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Lundi 23 septembre 2024, HR MAKERS reçoit Marc-Henri Bernard (DRH, Remy Cointreau) et Adrien Le Richomme (assistant de direction RH, Gereso)

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Transcription
00:00Bienvenue sur le plateau HR Makers, J-4 avant l'ouverture des Jeux Olympiques 2024 à Paris.
00:19L'occasion pour nous de faire le point sur la place des sportifs de haut niveau en entreprise,
00:23comment gèrent-ils leur double carrière, mais aussi quelles sont leurs compétences
00:27qui les distinguent des autres talents sur le marché de l'emploi.
00:30Pour en parler aujourd'hui, bien évidemment, deux sportifs de haut niveau,
00:34mais aussi deux sportifs qui ont choisi sur le terrain de l'entreprise les ressources humaines pour performer.
00:40J'ai donc le plaisir d'accueillir sur ce plateau Marc-Henri Bernard.
00:44Bonjour Marc-Henri.
00:44Bonjour.
00:45Vous êtes DRH du groupe Rémi Cointreau depuis 2015 et ex-handballeur de haut niveau.
00:51Vous êtes accompagné d'Adrien Lerichum.
00:53Bonjour Adrien.
00:54Bonjour.
00:54Vous êtes, vous, athlète de haut niveau et représentez la France pour le cross-country.
00:59Et vous êtes aussi assistant de direction RH chez Géréseau.
01:02Merci beaucoup Marc-Henri.
01:04On va commencer par faire le point sur votre carrière.
01:07Vous êtes actuellement DRH de Rémi Cointreau depuis 2015, donc en poste à haute responsabilité.
01:12Mais auparavant, on vous connaissait pour vos performances sportives.
01:17Alors, je n'ai pas la liste exhaustive de tous les trophées que vous avez eus.
01:21Vous avez fait deux fois la Coupe de France, quatre fois vainqueur du championnat de France
01:26et finaliste de la Coupe d'Europe, si j'ai des bonnes informations, c'est bien ça.
01:31Alors, peut-être nous dire comment est-ce que vous avez effectué votre reconversion
01:35lorsqu'on a cette carrière de sportif.
01:38Comment est-ce qu'on devient DRH du groupe Rémi Cointreau ?
01:41Alors en fait, de façon assez naturelle, puisque moi j'ai toujours construit le sport comme un plaisir
01:46et non pas comme un métier, même si j'ai pu en profiter à un moment
01:49parce que j'ai été professionnel ou semi-professionnel.
01:52Et donc, j'ai toujours eu à cœur de poursuivre les études d'une part
01:55et ensuite de m'insérer dans le monde du travail d'autre part,
01:57tout en continuant une carrière de sportif de haut niveau.
01:59Donc, ça s'est fait assez naturellement, assez normalement.
02:02Toujours les deux en même temps ?
02:03Toujours les deux en même temps et en essayant justement de faire en sorte
02:07que l'un ne prenne pas le pas sur l'autre et que je puisse concilier les deux.
02:10Donc après, c'est une question d'organisation, mais je pense qu'il n'y a rien pour en parler
02:13en connaissance de cause puisqu'il est dedans aujourd'hui.
02:16Donc, en essayant d'avoir une bonne organisation qui permette de concilier les deux.
02:19Et c'est ça un peu la clé du succès.
02:21Oui, Adrien, vous en effet, là, vous êtes un peu à la croisée des chemins.
02:25Votre carrière de sportif se développe énormément.
02:28Vous représentez la France au championnat d'Europe.
02:31Et en même temps, c'est le moment où vous choisissez les études supérieures,
02:35votre entrée dans la vie professionnelle.
02:38Comment est-ce que vous gérez ça ?
02:40Quels sont aussi peut-être les conseils de votre entourage et des fédérations ?
02:43C'est ça, exactement.
02:44Donc, depuis, ça va faire trois ans, voire bientôt quatre,
02:48que je fais du sport de haut niveau en demi-fond.
02:51J'ai eu l'occasion de représenter la France,
02:54notamment lors des championnats d'Europe de cross-country en 2022 à Turin, en Italie.
02:59Et donc, effectivement, je suis à la croisée des chemins avec ma carrière professionnelle,
03:04notamment dans le monde des ressources humaines.
