:41de réfléchir, de fouiner dans ses affaires
21:43comme un détective privé
21:45très indiscret.
21:47Et donc,
21:49de l'avoir rencontré
21:51grâce à ce livre.
21:53Et d'être apaisé par rapport à ça.
21:55Vous voyez, j'ai une voix très calme.
21:57Marie avait peur que vous...
21:59C'est de la suer une substance ?
22:01Non, pour une fois, non.
22:03Je me disais ça.
22:05Et vous, ce n'est pas des reproches ?
22:07Est-ce qu'il y a
22:09une réconciliation aussi, même s'il n'y a pas eu de reproches ?
22:11Non.
22:13Elle m'occupe
22:15beaucoup moins. Elle est plus à sa place.
22:17Et notamment
22:19depuis le livre ?
22:21Oui, pourtant, je suis obligée
22:23d'en parler.
22:25C'est surtout un objet qui va être
22:27partagé par plein de gens.
22:29Et maintenant, j'ai des gens qui viennent me parler de leur mère.
22:31Bien sûr.
22:33Qui auraient aimé écrire aussi
22:35sur ses mères.
22:37Il y a cette transmission qui fait beaucoup de bien.
22:39On se dit que c'est bien d'avoir dit ça.
22:41Ça autorise les gens à le penser.
22:43Il y a des choses...
22:45J'ai des retours
22:47qui me font plaisir.
22:49Est-ce que c'est la suite ou pas de
22:51La reine du silence ?
22:53Le côté obscur de la reine, il y a le même mot.
22:55La reine, c'est vous.
22:57Ce n'est pas elle.
22:59C'est elle et moi.
23:01C'est cette impossible séparation.
23:03Je suis la petite fille que son père
23:05appelait la reine du silence.
23:07Ma mère, c'est la reine-mère.
23:09Mes amis me disaient que j'allais voir la reine-mère.
23:11Comment ça va ?
23:13Il y a ce mot
23:15qu'on partageait.
23:17C'est tout le problème.
23:19C'est l'impossible séparation.
23:21Est-ce que vous avez pensé l'un et l'autre,
23:23Frédéric et Marie,
23:25à ce que vous en pensez
23:27du livre, vos proches, frères,
23:29en l'occurrence pour vous ?
23:31Moi, c'est très simple.
23:33Le reste de la famille.
23:35Je considère que le pouvoir
23:37de l'écriture est tellement violent
23:39qu'il faut faire très attention.
23:41Je fais très attention.
23:43Je fais lire le manuscrit.
23:45Je l'ai fait lire à ma mère et à mon frère
23:47avant publication, en leur disant
23:49de couper ce qu'ils voulaient.
23:51J'ai eu de la chance, ils n'ont rien coupé du tout.
23:53Mais je fais ça.
23:55Je pense qu'on a un pouvoir
23:57terrible d'être celui
23:59qui raconte l'histoire, qui n'est en fait
24:01que ma version de l'histoire.
24:03En revanche, ma mère m'a dit
24:05je t'interdis d'écrire sur moi.
24:07Le prochain,
24:09je n'ai pas le droit d'écrire sur elle.
24:11Et vous, Marie ?
24:13Moi, j'avais un peu peur
24:15qu'on nisse du déni.
24:17Mais non, ta mère t'adorait.
24:19Tu sais bien qu'elle t'adorait.
24:21Et en fait, curieusement,
24:23ta mère t'adorait parce que tout le monde
24:25est tout à fait d'accord sur moi.
24:27Quel courage d'avoir dit ça.
24:29Elle est très proche.
24:31Elle pensait la même chose que vous
24:33de cette femme, d'une certaine façon.
24:35Beaucoup aussi l'aimaient,
24:37l'admiraient et n'étaient pas dans ma position
24:39donc en souffraient moins.
24:41Beaucoup de gens m'ont remercié
24:43d'avoir écrit ce livre.
24:45Et là, j'étais...
24:47Je suis un peu déçue.
24:49Déçue que tout le monde
24:51soit d'accord avec ses horreurs.
24:53J'étais étonnée.
24:55Mais en même temps, ça fait tellement du bien
24:57d'être entendue aussi.
24:59Et comment vous expliquez l'un et l'autre
25:01que dans cette rentrée littéraire,
25:03ça a été sûrement le cas en septembre,
25:05mais là, il y a énormément de livres,
25:07nous en avons parlé ici d'ailleurs,
25:09qui reviennent aux origines.
25:11Moi, j'ai l'impression que ça a toujours
25:13quand même un peu existé.
25:15Il y a des très grands livres sur les pères et les mères.
25:17Mais...
