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00:00Bonsoir Etienne Blanc, vous êtes sénateur Les Républicains, co-auteur de la proposition
00:05de loi pour lutter contre le narcotrafic, adoptée aujourd'hui en commission au Sénat,
00:10le chef présumé du clan Yoda, un des principaux réseaux marseillais, vient d'être extradé
00:15du Maroc vers la France.
00:16Est-ce que comme le ministre de la Justice, vous vous félicitez qu'il puisse être
00:20remis à la justice française ?
00:21Bien sûr, moi je m'en félicite à deux titres.
00:23Dans notre rapport avec Jérôme Durin, nous avions constaté le sénateur socialiste qui
00:29était le président de la commission, moi j'étais le rapporteur, et nous avions constaté
00:33qu'il était extrêmement difficile d'obtenir des extraditions, et notamment les extraditions
00:37de ce qu'on appelle le haut du spectre, les organisateurs des entreprises de narcotrafic.
00:41Nous avons des difficultés avec Dubaï, nous avons des difficultés avec l'Algérie,
00:45nous avons des difficultés avec le Maroc.
00:47Et moi je me satisfais de cette…
00:49Là ça a fonctionné avec le Maroc.
00:51Bien sûr.
00:52Ça veut dire que quand la diplomatie française est à la manœuvre, et quand il y a une volonté
00:56française, là on avait un problème, vous le savez, avec le Maroc, il y avait une mésentente
01:01entre le roi du Maroc et le président de la République, mais on s'aperçoit que quand
01:05la diplomatie française veut, elle y parvient.
01:07Alors j'espère d'ailleurs que ce qui vient de se passer avec le Maroc se passera aussi
01:12prochainement avec Dubaï, où on a quelques têtes de réseau qui ont été bien identifiées,
01:17qui ont un patrimoine colossal dans cet émirat, et qu'il faut bien sûr, il faut absolument
01:26qu'il soit extradé, qu'il vienne en France et qu'en plus il s'église.
01:28Et puis mon deuxième sujet de satisfaction, c'est que ça va quand même régler un grand
01:33nombre de problèmes à Marseille.
01:34En fait à Marseille vous avez deux clans qui s'opposent, et ce sont ces oppositions,
01:40cette véritable guerre de rue qui a causé ce nombre de morts, et notamment ces jeunes
01:45qui ont été assassinés dans des conditions absolument épouvantables.
01:48Donc cette ultra-violence, on peut espérer qu'à Marseille elle se tasse.
01:53Il ne reste pas moins que la DZ Mafia est toujours là et qu'il va falloir continuer
01:56le travail.
01:57A Marseille justement, les autorités parlent de narcoterrorisme et de risque de voir la
02:01France basculer vers un narco-État, on en est vraiment là dans notre pays ?
02:05Il faut faire très attention aux mots que l'on utilise.
02:09Qu'est-ce que c'est qu'un narco-État ? Un narco-État c'est un État dans lequel les
02:13trafiquants, les réseaux de trafiquants ont une influence sur la puissance publique.
02:18Ils lui font peur, ils la contraignent, ils l'obligent.
02:22Donc on n'est pas un narco-État ?
02:23Il y a un certain nombre de signes qui le laissent entendre.
02:26Regardez ce qui vient de se passer à Mâcon.
02:28A Mâcon, vous avez un réseau de trafiquants qui va voir le maire et qui dit nous on veut
02:31un local.
02:32Pourquoi ils veulent un local ? Parce qu'ils savent que dans ce local, les perquisitions
02:35sont beaucoup plus difficiles que dans un domicile.
02:37Donc ils exigent d'avoir un local.
02:40Le maire, Jean-Patrice Courtois, refusait, il a raison de refuser.
02:44Et à ce moment-là, les narcos, le point du doigt, ils disent écoute-nous bien, si
02:48tu ne nous donnes pas le local, on va mettre le feu à ta ville.
02:50Et bien ils ont mis le feu à la ville.
02:52C'est ça un narco-État.
