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Jeudi 30 janvier 2025, SMART BOURSE reçoit François Rimeu (Stratégiste senior, Crédit Mutuel AM) , François Collet (Directeur adjoint de la gestion, DNCA Investments) , Valentine Ainouz (Responsable Stratégie Fixed Income, Amundi Institute) et Nadia Gharbi (Économiste, Pictet Wealth Management)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:11à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 20h30 si vous ne suivez
00:15la télévision via vos box, émission que vous retrouvez parallèlement en replay chaque
00:19jour sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24Au sommaire de cette édition ce soir, une journée qui illustre bien le concept de divergence
00:30avec d'un côté une croissance américaine au quatrième trimestre qui tourne encore
00:34sur un rythme de quasiment 3% si on enlève notamment l'effet déstockage qui a pénalisé
00:39un petit peu la croissance américaine au quatrième trimestre qui ressort au final
00:42à 2,3% en rythme annualisé et puis de l'autre côté de l'Atlantique, une croissance en
00:48zone euro et en Europe qui s'est figée littéralement au quatrième trimestre avec des contributeurs
00:53négatifs comme l'Allemagne ou encore la France, croissance nulle donc pour la zone
00:57euro.
00:58Traduction en termes de décision de politique monétaire, la réserve fédérale américaine
01:02peut s'offrir une pause, le temps d'y voir plus clair notamment sur les politiques économiques
01:07qui pourraient être mises en place par Donald Trump et son équipe quand du côté de la
01:12Banque Centrale Européenne on n'a pas d'autre choix que de continuer à avancer vers le
01:17taux neutre avec une baisse de 25 points de base qui a été délivrée aujourd'hui,
01:21vous aurez tous les détails de ces réunions et de ces mouvements dans un instant avec
01:25Pauline Grastel.
01:26La croissance figée donc en zone euro, nous y reviendrons avec toujours ce schéma d'une
01:31croissance des pays dits périphériques, Espagne, Portugal, qui arrivent à s'en sortir
01:36beaucoup mieux que le cœur de la zone euro, la France et l'Allemagne étant à l'arrêt
01:41au quatrième trimestre et voire même en légère contraction selon les premières
01:45estimations qui ont été publiées, nous reparlerons spécifiquement des PIB publiées
01:50aujourd'hui en dernier quart d'heure de Smart Bourse avec Nadia Garbi, économiste
01:54chez Pictet Wealth Management qui sera avec nous en visioconférence et puis sur la partie
01:59action notamment des marchés, nous aurons l'occasion également de revenir sur ce thème
02:05de l'IA low cost qui est en train peut-être de s'accélérer avec l'avènement, en tout
02:11cas les percées qui semblent avoir été obtenues par la start-up chinoise DeepSeek,
02:15la tech US face à l'IA low cost, on a déjà quelques réactions à travers les commentaires
02:21qui ont été faits par de grands patrons de la tech à l'occasion de la publication
02:24de leurs résultats, on pense notamment à ceux de Microsoft hier soir ou encore de Apple
02:29qui sera à suivre ce soir.
02:41Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel vous apporte
02:44les infos clés du jour sur les marchés, bonsoir Pauline, journée chargée donc pour
02:49les investisseurs.
02:50Oui à la une de cette journée c'est évidemment la BCE qui abaisse son principal taux directeur
02:55pour la cinquième fois depuis juin dernier, le principal taux directeur est ramené de
02:583 à 2,75%, après cela les indices européens évoluent globalement dans le vert avec un
03:04CAC 40 autour de 7 930 points.
03:06Bon la Banque Centrale Européenne qui réduit encore d'un cran la dose de restriction monétaire
03:12qu'elle applique encore aujourd'hui face à une économie qui s'est montrée à la peine
03:17en fin d'année dernière.
03:18Oui on a pris connaissance de la croissance, au quatrième trimestre la croissance du PIB
03:23en zone euro a stagné à 0% avec des contributions négatives de la France, moins 0,1% et de
03:29l'Allemagne, moins 0,2%.
03:31Au final la croissance en zone euro sur l'ensemble de 2024 s'établit à plus 0,7%.
03:37Aux Etats-Unis la croissance du quatrième trimestre ressort à 2,3% en rythme annualisé,
03:43sur l'ensemble de 2024 la croissance américaine ressort à 2,5%.
03:47Bon après toutes ces données et informations, que dire des mouvements et de l'état des
03:51lieux qu'on observe sur le marché obligataire ?
03:53Les taux continuent de se détendre un peu dans le sillage du discours de Jérôme Powell
03:57hier soir, sans surprise la Fed marque une pause dans son cycle de baisse des taux en
04:01attendant d'y voir plus clair, notamment sur les choix politiques qui seront mis en
04:04oeuvre par Donald Trump et son équipe.
04:07Le disant américain tourne autour de 4,5%, l'euro-dollar se traite au-delà de 1,04%.
04:12Bon et puis du côté des résultats d'entreprises, les magnifiques ont commencé à publier hier
04:16soir.
04:17Oui, commençons par Meta qui dépasse les attentes avec un bénéfice net de 21 milliards
04:20de dollars et un chiffre d'affaires de presque 50 milliards sur le quatrième trimestre.
04:24Mark Zuckerberg promet que l'année 2025 sera une année intense pour Meta en termes
04:29de développement d'IA, le titre ouvrant hausse de 3%.
04:32Bon, Microsoft s'est également plié à l'exercice de la publication de ses résultats
04:35trimestriels, dans ce moment un peu particulier où les interrogations montent sur l'avènement
04:43d'une forme d'IA low-cost et les percées de deep-seek.
04:46Oui, la publication ne suffit pas à rassurer les investisseurs malgré un bénéfice de
04:5024 milliards de dollars au quatrième trimestre, le chiffre d'affaires étant en hausse de
04:55plus de 10% à 70 milliards de dollars sur la période, c'est la branche cloud de Microsoft
05:00qui déçoit particulièrement avec des résultats inférieurs aux attentes, le titre ouvrant
05:04repli de plus de 5%.
05:05Et puis Tesla était le troisième des 7 magnifiques à publier ses résultats hier soir après
05:09la clôture.
05:10Oui, Tesla fait état d'un bénéfice net en hausse de 3% sur le quatrième trimestre
05:14à 2,5 milliards de dollars, les résultats de Tesla sont inférieurs aux attentes à
05:18cause d'une régression des tarifs de vente notamment, mais bon, Elon Musk promet une
05:22année 2025 majeure dans l'histoire de l'entreprise avec les premiers véhicules autonomes de
05:27la marque, le titre ouvrant hausse de plus de 5%.
05:30Du côté des publications des groupes français au sein du CAC 40, ST Micro est encore à
05:35la peine avec une lourde sanction après sa publication.
05:38Oui, le titre cède en effet plus de 9% au cours de la séance après avoir fait état
05:42de résultats en très net recul, les perspectives restent compliquées notamment sur le segment
05:47automobile et industriel.
05:48Eurofins scientifique a également rendu sa copie.
05:51Oui, le groupe fait état d'un chiffre d'affaires annuel record à 7 milliards d'euros en 2024
05:55et dépasse donc son précédent record inscrit pendant le Covid.
05:59Malgré tout, le titre cède 3%.
06:01Enfin, Sanofi fait état de vente record de vaccins en 2024.
06:05Le groupe annonce un rachat d'actions de 5 milliards d'euros cette année.
06:08Le titre est en hausse d'environ 2%.
06:10Bon, et puis encore pas mal d'informations à digérer demain pour les investisseurs au
06:13terme d'une semaine qui aurait été particulièrement dense.
06:15Oui, ils prendront connaissance demain de l'indice PCE américain de décembre en France
06:20et en Allemagne. L'indice des prix à la consommation sera publié pour le mois de janvier.
06:24Enfin, côté micro, les investisseurs arbitreront les résultats d'Apple publiés après la
06:28clôture et demain les résultats d'ExxonMobil seront publiés.
06:32Tendance mon ami.
06:32Chaque soir, en ouverture de Smart Bourse, Pauline Grattel vous apporte les infos clés
06:36du jour sur les marchés.
06:47Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:51Valentine Ennouz est avec nous, responsable de la stratégie Fixed Income chez Amundi
06:54Institute. Bonsoir, Valentine.
06:57François Collet est à nos côtés également, directeur adjoint de la gestion de DNCA.
07:00Bonsoir, François. Et François Rimeux nous accompagne ce soir, stratégiste senior
07:05chez Crédit Mutuel Asset Management.
07:07Bonsoir, François. Merci d'être là.
07:09Ravis de vous retrouver tous les trois.
07:11François Rimeux, je vous passe la parole sur le bilan de ces décisions de
07:16politique monétaire.
07:19Intéressant, la Fed peut s'autoriser une pause, visiblement, quand l'ABCE n'a pas le choix
07:24de s'autoriser une pause à ce stade.
