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00:00Bonsoir Philippe Juvin, vous êtes député droite républicaine des Hauts-de-Seine.
00:05L'Algérie cherche à humilier la France, ce sont les mots de Bruno Retailleau.
00:09Après le renvoi en France de l'influenceur algérien Duhalem que Paris voulait expulser.
00:14Mais est-ce que la France n'aurait pas dû s'assurer d'abord qu'Algérie reprendrait
00:18bien son ressortissant ?
00:19Côté de tout ça, ce sont des argusties, on voit très bien qu'il y a une volonté
00:23de l'Algérie de faire plier la France, c'est une humiliation ce qui s'est passé.
00:29Avec leur volonté de ne pas récupérer un type dont personne ne veut et qui a la nationalité
00:35algérienne.
00:36Donc, quelle est la position que nous devons avoir ? C'est une position de fermeté.
00:40Qu'est-ce que peut faire ? Que doit répondre la France à l'Algérie ?
00:43Il faut qu'on remette en cause l'accord franco-algérien de 68 qui fait qu'aujourd'hui,
00:47l'Algérie est chez elle en France et fait ce qu'elle veut, et en fait elle nous impose
00:51ce qu'elle veut.
00:52Vous allez loin peut-être en résumant comme ça cet accord de 68 ?
00:57En 68, on était quelques années après la guerre d'Algérie, la décolonisation, l'indépendance.
01:02Voilà, la situation a évolué, l'Algérie maintenant c'est un grand pays qui est fier
01:06d'être ce qu'il est.
01:07Dans ces cas-là, qu'il aille jusqu'au bout des choses, qu'il prenne son indépendance
01:10et qu'il n'utilise pas la France comme il l'utilise.
01:13La France c'est très pratique en Algérie, la France ça sert en fait à concentrer toutes
01:20les passions, faire en sorte qu'on ne parle pas des échecs évidents du régime et la
01:26France c'est l'objet de toutes les haines publiques.
01:30Donc oui, ça suffit quoi.
01:32Donc il faut aller, on le comprend, au bout du bras de fer diplomatique avec Algiers.
01:36Philippe Juvin, le gouvernement cherche à négocier un accord de non-censure avec la
01:40gauche.
01:41Est-ce que les LR sont en train de se faire avoir ?
01:43D'abord, que le gouvernement veuille un accord de non-censure, ça je le comprends.
01:48On est dans une situation qui est très banale chez nos voisins.
01:52C'est une situation où il n'y a pas de majorité absolue, ou plus exactement personne.
01:55Personne n'a la majorité absolue.
01:57Moi, il se trouve que j'ai été député européen pendant quelques années, donc ça
01:59je l'ai vécu et je sais comment ça se passe dans ces cas-là.
02:03On se met autour d'une table et on trouve des accords politiques.
02:06Donc que le gouvernement veuille chercher, et cherche à trouver plus exactement, des
02:11accords politiques, y compris avec les socialistes, moi ça ne me choque pas.
02:14Ça ne me choque pas.
02:16Simplement, la question c'est sur quoi on se met d'accord.
02:18C'est toute la question.
02:19On voit que ça bouge, notamment peut-être sur les retraites, y compris sur l'âge des
02:2364 ans.
02:24Est-ce que c'est acceptable pour la droite de revenir là-dessus sur cet âge des 64 ans ?
02:29Il y a beaucoup de non-dits et j'ose dire parfois même un peu d'hypocrisie dans le
02:33sujet.
02:34Pourquoi ? D'abord, si on revient sec sur la réforme de la retraite d'il y a un an
02:39et demi, ça va coûter 8 milliards d'euros, un peu plus d'ailleurs, tous les ans à la
02:43France.
02:44On ne peut pas se le payer.
02:45Donc la réponse c'est, est-ce qu'on peut abolir la réforme de la retraite et revenir
02:48à l'argent ?
02:49La Caisse nationale d'assurance de vieillesse dit 3,4 milliards d'euros en 2025 et près
02:51de 16 milliards en 2032.
02:52Donc 8,2 milliards tous les ans, cours des comptes.
02:56Donc est-ce qu'on peut se le payer ? Non.
02:59En revanche, aujourd'hui, la situation, quelle est-elle ? C'est que chaque année, le système
03:03des retraites en France est déficitaire de 60 milliards.