02:54C'est un État dans lequel le trafic contraint la puissance publique.
02:58Et ça va très loin parce qu'on peut contraindre des juges, on peut contraindre des greffiers,
03:03on peut contraindre des policiers, on peut contraindre des dockers et des douaniers.
03:07Un narco-État c'est ça.
03:08Et attention, un certain nombre de signes en France laissent entendre qu'on n'est pas
03:14loin.
03:15Est-ce que votre proposition de loi va pouvoir répondre à ça ?
03:17Pour répondre à cela, qu'est-ce qu'il faut faire ?
03:20Par exemple, vous prévoyez la création d'un parquet national anti-criminalité.
03:25Qu'est-ce que ça va changer d'avoir un parquet dédié à la lutte contre le trafic
03:29de stups ?
03:30Vous avez remarqué que le parquet national financier ou le parquet national anti-terrorisme,
03:35ils ont été assez efficaces.
03:36Et donc on dit la même chose, on dit que quand il y a une tête et une centralisation
03:41des décisions, on coordonne mieux.
03:45On peut, ce qu'on appelle, évoquer des affaires.
03:47On sait que dans une gire, c'est une juridiction interrégionale, à Bordeaux, à Marseille
03:52ou à Lille, il y a une affaire qui laisse entendre qu'on est dans un réseau important.
03:57À ce moment-là, il y a ce qu'on appelle une évocation et c'est le parquet national
04:02qui s'en saisit, qui poursuit, qui coordonne, qui fait de la coopération internationale.
04:06La personnalisation et la concentration du pouvoir, c'est quelque chose de très utile.
04:11Plus que la justice telle qu'elle est organisée actuellement contre les stups.
04:14Bien sûr, nous pensons que c'est utile.
04:15Et puis dans ce texte, il y a une deuxième chose qui est importante et qu'il faut dire.
04:18C'est le narcotrafic.
04:19Il faut bien comprendre que c'est une entreprise.
04:20Vous avez un client, c'est comme Carrefour.
04:22Avec des chefs, les têtes de pont et des petites mains.
04:24Mais pas que.
04:25Vous avez des consommateurs, c'est le client de Carrefour et puis vous avez l'organisateur
04:29qui livre, qui achète, qui transforme, qui transporte et qui ensuite organise la livraison.
04:34Et bien quand vous tapez à la tête du réseau, vous arrivez à détruire cette entreprise.
04:39Et c'est pour ça qu'en notre texte, nous avons mis en place deux dispositifs que moi
04:44je juge absolument essentiels.
04:46C'est le développement des repentis.
04:48Ça existe depuis 2004, les statuts de repentis.
04:50Pourquoi ça ne fonctionne pas ?
04:51Ça existe parce que c'est très compliqué.
04:52Qu'est-ce que vous allez améliorer dans le statut de repentis ?
04:54On va simplifier le système, on va mieux protéger et on va l'organiser pour qu'il soit plus
04:59souple et qu'il soit plus incitatif.
05:01Il en faut plus.
05:02Concrètement, qu'est-ce qu'il y a ?
05:03Regardez ce qui s'est passé en Italie.
05:04En Italie, quand il s'est agi de faire tomber la monnaie, c'est ce fameux procès de Palerme
05:09où on voit M. Buschetta avec sa perruque, ses lunettes noires et il pointe du doigt
05:14ses anciens complices avec qui il a travaillé.
05:16Il dit « toi tu te souviens, tel jour, telle heure, t'as commis tel crime.
05:19Toi tu te souviens, tu as blanchi dans telle entreprise, etc. »
05:23Et ils ont réussi à affaiblir la mafia.
05:26Eh bien, c'est ce que nous voulons faire.
05:28Bien sûr, des contrôles, mais quelque chose de beaucoup plus souple, au même titre que
05:33nous avons voulu simplifier le système qu'on appelle les infiltrés civils.
05:38Aujourd'hui, vous êtes policier, vous avez un civil qui est trafiquant, qui est
05:42dans un réseau.