07:26C'est ce qu'on comprend quand même de cette séquence.
07:28Je ne suis pas sûr si intéressant décrivent bien ce qu'on a vécu hier soir et aujourd'hui.
07:32On n'a été vraiment absolument pas surpris par les décisions.
07:35Tout a été attendu.
07:37Il n'y a pas de surprise. L'économie américaine va très bien.
07:40Pouaille fait une pause. C'était largement attendu.
07:43Unanime.
07:44Oui, c'est unanime.
07:46Et qu'à la BOE, on a des votes qui ne sont pas unanimes, mais non, c'était
07:51complètement attendu. Le 18 décembre, il y avait un petit changement, un changement
07:54de ton qui était très clair et logique après les chiffres d'emploi et d'inflation
07:57qui étaient sortis de manière très robuste pendant le Q4.
07:59Et là, on est sur la même tendance.
08:01Et la BCE, c'est un peu l'inverse.
08:03La zone euro n'a pas de croissance, a moins de signes inflationnistes, même si on a encore
08:08des hausses de salaire un peu trop fortes.
08:09Et donc, la BCE n'a pas d'autre choix que de continuer à baisser gentiment ses taux.
08:12Mais tout ça a été complètement téléguidé.
08:15Il n'y a pas de surprise.
08:16Donc, il n'y a aucune surprise.
08:17C'était la partie facile, j'ai envie de dire, jusqu'à présent.
08:20Cette pause de la Réserve fédérale américaine, comment vous la comprenez ?
08:24Alors, il y a eu un peu de nettoyage de la communication du statement préliminaire.
08:30Je crois que Jérôme Poel a voulu ne pas laisser surinterpréter le fait qu'on ait enlevé
08:36notamment une phrase qui indiquait que l'économie progressait vers 2% d'inflation, qu'on enregistrait
08:41encore des progrès vers 2% d'inflation.
08:43Il a recommandé de ne pas accorder trop d'importance à ce sujet-là.
08:46Néanmoins, quelle peut être la durée de la pause de la Réserve fédérale américaine
08:50à ce stade, avec les éléments d'information qu'on peut avoir ?
08:53C'est vraiment filigrane que mars est peu probable et que juin a l'air d'être la prochaine
08:58destination si jamais les chiffres d'inflation sortent conforme aux attentes.
09:02De toute façon, il n'y a que deux chiffres à regarder, c'est les chiffres d'inflation
09:04et les chiffres d'emploi.
09:05On a bien vu que pendant l'été, ils ont été plutôt décevants.
09:08Enfin, l'inflation basse et les chiffres d'emploi décevants, donc de 50 BP en septembre, l'inverse
09:13au Q4.
09:14Donc là, on est dans un environnement où les attentes sont assez élevées, contrairement
09:18au début 2024 ou début 2023, on avait des attentes faibles sur l'économie américaine.
09:22Là, c'est assez fort.
09:23Et donc, on a une posture assez au quiche, donc la première cible, a priori pour Powell,
09:27ça semble être juin comme prochaine potentielle baisse, mais ça va vraiment dépendre des
09:31chiffres en fait.
09:32Ils sont exactement comme nous, ils n'ont pas plus de boules de cristal que nous.
09:36Il y a deux chiffres à regarder, enfin deux chiffres un peu plus tard, l'emploi et l'inflation.
09:40Il n'y a que deux sujets.
09:42Valentin, comment vous regardez ? Alors, c'est décision, mais on peut commenter peut-être
09:46celle de la Fed hier soir, cette idée de pause, jusqu'où est-ce que ça peut nous emmener
09:50et qu'est-ce qui va faire ou non sortir la réserve fédérale américaine de sa pause.
09:56Emploi, inflation, il y a aussi, j'imagine, le facteur Trump qui va rentrer en jeu avec
10:02peut-être, offrant peut-être à un moment un peu plus de visibilité quand même sur
10:06les choix de politique économique et les impacts potentiels de ces choix de politique
10:11économique.
10:12Moi, je trouve que contrairement à la BCE, je trouve que la Fed est aujourd'hui dans
10:14une position très confortable et ce qui lui permet de marquer une pause qui s'explique
10:19pour trois raisons.
10:20Il y a une économie américaine qui est très résiliente.
10:22La croissance économique, elle est plus forte que ce à quoi il s'attendait sur tout le
10:26deuxième semestre.
10:27Après, on a une tendance à la désinflation qui est beaucoup moins forte par contre, une
10:33inflation qui reste plus élevée, c'est un peu gênant et il y a cette incertitude
10:37avec la politique de Trump.
10:38Donc aujourd'hui, il y a quand même, je dirais, si on regarde sur les marchés, il y a quand
10:42même une incertitude de la part des investisseurs sur où est-ce que va l'économie américaine.
10:48Est-ce qu'on va sur une économie où on continue d'avoir une croissance qui reste durablement
10:52au-dessus du potentiel avec une inflation qui peine à revenir à 2% ? Ce qui veut dire
10:56en gros pas de baisse de taux de la Fed.
10:58Ou est-ce qu'on est, comme nous on l'anticipe, beaucoup d'investisseurs aussi, une économie
11:03qui ralentit avec une inflation qui revient bien à 2%, peut-être évidemment pas cette
11:08année mais l'année prochaine.
11:09Donc maintenant, il y a ces deux scénarios.
11:13Après, il y a le troisième qu'on a un peu abandonné là, c'est ce scénario où rebonde
11:17l'inflation et à nouveau hausse de taux.
11:19Donc ce scénario un peu extrême, on l'a aujourd'hui abandonné.
11:22Les marchés sont revenus plutôt sur un scénario de deux baisses de taux.
11:26Mais on voit bien qu'aujourd'hui, ce n'est pas très clair sur quel scénario on va osciller
11:30sur les prochains mois.
11:32Il y a énormément, je dirais, d'incertitudes.
11:34Il y a certes l'incertitude Trump, indéniable, les tarifs douaniers, les baisses d'impôts,
11:40etc.
11:42Mais je dirais, il faut aussi prendre un peu de recul, tu n'es pas que Trump dans l'économie
11:46américaine.
11:47Oui, il est là depuis 4 ou 5, même pas 4 semaines, il est là depuis le 20 janvier.
11:52C'est quand même intéressant de rappeler qu'en général, il y a quand même une certaine
11:55continuité dans ce qui se passe.
11:57Et pour moi, ce qui est extrêmement important aux États-Unis aujourd'hui, c'est cette
12:00vague d'investissement qu'on a eue ces dernières années, qui a marqué une divergence très
12:04importante avec les États-Unis par rapport aux autres économies développées.
12:08Vague d'investissement, surtout dans tout ce qui est numérique, nouvelles technologies.
12:13La question pour moi, peut-être plus importante que les tarifs, etc., c'est qu'est-ce qui
12:18va sortir de cette vague d'investissement ? Quels vont être les gains de productivité
12:22qui vont faire suite à cette vague d'investissement ?
12:25Ce qu'on voit jusqu'à présent, depuis le Covid, c'est quand même une économie américaine
12:29et ça, c'est quand même génial, qui arrive à avoir des gains de productivité importants,
12:33alors qu'en zone euro, on est sur des gains de productivité.
12:36En France, ça baisse.
12:37Oui, oui, bien sûr.
12:38Quasi nul.
12:39Pour moi, c'est ça la question, si on est sur une économie qui arrive à générer
12:42des gains de productivité, ce n'est pas évident que la Fed aille franchement…
12:46Oui, avoir des taux à 4%, ça peut ne pas être un problème.
12:50Ça change un peu de régime.
12:51C'est cette question pour moi qu'on doit se poser aujourd'hui et qui n'est évidemment
12:56absolument pas évidente, la réponse n'est pas évidente, mais c'est cette question
12:58qu'on doit se poser.
12:59François Collet, comment vous réfléchissez au chemin naturel de l'économie américaine
13:03pour 2025 ? Et quand vous faites la balance des risques, quel est le risque principal
13:08qui peut peser sur l'économie américaine ? Est-ce que c'est celui d'un ralentissement
13:11qu'on attend depuis longtemps, qui pourrait être peut-être plus important que prévu
13:15ou est-ce que c'est une poursuite, voire une surchauffe qui continueraient de s'exacerber
13:21?
13:22Alors, les deux ne sont peut-être pas finalement si incompatibles que ça.
13:25On verra, effectivement, si on regarde l'économie et qu'on fait abstraction du politique,
13:32je pense que le risque, c'est une poursuite de la croissance américaine, c'est clair.
13:36Le politique fait qu'une des raisons de la surperformance de l'économie américaine,
13:45il y en a beaucoup, mais une des raisons, c'est la forte hausse de la population active
13:49et la forte hausse de l'immigration qu'on a eue au cours des dernières années.
13:52J'ai peur que cette hausse de l'immigration soit derrière nous et que dès lors, on ait
13:59un peu moins de croissance liée à moins d'afflux de travailleurs.
