• le mois dernier
Les Vraies Voix Citoyennes avec Arnaud Chiche, président du collectif Santé en Danger et anesthésiste-réanimateur à Hénin-Beaumont ; Laurianne Vermoere, membre de la coordination nationale du collectif Infirmières libérales en colère ; Anne Wernet, présidente du SNPHAR ( Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes Réanimateurs).


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##LES_VRAIES_VOIX_CITOYENNES-2024-11-04##

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Transcription
00:00Les vraies voix qui font bouger la France, 19h20, les vraies voix citoyennes. Aurélie Gros, Stéphane Pellet.
00:08C'est bien comme ça. Vous allez bien tous les deux ?
00:12Très, très bien, merci.
00:14Vous avez une actualité conséquente. On rappelle Aurélie, vous êtes cofondatrice du G500,
00:19cette fameuse ONG qui rassemble maintenant près de 2600 associations. Grosse actualité, je le disais ?
00:26Grosse actualité, on se prépare pour le 12, 13, 14 juin à Lille, 2025, pour le sommet citoyen.
00:35Mais avant ça, nous avons les réunions d'étapes dont la première est la réunion sur la première préoccupation des Français
00:43qui se déroule samedi 9 novembre à Lille.
00:48Eh oui, ingérable, insoutenable, impensable.
00:53Ce sont les mots employés par les syndicats CGT, CNI et FO pour qualifier le budget de la Sécurité sociale pour 2025.
01:01Le 24 octobre, le gouvernement a présenté un budget 2025 très contraint qui vise à contenir le déficit de la Sécurité sociale à 16 milliards d'euros.
01:10Evidemment, ça crée des fractures à certains niveaux.
01:15Pour en parler, on va accueillir vos invités, Aurélie Gros.
01:19Nous avons déjà, je vous laisse les présenter, mais Anne Vernet est déjà...
01:23Nous aurons Arnaud Chiche, président du comité de santé en danger et anesthésiste réanimateur à Hénin-Beaumont.
01:29Lauriane Vermeuer, membre de la coordination nationale des infirmières libérales en colère et le docteur.
01:36Anne Vernet, présidente du syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs.
01:43Il y a plein de questions qui se posent. 12% de la population n'a pas de mutuelle. C'est la crise totale, Aurélie ?
01:51Je pense que le système est effectivement en crise depuis un certain temps.
01:55Je pense que ça ne date pas d'hier et je pense que nos invités vont le confirmer ce soir.
02:00Il est grand temps que les citoyens se mobilisent, que les professionnels de santé expliquent aussi ce qu'ils voient sur le terrain,
02:09puissent nous faire part de leurs inquiétudes et proposent également des solutions.
02:15C'est en tout cas tout l'enjeu qui se déroule autour de cette réunion,
02:19qui est organisée autour du collectif santé en danger et du célèbre Arnaud Chiche, qu'on connaît bien sur Sud Radio.
02:27Est-ce qu'il est avec nous ? Parce que je n'ai pas encore entendu.
02:29Arnaud Chiche, vous êtes là ? Bonsoir.
02:33Oui, bonsoir tout le monde.
02:35Justement, on va commencer par vous, parce que vous avez le don pour lancer un petit peu la tonalité générale.
02:42Le projet de loi est jugé de plus en plus inégalitaire. On est d'accord ?
02:48Je ne comprends pas votre question.
02:50On parle de la loi qui est en préparation.
02:54Parce qu'il faut peut-être qu'on reprécise toute l'opération que nous sommes en train de monter,
03:00et notamment avec Sud Radio dans cette étape régionale à Lille et avec les auditeurs.
03:05On est sur Lille, Arnaud.
03:06Avec de nombreuses associations, avec beaucoup de monde professionnel dont certains sont invités ce soir.
03:12C'est en effet une loi fabriquée par les professionnels et les soignants.
03:16On va y revenir. Mais la question, cher Arnaud Chiche, bonsoir.
03:20C'est Stéphane Pelé qui est avec vous, vous avez vu.
03:23La question, c'est qu'en effet, le gouvernement lui-même est en train de préparer quelque chose au travers du PLFSS,
03:28vous le savez bien, donc ce fameux projet de loi de financement de la sécurité sociale,
03:32et que je crois que c'est un des pires qu'on ait pu préparer.
03:35C'est en tous les cas comme ça que l'interprète la plupart des médecins.
03:39Il y a le célèbre docteur, par exemple, Marty, qui sur les réseaux sociaux ne décolère pas depuis des jours.
03:46Et c'est donc à Arnaud Chiche de répondre.
03:48Bien sûr.
03:49Alors effectivement, si vous entendez par inégalitaire le fait qu'il ne soit probablement pas dimensionné pour répondre à toutes les attentes,
03:57la réponse est oui.
03:58Disons que le système de santé, effectivement, on a le sentiment que l'accès aux soins en France est de plus en plus difficile
04:04et qu'il aurait fallu que le PLFSS de cette année soit un exemple de démonstration que la classe politique entend et cerne les problèmes.
04:13Or, en fait, quand on regarde en détail, il n'y a pas d'augmentation de moyens pour le système de santé
04:20et on est très inquiet parce que la situation ne fait que se dégrader sur le terrain.
04:25Donc on aurait aimé s'en faire quelque chose de beaucoup plus puissant comme projet, mais ce n'est pas du tout le cas.
04:31Alors on a donc cette réunion dont nous a parlé Aurélie Gros qui va se passer à Lille.
04:36L'ensemble des acteurs de la santé seront présents.
04:39Quelles sont les solutions issues du terrain finalement qui vont être présentées ?
04:43On sollicite peut-être nos invités Aurélie.
04:46Mais totalement.
04:47Je pense qu'on peut entendre aussi Anne Vernet et Lauriane qui sont aussi en visio avec nous.
04:56Oui, bonsoir.
04:58Merci de votre invitation.
05:00Oui, effectivement, je reprends ce qu'a dit Arnaud Chiche.
05:03Le PLFSS, le projet de loi de financement de la sécurité sociale qu'on nous présente chaque année.
05:08Cette année, il est particulièrement inquiétant parce qu'il est creux.
05:12On a six ou sept ministres depuis.
05:15On aura eu huit ou neuf ministres en sept ans.
05:17C'est inédit.
05:18Et donc, il est creux.
05:21Il n'y a rien.
05:22Il n'y a pas d'ajustement sur les rémunérations.
05:26Il n'y a pas d'ajustement sur les organisations.
05:27Il n'y a pas de proposition.
05:28Et la seule proposition qu'on a, c'est de nous donner encore moins d'argent.
05:33Moi, ça fait 25 ans maintenant que je travaille.
05:35Ça fait 25 ans que j'entends qu'on n'a pas d'argent.
05:37Ça fait 25 ans qu'on dit que ça va mal se finir.
05:39Et on ne joue pas les cassants.
05:43Ça ne se finit pas bien.
05:44Et on voit bien qu'effectivement, le système est en crise et qu'il faut le dire.
