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00:0013h, 14h, Europe 1 13h.
00:03Bon début d'après-midi sur Europe 1, Europe 1 13h.
00:05Dernière partie avec vous, Stéphanie Demuré et vos deux chroniqueurs.
00:08Jeu journaliste et écrivain Vincent Roy et l'écrivain et philosophe Nathan Devers.
00:11Absolument Géraldine et on va parler du réveillon.
00:14C'est aussi un défi sécuritaire, notamment dans les grandes agglomérations et les quartiers sensibles.
00:20J-24h déjà avant ce réveillon, un peu plus de 24h avant de vous faire réagir messieurs.
00:26Je voulais vous faire écouter Sylvain André, délégué Alliance Police Nationale,
00:31qui témoigne des violences faites sur les policiers, notamment à la Saint-Sylvestre.
00:36On est dans une rage, pourquoi ? Parce qu'on est sur des actes criminels.
00:38Il y a une certaine concurrence entre différentes cités.
00:41Pas celui qui va faire le plus, va créer le buzz.
00:43On est sur le système du guet-apens, où on incendie une voiture,
00:46l'arrivée des sapeurs-pompiers sur place, et ces derniers sont victimes de tirs de mortier.
00:51Le travail commun police-pompiers, les sapeurs-pompiers tournent dans les équipages de police,
00:55qui permet aux sapeurs-pompiers d'être sécurisés, d'intervenir lorsqu'il y a la présence policière.
01:00Des dispositifs seront mis avec des hélicoptères, également l'utilisation des drones,
01:03avec un renfort de gendarmes mobiles et de CRS.
01:06Sylvain André au micro de Noé Chaillot.
01:09Chaque année c'est un peu triste, mais il y a cette litanie des voitures brûlées.
01:13On avait à un moment donné arrêté de les compter, puis Gérald Darmanin s'y est remis l'année dernière.
01:18Je ne sais pas si vous vous souvenez, il a dit que ça avait baissé,
01:21745 voitures brûlées, moins que l'année précédente.
01:25Il n'empêche que c'est un vrai marqueur politique et médiatique.
01:28Qu'est-ce que ça dit de notre société si ces phénomènes se reproduisaient également en Espagne, en Italie ?
01:37On dirait finalement que c'est un phénomène européen.
01:40Non, non, non, c'est très franco-français.
01:42Alors, la question qui est posée est celle de savoir ce que ça dit de notre société.
01:48Au moment où on change d'année, où on est plein d'espoir quant à cette année neuve,
01:54où on va se réunir pour faire la fête, pour danser, pour chanter, pour boire une coupe de champagne avec modération.
02:02C'est le moment où l'on va s'affronter, brûler des voitures, taper sur les policiers.
02:08Qu'est-ce que ça dit de nous ? Qu'est-ce que ça dit de nos fractures ?
02:11Qu'est-ce que ça dit du fameux vivre ensemble ?
02:13L'expression tout à fait créée pour masquer un vide absolument abyssal.
02:18Qu'est-ce que ça dit de nous ?
02:20Je trouve que ça dit qu'à l'instar de beaucoup de commentaires que j'ai entendus,
02:28on ne fait plus véritablement nation au moment même où là on devrait précisément faire nation.
02:34Nathan Devers ?
02:36Je crois qu'on peut évaluer une société à la manière dont elle pratique la fête.
02:42Parce que la fête c'est la conjonction de deux choses qui sont complètement différentes, opposées.
02:47Une forme de lâcher prise, une forme de jubilation, une forme un peu de suspension des règles.
02:52Quand on est dans la fête, on n'est pas en contrôle.
02:55Le principe même de la fête c'est qu'on n'est pas en train de se contrôler, de songer au respect méticuleux de la règle, etc.
03:02Et en même temps la fête c'est la recherche d'une forme d'harmonie et donc d'ordre.
03:07D'ordre esthétique, même quand on danse.
03:09La danse c'est exactement ça, notre corps perd le contrôle mais pour essayer de faire quelque chose d'harmonieux.
03:14C'est un immense danseur.
03:16Je vous montrerai la prochaine fois.
03:19On espère bien, mon cher Nathan.
03:22Heureusement qu'on est à la radio et pas à la télé.
03:24Elle est filmée la radio, je vous signale, on peut regarder sur l'application europe1.fr.
03:28Quand la fête dégénère, ça dit quelque chose d'assez profond.
03:31Ça dit que quand on n'est pas là pour rappeler la règle, quand la règle n'est pas là de manière rigide,
03:37eh bien tout part en vrille.
03:39Et donc en effet c'est ça qui est problématique.
03:41Comment se fait-il que quand on fête le passage d'une année à l'année suivante,
03:45c'est-à-dire quelque chose d'extrêmement banal, de plutôt joyeux, etc.
03:49Comment se fait-il qu'on puisse se déchaîner sur des voitures qu'on va brûler en nombre ?
03:54Comment se fait-il quand il y a un événement avec un influenceur qui est annulé à Lyon,
03:58qu'il y ait comme ça des meutes de gens qui s'en prennent à la ville,
04:03qui détruisent des manèges, qui détruisent des abribus, etc.