03:06C'est-à-dire chaque année, la France emprunte 60 milliards d'euros qu'elle fera payer pendant
03:11plusieurs générations, y compris à mes arrières petits-enfants, pour payer les retraités
03:15d'aujourd'hui.
03:16Donc à votre question, faut-il une réforme des retraites, c'est-à-dire rouvrir la réforme
03:21des retraites ? La réponse est oui.
03:22Et faire quoi alors ? Parce que je ne veux pas, moi, qu'on ait un système déficitaire
03:26à 60 milliards.
03:27Donc vous voudriez repousser l'âge de départ en retraite ?
03:29Je crois qu'il faut le faire d'une façon intelligente.
03:31Il y a des métiers, pardon je vous le dis, où on ne peut pas travailler jusqu'à 64
03:37ans.
03:38Il y a des métiers qui aimeraient travailler plus longtemps.
03:41Moi je suis médecin, je rêve de travailler probablement beaucoup plus longtemps que les
03:4564 ans.
03:46Pourquoi ? Parce que j'aime mon métier, parce que mon métier, même s'il est difficile,
03:50me passionne et je voudrais être libre de le faire.
03:52En revanche, je comprends évidemment, y compris dans mon hôpital d'ailleurs, des gens qui
03:56poussent des brancards toutes les nuits, et bien je pense qu'à 64 ans, ils sont cassés.
04:00Donc il vous dit qu'il faudrait un pas d'âge légal fixe pour tout le monde ?
04:03Il faudrait remettre le truc à plat, en disant d'abord, on a un sujet d'équilibre, toute
04:09réforme future doit se conclure par un équilibre.
04:12Aujourd'hui, on accepte un déficit de 60 milliards, ce n'est pas acceptable.
04:15Ça revient à quoi ? Ça revient probablement à augmenter au-delà de 64 ans pour certaines
04:20personnes et le baisser pour d'autres, parce que nous ne sommes pas égales.
04:23Si vous voulez, l'idée même que tout le monde parte à la retraite au même moment
04:27est absurde.
04:28On n'a pas les mêmes métiers, on n'a pas les mêmes occupations.
04:33Est-ce que vous montez des parpaings sur des chantiers en hiver ? Non, pas moi non plus.
04:37Et bien je pense que c'est beaucoup plus dur qu'être journaliste, même si c'est
04:40évidemment difficile d'être journaliste à France Info.
04:42Mais vous voyez ce que je veux dire.
04:43Philippe Juvin, vous êtes membre de la commission des finances à l'Assemblée, vous étiez
04:47dans la délégation LR qui a rencontré le ministre de l'économie hier avec Laurent
04:51Wauquiez.
04:52Est-ce que le ministre vous a dit ses intentions de bouger sur la réforme des retraites ?
04:55Le ministre, il a dit une chose d'ailleurs, il l'a dit publiquement, il ne l'a pas dit
04:59à Laurent Wauquiez, à nous et à moi… Non, mais on sait qu'il se passe des choses
05:02dans les négociations, parti par parti.
05:04En tout cas, le ministre, qu'est-ce qu'il a dit publiquement ? C'est ça qui a d'intérêt
05:07sur la politique, c'est ce qu'on dit publiquement.
05:08Il a dit qu'il était prêt à bouger, mais le Premier ministre a rajouté « à condition
05:13qu'on arrive à un équilibre financier ».
05:15Ça, c'est aussi une ligne rouge, le terme n'est plus à la mode, mais un impératif
05:18pour la droite.
05:19Oui, est-ce qu'on va se trimballer 60 milliards de déficit tous les ans, pendant combien
05:25de temps ? Vous savez, il y a un moment où il faut vous dire que l'endettement infini
05:31ça n'existe plus.
05:32On va le payer.
05:33Et nous sommes en train de le payer cher.
05:34Vous avez vu, il y a 48 heures, c'est curieux, personne ne l'a remarqué, il y a 48 heures,
05:38la France a emprunté pour la première fois à 10 ans à un taux supérieur à la Grèce.
05:44Qu'est-ce qui est pire pour les finances du pays ? Creuser les déficits en accordant
05:51éventuellement des victoires politiques à la gauche ? Ou provoquer une nouvelle censure
05:55de l'instabilité politique qui peut être facteur d'instabilité économique et donc
05:59mauvaise pour les finances ?
06:00Ni l'un ni l'autre.
06:01C'est sûr qu'on a besoin de stabilité politique, assurément.