05:48Parce qu'à un moment, on n'osait pas le dire.
05:50Et maintenant, je pense qu'on ose le dire.
05:51C'est qu'il y a des gens qui meurent par défaut d'accès aux soins, par défaut de prise en charge en temps utile.
05:56La situation est cataclysmique.
05:59C'est bien l'objet du G500, justement, d'attirer l'attention à ce moment-là.
06:04Mais est-ce qu'il y a quand même des raisons de se dire que des évolutions vont être apportées ?
06:15Oui.
06:16La première bonne nouvelle que je vais vous donner, c'est que les gens qui font des professions de santé adorent leur métier.
06:23Et qu'ils ont envie que ça aille bien.
06:25On n'est pas en train de se dire que c'est un métier qui n'intéresse personne et qui est un métier entre guillemets ingrat.
06:31Les gens ont envie.
06:34Quand il y a eu le Covid, les gens se sont bougés.
06:36Ils ont réinventé l'hôpital et ça a fonctionné.
06:38Ils ont envie et on a plein de propositions.
06:41La première chose, c'est qu'il faut, et je pense que c'est vraiment le projet qui est mené par les intervenants qui sont là,
06:47c'est d'avoir une loi de programmation santé.
06:49C'est-à-dire que là, on ne sait pas où on va.
06:51Ça fait des années qu'on ne sait pas où on va.
06:53On ne sait pas ce qu'on va faire du système de santé.
06:55On ne sait pas ce qu'on veut faire de la médecine de ville.
06:57On ne sait pas ce qu'on veut faire de l'hôpital public.
06:59On ne sait pas ce qu'on veut faire dans les cliniques, les EHPAD.
07:01Ça, c'est typiquement une impulsion politique qui n'est pas donnée, vous nous le confirmez.
07:04Exactement.
07:05Et à partir de ce moment-là, on ne fait que du colmatage.
07:09Donc, il faut vraiment qu'on ait une réflexion sur le fond.
07:13Le Ségur n'a pas réussi à le faire, mais il faut vraiment qu'on ait une réflexion sur le fond pour savoir où on va.
07:18Quand on nous dira où on va, les professionnels vont proposer des solutions qui seront adaptées à ça.
07:22Donc, on en est à proposer chacun des solutions de notre côté.
07:25Le mérite de Santé en danger, c'est d'arriver justement à essayer de faire une synthèse de ces propositions.
07:30Ça reste difficile.
07:32Mais est-ce qu'il faut de l'argent ?
07:34Oui, il faut de l'argent, forcément.
07:35Il faut réinvestir dans la santé, parce qu'à force de désinvestir dans la santé,
07:38on arrive à la situation que les gens ne viennent plus travailler et se sentent déconsidérés.
07:43Tout le monde est d'accord.
07:44Il reste encore à bien utiliser l'argent.
07:47Je confirme qu'en France, comme le dit Anne, les métiers de la santé et du soin
07:52arrivent en deuxième position des appétences des jeunes dans les questions de métier.
07:57C'est important, mais à un moment, ils se désintéressent.
08:00C'est important de relancer en fin de compte cette attirance pour ces métiers.
08:06C'est vrai que quand on voit des professionnels, dont les infirmières libérales,
08:10je ne veux pas dire en colère, mais le problème, c'est qu'elles le sont,
08:15c'est comment aussi réconcilier ?
08:17Parce qu'à côté de l'hôpital, il y a aussi le libéral,
08:20il y a aussi le maintien à domicile, qui est un grand enjeu de société.
08:24Donc, Lauriane, bonsoir.
08:27Bonsoir.
08:28C'est vrai qu'on ne vous a pas encore entendu.
08:30Vous avez été patiente, Lauriane Vermoer.
08:32C'est ça.
08:34Moi, je rejoins le constat que font Arnaud et Anne.
08:37Et nous, les infirmières libérales, on est vraiment aujourd'hui en grande souffrance.
08:41Et du coup, ça se manifeste aussi par une grande colère.
08:44Parce qu'il faut savoir que nous, ça fait 15 ans que nos tarifs n'ont pas été revalorisés.
08:5015 ans, c'est énorme quand on connaît aujourd'hui l'inflation.
08:53On a fait des études avec le collectif, où ils estiment que d'ici à 5 ans,
08:5858% des cabinets infirmiers libéraux vont fermer.
09:02Parce qu'aujourd'hui, on ne survit plus.
09:05La balance entre nos charges et nos zones horaires est complètement déséquilibrée.
09:10Et beaucoup de cabinets commencent à être en faillite.
09:13Alors qu'on est le dernier rempart aujourd'hui au domicile des patients.
09:18On a de moins en moins de médecins qui se déplacent.
09:20On a de moins en moins de kinés.
09:21Les seuls qui vont encore au domicile apporter du soin aux gens les plus isolés et les plus dépendants,
09:27c'est les infirmiers libéraux.
09:29Et après les déserts médicaux, ce qu'on risque de voir apparaître,
09:32et ce qui est déjà en train de se produire, c'est les déserts paramédicaux.
09:35Et là, ça va vraiment être une catastrophe.
09:37Parce que, mine de rien, les gens qui ne peuvent plus se rendre chez le médecin,
09:41nous, on est quand même les yeux et les petites mains.
09:44Et on rapporte et on a les moyens d'alerter les urgences,
09:48d'appeler les médecins traitants qui ne peuvent plus se déplacer.
09:51Et on temporise énormément de choses.
09:53Allez-y, oui, aujourd'hui, oui.
09:56Et le problème, c'est qu'aujourd'hui, nous, déjà, on ne s'en sort plus.
10:01Derrière, on a du mal à avoir une réponse.
10:04Donc les gens sont de plus en plus isolés.
10:07Et rien n'est fait en amont aussi pour les amener aux soins.
10:11Comme il ne voit plus de médecin, il n'y a plus aucune prévention qui est faite,
10:15ou très peu.
10:16Et du coup, nous, on récupère des gens dans des états
10:18où l'état est déjà complexe, en fait, et difficilement, des fois, rattrapable.
10:23Bon, là, c'est le constat que vous venez de nous faire, vous.
10:27Vous soyez médecin, infirmier, urgentiste.
10:30Stéphane Pelé, juste avant d'aborder la deuxième partie,
10:33de notre émission, un constat.
10:36Justement, on va partir avec les questions de formation,
10:41de fidélisation, d'attractivité, etc.
10:44Et d'ailleurs, à Arnaud Chiche, on lui repassera la parole
10:46parce qu'il va nous dire quelle est la méthode employée
10:48pour fidéliser aussi les professionnels autour de son collectif
10:52et puis de notre démarche globale de G500 et donc d'étape.
10:56On va écrire, on a déjà beaucoup travaillé,
10:58on va continuer à cette loi qui va justement aborder tous ces problèmes,
11:01comme disait Anne Vernet tout à l'heure,
11:02une loi véritablement d'orientation et de programmation.
11:05Mais avant qu'on fasse une petite coupure,
11:07juste en tête des choses.
