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Cette semaine dans Parlement Hebdo, Alexandre Poussart et Kathia Gilder reçoivent Fabien Gay, sénateur communiste de Seine-Saint-Denis et Charles Rodwell, député EPR des Yvelines. Au programme : le dérapage des finances publiques en 2024 et l’examen du projet de loi de finances et de financement de la sécurité sociale pour 2025. Alors que le gouvernement tablait à l’automne dernier, sur un déficit de 4,4%, il devrait plutôt se situer aux alentours de 6,1%. L’Assemblée nationale va lancer une commission d’enquête et le Sénat, qui avait déjà travaillé sur le sujet, a relancé sa mission d’information pour comprendre d’où vient ce dérapage. Hier, Bruno Le Maire était entendu par la Chambre haute sur le sujet, Gabriel Attal passait son grand oral ce matin. Qui tenir pour responsable de la dérive des comptes publics ?
Les textes budgétaires pour 2025 sont en cours d’examen au Parlement. Si le PLFSS a été envoyé au Sénat sans vote final par l’Assemblée nationale, faute de temps, le projet de loi de finances est toujours au palais Bourbon. Le texte fait l’objet d’un bras de fer entre le Nouveau front populaire, le socle commun et le RN. Quelles mesures seront gardées dans le texte issu du 49.3, qui se profile inévitablement ?
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00:00Générique
00:08Bonjour à tous, ravis de vous retrouver pour ce nouveau numéro de Parlement Hebdo,
00:12l'émission qui vous fait vivre les temps forts de la semaine au Parlement.
00:16Et comme chaque semaine, nous vous proposons un débat entre un député et un sénateur.
00:20Aujourd'hui, nous accueillons Fabien Guay, bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes sénateur communiste de Seine-Saint-Denis,
00:25vice-président de la Commission des affaires économiques du Sénat.
00:28Et face à vous, Charles Rodoelle, bonjour.
00:30Bonjour, merci pour votre invitation.
00:31Vous êtes député ensemble pour la République des Yvelines.
00:35Et on parlera avec vous du dérapage des finances publiques.
00:38Comment en est-on arrivé là ?
00:40Qui est responsable ?
00:42Les sénateurs ont interrogé Gabriel Attal et Bruno Le Maire
00:46sur leurs responsabilités respectives dans cette situation.
00:50Et dans ce contexte, les députés continuent d'examiner le budget
00:53et de le remanier avec des hausses d'impôts supplémentaires pour les plus riches.
00:57Ils n'ont en revanche pas réussi à voter sur l'ensemble du budget
01:01de la Sécurité sociale car ils ont dépassé le délai de 20 jours
01:04prévu par la Constitution dans l'examen de ce texte.
01:07Mais d'abord, le dérapage des finances publiques.
01:10Les sénateurs ont auditionné ce vendredi l'ancien Premier ministre Gabriel Attal.
01:13Les échanges ont été très tendus et les sénateurs ont demandé
01:16à l'ancien chef du gouvernement s'il avait laissé déraper
01:20les finances publiques pour des raisons politiques
01:21car les élections européennes approchaient.
01:23Regardez cet échange.
01:26Vous enjambez l'obstacle des élections européennes
01:30en vous disant la situation pourrait nous revenir en boomerang,
01:37la situation dégradée, etc.
01:39Le moins qu'on puisse dire, c'est que la réalité est arrivée fracassée.
01:46C'est éventuelle intention mais je me trompe peut-être.
01:50Je crois voir la conclusion à laquelle vous voulez arriver
01:52dans le cadre de cette mission, notamment sur ce sujet du PLFR.
01:56Je vous dis que ce n'est pas le cas.
01:59Si la boussole des décisions que j'ai été amené à prendre
02:03avec mon gouvernement, c'était les élections européennes
02:06et le fait de préserver la majorité avant les élections européennes,
02:11on n'aurait pas augmenté la taxe sur l'électricité en janvier.
02:14On n'aurait pas annulé 10 milliards d'euros de crédit en février.
02:17On n'aurait pas doublé les franchises médicales en mars.
02:22On n'aurait pas annoncé une réforme de l'assurance chômage
02:25en avril et en mai.
02:27Fabien Gaël, on fait face actuellement à un dérapage des finances publiques.
02:30Est-ce que vous considérez que Gabriel Aptal et ses ministres,
02:32au début 2024, ont laissé filer le déficit
02:35pour des raisons politiques à l'approche des européennes ?
02:37Écoutez, moi je n'en sais rien.
02:39On verra s'il y a une question d'insincérité.
02:41Il faudra d'ailleurs le prouver.
