• il y a 2 mois
Lundi 21 octobre 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM) , Geoffroy Lenoir (Co-directeur de la gestion collective, Ofi Invest Asset Management) , Patrice Gautry (Chef économiste, Union Bancaire Privée) et Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain)

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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart for Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez
00:15en direct, à la télévision, via vos box, émission que vous retrouvez bien sûr chaque
00:19soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast à l'heure qu'il vous plaira et
00:23sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25De cette édition ce soir, une semaine qui marquera la montée en puissance de la saison
00:30de publication de résultats avec près d'une vingtaine de sociétés du CAC 40 attendues
00:35pour publier leur chiffre d'affaires, leur point d'activité sur le trimestre écoulé
00:40et puis la big tech américaine qui va également livrer ses premiers résultats, on a déjà
00:45eu ceux de Netflix en fin de semaine dernière, nous aurons cette semaine les résultats par
00:49exemple d'Amazon, de Tesla si j'ai bien retenu ou encore de Google, Google qui publiera
00:55demain soir après la clôture des marchés américains ses résultats du troisième trimestre.
00:59Voilà donc pour les marqueurs de cette semaine avec sur le plan international une série
01:05de sommets ou de réunions internationales avec notamment une semaine qui sera marquée
01:10par les assemblées générales annuelles du FMI et de la Banque Mondiale à Washington
01:14et beaucoup de prises de parole de policy makers bien sûr et de banquiers centraux
01:19à cette occasion et puis de l'autre côté du monde, en Russie, ce sont les BRICS qui
01:24se réunissent pour quelques jours.
01:26Voilà donc pour ces réunions internationales qui évidemment engendreront pas mal de déclarations,
01:32on peut l'imaginer, de la part des différents policy makers de ces zones économiques.
01:39Discussion à suivre avec nos invités de Planète Marché dans un instant, des indices
01:43qui restent au sommet, je parle des indices actions, les actions mondiales, l'indice de
01:47référence des actions mondiales continue de battre de nouveaux records alors que le
01:51marché est entré dans la troisième année du bull market, quels sont les enjeux de
01:56cette saison 3 du bull market, nous en parlons avec nos invités de Planète Marché et puis
01:59dans le dernier quart d'heure, le quart d'heure américain qui n'a jamais aussi bien porté
02:02son nom, à un peu plus de deux semaines maintenant de la journée d'élection du 5 novembre,
02:08nous ferons le point sur la course politique bien sûr entre Kamala Harris et Donald Trump
02:13avec Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain qui sera en visioconférence en
02:16direct avec nous à partir de 17h45.
02:21Mais d'abord, tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés
02:33du jour sur les marchés avec Pauline Grattel, bonsoir Pauline, c'est une séance et une
02:38semaine qui commence sous le signe de latentisme sur les marchés avec des bourses européennes
02:43par exemple qui évoluent avec prudence en territoire négatif.
02:48Oui, la Bourse de Paris est bien ancrée en territoire négatif aujourd'hui, la quasi-totalité
02:52des valeurs du CAC 40 sont dans le rouge avant une semaine qui s'annonce intense en résultat
02:56d'entreprises puisque pas moins de 19 composants du CAC 40 vont publier leur compte.
03:01En dehors des marchés actions, on notera parmi les mouvements du jour la progression
03:05continue du métal or et du pétrole.
03:10Oui, les prix du pétrole remontent autour de 75 dollars pour le baril de Brent sur fond
03:14de crainte d'escalade du conflit au Moyen-Orient.
03:16D'ailleurs, Total Energy est l'une des seules valeurs dans le vert à Paris.
03:20Dans ce contexte incertain, l'or continue de s'apprécier et bat encore des records
03:24à plus de 2750 dollars l'once.
03:27Et puis sur les marchés obligataires, de petites tensions qui réapparaissent depuis
03:32quelques jours.
03:33Oui, les taux continuent de se retendre globalement.
03:35Ainsi, le rendement américain à 10 ans avoisine les 4,15%.
03:39En Europe, le rendement de l'obligation allemande à 10 ans prend quasiment 10 points de base
03:43à plus de 2,25% désormais.
03:46Et puis côté politique américaine, en lien peut-être avec là aussi les tensions qu'on
03:52peut voir sur les rendements obligataires américains, Donald Trump remonte dans les
03:57sondages à deux semaines de l'élection.
03:58Oui, et il semble que cela fasse également monter les cours des crypto-actifs.
04:02Une victoire de Donald Trump permettrait peut-être une réglementation plus souple aux Etats-Unis.
04:07Le bitcoin est autour de 70 000 dollars aujourd'hui.
04:10Et puis bientôt un mois après les premières annonces en Chine, de nouvelles mesures ont
04:15été délivrées ces dernières heures.
04:17Oui, la Banque Populaire de Chine baisse ses taux directeurs, le taux préférentiel de
04:21prêt à un an passe à 3,10% et le taux de prêt à 5 ans est réduit de 3,85% à 3,60%.
04:28Les entreprises avec, on le disait, une semaine qui sera marquée par la montée en puissance
04:32des résultats microéconomiques, quelques publications aujourd'hui qui marquent les
04:37esprits et les marchés, Forvia notamment, l'ex-Foresia qui est en tête de l'indice
04:41SBF 120.
04:42Oui, le titre bondit de 9% à Paris après la publication de son chiffre d'affaires
04:46du troisième trimestre qui recule légèrement de 0,4% en données organiques.
04:51Mais l'équipementier explique avoir fait mieux que le marché dans son ensemble.
04:55Forvia confirme ses prévisions pour 2024.
04:58A noter tout de même, le titre a perdu plus de 55% depuis le 1er janvier.
05:02Aux Etats-Unis, Boeing tente de mettre fin à la grève de ses salariés.
05:06Voilà, après plus d'un mois, en proposant une nouvelle offre comprenant une hausse salariale
05:10de 35% ainsi que 7000 dollars de primes à la signature de l'accord, les syndicats eux
05:15réclament 40% d'augmentation.
05:18Le titre ouvre en hausse de 4% à Wall Street.
05:21Quel est le programme de demain pour les investisseurs sur les marchés Pauline ?
05:24Les investisseurs arbitreront les résultats de SAP publiés ce soir après la clôture
05:28et dès demain les publications d'entreprises vont monter en puissance avec Eurofense scientifique
05:34qui est d'ailleurs lanterne rouge du CAC 40 avant sa publication.
05:36Le titre perd 3%.
05:38Il y aura aussi Vivendi et L'Oréal et de l'autre côté de l'Atlantique, 3M est attendu également.
05:43Tendance mon ami.
05:44Chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel.
05:59Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète.
06:02Alexandre Tailleb est avec nous, analyste et gérant chez Sycomore Asset Management.
06:06Bonsoir Alexandre.
06:07Bonsoir Grégoire.
06:08Geoffroy Lenoir nous accompagne également, le co-directeur de la gestion collective Dauphi
06:11Invest Asset Management.
06:12Bonsoir Geoffroy.
06:13Bonsoir Grégoire.
06:14Et Patrice Gauthry avec nous, chef économiste de l'Union Bancaire Privée.
06:17Bonsoir Patrice.
06:18Bonsoir Grégoire.
06:19J'ai envie de commencer avec vous Patrice, l'économiste et le regard de l'économiste
06:22sur la situation de marché.
06:23On entre dans la troisième saison, la troisième année du bull market si on prend comme référence
06:28le point bas d'octobre 2022 qui a été un point bas majeur pour les grands indices
06:32développés américains et européens.
06:35Deux ans après on se retrouve avec un S&P 500 je crois qui a dû prendre plus de 60%
06:40en deux ans.
06:41On voit un 10 ans américain là qui est autour de 4,15%.
06:44On voit des indices de volatilité assez divergents avec une volatilité des marchés actions
06:48somme toute modérée quand la volatilité des marchés obligataires reste quand même
06:52à des niveaux très élevés.
06:54On a également j'allais dire l'outlier de l'année c'est-à-dire l'once d'or qui progresse
07:00de plus de 30% avec néanmoins des performances sur les marchés actions qui sont tout à
07:05fait honorables.
07:06On doit être entre plus 15 et plus 20% pour des grands indices d'actions mondiales aujourd'hui.
07:10Que reflète cette situation et qu'est-ce qu'elle nous dit des enjeux devant nous pour
07:15cette troisième année de bull market Patrice ?
07:18Alors de la part des investisseurs on voit que l'appétit au risque reste fort même
07:22s'il y a des couvertures avec ce que vous avez dit effectivement sur l'or qui joue
07:26un petit peu comme couverture, beaucoup plus peut-être que les obligations gouvernementales
07:30par rapport à la hausse des actions et tout ceci est alimenté par le fait que les Etats-Unis
07:35n'arrivent pas à rentrer en récession.
07:36Ils ont essayé mais ils n'y arrivent pas par chance.
07:41L'emploi est là.
07:42Mais tu me disais si on en a parlé et si beaucoup a été fait pour essayer de calmer
07:45la machine.
07:46Il y a l'assurance to risk de Monsieur Powell en disant si jamais il arrive quelque chose
07:50du côté du marché de l'emploi on va être là et on va baisser très très fort et puis
07:54la bonne surprise c'est que malgré les tensions dans le Moyen-Orient, au Moyen-Orient on a
07:58un prix du pétrole qui a plutôt été un facteur de désinflation accélérée.