03:07Et effectivement, j'ai eu un peu la même réflexion que Marc-Henri,
03:11justement, sur le choix de ma carrière.
03:13J'ai fait le choix, justement, de ne pas choisir.
03:16Et j'ai décidé de mener de front les deux projets.
03:23Et donc, voilà, j'ai décidé d'être athlète de haut niveau,
03:27mais aussi d'exister de manière professionnelle en continuant mes études.
03:33Et aussi l'année prochaine, notamment sur Paris,
03:36en master en management du développement des ressources humaines.
03:40Oui, de maintenir les deux, c'est très important.
03:45En effet, les carrières de sportifs peuvent être très courtes,
03:48soit parce que les retraites sportives se prennent tôt,
03:50soit parce qu'il peut y avoir aussi des accidents de parcours.
03:53Je crois que Marc-Henri, vous avez eu quelques opérations
03:58qui témoignent du fait qu'une carrière peut être très, très rapidement stoppée.
04:05Prise de conscience peut-être des sportifs d'avantage,
04:09assez tôt, d'anticiper leur conversion professionnelle.
04:13Mais toutefois, il y a aussi les entreprises qui doivent aussi prendre conscience
04:18des compétences que le sport de haut niveau peut développer au sein d'un individu
04:24et qui vont faire un petit peu la différence
04:28lors de la prise de poste et pour aussi développer sa carrière.
04:31Pour vous, quelles sont les compétences un petit peu transversales, Marc-Henri,
04:34qu'on retrouve entre le sport et l'entreprise ?
04:35Je pense qu'il y en a plein parce qu'évidemment, on parle souvent des valeurs du sport
04:38qui sont transférables ou transposables au monde de l'entreprise.
04:40Et c'est vrai, ce n'est pas seulement une idée reçue.
04:42Mais je pense que parmi les compétences clés, il y a notamment la résilience,
04:46puisque tout sportif fait l'expérience de succès, d'échecs, de blessures,
04:51de doutes sur sa capacité à revenir, à rebondir,
04:54à reprendre le sport de haut niveau et à retrouver sa place.
04:57Donc ça, c'est une vraie qualité qu'on peut trouver en entreprise et qui est exploitable.
05:01Après, il y a évidemment le goût de la performance,
05:03la discipline générale à laquelle on s'astreint quand on est sportif de haut niveau,
05:09puisqu'on s'entraîne des heures et des heures,
05:11parfois de façon un peu fastidieuse, mais toujours pour un objectif particulier.
05:15Et plus globalement, il y a aussi le côté collectif,
05:17c'est-à-dire cette capacité à se mettre au service d'un collectif,
05:20soit parce qu'on a fait un sport collectif, soit parce qu'on fait un sport individuel,
05:22mais qu'on est entouré d'une équipe.
05:25Et donc, on fait partie d'une équipe réellement pour atteindre des résultats.
05:28Et donc, tout ça, évidemment, est largement transférable et transposable
05:31dans le monde de l'entreprise.
05:33Adrien, vous reconnaissez aussi ces compétences-là ?
05:35Oui, je suis totalement en adéquation avec l'analyse de Marc-Henri sur ces compétences transversales.
05:44C'est vrai qu'il y a aussi le côté implication et en effet la discipline.
05:49On va à l'entraînement tous les jours,
05:52on est habitué à suivre un programme d'entraînement strict,
05:55avec une hygiène de vie aussi à côté, elle tout aussi stricte.
06:01Et donc, c'est beaucoup de qualités qui sont transposables dans le milieu professionnel.
06:07Mais je pense qu'en effet, la plus importante, en tout cas à mon sens, c'est vraiment la résilience.
06:11Je trouve que la résilience, c'est une très, très belle valeur
06:14et qu'aujourd'hui, il faut avoir pour être capable justement de gérer,
06:17notamment la frustration qu'on peut avoir.
06:19Je parle aussi justement pour les jeunes générations,
06:22étant donné que je fais partie de cette fameuse génération Z.
06:26Justement, est-ce que tu perçois déjà des soft skills que tu as
06:32et que peut-être les jeunes collègues n'ont pas encore ?