02:43Ce qui dit insincère dit que ce serait extrêmement grave.
02:46Est-ce qu'ils ont réagi trop tard ?
02:48Peu importe.
02:48Moi, ce qui me concerne et qui devrait nous animer,
02:51il y a la première question, je pense que,
02:53celle qui a été posée par un certain nombre de sénateurs,
02:56c'est que lorsque l'on vote un budget,
02:58qu'on soit dans la majorité ou l'opposition,
03:00on le vote, on peut s'y opposer comme pour ma part.
03:03Mais après, il est le budget de la France.
03:05Moi, j'ai été assez choqué que, un mois après que nous ayons voté,
03:10Bruno Le Maire aille à TF1 et annonce une coupe franche de 10 milliards
03:14sans débat et sans budget rectificatif.
03:16En février 2024 ?
03:17Un mois après, dès le début du mois de février.
03:20Et je pense que ça, en tant que parlementaire,
03:22quel que soit, parce que vous savez,
03:23aujourd'hui, on est dans l'opposition,
03:25le 2 mai, on peut être dans la majorité et inversement.
03:27Je pense que ça, nous ne devrions pas laisser passer.
03:30Puis, on a une deuxième question.
03:32C'est que là, on va faire une coupe franche de 60 milliards.
03:34On va faire peser 5, mais en réalité,
03:37peut-être 10 sur les coûts cachés sur les collectivités.
03:40Les collectivités sont le premier rempart.
03:42Nous sommes élus locaux tous les deux,
03:44dans des majorités différentes.
03:46Mais j'étais à Montreuil hier
03:49et ils m'ont dit une chose,
03:51c'est que ça sera pour eux 7 millions en moins.
03:537 millions en moins,
03:54c'est exactement le budget du monde associatif.
03:58C'est une coupe franche.
03:59Une collectivité ne peut pas avoir un budget en déséquilibre
04:02et l'État, elle, peut avoir un budget en déséquilibre
04:04et c'est elle qui fait peser, en réalité,
04:07son déficit sur les collectivités.
04:08On va revenir sur l'édition de Gabriel Attal.
04:11Avec une question pour vous, Charles Ordouel.
04:13Est-ce que Gabriel Attal et ses ministres
04:15ont laissé filer le déficit pour des raisons politiques
04:17à l'approche des élections européennes ?
04:19Ah non, je peux vous dire qu'il n'y a pas de volonté
04:22de laisser déraper les comptes publics.
04:24Je pense que Bruno Le Maire comme Gabriel Attal
04:28comme Thomas Cazenat vont bien expliquer ce qu'il s'est passé.
04:31On a une perte de recettes à la fin de l'année 2023.
04:35Ça n'explique pas tout.
04:36Ce qui se passe.
04:37On a l'impression qu'il y a eu des mensonges, des dissimulations.
04:40Ah non, il n'y a eu ni mensonges, ni dissimulations.
04:42Et je crois d'ailleurs que la commission d'enquête du FNA le montre.
04:46Je crois que ces accusations, moi, me semblent minables
04:49pour être franc avec vous,
04:51parce que le fonctionnement de l'État est le suivant.
04:53L'administration délivre aux ministres les recettes
04:57que l'État fait sur les différents impôts,
04:59sur les ménages et sur les entreprises.
05:01Il y a une règle cardinale, c'est que le ministre
05:03ne peut pas se mêler de la levée des recettes.
05:06Et honnêtement, c'est quand même une bonne chose.
05:08C'est quand même une bonne décision qui est prévue par notre Constitution,
05:11qu'un ministre qui est responsable politique
05:13ne puisse pas se mêler de la levée de l'impôt
05:15ou de la levée de la recette.
05:16Et fort des recettes qui sont délivrées,
05:19le ministre et le Parlement font des choix politiques
05:22pour allouer la dépense.
05:24Ce qui s'est passé, c'est qu'avant la crise Covid,
05:27vous aviez en moyenne un point de PIB
05:30est égal à un point de recette fiscale.
05:33C'était une règle qui était fixée en France
05:35et il y a une forme de barème qui sont fixées par pays européens.
05:38Et depuis la crise Covid, et c'est ce qu'on a connu aussi
05:40après la crise financière de 2008,
05:43ce barème, c'est plus le bon.
05:45C'est-à-dire que notre économie a changé
05:48et on est en train d'essayer de comprendre
05:49pourquoi cette règle n'est plus la même.
05:52C'est ce qu'on voit en Allemagne aussi.
05:53En quatre ans, l'Allemagne a perdu 58 milliards d'euros de recettes
05:57qui nous ont du mal à expliquer.