11:10En effet, Loriane, je crois que c'est ça, disait,
11:13depuis 2009, aucune revalorisation de tous les tarifs
11:17dans le secteur libéral pour ce qui est des infirmières.
11:19Autre chose, 7 millions de Français sont sans médecin de ville,
11:24donc médecin référent pour eux.
11:25Et je pourrais continuer comme ça longtemps.
11:28Désormais, et puis dernière chose peut-être,
11:31la préoccupation numéro un des Français,
11:34y compris en termes de services publics, c'est la santé.
11:37Alors ça, c'est un sondage de radio.
11:39Donc voilà, on ne va pas laisser les choses comme ça.
11:42Il va falloir qu'on se mette tous au boulot
11:44et c'est ce qu'on fait en ce moment.
11:45Aurélie Gros, Stéphane Pelé, les vrais voix citoyennes.
11:49Comme chaque lundi, nos invités ce soir,
11:52Anne Vernet, Arnaud Chiche, Loriane Vermeuer,
11:54qui représentent les grandes familles
11:56de ceux qui nous veulent du bien
11:59et ceux qui nous permettent de vivre.
12:01Voilà, ce sont les médicaux qui sont là.
12:05Et on en revient, on y revient, surtout dans un instant.
12:08Sud Radio, parlons vrai.
12:13Sud Radio, les vraies voix qui font bouger la France.
12:1619h20, les vraies voix citoyennes.
12:18Aurélie Gros, Stéphane Pelé.
12:22Alors ça, c'est une belle initiative,
12:24mais nous en avons l'habitude avec le G500.
12:27Représenté ici par Aurélie Gros et Stéphane Pelé,
12:31la question de la santé.
12:34Puisque nos politiques n'arrivent pas à se mettre d'accord,
12:37à proposer quelque chose de concret,
12:39le G500 organise à Lille
12:42et plusieurs réunions avec les professionnels de la santé
12:46pour réfléchir et proposer concrètement.
12:48Nous en parlons avec le Dr Arnaud Chiche,
12:50président du collectif Santé en danger
12:52et anesthésiste réanimateur à Hénin-Beaumont.
12:54Lauriane Vermeer est là,
12:56membre de la coordination nationale des infirmières libérales en colère.
12:59Et puis le Dr Anne Vernet,
13:01présidente du syndicat national des praticiens hospitalisiers
13:05anesthésistes réanimateurs.
13:08Trois représentants de cette grande famille présente.
13:12Arnaud Chiche, vous êtes avec nous.
13:15Peut-être avant de vous donner la parole, Stéphane Pelé,
13:18il y a trois grands thèmes.
13:21Je le tiens de tous ces bons professionnels
13:23qui sont avec nous ce soir,
13:25et puis toutes les centaines d'autres qui vont se réunir
13:27dans nos différentes étapes de travail d'ici juin,
13:30où on aura vraiment complètement mis au point
13:32cette loi d'orientation et de programmation.
13:34Il y a en effet trois fondamentaux.
13:36Il faut former, former beaucoup plus,
13:38mais ça je pense que nos amis soignants vont le dire ce soir.
13:41Il faut ensuite fidéliser avec des conditions de vie,
13:44de travail bien meilleures,
13:46sinon à un moment on s'en va, on ne peut pas tenir.
13:48Et puis troisièmement, il faut continuer à attirer les meilleurs.
13:52Donc il faut une méthode pour une plus grande attractivité de ces métiers.
13:57Formation, fidélisation, attractivité.
14:00On s'intéresse d'abord à la formation.
14:02Il y a une carence importante dans le domaine, Arnaud Chiche ?
14:06Oui, en fait la crise actuelle du système de santé,
14:10c'est aussi une crise démographique.
14:12On manque d'infirmières, on manque d'aides-soignants,
14:15on manque de médecins.
14:17Et ça les politiques, on en a parlé depuis longtemps,
14:19mais il n'y a jamais de solution en face.
14:21Donc ce serait mentir aux Français de dire qu'on peut améliorer l'accès aux soins
14:25sans former plus de monde.
14:27Donc il faut que ces lois de programmation santé,
14:29dont vous l'aurez compris, qui va balayer plein, plein, plein de sujets,
14:32il faut absolument qu'elles laissent la place à des sujets de formation.
14:35Comment on peut fidéliser des étudiants dans les études d'infirmiers
14:39sans qu'ils les abandonnent ?
14:41Comment on peut éviter que des étudiants en médecine
14:44recalés au concours de médecine trop sélectifs,
14:46qui vont à pressure à l'étranger, restent en France ?
14:49Il y a un gros, gros, gros chantier de formation.
14:52Peut-être, Anne Vernet, médecin,
14:55tout le monde a parlé de ces fameux quotas
14:59qui limitent la possibilité de suivre une carrière de médecin.
15:03Mais là, quand on parle de formation,
15:06ça veut dire que nous, en France,
15:08nous ne savons pas bien former nos médecins ?
15:10Ça va encore plus loin, là ?
15:13Alors, la qualité de la formation en France,
15:16elle est excellente.
15:18Ah, quand même !
15:20C'est l'une des meilleures au monde,
15:22au même titre que d'autres pays ultra développés.
15:25Et voilà, on peut être centre de référence,
15:29même national, européen, mondial.
15:32Donc là-dessus, sur la qualité de la formation,
15:34je pense qu'il n'y a pas de souci particulier.
15:36La première question sur la quantité,
15:39c'est qu'on a toujours raisonné en se disant
15:41qu'on a la capacité de former combien de personnes.
15:44On ne part jamais des besoins de la population.
15:47La vraie démarche serait de se dire
15:49qu'on va avoir besoin de combien de médecins,
15:51parce qu'il y en a besoin de tant en ce moment,
15:53parce que la médecine va évoluer,
15:55le progrès va évoluer, les gens vont vieillir,
15:57il va y avoir plein de choses.
15:59La société évolue, le climat change, etc.
16:01De quoi on va avoir besoin aujourd'hui ?
16:03De quoi on va avoir besoin dans 5 ans, dans 10 ans ?
16:05Il n'y a aucune perspective là-dessus.
16:07Il faudrait déjà se dire de quoi on aura besoin
16:09et après comment on s'organise pour les former.
16:11Donc c'est planification le terme,
16:13c'est aussi planification finalement.
16:15Complètement, et puis de partir des besoins
16:17et pas de l'offre.
16:19La deuxième chose, c'est d'avoir les moyens de former.
16:21Le numerus clausus a disparu.
16:24Le numerus clausus, c'est un truc qui avait été inventé
16:26en se disant que comme il y aurait moins de médecins,
16:28on prescrirait moins et les patients
16:30coûteraient moins cher à la santé.
16:32On voit bien les effets que ça a eu, c'est n'importe quoi.
16:35Il faut trouver des enseignants
16:37parce que l'attractivité du métier d'enseignant
16:39est un énorme problème aussi.
16:41Il faut trouver des terrains de stage et élargir des terrains de stage
16:43parce qu'apprendre à faire un métier du soin,
16:45c'est apprendre dans les livres,
16:48mais c'est aussi et surtout apprendre auprès des patients.