25:19On est dans une société
25:21qui a besoin d'analyser la génération
25:23d'avant, et c'est celle des années 60,
25:2550, 60,
25:27de l'après-guerre. Je pense que là, oui,
25:29on se pose beaucoup de questions.
25:31Déjà, parce qu'on les rend coupables
25:33de beaucoup de mots, de la pollution
25:35de la planète,
25:37d'un mode de vie qui était,
25:39comment on peut dire,
25:41toxique aujourd'hui,
25:43avec beaucoup de dommages collatéraux.
25:45Et puis, la remise en question
25:47dont je parlais
25:49du fonctionnement de la société,
25:51c'était positif, mais aussi négatif.
25:53Est-ce que c'était pour vous aussi
25:55le livre de la maturité ?
25:57C'est peut-être un peu banal comme question,
25:59mais en même temps, ça existe pour des écrivains
26:01qui ont commencé très tôt à écrire.
26:03Quelque chose que vous n'auriez pas...
26:05Les personnes sont mortes,
26:07mais vous sentez une évolution
26:09aussi dans la façon d'écrire,
26:11dans la façon d'aborder...
26:13Ça fait 15 ans que je l'écris, ce livre.
26:15C'est vraiment un livre de maturité,
26:17parce qu'il a eu plusieurs versions,
26:19et puis il a trouvé vraiment sa forme
26:21avec les documents dont Frédéric parlait,
26:23qui lui ont donné sa chair,
26:25qui l'ont structurée, qui l'ont nourrie.
26:27C'est vraiment un livre, pour moi,
26:29de la maturité, par rapport
26:31à celui qui a été publié il y a 20 ans,
26:33La Reine du silence.
26:35On voit bien, entre La Reine du silence
26:37et le côté obscur,
26:39je trouve la richesse
26:41de l'écriture.
26:43Et vous reveniez aussi
26:45dans Sirène,
26:47quand vous avez fait
26:49une tentative de suicide.
26:51Ça, c'était mon premier roman,
26:53mais il connaît mon oeuvre par cœur.
26:55C'est pour ça qu'on l'a invité, Frédéric.
26:57J'aime beaucoup.
26:59C'est vrai qu'il y a un pont
27:01entre le premier roman,
27:03La Reine du silence,
27:05et le côté obscur.
27:07Et ça, j'adore,
27:09parce que quand on écrit un livre,
27:11c'est comme une grande phrase
27:13qui continue et qui continue.
27:15C'est très beau quand les livres
27:17ne sont pas juste des petites anecdotes,
27:19des petits cadeaux qui ponctuent la vie.
27:21Il me reste à vous remercier infiniment
27:23d'être venus tous les deux
27:25pour ces deux beaux livres,
27:27touchants et sincères,
27:29et qui sont des sources de réflexion
27:31pour un homme seul, votre père,
27:33et vous, Marine Emier,
27:35le côté obscur de La Reine.
27:37Avant de nous séparer,
27:39quelques suggestions de lecture aussi.
27:41D'abord,
27:43le livre de Clotilde Salel.
27:45C'est un premier roman,
27:47donc c'est bien de le souligner,
27:49qui raconte l'histoire d'une petite fille
27:51dans une famille à priori normale,
27:53mais où va s'installer un certain trouble,
27:55nos insomnies.
27:57Et puis, Laurent Bazin,
27:59un livre assez sensible
28:01sur les origines.
28:03C'est le journaliste Laurent Bazin
28:05qui évoque, lui aussi,
28:07la mort brutale en pleine rue
28:09de son père.
28:11Il évoque cette figure particulière,
28:13mythomane, manipulatrice,
28:15et c'est aussi tout à fait passionnant.
28:17Pour ma part,
28:19ça n'a rien à voir,
28:21c'est vraiment de la fiction,
28:23c'est Jean Echelot,
28:25c'est un de mes écrivains favoris,
28:27c'est un cinéaste un peu sur le retour,
28:29un peu paumé,
28:31qui va nous emmener en Afrique
28:33sur des tournages,
28:35et aussi avec une histoire
28:37de mort dans son immeuble,
28:39c'est Jean Echelot.
28:41C'est surtout une écriture,
28:43c'est une écriture et un esprit.
28:45Absolument, si particulière,
28:47et que, vraiment, moi j'admire énormément.
28:49Merci beaucoup, merci infiniment
28:51de nous avoir suivis,
28:53ça m'a fait très plaisir de recevoir nos deux invités aujourd'hui,
28:55on se retrouve très vite pour Au bonheur des livres,
28:57et vous pouvez bien sûr revoir cette émission sur notre site
28:59aubonneurdeslivres.fr, à très vite.