05:58Et c'est ce qu'on a connu à la fin de l'année 2023,
06:00ce qui nous a obligés,
06:02et tant mieux, heureusement que Bruno Le Maire
06:04a pris cette décision et Gabriel Attal a pris cette décision,
06:07de tout de suite annuler des crédits à hauteur de 10 milliards d'euros
06:10et de revenir sur l'allègement de la TICFE
06:12à hauteur de 5 milliards d'euros
06:14et de proposer pour Bruno Le Maire,
06:15et je le soutiens là-dessus,
06:16un projet de financement éducatif.
06:18Vous étiez au cabinet de Bruno Le Maire en 2021 et 2022.
06:22Tout à fait.
06:23Et justement, on va parler de Bruno Le Maire,
06:24on va revoir quelques extraits de son audition au Sénat
06:28devant les sénateurs sur cette question du dérapage des finances publiques.
06:36La convocation était matinale, huit heures tapantes,
06:39mais pas de quoi entamer l'état d'esprit de Bruno Le Maire déterminé.
06:43Bonjour Monsieur le ministre.
06:45Je vais leur dire la vérité des faits.
06:49Si c'est en tant qu'ancien ministre de l'économie et des finances
06:51qu'il était convoqué, Bruno Le Maire a tenu à rappeler
06:54qu'il était désormais sans fonction officielle,
06:57avec un changement de ton à attendre.
06:59Je suis libre.
07:02Donc je pense que ça va nous permettre de clarifier
07:04un certain nombre de choses pour les Français.
07:06Certains accusent Bruno Le Maire d'optimisme forcené
07:09dans la préparation du budget 2024,
07:12puis d'un manque de réactivité
07:14quand les indicateurs économiques ont montré
07:16que les résultats espérés ne seraient pas au rendez-vous.
07:19L'ancien locataire de Bercy a donc refait le fil des douze derniers mois
07:23en rappelant qu'il a très tôt alerté sur le besoin d'agir.
07:27Le 8 janvier, à mes voeux, le 21 janvier, aux 20 heures de TF1,
07:32le 18 février, aux 20 heures de TF1,
07:35tout ça devant des millions de nos compatriotes.
07:37Je leur dis le plus dur est devant nous.
07:39Il répète qu'il a fait des propositions d'économie
07:42en partie suivies en février et avril,
07:44mais que la dissolution a ensuite eu lieu début juin.
07:48Sur l'ampleur du dérapage du déficit prévisionnel,
07:51qui est passé de 4,4% du PIB initialement à 6,1% aujourd'hui,
07:57Bruno Le Maire ne veut pas porter seul le chapeau.
08:00Selon lui, le nouveau gouvernement aurait pu prendre des mesures
08:04qu'il avait préparées pour rester à 5,5% du déficit,
08:09une différence d'un peu plus de 15 milliards d'euros.
08:11Le chiffre de déficit de plus de 6% pour 2024,
08:15avancé par le nouveau gouvernement, est donc biaisé.
08:19Il résulte de son choix et de son seul choix
08:23de ne pas reprendre à son compte
08:25l'intégralité de nos mesures de redressement.
08:28La Commission des finances du Sénat a salué une parole plus libre
08:31que lors des précédentes auditions,
08:33quand Bruno Le Maire était encore en fonction,
08:35sans être totalement convaincu par certaines de ses explications,
08:40forcément réécrites à posteriori du dérapage des finances publiques.
08:44– Fabien Guest, ce qu'on retient de cette audition de Bruno Le Maire,
08:47c'est que Bruno Le Maire souhaitait faire davantage de réductions de dépenses,
08:50davantage d'économies, mais Gabriel Attal et Emmanuel Macron
08:53ne l'ont pas souhaité.
08:54– Non mais on a un problème qui est pour moi un problème démocratique.
08:56Je reviens à ce que disait Monsieur Rodwell
08:59et ce que vient de dire le ministre Le Maire.
09:01Il dit, dès le 8 janvier, j'ai alerté.
09:03Le 8 janvier, nous sommes à peu près 15 jours à 3 semaines
09:07après le vote du budget au Parlement.
09:10Donc, le Parlement se réunit, il vote un budget
09:13et 3 semaines après, le ministre de l'économie et des finances dit,
09:17ça ne sera pas tenable et ça ne sera pas possible.
09:19Donc là, on peut se poser une question.
09:20Est-ce que le budget qu'on nous a proposé au Parlement était-il sincère ou insincère ?
09:25La commission d'enquête le dira.
09:28Et puis après, on a une question.
09:29C'est que ça a amené à des choix politiques
09:31qui n'ont pas été débattus par le Parlement.