16:50Donc il y a tout ce travail à faire sur la formation
16:53qui est très important.
16:55Et encore une fois, comme l'a dit Mme Aurélie Gros,
16:58les gens ont envie de faire ces métiers.
17:00Bon, et que ce soit Aurélie Gros et Stéphane Pelé
17:04qui sont avec nous pour le G500.
17:06On vous le rappelle, vous les auditeurs de Sud Radio
17:08qui nous écoutez,
17:10il y a cette volonté de vous écouter,
17:13les professionnels de la santé,
17:16pour préparer ce grand rendez-vous
17:18en juin 2025 à Lille.
17:21Peut-être le même constat sur la formation,
17:24côté Lauriane Vermeer,
17:27c'est-à-dire les infirmières libérales.
17:29Là aussi, problématique planification
17:32ou plus complexe encore ?
17:35C'est encore plus complexe que ça.
17:37Aujourd'hui, l'accès à la formation infirmière,
17:41elle se fait par Parcoursup.
17:43Quand on a du recul sur Parcoursup,
17:45on voit que ce n'est pas du tout un modèle qui convient
17:47au niveau de l'accès à la formation.
17:49Avant, c'était un concours.
17:51Maintenant, c'est en quelque sorte dossier.
17:54On ne sait pas trop comment ça se passe.
17:56Et finalement, les gens se retrouvent là,
17:58envoient un peu de garage
18:00et au final, abandonnent parfois vite la formation
18:04parce que finalement, ce n'était pas vraiment ça qu'ils voulaient faire,
18:06mais c'était leur cinquième, sixième choix dans la liste
18:09et qu'ils ont été pris là.
18:11Vous voulez dire qu'infirmière aujourd'hui ou infirmier,
18:14ça peut être un choix par défaut, c'est ça ?
18:16Oui, parce que sur Parcoursup,
18:18vous mettez des vœux, je ne sais plus combien il y en a,
18:20je crois jusqu'à 10,
18:21et en fait, ça peut être votre dixième choix,
18:24alors qu'il y a des gens qui sont peut-être plus motivés.
18:27C'est un peu un métier de vocation.
18:29Vous allez nous le confirmer.
18:31Quand on regarde sur les étudiants,
18:34effectivement, j'ai vu un paquet d'étudiants
18:37qui avaient demandé de médecine dans un lycée complet.
18:40Aucun n'a été pris en médecine et ils étaient envoyés
18:42plutôt sur la voie infirmière, etc.
18:45Et effectivement, quand on prend ça,
18:47par exemple, en exemple,
18:49en pleine figure, quand on est jeune,
18:51qu'on a vraiment envie de s'investir dans une étude de médecine,
18:54ça peut être pris pour une voie de garage,
18:56même s'il y a des ponts,
18:58même s'il y a des ponts après
18:59pour pouvoir rejoindre la filière médicale.
19:01Mais je pense que Parcoursup est un système
19:05qui reste invisible et non compréhensible,
19:09notamment sur les métiers de la santé.
19:11Je pense que sur les autres métiers aussi,
19:13mais en tout cas, sur les métiers de la santé,
19:14c'est assez criant.
19:15On ne va peut-être pas être d'accord avec Stéphane Pellé.
19:17– Arnaud Chiche, qu'est-ce qu'il se coupe
19:19avant qu'on coupe cette belle partie sur l'information ?
19:22Quels pourraient être les deux, trois mesures phares
19:25qui vont naître à Lille
19:27et qui seront portées ensuite ?
19:29– Concrètement, sur la formation, qu'en sortira-t-on ?
19:31– Écoutez, il faudrait par exemple réunir les doyens
19:37des facultés de médecine de France
19:39pour savoir comment on peut augmenter
19:41le nombre de terrains de stage
19:42pour former plus de médecins en France.
19:44Ça, c'est quelque chose de très concret.
19:46Il faudrait que tout le monde puisse participer
19:49à l'effort national de former plus de médecins.
19:52Ça, c'est un truc très concret.
19:53Lauriane, elle vous a parlé de Parcoursup
19:55qui est un problème.
19:56Effectivement, très probablement
19:58qu'il faut supprimer Parcoursup
20:00pour l'accès aux études d'infirmiers.
20:02Plutôt, quand vous interrogez les enseignants
20:04dans les écoles d'infirmières,
20:06ils disent qu'il faudrait probablement
20:08plutôt remettre un entretien
20:10avant le début de ces études-là
20:12pour éviter qu'il y ait des jeunes
20:14qui prennent ces filières-là
20:16et qui, après, se rendent compte
20:18que ce n'est pas le bon choix
20:19et qui finissent par abandonner
20:21parce qu'on ne risque pas de former des infirmiers
20:23et finalement, l'aiguillage initial est mauvais.
20:25Oui, on ne plaisante pas avec l'insanté, tout simplement.
20:27Donc, il faut que ce soit une vraie vocation.
20:29Et comme le disait Anne Vernet,
20:31on a une population qui vieillit en France.
20:34Je pense qu'on a quand même envie encore
20:36de soigner tout le monde.
20:37Et donc, il faudrait qu'on refasse
20:38de la santé publique dans le pays.
20:40Et la santé publique, ça voudrait dire
20:42d'apporter des moyens en regard des besoins.
20:44Et donc, peut-être qu'il faut
20:46geler complètement la sélection
20:48au concours de médecine quelques années.
20:50Parce que quand Stéphane Pelé dit
20:52qu'il y a 5, 6, 7 ou 8 millions de Français
20:55qui ont des difficultés à avoir un médecin traitant,
20:57quand on sait que cet été, par exemple,
20:59il y a beaucoup de services d'urgence qui étaient fermés
21:01par manque de médecins gentils...
21:02Il faut ouvrir les vannes, quoi !
21:04Il n'y a pas besoin de faire polytechnique
21:06pour comprendre que manifestement,
21:08on est dans une période de grands besoins.
21:10Alors, les politiques vous disent tous les ans
21:12qu'en fait, c'est long de former des médecins.
21:14Mais d'un autre côté, le collectif s'entend en danger.
21:16Ça fait des années qu'ils disent
21:18qu'on essaye de les inciter
21:20à former plus de médecins. Ils ne le font pas.
21:22Donc, les années passent.
21:24Et il faudrait, à un moment donné,
21:26irriguer le territoire
21:28en étudiant en médecine et en futur médecin.
21:30Vous restez bien là avec nous. C'est passionnant.
21:32Les professionnels de santé nous parlent.
21:34Tous là, dans le cadre de cette
21:36belle démarche du G500.
21:38Aurélie Gros, Stéphane Pelé
21:40qui sont avec nous, les vraies voix citoyennes
21:42du lundi. Réflexion
21:44pour proposer à nos politiques.
21:46Vous êtes au cœur de la réflexion. Les auditeurs de Sud Radio,
21:48nous revenons, mais très vite.
21:50Sud Radio.
21:52Parlons vrai. Parlons vrai.