05:43Vous dites « tiens, celui-là, il peut me donner des informations très utiles ».
05:45Vous n'avez pas le droit, parce que si vous le laissez faire, l'infraction se développe
05:49et vous pouvez être complice, voire même co-auteur, voire même incité à l'infraction.
05:54Donc, tous les dispositifs qui permettent de rentrer dans l'entreprise de narcotrafic
05:59pour mieux la détruire sont utiles et c'est tout ce qu'il y a dans notre texte.
06:03Alors, dans ce texte, il y a aussi des dispositions qui inquiètent, notamment les avocats avec
06:07des restrictions de liberté, avec ce qu'on appelle le dossier coffre.
06:10Alors, pour faire simple, la défense n'aura pas accès à tous les éléments d'enquête.
06:14Est-ce qu'on peut remettre en cause nos principes fondamentaux pour lutter contre
06:18le trafic de drogue ?
06:19Alors là, il faut être très précis dans ce que l'on dit, parce que vous avez raison,
06:22c'est un sujet qui est un peu touchy.
06:23Moi, j'ai été avocat, je suis très attaché à la protection des libertés individuelles.
06:28Mais, mais… D'abord, notre texte, il ne remet pas en cause…
06:31C'est toujours un problème quand il y a un « mais ».
06:33Il ne remet pas en cause le principe du contradictoire.
06:36C'est un principe qui est sanctuarisé d'ailleurs par le droit européen.
06:39Mais, et j'insiste sur ce « mais », et là, il faut raisonner sur des exemples précis.
06:44Aujourd'hui, la police, la douane, les services de sécurité français utilisent des technologies
06:50très particulières et très complexes.
06:52On va pénétrer un téléphone à distance, un ordinateur à distance, on va mettre en
06:57place…
06:58Oui, il y a beaucoup de dispositions sur l'utilisation de l'intelligence artificielle dans ce texte.
06:59Un système de balisage, oui, parce que quand vous recevez des données, il faut les traiter,
07:03et ça, c'est l'intelligence artificielle.
07:05Mais c'est par exemple un système de balisage.
07:07Prenons l'exemple du système de balisage.
07:09Vous avez suivi une voiture, elle est allée à tel endroit, vous savez qu'elle transporte
07:12de la drogue.
07:13Ensuite, le procès pénal se déroule.
07:15Si, dans le procès pénal, vous dites la technologie que vous avez utilisée, et si
07:20vous dites ça au délinquant qui a procédé au trafic, mais immédiatement, il va le dire
07:25à des autres entreprises de narcotrafic, donc immédiatement, on va aller regarder
07:31à tel endroit où il y a la balise…
07:32Donc, pour vous, c'est légitime, même si les avocats sont très optimistes ?
07:36Bien sûr, il faut les protéger, et il faut protéger les policiers.
07:40Qui plus est, quand vous utilisez ces technologies, attention, ça permet souvent de repérer
07:47et d'identifier l'auteur d'une information.
07:49Il faut être très prudent.
07:50Il faut le dire aux avocats.
07:53Il ne s'agit pas de jeter à la rivière le principe du contradictoire.
07:56Mais ces technologies, elles ne doivent pas être dans le dossier.
08:01Elles restent confidentielles.
08:02Mais les résultats de cette technologie, vous étiez à tel endroit, vous avez tenu
08:08telle conversation, vous avez rencontré tel… ça, ça sera dans le contradictoire.
08:12La deuxième chose que nous avons dite, c'est que quand une enquête débouche sur une prévention,
08:19sur une procédure, ça ne peut pas être le seul moyen de preuve.
08:22Il en faut un second ou un troisième.
08:25Donc, il y a une protection des libertés individuelles qui est une protection absolue.
08:29France Info aura l'occasion de revenir longuement sur le narcotrafic demain puisqu'il y aura
08:34une journée spéciale sur notre antenne.
08:36Demain, Étienne Blanc, c'est aussi jour de vote solennel au Sénat sur le budget.
08:40Est-ce que les LR, dont vous faites partie, vont voter comme un seul homme ce budget ?
