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  • 31/03/2025

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00:00Bonsoir, merci de votre invitation.
00:02Merci à vous d'être sur France Info, vous êtes député du Loiret, porte-parole du
00:06groupe Rassemblement National à l'Assemblée.
00:07Marine Le Pen a été condamnée, on en parlait à l'instant, à une peine de 5 ans d'inéligibilité
00:12avec application immédiate, 4 ans de prison ferme, 4 ans de prison dont 2 fermes sous
00:17bracelet dans le cadre du procès des assistants des eurodéputés RN.
00:21Une décision qui compromet sa candidature en 2027.
00:24Marine Le Pen qui il y a quelques heures encore disait ne pas croire qu'une peine d'inéligibilité
00:29immédiate serait prononcée.
00:31Vous vous étiez préparé à tout sauf à ça ?
00:33Je pense que comme tous les Français, comme nombreux observateurs, comme même nos opposants
00:38politiques les plus farouches, la question de l'exécution au provisoire, c'est-à-dire
00:42le fait d'empêcher Marine Le Pen de pouvoir se présenter, d'empêcher qu'elle puisse
00:46faire appel et que ça soit suspensif.
00:47Un droit qui est constitutionnel, qui est le double degré d'juridiction, qui est offert
00:52à tous les justiciables français, même aux criminels, aux violeurs, aux jeux de notre
00:56pays, ne soit pas offert à Marine Le Pen, qu'elle soit empêchée en 2027 alors qu'elle
01:00est aujourd'hui en tête de tous les sondages, qu'elle est la principale opposante, dans
01:03un pays démocratique tel que la France qui donne souvent des leçons au monde entier.
01:08Bien entendu, personne ne l'avait envisagé et comme nombreux Français, on est aujourd'hui
01:11profondément choqués mais déterminés.
01:13Et pourtant, on va parler de votre état d'esprit bien sûr, mais sur cette peine d'inéligibilité,
01:18elle était attendue.
01:19Effectivement, l'inéligibilité c'est la règle en matière de détournement de fonds
01:22publics depuis la loi de 2016 et l'application avec exécution provisoire, ce n'est pas non
01:27plus une première, c'est arrivé à d'autres avant vous.
01:31Finalement, les juges n'ont fait qu'appliquer la loi, pourquoi il y aurait une exception
01:35pour Marine Le Pen en fait ? C'est quoi, c'est vos électeurs, c'est une sorte d'immunité ?
01:40Non, pas du tout, vous avez raison de citer d'autres exemples.
01:43On a eu le cas de Brigitte Barège, maire de Montauban, qui a été condamnée à exactement
01:49la même peine, 5 ans d'inéligibilité avec exécution provisoire pour détournement
01:53de fonds publics.
01:54Elle a dû quitter son mandat de maire après avoir été élue par ses habitants.
01:5710 mois après, elle a été relaxée.
01:59Donc, il y a la nécessité, parce que là, ça serait encore pire, ça serait l'impossibilité
02:04pour Marine Le Pen de se présenter, ça ne serait pas qu'une dizaine, une quinzaine
02:07de mois sans un maire à la tête, alors même qu'il a été choisi par des électeurs.
02:11Il y a des erreurs judiciaires, il y a des erreurs qui sont commises par les juges et
02:16c'est pour ça qu'il y a un double degré de juridiction.
02:17Et concernant la peine, depuis 2016 et la loi Sapa, déjà les faits sont antérieurs.
02:22Et deuxième point, il y a toujours un moment de bascule qui a pu être en débat, mais
02:28la majorité, 90% des faits sont antérieurs à cette loi.
02:31Et deuxième point, elle n'est pas automatique de manière définitive.
02:34Le principe constitutionnel qui va au-delà de cela, c'est l'individualisation de la
02:39peine.
02:40Et cela doit être aussi prononcé que quand il y a un risque de récidive ou de trouble
02:43ordon public.
02:44La présidente de la Chambre justifie cette application immédiate, notamment parce que
02:49le risque de récidive selon elle était accentué par la défense des prévenus, la défense
02:54du RN qui dix ans après conteste toujours les faits, malgré les éléments accablants
02:59du dossier.
03:00Et pour elle, ça traduit une conception pas très démocratique de l'exercice politique.
03:04Est-ce que vous n'êtes pas trompé de défense en ayant parfois contre l'évidence les faits ?
03:09C'est pour ça que ce jugement est scandaleux.