09:34Moi, par exemple, la question de rehausser la taxe,
09:37la TIFCE sur l'électricité, c'est un sujet que je connais bien.
09:41Elle est descendue de 32 euros à 1 euro pendant la crise, remontée à 22.
09:47Là, dans le budget qui nous est proposé, remontée à 50.
09:50Moi, je le dis, un quart de nos compatriotes
09:53ne sont pas en capacité de se chauffer cet hiver.
09:56Faire peser 3 milliards supplémentaires aujourd'hui de taxes
10:01sur la facture énergétique est un mauvais choix politique.
10:04Mais encore faut-il qu'on puisse en débattre.
10:07Après, il y a des choix politiques, chacun les assumera.
10:09Nous, nous avons des contre-propositions
10:12pour aller chercher l'argent lié sur les dividendes, sur le capital.
10:15Mais le choix qui est fait par ce gouvernement
10:18et par Bruno Le Maire à l'époque seul,
10:21c'est de le faire peser, notamment sur les factures énergétiques.
10:23Alors, Charles Rodoile, on va vous laisser répondre.
10:24Moi, je vais être franc, j'ai un peu du mal à comprendre l'argument
10:26qui dit que le Parlement n'a pas été consulté.
10:29J'ai sous les yeux le compte-rendu de l'audition de Bruno Le Maire
10:32en mars 2024 par la Commission des finances.
10:35Vous avez notamment les députés, les parlementaires d'ailleurs,
10:38parce qu'il y avait des sénateurs présents aussi,
10:39communistes, LFI, socialistes,
10:41qui expliquaient qu'on assistait sur le plan de Bruno Le Maire
10:45de rétablir les comptes publics.
10:46Il présentait, encore une fois, devant le Parlement,
10:48pour un débat parlementaire sur cette question,
10:50de saignées budgétaires, de compromissions budgétaires,
10:53de plans d'austérité sans commune mesure.
10:56Et même l'un des députés présents, pas de votre groupe,
10:58mais qui siège sur les partis de gauche,
11:00a traité Bruno Le Maire d'assassin,
11:02pour ensuite se retrouver quelques mois après,
11:05six mois et demi plus tard aujourd'hui,
11:07où il dénonce que Bruno Le Maire a laissé déraper les comptes.
11:10Donc moi ce que j'ai un peu du mal à comprendre, si vous voulez,
11:12c'est une partie des parlementaires, en tout cas l'Assemblée nationale,
11:16qui contestait les mesures prises par le gouvernement
11:19pour rétablir les comptes en janvier, en février,
11:22et y compris devant le Parlement au printemps,
11:24pour ensuite nous expliquer aujourd'hui qu'il y a un trou dans les comptes,
11:27mais en présentant, et je sais qu'on va l'aborder,
11:29un projet de loi de finances actuel,
11:31où ils font exploser la dépense par leurs amendements.
11:34Mais qu'est-ce qui s'est passé selon vous ?
11:35Parce qu'il manque quand même des éléments d'explication.
11:37Je pense que si on a besoin d'un débat parlementaire qui est sain,
11:39il faut qu'on se fixe des règles communes.
11:40Un, le gouvernement doit présenter ses décisions devant le Parlement,
11:43c'est la raison pour laquelle Bruno Le Maire a demandé un PLFR,
11:46c'est la raison pour laquelle il a participé.
11:47C'est qu'un budget significatif, le PLFR, c'est la raison pour laquelle...
11:50Et c'est la raison pour laquelle on présente aujourd'hui le PLFR,
11:53et que Michel Barnier propose de laisser
11:55toutes les perspectives ouvertes aux parlementaires,
11:57mais il faut aussi, pardonnez-moi,
11:59que les parlementaires se responsabilisent.
12:01Et là, je m'adresse à mes collègues socialistes,
12:03NFP, LFI et PCO à l'Assemblée nationale,
12:07l'explosion des dépenses aujourd'hui ne va mener qu'à une chose,
12:12au gouvernement de prendre ses responsabilités,
12:13car ils font courir un danger majeur à notre pays.
12:17Est-ce qu'on peut se répondre ?
12:18Non, mais c'est ça qui est intéressant dans un débat.
12:20Alors répondez, répondez Fabien.
12:21Non, mais qu'on puisse avoir un échange.
12:23J'écoute avec attention, il y a du respect, il y a du débat,
12:26et le débat est argumenté, tant mieux.
12:29J'espère que vous ne confondez pas, M. Rodoelle,
12:30le fait qu'on ait une audition.
12:32Certes, il est venu M. Le Maire au mois de mars,
12:35devant la Commission au Sénat, certainement à l'Assemblée nationale,
12:38avec un budget rectificatif et un vote.