06:36Je n'aurais pas la prétention de dire que j'ai davantage.
06:40Mais oui, je pense qu'en tout cas, ce que j'observe chez tous les athlètes de haut niveau,
06:45c'est qu'effectivement, ils ont des compétences.
06:48Et c'est pour ça que ce que dit Marc-Henri aussi sur le fait que ce n'est pas une manière d'embellir le CV
06:54et d'inventer des compétences, c'est vrai, c'est la vérité.
06:58Les sportifs de haut niveau et l'expérience qu'on tire du sport de haut niveau
07:02nous amènent à développer des compétences qui peuvent nous aider,
07:07on va dire, à évoluer en tout cas en entreprise et de manière plus professionnelle.
07:14Mais c'est vrai que sur l'implication et aussi le lien avec la passion
07:18qu'on a justement tous les jours à aller s'entraîner.
07:22Et en tant que DRH, vous êtes peut-être aussi inspiré un petit peu du sport collectif,
07:29d'autant plus pour manager différemment.
07:34Je sais que vous dites souvent qu'il faut appuyer sur les points forts des collaborateurs
07:39et non pas forcément sur les points de faiblesse.
07:42Oui, je crois qu'encore aujourd'hui, beaucoup d'entreprises s'acharnent à vouloir développer des collaborateurs
07:47sur leurs points faibles en prétendant qu'en travaillant, en se formant, etc.,
07:53on parviendra à faire d'un canasson à un cheval de course, ce qui n'est pas la réalité.
07:58Et on le voit dans le sport, on voit très bien que les coachs, les entraîneurs
08:01ont cette capacité à identifier les points forts et surtout à faire travailler,
08:05renforcer ces points forts pour en faire vraiment des points extrêmement puissants derrière.
08:09Et donc laisser de côté les points faibles ou les points d'amélioration,
08:12parce qu'en fait, ce n'est pas la peine de s'acharner sur ces sujets-là.
08:16On prendra trop de temps, trop d'énergie.
08:18Ça peut être en plus démoralisant pour le sportif de haut niveau de travailler sur un point faible
08:22qu'il n'arrive pas à maîtriser ou sur lequel l'amélioration est plutôt lente.
08:26Alors que si on le fait travailler sur un point fort,
08:27justement, là, on aura les résultats de façon beaucoup plus spectaculaire.
08:31Donc en entreprise, on a tout intérêt à faire la même chose.
08:33Et c'est le rôle évidemment des managers d'identifier les points de force des collaborateurs
08:37pour continuer à les améliorer, un peu comme on le fait dans le sport.
08:40Oui, oui, oui.
08:41Savoir aussi que chaque individu a ses points de force et ses points de faiblesse.
08:45Ce n'est pas tous les mêmes.
08:46Exactement, exactement.
08:47Et c'est aussi la force du collectif.
08:49C'est-à-dire que vous pouvez avoir un point fort de votre côté ou plusieurs points forts.
08:52Adrien, on en a d'autres.
08:53Moi, j'en ai une troisième catégorie et tout ça sera mis au service d'un projet commun.
08:56Et je pense que c'est aussi une des valeurs, en tout cas un des sujets,
09:01quand on fait le lien entre le sport de haut niveau et l'entreprise.
09:03C'est le projet finalement auquel on souscrit, auquel on participe et qu'on vise.
09:09Ça peut être un titre de champion de France, de championne d'Europe, de champion olympique.
09:12Ça peut être un gain de part de marché.
09:13Ça peut être le lancement d'un nouveau produit réussi, etc.
09:16En tout cas, on est tourné vers un objectif particulier, un projet qui est partagé
09:20et auquel chacun va apporter sa contribution en fonction, justement,
09:24de ses capacités et de ses compétences.
09:26Et c'est ça la puissance, en fait, de ce qui fait, je dirais, le projet d'entreprise.
09:30Oui, complètement.
09:31Et je me permets de rebondir sur ce que dit Marc-Henri,
09:34parce qu'en fait, chez Gérezo, c'est exactement aussi justement ce que l'on prône.
09:39Et en fait, c'est vraiment la vision de se dire que c'est la complémentarité des compétences
09:45qui assurera le succès.