14:05Et finalement, si on a moins de travailleurs, ça peut vouloir dire qu'on a d'une part
14:09moins de croissance, mais également un petit peu plus d'inflation, en tout cas des tensions
14:13qui restent sur le marché du travail, puisque les entreprises auront du mal à trouver des
14:19travailleurs.
14:20Donc finalement, on peut avoir les deux, une économie qui ralentit avec une inflation
14:26qui reste un peu trop élevée, en tout cas le programme de base de l'administration
14:33américaine qui est en soi difficile à suivre, parce qu'ils vont faire évidemment plus de
14:41croissance, mais moins de dépenses publiques.
14:44Il y a quand même beaucoup d'incohérences dans leur programme, mais si on suit les deux
14:51outils principaux que sont les barrières douanières et un stop sur l'immigration,
14:56ça pousse à anticiper un peu moins de croissance et un peu plus d'inflation.
15:00C'est un peu l'idée stagflationniste, alors sans aller peut-être jusqu'à un régime
15:04de stagflation, mais il y a un peu cette idée-là dans ce que vous décrivez.
15:08Il y a un petit peu cette idée-là, alors il y a certaines forces désinflationnistes
15:12aux US que Jérôme Powell a évoquées hier soir, sur l'évolution des prix des loyers
15:19notamment.
15:20Néanmoins, j'ai tendance à exclure dans les trois scénarios qui ont été précédemment
15:27cités, j'ai tendance à exclure le scénario d'une hausse possible des taux de la part
15:31de la FEN.
15:32Je pense que Jérôme Powell est courageux, mais pas téméraire, il ne faut pas exagérer,
15:37ça me paraîtrait excessivement compliqué pour lui, déjà qu'il prend des tweets assassins
15:46suite à la réunion d'hier parce qu'il n'a pas baissé, mais alors monter ce serait
15:49un affront gigantesque et je donnerais peu de chère.
15:52Après, ça peut être juste les investisseurs qui anticipent, même s'il n'y a pas l'action
15:57de Jérôme Powell.
15:58Oui, mais in fine, ça me semble quasi impossible de voir une hausse des taux de la FEN.
16:03Aujourd'hui, c'est compliqué d'imaginer ce scénario.
16:06Donc, partons de ce principe, on aura soit un statu quo, soit une baisse ou des baisses.
16:12J'ai tendance à penser que le premier semestre de l'économie américaine va continuer sur
16:18un rythme élevé, mais qu'à un moment ou un autre, on va avoir cet effet ralentissement
16:22sur l'économie américaine, sans doute en deuxième partie de l'année.
16:26Donc, si la prochaine baisse se situe en juin, ça pourrait ne pas être non plus la dernière
16:30de ce cycle de cette année 2025 pour la réserve fédérale américaine.
16:35François Rimeux, sur la conversation entre Jérôme Powell et Donald Trump, alors une
16:40conversation à distance pour l'instant, puisque Jérôme Powell a dit qu'il n'avait
16:43pas eu de contact avec Donald Trump depuis sa réinstallation à la Maison-Blanche le
16:4820 dernier, ou avec les équipes de la Maison-Blanche, ça reste du théâtre, c'est un théâtre
16:56qui peut être un peu pesant quand même aussi, et pour Jérôme Powell peut-être, et pour
17:00les investisseurs et les marchés, toujours la question de la crédibilité, de l'indépendance
17:06derrière, etc.
17:07C'est sans doute pesant pour Jérôme Powell, ça c'est sûr, ça ne va pas être facile
17:11à vivre tous les jours.
17:12Dans le passé, il a déjà montré, à travers différentes communications, qu'il tenait
17:17assez à son indépendance et qu'il ne se laisserait pas faire, et que la Fed gardait
17:24toute son indépendance, donc je pense qu'il va rester sur cette ligne-là, tout en essayant
17:29de ménager Mr Trump, ce qui n'est pas forcément évident, donc le fait qu'il n'ait pas de
17:36contact, en fait, je pense que ça lui va assez bien, tant qu'il n'a pas de contact
17:40et tant qu'il ne se fait qu'attaquer par voie de presse, je pense qu'il peut gérer
17:44ça et continuer à mener sa politique comme d'habitude, et quand on regarde les textes
17:51de loi, ça semble quand même assez compliqué que Trump aille jusqu'à forcer un licenciement
17:56ou une destitution, on appelle ça comme on veut, mais ça semble un peu compliqué quand
18:00même.
18:01Donc je pense que le cas de base, c'est de se dire que Powell va aller jusqu'à son
18:04terme, tranquillement, et va continuer à mener sa politique, normalement, en tout
18:09cas pendant les 12 mois qui viennent, ensuite on verra, on verra qui est en tête de liste
18:15pour le remplacer, j'ai l'impression que Waller est un peu en campagne à les faveurs
18:20des pronostics aujourd'hui, il est passé bizarrement très doviche depuis quelques
18:25semaines, alors qu'il était quand même un peu moins auparavant, c'est pas le seul,
18:29ils sont tous un peu en campagne pour différents postes, donc on verra ce qu'il en est derrière,
18:33mais en tout cas pour les 12 mois qui viennent, je pense qu'on peut avoir un Powell normal,
18:38une fête avec une fonction de réaction qu'on connaît, donc assez logique.
18:42Et imperméable, quel que soit le niveau de critique que Trump pourrait soumettre, parce
18:47qu'à un moment on se dit que trop de critiques de Trump, ça peut aussi figer ou rédire
18:53un petit peu la position de la fête si elle devait chercher à effectivement baisser les
18:58taux, se dire qu'on n'a pas envie de donner l'impression qu'on le fait sous l'influence
19:05d'un flot de critiques émanant du Président.
19:08Je ne pense pas, je pense qu'ils garderont quand même un cap assez clair et que s'ils
19:15doivent baisser les taux parce que l'inflation, parce que l'emploi, parce que que sais-je,
19:19ils le feront normalement même si c'est dans le sens de Trump, je ne pense pas qu'ils
19:22iront à l'inverse en disant il veut absolument que je baisse les taux, je vais être au quiche,
19:27je ne pense pas que ce soit...
19:29Je ne vais pas marquer mon indépendance en faisant l'inverse de ce que les données me
19:33guideraient à faire.
19:34Entre guillemets, sa carrière est un peu derrière lui, il sait que la fin arrive, il va retourner
19:39au bord de sa réserve fédérale ensuite, donc c'est derrière lui, aujourd'hui son
19:44héritage c'est de laisser un truc assez propre, donc je ne pense pas que, en plus de ça,
19:49jouer à une guerre via médias interposés ou ce type de jeu-là avec Trump, c'est quand
19:55même très dangereux, très casse-gueule, et je ne vois vraiment pas ce qu'il aurait
19:59à y gagner, vraiment pas.
20:00D'accord avec ça, Valentin, s'il y a un mot à dire dessus, en plus...
20:02Non, pour l'instant, je pense que ce qu'on peut regarder dans la dernière conférence
20:05de presse, c'est qu'il est resté très très élégant.
20:07Alors, évidemment, l'administration Trump amène un niveau d'incertitude sur l'impact
20:13des mesures qu'ils peuvent prendre sur la croissance et l'inflation, donc ça ils le
20:16prennent en considération, mais après il a dit très clairement qu'il n'était pas
20:19là pour commenter les propos et les actions des hommes politiques, c'était très clair,
20:24c'était propre, moi je pense qu'il n'y a pas grand-chose à dire, c'était élégant,
20:27c'était droit.
20:28Et c'est sans doute la ligne qu'il va essayer de tenir pendant toute l'année.
20:31Comment vous réfléchissez, Valentin Chiamundi, à la question des tarifs ? Alors, évidemment,
20:36tout n'est que spéculation, on n'a pas les permutations aujourd'hui sur la table,
20:41mais c'est vrai qu'il y a l'idée chez Trump, et c'était quelque chose qu'il répétait
20:44dans sa campagne, en tout cas, il y avait eu cette phrase assez, je ne sais pas comment
20:49on la qualifiait, assez trumpienne, « nos amis ont plus profité des Etats-Unis de
20:54nous que de nos ennemis », donc ça c'est quand même l'état d'esprit dans lequel
20:57Trump, à travers lequel Trump regarde le monde, ce qui se traduit par des menaces très
21:05directes sur des pays partenaires historiques comme le Canada, ou le Mexique, dans une zone
21:11économique qui est censée être… Il parlait peut-être de son ami Xi Jinping ?
21:14Alors, oui, son ami Xi Jinping, peut-être que dans le monde renversé de Trump, effectivement,
21:20peut-être que l'ami c'est la Chine et l'ennemi c'était le Mexique, pourquoi
21:23pas ? Bon, enfin, sur le plan du partenariat commercial, je crois que, voilà, donc on
21:27a tous été un peu surpris de le voir s'attaquer, en tout cas, verbalement, à ces pays partenaires.