03:11Quand vous vous défendez, quand vous niez les faits qui vous sont reprochés, quand
03:15vous cherchez à vous défendre avec vos conseils, avec vos avocats, les droits à la défense
03:19c'est des droits fondamentaux dans notre pays, on vous suspecte d'être totalement
03:23beaucoup plus coupable et on vous empêche de pouvoir faire appel parce que vous ne reconnaissez
03:28pas.
03:29Enfin, on n'a pas la nécessité de reconnaître.
03:30Vous n'auriez pas dû prendre une toute petite part de responsabilité quand vous essayez
03:33de justifier par exemple que le garde du corps historique de Marine Le Pen était assistant
03:36parlementaire européen.
03:37Sérieusement, vous voyez bien que c'est difficile à défendre.
03:41Lui-même a eu du mal à se défendre.
03:42Vous n'auriez pas dû peut-être prendre votre part ? Parce que c'est ça que vous
03:46reproche la présidente aussi.
03:48On n'est pas dans un avis personnel.
03:51L'exécution provisoire elle est là quand il y a un risque de récidive.
03:54Marine Le Pen n'est plus parlementaire européenne depuis 8 ans.
03:59Le Rassemblement national ne s'est vu reprocher aucun fait depuis plus de 10 ans.
04:05Donc, il y a eu un désaccord administratif qui mène peut-être à une condamnation même
04:09si nous la dénonçons et que nous considérons que nous avons toujours agi de bonne foi et
04:14que nous sommes innocents.
04:15Mais aujourd'hui, ça ne doit pas justifier le fait d'empêcher les Français de choisir.
04:22Parce que l'enjeu aujourd'hui, il est démocratique.
04:24Quelle sera la légitimité du président de la République qu'il soit RN d'un autre
04:29groupe politique ? Peu importe aujourd'hui, quelle sera la légitimité du président
04:33de la République qui sera élu alors que la principale favorite ne sera pas candidate ?
04:38Aujourd'hui, c'est comme si vous alliez aux Jeux olympiques.
04:40Là, vous remettez en cause carrément les prochains scrutins.
04:42Parce que ce qu'elle dit la présidente du tribunal, elle ne pense pas comme vous.
04:45Elle mentionne le risque de troubles majeurs à l'ordre public avec le fait que soit
04:50candidate à la présidentielle, voire élue, une personne qui aurait été condamnée en
04:55première instance.
04:56Est-ce que vous entendez aussi cet argument ?
04:58Moi, je vois le trouble à l'ordre public actuel qui est celui que vivent les Français,
05:04qui voient la démocratie, la France, un pays qui donne souvent des leçons au monde entier,
05:10ne pas donner la possibilité au peuple, à la souveraineté populaire de s'exprimer.
05:15Je vous dis, le prochain président de la République, malheureusement, et même s'il
05:18était ici du RN, automatiquement, on pourrait mettre en doute sa légitimité puisque tous
05:24les candidats qui voulaient candidater et tous les Français qui attendaient, notamment
05:27Marine Le Pen, ne pourront peut-être pas s'exprimer.
05:29Alors ce que vous dites, c'est assez grave.
05:31Et vous allez d'ailleurs lancer, le président du RN, Jordan Bardella, a appelé à une mobilisation
05:36populaire et pacifique.
05:38Il a lancé une pétition sur le site du parti en réaction à cette décision.
05:42C'est quoi le but ? C'est de contester la décision des juges ? C'est un haro sur les
05:47juges ? C'est une bascule vers le trumpisme ?
05:50Non, vous savez, vous l'avez très bien dit, Jordan Bardella a appelé à une mobilisation
05:54pacifique, responsable.
05:56Ce n'est pas notre vision des choses.
05:58Aujourd'hui, c'est juste que nous sommes, entre guillemets, assaillis de messages, de
06:01soutiens de personnes qui viennent dans nos permanences et qui sont scandalisés par cette
06:06décision.
06:07Même des gens qui ne nous soutiennent pas de base, qui sont même parfois des opposants
06:10politiques.
06:11Moi, j'en ai eu, avant de venir à Paris, tout à l'heure, des gens qui m'ont dit
06:12« Vous savez très bien que je vote pas pour vous, monsieur le député ». Mais aujourd'hui,
06:16c'est scandaleux.
06:17On doit vous combattre dans les urnes et pas de manière judiciaire.
06:20Alors que vous êtes sur le point de gagner.