09:47Et je trouve que c'est une très belle mentalité.
09:50Et les entreprises aujourd'hui qui portent ces valeurs, c'est très appréciable.
09:56Et je voudrais qu'on fasse un tout petit focus sur la résilience dont vous parlez tant.
10:02C'est vrai que nous, on vous voit un petit peu comme des champions,
10:06mais pour être un champion, il faut avoir intégré, à un moment donné, l'échec.
10:10Et quelles sont les leçons aussi que vous apprenez de ces échecs sportifs
10:15et la façon dont vous rebondissez après ?
10:18Parce qu'en entreprise, on parle beaucoup de test and learn.
10:20Et en même temps, on est quand même toujours dans une logique
10:22où c'est la performance qui prime avant tout.
10:25Est-ce que vous avez des petits tips aussi de qu'est-ce qu'on fait dans l'échec ?
10:32Tu veux répondre ?
10:33Je veux bien commencer.
10:34Moi, je pense que pour ma part, le plus important, je trouve que c'est l'analyse.
10:39Vraiment prendre le temps à chaque fois d'analyser correctement justement la performance.
10:43Il y a toujours un objectif de performance, ce serait mentir de dire qu'il n'y en a pas.
10:49Mais en revanche, je trouve qu'il est important et essentiel
10:52d'avoir vraiment une analyse poussée à chaque fois sur chaque performance.
10:56Il faut comprendre ce qui a été, ce qui n'a pas été.
10:59Et vraiment se faire une raison objective de la performance.
11:04Parfois, c'est inexplicable.
11:06Et parfois, on arrive à l'expliquer par des faits concrets.
11:11Et donc, je trouve que ça aide vachement en tout cas pour réussir à rebondir efficacement derrière.
11:16Je trouve que ça aide beaucoup de bien analyser sa performance.
11:20Et voilà, pour vraiment rebondir très vite et aller sur d'autres objectifs le plus rapidement possible.
11:27En complément de ce que dit Adrien, je voudrais rajouter deux points.
11:29Le premier, c'est le feedback.
11:32En fait, quand on est justement dans des logiques de succès et d'échecs,
11:36on a aussi besoin d'avoir autour de soi un entourage qui donne du feedback,
11:40qui permet justement de se poser, de se dire, voilà, j'ai réussi pour telle raison,
11:42j'ai échoué pour telle autre.
11:44Et comment est-ce que je peux m'améliorer pour éviter de réitérer un insuccès, par exemple ?
11:48Ça, c'est le premier point.
11:49Le deuxième point, c'est que sur la résilience, en entreprise, on le voit.
11:52On sait qu'un collaborateur, il ne peut pas être à 200% toute l'année, en permanence.
11:56C'est impossible.
11:57C'est humainement impossible, physiologiquement et mentalement impossible.
12:00Et donc, on sait aussi que nos collaborateurs peuvent avoir des moments de doute,
12:03des moments de difficulté, une maladie d'un proche ou d'un parent,
12:08que sais-je, une séparation, etc.
12:10Et donc, il faut que l'entreprise soit aussi en capacité d'écouter tout ça
12:13et de laisser le temps à la personne de se reconstruire,
12:16de digérer, en fait, cette situation pour revenir beaucoup plus fort après.
12:20Donc, c'est aussi cette notion de résilience,
12:22elle est aussi liée à l'environnement dans lequel on évolue
12:25et les conditions dans lesquelles on met soit l'athlète de haut niveau,
12:28soit le collaborateur, pour lui permettre de passer ces phases
12:31et de faire en sorte que ça se passe bien.
12:33Oui, c'est aussi aux directions des ressources humaines
12:36de savoir prendre en compte le fait, en effet,
12:41on ne peut pas être à 200%, même 100% tout au long de l'année.
12:44Non, et donc, je pense qu'il y a une notion d'échelle de temps
12:47qui est importante à prendre en compte, encore une fois,
12:48parce qu'on ne peut pas être à 200% en permanence.
12:50Donc, on aura des phases plus faibles, des phases plus fortes.
12:55Il faut tenir compte de tout ça.