12:41Une audition de deux heures sans qu'à la fin il se dégage quelque chose
12:45n'est pas tout à fait la même chose sur le fait démocratique qu'un vote.
12:48Et la deuxième chose, c'est que s'il y avait un dérapage,
12:52bon d'abord, pardon de le dire,
12:54celles et ceux qui nous ont conduits là
12:55sont les mêmes qui aujourd'hui s'allient à la droite sénatoriale pour gouverner,
12:58et donc ce sont ceux qui nous ont conduits de la lumière
13:01qui continuent à conduire le camion,
13:02puisqu'Antoine Armand, ministre de Renaissance,
13:06est aujourd'hui ministre de l'Économie.
13:07Donc, on a une question, c'est qu'il fallait aller chercher des nouvelles recettes.
13:11Et ça, pour le coup, ce gouvernement n'a jamais voulu en débattre.
13:15Et nous, nous avons beaucoup de propositions sur cette question.
13:17– Justement, Charles Rodoelle, si on prend un petit peu de recul
13:19ces dernières années sur la stratégie économique du gouvernement de Bruno Le Maire,
13:22ça fait sept ans qu'il est à Bercy,
13:23est-ce qu'il y a eu une erreur en baissant les recettes fiscales de la France ?
13:28– Ça, c'est une différence philosophique, je pense, entre vous et moi.
13:32– Même politique.
13:33– À partir du moment où, politique oui,
13:35à partir du moment où on est dans une période…
13:38– Mais on paie ses choix aujourd'hui.
13:40– Au contraire, oui, on paie ses choix et heureusement qu'on les paie
13:43parce que le fait de baisser massivement les impôts
13:45et baisser massivement les cotisations sociales,
13:47on a créé dans ce pays 2,7 millions d'emplois
13:49qui ont changé la vie de 2,7 millions de familles
13:54et qui ont surtout rapporté 40 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour l'État.
13:58C'est-à-dire que quand vous créez un emploi,
13:59non seulement vous versez une allocation en moins
14:02et en plus vous récupérez des cotisations,
14:0340 milliards d'euros de recettes supplémentaires.
14:05Autre exemple, l'impôt sur les sociétés, on l'a baissé de 8 points.
14:09Eh bien, en passant de 33 à 25, il a rapporté plus.
14:12Pourquoi ? Parce qu'entre-temps, vous avez des milliers d'entreprises
14:16qui ont été créées et ça, ça ne tombe pas dans l'emploi.
14:18Et je finis juste sur ce point et après je laisse la parole à mon collègue Gay.
14:22Dans un moment où les États-Unis sont en train de relancer la machine économique
14:27et on a vu les intentions fiscales et économiques de Donald Trump vis-à-vis de l'Europe,
14:30quand on est dans un moment où vous avez un déploiement massif
14:34de l'industrie et de la technologie chinoise et asiatique,
14:37est-ce que c'est vraiment le moment de remettre un boulet
14:41aux pieds de nos entreprises et des Français en faisant exploser leurs impôts ?
14:45Vous entendez cet argument, Fabien Gay ?
14:47Tout l'inverse. Nous pensons qu'il faut baisser les impôts et baisser les dépenses.
14:52Alors Fabien Gay, ça c'est une différence philosophique majeure.
14:54C'est très bien. C'est un débat et un clivage gauche-droite.
14:58Comme d'ailleurs, on a essayé de nous faire croire que la Macronie,
15:01c'était ni de gauche ni de droite, mais aujourd'hui, on le voit bien,
15:04elle est de droite et donc il y a un autre choix politique.
15:07Moi, j'ai toujours assumé mes origines.
15:08Eh bien voilà, tout le monde l'assume et moi, je suis communiste.
15:11Donc là, pardonnez-moi de vous le dire,
15:13on a eu beaucoup de communication gouvernementale
15:16autour de la réindustrialisation du pays.
15:18Là, plus personne n'ose le dire parce que les plans sociaux, ça m'encelle.
15:22On est à 180 plans sociaux, 100 000 emplois menacés.
15:26Encore cette semaine, Michelin, Auchan, Thalès,
15:30j'ai reçu l'intersyndical ce lundi, 1000 emplois menacés.
15:34Mafrance, dans mon département, 280 emplois menacés
15:37et beaucoup d'autres dans l'actionnaire autonomie.
15:40Je le dis, là, on a une question.
15:42182 milliards d'euros d'argent public
15:46donnés chaque année aux entreprises sans contrepartie.
15:49Non, attendez, Michel Barnier a dit qu'il voulait rendre des comptes.