21:54Sud Radio.
21:56Les vraies voix qui font bouger la France.
21:5819h20, les vraies voix citoyennes.
22:00Aurélie Gros, Stéphane Pelé.
22:02Citoyens,
22:04mon patriot,
22:06rejoins le parti
22:08sans tuer l'homme.
22:10Citoyens, citoyennes,
22:12on vous court.
22:14Des citoyens propres.
22:16Pour l'honneur, pour servir,
22:18pour la gloire, nous avançons.
22:20Je suis un citoyen ordinaire.
22:22Citoyen, soldat, frère, père.
22:24C'est mon devoir de citoyen.
22:26Je n'ai qu'une voix.
22:28Vous savez que
22:30chaque lundi soir, sur Sud Radio,
22:32les vraies voix citoyennes réfléchissent.
22:34Les citoyens
22:36sont en pleine réflexion en ce moment.
22:38Posez-vous, vous, auditeurs de Sud Radio,
22:40écoutez cette émission.
22:42Vous êtes au cœur de la réflexion
22:44pour améliorer ce fameux système
22:46médical à la française
22:48qui est en pleine déroute.
22:50Évidemment, Aurélie Gros et Stéphane Pelé
22:52avec leur G500
22:54sont au cœur de cette...
22:56C'est une belle démarche.
22:58Une belle démarche pour réunir
23:00les professionnels de santé
23:02et réfléchir et proposer aux politiques.
23:04Avec nous, trois professionnels
23:06de santé. Arnaud Chiche,
23:08président du collectif Santé en danger.
23:10Lauriane Vermeuer, membre
23:12de la Coordination nationale des infirmières libérales
23:14en colère. Et puis le docteur
23:16Anne Vernet, présidente du Syndicat
23:18national des praticiens hospitaliers
23:20anesthésistes et réanimateurs. Tout à l'heure,
23:22Stéphane Pelé, vous proposez
23:24finalement une réflexion
23:26en trois axes. On a parlé de la formation.
23:28Parlons maintenant de la fidélisation.
23:30Parce qu'une fois qu'on y est, effectivement,
23:32encore faut-il vouloir y rester.
23:34Bon, Stéphane Pelé,
23:36on est bien d'accord. On va peut-être demander
23:38tout de suite à Arnaud Chiche que
23:40aujourd'hui, tout le monde a
23:42envie de quitter le navire. Non pas par
23:44manque de vocation, parce que vous avez tous
23:46un corps gros comme ça, mais par
23:48dépit, tout simplement.
23:50Déjà, quand on parle
23:52d'attractivité, de fidélité,
23:54on parle de l'hôpital,
23:56mais on parle aussi de la ville.
23:58Tout ça, c'est pour vous dire que
24:00le sujet santé ne peut pas
24:02faire l'objet de petites réformes.
24:04Il est obligé de l'inclure dans
24:06une grande loi de programmation santé
24:08qui va vraiment s'intéresser
24:10aux acteurs de la ville et aussi
24:12s'intéresser aux acteurs des hôpitaux.
24:14Précisons, Arnaud Chiche, la ville,
24:16pour les auditeurs, la ville, c'est les médecins
24:18de ville, les infirmiers, enfin, bref,
24:20tout le monde ne sait pas ce que ça signifie.
24:22Bien vu Stéphane Pelé. Continuez, Arnaud.
24:24Tous les soignants qui ne travaillent pas
24:26forcément dans un hôpital.
24:28Ça veut dire que cette loi de programmation santé,
24:30elle devra être capable de décliner
24:32des méthodes de fidélisation
24:34et d'attractivité pour tous ces
24:36différents acteurs et c'est parfois
24:38des profils très hétérogènes. Alors, pour vous donner
24:40quelques exemples, par exemple, ça fait des années
24:42que les médecins généralistes disent que
24:44leur métier, il y a trop d'administratifs
24:46dans leur métier. Or, on sait qu'en ce moment,
24:48on a plutôt tendance à leur rajouter
24:50encore des tâches administratives.
24:52Lauriane vous a parlé des infirmières libérales.
24:54C'est une profession qui a besoin d'une vraie
24:56relance d'attractivité parce que
24:58leurs actes n'ont pas été revalorisés
25:00depuis des années. Si on parle de
25:02l'hôpital, et je ne parlerai pas des médecins hospitaliers,
25:04je vais laisser Anne en parler, mais on peut
25:06parler des infirmières à l'hôpital, par exemple.
25:08Vous voyez, une manière de les fidéliser,
25:10c'est de rénover la manière de
25:12travailler et il y a des idées pour ça.
25:14Bernard Jaunier, sénateur, a
25:16préparé un projet de loi qui va être discuté à l'Assemblée
25:18nationale pour augmenter les effectifs,
25:20c'est-à-dire faire en sorte que
25:22il y ait plus de soignants
25:24en fonction du nombre de patients, ce qu'on appelle
25:26les ratios. Cette loi de programmation
25:28santé, elle va aussi réaffirmer
25:30que les méthodes de travail doivent être différentes.
25:32Et pourtant, on imagine
25:34qu'il y aura beaucoup de besoins
25:36dans les endroits à forte densité de population,
25:38mais que c'est souvent
25:40dans ces endroits qu'il est le plus difficile
25:42de se loger, de se déplacer
25:44et de s'organiser, surtout quand
25:46on a des horaires, comme vous,
25:48totalement décalés.
25:50Ça gagne combien, Lauriane
25:52Vermeer, une infirmière libérale
25:54par mois ?
25:56C'est presque impossible de répondre
25:58à cette question parce qu'en fait, selon
26:00la zone et
26:02la patientèle, les chiffres d'affaires
26:04varient du tiers
26:06au triple, en fait.
26:08Il y a des gros cabinets qui
26:10font énormément de chiffres d'affaires et il y en a d'autres qui, en ce
26:12moment, sont en faillite parce que plus de médecins,
26:14donc plus d'ordonnances, donc plus de travail, en fait,
26:16alors que les gens sont là.
26:18Donc une moyenne,
26:20sur les infirmiers
26:22libéraux, il y en a une
26:24qui existe mathématique.
26:26Moi, je ne me retrouve pas du tout dedans,
26:28par exemple.
26:30Peut-être qu'en moyenne, on gagne un peu plus
26:32qu'une infirmière à l'hôpital.
26:34Moi, mon mari
26:36travaille à l'hôpital, il est infirmier aussi,
26:38il gagne le doute de moi actuellement.
26:40En moyenne, c'est ce qui est écrit dans un rapport
26:42qui vient de sortir.
26:44Mais par exemple, grande différence, pour prolonger ce que
26:46disait Arnaud Chiche sur les médecins, c'est
26:48la paperasserie. Je vais saluer
26:50Xavier, infirmier
26:52libéral dans le Gard, qui s'occupe de ma maman
26:54et qui me dit, avant de partir au boulot
26:56pour des patients à 5h
26:58du matin, il faut
27:00encore faire une heure de papier,
27:02le soir, une heure encore de papier.
27:04C'est aussi ça, non ?