12:56Et ce n'est pas parce que quelqu'un, un collaborateur,
12:58est en difficulté pendant quelques mois pour des raisons personnelles,
13:01par exemple, ou parce qu'il n'arrive pas à prendre son poste ou quoi au caisse,
13:04qu'il faut lâcher le sujet.
13:06Il faut justement l'accompagner et lui laisser le temps
13:08de pouvoir prendre sa respiration et rebondir dans les meilleures conditions possibles.
13:13Il y a aussi quelque chose, je pense que le sport de haut niveau vous apprend,
13:20c'est la passion et le plaisir.
13:24Je pense que pour être sportif de haut niveau,
13:25il faut savoir à certains moments se faire un petit peu mal
13:29et être dans une discipline pas toujours très agréable.
13:32Mais derrière, il y a cette passion.
13:34Il y a une cause aussi peut-être pour laquelle on est motivé.
13:40Ça aussi, ce sont des valeurs pour une entreprise qui sont très précieuses.
13:45En effet, la passion, je pense que c'est le déclencheur de plusieurs processus derrière.
13:50Pour moi, c'est très compliqué, je pense, d'avoir de la discipline et de la rigueur
13:53si on n'a pas de la passion à la base.
13:55Parce que pour moi, la discipline, faire quelque chose que l'on n'aime pas
14:01de la même manière que si on l'aimait, ça passe par la passion.
14:05Il faut être passionné, il faut être passionné pour rebondir.
14:07Il faut être passionné pour travailler dur.
14:09Il faut être passionné pour avoir cette rigueur professionnelle,
14:14pour avoir envie de réussir tous les jours.
14:16Et il faut avoir aussi cette passion pour réussir à se relever de chaque échec.
14:21C'est ça aussi qui est beau dans la passion.
14:23C'est que ça peut nous faire autant aimer notre sport qu'autant le détester, en fin de compte.
14:30Et c'est ça qui est impressionnant avec la passion.
14:32Mais je pense que tout part quand même à la base de la passion.
14:36C'est vraiment très pyramidal.
14:38Et en tout cas, les fondations de toutes ces structures qui construisent l'athlète de haut niveau
14:44partent de la passion et essentiellement de la passion.
14:48Absolument. Et puis, si on essaie de comparer avec le monde de l'entreprise,
14:52là aussi, on est dans la passion et dans le plaisir.
14:54C'est à dire qu'en tout cas, je pense que c'est pour ça qu'on s'est orienté dans les ressources humaines.
14:57C'est que notre objectif, c'est de créer les conditions justement du plaisir
15:02dans une organisation autour d'un projet commun auquel chacun contribue.
15:06Et donc forcément, quand vous prenez du plaisir à ce que vous faites,
15:08quand vous prenez du plaisir à venir le matin au bureau,
15:11à retrouver vos collègues, à participer à un projet commun,
15:14ça change un petit peu la vie plutôt que de venir avec la boule au ventre ou de se dire
15:17j'attends la fin de la journée.
15:18Donc, en fait, notre objectif, c'est de créer ces conditions.
15:21Alors, je ne dis pas que c'est simple, que c'est toujours possible, etc.
15:23Mais en tout cas, c'est un des objectifs qu'on poursuit.
15:26Et évidemment, on s'inspire largement du sport de haut niveau parce qu'on a connu ça
15:29et que sans passion et sans plaisir, en fait, il ne se passe pas grand chose.
15:33Et ça devient une sorte de métier un peu automatique ou d'activité un peu automatique
15:38qui n'apporte pas grand chose.
15:39Alors, ça peut éventuellement apporter des revenus si on est sportif professionnel
15:44ou si on travaille en entreprise, mais ça ne remplit pas une vie
15:46et ça ne donne pas de sens à ce qu'on fait.
15:48En fait, c'est ça, je pense, le plus important.
15:50La question du sens qui est très importante, on en parle énormément.
15:53Exactement.
15:55Et donc aussi, d'où l'intérêt d'avoir une culture commune, des valeurs communes
16:00dans lesquelles les collaborateurs peuvent se retrouver,
16:02mais comme on peut se retrouver dans une équipe de honte, par exemple,
16:05autour d'un projet commun et d'un objectif commun.
16:07Donc voilà, on partage quelque chose et ensuite, on met en place les moyens
16:11qui permettent d'atteindre l'objectif en question.