06:03Mais en même temps, nous ne sommes pas, nous la droite républicaine, là pour aider le
06:06gouvernement à passer un accord avec les socialistes.
06:09Nous sommes là pour avoir un budget, pour diminuer la dépense publique et pour dépenser
06:14mieux parce qu'on dépense très mal.
06:15Justement, est-ce que vous, vous avez eu des garanties du ministre de l'économie sur
06:20vos demandes à droite qui sont, si je résume, pas de hausse d'impôt et baisser les dépenses.
06:25Est-ce que vous avez des gages aussi de la part de ce gouvernement ? Dont LR est membre,
06:29je le rappelle.
06:30Baisser les dépenses et je le rappelle également dépenser mieux parce qu'on dépense très
06:33mal.
06:34Vous savez qu'aujourd'hui, on dépense trois fois plus que les Italiens, par exemple, je
06:38en parle en matière de politique de lutte contre le chômage, pour un taux de chômage
06:41identique.
06:42Donc il y a la question de la qualité de la dépense publique.
06:43Je reviens à votre question, est-ce qu'on a des garanties ? Non, on n'a pas de garanties.
06:46Il y a un débat qui va s'ouvrir au Sénat.
06:48Mais nous, nous avons dit très clairement au ministre, c'est d'ailleurs moi qui l'ai
06:52dit au ministre en guise de conclusion de la Réunion, nous nous souhaitons que la commission
06:57mixte paritaire, c'est-à-dire l'accord in fine entre les députés et les sénateurs,
07:01ait lieu.
07:02Nous souhaitons avoir un budget et nous allons tout faire pour cela, nous sommes des gens
07:05très raisonnables.
07:06Mais, j'ai dit au ministre, aidez-nous à vous aider, parce qu'au Sénat, il va y avoir
07:10une discussion budgétaire et la droite républicaine du Sénat va mettre sur la table un certain
07:14nombre de sujets, dont la baisse de la dépense.
07:16Nous voulons baisser les dépenses publiques parce que sinon on n'y arrivera pas.
07:20En fait, la marge de manœuvre, elle n'est pas sur l'augmentation des recettes, c'est-à-dire
07:23des impôts.
07:24C'est-à-dire l'argent des Français, les impôts, c'est l'argent des Français.
07:26Elle est sur la baisse de la dépense.
07:28Il faut baisser les dépenses.
07:29Le problème, c'est que tout le monde dit ça, puis quand vous creusez un peu en disant
07:32« bon, alors on dépense où, où est-ce qu'on n'y arrive pas ? ». Nous, on a fait
07:35des propositions aux républicains, j'espère que ces propositions seront reprises.
07:39François Bayrou va faire son discours de politique générale mardi, si jamais ça penche
07:43trop à gauche, qu'il y a trop de gages donnés à la gauche, les ministres LR pourront rester
07:47au gouvernement ?
07:48Non, mais ce n'est pas comme ça que je le vois.
07:49Vous savez, je suis un homme simple.
07:51Premièrement, je veux un budget, parce que pas de budget, c'est catastrophique.
07:55Et la loi spéciale, ce n'est pas terrible actuellement.
07:57Deuxièmement, je veux dépenser moins.
08:00Troisièmement, dépenser mieux.
08:01Et quatrièmement, travailler plus, parce qu'il faut qu'on travaille plus.
08:04Si on travaillait autant qu'en Allemagne, je vous le fais très court, on n'aurait pas
08:08de déficit.
08:09Je ne suis pas sûre que ce soit une piste de négociation fructueuse avec la gauche.
08:11Mais si je vous donne cet élément-là, c'est pour que vous compreniez, je sais que vous
08:15le savez, mais qu'en France, on a un sujet, on travaille moins.
08:19Et quand vous travaillez moins, vous créez moins de richesses.
08:21Donc c'est à la fois une baisse de la dépense et une optimisation de celle-ci, mais aussi
08:25probablement plus de travail.
08:27Mais vous êtes un peu piégé chez Allaire, en quelque sorte, parce que quoi qu'il arrive,
08:31vous n'iriez pas jusqu'à censurer un gouvernement Bayrou.
08:34Alors d'abord, la politique du pire, c'est sûrement pas la nôtre, vous avez raison,
08:37mais je vous dis aussi les choses comme elles sont.