21:34Il y a l'idée qui semble être défendue par Scott Bisset, c'était le cas lors de
21:39son audition de confirmation devant le Sénat, d'une stratégie de tarif assez universelle,
21:43mais graduelle, partant de tarifs additionnels de 2,8% qu'on pourrait rehausser chaque
21:48mois. Je ne sais pas, dans les formules qui circulent, il y en a une qui est meilleure
21:52que l'autre ? Toutes sont négatives ? Le scénario de nos économies, c'est un
21:58peu un scénario de sactuation, c'est-à-dire que, voilà, ces hausses de tarifs douaniers
22:01contribueraient à augmenter l'inflation. C'est négatif croissance, c'est positif
22:05inflation. Je pense que Trump, c'est quand même un
22:08homme de négociation. C'est un homme qui aime les deals. Cette menace de tarifs douaniers,
22:17c'est quand même un outil pour obtenir ce qu'il veut. Et obtenir ce qu'il veut,
22:21c'est-à-dire qu'on est toujours, et ça c'est une continuité pour moi avec l'administration
22:25Biden, même si ça prend des formes très différentes, avec les Etats-Unis en premier,
22:31et avec la volonté de renforcer les investissements aux Etats-Unis, avec la volonté de protéger
22:37la fiscalité très basse des entreprises américaines, avec la volonté de déplacer
22:41les investissements des entreprises étrangères aux Etats-Unis. Donc il y avait vraiment toujours
22:45cette volonté de maintenir un niveau d'investissement élevé et de favoriser la fiscalité pour
22:52ces grandes entreprises. Pour moi, ces hausses, ces risques, ces menaces de hausse de droits
22:58de douane vont quand même pas mal dans ce sens-là.
22:59Donc vous avez le sentiment que Donald Trump se retiendra de punir le consommateur américain
23:07ou les entreprises américaines en les taxant, à travers des tarifs ?
23:10Il se retiendra, oui. Après, si il y a des hausses, je pense que ce sera ciblé, ce sera
23:19sur des produits. Mais ce qu'il veut vraiment aujourd'hui, et c'est ce qui était spécifique
23:23sur la Biden, c'est motiver les entreprises pour déplacer les investissements. Et ça,
23:27c'est ce qui avait déjà été fait. Et je pense qu'on va continuer sur cette lignée
23:32aux Etats-Unis.
23:34Comment vous réfléchissez à ces questions de tarifs, François ? Moi, j'ai eu quelques
23:37patrons en en parlant avec eux. Qu'est-ce que vous préférez ? Des tarifs qui peuvent
23:42progressivement monter chaque mois ? Chaque mois, on ne sait pas ce qui se passera le
23:46mois suivant. Donc une incertitude qui, finalement, perdure. Ou est-ce que vous préférez un
23:51one-off ? Allez, 10%, 15%, c'est réglé, on s'adapte, l'euro baisse et on passe à
23:57autre chose.
23:59Je pense que c'est sûr que tout le monde préfère un one-off. Oui, c'est ça. C'est
24:03certain. Mais malheureusement, l'incertitude est là pour durer. Elle pèse déjà. Elle
24:10pèse déjà, cette incertitude. Bien sûr. Donc malheureusement, je n'en sais pas plus
24:17que ce soit ici. Je ne sais pas si Donald Trump a lui-même la réponse de ce qui risque
24:22d'annoncer dans les prochains jours. Mais il faut attendre et puis on essaiera de prendre
24:30les dispositions nécessaires dans les portefeuilles en fonction des annonces qui seront faites
24:34d'ici là.
24:35Mais est-ce que ça peut être un effet, on achète la rumeur, on vend la nouvelle ? C'est-à-dire
24:39que l'incertitude des tarifs ou la menace, la perspective de tarifs, elle est déjà
24:43en partie dans les prix, j'imagine, aujourd'hui, quand on regarde l'Europe, par exemple.
24:48En partie.
24:49Le jour où c'est annoncé, est-ce qu'il peut y avoir presque, alors j'exagère peut-être
24:53un peu, mais un effet de soulagement ? Ça y est, enfin on sait et on réajuste un peu
24:58le tir en fonction.
24:59Ça dépend du niveau.
25:00Oui, bien sûr.
25:01Ça dépend du niveau.
25:02Ça dépend bien.
25:03Savoir ce qu'il y a de pricé dans les marchés et dans quels marchés aujourd'hui, c'est
25:07assez difficile. C'est certain que dans les parités de change, il y a une partie de tarifs
25:12qui est pricée, c'est certain aussi qu'il y en a une dans l'évolution des marchés
25:20equity avec les equities européennes qui ont largement sous-performé au cours du
25:24dernier trimestre de l'année dernière, qui rattrape en partie depuis le début de
25:28l'année, mais il va falloir, c'est encore une fois assez difficile, le positionnement
25:33d'investisseurs n'est toujours pas évident à appréhender.
25:37Donc oui, on va avoir de la volle, mais je pense qu'il faut être patient pour se
25:44faire une idée.
25:45C'est ce que dit Powell aussi d'ailleurs, il faut qu'on attende que ces mesures soient
25:51mises en place, de voir leur effet, de voir s'il y a des contre-mesures qui sont prises
25:55par d'autres pays et je pense qu'il ne faut pas se précipiter.
25:58C'est toute une séquence que Powell veut observer et Christine Lagarde aussi j'imagine.
26:05Justement, François Rimeux, sur la Banque Centrale Européenne, qu'est-ce que vous
26:08retenez ? Pas grand-chose n'a changé en fait, c'est ce que vous disiez, il n'y a pas de nouveau.
26:16On n'a rien appris et on n'attendait rien en fait, donc tout est conforme à ce qui
26:22était attendu lors de la dernière réunion de décembre, la croissance n'est toujours
26:26pas bonne, elle a plutôt tendance à être révisée encore légèrement à la baisse.
26:30Alors on peut faire un scénario « relativement positif » en tout cas par rapport aux attentes
26:35actuelles pour l'année 2025-2026 on va dire, si tout se met correctement en place pour
26:41la zone euro, mais il y a énormément d'incertitudes, à commencer par Trump mais pas uniquement,
26:46et donc on est toujours dans le même scénario d'une croissance faible, on a fait 0,7%
26:49en 2024, on avait fait 0,5% l'année d'avant, on attend 1% pour 2025, ce serait incroyable,
26:57mais bon on attendait 1,4% en septembre, on est déjà à 1%, donc on voit qu'on révise
27:01toujours à la baisse, le momentum est exactement le même, et donc on est toujours dans le
27:05même climat, donc la BCE va aller vers son taux neutre, qu'elle estime à je ne sais
27:11pas combien, 2, 2,5%, si on en croit les différents banquiers.
27:14La fourchette c'est 1,25%-2,50%, la fourchette théorique mesurée par le staff c'est 1,25%-2,50%.
27:19Oui alors j'ai l'impression que quand on est...
27:21Alors ça se resserre, selon les banquiers, selon ceux qui parlent, ça peut se resserrer un peu.
27:24En tout cas les plus écoutés, les schnabels et autres, sont plutôt à 2,5%, plutôt à 2 de plus,
27:30ce qui semble élevé pour la BCE, en tout cas pour ce qu'on peut faire en termes de
27:36croissance potentielle en zone euro aujourd'hui, ça semble quand même un peu élevé.
27:39Ils sont censés nous sortir un papier le 7 février sur le R-STAR, donc on verra ce qu'il en est.
27:45Le taux neutre réel.
27:46Il y a quand même peu de chances que ce soit très différent de ce qu'ils nous ont raconté là.
27:49Donc on est toujours sur cette même estimation, ce qui conforte le pricing de marché aujourd'hui
27:55puisqu'on est sur un taux terminal qui est autour de 2.
27:58Et donc voilà, on est toujours dans cet environnement-là, on va baisser de 25 points de base pour aller jusqu'à 2
28:02et puis après, on verra, mais il est probable qu'une fois qu'on sera arrivé à 2%,
28:08on ait toujours une croissance très faible en zone euro, parce qu'en fait...
28:11Et on s'aperçoive que c'est peut-être pas le taux neutre encore.
28:14C'est pas vraiment le problème, on en a d'autres.
28:16Et donc que ce taux est peut-être encore un peu trop élevé, mais il peut se passer tellement de choses entre maintenant et juin que c'est...
28:21Mais l'idée du tâtonnement pour l'instant, c'est le schéma, c'est la manière dont la fonction de réaction de la BCE va pas changer à la prochaine réunion ?
28:293-4 meetings, on a l'impression que c'est un peu tracé.
28:32Hormis choc, il peut toujours se passer un truc qu'on n'a pas vu évidemment.
28:37Si ça se passe comme prévu, c'est des croissances molles et inflation qui restent dans les clous,
28:42en gros, d'une désinflation progressive en zone euro.