04:06Comment se fait-il que parfois quand il y a des victoires sportives ou des défaites sportives,
04:10des événements parfaitement insignifiants, joyeux ou tristes, mais enfin on est dans du symbolique,
04:14qu'il puisse y avoir souvent des violences, par exemple dans le centre de Paris ou dans d'autres villes ?
04:18Tout ça pose problème et en effet ça doit nous interroger.
04:21Alors là où je mettrais quand même une ligne sur ce que dit Vincent,
04:23c'est que je ne dirais pas que ça concerne la nation, ça concerne les personnes qui pratiquent ces violences.
04:28Ils font quand même malgré tout partie de la nation.
04:30Non, ce qui est extraordinaire, c'est qu'on ne s'étonne plus de rien.
04:33C'est-à-dire que maintenant on trouve tout à fait normal.
04:35Alors on dit, il va y avoir 10 000 policiers tous les ans.
04:3990 000 au total et 10 000 à Paris, effectivement.
04:43Alors que pour Notre-Dame, par exemple, pour que l'événement soit sécurisé, il y en avait 6 000.
04:49Là on en met 10 000.
04:52Ça veut dire qu'on craint effectivement, et on a toutes les raisons de le craindre.
04:56Ils vous le disent les policiers, qu'il y a ici ou là des violences sur les Champs-Elysées,
05:00mais ce qu'eux craignent particulièrement, pour leur avoir posé la question,
05:04c'est vraiment ces tirs de mortiers qui sont terribles pour eux,
05:08qui font des brûlures, qui peuvent occasionner des morts.
05:12Le mode opératoire, c'est de faire brûler justement des voitures, des poubelles,
05:16et de les attirer en guet-tapant.
05:18Et ça, c'est un phénomène qui existe dans les quartiers sensibles, dans les agglomérations.
05:22Encore une fois, que veut-on détruire ?
05:25Que veut-on abattre ?
05:27A qui veut-on nuire, si ce n'est à l'État ?
05:31C'est quand même la société dans laquelle on vit.
05:34Les gens qui commettent ce type d'exactions vivent dans cette société,
05:40donc pourquoi vouloir à toute force la détruire, la contraindre ?
05:48On est dans des processus qui sont totalement fous.
05:51On peut revendiquer, on peut être révolutionnaire.
05:54Je ne sais pas si en France on a cet esprit révolutionnaire bouillonnant,
05:58mais dans une occasion comme celle-ci,
06:00ou comme le rappelait Nathan, à la faveur d'un match de football,
06:04tout cela est uniquement symbolique,
06:07pourquoi aller s'en prendre ?
06:09Je crois qu'il y a une sorte de joie terrible à casser.
06:13Ça montre en tout cas qu'on n'a rien réglé après les séquences d'émeutes.
06:17Le problème est toujours là et ça reste extrêmement explosif.
06:21Je ne mettrais pas les émeutes dans la même catégorie,
06:24parce qu'on est dans des violences terribles, injustifiables, inexcusables.
06:28Il y avait un contexte explicatif,
06:30pas pour enlever la responsabilité des gens qui ont fait ça,
06:32c'est pour dire qu'il y avait un contexte explicatif
06:34où ce qui a déclenché les émeutes,
06:36ça a été initialement la mort de Nahel,
06:38qui posait évidemment un certain nombre de questions politiques,
06:41et c'était notamment la question des gens qui meurent dans des opérations policières, etc.
06:47Donc là il y avait un contexte, ce qui ne justifie absolument pas l'émergence de la violence.
06:51Mais au moins on pouvait comprendre ce qui se passait.
06:53Quand on parle d'événements qu'on a pu énumérer,
06:57les violences du Réveillon,
06:59quand on parle des violences qu'il y a eu à Lyon
07:01liées à cette annulation de l'influenceur,
07:04quand on parle des violences qui émaillent les manifestations sportives,
07:08là on est dans quelque chose qui est une gratuité totale.
07:11Alors il y a quand même parfois deux éléments d'explication.
07:14Un premier qui est le trafic de drogue,
07:16parce que très souvent les pièges dont vous parliez,
07:20où on fait brûler une voiture pour attirer la police,
07:23c'est dans des logiques d'intimidation de la police,
07:25souvent organisées par des trafiquants de drogue,
07:27donc là on a au moins un élément d'explication.
07:29Et deuxièmement c'est aussi peut-être parfois une sorte de culture,
07:32où c'est marrant, c'est entre guillemets stylé,
07:34de s'en prendre à la police,
07:37et ça aussi ça doit être remis en question.
07:39Alors là la responsabilité des parents,
07:41puisque ce sont souvent des jeunes qui commettent ces exactions,
07:43la responsabilité des parents là peut être mise à contribution.
07:47Et ce n'est jamais fait.
07:49Encore une fois, on n'est pas très sévère avec tout cela.
07:53Et c'est peut-être pour cela d'ailleurs,
07:55c'est peut-être parce qu'au départ on n'a pas été assez sévère,
07:57qu'aujourd'hui on doit déplorer l'intégralité de ces exactions.