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00:00Jean Massou, vous avez 24 ans, vous aussi l'entreprise est née en 2021, c'était votre premier Vegas ?
00:10Oui, c'était le premier CES, le premier Vegas, pas la première fois aux Etats-Unis avec le projet, mais en tout cas le premier Vegas.
00:16La start-up est l'émanation d'un projet d'études de Terminal. En Terminal, vous aviez pensé à Andy Exceller.
00:22C'est ça. Peut-être pas l'entreprise tout de suite, mais en fait l'histoire est plus ou moins banale.
00:28J'étais en Terminal scientifique et je devais faire un TPE pour le bac et la veille du jour, on doit rendre le sujet aux collègues, on n'a rien.
00:36Je pars promener mon chien et j'habite dans un petit village à côté de Metz et je croise Christiane qui promène son chien guide, qui est non-voyante, donc on connaît bien.
00:44Et je lui dis simplement « Christiane, j'ai besoin de toi, est-ce que tu as besoin de quelque chose ? »
00:47Christiane voulait qu'on lui rende la vue en Terminal, c'était un peu compliqué, mais par contre elle nous a parlé du Braille ou du monde du jeu qui n'existait pas et c'est de là qu'est partie l'idée.
00:55Donc l'idée, c'est-à-dire, elle vous dit combien accéder au Braille était compliqué, qu'il y a un vrai souci, c'est-à-dire que ça existe mais tout le monde n'y a pas accès.
01:05C'était ça en fait le point, la demande.
01:07C'est ça. En fait, ça part de le Braille, ça se perd, mais en fait c'est extrêmement compliqué à apprendre et nous on tombe après derrière sur 60-70% d'abandon chez les apprenants.
01:17Et du coup, il y a une vraie problématique derrière qui est que sur cet effectif-là, 100% abandonnent leur formation, leurs études ou leur insertion.
01:25Et vous, vous avez une petite lumière dans votre tête, c'est que vous êtes un fan de jeux.
01:29C'est ça. J'aime beaucoup les jeux, j'aime beaucoup les jeux vidéo.
01:31Le gaming, c'est votre truc.
01:33Et en fait, c'est aussi au moment où ils commencent à avoir beaucoup de sujets sur la pédagogie innovante qui passe par tout ce qui est la ludification,
01:41sessions innovantes en tout cas, et les bienfaits.
01:44Par les consoles et les bienfaits et pas uniquement s'abrutir le cerveau.
01:46Donc là, vous faites le lien entre les deux et va naître quelques mois plus tard, Apneal, donc vous allez nous pitcher.
01:54Pardon, Braille, du coup.
01:56Quelques mois plus tard, Andy Exceller, vous allez nous pitcher Andy Exceller et puis on y revient.
02:01Vous êtes prêts ? Allez, c'était à vous.
02:03Du coup, Andy Exceller, nous on lutte pour l'insertion et l'accès à l'éducation des personnes mâles ou non voyantes.
02:08Donc aussi pour leur autonomie informatique, l'accès à l'informatique et pour ça, on va passer par des outils.
02:14Donc Braille, qui est historiquement le premier produit, qui est une console de jeu personnalisable et évolutive,
02:19qui permet aussi bien aux professionnels qu'aux élèves d'apprendre le Braille en autonomie, mais accompagné aussi.
02:24Et tout récemment, on veut aussi s'introduire sur l'informatique adaptée, qui est un sujet essentiel pour eux.
02:29Et là, cette fois-ci, on touche vraiment à la déficience au sens large en proposant un logiciel de jeu adapté.
02:34Et tous nos produits sont inclusifs pour favoriser de belles expériences.
02:39Voilà moins d'une minute, mais c'est extrêmement clair.
02:41Merci, Jean Massoud, vous êtes prêt à l'exercice du pitch.
02:44Fondateur de Andy Exceller, vous en pensez quoi autour de la table ? Allez-y, vos réactions.
02:49Non, mais je trouve ça génial.
02:51Moi, je trouve que j'aime beaucoup le storytelling qui va autour.