08:03On l'a vu au Royaume-Uni, on l'a vu avec la zone euro ce qui permet d'ouvrir en fait
08:08encore un peu plus le scénario de baisse généralisée des taux d'intérêt directeur et on voit
08:14qu'on cherche en fait des opportunités et si la banque centrale européenne baissait
08:19de 50 points de base, prenait un peu des initiatives etc.
08:22Donc on voit bien que dans cet environnement on surfe un peu sur les lignes de fracture,
08:26sur la fragmentation parce que derrière dès qu'on descend un petit peu l'analyse et notamment
08:30en matière économique, on voit bien que tout n'est pas aussi rose et que ce n'est pas le
08:34godiloc scénario effectivement global.
08:37Mais en surface ça fonctionne et tant que ça fonctionne les investisseurs ont raison
08:41effectivement de prendre du risque et d'aller chercher dans les actions la croissance des
08:47bénéfices.
08:48Donc on voit bien qu'on est peut-être sur la queue de la comète puisqu'il y a encore
08:52des bonnes surprises.
08:53Il y a eu aussi, je le note, du côté européen quelques mauvaises surprises, donc il y a
08:57un peu de poil à gratter je dirais du côté de la saison des bénéfices mais on va voir
09:01elle ne fait que commencer.
09:02Que reflète cet équilibre de marché pour vous Alexandre et est-ce que les grands paramètres
09:07justifient encore de la prise de risque effectivement, d'être constructif encore sur la performance
09:13d'actifs risqués que ce soit le crédit, que ce soit les marchés d'action ?
09:17Tant qu'on a cet équilibre aux Etats-Unis où la Fed est là en dernier ressort si la
09:21croissance ne va pas bien puisqu'elle est passée d'un mandat inflation croissance
09:25à un mandat quasiment que croissance aujourd'hui, on est assez à l'aise du fait de rester sur
09:30les actions américaines.
09:31Sur les actions européennes comme ça a été très bien dit on attend un peu cette prise
09:35d'initiative de la BCE parce que là on sent qu'il y a une dimension un peu plus urgente
09:39au niveau de la croissance.
09:40L'Allemagne est en croissance négative depuis deux trimestres donc on s'attend à un soutien
09:44j'allais dire, quel qu'il soit budgétaire, je ne l'attends pas vraiment parce qu'il y
09:49a quand même des règles à respecter.
09:50En revanche d'un point de vue monétaire peut-être que Christine Lagarde pourrait pousser un
09:54petit peu plus loin.
09:55Donc ça on l'attend aujourd'hui, on a plutôt une préférence pour les actions US, un marché
10:00qui est encore aujourd'hui au plus haut et qui continue de casser ses plus hauts.
10:04Donc ça pour l'instant on ne change pas tellement notre fusil d'épaule là-dessus.
10:08Sur le crédit c'est assez intéressant, alors effectivement on fait du portage parce que
10:12le rendement est encore assez intéressant aujourd'hui et surtout ce qu'on va avoir
10:19c'est avec les baisses de taux probablement une baisse de rémunération du monétaire
10:23sur lequel il y a quand même énormément d'encours aujourd'hui et donc on pense qu'une
10:27partie de ce monétaire ne va pas se transférer sur les actions mais plutôt sur le crédit
10:31et en particulier le crédit court.
10:32Donc ça on a plutôt tendance à en profiter donc ces deux positionnements, une patte obligataire
10:37et une patte actions plutôt US encore une fois, ça nous paraît plutôt cohérent aujourd'hui.
10:41Mais on n'a pas envie de quitter ces expositions, on n'a pas envie de prendre trop de profit
10:46aujourd'hui par rapport à ces expositions crédit et ou actions ?
10:49Alors non, sur le crédit non, sur les actions on peut être un petit peu plus prudent mais
10:55plutôt en mettant des couvertures plus qu'en prenant du profit purement et simplement.
10:58Il suffit de regarder le MSCI World, aujourd'hui il est quand même drive par entre autres
11:06les 7 magnifiques mais c'est 20% du MSCI World ce qui en fait un indice quasiment battable.
11:10C'est les deux tiers du MSCI World et les 7 magnifiques représentent 20% du MSCI World aujourd'hui ?
11:18Au total, oui absolument.
11:20Donc ça tant que les publications de ces entreprises-là sont bonnes, on verra la suite cette semaine à l'essentiel.
11:26Oui, on le saura dans les prochains jours à priori.
11:28Voilà, ça devrait continuer de tenir.
11:31Donc non, on ne se désengage pas tellement des actions, on prend un petit peu de profit mais c'est très à la marge.
11:36Sur la BCE, c'est quoi l'idée d'une BCE qui prendrait des initiatives au-delà de ce qu'on attend déjà d'elle aujourd'hui ?
11:43C'est-à-dire continuer de baisser les taux, sans doute à chaque meeting, de 25 points de base ?
11:48Ça peut aller plus vite, plus fort ?
11:51Plus la politique budgétaire sera restrictive ou en tout cas sera moins accommodante,
11:57plus la pression des marchés sera forte sur la BCE pour qu'elle prenne à sa charge d'aller dire ce que la politique budgétaire ne peut plus faire ?
12:04Ce n'est pas tellement des attentes de mesures, c'est plutôt des attentes de positionnement et de discours.
12:11Je trouve que Christine Lagarde est extrêmement prudente sur la partie inflation,
12:15alors ça peut se justifier, on a parlé du prix du pétrole qui reste relativement bas malgré les tensions géopolitiques
12:22et je pense que le marché est assez complaisant avec ça,
12:25donc effectivement il y a peut-être un danger là-dessus mais qu'on ne voit pas aujourd'hui.
12:30Donc elle devrait donner des perspectives peut-être plus intéressantes sur le problème de l'inflation,
12:38au moins pour l'instant il est à peu près réglé, on a quand même 11 des 20 de la zone euro qui sont en dessous de 2%,
12:45l'inflation cœur reste encore un petit peu élevée, elle est au-dessus de l'objectif de la BCE,
12:51mais elle est quand même sur une tendance baissière,
12:54elle a l'amplitude pour faire plus, pour faire une baisse de 50 points de base, la Fed l'a fait, la BCE peut le faire.
13:01Bon Geoffroy, vos commentaires sur ce qui a été dit et puisqu'on parle de l'Europe, de la BCE et des marchés,
13:07là aussi est-ce que les marchés ont envie de voir la BCE en faire plus que ce qui est signalé jusqu'à présent
13:15et est-ce que c'est quelque chose de possible à horizon de quelques mois ?
13:19Alors je partage ce qui a été dit, c'est vrai qu'aujourd'hui si on regarde la BCE et les anticipations de marchés,
13:25on a des taux neutres qui doivent atterrir dans la zone des 1,75, on est même en dessous des 2%,
13:30c'est vrai qu'on reste assez convaincu que la BCE ça reste les 2% et que le marché a tendance à surréagir un peu au-dessus ou un peu en dessous,
13:37là le marché pour nous anticipe quand même pas mal de baisse de taux assez vite déjà,
13:41donc c'est vrai qu'anticiper plus que ce qu'il y a dans le marché aujourd'hui ça nous paraît être un petit peu difficile,
13:47c'est vrai qu'il y a des attentes côté Europe qui sont plus importantes que côté États-Unis,
13:51on voit bien que la croissance, il y a des risques d'essoufflement même si le momentum, je rappelle qu'on est sur un momentum positif,
13:57on a une croissance en Europe attendue cette année à 0,7, 1,3 l'année prochaine,
14:01donc le momentum est bon, aux États-Unis c'est l'inverse, on a 2,5 autour et on pourrait atterrir vers les 1,6, 1,7,
14:07donc c'est vrai que le momentum est bon mais on a l'impression qu'il y a un peu d'essoufflement,
14:11donc il y a besoin de remettre de l'huile dans la machine et c'est vrai que pour ça on a besoin d'avoir une BCE qui est assez proactive,
14:17assez sûredelle sur la trajectoire des taux directs.
14:21Et le marché a déjà lui anticipé l'idée que la BCE ira peut-être même un peu en dessous du taux neutre pour dire les choses, c'est ça ?
14:29Aujourd'hui c'est anticipé dans le marché, on est sur les 1,75, ça remonte un peu si on tire le trait sur 2025,
14:35donc c'est vrai que les anticipations sont bien ancrées et c'est vrai qu'on voit aussi que niveau inflation, il n'y a plus vraiment de sujet,
14:41l'inflation est revenue sous les 2% en moyenne en zone euro et on devrait y rester pendant un petit moment,
14:47aux États-Unis c'est différent, l'inflation reste au-dessus des 2% et on n'a pas encore atteint la cible de la réserve fédérale américaine.
14:53Donc il y a une petite divergence, maintenant on s'attend quand même à ce que finalement les banques centrales,
14:58en termes de mouvement de baisse de taux, soient assez synchronisées,
15:01on a du mal à voir tout d'un coup la BCE aller plus vite que la Fed ou la Fed aller plus vite que la BCE dans le contexte actuel,
15:07même si encore une fois on n'est pas du tout sur le même rythme, ça serait assez logique d'avoir un pas, une baisse de taux de la BCE à chaque meeting
15:14et côté réserve fédérale américaine on peut avoir ce cycle de baisse de taux qui continue vers un taux neutre à peu près vers la zone des 3% à mi-2025.