06:22Et donc, ces Français, on leur dit « Vous pouvez signer cette pétition, vous pouvez
06:25adhérer au Rassemblement National, vous engager et nous soutenir parce que le combat ne fait
06:30que commencer.
06:31Le combat, il va déjà exister d'un point de vue judiciaire.
06:34» Marine Le Pen a fait appel.
06:35Qu'est-ce qu'il y aura après cette pétition ? Est-ce qu'il y aura une opération de tractage
06:38aussi ? Oui, on va aller à la rencontre des Français
06:40pour expliquer.
06:41Et puis parce que je pense qu'on va aussi essayer d'apaiser le pays qui, aujourd'hui,
06:45est choqué à juste titre de ce qu'il se passe et de leur expliquer que le combat continue,
06:50qu'au-delà du cas personnel de Marine Le Pen, Marine Le Pen est aujourd'hui très
06:53combative.
06:54Vous voulez athéser le pays ou vous voulez athéser la colère et que cela vous serve
06:58de carburant ? Mais absolument pas.
06:59Je veux dire, à un moment, les Français, après 2005 où le référendum n'a pas été
07:03suivi, quand là ils se rendent compte qu'ils ne vont même pas pouvoir choisir, il y a
07:06de multiples baissures dans la démocratie et donc de donner un engagement politique
07:11à ceux qui, aujourd'hui, sont scandalisés à juste titre, c'est la meilleure manière
07:14de le faire.
07:15Au-delà de l'appel que va mener Marine Le Pen et du combat qui continue parce qu'aujourd'hui,
07:19on est à deux ans de la présidentielle, toutes les voies de recours ne sont pas épuisées
07:22et on va se battre.
07:23On va en parler d'un mot, mais ceux qui sont scandalisés, il y a par exemple le Kremlin
07:26qui a réagi alors qu'on ne connaissait même pas encore tous les détails de la condamnation
07:30de Marine Le Pen, que le premier soutien vienne du Kremlin qui parle d'une violation
07:36des normes démocratiques, ce n'est pas un peu gênant ? Est-ce que vous ne vous passeriez
07:40pas de ce genre de soutien ?
07:41C'est tellement gros, franchement.
07:43Vous savez, on voit les soutiens, ils vont de Jean-Luc Mélenchon à Laurent Wauquiez,
07:47en passant par François Bayrou, en passant par Bruno Retailleau, en passant par des
07:51gens qui nous combattent et qui disent que ça doit se passer par les urnes.
07:54Il y a aussi le Kremlin, Elon Musk, Victor Orban, les présidents les plus démocrates.
07:59Nous, la semaine dernière, ils ont le droit de commenter, c'est leur problème.
08:04Dès lors que ce n'est pas une ingérence et qu'ils n'appellent pas à des actions
08:07en France, ils ont le droit de commenter.
08:09La semaine dernière, on a bien été profondément choqués et nous, on a commenté quand le
08:12principal opposant en Turquie, le maire d'Istanbul, est emprisonné.
08:16On le fait.
08:17Ça ne nous gêne pas quand nous, on est français, de le faire et de le commenter.
08:20C'est la limite bien entendu de l'ingérence.
08:21Vous comparez la situation de Marine Le Pen à la situation de…
08:24À un moment, on est dans une situation…
08:26Juste pour dire qu'on peut commenter une situation qui se passe à l'étranger en
08:29regrettant que le principal opposant soit baïonné en Turquie.
08:33C'est la même manière quand d'autres personnalités dans d'autres pays commentent
08:37et s'interrogent.
08:38Parce qu'aujourd'hui, la France a toujours été un modèle de démocratie.
08:41On a rédigé la Déclaration des droits de l'homme et des citoyens.
08:44De voir que la souveraineté populaire, c'est-à-dire le choix des Français à choisir la personne
08:49qui dirigera leur pays, est décidée par quelques juges, comme ça, ce n'est pas
08:54possible au monde.
08:55On entend Thomas Ménagelle.
08:56Et dans quel état d'esprit, Marine Le Pen, vous avez échangé cet après-midi en visioconférence ?
08:58Marine Le Pen, elle est comme toujours, combative, déterminée, elle va se battre parce qu'elle
09:03est innocente.
09:04Elle va continuer et elle continue le combat pour les Français.