08:44Alors, comme un seul homme, je ne sais pas.
08:45Moi, je ne peux pas m'engager pour le camp de mes collègues.
08:48Vous, vous allez le voter ?
08:49Non.
08:50Moi, demain, j'ai une réunion de groupe avec mon groupe et je souhaite qu'il y ait
08:54une position collective.
08:55Vous savez, moi, j'ai une vie politique qui est assez longue.
08:58J'ai toujours été très solidaire de ma famille politique.
09:02Je n'aime pas le terme famille, mais de mon groupe politique et de mon parti politique.
09:07Donc, moi, je veux tout savoir et tout comprendre.
09:09Le budget, ça a été discuté et rediscuté.
09:11Qu'est-ce qu'on peut dire ?
09:12D'abord, on peut dire que 80 à 90% de ce budget, c'est le budget de Michel Barnier.
09:16Que vous souteniez, c'était le Premier ministre LR.
09:18Que je soutenais, c'était le Premier ministre LR.
09:21La deuxième chose que l'on peut dire, et c'est le moins que l'on peut dire, c'est
09:24qu'on va voter un budget avec 5,4% de déficit.
09:28Quand les Européens nous regardent, ils nous disent, ces Français, ils sont extraordinaires.
09:313,3 milliards de dettes et ils continuent, parce que le déficit, il est financé par
09:36la dette.
09:37Moi, je viens d'écouter l'information tout à l'heure, mais c'est merveilleux.
09:39Le président de la République, Emmanuel Macron, dirait surtout ne touchez pas au sport.
09:43Les sportifs qui sont effectivement très inquiets des coupes pour le budget des sports.
09:48L'homme qui, en 7 ans, a augmenté la dette de 1 300 milliards.
09:52Il vous explique, il ne faut pas toucher à ça.
09:54De toute façon, la telle dépense, elle est indispensable.
09:56Jamais, il ne propose une économie.
09:58Donc, demain, nous allons discuter de ça.
10:00Et moi, je suis de ceux qui estiment que voter un budget de 5 milliards, pardon, avec
10:055,4% de déficit, ce n'est pas très raisonnable.
10:08Il faut faire beaucoup mieux.
10:09Et ce que j'attendais du gouvernement, c'est plus d'économie.
10:12Aujourd'hui, on vit sur un grand pied.
10:16Il faut comprendre que l'État, désormais, il ne peut plus vivre de la même manière.
10:20Donc, ce budget vous convient moyennement ? Il y a des pistes en ce moment qui sont
10:24lancées par des ministres pour faire reflouer les caisses.
10:29Est-ce que les 7 heures de travail de plus par an gratuits, c'est envisageable pour vous ?
10:37Moi, c'est une piste qui ne me choque pas.
10:38Vous vous souvenez du jour de Pentecôte avec Raffarin ? Il avait raison.
10:42Le jour de Pentecôte, ça a permis de financer des maisons de retraite et d'établissements sociaux.
10:47C'est une très bonne chose.
10:48Est-ce que la proposition de la ministre du Travail de taxer les retraités qui peuvent
10:52se le permettre, c'est acceptable ?
10:55C'est invraisemblable.
10:56Vous avez des retraités à 2.000, 2.500 euros qui ont travaillé toute leur vie pour
11:00constituer une retraite.
11:01Alors eux, ils n'ont pas fait 35 heures parce que c'était l'époque où on travaillait
11:0440 ou 45 heures.
11:05Finalement, maintenant, vous êtes à la retraite et on va vous piquer une partie de votre épargne
11:09parce que c'est ça.
11:10Ça, c'est non.
11:11Ça n'est pas possible.
11:12Ce que je voudrais dire, c'est que le Sénat a apporté une réponse.
11:18Nous lançons un travail extrêmement important sur les agences de l'État.
11:24Il y en a mille et quelques.
11:26Il faut remettre de l'ordre là-dedans.
11:28L'État vit sur un train de vie que les Français et que nos finances ne peuvent plus supporter.