15:22Ça peut continuer de manière synchrone avec, comme vous dites, un taux d'atterrissage à 3 pour la Fed et 2 autour pour la Banque Centrale Européenne.
15:29Mais chacune des banques centrales trouverait des raisons, des motivations et des arguments pour justifier ces prochains mouvements.
15:37Oui tout à fait, dans le scénario central, comme d'habitude c'est les Etats-Unis qui vont lider, on va dire le moteur de la croissance mondiale,
15:45avec des chiffres de croissance à 2,5 cette année, même si on ne va pas les réviser à la hausse tellement les données sont bonnes,
15:52que ce soit sur le front de l'emploi ou de la consommation, on se dit que la Réserve fédérale va baisser
15:57parce qu'il y a quand même cette tendance qui est là de fond, mais qui n'a pas besoin d'aller forcément très très vite et d'aller très rapidement sur les 3%.
16:05Mais le scénario central d'atterrissage en douceur de l'économie, il nous donne ça comme résultat.
16:09Et si tout d'un coup il y a un accro, qu'il y a un petit grain de sable dans la machine, on pourra accélérer.
16:14On sait que la fonction de réaction de la Réserve fédérale américaine est quand même beaucoup plus rapide, beaucoup plus forte que celle de la BCE.
16:19Avez-vous le risque principal par rapport à ce scénario central ? C'est plutôt d'avoir des banques centrales menées par la Fed qui accélèreraient le rythme des baisses de taux ?
16:28Ou c'est un risque équilibré de part et d'autre ?
16:31Le risque est assez équilibré. A court terme, comme je le disais, on a plutôt tendance à se dire que là le marché est allé un peu loin,
16:37qu'il participe un peu trop de baisses de taux, donc on va peut-être revenir peut-être sur un taux neutre à l'atterrissage de la BCE à 2%.
16:44Maintenant, le besoin d'accélération, il se ferait sentir si vraiment on change de scénario et qu'on arrive sur le fameux hard landing qu'on attend.
16:52Oui, comme disait Patrice, on a tout essayé. Les Etats-Unis ont tout essayé, mais ça ne marchait pas.
16:59Comment vous regardez la balance des risques des deux côtés de l'Atlantique ?
17:02François Viraud-Gallaud, après la dernière réunion de Politique Monétaire de la BCE, a été très clair en disant
17:08« Aujourd'hui, je considère, moi gouverneur de la Banque de France, que les risques de rater la cible d'inflation à la baisse
17:14sont aussi importants que les risques de rater la cible d'inflation à la hausse ».
17:20Est-ce que la balance des risques aux Etats-Unis pour la Fed est aussi équilibrée que ce que nous dit François Viraud-Gallaud pour la BCE, Patrice ?
17:28Alors, plusieurs idées. Le premier, la BCE a toujours raté son indice de target, puisque grosso modo l'inflation est au-dessus ou en dessous.
17:37Et elle est très au-dessus ou très en dessous. Alors, en moyenne, ça peut faire un deux quelque chose, mais effectivement, il faut vraiment faire la moyenne de long terme.
17:44Donc, en dehors de ça, ce qui est important, c'est effectivement, je pense que les banques centrales saluent le fait que l'inflation s'approche,
17:53notamment pour la Fed américaine, de leur cible. Et on est entré, notamment du côté de la Fed américaine, plutôt dans ce que j'appellerais du « risk management ».
18:01Je gère le risque. Et aujourd'hui, peut-être que je ferais du raffinement dans la politique monétaire, puisqu'on l'a vu, le risque le plus important,
18:11ce n'est pas aujourd'hui pour les six prochains mois l'inflation, mais ce serait une activité qui s'effondre, parce qu'il y a le secteur immobilier,
18:20qui est encore plutôt très mal orienté et dont les premières baisses de taux n'ont pas encore été un phénomène positif.
18:27— Alors, ce qui est intéressant, c'est justement cette bascule des risques. Et là, on est entré dans une phase de gestion des risques.
18:33Et puis les élections américaines, effectivement, l'ombre est là. Et on ne sait pas du tout dans quel régime fiscal on va se situer une fois que la nouvelle équipe sera en place.
18:42Donc là, peut-être qu'aussi, la Fed se donne des marges de manœuvre. Et ça a été dit. Effectivement, le prix des services reste encore un petit peu élevé.
18:50Et on a vu qu'il y avait différents contributeurs. C'est pas nécessairement le loyer. Ça peut être l'assurance. Ça peut être la santé.
18:56Et en fait, chaque mois, il y a un contributeur qui dérape un peu. Donc on a l'image qu'effectivement, ça va mettre du temps à atteindre 2,5 ou à revenir même à 2,5.
19:05Et puis si j'étais un peu embêtant, eh bien je dirais faites attention, parce que le risque peut-être dans les pays de la zone euro et notamment en France
19:14quand on a une activité ou en Allemagne, quand on a une activité qui s'écrase, les prix des biens risquent effectivement de suivre.
19:21Par contre, quand on a une économie qui résiste, les prix des services, où on voit bien qu'il y a une demande structurelle, risquent eux de ne pas baisser du tout.
19:29Et donc on peut faire un point bas quelque part avec des effets de base gentils, sympathiques au cours du premier semestre 2025.
19:36Et puis le deuxième semestre 2025 et l'horizon 2026 nous ramènent du 2,5++. Et là, effectivement, les banques centrales seraient un petit peu prises en défaut.
19:44On en est déjà à imaginer, je ne sais pas, un cycle de baisse de taux avec des pauses, du stop and go, voire, je ne sais pas, à un moment, un mouvement de remontée ou de resserrement de la politique monétaire à horizon 12 mois, je ne sais pas.
20:01On a beaucoup parlé vendredi ou jeudi dans l'émission de la Banque centrale du Brésil. Alors oui, dans une sphère différente, la sphère émergente.
20:07Mais dans ce cycle, en tout cas, la Banque centrale du Brésil a été assez visionnaire.
20:11Elle a bien vu quand est-ce qu'il fallait commencer à baisser les taux. Elle a bien vu quand est-ce qu'il fallait commencer à remonter les taux.
20:16Tout ça, donc, en anticipation de ce que la Fed allait faire. Le dernier mouvement de la Banque du Brésil en septembre, après toute une série de baisses de taux, ça a été de remonter d'un cran le taux Selig, directeur.
20:28Oui, tout à fait. C'est pour ça qu'en fait, dans le scénario, ce qu'on disait tout à l'heure, c'est la meilleure période. C'est en ce moment. Pourquoi ? Parce qu'on a cette fenêtre de désinflation.
20:38Tant que les prix de l'énergie, effectivement, ne reviennent pas dans la figure des pays européens et asiatiques, puisque c'est eux qui sont assez dépendants des exportations du Moyen-Orient et des prix de l'énergie.
20:50Donc on a une fenêtre d'opportunité avec une activité qui est ou résistante, ça c'est le côté américain, ou au contraire très faible. Et donc là, il y a une fenêtre, je dirais une fenêtre d'opportunité.
20:58Mais cette fenêtre d'opportunité, quand on regarde l'évolution des prix par les effets de base, ne serait-ce que cela, eh bien en fait...
21:05Elle a une fin.
21:06Elle a une fin. Et on la voit déjà. Puisqu'en fait, dans les indicateurs PMI qui sont publiés régulièrement, et on va avoir une nouvelle livraison cette semaine, eh bien on voit que la déflation, là je l'insiste, déflation des prix des biens manufacturés...
21:18Ça ténue.
21:19Ça ténue. Donc on a une contribution positive de ce qui était avant négatif.
21:23Ça nous amène à dire un mot de la Chine, Alexandre. Est-ce que le plan de soutien ou relance chinois, ça fait déjà quasiment un mois que les mesures s'accumulent, qu'on a une stratégie d'annonce au compte-gouttes,
21:36est-ce que ça veut dire que la Chine exportera moins de déflation demain, voire deviendrait peut-être un contributeur positif aux pressions inflationnistes mondiales ?
21:48On n'y est pas encore.
21:49On n'y est pas encore.
21:50On n'y est pas encore.
21:51Ça fait quoi ? Un an peut-être maintenant que les prix baissent en Chine ?
21:54Oui. Effectivement. Alors le compte-gouttes s'est un petit peu accéléré. Les gouttes sont plus rapprochées.
22:00On a eu fin septembre une relance monétaire qui est somme toute assez classique par rapport à ce qu'on a vu précédemment, même s'ils ont appuyé un peu plus avec cette mesure phare qui est de faire baisser les taux hypothécaires existants de 50 points de base.
22:13Ceci pour relancer la consommation parce que les prêts coûtent moins cher, etc.
22:18Mais globalement, on était assez déçus à la première lecture de ce plan.
22:23Derrière, superbe rallye de 30% sur le marché chinois au global et plus de 50% sur les valeurs de tech.
22:31Puis deuxième salve avec la conférence de presse du ministre des Finances qui nous annonce des choses très spécifiques, très locales.
22:40Il nous a annoncé par exemple l'augmentation du nombre de bourses et l'augmentation de leurs montants.
22:45Pour les étudiants ?
22:47Oui, pour les étudiants. Pour ces étudiantes.
22:50On a aussi l'émission d'obligations spéciales pour acheter de l'immobilier.
22:59Les collectivités locales achètent de l'immobilier et le rénovent.
23:03Il faut tirer par les cheveux mais ça peut intéresser le secteur de la construction, de la rénovation, éventuellement des minières en Europe.