02:56Moi, je suis toujours un passionné de savoir comment les idées naissent et on se lève un matin, on a une idée.
03:00Je ne suis pas sûr que ça fonctionne comme ça.
03:01Et donc, l'histoire de Christiane, ça ne s'invente pas.
03:07Bravo pour cette initiative.
03:09Et je n'avais même pas conscience d'ailleurs que finalement, seuls 15% des personnes non-voyantes maîtrisent le braille.
03:15Je pensais que c'était beaucoup plus diffusé, que c'était quelque chose, effectivement...
03:19Et moi aussi, je pensais que c'était très commun et pas du tout.
03:22Et donc, il y a un vrai besoin.
03:23Et la manière dont tu l'approches, je trouve ça extrêmement intéressant.
03:28D'ailleurs, je voulais savoir comment tous les deux, vous avez fait pour expliquer tout ça en anglais.
03:31Parce que soit on est fluent in English, mais on voit bien que ce n'est pas si simple que ça.
03:35Et puis en plus, ils ont invoqué de l'air particulier.
03:37Comment tu t'es organisé pour présenter tout ça à la population au CES ?
03:42A nous, l'avantage d'avoir un jeu, c'est que souvent, on n'arrive pas avec une approche, on va dire, très marketing ou très commerciale.
03:49Regarder les bénéfices de notre produit, c'est prendre la démo.
03:52Nous, on a des jetons de braille, des dominos avec la console.
03:54Donc, c'est une console de jeu ?
03:55C'est ça.
03:56En fait, il y a une console de jeu qui est un peu comme une grosse manette.
03:59Souvent, on le vulgarise en disant que c'est la PlayStation des malounes non-voyants.
04:02Et en fait, ils ont des dominos comme au Scrabble.
04:03Le boîtier pose une question, je réponds à la question.
04:05Et sur ce principe-là, on a créé plus d'une trentaine de jeux, d'activités personnalisées.
04:09Ça prend différentes formes.
04:11Mais le plus simple, que ce soit, peu importe l'acteur, que ce soit un brailliste ou non, on lui met les dominos dans la main, il comprend déjà.
04:16Et ça marche dans toutes les langues ?
04:17Et aujourd'hui, on a italien, espagnol, anglais.
04:20Enfin, nous, on a déjà six langues qui sont sur le produit.
04:21Par contre, l'avantage du braille, c'est qu'il est universel.
04:24Donc après, il y a les spécificités de chaque langue.
04:26Par exemple, on va avoir le N avec l'accent en Espagne.
04:28On va avoir l'espèce de B spécial en Allemagne.
04:30On a, mais en fait, il y a le braille intégral qu'il a universel.
04:33Et après, il y a le braille contracté, qui est un peu le langage texto du braille.
04:37C'est pour pouvoir économiser de la place.
04:39Et là, qui, du coup, va dépendre de chaque pays.
04:42Donc, on réapprend à chaque fois un peu le braille à chaque nouvelle conquête.
04:45Donc, pour apprendre le braille, une personne non-voyante, en fonction de ce qu'elle aime, par exemple, si elle aime Harry Potter,
04:50vous allez lui apprendre à partir de cette histoire-là ?
04:54Oui, c'est ça.
04:54Comment ça marche ?
04:55Nous, on a deux approches.
04:56On utilise tous les leviers de modification possibles pour les motiver.
04:59On va avoir notre catalogue de jeux qui sont là.
05:00Ce sont des jeux préconstruits.
05:02Donc, il y a quoi ?
05:03On a des escape games.
05:04On a des jeux de sociétés très connus, comme Trial Pursuit, Bataille Navale, les grands classiques.
05:09On va avoir des jeux musicaux, où là, le but, c'est de reproduire des musiques ou alors de travailler sur la mélodie,
05:13si jamais on a une bonne oreille, ce qui arrive souvent quand on est mal au non-voyant.
05:16Et après, on va avoir des jeux que nous, on a spécifiquement créés autour de l'apprentissage du braille ou l'usage de l'informatique adaptée.
05:22Et on utilise tous types de leviers, des jeux compétitifs, des jeux répétitifs, des jeux qui sont one-shot scénarios.
