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00:00En attendant, Emmanuelle Ducrox, vous nous revenez de voyage.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04Vous rentrez de reportage en Martinique, autre outre-mer où la situation est un petit peu compliquée en ce moment.
00:10La colère sur la vie chère, elle couvre toujours.
00:12Le protocole d'accord qui doit faire baisser les prix de 20% sur les prix des produits de première nécessité est suspendu.
00:18À cause de quoi, je vous le donne en mille, la censure et l'absence de budget.
00:21Les Martiniquais sur place, vous les avez rencontrés, ils hésitent entre impatience et colère, c'est ça ?
00:26Oui, ce protocole d'accord qui devait entrer en vigueur au 1er janvier comprend des ajustements de TVA.
00:30Sans budget, impossible, mais sage.
00:32À notre classe politique, son impéritie a des conséquences concrètes sur la vie de nos concitoyens d'outre-mer.
00:37Alors, une solution à la vie chère dont on parle beaucoup là-bas serait de se fournir ailleurs qu'en France, tout simplement.
00:43Mais oui, un coût d'avis 14% plus cher en général et 40% de plus sur les produits alimentaires en Martinique,
00:48on se dit que peut-être certains produits seraient moins chers s'ils venaient de l'arc caraïbe plutôt que de la France hexagonale.
00:53Oui, c'est logique, la France hexagonale c'est 8000 km de distance,
00:57Miami aux Etats-Unis ou Bel-Aim au Brésil c'est 2500 km, ça semble logique, mais c'est là que l'Europe s'en mêle.
01:03L'Europe, l'Union Européenne.
01:04Oui, l'Europe, ou plutôt ses normes trop strictes.
01:07Alors, soyons clairs, l'Europe et ses financements restent une fantastique chance pour l'île.
01:11Il suffit de regarder l'état de développement des voisines non-européennes.
01:14La Martinique, même si elle a des difficultés économiques, c'est un environnement sanitaire sûr,
01:18des équipements et des infrastructures de bonne qualité et des standards sociaux incomparables.
01:22Mais l'Europe crée aussi des situations absurdes qui empêchent la Martinique de trouver une partie des solutions à son environnement.
01:28Un exemple, vous n'y êtes pas déjà revenu ?
01:30Il est très connu sur l'île et il amuse beaucoup les Martiniquais, c'est celui des oranges de Cuba.
01:35Pendant très longtemps, la grande distribution martiniquaise a acheté ses agrumes à Cuba à prix abordable,
01:40elles ne venaient pas très loin et puis les règles européennes ont changé
01:43et les oranges de Cuba n'ont plus pu être importées.
01:46En fait, c'est quand même encore pire que ça,
01:48elles peuvent être vendues en Martinique à condition d'avoir transité par un port de l'Union Européenne Continentale,
01:55d'y avoir été estampillées et d'avoir fait un aller-retour sur l'Atlantique.
01:59Circuit court quoi !
02:00Ben voilà, parfois c'est même carrément ridicule pour d'autres produits,
02:03les crevettes de Trinidad par exemple, à 400 km de là,
02:06sont consommables directement si elles sont pêchées par un bateau européen,
02:10mais pas si le bateau est trinidadien, ça change visiblement tout.
02:13Ça a été aussi le cas pour les matériaux basiques de construction.
02:16L'île ne pouvait pas, jusqu'à une époque récente, les faire venir des États voisins,
02:20il a fallu un très gros travail sur l'équivalence des normes pour que ce soit le cas,
02:23mais comment on fait ce travail que pour les Antilles et pour des petits volumes,
02:26parce qu'on n'importe pas ici en France continentale des matériaux d'aussi loin,
02:29ben ça coûte une fortune.
02:30Y a-t-il une morale ?
02:31Pas vraiment, mais si le prochain gouvernement veut œuvrer pour alléger le poids de l'insularité antillaise,
02:36il devrait peut-être demander des dérogations,
02:38ou un financement des validations que l'Europe exige
02:40et qu'aucune entreprise ne peut prendre en charge pour des si petits marchés.
02:44Ça serait bon pour les marques Nikkei,
02:45ça serait bon pour le bilan carbone,
02:47et puis pour la logique géographique la plus élémentaire.
02:50Effectivement, signature européen Emmanuel Ducrot, merci beaucoup Emmanuel.