23:12Mais aujourd'hui, on ne peut pas jouer un secteur en Europe grâce à ce plan de relance en Chine.
23:20Notamment un secteur lié à la consommation ?
23:23Absolument.
23:24D'autant plus.
23:25On peut le nommer si on joue le luxe.
23:29Je crois que le marché l'a assez vite compris.
23:31Je crois que les cours de bourse du secteur du luxe sont assez vite revenus à ce qui prévalait avant les premières annonces chinoises.
23:37En plus, le ministre des Finances a quand même dit quelque chose qui visiblement a marqué le marché.
23:41C'est que la trajectoire du déficit en Chine n'est pas bonne et qu'il comptait un remédie à ça.
23:46Ce n'est pas en baissant les dépenses visiblement.
23:49Ce n'est pas en s'attaquant aux ménages les plus pauvres.
23:51Mais c'est plutôt probablement en s'attaquant aux ménages les plus riches.
23:54Effectivement, on a pour l'instant une espèce de déception qui fait qu'aujourd'hui on pense que la Chine est toujours, on ne va peut-être pas dire ininvestissable, mais extrêmement risquée.
24:06On n'a pas de preuves que les réglementations à outran sur tel ou tel secteur vont s'arrêter.
24:11Je crois que le secteur de la santé est encore dans le giron des pouvoirs en place.
24:15Globalement, l'Europe n'a pas eu le relais de croissance qu'elle attendait.
24:20Parce que c'était ça, on s'est dit ça tient à 1,2,0.
24:23La Chine va relancer, ça va aller mieux.
24:25Pas du tout, ni sur l'auto, ni sur le luxe, ni sur la conso en général.
24:29Et encore une fois, la construction, les minières, c'est très très loin.
24:33Toutes les anticipations qu'on a vues jusqu'à présent sont encore un peu hasardeuses.
24:38Oui, il va falloir attendre le congrès du parti qui est probablement prévu pour la fin octobre, ça peut être début novembre.
24:47Ils vont peut-être attendre pour annoncer les grandes mesures, l'élection américaine.
24:52La date du 5 novembre peut être aussi un horizon important pour les planificateurs chinois.
25:00Tout à fait, même si je pense que, même si c'est Trump qui est élu, les tarifs ne seront probablement que les brouffes.
25:08Il suffit de changer votre destination d'exportation.
25:10Oui, on l'avait vu.
25:13Mais je pense qu'ils vont attendre de voir la direction que prennent les Etats-Unis à partir du 5 novembre pour faire leurs annonces.
25:21Donc j'attends encore quelque chose.
25:23Mais la vue n'est pas encore définitive et clarifiée totalement sur ce que pèsera la Chine dans le jeu global macro des marchés en 2025.
25:31Absolument, pareil, la clé ça va être à quel point ça va augmenter la demande de pétrole.
25:36Geoffroy, sur la Chine, les effets d'entraînement et puis on peut gentiment dériver sur l'enjeu américain de l'élection présidentielle, bien sûr.
25:45La Chine, il y a beaucoup de choses qui ont été dites.
25:47C'est vrai que sur les mesures, c'est assez intéressant de suivre au jour le jour les mesures qui peuvent être annoncées.
25:52Tout n'a pas été annoncé. Il peut y avoir encore des annonces à venir dans les prochaines semaines.
25:57Si on regarde dans le fond, il y a eu aussi des baisses de salaire.
26:00Donc ça c'est assez important pour le consommateur chinois.
26:03Il y a des micro-aides comme ça a été dit.
26:05Et puis aussi, c'est vrai que côté Chine, c'est vrai qu'on s'attend toujours à ce que finalement ils arrivent à atteindre leur croissance de 5% affichée.
26:13Quelle que soit la manière d'y arriver, on pense qu'ils peuvent atteindre un niveau assez proche en tout cas de ces 5% cette année.
26:20Après l'année prochaine, ça sera encore autre chose.
26:22Mais c'est vrai qu'on a cette Chine qui est un peu entre deux.
26:26Et si on regarde au niveau des marchés actions chinois, on constate qu'il y a quand même un fléchage des investissements,
26:31notamment de l'épargne des ménages vers les actions, au détriment de l'immobilier.
26:35Et ça soutient les marchés boursiers chinois.
26:39On peut s'en déter pour aller acheter des actions.
26:41Il y a des mécanismes d'apport de l'équité pour aller acheter des actions.
26:45C'est très dur d'avoir une vision très positive sur les marchés actions chinois parce qu'il y a une volatilité qui est énorme.
26:50Mais c'est vrai qu'en tout cas, on a cette dynamique qui est là.
26:53Je ne vais pas revenir sur les mouvements qu'on a connus ces derniers jours.
26:56Mais c'est vrai qu'on a cette dynamique qui est là, qui peut se poursuivre.
26:59Mais c'est vrai que structurellement, c'est assez dur d'avoir une visibilité sur cette économie-là.
27:03Et comme ça a été dit, c'est vrai qu'il y a un lien qui est important avec les États-Unis
27:07et notamment avec le résultat des élections américaines.
27:10Donc le 4 novembre, ça a été souligné tout à l'heure.
27:13Le 5 je crois normalement.
27:14Le 5 ?
27:15Pas de bêtise.
27:16Mais peut-être qu'on ne les aura pas le 5 justement.
27:18Peut-être qu'on n'en aura pas le 5.
27:19Peut-être qu'il y aura débat.
27:20Ils votent déjà.
27:22Peut-être qu'il y aura débat sur le vainqueur au lendemain de l'élection
27:25parce que c'est assez rapide de dire qu'on peut avoir des présomptions de corruption
27:30dans un État ou un autre, un swing state comme on les appelle.
27:34Et ça peut créer du délai pour avoir un résultat officiel.
27:39Alors on espère que ça ne prendra pas trois mois ou six mois.
27:42Mais c'est vrai qu'il peut y avoir ce scénario où il y a une incertitude.
27:45Et ce scénario n'est pas nul.
27:47Et ça serait gênant pour le marché ça ?
27:49Ça peut être gênant pour le marché puisque le marché souhaite bien évidemment avoir le plus de visibilité possible.
27:54Et c'est vrai que dans un contexte géopolitique un peu tendu,
27:56que ce soit côté Chine, Moyen-Orient ou Ukraine,
27:59c'est vrai que ça peut créer un peu de tension sur cette période d'incertitude côté élection américaine.
28:07Et pour la Chine du coup alors ? Cette élection américaine ?
28:11Pour la Chine et pour les relations géopolitiques, on peut imaginer,
28:14encore une fois on tire des traits sur la comète,
28:17mais que Trump serait plutôt favorable à un environnement géopolitique un peu tendu
28:22puisqu'on sait qu'il a cette capacité à aller discuter avec des leaders mondiaux assez charismatiques
28:28et qu'il serait capable d'avoir un dialogue peut-être assez ferme.
28:32Le deal maker quoi.
28:33Derrière la menace des tarifs, il y a quand même toujours l'idée qu'on peut, avec Trump, faire des deals.
28:39Avec Kamala Harris, c'est vrai qu'il y a un peu plus d'incertitude sur le front géopolitique
28:43même si on est plus sur un consensus, une vision européenne des relations internationales.
28:49Donc il y a ces deux idées qui s'opposent.
28:52Et c'est vrai que ça aura des implications sur les marchés boursiers.
28:56Et je voulais revenir un petit peu sur les impacts d'une élection de Trump sur la macroéconomie
29:01puisque c'est vrai qu'on sait que l'économie américaine consomme à 90% des biens made in USA.
29:07Il y a simplement 10% des biens qui sont importés de la Chine et d'autres pays.
29:12Et que si on voulait faire un petit exercice mathématique sur un coin de table,
29:16on voit que sur ces 10%, il y aurait, selon Trump, 60% d'augmentation des tarifs sur la Chine et 10% pour les autres.
29:23Donc si on remet ça sur ces 10%, on arrive à 14% à peu près de hausse des tarifs sur 10%.
29:30Sur 10% d'importation.
29:31C'est à peu près 1,4% d'inflation en plus aux Etats-Unis.
29:34C'est toute chose égale par ailleurs.
29:36On sait bien qu'il y aura des répercussions au niveau des marchés, des entreprises, etc.
29:39Mais c'est vrai que c'est plutôt un scénario inflationniste.
29:41D'accord avec l'idée que Trump est inflationniste, Patrick ?
29:45Je n'ai pas entendu un économiste me dire l'inverse jusqu'à présent.
29:48Oui, c'est contrairement à ce qu'il prétend.
29:51Effectivement, la hausse des tarifs est plutôt payée par le consommateur final.
29:55Sachant que quand on regarde les importations, ce qu'on voit en ce moment,
29:59le dynamisme des importations pré-élection, les biens de consommation et les biens d'équipement.
30:08Il y a une stratégie de stocker pour des entreprises avant l'élection du 5 novembre ?
30:13Ce n'est pas impossible dans un contexte qui est difficile.
30:16On l'a vu que les entreprises se plaignent du manque de visibilité à l'international.
30:20Peut-être qu'il y a cela, mais ça veut dire que le consommateur en prendra un plein.
30:24Les hausses de tarifs, même si on prétend que ça va générer de la croissance.