27:06Bien vu Stéphane Polémée.
27:08Je repose, je remets les pieds dans le plat,
27:10pardonnez-moi, mais aujourd'hui, je n'imagine pas
27:12quelqu'un qui fait ce métier à gagner
27:14moins de 2500 euros par mois, et pourtant...
27:16Moi,
27:18j'y suis à l'heure actuelle.
27:20Je peux vous dire qu'au niveau du
27:22taux horaire, parce que
27:24c'est difficile. Quand on est infirmière libérale,
27:26c'est entre 60 et 70
27:28heures semaine. Et si on ramène
27:30ça au taux horaire, des fois plus.
27:32Moi, je compte sans les papiers.
27:34Quand on ramène ça au taux horaire,
27:36on est bien en dessous du SMIC,
27:38au final.
27:40Au-delà de ça,
27:42pour bien
27:44fixer les choses, parce que c'est toujours
27:46pareil, quand vous avez un patient qui se trouve
27:48à 30 km en montagne,
27:50vous allez mettre, je ne sais pas moi,
27:52une heure, alors que 30 km sur autoroute,
27:54voilà, plus les frais d'essence.
27:56Combien coûte
27:58le déplacement ?
28:00Je ne vais pas dire le chiffre, mais
28:02je le sais, puisque quand vous avez une infirmière
28:04à domicile qui intervient et que vous donnez votre carte
28:06vitale, vous avez donc quelque chose
28:08à payer et qui vous est remboursée après
28:10derrière avec votre carte bleue.
28:12Et le chiffre est ridicule.
28:14On ne prend pas en compte le nombre
28:16de kilomètres que l'infirmière aura fait
28:18pour venir vous voir, ou l'infirmier.
28:20Qu'est-ce que vous préconisez, Lauriane
28:22Vermoher, pour les infirmiers, typiquement
28:24infirmier, infirmière ?
28:26Alors, nous, en tant que déjeuner,
28:28revalorisation de nos actes, parce que depuis
28:3015 ans, quand même, je pense que
28:32ce n'est pas abusé de demander
28:34un petit quelque chose. Deuxièmement,
28:36on nous demande d'être présents sur le virage ambulatoire,
28:38ça veut dire que les soins
28:40à l'hôpital sont de plus en plus
28:42courts, les gens sortent très
28:44rapidement, et en fait, nous, on demande d'assurer
28:46les soins derrière, sauf que les budgets
28:48et la sécu fonctionnent
28:50avec des enveloppes fermées, et
28:52ces enveloppes fermées sont de plus en plus petites
28:54chaque année. Donc, comment apporter
28:56plus de soins
28:58avec des budgets moins élevés ?
29:00Donc, là-dessus, il y a quand même
29:02un énorme progrès à faire.
29:04Ensuite, nous, ce qu'on demande, c'est aussi
29:06la création d'une consultation
29:08infirmière et la possibilité de devenir autonome
29:10sur notre rôle propre.
29:12Parce qu'aujourd'hui, quand vous êtes en
29:14libéral, il vous faut une ordonnance d'un médecin
29:16pour faire une toilette à un patient,
29:18pour faire un pansement simple à un patient,
29:20pour faire de l'éducation et de la prévention à la santé.
29:22Il faut 28 visites,
29:24etc. C'est terrible.
29:26Sinon, vous n'êtes pas rémunérés, en fait.
29:28Et du coup, déjà,
29:30on harcèle les médecins pour avoir des ordonnances,
29:32alors que notre décret de compétence
29:34prévoit ces choses
29:36de manière autonome à l'hôpital, et la sécu
29:38exige ça des libérales.
29:40Ça, c'est très concret.
29:42Voilà quelque chose d'efficace.
29:44On ne fait pas, on ne passe pas
29:46par 25 personnes. Stéphane Pelé ?
29:48Non, mais Anne Vernet, peut-être, pourrait aussi nous dire,
29:50pour prolonger une ou deux mesures
29:52auxquelles elle tient. Et puis donc,
29:54qu'on mettra dans cette belle loi de programmation
29:56qu'on va écrire ensemble, dans ce domaine
29:58de la fidélisation et des conditions de vie
30:00et de travail. Anne Vernet, du syndicat national
30:02des praticiens hospitaliers, anesthésiste
30:04réanimateur.
30:06Alors, je me permets de rebondir sur ce que Lauriane a dit.
30:08Il faut vraiment un équilibre entre la médecine de vie
30:10et de la médecine hospitalière, parce que,
30:12effectivement, l'hôpital a tendance à raccourcir les délais
30:14mais à condition que le système
30:16en vie le suive, et ce n'est pas le cas.
30:18Moi, je vais vous parler en même temps
30:20de fidélisation et d'attractivité parce que c'est le même sujet.
30:22Ça nous fera
30:24la transition, c'est parfait. Allez-y.
30:26Simplement, c'est que ceux qui sont
30:28déjà là, c'est la dernière génération, et je pense
30:30que c'est pareil pour tous les médecins qui ont connu l'hôpital
30:32qui allait bien, le système de santé qui allait bien.
30:34Mais on est aussi les générations sacrifiées,
30:36les médecins hospitaliers, parce qu'on a vu passer
30:38plein de mesures qui ont été pour les plus jeunes et qui
30:40n'ont pas été pour nous, mais c'est comme ça.
30:42Moi, je vais vous répondre vraiment sur 5 points, je vais essayer
30:44de faire rapidement, mais je vais vous répondre sur l'attractivité
30:46en même temps. C'est sur la permanence des soins,
30:48sur le temps de travail, sur la rémunération,
30:50sur la gouvernance hospitalière et sur les équipes.
30:52Alors, je fais très vite. La permanence des soins,
30:54ça veut dire qu'on travaille jusqu'à la fin
30:56de notre carrière sur des gardes qui font
30:5824 heures. Ça, c'est insupportable.
31:00Et c'est
31:02cette pénibilité, parce que
31:04ça induit des maladies, des maladies cardiovasculaires,
31:06des cancers, des décès précoces...
31:08C'est mobiliser 24 heures non-stop.
31:10Voilà.
31:12Déjà, c'est inhumain.
31:14C'est antiphysiologique.
31:16C'est inhumain. On nous a fait croire, il y a 30 ans,
31:18qu'on était des super-héros, mais là, on se rend compte
31:20qu'on n'en est plus, et les jeunes ne veulent plus de ça, et ils ont raison.
31:22Et la pénibilité n'est
31:24absolument pas reconnue. Donc, en plus,
31:26dans ces métiers à pénibilité, on est censé partir
31:28plus tôt. Nous, on a le droit de travailler jusqu'à 75 ans.
31:30Voilà.
31:32Deuxième point.
31:34Le temps de travail n'est pas reconnu.
31:36On a une exigence de travail à d'autres employeurs
31:38qui est de 48 heures.
31:40Ça n'est pas aux 35 heures, loin de là.
31:42Et, en fait, le temps de travail
31:44n'est pas décompté de manière horaire.