15:53Cela fait sept ans que nous nous proposons de conditionner
15:56les aides publiques aux entreprises en matière sociale,
16:00environnementale et aux conditions d'emploi.
16:02Pour l'instant, c'est toujours le cas.
16:03Fabien, on va vous couper parce qu'on va en parler.
16:04On va parler de ces cotisations sociales des entreprises
16:07qui permettent de financer le budget de la Sécurité sociale.
16:10C'est l'autre sujet de la semaine, Alexandre.
16:12Mais alors, c'est une première.
16:14L'Assemblée nationale n'a pas pu aller jusqu'au bout de l'examen du texte.
16:17Le texte a donc été transmis directement au Sénat.
16:20Explication d'Elsa Mondingava.
16:22On y revient juste après.
16:27Hémicycle de l'Assemblée nationale, mardi minuit.
16:31Le délai de 20 jours prévu par l'article 47.1 de la Constitution
16:36expire ce soir.
16:38L'Assemblée nationale n'ayant pas émis de vote
16:41en première lecture sur l'ensemble du projet de loi,
16:43le gouvernement décide de saisir le Sénat du texte.
16:50Le gouvernement met fin à l'examen du budget de la Sécurité sociale,
16:54une situation dénoncée par les oppositions.
16:57Nous avons assisté à une opération assez coordonnée
17:00de contournement du Parlement, de l'Assemblée nationale,
17:04puisque lorsque nous avons demandé à Minuit,
17:07à la ministre en charge des relations avec le Parlement,
17:10de prolonger le débat pour terminer l'examen
17:13du plus gros budget de la nation, cela nous a été refusé.
17:16Si les députés n'ont pas pu finir la partie dépense
17:19du projet de loi de financement de la Sécurité sociale,
17:23ils ont adopté la partie recette, un vote à front renversé.
17:28Ce sont les députés du Nouveau Front populaire
17:30qui ont permis l'adoption d'un texte
17:32qu'ils avaient profondément modifié.
17:35Les élus du Socle commun ont voté contre.
17:38Nous apprêtons à voter un texte pour le coût très dénaturé.
17:43Ce que fait cette partie du PLFSS ?
17:48Pénaliser en taxant toujours plus,
17:52taxant les dispositifs d'épargne salariale,
17:55en taxant les primes d'intéressement.
17:57Le texte est donc transmis au Sénat.
17:59La Chambre haute a 15 jours pour se prononcer
18:01sur le budget de la Sécurité sociale,
18:04mais l'Assemblée nationale aura encore son mot à dire
18:07avant la fin du processus législatif.
18:10Une question pour vous Charles Rodoelle,
18:12puisque les députés de votre groupe
18:14sont un peu pointés du doigt par les oppositions
18:16qui les accusent, un, de déserter les débats,
18:19et deux, de déposer beaucoup d'amendements
18:21pour ralentir les débats.
18:25Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
18:26J'imagine que vous avez les chiffres
18:27du nombre d'amendements déposés,
18:29où le nouveau Front populaire et notamment le Parti socialiste
18:32a déposé quatre fois plus d'amendements
18:33que le socle commun avec notre groupe.
18:35Vous savez, moi quand j'ai écouté Boris Vallaud,
18:36ça m'a inspiré une chose, c'est qu'il y a une chose
18:38dont on meurt en politique, c'est l'hypocrisie.
18:40L'hypocrisie, elle est létale en politique.
18:44Et quand j'entends le patron du Parti socialiste
18:46expliquer qu'il n'a pas eu le temps de débattre
18:48alors que pendant des semaines, et des semaines,
18:51et des semaines, contrairement d'ailleurs à la culture du Sénat,
18:54on a des députés du NFP,
18:57sous la coupe de la France insoumise,
18:59qui déposent amendement après amendement,
19:01après amendement, après amendement, après amendement,
19:03pour taxer, taxer, taxer, mais je vous fais juste une liste si vous voulez.
19:06La taxe sur les bouteilles d'eau, la taxe sur les rats de laboratoire,
19:09la taxe sur les équipements de bateaux maritimes de transport,
19:13la taxe sur les munitions de fusil de chasse,
19:15la taxe sur le tourisme des éoliennes en mer.
19:17Alors là, pour une chose, il y a une chose,
19:19notamment les socialistes, il y a une créativité absolument incroyable.
19:22Et quand je dénonce l'hypocrisie,
19:23quand je vois que le Parti socialiste
19:24est en train d'être rayé de la carte politique française,
19:27pourquoi vous avez déserté l'hémicycle pendant ces débats budgétaires ?
19:31Les députés macronisent dans leur ensemble.
19:32Je pense que vous avez mon taux de présence.