30:28Il y a des études qui ont été faites par plusieurs banques centrales et le FMI,
30:32et la Banque mondiale, qui montrent que la période 2016-2019 a été une période
30:37dans laquelle on a détruit des emplois, dans laquelle on a augmenté l'inflation.
30:40La hausse des tarifs n'est pas générateur au total, n'est pas générateur de croissance.
30:45C'était même un stage fashionniste. On n'a pas eu de croissance,
30:48on a détruit l'emploi et on a eu des prix plus élevés.
30:52On augmente les coûts. Après, c'est tout le jeu des lobbying.
30:56Je me souviens que dans la période 2016-2019, on regardait la liste des biens
31:01en finance de Chine et on s'apercevait au stupeur que ce n'était pas les biens
31:06les plus importants qui étaient sur la liste qui étaient concernés,
31:09parce que derrière, il y avait eu une négociation.
31:11Chacune des branches allant à la Maison Blanche en disant non, pas moi,
31:15mais effectivement quelque chose d'autre.
31:17Effectivement, il y avait eu une absorption dans les marges et on n'avait pas vu,
31:20malgré des hausses de tarifs, on n'avait pas eu beaucoup d'impact au niveau de l'inflation.
31:24Là, effectivement, vu les montants mentionnés, ça risque d'être un peu plus significatif.
31:29Mais ce qu'il faut retenir de Trump, c'est qu'il a une volonté de désinguer l'économie mondiale.
31:36J'utilise un terme trivial qui est de déconstruire, en termes plus littéraires,
31:41une certaine internationalisation, une certaine globalisation.
31:47Effectivement, comme vous l'avez dit, il faut négocier et négocier avec moi.
31:50Moi, je suis les États-Unis et si vous voulez participer au club américain,
31:54puisque là, on est dans une thèse isolationniste, il faudra payer.
31:58C'est les fameux 2% pour l'OTAN.
32:00Ça se trouve, les 2% vont augmenter, puisque le club de l'OTAN a augmenté.
32:04Et de toute façon, on avait même vu que le jeu en faveur des États-Unis,
32:09et si on est allié des États-Unis, on n'est pas sûr que le parapluie
32:12ou la bonne volonté ou la main américaine, en termes de technologie, etc., continuera à s'exercer.
32:18C'est intéressant parce qu'il a repris, il est vraiment obnubilé par les Mercedes sur la 5e avenue.
32:23Il parlait la semaine dernière à l'Economic Forum de Chicago,
32:26je crois que c'était retransmis sur Bloomberg.
32:28Il revient sur Angela Merkel, les Mercedes, etc.
32:32Et même le fait que Mercedes ou Benz aient des usines aux États-Unis,
32:37lui, il considère que ce n'est pas suffisant.
32:38Il dit que ce sont des usines d'assemblage.
32:40Ils font tout fabriquer en Europe, en Europe de l'Est, etc.
32:44Et ils viennent juste assembler chez nous.
32:45Ça ne suffit plus.
32:46Ce n'est plus le Trump de 2016.
32:48C'est encore une version, encore plus jusqu'au boutiste de Trump, de ce point de vue-là.
32:54La barre plus haut puisque tout le monde a bien identifié que les exportations chinoises
32:58passaient d'abord par le Vietnam et le Mexique avant d'arriver aux États-Unis.
33:03Et donc là, ça veut dire que tous les traités commerciaux,
33:06en fait, c'est ça, ce côté dézingué,
33:09tous les traités commerciaux et tous les engagements internationaux,
33:12y compris les États-Unis, sont susceptibles d'être revus à l'aune du jugement de M. Trump.
33:17L'accord de libre-échange Nord-Amérique, Canada, États-Unis, Mexique,
33:21on verra effectivement s'ils parlent du Mexique en disant
33:24les voitures qui arrivent du Mexique fabriquées par les Chinois,
33:27ce sera 10, 20, 200, 2000% de tarifs s'il faut.
33:31Mais il n'y en aura pas une.
33:32La nouvelle présidente mexicaine s'est déjà préparée.
33:35Oui, qui vient d'arriver effectivement depuis quelques mois à peine.
33:39Bon, l'effet Trump sur les marchés,
33:41est-ce que ça peut être les mêmes effets que ceux de 2016 ?
33:45Sachant que depuis 2016, on a vécu une vague inflationniste,
33:48que les prix ont monté de 20%, etc.
33:50Est-ce qu'il peut utiliser les mêmes recettes avec un soutien du marché,
33:55comme il l'a eu en 2016,
33:56ou est-ce que là, le jeu s'annonce plus risqué selon vous, Alexandre ?
33:59Il y a beaucoup de choses qui ont été dites là aussi.
34:02On a l'impression que le marché se prépare quand même à Trump,
34:05disons une semaine sur deux.
34:07Mais ça a l'air quand même de lui plaire.
34:10Ça a l'air de lui plaire.
34:11Donc je pense que le marché se concentre quand même
34:13sur une potentielle baisse de taxes à nouveau.
34:16Et c'est ça en fait qui va déterminer si c'est re-2016.
34:19D'où les taux qui remontent, le dollar qui sourit, etc.
34:23Absolument.
34:24Et donc là, pour l'instant, c'est très difficile de commenter
34:28ce que va faire Donald Trump,
34:30parce qu'il n'a pas dit grand-chose,
34:32puisqu'il nous dit qu'on n'est même pas sûr qu'il va le faire.
34:35Donc typiquement, en 2016, il s'était quand même beaucoup attaché
34:39à l'immigration illégale, etc.
34:41Il n'a résolu aucun problème là-dessus.
34:43En fait, il a cassé la volonté de ceux qui voulaient arriver.
34:47Mais il n'a pas du tout raccompagné qui que ce soit à la frontière.
34:50Donc c'est assez difficile de se prononcer là-dessus.
34:54Mais par contre, je pense que le baromètre,
34:56au même titre que pour Kamala,
34:57ce sera est-ce qu'elle augmente les taxes ou pas,
34:59ça va être de voir s'ils vont jusqu'au bout
35:01sur leur vision sur l'impôt sur les sociétés.
35:04Et pour ça, il va falloir attendre aussi Sénat et Chambre
35:08pour voir si c'est une vague républicaine.
35:10Et en fait, pour moi, c'est là que ça va se jouer.
35:12Si on a une vague républicaine, on peut repartir sur un 2016
35:15au moins au début.
35:17Si on ne l'a pas, ça va être plus difficile de passer des mesures.
35:21On sait que Trump a utilisé des décrets.
35:23Mais globalement, je pense que ça va être beaucoup plus statique
35:27au moins sur les premiers mois.
35:29Un Trump inflationniste en 2024,
35:31après la vague d'inflation qu'on a eue,
35:34ça peut être encore positif marché.
35:37Parce qu'en 2016, on sortait à peine de l'idée
35:41de la stagnation séculaire en se disant
35:43on ne veut plus jamais voir ça.
35:45Et Trump arrivait, était là au bon endroit, au bon moment
35:48pour mettre un peu d'inflation dans le système.
35:51Là, de l'inflation, en l'occurrence, on en a eu.
35:53Les Américains, ils en ont eu.
35:54Le problème va être sur les taux.
35:56Et même pas que sur le sujet de l'inflation,
35:58mais sur le sujet de la confiance dans le dollar.
36:00Donc là, on peut avoir un risque de monter abrupt
36:04sur les taux du fait de la politique de Trump.
36:07Donc là, une défiance vis-à-vis du marché américain.
36:10Et là, on peut avoir un à-coup sur le marché actions.
36:13Mais sinon, l'inflation, tant qu'il ne la relance pas trop
36:17et qu'elle reste dans ces zones-là,
36:19elle est plutôt bonne pour les publications de résultats
36:22qui vont suivre.
36:23Donc sur les actions, ça peut avoir un effet légèrement positif.
36:27À 4,15 sur le 10 ans américain, c'est le signe que le marché
36:31prend en considération une idée Trump au soir du 5 novembre,
36:35ou dans les heures ou les jours qui suivront.
36:37Geoffroy ?
36:38Oui, je rejoins un petit peu ce qui vient d'être dit.
36:39Je pense que le marché aujourd'hui se focalise un peu plus
36:41sur une victoire de Trump.
36:42Ce n'est pas non plus le scénario 90% de probabilité.
36:45Mais en tout cas, c'est intégré en partie dans les cours,
36:48dans les cours des marchés actions,
36:50mais dans les cours aussi des niveaux de taux,
36:52avec toujours une croissance qui est robuste
36:55et un marché de l'emploi qui se tient toujours.
36:57C'est vrai qu'on a ce phénomène de pontification
36:59qu'on connaît depuis 4-5 mois,
37:01qui marque un tout petit temps d'arrêt.
37:03Mais c'est vrai que si on est dans cette configuration
37:06où la croissance se tient
37:08et on peut avoir un petit effet positif,
37:10on va dire à l'issue de l'élection,
37:12que ce soit Kamala Harris ou Donald Trump d'ailleurs,
37:14on peut avoir un effet positif
37:16puisque souvent au lendemain des élections,
37:18on repart sur quelque chose d'un peu plus visible, lisible,
37:21et on sait que, quel que soit le candidat qui sera élu,
37:26il y a une politique expansionniste.
37:29Même si le budget, on sait que ça dérape aussi.
37:32On ne parle pas de la France ici,
37:34mais aux Etats-Unis, on voit que la dette et le budget
37:36ne sont quand même pas très alignés
37:38avec la conception de la théorie économique
37:40d'une bonne économie.