28:45C'est assez connu, on va vers 2 et puis après on verra.
28:50On verra, donc on est à 2,75 taux de dépôt.
28:53Encore une fois, 2 c'est le taux neutre, on va dire, médian, je sais pas comment le qualifier.
28:59Mais il y a une limite haute à 2,5.
29:01C'est-à-dire qu'en mars, réunion du 6 mars, on va baisser encore de 25, on va être à 2,50 taux de dépôt.
29:06Là, on touche déjà une limite des bornes d'estimation du taux neutre au sens de la Banque Centrale Européenne.
29:14Si ça arrête à 2,50...
29:16Non, mais ce que je veux dire, c'est qu'elle pourra pas nous dire, comme elle nous disait tout à l'heure,
29:20est-ce qu'on va au taux neutre, j'en sais rien, on fera meeting par meeting.
29:23A 2,50, on touche la limite de leur estimation.
29:26Je pense que s'ils veulent s'arrêter en mars et s'arrêter à 2,50, il va falloir prévenir le marché assez rapidement.
29:31Parce que c'est pas ce que le marché a en tête, vu les prévisions de croissance, les prévisions d'inflation, ce qu'anticipe le marché de l'infra.
29:37Bref, c'est pas vraiment le scénario anticipé aujourd'hui.
29:40Donc, soit on a tout d'un coup un choc de productivité en zone euro qui arrive par magie,
29:45Lucie devient une IA qui fonctionne, que sais-je, il se passe un truc.
29:51Mais sinon, c'est trop.
29:53Et je pense que c'est quand même très peu probable.
29:57Vous voyez une BCE droit dans ses bottes, en tout cas qui ne va pas varier sur les prochains meetings,
30:02de sa ligne de conduite, graduelle, step by step, meeting par meeting, données par données,
30:07même si on regarde pas les points de données, on regarde quand même les données.
30:10Je pense que le mot tâtonnement, c'était vraiment le bon mot.
30:14Parce qu'ils n'ont même pas discuté d'une possible baisse de taux de 50 points de base.
30:19Même pas discuté.
30:21Alors, si on regarde aujourd'hui le momentum de croissance de la zone euro, il n'est vraiment pas bon.
30:27Avec des croissances qui reculent en Allemagne et en France.
30:31Et surtout, ce qui est quand même intéressant, c'est la dernière enquête près de la BCE.
30:35On voit que les conditions de crédit pour les entreprises se sont resserrées au dernier trimestre.
30:41Alors qu'on est dans une phase d'assouplissement de la politique monétaire.
30:46On peut mettre ça sur le compte du délai de transmission de la politique monétaire ?
30:53Non, c'est très simple. C'est expliqué d'une hausse des incertitudes de l'environnement.
30:58Les banques sont assez prudentes parce qu'elles voient les dynamiques de croissance qui ne sont pas bonnes.
31:03Quand on regarde les taux de défaut en France, en Allemagne, ils sont en hausse.
31:07Aujourd'hui, les banques sont très frileuses pour prêter.
31:10Elles durcissent les conditions d'octroi de prêt aux entreprises.
31:13C'est quand même pas très bon.
31:15Si l'Espagne et l'Italie se portent bien, les dynamiques sur les marchés de l'emploi en France et en Allemagne sont franchement mauvaises.
31:24En Allemagne, on a plus de 100 000 chômeurs l'année dernière.
31:28En France, par contre, l'Allemagne est pénalisée par le secteur manufacturier.
31:34Si on regarde la production industrielle, elle est 15% en dessous du pic qu'on avait avant Covid.
31:40Le marché de l'emploi n'a toujours pas été impacté.
31:43Globalement, 20% des emplois viennent du secteur manufacturier.
31:47La dynamique est extrêmement mauvaise.
31:51En plus, en zone euro, on est face à des problèmes structurels de déficit en investissement.
31:57Même si c'est juste une question de taux, on est tous d'accord autour de cette table, c'est évident.
32:02Mais la variable taux est quand même assez importante.
32:06C'est une condition peut-être nécessaire, mais pas forcément suffisante.
32:10Il est quand même urgent pour moi que la BCE baisse ses taux rapidement.
32:14Vous auriez aimé voir 50 points de base aujourd'hui ?
32:17Moi, oui.
32:19Après, je pense que ce qui va être intéressant, c'est s'il y a un changement dans le discours de la BCE.
32:26On est toujours sur un discours de reprise avec la baisse de l'inflation, les revenus réels positifs.
32:32Est-ce qu'à un moment, on va avoir un changement ?
32:36On va devoir avoir une politique monétaire qui soutient l'économie.
32:42À un moment, on pourrait avoir ce changement-là.
32:46Qu'est-ce qui pourrait faire varier la fonction de réaction actuelle de la BCE, François ?
32:53Est-ce que les 5 baisses de taux depuis juin dernier commencent déjà à se transmettre en partie dans l'économie ?
33:01Ou est-ce qu'on est encore en train de vivre avec le choc de la restriction monétaire des trimestres précédents ?
33:11Je pense que la BCE ne va pas faire 50 BP.
33:14Pourquoi ? Parce qu'elle n'a qu'un seul objectif.
33:16Son objectif, c'est l'inflation.
33:18L'inflation des services est toujours à 4 % dans l'euro.
33:20Je pense que c'est la raison pour laquelle ils ne peuvent pas baisser trop vite.
33:24Évidemment, s'ils avaient un objectif dual ou s'ils regardaient plus la croissance,
33:29ils se dépêcheraient de baisser les taux plus que ça.
33:33Mais aujourd'hui, c'est impossible de faire des baisses de taux de 50 BP
33:39quand on a une inflation des services qui traîne toujours aux alentours des 4 %.
33:43Même s'ils ont l'air assez confiants dans l'idée que ça va converger,
33:46qu'il n'y a pas besoin d'attendre que les services soient à 2.
33:48Ils sont confiants que les services vont diminuer.
33:50Ça fait un certain temps qu'on est stuck autour de 4 %.
33:53Ça fait un an.
33:57Je pense que c'est la raison pour laquelle ils ne peuvent pas aller plus vite que ça.
34:03Ensuite, oui, si cette inflation des services vient à diminuer
34:07parce qu'on a un marché du travail qui ralentit,
34:11plus de pression à la hausse sur les salaires
34:13et que ça se transmet ou un petit regain de productivité
34:16et que ça se transmet par des baisses de prix sur les services
34:21ou par une moindre inflation des prix des services,
34:23à ce moment-là, oui, je pense que l'ABCE ira en territoire accommodant
34:29sans aucun souci.
34:31Mais aujourd'hui, le sujet principal de l'ABCE, ça reste l'inflation.
34:37Son mandat, c'est l'inflation.
34:39Ce n'est pas de faire en sorte qu'il y ait plus ou moins de chômeurs en zone euro.
34:43Ce n'est pas de faire en sorte de relancer la croissance.
34:45C'est de faire en sorte que l'inflation soit autour de 2%.
34:48Alors, effectivement, on peut imaginer que si la croissance européenne reste faible,
34:55ça va finir par avoir des pressions à la baisse sur l'inflation
35:00et que la banque centrale pourra réagir.
35:02C'est pour ça, d'ailleurs, que l'ABCE est déjà en train d'enclencher un cycle de baisse des taux.
35:08Mais il va falloir être encore un petit peu patient avant d'ouvrir les taux à 2,
35:13voire en dessous de 2.
35:15On veut des évidences, des preuves.
35:17Je suis d'accord avec ce que vous avez dit.
35:19Mais le vrai sujet avec cette stratégie de l'ABCE qui s'inquiète aujourd'hui,
35:23c'est que l'inflation est parfois beaucoup plus bas encore,
35:25et des hausses de salaires.
35:27Même si, quand on écoute Philippe Leng, il est très confiant
35:30qu'il y ait quand même des fortes baisses de salaires sur les deux prochaines années,
35:33c'est que ce sont des variables retardées de l'économie.
35:35C'est ça, moi, aujourd'hui, qui m'inquiète.
35:37C'est qu'aujourd'hui, on maintient un niveau de taux qui est quand même extrêmement restrictif
35:40parce que l'économie européenne, à cause d'un état passé de l'économie...
35:43Elle ne dit pas qu'elle veut voir l'inflation dans les services à 2%
35:46avant de continuer de baisser.
35:48Non, évidemment. Ils baissent les taux.
35:50Mais c'est ce qui les empêche d'avoir une action plus rapide.
35:53Gardez la parole.
35:55Valentine, qu'est-ce qui fait une stratégie obligataire pour cette année 2025 ?
36:00Est-ce que ça change par rapport aux années précédentes ?
36:03C'est quoi le playbook ?
36:06Ma conviction, c'est les taux courts de la zone euro.
36:10Je les vois beaucoup plus bas.