19:34Moi, ça fait trois semaines que je siège en commission et en séance,
19:37et j'y suis, y compris le samedi à mes nuits,
19:38parce que mes électeurs m'ont élu pour cela.
19:40Mais votre groupe ?
19:41Moi, j'y considère, quand je regarde les taux de présence,
19:43que le groupe EPR, contrairement à ce qui peut être dit,
19:46est dans la moyenne, et je pense que tout est disponible,
19:48tout est public sur le site de l'Assemblée nationale,
19:51est dans la moyenne de la présentielle.
19:52Simplement. Pourquoi nous avons voté contre ce texte ?
19:54Mais tout simplement parce qu'on a eu une explosion,
19:57notamment des cotisations sociales et de certains impôts.
20:00Il y a le PLF et le PLFSS, mais sur le PLFSS,
20:02la question essentielle des cotisations sociales,
20:05on a peut-être une différence philosophique et politique sur ce sujet.
20:07Nous, nous assumons d'avoir baissé le coût du travail pour,
20:11un, rapprocher le coût brut et le coût net du travail, la rémunération,
20:16et puis, de deux, faire baisser le coût du travail pour les entreprises
20:20pour créer 2,7 millions d'emplois dans notre pays depuis 7 ans.
20:24Alors, revenons juste sur ce débat sur le budget de la sécurité sociale
20:28qui reste inachevé, mais quand même, il n'y a pas eu d'usage du 49-3.
20:31Vous vous en félicitez ?
20:33Ne parlons pas de l'anecdote ou de la politique aérique.
20:36Il y a un problème politique.
20:38Michel Barnier est issu d'une formation
20:41qui a fini cinquième de l'élection législative
20:44et qui est donc au gouvernement maintenant
20:48avec ceux qui nous ont entraîné dans le mur.
20:49C'est-à-dire que les vaincus se sont alliés aux losers
20:53pour gouverner et ne pas respecter le vote populaire.
20:57Et donc, ça se voit dans l'Assemblée nationale.
20:59C'est-à-dire que quand vous avez les vaincus avec les losers,
21:020 plus 0, ça ne fait pas une majorité.
21:05Et donc, quand il y a un débat à l'Assemblée nationale,
21:09il y a les députés du Nouveau Front Populaire
21:11qui font passer beaucoup d'amendements parce qu'ils sont présents.
21:14Après, on peut débattre, on peut être en accord ou en désaccord, évidemment.
21:18Et donc là, vous avez une question,
21:20c'est que Michel Barnier se retrouve confronté à deux solutions.
21:23Soit il fait comme Élisabeth Borne qui ne disposait pas non plus d'une majorité.
21:26Et donc, il utilise le 49-3.
21:28– Il ne l'a pas fait.
21:29– Ce qui, il ne le fait pas parce que ça conduit à une motion de censure
21:33qui, pour l'instant, puisque le Rassemblement national l'a décidé,
21:37ne la votera pas.
21:38Mais ça veut dire qu'aux yeux des Françaises et des Français,
21:41ce gouvernement ne tient qu'à un fil,
21:43c'est-à-dire celui que Marine Le Pen tient.
21:46Ou alors, il a la deuxième solution, celle qu'il a organisée.
21:49Vous laissez le temps filer.
21:51Il y a beaucoup d'amendements de part et d'autre,
21:53mais notamment d'une majorité.
21:55D'ailleurs, le Nouveau Front Populaire a enlevé 30 ou 40 %
21:58de ses amendements pour aller au bout.
22:00Et au bout du bout, vous arrivez, vous dites, il n'y a plus de temps.
22:03Donc, ça a quoi comme conséquence ?
22:05C'est que le texte, vous ne l'avez pas expliqué,
22:07va repartir dans sa version initiale avec les amendements
22:11– Ça veut dire la version du gouvernement.
22:12– Pour avoir obtenu la ministre en relation au Parlement avec les chefs de groupe,
22:15c'est-à-dire celles et ceux qui leur sont favorables.
22:18– Sans les amendements de la gauche.
22:19– Sans les amendements.
22:19Va le transmettre au Sénat, et comme ici,
22:21la droite sénatoriale est déjà au gouvernement, l'affaire est entendue.
22:24Mais nous, nous serons extrêmement offensifs sur l'affaire.
22:27Ensuite, je voudrais répondre sur le coût du travail.
22:29Parce que le travail, d'abord, n'est pas un coût.
22:32Et lorsque l'on dit que l'on veut rapprocher le salaire brut du salaire net,
22:37c'est-à-dire que, entendez bien ce que je dis,
22:40votre fiche de paye, il y a le salaire net, c'est celui pour vivre tous les jours,
22:44et le salaire brut, c'est le salaire différé, c'est le salaire pour la vie.