37:43Aujourd'hui, il y aurait quand même cette volonté affichée
37:46de développer la croissance américaine.
37:50Et au lendemain de l'élection,
37:52on peut s'attendre à une reprise
37:54des marchés boursiers américains également.
37:56Les Etats-Unis peuvent vraiment se permettre ça ?
37:59Que ce soit Trump ou Harris,
38:01j'ai l'impression que la vanne budgétaire
38:03va rester ouverte d'une manière ou d'une autre.
38:05Il y a un petit rendez-vous un peu difficile.
38:07Régulier d'ailleurs.
38:09Ça s'appelle le mois de janvier.
38:11Le plafond de la dette.
38:13Mais grosso modo, tout le monde va être d'accord,
38:15quel que soit l'état des chambres
38:17et l'état de l'élection,
38:19et quel que soit le locataire de la Maison-Blanche,
38:21pour prolonger jusqu'à peu près au mois de juin.
38:24Et alors après, ça sera la petite mécanique
38:26du Trésor américain de trouver les fonds.
38:28Donc là, les fonds vont remonter en fin d'année
38:30avec la perception des impôts.
38:32Et puis après, on va dépenser gentiment ce que l'on a
38:34achevé au mois de juin avec quasiment plus rien dans les caisses.
38:36Et là, attention, effectivement, au risque.
38:38C'est-à-dire, quel est le programme d'émission ?
38:40Est-ce qu'on est mis sur le court ? Est-ce qu'on est mis sur le long ?
38:42Et c'est peut-être cela qui est en train
38:44d'être mis dans les cours obligataires,
38:46sachant que tout le monde
38:48est bien d'accord aux Etats-Unis.
38:50La rigueur, c'est un gros mot.
38:52Et je dirais, l'espace budgétaire,
38:54il est là, effectivement, pour être distribué.
38:56Donc 6-7% de déficit
38:58et une dette qui va filer.
39:00L'organisme indépendant,
39:02le CBO avait lancé
39:04au mois de mars de cette année
39:06des études pluriannuelles jusqu'en 2030
39:08plutôt inquiétantes. Mais grosso modo,
39:10il n'y a pas eu un mot dans toute la campagne électorale
39:12si ce n'est de dire que
39:14la croissance sera là. Et donc, on réduit
39:16en dynamique le déficit.
39:18Tant que l'inflation le permet, est-ce que c'est aussi
39:20un objectif secondaire pour la réserve fédérale américaine
39:22d'assurer ce coût de financement
39:24de l'État fédéral américain ?
39:26Il y a la baisse des taux.
39:28Il y a également toute la politique de bilan
39:30de la Fed qui peut continuer
39:32d'évoluer. Encore une fois,
39:34je le dis, tant que l'inflation
39:36le permet, est-ce que c'est quelque chose
39:38que la Fed peut participer
39:40à accommoder d'une certaine manière ?
39:42La politique monétaire de la Fed
39:44est un facilitateur
39:46et laisse de la place à la politique budgétaire.
39:48On ne parlera pas, même si ça fait partie
39:50du programme de M. Trump, de remettre
39:52en cause l'indépendance de la Fed.
39:54Mais aujourd'hui, effectivement, les deux stratégies
39:56convergent. Donc on peut dépenser plus
39:58parce que derrière, on a des taux courts.
40:00Les deux stratégies convergent. Derrière, on a des taux courts
40:02qui vont continuer à baisser. C'est ce que je disais tout à l'heure.
40:04On a une fenêtre à peu près de 6 mois.
40:06Et si l'inflation ne le permettait plus,
40:08on n'a pas de doute
40:10sur le fait que la Fed
40:12agirait selon son mandat
40:14face à l'inflation ?
40:16Après, ça va être difficile.
40:18Et c'est là où, effectivement, M. Trump dit
40:20« J'aimerais bien avoir une ligne avec M. Powell
40:22pour lui donner mon sentiment. »
40:24Pour l'aider à jeter la pièce en l'air, comme il dit, c'est ça ?
40:26Ne montez pas les taux ou continuez à les baisser
40:28même s'il y a de la relance.
40:30Et c'est là où, effectivement, les phénomènes
40:32de primes de risques, primes sur l'inflation,
40:34mais aussi primes de risques sur les États-Unis
40:36et risques de débasement, en quelque sorte,
40:38du dollar américain, pourraient apparaître
40:40si on pousse les feux un petit peu trop loin.
40:42Mais c'est un processus. C'est une séquence.
40:44On ne va pas voir ça au lendemain
40:46du résultat de l'élection présidentielle
40:48sur les marchés obligataires ?
40:50Exactement. Et comme vous le disiez tout à l'heure,
40:52Trump est un pragmatique. Il va faire passer
40:54quand on regarde les programmes des deux candidats,
40:56d'ailleurs, ça paraît à fait comme des propositions.
40:58Ils ne vont pas le faire ligne à ligne
41:00et ils vont mettre en place ou choisir
41:02ce qui est possible de le faire politiquement
41:04et ce que les marchés aussi acceptent.
41:06On a vu, bien entendu, que les marchés
41:08peuvent ne pas accepter.
41:10C'est le fameux « least trust »
41:12Le « trust moment ». Oui, c'est ça, l'effet
41:14« trust », effectivement,
41:16rappelé régulièrement
41:18par les autorités compétentes.
41:20Le CBO, le patron du CBO, a rappelé
41:22le risque d'un moment « trust » aux Etats-Unis
41:24dans le cadre d'une victoire
41:26de Donald Trump, en l'occurrence.
41:28En matière d'investissement,
41:30on n'a pas dit grand-chose
41:32pour l'instant des résultats microéconomiques.
41:34Alexandre, je ne sais pas quel est le premier commentaire
41:36que vous faites. On a quelques jours
41:38de publication derrière nous. Il y a déjà eu des grands noms.
41:40On s'est attardé ici sur les alertes
41:42des mégacaps européennes à SML
41:44et LVMH.
41:46Est-ce qu'on voit un peu au-delà de ça ?
41:48Est-ce que c'est une saison de publication qui est encore un facteur
41:50de soutien, j'ai envie de dire, là aussi
41:52pour les actifs risqués ? Ou est-ce qu'il faut être un peu plus méfiant
41:54à ce stade ? Nous, on est un peu plus inquiets que sur
41:56les trimestres précédents, notamment en Europe.
41:58On a eu quelques
42:00avertissements, quelques gros avertissements
42:02qui ont été sanctionnés par le marché
42:04comme il fallait. Surtout, les attentes
42:062025 nous paraissent assez ambitieuses,
42:08que ce soit en termes de croissance
42:10ou de marge.
42:12On pense que là, les marges sont
42:14arrivées à un niveau, même aux Etats-Unis,
42:16où elles peuvent quand même commencer
42:18à se compresser un petit peu. Donc là-dessus,
42:20d'un point de vue bottom-up, on est un peu
42:22plus inquiets que sur le top-down
42:24dont on a parlé depuis le début de l'émission.
42:26Il va falloir
42:28voir surtout les perspectives.
42:30On sait que pas mal d'entreprises,
42:32pas mal de secteurs voient flou
42:34pour 2025.
42:36On va rester
42:38finalement investis sur l'effort,
42:40et ne pas tenter
42:42d'être contrariants sur les faibles.
42:44Exemple, l'auto, par exemple.
42:46Donc oui,
42:48on est investis.
42:50On a des secteurs forts, des secteurs faibles,
42:52mais même dans chaque secteur, on a ces phénomènes
42:54de polarisation qui sont incroyables.
42:56Hermès fera mieux
42:58que Kering en termes de résultats opérationnels,
43:00il n'y a pas de doute.
43:02Adidas aujourd'hui fait mieux que Nike,
43:04c'était peut-être différent il y a quelques années.
43:06Unilever fait mieux que Nestlé aujourd'hui.
43:08A chaque fois, dans chaque secteur,
43:10je trouve des exemples de poids lourds,
43:12mastodontes, concurrents face-à-face,
43:14l'un qui va vraiment pas bien, qui a moins 30,
43:16et l'autre qui va bien,
43:18et qui peut faire du plus 30, boursièrement parlant, sur l'année.
43:20Alors ça, dans une maison de stockpiqueurs,
43:22c'est super.
43:24On l'attendait, on en parle depuis le début de l'année,
43:26donc il y a effectivement du stockpicking,
43:28y compris sur les larges et sur les méga-caps.
43:30Donc ça, c'est très bien.
43:32Après, effectivement, il y a des histoires spécifiques,
43:34donc Hermès-Kering,
43:36Hermès gère son stock, Kering pas du tout,
43:38Adidas-Nike, Adidas-Innov,
43:40Nike très peu.
43:42Et ça se ressent sur le marché, ça se ressent dans les résultats.
43:44Donc ça, après, c'est à nous
43:46de faire le travail là-dessus. Et effectivement, il y a une dispersion
43:48de plus en plus grande
43:50sur certaines valeurs intra-secteurs.
43:52Même dans l'auto,
43:54on peut trouver des choses qu'on préfère
43:56par rapport à d'autres, je ne vais pas les citer.
43:58Si on met Ferrari dans le secteur automobile.
44:00Par exemple, on peut en parler.