09:08Et c'est toujours ça qui est aussi impressionnant chez Marine Le Pen, c'est de voir à quel
09:12point, et c'est pour ça qu'on veut qu'elle soit présidente de la République en 2027,
09:15elle est une battante, elle est une chef, et à quel point elle pense à l'intérêt
09:19du pays, des Français, de nos démocraties, avant son intérêt personnel.
09:21Il n'y a aucun scénario que vous avez envisagé où elle doit passer la main à Jordane Varlet,
09:25là, par exemple.
09:26Là, toute voie stratégique est toujours fondée sur Marine Le Pen, candidate en 2027.
09:29Bien entendu, parce qu'aujourd'hui, je vous dis, au-delà de notre aventure politique
09:35et de la question du Rassemblement National, c'est la question de la démocratie qui se
09:38joue.
09:39Aujourd'hui, tant que toutes les voies de recours ne seront pas purgées, tant que Marine
09:44Le Pen fait appel, elle est présumée innocente.
09:46Je vous ai donné des cas d'erreur judiciaire, des cas par le passé où des personnes qui
09:51avaient été condamnées en première instance ont été relaxées en appel.
09:55Et donc, on n'est pas dans cet état d'esprit parce que, je vous le dis, ce n'est pas au
09:57juge de décider qui sera candidat en 2027, mais c'est aux Français et c'est à notre
10:03constitution de le décider.
10:04Et aujourd'hui, ce n'est pas par une décision de justice qu'on peut décider qui sera le
10:09futur président ou la future présidente de la République.
10:11Il n'est pas le temps de mettre en selle Jordan Bardella ?
10:12Je vous dis, non, ce n'est pas la question qui se pose aujourd'hui.
10:17Je vous dis, ce n'est pas une question seulement de casting aujourd'hui pour le Rassemblement
10:20National qui se joue, c'est une question de démocratie.
10:23On ne peut pas accepter dans un pays qui a fermé il y a quelques temps, excusez-moi
10:27de le dire, mais on commence à être aujourd'hui sur une dérive qui est inquiétante.
10:29Un pays qui voit une chaîne comme C8 être fermée alors qu'elle caracole en tête de
10:34la TNT, voir un certain nombre de dérives aujourd'hui inquiétantes, et donc c'est
10:38un combat au-delà de Marine Le Pen, un combat pour la démocratie qui se joue.
10:41Une question, qui disait en 2013 vouloir l'inéligibilité à vie pour tous ceux qui étaient condamnés
10:47pour des faits commis grâce ou à l'occasion de leur mandat ?
10:49Je sais que c'était Marine Le Pen, mais pour les personnes qui sont condamnées de
10:52manière définitive, avec la possibilité d'avoir un appel, avec la possibilité d'avoir
10:56un double degré de juridiction, ce qui est aujourd'hui refusé à Marine Le Pen, et
11:00donc ça aujourd'hui, vous comparez ce qui n'est pas comparable, ce qui est aujourd'hui
11:05le vrai problème démocratique, c'est qu'elle n'a pas la possibilité comme tout
11:10justiciable, aujourd'hui, des violeurs, des criminels, vous pouvez être condamné à
11:14un double meurtre pour torture, vous avez le droit de faire appel et que ça soit suspensif
11:17et d'être présumé innocent, mais ce n'est pas possible pour Marine Le Pen, on n'est
11:20pas au-dessus des lois, personne n'est au-dessus des lois, mais on n'est pas en-dessous des
11:22lois non plus.
11:23Rapidement, un mot, est-ce que ça relance l'idée de censurer le gouvernement pour vous ?
11:26Absolument pas.
11:27Franchement, c'est absolument pas le sujet.
11:30Marine Le Pen a dit qu'elle était fâchée, que ce n'était pas écrit.
11:34Quand bien même il y a une décision judiciaire qui est injuste, qui va priver les Français,
11:39et on va se battre pour que ça ne soit pas le cas, de choisir en 2027, ce n'est pas à
11:43nous de prendre en otage les Français, nous ce qu'on pense c'est l'intérêt des Français,
11:46on se bat pour eux, donc c'est pas pour les prendre en otage ou se venger, on censura
11:50le gouvernement s'il le faut, parce qu'il est néfaste pour les Français, parce qu'il
11:53agit mal, parce qu'il propose des choses qui seront mauvaises, et aujourd'hui ce n'est
11:57absolument pas le sujet.
11:58Merci Thomas Ménager, député du Burel, d'avoir répondu aux questions de France Info.

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