36:12Je reste quand même sur une conviction de pontification des courbes.
36:16Et par les taux courts, on est d'accord.
36:20Exactement. Il y a de la valeur par les taux courts.
36:22Les taux US, franchement, ce n'est pas évident.
36:25Franchement, ce n'est pas évident.
36:27Sur l'ensemble de la courbe ?
36:29Aujourd'hui, notre scénario central est reflété par les niveaux de taux aux Etats-Unis.
36:35Après, est-ce qu'il faut vraiment essayer de comprendre ?
36:37Est-ce qu'on va changer ou pas de modèle économique aux US ?
36:40C'est vraiment pour moi cette question qui me taraude, qui n'est pas simple.
36:45Le risque, c'est que les taux longs en zone euro soient tirés par les taux américains.
36:54La capacité d'action, c'est les taux courts.
36:58Après, ça c'est pour les taux.
37:00Et pour le crédit, on reste dans un environnement crédit actif risqué
37:04qui reste extrêmement favorable tant qu'on a une croissance.
37:07Certes, elle n'est pas exceptionnelle, mais elle reste néanmoins résiliente.
37:12Et puis, on a quand même des facteurs de soutien.
37:14Ni trop chaud, ni trop froid.
37:16Exactement. On va essayer d'être positif quand même.
37:18Les facteurs de soutien.
37:20On a quand même les baisses de taux de la zone euro qui, à un moment ou à un autre, vont soutenir la croissance.
37:23Peut-être un peu de fiscal. On peut encore rêver de la part des Allemands.
37:27Après, un peu de soutien en politique en Chine.
37:33Il y a quand même moyen qu'on ait...
37:35Ah non, il y a des catalystes potentiels quand même.
37:37La pièce peut retomber du bon côté sur certains sujets.
37:40Néanmoins, les baisses de taux, on voit bien que sur les immobiliers des entreprises,
37:45les taux pénalisent l'investissement, etc.
37:48Mais on voit quand même qu'il y a une reprise qui frémit un peu sur tout ce qui est immobilier résidentiel.
37:52Donc ça, le crédit, on reste positif.
37:55Tant qu'on est dans une économie résiliente et on baisse les taux
37:58et qu'on a des anticipations d'inflation à moyen terme qui restent bien ancrées,
38:01c'est positif pour le crédit.
38:03Le playbook obligataire pour DNCA, la stratégie 2025, les grandes lignes ?
38:08Ce n'est pas forcément la même.
38:10Nous, on a tendance à avoir plus de potentiel sur les taux américains.
38:15Le problème que j'ai sur les taux américains, c'est le timing.
38:19Et ça, j'ai assez peu d'idées sur le timing. Il faut être honnête là-dessus.
38:23Mais on est sur des niveaux de rémunération qui sont de 4,5%.
38:29Et ce qu'on a en tête, c'est qu'au cours des prochaines années,
38:32on verra les taux sous les 4%.
38:37Ça veut dire quoi ?
38:38Ça veut dire que si on prend trois ans, grosso modo,
38:41on est en mesure d'espérer de faire 20% de performance en dollars.
38:47Et nous, ce qu'on va chercher à faire, c'est acheter des taux américains,
38:51non couverts du risque de change.
38:53Pourquoi ?
38:54Parce qu'il y a cette divergence de croissance économique.
38:59C'est possible, les tarifs douaniers qui sont des forces très importantes pour le dollar.
39:07Il y a énormément de risques sur l'euro.
39:10La cohésion européenne ne prend pas forcément une très bonne direction.
39:14Je suis assez méfiant des résultats des élections allemandes.
39:17Ça se tend là, trois semaines en plus.
39:19Oui, on sait qui sera le prochain chancelier.
39:23Avec quelle coalition ?
39:26Est-ce que l'AFD à elle seule aura une minorité de blocage
39:31pour des réformes institutionnelles ?
39:35C'est quelque chose qui nous paraît possible.
39:38Et puis, en France, on n'a toujours pas ce budget de 2025.
39:43Tout ça fait peser pour nous un risque à la baisse de l'euro contre le dollar.
39:48Les taux américains sont, quoi qu'il arrive,
39:51significativement au-dessus de ce qu'est le taux neutre.
39:55Je n'ai aucune idée de quand on reviendra au taux neutre.
39:58Si c'est en 2025, en 2026 ou en 2027, mais il y a bien un moment, on y retournera.
40:03Finalement, on trouve qu'il y a du potentiel sur les taux américains
40:07non couverts de risque de change.
40:09François Rimeu.
40:11On a la même idée sur les taux US en disant qu'aujourd'hui,
40:15quand on regarde le taux terminal de la Fed, le marché le voit à 4%, en gros.
40:194%, c'est restrictif. Powell l'a rappelé hier.
40:22On est en territoire restrictif toujours.
40:25Donc, mon raisonnement, c'est que la symétrie est plutôt positive
40:29à acheter les taux américains sur les parties courtes,
40:32mais ça va aussi sur les parties longues, même s'il y a la partie prime de terme
40:35qu'on maîtrise moins en raison de ce qu'ils peuvent faire sur le budget ou autre.
40:39Surtout sur ce qui est ceiling.
40:43Bref, il y a un peu plus de goût sur les parties longues.
40:47Mais sur les parties courtes de courbe, on se dit qu'on est bien rémunérés
40:50pour attendre et qu'à un moment donné, on verra moins que ça
40:53parce qu'on est en territoire restrictif.
40:55C'est d'ailleurs le même raisonnement que l'on a sur les parties de courbe UK,
41:00qui est un marché un peu plus compliqué.
41:03On price à peu près la même chose qu'aux US,
41:06mais avec une dynamique macro qui est très différente,
41:09des indicateurs avancés sur le marché de l'emploi qui sont très mal orientés,
41:12des indicateurs de conso qui sont très mal orientés.
41:15Aujourd'hui, on a un marché de l'emploi qui tient à un taux de chômage faible
41:18et une inflation salariale très élevée,
41:21mais on pense que ça ne peut pas rester là où c'est,
41:24vu la dynamique macro.
41:26Si c'est la semaine prochaine, les banques de l'Angleterre,
41:29ils baissent de 25 BP.
41:32Ils n'ont pas baissé la dernière réunion.
41:34Oui, mais on a peu d'attente.
41:37Ce qui nous semble là aussi restrictif est sans doute plus qu'aux US.
41:40Alors même si le UK, c'est un marché compliqué,
41:43c'est plus difficile à lire,
41:46mais là aussi on trouve qu'on est plutôt bien rémunéré
41:49et que c'est assez asymétrique, donc avec un raisonnement assez similaire.
41:52Bon, il nous reste quelques minutes, petit tour de table sur DeepSeek.
41:55François Rimeux, comment c'est ? Je ne sais pas, il y a plein d'entrées possibles.
41:58Non, mais c'est l'idée d'une...
42:01Alors, tous commodities, tous normalises,
42:04et tous neutralises à la fin de l'histoire.
42:07Mais là, c'est vrai qu'il y a visiblement une accélération de cette idée
42:10de la commoditisation de l'IA ou des modèles d'IA génératives.
42:13C'était une perspective que tout le monde avait en tête,
42:16mais là, ça pourrait aller beaucoup plus vite que prévu.
42:19Alors, je ne vais pas me faire passer pour un spécialiste de l'IA que je ne suis pas.
42:22L'histoire de DeepSeek et autres,
42:25Queen 2.5 qui est sorti juste après, le truc d'Alibaba,
42:28donc clairement personne ne parle, on ne parle que de DeepSeek, je n'ai pas bien compris pourquoi.
42:31Ils font mieux que DeepSeek, on ne les écoute pas.
42:34On ne parle que du premier, je n'ai pas compris pourquoi.
42:37Bref, j'ai quand même passé mon temps à essayer de me renseigner sur cette histoire
42:40parce qu'évidemment, ça a des impacts forts sur les marchés actions.
42:43Et potentiellement d'ailleurs, si on parle de macro-US,
42:46on peut se dire que la macro-US tient par le consommateur et par l'effet richesse aussi,
42:49qui fait qu'on comprend beaucoup.
42:52Et que si jamais l'effet richesse est moins là
42:55parce que le marché actions est un peu moins en forme, ça pourrait avoir des effets macro.
42:59Rien qu'NVIDIA est la valeur la plus détenue par les particuliers américains.
43:02Ils en ont énormément racheté sur la liste.
43:05Et ils en ont beaucoup racheté depuis lundi.
43:08On voit bien qu'il y a des effets qui vont dans les deux sens, entre marché actions et macro.
43:11Ce qui nous semble, avec énormément de guillemets,
43:14énormément de conditionnels sur cette histoire,
43:17c'est que ce n'est pas forcément négatif sur la thématique à moyen et long terme.
43:20Si c'est moins cher,
43:23si c'est moins demandant en ressources machines ou autre,
43:27a priori c'est plutôt positif pour la demande à terme.