44:02Donc voilà,
44:04on a beaucoup de différences, et ça,
44:06ça aide aussi à faire de la surperformance,
44:08c'est-à-dire qu'on sait quand même plein pendant
44:10des mois, voire des années sur ce plateau,
44:12que finalement, c'était les plus grosses capitalisations
44:14qui fonctionnaient et qui tiraient les indices vers le haut.
44:16Là, c'est un petit peu moins le cas.
44:18C'est le phénomène de broadening.
44:20Donc bon, c'est un peu mieux.
44:22Et c'est sain, du point de vue de marché ?
44:24C'est plus sain, beaucoup plus.
44:26Geoffroy, qu'est-ce qui vous intéresse dans
44:28les marchés globaux aujourd'hui, ou est-ce qu'on est encore à l'aise
44:30avec la prise de risque, par exemple,
44:32en matière d'investissement ?
44:34C'est vrai qu'aujourd'hui, compte tenu de ce qu'on vient de se dire,
44:36il y a eu un beau parcours qui a été fait depuis le début de l'année
44:38sur les marchés boursiers, que ce soit US ou Europe.
44:40Donc c'est vrai qu'on se dit
44:42qu'aujourd'hui, vu qu'il y a la saison
44:44des résultats des publications qui commence,
44:46il faut être un peu prudent.
44:48On n'attend pas forcément de très bonnes nouvelles.
44:50Ce qu'il faut, c'est redonner
44:52un peu de visibilité, voir s'il ne faut pas
44:54remettre un petit peu plus à la baisse
44:56les prévisions de bénéfices pour 2025,
44:58comme ça a été dit. Donc c'est vrai qu'un peu de prudence
45:00à ce niveau-là. Maintenant,
45:02on parlait du rallye sur les marchés actions
45:04depuis deux ans, ou le fameux bull market
45:06depuis deux ans, deux, trois ans.
45:08On l'a dit, d'un point de vue macro, ça peut tenir.
45:10Mais c'est vrai que d'un point de vue micro, il faut être vigilant.
45:12C'est plutôt un des marchés de stockpickers.
45:14Donc plutôt un message
45:16de neutralité. Ça ne veut pas dire que le rallye
45:18ne peut pas continuer, mais plutôt un message de neutralité
45:20sur les marchés actions en général.
45:22Un peu moins agressif
45:24et attendre d'avoir cette séquence
45:26de résultats, d'élections
45:28américaines aussi, pour avoir un peu plus
45:30de visibilité et toujours essayer de profiter
45:32des baisses de marché pour se repositionner.
45:34Ce qui est étonnant, c'est qu'il y a eu très peu
45:36de respiration, finalement, dans ces marchés actions.
45:38Et à chaque fois, forcément,
45:40ce n'est pas toujours évident d'attraper le mouvement.
45:42Il y en avait eu cet été, un de 5 août.
45:44Il fallait être là, quoi.
45:46C'est allé vite, derrière, en plus.
45:48Et c'est vrai qu'il faut
45:50être là quand les marchés baissent,
45:52parce qu'à chaque fois, il y a des acheteurs qui reviennent.
45:54Il y a des flux positifs qui peuvent revenir
45:56et qui soutiennent le marché. Et puis, si on regarde
45:58les obligations aussi, parce qu'on n'a pas trop parlé,
46:00c'est vrai que les obligations ont fait un beau parcours cette année.
46:02Si on regarde les débits en crédit,
46:04IG, on est à peu près
46:06à plus de 4% déjà depuis le début de l'année.
46:08Et le high yield euro, on est quasiment à 7%.
46:10Donc, c'est vrai que c'est important de saluer
46:12les performances aujourd'hui, de peut-être
46:14se repositionner pour prendre
46:16un petit peu de bénéfices aussi sur ce segment-là.
46:18Maintenant, le portage est intéressant.
46:20Et comme on l'a dit, il n'y a pas forcément d'alternative
46:22qui soit nettement meilleure.
46:24Après, le monétaire reste une bonne position d'attente.
46:26Oui, mais il sera de moins en moins.
46:28Le monétaire, il le sera de moins en moins aussi,
46:30avec la baisse des taux de la BCE.
46:32Et c'est vrai que dans ce contexte-là, avoir un portefeuille
46:34bien équilibré, c'est important.
46:36On s'arrêtera là pour ce soir, messieurs.
46:38Merci beaucoup d'avoir été des invités de Planète Marché.
46:40Geoffroy Lenoir, Offi Invest Asset Management,
46:42Patrice Gautry, l'union bancaire privée
46:44et Alexandre Taieb,
46:46Sycomore Asset Management.
46:48Le dernier quart d'heure de Smartbourg chaque soir,
47:00c'est le quart d'heure thématique.
47:02Et chaque lundi, c'est un quart d'heure américain
47:04qui nous permet de retrouver Pierre-Yves Dugas,
47:06notre correspondant américain, avec nous
47:08en visioconférence.
47:10Pierre-Yves, on entre vraiment dans le
47:12sprint final, le money time.
47:14On aura l'occasion d'en reparler encore
47:16ces prochains lundis avec vous avant
47:18le jour J du 5 novembre.
47:20Mais quels sont les grands scénarios
47:22qui se déclinent aujourd'hui
47:24devant nous pour le résultat
47:26de cette élection présidentielle
47:28et de l'élection, de la réélection
47:30d'un certain nombre de membres
47:32de la Chambre des représentants et du Sénat,
47:34Pierre-Yves ?
47:36J'ai essayé de vous faire par ordre
47:38croissant d'inquiétude
47:40pour les marchés
47:42les différentes
47:44permutations possibles
47:46de résultats électoraux
47:48puisque, ne l'oublions pas, nous avons
47:50aux Etats-Unis, qui va s'achever
47:52le soir du mardi
47:545 novembre, des élections
47:56présidentielles mais des élections
47:58législatives et l'interconnexion
48:00des deux est plus que jamais
48:02très importante. Alors,
48:04j'ai retenu six
48:06possibilités
48:08dans ce que j'appelle des scénarios
48:10pour parler français de
48:12cohabitation,
48:14qui sont des scénarios qui favoriseraient
48:16ce que l'on appelle aux Etats-Unis
48:18le ticket splitting.
48:20Le ticket, c'est
48:22historiquement en tout cas
48:24la longue bande de papier qui
48:26représentait,
48:28ce n'est plus toujours le cas suivant les machines à voter
48:30maintenant,
48:32les multiples bulletins de vote
48:34dans lesquels on devait faire des trous.
48:36Les Américains peuvent
48:38panacher, ils peuvent choisir
48:40un démocrate comme président
48:42et un républicain comme sénateur
48:44ou comme député
48:46ou un indépendant. Toutes les permutations
48:48sont possibles. Au cours
48:50des vingt dernières années, ce ticket splitting
48:52s'est plutôt modéré mais on entend dire
48:54on pourra le vérifier le soir
48:56du 5 novembre, qu'aujourd'hui
48:58le ticket splitting peut revenir
49:00à la mode, ce qui peut arranger
49:02les deux candidats à la présidentielle.
49:04Ticket splitting, première
49:06possibilité, Kamala Harris
49:08est élue présidente mais elle se retrouve
49:10face à elle avec un Sénat
49:12qui sera probablement républicain
49:14et une chambre qui
49:16probablement sera
49:18encore républicaine ou de très
49:20courte majorité en tout cas dans un
49:22camp ou dans l'autre.
49:24C'est pratiquement la continuité
49:26dans ce cas-là, c'est en gros
49:28ce qui se passe aujourd'hui, sauf que pour le
49:30moment, le Sénat est encore de justesse
49:32contrôlée par les démocrates.
49:34Deuxième possibilité, Kamala Harris
49:36se retrouve face à un Sénat
49:38républicain et une chambre
49:40qui pourrait être soit démocrate, soit
49:42républicaine.
49:44Alors là, c'est la vraie continuité.
49:46Les marchés devraient pouvoir tolérer
49:48cette situation parce qu'elle évite
49:50les grands
49:52à-coups d'un côté ou de l'autre
49:54tant en matière de politique fiscale
49:56qu'en matière de politique
49:58commerciale.
50:00Et puis, il y a la troisième possibilité
50:02d'une victoire de Trump
50:04qui se retrouverait face à
50:06un congrès démocrate.
50:08Je pense que cette possibilité,
50:10si elle est mathématiquement
50:12possible, est assez peu probable
50:14mais on peut toujours l'envisager
50:16si, effectivement, on a beaucoup
50:18de tickets splitting. On sait
50:20par exemple qu'en Géorgie,
50:22la personnalité
50:24des élus locaux
50:26lorsqu'ils sont républicains peut
50:28être bien perçue par des électeurs
50:30indépendants ou modérés,
50:32et que la personnalité de Donald
50:34Trump, en revanche, continue de polariser
50:36beaucoup, ce qui favoriserait
50:38la deuxième possibilité que j'évoque.
50:40Ensuite, on entre dans les trois
50:42possibilités délicates pour
50:44les marchés parce qu'elles entraîneraient
50:46un grand changement
50:48de politique.
50:50De quoi s'agit-il ? La victoire
50:52démocrate totale.
50:54Non seulement Kamala Harris remporterait
50:56la Maison Blanche, mais
50:58les démocrates conserveraient
51:00le Sénat et regagneraient la majorité
51:02à la Chambre. Alors ça,
51:04je ne le sens pas trop,
51:06mais c'est tout à fait possible.