08:39J'ai été député européen, je sais ce qu'est l'absence de majorité et l'intelligence
08:45qu'on doit y mettre.
08:46C'est-à-dire que quand vous êtes en coalition, vous ne pouvez pas dire « je veux, voilà
08:50mes lignes rouges et je veux tout ».
08:51Quand on est dans une coalition, c'est un exercice difficile, à la fois d'humilité,
08:57où on essaie réellement de voir où on ne veut pas aller et on essaie de ne pas franchir
09:06les lignes rouges de ses partenaires qui sont les adversaires d'hier et qui seront probablement
09:11les adversaires de demain.
09:12Donc voilà, c'est une affaire d'humilité et vous avez raison, culturellement nous ne
09:16savons pas le faire, il faut qu'on l'apprenne, sinon la France va aller très mal.
09:19Philippe Juvin, vous êtes député, mais aussi médecin, vous l'évoquiez, chef des
09:23urgences à l'hôpital Pompidou à Paris.
09:2587 hôpitaux français ont activé le plan blanc face à l'épidémie de grippe, alors
09:30ça consiste à déprogrammer des opérations, rappeler des personnels en congé.
09:34Comment ça se passe dans votre hôpital ?
09:35Donc formellement, le plan blanc n'est pas déclenché chez nous, mais on a des réunions
09:39tous les deux jours dites de « crise » parce que la situation est difficile.
09:42C'est quoi la situation de la grippe aujourd'hui ? Nous ne sommes pas encore arrivés au pic,
09:46premièrement.
09:47Donc ça continue à monter.
09:48Deuxièmement, le pic, nous avons dépassé d'ores et déjà le pic de l'année dernière,
09:53Troisièmement, la grippe est beaucoup plus sévère que l'année dernière, et je vous
09:58l'exprime à travers un facteur, c'est quand vous arrivez aux urgences avec une grippe,
10:02en général, on essaie de vous renvoyer chez vous, on vous hospitalise rarement.
10:05Et bien là, en fait, on hospitalise deux fois plus que l'année dernière, ce qui est
10:09un témoignage de la gravité de cette grippe avec des décès, bien entendu, des passages
10:15en réadmission.
10:16Donc c'est une grippe qui est très grave.
10:17Il est encore temps de se faire vacciner, je le signe.
10:19Alors justement, cette nouvelle situation de tension dans de nombreux hôpitaux, est-ce
10:22que c'est la faute à des hôpitaux qui sont sous tension de manière chronique et ce depuis
10:27des années, ou au manque de vaccination ?
10:29C'est à la fois un système… La médecine de ville ne travaille pas suffisamment avec
10:37la médecine hospitalière, on voit bien au moment des fêtes, on est un peu seul à l'hôpital
10:41parce que les médecins sont crevés, il faut bien qu'ils prennent des vacances les malheureux.
10:46Un deuxième sujet, c'est qu'effectivement, on n'a pas de santé publique en France,
10:50on ne fait pas de prévention.
10:51Par exemple, on est toujours surpris en hiver qu'il fasse froid et qu'on ait la grippe,
10:56et on est toujours surpris en été qu'il fasse chaud et qu'il y ait la canicule.
10:59Or, je vais vous dire une chose, nous sommes en janvier 2025, vous allez m'inviter en
11:03janvier 2026 parce qu'il y aura encore la grippe et on se posera les mêmes questions.
11:07Donc les questions qu'on doit se poser, vous avez raison, ce sont des questions de
11:09prospectives, comment on fait pour se préparer ? Et bien par exemple, on fait en sorte d'ouvrir
11:13des lits en hiver qui sont fermés au printemps, et ça on ne sait pas le faire suffisamment.
11:17Et sur la vaccination, un dernier mot, moins d'un quart des professionnels de santé sont
11:22vaccinés contre la grippe, est-ce qu'il faudrait rendre obligatoire la vaccination
11:26des soignants contre la grippe ? Moi j'y suis très favorable, je préférerais
11:30que ma grand-mère, que ce soit à l'hôpital ou en EHPAD d'ailleurs, soit traitée par
11:34une aide-soignante qui est vaccinée parce que sinon elle va lui transmettre la grippe.
11:38Donc oui, moi je suis très favorable à la vaccination obligatoire contre la grippe
11:40des soignants.
11:41Moi-même je suis vacciné, et je vous invite encore à le faire, je le répète, le vaccin
11:45c'est encore efficace aujourd'hui.