43:30Et donc, quand on écoute les spécialistes du secteur,
43:33les analystes micro qui ont discuté depuis le début de la semaine là-dessus,
43:36ils nous disent tous qu'on est toujours plutôt contraints
43:39parce qu'on est en capacité de produire aujourd'hui
43:42avec une demande qui est toujours très forte.
43:45Et ça, ça ne change pas.
43:48Et donc la demande et la thématique restent valables à moyen et long terme.
43:51On est là pour des gains de productivité dont on parlait tout à l'heure.
43:55Maintenant, est-ce que ça peut impacter les earnings d'NVIDIA à court terme ?
43:58Bien sûr.
44:01Est-ce que ça peut changer la rentabilité d'une certaine partie du secteur ?
44:04Oui. Est-ce que c'est cher ?
44:07Oui, relativement au taux, etc.
44:10Ça peut redistribuer un peu les forces.
44:13Mais est-ce que ça va changer complètement la dynamique qui est là depuis deux ans et demi ?
44:16Ça tient la délai, comparez ça au passage du client serveur au cloud.
44:19Quand on a basculé les clients serveurs au cloud,
44:23au final, à l'arrivée, on a quand même vendu beaucoup plus de serveurs.
44:26Exactement.
44:29Sur DeepSeek, qu'est-ce que ça vous inspire, l'IA low cost ?
44:32Cette histoire de l'IA, c'est énormément d'investissements
44:35avec un retour sur ces investissements qui n'est pas forcément évident
44:41et avec des noms qui sont extrêmement chers.
44:44Comment jouer cette histoire de l'IA ?
44:47Peut-être pas sur ces noms les plus chers
44:50mais peut-être jouer sur des gains de productivité au niveau de l'économie
44:53et sur des économies qui restent.
44:56Et jouer l'adoption plutôt.
44:59Je pense que c'est peut-être plus intelligent aujourd'hui de chercher
45:02quel acteur, quel pays, quelle zone économique, quelle entreprise
45:05va adopter l'IA et va bénéficier de ces gains de productivité.
45:08C'est déjà joué sur pas mal de noms quand même.
45:11Mais je pense que c'est peut-être une approche à avoir.
45:14Si ça jette un trouble sur quelques valeurs stars du Nasdaq,
45:18ça peut remettre de la lumière ailleurs sur les marchés ?
45:23Avant l'affaire Dipsy, on avait déjà un peu plus de lumière
45:26sur les bourses européennes que sur les bourses américaines.
45:29Ne boudons pas notre plaisir pour une fois que c'est le cas.
45:32Ce ne sera peut-être pas le cas d'ici quelques mois.
45:35On m'a dit que c'est un match en 12 rounds.
45:38Et je pense que ça peut remettre un peu de lumière
45:41sur l'économie chinoise aussi.
45:45N'oublions pas qu'il y a quelques temps,
45:48il y avait un peu cette idée que la Chine,
45:51on leur laisse produire les jouets, on leur laisse produire.
45:54OK, très bien, maintenant vous faites des voitures,
45:57mais ce n'est pas grave, les voitures, on n'en a plus besoin.
46:00Et puis nous, on se concentre vraiment sur ce qu'apporte
46:03de l'ajouté, c'est de l'IA. Et puis finalement,
46:06peut-être qu'ils sont capables de faire la même chose
46:09que les Américains. Et donc, il est possible que ce soit
46:12un petit boost de confiance pour le consommateur chinois
46:15et que finalement ça réenclenche une dynamique positive
46:18pour l'économie chinoise. En tout cas, je pense
46:21que c'est quelque chose qu'il ne faut pas sous-estimer
46:24et qui pourrait avoir des répercussions
46:27sur beaucoup de secteurs, parce qu'il y a
46:30beaucoup de secteurs qui dépendent de la consommation chinoise.
46:33Mais ça peut générer un sentiment supérieur
46:36chez le consommateur chinois.
46:40On m'a raconté la même histoire dans le secteur pharma-biotech.
46:4330% de l'innovation est sourcée en Chine aujourd'hui,
46:46dans un secteur très technologique également.
46:49Merci à vous trois. Merci d'avoir été les invités
46:52de Planète Marché ce soir. François Collet, DNC1.
46:55François Rimeux, Crédit Mutuel Asset Management.
46:58Et Valentin Hennouz, Amundi Institute.
47:09Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir,
47:12c'est le quart d'heure thématique. Le thème ce soir,
47:15c'est celui de la macroéconomie et des banques centrales
47:18et des enjeux 2025 du point de vue des politiques monétaires.
47:21Nous en parlons avec Nadia Garbi, qui est économiste
47:24chez Pictet Wealth Management, avec nous en visioconférence.
47:27Bonsoir et bienvenue. Nadia, ravie de vous retrouver.
47:30Peut-être pour commenter déjà un petit peu la série
47:33d'estimations de croissance qu'on a pu avoir au sein
47:36d'Europe pays par pays et puis pour l'ensemble.
47:39Une croissance qui a été paralysée au global si on regarde
47:42le chiffre zone euro au quatrième trimestre, avec des contributeurs
47:45négatifs qui ont été la France et l'Allemagne,
47:48mais aussi toujours des contributeurs positifs dans la partie
47:51périphérique avec des très beaux scores, encore une fois,
47:54pour l'Espagne ou encore le Portugal.
47:57Quelles sont les leçons que l'on retire de ce quatrième trimestre
48:00et qu'est-ce qu'on peut ou non extrapoler pour la suite, Nadia ?
48:04Bonsoir Grégoire. C'est vrai qu'on a eu ce chiffre du PIB
48:07zone euro avec une stagnation au quatrième trimestre.
48:10Je dirais qu'il y a deux enseignements principaux.
48:13Tout d'abord, c'est vrai que la périphérie surperforme
48:16et quand on parle périphérie, on parle surtout de l'Espagne,
48:19du Portugal et de la Grèce.
48:22Et ces pays devraient continuer à surperformer
48:25le reste de la zone euro. Il y a plusieurs raisons à cela.
48:28Il y a tout d'abord le fonds de relance qui reste un support
48:31important à la croissance économique de ces pays.
48:34Ce sont aussi des pays qui sont plus sensibles à la baisse
48:37de taux de la BCE. Ils sont aussi moins exposés
48:40aux États-Unis, donc moins exposés aux risques de Trump
48:43et aussi moins exposés à la compétition chinoise.
48:46Et dernièrement, je dirais aussi qu'ils ont plus,
48:49au niveau de l'offre de travail,
48:52on a vu qu'en Espagne,
48:55on a beaucoup d'émigration.
48:58Ça porte aussi la croissance espagnole
49:01dans la bonne direction.
49:04Le deuxième enseignement de tous ces chiffres,
49:07c'est qu'on a une demande domestique qui reste résiliente.
49:10Même si c'est vrai que le chiffre a déçu,
49:13on a vu dans plusieurs pays une consommation privée
49:16qui accélère. C'est notamment le cas de l'Espagne
49:19mais aussi de la France. C'est tout de même positif.
49:22On l'a beaucoup attendu, cette consommation privée
49:25a redémarré. Cette fois, c'est vrai qu'on l'a.
49:28Je dirais que c'est plutôt positif.
49:310,7% de dépenses de consommation en France
49:34sur le seul mois de décembre.
49:370,7% de consos sur un mois, c'est un beau chiffre pour la France.
49:40Tout à fait. Et ce, en dépit
49:43de la baisse de la confiance des ménages.
49:46Je dirais que c'est vraiment positif pour la suite.
49:49C'était d'ailleurs un des points de Christine Lagarde
49:52tout à l'heure. Cette confiance
49:55sur la demande domestique, sur le fait que
49:58graduellement, l'assouplissement de la politique monétaire
50:01va mener à plus de demandes domestiques.
50:04Au-delà de la consommation, qu'est-ce qu'on peut dire ?
50:07Ce sont des paramètres qui sont beaucoup regardés par la Banque Centrale Européenne.
50:10Cela permet évidemment de parler de la décision d'aujourd'hui
50:13et de la stratégie devant nous menée par Christine Lagarde
50:16et de la BCE. Je parle de la distribution de crédit.
50:19Il y a eu à la fois une amélioration
50:22des prêts distribués aux entreprises non financières
50:25au mois de décembre en zone euro. Et en même temps,
50:28la grande enquête auprès des banques, le Bank Lending Survey,
50:31semble donner des perspectives
50:34assez médiocres, voire pas franchement encourageantes, Nadia.
50:37Oui, c'est vrai qu'on a ce
50:40resserrement des conditions de crédit, notamment
50:43pour les entreprises et surtout dans les pays
50:46comme l'Allemagne, la France.