31:46Et donc, en fait, quand les gens sont censés faire 48,
31:48ils en font 55 ou 60.
31:50C'est un forfait.
31:52C'est un forfait. C'est du travail qui est
31:54invisibilisé. Et quand on fait des heures
31:56supplémentaires au-delà de ça, en plus, elles sont sous-payées.
31:58Elles sont payées en plus du salaire normal.
32:00Donc, il y a un vrai souci de reconnaissance du travail des médecins.
32:02Le troisième point.
32:04Avec la rémunération, j'enchaîne.
32:06Il y a eu des mesures qui ont été faites pour les plus jeunes
32:08qui auraient dû décaler tout le monde vers le haut et qui, en fait,
32:10n'ont décalé que les jeunes.
32:12Donc, en fait, tous les autres se sont rattrapés.
32:14Je voulais parler de sujets plus globaux
32:16sur les médecins et l'ensemble des équipes.
32:18C'est sur la gouvernance.
32:20On a, depuis la loi HPST,
32:22une gouvernance en silo.
32:24C'est-à-dire que tous les paramédicaux sont gérés par une colonne
32:26qui va remonter à la direction.
32:28Tous les médecins sont gérés par une autre colonne.
32:30Et ces deux colonnes ne se rencontrent jamais.
32:32Pas aux gendarmes et aux policiers de l'époque, par exemple.
32:34Ça, c'est très français.
32:36Aux montagnes.
32:38Et ça déstructure les équipes.
32:40Et en plus, on a vraiment...
32:42Et je pense que quand on aura détruit les équipes,
32:44on aura complètement détruit l'hôpital.
32:46Une équipe, c'est effectivement pluriprofessionnel,
32:48pluridisciplinaire.
32:50Et c'est des gens qui sont stables et qui sont là longtemps
32:52et qui font des projets de service,
32:54qui vont apprendre à se connaître, à travailler ensemble,
32:56à avoir des projets,
32:58à prendre du temps pour discuter des dossiers ensemble.
33:00Et si on casse ça en mettant des gens
33:02qui sont à intérimaires ou qui vont rester quelques jours
33:04ou quelques années sans investissement
33:06pour un service,
33:08c'est la mort de l'équipe.
33:10Ça ne marche pas.
33:12Ça, c'est pragmatique.
33:14Et le cinquième point, parce qu'on va passer à la suite dans un instant.
33:16C'est le cinquième.
33:18À chaque fois que le patient saute
33:20d'une personne à une autre ou d'une qualification à une autre,
33:22il y a une perte de chance.
33:24C'est très clair.
33:26C'est très concret.
33:28Restez avec nous.
33:30Il y a une quatrième partie.
33:32Vous savez qu'on est séquencés.
33:34Stéphane Pelé, Aurélie Gros,
33:36le G500
33:38et leur quatrième carton
33:40à venir avec nos trois professionnels
33:42de la santé qui vous donnent
33:44concrètement des solutions.
33:46C'est pragmatique, c'est efficace.
33:48C'est sur Sud Radio.
33:50Le 9 novembre.
33:52On revient très vite.
33:54Sud Radio.
33:56Votre avis fait la différence.
33:58Merci à vous pour la qualité des débats
34:00et le pluralisme que vous apportez qui fait un bien fou
34:02à notre démocratie.
34:04Sud Radio. Parlons vrai.
34:06Sud Radio. Les vraies voies qui font bouger la France.
34:0819h20.
34:10Les vraies voies citoyennes. Aurélie Gros.
34:12Stéphane Pelé.
34:14Ils sont avec nous, Aurélie Gros et Stéphane Pelé
34:16pour nous rappeler
34:18toutes ces belles démarches du G500
34:20avec notamment au mois de juin prochain
34:222025, Calil et sa région
34:24accueilleront le G500, le sommet citoyen
34:26mais avant Aurélie Gros
34:28et c'est le coeur de notre émission.
34:30Nous avons les professionnels
34:32de la santé qui nous éclairent, qui nous proposent
34:34des choses pour faire
34:36avancer ce mammouth
34:38qu'est aujourd'hui le système
34:40de santé en France.
34:42Le premier rendez-vous estampillé G500.
34:44Aurélie Gros. C'est le 9 novembre
34:462024. Dans quelques jours
34:48la grande étape
34:50santé où nous écrirons
34:52avec un grand nombre de professionnels de santé
34:54de tous les champs
34:56évidemment une loi de programmation santé
34:58puisque apparemment la valse des ministres
35:00ne permet pas depuis des années
35:02comme le dit Arnaud Chiche.
35:04Alors je précise que cette réunion se déroulera
35:06de 16h à 22h
35:08à Grand-Seine-à-Lille et est
35:10co-organisée et même pilotée par
35:12le collectif Santé en danger
35:14qui est natif quand même
35:16de la région Haute-France et
35:18beaucoup de professionnels
35:20seront là-bas et Arnaud
35:22nous régalera plein d'articles
35:24différents. Vous parlez
35:26d'Arnaud Chiche évidemment.
35:28Mais il est chiche de faire une loi.
35:30Vous faites le poids là-dessus.
35:32Alors le docteur
35:34Arnaud Chiche, président du collectif
35:36Santé en danger et anesthésiste réanimateur
35:38à Hénin-Beaumont
35:40précisons Hénin-Beaumont
35:42Arnaud Chiche, vous avez proposé quoi ?
35:44Allez, une mesure. On a déjà dit plein de choses
35:46mais la mesure phare que vous proposerez
35:48à cette occasion ?
35:50Écoutez, moi je...
35:52Vous savez, ça fait 4 ans qu'on
35:54investit sur les sujets santé avec les professionnels
35:56avec les syndicats
35:58parce qu'il faut bien expliquer que
36:00un texte comme ça ne peut se faire
36:02que en interaction étroite
36:04avec tous les collectifs, les associations
36:06les syndicats qui sont les
36:08représentants officiels. Moi je suis
36:10persuadé qu'on vit vraiment une
36:12grande crise démographique.
36:14Alors évidemment, une fois que les professionnels
36:16sont là et ceux qui sont déjà là,
36:18encore là, il faut les faire rester.
36:20Donc il faut une politique d'attractivité et de fidélisation.
36:22Mais je suis intimement
36:24persuadé que si on ne trouve pas des axes
36:26pour augmenter, faciliter
36:30vraiment être très disruptif
36:32dans le nombre de soignants
36:34formés, on n'y arrivera pas.
36:36Et donc c'est pour ça que j'attends
36:38de cette voie-là un grand
36:40volet formation parce que sans ce volet-là
36:42ça ne marchera pas.
36:44Ça, ça sera votre proposition
36:46mais vous aurez évidemment plein d'autres choses. On vous fait confiance
36:48et on vous connaît Arnaud Chiche.
36:50Lauriane Vermoher qui est membre de la coordination
36:52nationale des infirmières libérales en colère.
36:54Vous, vous
36:56proposerez quoi comme mesure phare ?
37:02Alors je ne pense pas qu'on puisse vous entendre.
37:04Avec un micro.