22:48Et donc, lorsqu'on rapproche des deux, en réalité, non, ce n'est pas les charges,
22:53des cotisations sociales qui ouvrent des droits.
22:56Eh bien, en fait, on vous a l'air du salaire global.
22:59Il faut que les gens entendent ça, vous y perdez.
23:02On vous vole, et c'est de l'argent qui part au capital et pas au travail.
23:05– On va laisser répondre Charles Rodwell.
23:07Vous parliez des hausses d'impôts, des hausses de cotisations votées par la gauche.
23:10Mais il y a aussi le gouvernement qui en prévoit dans sa version initiale du budget,
23:14notamment du budget de la Sécurité sociale,
23:16puisqu'il souhaite augmenter les cotisations patronales.
23:20Est-ce que vous dites, là, à l'heure actuelle,
23:21avec les plans sociaux qu'on connaît, le gouvernement Barnier fait une erreur ?
23:24– Eh bien, j'ai déposé un amendement de suppression de la hausse de l'impôt sur les sociétés.
23:27J'ai déposé un amendement de suppression de la hausse des cotisations sociales.
23:31Il a été remporté l'amendement de suppression sur l'impôt sur les sociétés.
23:35Et nous avons remporté, pour le coup, le bras de fer à l'Assemblée
23:38sur la hausse des cotisations.
23:39Et moi, je respecte votre philosophie, j'en ai une qui est totalement différente.
23:42Deux points sur lesquels je voudrais…
23:44– Vous êtes cohérent avec vous-même, avec vous-même.
23:47– Nous, nous considérons, si vous voulez,
23:49que la première des libertés pour les Françaises et les Français, c'est le travail.
23:53Et moi, ce que je regrette, mais c'est des différences fondamentales,
23:57c'est qu'il compte que la gauche ne se félicite pas aujourd'hui
24:00qu'on ait créé près de 3 millions d'emplois dans ce pays depuis 7 ans.
24:03Et donc, nous voulons continuer sur cette trajectoire.
24:04C'est-à-dire qu'on a baissé de 11% à 7% le taux de chômage et on veut passer à 5%.
24:08Mais pour cela, nous considérons que la clé de la confiance, c'est la constance.
24:12Dans un monde qui est plein d'incertitudes,
24:15toucher à la stabilité fiscale des entreprises et des Français,
24:18et toucher à la question des cotisations sociales pour les entreprises et pour les Français,
24:21est un choix politique que nous ne voulons pas faire.
24:24Nous voulons choisir le sujet de la stabilité.
24:27Ensuite, je me touche quand même à un dernier mot.
24:29Pourquoi est-ce que nous avons bâti cette coalition avec les Républicains ?
24:33Déjà, un, nous avons perdu les élections législatives, le Bloc central,
24:36donc nous ne voulions pas que le Premier soit quelqu'un du Bloc central.
24:42Nous avons tendu la main à la gauche.
24:44Mais Bernard Cazeneuve a été trahi par qui ? Il a été trahi par les siens,
24:47par les socialistes et par les communistes.
24:48Et donc, à partir de là, il a fallu qu'on se tourne vers d'autres alliés politiques.
24:52Nous nous sommes tournés vers la droite, il nous reste qu'il y ait eu ce choix politique.
24:56– 2 400 emplois supprimés chez Aucin, on en parlait, 1250 chez Michelin.
25:00Ce n'est pas le moment pour vous, Fabien Aguer,
25:02d'augmenter les charges patronales des entreprises ?
25:04– Non mais, attendez, je redis, 100 000 emplois menacés, partout.
25:08Moi, sur mon territoire, l'EMA France,
25:10Stellantis a décidé, en 3 semaines, de liquider la boîte, 280 emplois.
25:16C'est des hommes et des femmes, beaucoup d'hommes,
25:18de 50 à 55 ans qui ne retrouveront pas de job.
25:21J'étais chaque semaine avec eux.
25:22– Et c'est fini. Il nous reste 10 secondes.
25:25– Et j'étais avec eux parce que Stellantis peut récupérer
25:29les machines outils et les délocaliser en Turquie.
25:32Nous avons eu un gros problème,
25:34c'est qu'il faut conditionner les aides publiques aux entreprises.
25:37– Et ce sera le mot de la soirée. Merci à tous les deux.
25:39– On se retrouve sur ce point-là.
25:40– On se finit sur un accord. Merci à tous les deux d'avoir participé à ce débat.
25:43– On se retrouve sur ce point-là. Tchao, tchao.
25:45– Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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