50:49Je dirais que c'est vrai que l'incertitude politique doit tout de même
50:52peser dans ces pays. La bonne nouvelle,
50:55c'est qu'au niveau ménage, ça reste tout de même
50:58assez positif. On a des conditions de crédit
51:01qui sont restées plus ou moins stables et surtout, on a une demande
51:04de crédit qui reste très forte. Et c'est un,
51:07je dirais, de nos arguments. Cette année, on va
51:10vraiment voir l'investissement résidentiel
51:13accélérer dans la plupart des pays,
51:16ce qui devrait justement soutenir la croissance en zone euro.
51:19Donc c'est vrai que du côté de l'investissement des entreprises,
51:22on ne s'attend pas à grand-chose. Le contexte est très compliqué.
51:25On a beaucoup d'incertitudes au niveau global. Dans certains pays,
51:28aussi, incertitudes politiques.
51:31Mais je dirais que du côté, en tout cas, des ménages, on a eu tout de même
51:34cette bonne nouvelle avec une demande de crédit qui reste très forte.
51:37Comment est-ce que tout ça se traduit en matière
51:40de politique monétaire, au-delà de la nouvelle baisse
51:43de 25 points de base qu'on a eue aujourd'hui ?
51:46Est-ce que vous voyez la baisse restée dans son schéma,
51:49sa fonction de réaction actuelle, assez prudente,
51:52progressive, graduelle, le tâtonnement
51:55vers le taux neutre ? Est-ce que c'est valable
51:58pour plusieurs meetings encore devant nous ?
52:01Ou est-ce qu'à un moment, je ne sais pas,
52:04alors évidemment, si on spécule sur Trump, ça devient compliqué,
52:07est-ce qu'il y a quelque chose qui peut faire basculer ou accélérer
52:10la fonction de réaction de la Banque Centrale Européenne ?
52:13C'est vrai que c'est un peu notre scénario, au fond, de voir
52:16la Banque Centrale Européenne baisser son
52:19taux directeur de 25 points de base à chaque meeting
52:22jusqu'en juillet. Je dirais que ce qui pourrait me remettre un peu en cause
52:25ce scénario, c'est d'avoir au fond
52:28une inflation notamment sous-jacente
52:31qui reste résiliente et relativement à un niveau
52:34très élevé. Ce n'est pas notre scénario, mais effectivement,
52:37c'est un risque. C'était intéressant d'écouter Lagarde tout à l'heure
52:40qui vraiment montrait beaucoup plus de confiance sur la trajectoire
52:43d'inflation et sur le fait qu'au fond
52:46il voyait vraiment l'inflation baisser
52:49à son objectif.
52:52Il montre de plus en plus de confiance
52:55avec notamment l'argument principal, c'est
52:58cette décélération des salaires
53:01en zone euro attendue par la BCE.
53:04Donc ça, je dirais que c'était un peu le point positif
53:07et c'est vrai que ça nous indique qu'en tout cas pour les prochains meetings
53:10la BCE devrait baisser son taux directeur.
53:13Est-ce qu'on peut voir l'inflation dans les services puisque
53:16c'est quand même le sujet qui gratte aujourd'hui à la Banque Centrale Européenne
53:19qui est collée autour de 4%
53:22depuis plusieurs trimestres maintenant
53:25Nadia ? Est-ce qu'avec ces indicateurs avancés
53:28la conviction affichée par Christine Lagarde ? Est-ce qu'on va voir quand même
53:31des chiffres qui vont quand même baisser sous les 4%
53:34sur cette partie services ? Christine Lagarde précise
53:37j'ai pas besoin de voir l'inflation des services à 2%
53:40pour continuer de baisser mes taux, mais quand même
53:43si on veut aller vite auto-neutre, il faut quand même que cette partie-là se dessert.
53:46Effectivement, et c'est vrai qu'on a peut-être pas besoin
53:49de l'avoir à 2%, mais on a tout de même besoin de l'avoir
53:52je dirais à proche de 3% d'ici la fin de l'année.
53:55C'est tout de même les services, c'est 42%
53:58du panier total de l'indice d'inflation
54:01donc voilà, c'est vrai qu'on a pas besoin
54:04de voir l'inflation baisser à 2%,
54:07mais on a tout de même besoin de voir l'inflation
54:10des services baisser. Je dirais qu'il y a quelques effets
54:13de base qui vont aider à l'inflation
54:16des services baisser, mais effectivement
54:19ça pourrait remettre un peu en cause le schéma
54:22de la baisseuse si on avait cette inflation
54:25des services qui reste collée à 4%.
54:28Sur la question des tarifs, alors là évidemment, on ne connaît pas encore
54:31la formule qui sera retenue par Donald Trump,
54:34il y a plusieurs styles, plusieurs formules sur la table
54:37l'idée d'une approche graduelle, assez universelle
54:40où mois après mois, on pourrait
54:43ajouter, empiler des couches de tarifs
54:46supplémentaires, des approches peut-être beaucoup plus
54:49ciblées sur certains secteurs stratégiques
54:52alors je ne sais pas quel est le travail ou la réflexion qui vous anime
54:55de ce point de vue-là chez Piquet Wealth Management, comment vous regardez cette question
54:58sachant qu'on n'a évidemment pas de réponse sur la formule
55:01qui sera retenue par Trump, mais sur les hypothèses
55:04qu'on peut avoir, comment est-ce que ça peut jouer
55:07sur la conjoncture européenne ?
55:10C'est vrai que nous on a pris comme hypothèse de base
55:13des tarifs ciblés, donc pas de tarifs
55:16universels, dans notre scénario par exemple
55:19central, on a pris des tarifs à hauteur
55:22de 10% pour certains
55:25pays, c'est très compliqué d'estimer l'impact
55:28des tarifs sur l'économie
55:31mais je dirais que globalement, effectivement
55:34ça pèserait sur la conjoncture
55:37européenne, mais on mise tout de même sur cette résilience
55:40de la demande domestique, plus que
55:44on compte pas vraiment sur les exportations cette année
55:47comme support de la croissance et c'est vraiment
55:50la consommation des ménages, l'investissement
55:53résidentiel qui devrait être le support principal
55:56mais après effectivement si Trump venait vraiment à menacer
55:59de manière très agressive l'Europe
56:02effectivement ça challengerait ce scénario.
56:05Il y a beaucoup d'incertitudes encore dans les hypothèses qu'il faut quand même
56:08manipuler quand on fait cet exercice de perspective
56:11si vous le faites Nadia, je parle même pas des élections allemandes
56:14on aura peut-être déjà des résultats dans 3 semaines
56:17maintenant, plan de relance chinois ou pas
56:20tout ça pourrait j'imagine avoir des impacts ou non
56:23sur la trajectoire de la conjoncture européenne
56:26cette année. Un mot de ce qui se passe aux Etats-Unis
56:29à ce stade, là aussi on a eu première estimation du PIB
56:32alors j'allais dire on est toujours avec une économie américaine
56:35qui tourne autour de 3% si on enlève notamment l'effet d'estocage
56:38qui a un peu pesé sur la croissance du 4ème trimestre
56:41situation qui semble parfaitement justifier
56:44l'idée d'une pause de la réserve
56:47fédérale américaine. Exactement, toujours
56:50une croissance américaine
56:53très très solide et c'est vrai que Powell
56:56hier était sur cette ligne
56:59au fond on n'est pas pressé, on pose en janvier
57:02on n'est pas pressé de baisser les taux au mois de mars
57:05on attend de voir ce que l'agenda politique de Trump
57:08parce qu'au fond on sait, les politiques de Trump sont inflationnistes
57:11donc c'est vrai que la réserve fédérale a tout intérêt
57:14à plutôt avoir cette démarche d'attente
57:17plus que d'essayer de frontelauder
57:20l'agenda politique de Trump qui est très incertain
57:23donc voilà ça va aussi en ligne avec
57:26la pause de la réserve fédérale. Bon
57:29une pause trop longue ça pourrait être embêtant pour la BCE
57:32ou est-ce qu'on a dépassé cette idée
57:35de la dépendance vis-à-vis de la FED
57:38Nadia ? Écoutez, Christine Lagarde
57:41a dit que la BCE
57:44elle a eu une question là-dessus, elle a dit que la BCE était indépendante
57:47mission driven, donc voilà je dirais que
57:50la mission de la BCE est claire, effectivement
57:53elle doit quand même tenir en compte ce qui se passe dans les autres banques centrales
57:56je dirais que c'est un facteur parmi tant d'autres
57:59je pense vraiment qu'on a cette trajectoire d'inflation
58:02cette inflation qui baisse à sa cible, je pense vraiment
58:05qu'elle continuera sur son chemin
58:08On a eu ce débat l'an dernier, on a un peu dépassé
58:11ce débat désormais. Merci beaucoup Nadia. Nadia Garbi
58:14qui est avec nous pour cet éclairage macro et autour
58:17des politiques monétaires pour 2025. Nadia Garbi
58:20économiste chez Pictet Wealth Management avec nous en visioconférence