51:08Cela voudrait dire énormément
51:10de changements dans la politique américaine
51:12et des ajustements importants dans les portefeuilles,
51:14notamment obligataires,
51:16parce qu'il y aura des conséquences sur la
51:18fiscalité des entreprises et sur
51:20le fonctionnement même
51:22de la vie politique à Washington
51:24parce que, dans cette configuration-là,
51:26les démocrates vont chercher
51:28à augmenter le nombre de juges
51:30à la Cour suprême pour
51:32diluer le pouvoir des juges conservateurs.
51:34Ils vont également vouloir
51:36revenir sur le règlement intérieur du Sénat
51:38qui, avec ce système
51:40d'accorder à 60
51:42sénateurs sur 100 le pouvoir
51:44de suspendre le débat, donne
51:46un pouvoir très
51:48important et fait,
51:50je dirais, des conservateurs
51:52des gens forcément très
51:54puissants dans le processus législatif.
51:56Et puis, il y a
51:58les deux autres possibilités.
52:00La victoire
52:02républicaine totale,
52:04alors là, qui entraînerait
52:06certainement des conséquences
52:08immédiates en matière
52:10de taxation, puisque
52:12la reconduction des baisses d'impôts
52:14de 2017 serait faite,
52:16explosion du déficit,
52:18mise en place de négociations
52:20commerciales très musclées sous la menace
52:22de sanctions commerciales,
52:24voire sanctions commerciales immédiates.
52:26Dernière possibilité,
52:28le scénario
52:30noir, où on ne sait pas
52:32qui va gagner.
52:34Je rappellerai qu'en 2020,
52:36lorsque le candidat,
52:38tiens, démocrate,
52:40à l'époque, Al Gore, avait décidé
52:42de contester les résultats de l'élection
52:44et exiger un décompte
52:46partiel et sélectif
52:48uniquement dans quelques comtés
52:50du sud de la Floride, parce qu'il n'était
52:52pas satisfait de la performance
52:54des électeurs qui
52:56l'estimaient,
52:58le fait de devoir les faire
53:00confiance, l'indice
53:02S&P 500 a plongé de 12%
53:04entre ce soir du 7 novembre
53:062000 et
53:08le moment où Al Gore
53:10a finalement renoncé à contester
53:12l'issue de l'élection. Cette
53:14contestation et ce scénario
53:16noir pourraient se jouer
53:18de deux manières. Soit on ne sait pas
53:20si Al Gore va vraiment gagner la présidentielle
53:22avec une contestation
53:24très vraisemblable si Donald Trump
53:26perd de très peu, ou
53:28une incertitude sur le Sénat
53:30avec des élections et des décomptes qui seraient
53:32nécessaires pour savoir qui va
53:34emporter la majorité au Sénat.
53:36Merci d'avoir rappelé cet épisode de 2000,
53:38effectivement, Al Gore et
53:40la Floride. Est-ce que ça avait, entre guillemets,
53:42coûté au marché ce moment
53:44d'incertitude ? Et on parle
53:46à l'époque d'un candidat
53:48d'Al Gore, j'allais dire
53:50un peu moins sous stéroïde qu'un
53:52candidat Trump, aujourd'hui,
53:54de ce point de vue-là, peut-être,
53:56Pierre-Yves. Si on se
53:58met dans l'hypothèse Trump et l'hypothèse
54:00qui est remontée quand même d'un cran
54:02ces derniers jours et ces dernières semaines,
54:04est-ce que c'est la fin définitive
54:06d'une organisation
54:08comme l'OMC, par exemple ?
54:10Oui. Oui.
54:12On n'en parle déjà plus beaucoup.
54:14Je pense que la dernière fois que j'en ai parlé, c'était peut-être
54:16au moment du
54:18Covid. Je me souviens encore des dernières
54:20bisbilles entre les subventions
54:22européennes à Airbus et les subventions
54:24américaines à Boeing. On était
54:26encore en train de régler ce différent qui doit
54:28couvrir depuis des décennies maintenant.
54:30Mais depuis, c'est vraiment l'être morte.
54:32Les Américains
54:34n'y croient plus.
54:36Ils ne croient plus au libre-échange
54:38tant du côté des Républicains que des
54:40Démocrates. Je dirais qu'il y a une espèce de
54:42coalition. Une coalition
54:44qui est à la fois
54:46de gauche et de droite. Une coalition
54:48syndicale qui est contre les grands accords
54:50de libre-échange.
54:52Une coalition d'écologistes
54:54qui ne croient plus
54:56que les accords de libre-échange sont bons
54:58pour la planète. Et une coalition
55:00d'agriculteurs américains qui sont très
55:02puissants au Sénat, parce que le Sénat,
55:04il y a
55:06100 sénateurs, deux par État,
55:08et les États ruraux et les États agricoles
55:10sont relativement plus puissants au Sénat
55:12qu'à la Chambre des représentants.
55:14Et puis, il y a une coalition populiste
55:16qui essaye de fédérer
55:18tous ces mécontents du libre-échange
55:20qui fait qu'aujourd'hui, la maison
55:22blanche de Joe Biden
55:24ou auparavant
55:26celle de Donald Trump, ne veut plus négocier
55:28des grands accords de libre-échange.
55:30Ce sont des négociations qui prennent des années
55:32et dont on ne sort pas.
55:34Qu'est-ce que ça veut dire ?
55:36Ça veut dire que d'autres types de négociations
55:38multilatérales ont, à mon avis,
55:40très peu de chances d'aboutir.
55:42Il y a ce fameux compromis
55:44réalisé dans le cadre de l'OCDE
55:46sur la taxation des multinationales.
55:48À mon avis,
55:50jamais, jamais,
55:52cette usine à gaz ne sera adoptée par le Congrès
55:54et que Donald Trump soit élu
55:56ou que Kamala Harris soit élue.
55:58Je ne vois pas comment, à Washington,
56:00on pourrait adopter un truc pareil.
56:02Ce qui suppose
56:04d'ailleurs qu'en cas d'élection
56:06de Donald Trump, on ait de violents
56:08contentieux assez rapidement avec l'Europe
56:10sur cette affaire d'abord,
56:12avec la possibilité pour les Européens
56:14de commencer à titre préemptif
56:16de capter
56:18une part
56:20des profits réalisés
56:22par les multinationales en Europe
56:24et puis
56:26l'affaire de la taxe carbone
56:28que les Européens veulent imposer
56:30et les Américains ne sont absolument pas d'accord.
56:32Un petit point important
56:34pour ceux qui sont convaincus à Paris
56:36que Kamala Harris serait la candidate idéale
56:38qui sauverait
56:40le monde de la catastrophe d'une élection
56:42de Trump. Kamala Harris, lorsqu'elle était sénateur,
56:44ça n'a pas duré très longtemps,
56:46mais lorsqu'elle était sénateur de Californie,
56:48a voté contre
56:50la nouvelle version de l'accord
56:52de libre-échange Canada-Mexique-États-Unis.
56:54Version
56:56qui a été renégociée
56:58sous Trump et sur laquelle
57:00elle s'est prononcée contre
57:02n'étant pas satisfaite
57:04des dispositions protégeant en particulier
57:06le droit du travail au Mexique,
57:08ce qui nous donne une idée
57:10de cette large
57:12coalition anti-libre-échange aujourd'hui.
57:14Donald Trump a eu
57:16cette petite phrase la semaine dernière,
57:18il était à l'Economy Club de Chicago,
57:20je crois, avec
57:22Bloomberg qui retransmettait
57:24l'interview.
57:26Nos alliés ont plus profité
57:28de nous
57:30que nos ennemis. C'est ça le monde
57:32de Trump aujourd'hui
57:34en matière d'organisation,
57:36notamment des échanges commerciaux.
57:38L'objectif
57:40de la politique
57:42de tarifs douaniers, de droits de douane
57:44et de surtaxes n'est plus simplement
57:46de faire peur, n'est plus
57:48simplement de protéger
57:50des industries américaines.
57:52C'est aussi d'extorquer
57:54des concessions
57:56sur la protection militaire américaine,
57:58sur
58:00le soutien diplomatique
58:02des Etats-Unis dans certaines
58:04de ses positions. On l'a vu avec la Corée,
58:06avec le Japon en particulier
58:08et avec les Européens qui, dans une négociation
58:10commerciale, sont extrêmement
58:12démunis parce qu'ils ne sont pas
58:14unis. Ils doivent
58:16négocier et fédérer
58:18leur position qui est souvent divergente,
58:20ne serait-ce qu'entre l'Allemagne
58:22et la France sur la question
58:24du libre-échange. Et puis les droits de douane
58:26sont un moyen
58:28choisi par Donald Trump
58:30aussi pour lever de l'argent.
58:32Il considère que c'est un moyen
58:34de compenser les baisses d'impôts.
58:36Donc les droits de douane, c'est bon.
58:38C'est bon par principe, pas simplement
58:40pour négocier.
58:42Derrière Tariffman, il y a le dealmaker
58:44Trump qui est toujours à disposition
58:46pour ceux qui le souhaitent. Merci beaucoup
58:48Pierre-Yves Duguay avec nous. Chaque lundi,
58:50le quart d'heure américain. Ne ratez pas,
58:52on va être ensemble évidemment jusqu'au 5 novembre
58:54et au-delà, nous retrouvons Pierre-Yves Duguay
58:56avec nous le lundi à 17h45 en direct
58:58dans Smartbourse, en replay sur
59:00bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble
59:02de vos plateformes préférées.