37:06Est-ce qu'on entend Lauriane Vermoher ?
37:08Vous m'entendez ? Tout à fait.
37:10N'auriez-vous pas pris sur votre micro ?
37:12La mesure phare, ça serait la création
37:14de la consultation infirmière pour qu'on
37:16puisse enfin exercer notre art
37:18qui est tout ce qui est notre rôle
37:20propre. La prévention, l'éducation
37:22et voilà tout ce qui est prévu dans notre
37:24décret de compétences. Une émission
37:26concrète et pragmatique je le disais. Alors
37:28la proposition du docteur Anne Vernet
37:30présidente du syndicat national
37:32des praticiens hospitaliers
37:34anesthésiste réanimateur.
37:36Oui alors s'il y a
37:38une mesure phare, en fait ça va être quelque chose de très
37:40général mais je vais vous dire il y a un truc qui a marché
37:42il y a 4 ans. Ça a été
37:44l'hôpital pendant le Covid.
37:46En fait, qu'est-ce qui s'est passé pendant le Covid ? Tout le monde
37:48s'est trouvé dépassé sauf les professionnels de santé.
37:50Les professionnels de santé ont complètement
37:52réinventé l'hôpital.
37:54On a complètement réinventé les circuits,
37:56les services, les réseaux,
37:58qui choisissent et qui décident, etc.
38:00Ça a super bien marché. Et pourquoi ça a
38:02marché ? Parce que c'est ceux qui avaient l'outil de travail
38:04c'était les petites mains
38:06qui savaient ce qu'il fallait faire. Et donc
38:08la mesure phare c'est de laisser la main
38:10à ceux qui ont l'outil de travail et pas à des décideurs
38:12qui n'ont jamais vu un patient, qui n'ont jamais soigné un patient.
38:14Et c'est pour ça que la loi de programmation santé
38:16proposée par le collectif Santé en danger
38:18et le G500, elle est intéressante
38:20parce que tout vient du terrain
38:22et des gens qui savent comment on fait pour s'occuper
38:24des patients et comment on fait pour travailler en équipe
38:26et comment on fait pour travailler ensemble.
38:28Alors on entend bien, c'est-à-dire que pourquoi
38:30lors du Covid vous avez pu prendre
38:32la main ? Parce que ceux qui l'ont
38:34habituellement avaient d'autres choses
38:36à faire ou n'étaient pas présents sur le terrain ?
38:38Qu'on comprenne bien.
38:40On a même des tutelles qui nous ont dit
38:42qu'ils ont été complètement paralysés. On leur a dit
38:44malheureusement que nous on n'était pas paralysés, sinon il y aurait eu encore
38:46plus de morts. C'est-à-dire que nous on s'est retrouvés dans
38:48une situation en quelques jours
38:50où il a fallu organiser
38:52pour ma spécialité par exemple
38:54des nouvelles réanimations, des circuits de patients
38:56pour que les Covid et les pas Covid ne se croisent pas.
38:58Je vous rappelle qu'on n'avait pas de vaccins à l'époque.
39:00Oui, bien sûr.
39:02Y compris les soignants.
39:04On a fait des propositions.
39:06On faisait des réunions toute la journée. Pendant une semaine,
39:08on a fait des réunions toute la journée. Comment on fait ?
39:10Comment on peut faire ? Je vois avec les infirmiers anesthésistes
39:12et je travaille en maternité. Je vais voir avec les gynécos.
39:14Et puis on fait ça.
39:16Et puis non, ça ne va pas. On va appeler la clinique.
39:18Est-ce que la clinique peut nous aider ? Oui, la clinique peut nous aider.
39:20Ce n'était pas des vidéos, c'était des conférences téléphoniques à l'époque.
39:22Et puis le soir, on se dit
39:24on a à peu près un truc bien.
39:26On va voir l'équipe d'hygiène.
39:28Là, ça ne va pas. Là, il y a un truc qui ne va pas.
39:30Et on recommence.
39:32C'est ce qu'on appelle avancer concrètement
39:34avec les professionnels.
39:36C'est terrible.
39:38Parce qu'elles sont là, les solutions.
39:40Alors Stéphane Pelé, vous allez conclure.
39:42Là, ce moment d'antenne était vraiment passionnant.
39:44Parce qu'on a l'impression qu'on va en sortir.
39:46En plus de 45 minutes, on n'a pas tout couvert.
39:48Et donc, comment on va t'en faire ?
39:50Avec la complicité, encore une fois,
39:52on l'a dit, du collectif 100 ans en danger,
39:54de toutes ces organisations.
39:56Donc, sous la houlette, on l'a dit, d'Aurélie Gros,
39:58de Arnaud Chiche.
40:00Donc, qu'est-ce qu'on va faire ? Cette méthode, c'est que déjà,
40:02depuis des mois, on travaille.
40:04Depuis des mois, toutes ces organisations ont trouvé des idées.
40:06Le 9, là, c'est donc tout de suite,
40:08samedi,
40:10de 16h à 22h,
40:12comment on fait ? Eh bien, toutes les fiches
40:14vont être montrées. Tout va être projeté.
40:16Ça va être un grand amphi des professionnels,
40:18à la fois du droit, mais des aspects
40:20législatifs et aussi budgétaires.
40:22C'est un plan qui est totalement
40:24financé, entre guillemets. C'est un plan
40:26sur 5 ans à pratiquement 10 milliards d'euros.
40:28Mais c'est ça que coûte la santé.
40:30Et il faut savoir que, d'ailleurs, le gouvernement
40:32actuel vient de supprimer plutôt 2 milliards
40:34dans le PLFSS. C'est son espoir, en tous les cas,
40:36de finir à moins 2 milliards
40:38par rapport à 2024, en 2025.
40:40Et puis, tout ça,
40:42nos présidents et nos présidentes,
40:44donc Aurélie Gros, Arnaud Chiche, etc.,
40:46vont aller le porter au décideur.
40:48Le patron de la Sécurité sociale,
40:50les patrons des groupes parlementaires, les ministres,
40:52tout ça jusqu'au mois de juin.
40:54Et au mois de juin, on espère bien avoir
40:56tous les parlementaires, tous ces syndicats,
40:58toutes ces associations, tous ces collectifs
41:00qui vont adopter ensemble
41:02cette grande loi d'orientation.
41:04Et forcer, enfin, collectivement,
41:06le Parlement.
41:08C'était une production Sud Radio,
41:10d'ailleurs, qui est partenaire du G500
41:12sous-historien, avec Stéphane Pelé.
41:14M. Brindel vient à Lille
41:16en juin 2025.
41:18Merci à tous les professionnels
41:20de santé qui étaient là, qui nous ont
41:22proposé... C'est concret, c'est concret.
41:24Il faut juste arrêter avec la bêtise
41:26administrative, j'ai l'impression. C'est ma conclusion.
41:28Merci tout de suite, François Triot.
41:30Les rugbymen sont là
41:32lundi soir. Merci d'avoir
41:34passé ce moment avec nous sur Sud Radio.

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