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00:0013h, 14h, Europe 1, 13h31 sur Europe 1, merci de nous rejoindre, vous écoutez Céline Giraud jusqu'à 14h et avec vous, Céline, pour décrypter l'actualité,
00:09votre chroniqueur, le journaliste politique au Journal du Dimanche, Jules Therès, et l'ancien juge d'instruction, Georges Fenech.
00:15Et vous, chers auditeurs d'Europe 1, jusqu'à 14h avec nous pour décrypter cette actualité.
00:20J'avais envie de revenir justement sur cette première polémique du gouvernement Beyrou qui concerne le rassemblement national.
00:27On va écouter François Rebsamen, le ministre de l'aménagement du territoire, il était sur BFM hier soir.
00:32Je respecte toutes les forces politiques sauf le RN, je le dis ici, mais c'est ma position, et donc c'est pas du tout...
00:38Vous ne respectez pas le RN ?
00:40Non, moi je ne respecte pas ceux qui portent, pas tous, heureusement, j'en connais dans mon département,
00:46mais ceux qui portent les discours de haine et l'exclusion de l'autre, c'est pas ma tasse de thé.
00:50Et réaction, il y a quelques minutes, de la porte-parole du gouvernement, Sophie Prima, à l'issue du Conseil des ministres.
00:55La position du gouvernement est inchangée, vous savez que le Premier ministre fait du dialogue avec l'ensemble des forces politiques
01:01qui souhaitent dialoguer avec lui une priorité pour trouver ce chemin de compromis dont nous parlons,
01:07donc ce n'est pas la position du gouvernement.
01:10Est-ce une erreur de François Rebsamen ?
01:12Ce n'est pas la position du gouvernement.
01:14Voilà, ce n'est pas la position du gouvernement.
01:16Très bonne question de Jacques Serret, de Ropin, toujours...
01:20Térapage et recadrage dans la foulée, clic-clac.
01:23Non, mais c'est une bêtise immense, mais c'est la preuve que ce gouvernement ne tiendra pas et qu'il n'a aucune chance de tenir,
01:30puisqu'on a M. Rebsamen, socialiste, passé par la ligue communiste révolutionnaire,
01:35qui donc excècre le RN, étant désaccord total avec les idées du RN.
01:40C'est la droite, mais il est dans une situation politique où on est obligé de respecter le RN.
01:45Et on a de l'autre côté, Mme Prima, issue des Républicains, qui a été plutôt proche de Michel Barnier,
01:51et qui doit tenir la ligne du gouvernement, la ligne de François Bayrou,
01:54qui est celle du respect de tout le monde et de la réconciliation et de la stabilité.
01:57Mais qui est aussi celle de la liberté de parole.
01:59C'est là aussi, il laisse finalement les mains libres à ses ministres.
02:03Il ne peut pas, encore une fois, exclure 11 millions d'électeurs du RN.
02:07Je dirais même 13 millions, puisque c'est le score au second tour de Marine Le Pen en 2022.
02:12On ne peut pas, d'autant plus quand il y a 143 députés du RN avec les alliés d'Éric Ciotti.
02:18Ce n'est pas possible.
02:19M. Rebsamen, il n'a pas de majorité.
02:22C'est un ancien socialiste.
02:23Il y a 70 socialistes.
02:24Et sa majorité, puisqu'il a rejoint la majorité présidentielle, n'a pas de majorité.
02:29Donc, à un moment donné, on ne peut pas taper en permanence sur des oppositions
02:33avec des arguments qui, en plus, honnêtement, ressemblent à, touche pas à mon pote,
02:38c'est-à-dire que l'exclusion de l'autre, ça suffit.
02:41Il parle comme Malek Bouti parlait en 1980, quand il lançait SOS Racisme.
02:47Ce n'est pas possible.
02:48Georges Fenech, c'est une maladresse selon vous ?
02:50Non, ce n'est pas une maladresse.
02:52C'est calculé.
02:53Ce n'est pas une maladresse.
02:54Et pardon mon cher Jules, ce n'est pas une bêtise non plus.
02:57C'est une faute politique.
02:59Vous comprenez ce que je veux dire.
03:00Il n'y a rien derrière, il n'y a pas de stratégie.
03:02Quand vous dites, Céline, liberté de parole pour les ministres, bien sûr,
03:05mais dans le cadre de leur portefeuille ministériel.
03:07Ils ont une liberté, effectivement, d'expression.
03:09J'entends pas qu'ils ne contrôlent pas les interviews,
03:11qu'ils laissent les ministres, finalement, gérer leur communication.
03:14Il y en aurait dans l'autre cas.