05:27Alors là, pour le coup, en moyenne, on crée un jeu par mois.
05:30Donc ça, c'est l'offre qu'on propose à nos clients pour qu'il y ait en jamais ce côté redondant.
05:34Et après, on a un dernier outil qui, lui, passe par un site web où vous pouvez créer vos propres activités.
05:39Et là, l'idée, c'est pour les accompagnants de dire, bon, si je dois faire lien avec les lancements du classique,
05:43je peux faire un cours d'histoire-géo ou des SVT, mais en le ludifiant.
05:46Si mon enfant adore Harry Potter, je fais sur Harry Potter.
05:49Là, vous êtes libre de créativité et de pouvoir vous impliquer dans la vie de l'apprenant.
05:54Et donc, vous étiez, Jean, au CES de Las Vegas.
05:56Et alors là, on revient à ce qui nous intéressait depuis le début, c'est que Stevie Wonder.
06:01Ne me dites pas qu'il est passé vous voir.
06:03Je pense qu'on ne réalise toujours pas.
06:05Qu'est-ce qui s'est passé ?
06:07En fait, on était sur le pavillon de Business France et il y a le floor manager,
06:12celui qui gère un peu notre partie, qui arrive et qui me dit, est-ce que c'est vous qui faites quelque chose pour les malvoyants ?
06:18Et en fait, il se retourne, il ne finit même pas sa phrase et il nous dit, en fait, il y a Stevie Wonder, je vais chercher.
06:23Donc, nous, on a à peu près 45 secondes pour se préparer mentalement.
06:25Et donc, nous, tout de suite, on met le premier jeu.
06:29On se dit qu'on va faire un jeu musicaux, c'est le plus.
06:31Donc, on prépare le jeu, il arrive.
06:32Donc, au début, il teste, etc.
06:33Et en fait, il a testé les jeux.
06:36Il a compris tout de suite comment ça fonctionnait.
06:38Puis, il a fait une partie, deux parties, trois parties.
06:39On a commencé à rigoler et en fait, il a adoré.
06:42Il nous a dit, on lui a dit qu'on était sur un salon qui est à Los Angeles en mars.
06:45Ça s'appelle le Sisson, carrément le rendez-vous des technos, des sons visuels.
06:49Et il a dit, je reviens avec ma fille et on fera une partie avec ma fille parce que je veux l'abattre.
06:55Et du coup, on a rendez-vous avec lui en mars pour la suite des parties.
06:59C'est incroyable.
07:00Et est-ce que Stevie Wonder est un bon rabatteur ?
07:02Est-ce que ça a ramené d'autres clients par la suite ou d'autres investisseurs,
07:06en tout cas, des gens qui sont venus sur ton stand ?
07:08Alors, on l'a vu le dernier jour, sur la dernière après-midi.
07:10Donc, je ne pense pas qu'il y a eu le temps d'avoir de l'écho.
07:12Par contre, je pense que sur le salon spécialisé en mars, ça aura déjà beaucoup plus d'écho puisqu'on l'a vu au début.
07:17En fait, il vient chaque année, mais les autres années, on ne l'avait plus discrètement.
07:20Et on ne l'avait pas croisé, en fait.
07:23En tout cas, petit conseil.
07:24Peut-être que ça fonctionne aussi, bien sûr, pour mars, comme tu retournes aux Etats-Unis.
07:28Mais ce que je faisais avec les startups que j'accompagnais,
07:30mes startups allaient chercher parmi des étudiants des rabatteurs.
07:33C'est-à-dire que les Américains sont très forts pour pitcher votre projet,
07:37même si derrière, ils ne le maîtrisent pas en profondeur.
07:40Par contre, ils savent se mettre dans les allées, l'expliquer et rabattre en tout cas des clients ensuite sur le stand.
07:45Et après, sur le stand, c'est à vous de jouer, les gars, bien sûr, pour expliquer comment tout ça fonctionne.
07:48Donc ça, c'est une bonne pratique, à mon avis, à utiliser et à conserver pour le CES.