03:16Les conséquences, c'est aussi ça.
03:18Les dommages collatéraux, c'est ce genre de dérapage.
03:20Oui, vous avez raison, mais en plus, si vous voulez,
03:22là, il sort de son rôle et prend une position politique, politicienne,
03:28qui correspond à une exclusion d'une partie des Français du corps électoral
03:35et des élus de la nation qui sont dans l'hémicycle.
03:38Un ministre ne devrait pas dire ça.
03:40Et moi, je ne suis pas satisfait complètement de la réponse
03:45qui a été donnée par la porte-parole du gouvernement.
03:47On trouvait que c'est quoi ? Que c'est trop court ? Que c'est trop juste ?
03:49Le fait dont acte le gouvernement n'est pas sur cette ligne, ça ne suffit pas.
03:53Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
03:55Est-ce qu'on représente ses regrets, ses excuses ?
03:57Est-ce qu'on révoque le ministre en question ?
03:59Est-ce qu'on l'appelle à faire amende honorable ?
04:01On ne peut pas rester comme ça en ce moment.
04:03Souvenez-vous de ce qu'avait fait Michel Barnier
04:05lorsque Antoine Armand, le ministre de l'économie,
04:08trois jours après sa nomination, avait dit dans une matinale sur France Inter
04:12que le RN n'appartenait pas à l'arc républicain.
04:15Michel Barnier avait obligé son ministre à faire un communiqué
04:18pour dire qu'il s'excusait.
04:20Et en plus de cela, il avait appelé Marine Le Pen téléphone à téléphone
04:23pour lui dire qu'il s'en excusait et que ce n'était pas la ligne du gouvernement.
04:27À l'époque, le gouvernement était sous le joug du RN.
04:33On voit bien qu'avec le PS, c'est très compliqué.
04:36Marine Le Pen détient encore plus ou moins les clés de la prochaine motion de censure.
04:42On voit très bien qu'il y a une différence aussi dans le traitement...
04:46Quand bien même il n'y aurait pas cette menace nucléaire d'une motion de censure,
04:53on n'insulte pas le corps électoral, une partie du corps,
04:57voire le premier groupe politique aujourd'hui.
04:59Il ne s'agit pas de prendre la défense du RN, c'est une question de principe.
05:02C'est une question de principe démocratique.
05:05Et c'est là aussi le problème ou l'inconvénient d'avoir des poids lourds dans son gouvernement.
05:10C'est-à-dire qu'Antoine Armand, c'est grâce à Michel Barnier qu'il intégrait le gouvernement.
05:14C'est grâce à Michel Barnier qu'il s'est fait un nom.
05:18Donc il était aussi obligé de respecter son premier ministre.
05:20Là, on a des personnalités qui ont réussi à exister dans la vie politique sans François Bayrou.
05:26François Rebsamen en est un exemple.
05:28Il a été ministre bien avant que François Bayrou le nomme à la décentralisation et à l'aménagement du territoire.
05:35Il a été un baron local à Dijon pendant des années.
05:37Donc il a eu une indépendance politique.
05:39Et donc, à ce titre-là, il peut se permettre bien d'autres choses.
05:42Peut-être juste un dernier mot.
05:43Dans son discours de politique générale hier, François Bayrou a rappelé son attachement au respect de toutes les formations politiques.
05:50Il l'a dit très exprès.
05:52Il a même rappelé que certains avaient refusé de serrer la main dans l'hémicycle.
05:56Donc on a un premier ministre qui, finalement, ne tient pas ses ministres sur un plan politique majeur.
06:02Et Philippe Ballard, député RN de l'Oise qui était chez Pascal Praud ce matin, dans Pascal Praud et vous,
06:07dit que ce que dit M. Rebsamen a été l'attitude des macronistes et de la FI qui ont marché main dans la main pour faire barrage au parti.
06:13Voilà, en parlant entre deux tours des dernières élections législatives.
06:16Il n'a pas tort.
06:17Non, il n'a pas tort.
06:19Mais vraiment, ce qu'on disait, c'est que François Rebsamen appartient à une classe politique un petit peu de l'ancien monde.
06:27C'est un socialiste.
06:30Il est encarté, je crois, depuis 45 ans.
06:32Et donc, évidemment, le RN, dans son corpus, en tout cas dans la vision qu'il a de la politique, il n'existe pas.
06:40C'est-à-dire que François Rebsamen, quand il était parlementaire, le RN n'existait pas.
06:45Sauf qu'aujourd'hui, la donne est un petit peu inverse.
06:50Le RN est le premier groupe à l'Assemblée nationale et il ne peut pas faire comme si cela n'existait pas.