16:14Quels seraient peut-être vos conseils, vous Marc-Henri,
16:17pour les jeunes sportifs de haut niveau actuels ?
16:22Est-ce que vous avez un conseil à leur donner, justement ?
16:25Alors, je n'ai pas de conseil particulier parce que je n'ai pas cette prétention,
16:28mais je dirais juste d'être vigilant sur le fait que le sport de haut niveau,
16:32d'abord, c'est une tranche de vie.
16:34Une tranche de vie, alors certes, intense, intéressante à tout point de vue,
16:38mais c'est une tranche de vie qui a un début et une fin.
16:41Et donc, il vaut mieux commencer à imaginer ou anticiper
16:44la fin de cette tranche de vie pour passer à la tranche de vie suivante
16:47et notamment l'insertion dans le monde professionnel.
16:50J'ai vu beaucoup trop de sportifs de haut niveau en herbe ou un peu plus avancés
16:54lâcher leurs études, lâcher tout ce qu'ils avaient en dehors du sport de haut niveau
16:58pour se consacrer à cette activité et puis se retrouver suite à une blessure,
17:01soit ou alors suite au fait qu'il ne soit plus performant et considéré comme tel,
17:06se voir, entre guillemets, non retenu dans les équipes ou pour la suite
17:13et donc se retrouver en grande difficulté en termes d'insertion.
17:15Donc, mon principal conseil, si je devais en donner un,
17:17ce serait préparer la reconversion, commencer à s'intéresser à la suite,
17:21ne pas lâcher les études si on peut continuer à faire des études,
17:24parce que c'est une vraie chance, c'est une vraie richesse
17:26et ça permettra derrière de rebondir beaucoup plus facilement
17:28que si on a tout arrêté à 16, 17 ou 18 ans.
17:32Oui, complètement.
17:33Oui, on sait que la précarité des sportifs de haut niveau est réelle.
17:37Voilà, et puis un dernier point, c'est que toutes les disciplines,
17:39évidemment, ne se valent pas d'un point de vue revenu, entre guillemets.
17:44Le foot n'est pas le handball, n'est pas le cross-country.
17:47Donc, il y a aussi cette dimension à prendre en compte,
17:48c'est-à-dire qu'on sait que sur les sports dits mineurs,
17:52la possibilité d'en vivre est beaucoup plus réduite
17:54et donc, par définition, il faut anticiper la suite.
17:57Et vous, Adrien, peut-être vos conseils que vous donneriez au DRH
18:01pour ne pas avoir peur de recruter des sportifs de haut niveau ?
18:08Voilà, ce serait quoi ?
18:10Oui, ça tombe bien en plus, étant donné qu'on est avec un DRH.
18:14C'est jugé, certains qui se disent
18:16« mais je ne vois pas le rapport entre une carrière d'athlète
18:19et les ressources humaines, par exemple. »
18:21Oui, c'est ce qu'on disait au tout début.
18:23En fait, il ne faut vraiment pas voir ça comme une manière d'habiller le CV.
18:27C'est ce que je disais, c'est des vraies compétences
18:29qui sont vraiment disponibles chez chacun.
18:32Mais ce n'est pas que dans le sport de haut niveau.
18:34Finalement, c'est plutôt dans chaque passion de chaque personne
18:38et chaque manière de s'impliquer dans des projets externes
18:41que ceux, on va dire, scolaires ou universitaires.
18:45Et sinon, moi, dans la même ligne directrice que Marc-Henri,
18:50ce serait plutôt sur l'engagement, ne pas avoir peur de s'engager.
18:54Aujourd'hui, je pense qu'il y en a beaucoup qui,
18:56par la peur de l'engagement, font un choix.
18:59Alors que moi, je pense qu'il faut vivre les choses à 200 %
19:02et il ne faut pas avoir peur d'y aller.
19:04Et voilà, mener les deux projets de front, c'est possible.
19:09Beaucoup pensent que ce n'est pas possible et que ça peut être très dur.
19:12Mais finalement, quand on y croit et qu'on est passionné, justement, à la base,
19:18tout est possible et c'est vraiment là-dessus qu'il faut miser.
19:22Et voilà, sinon, je pense que c'est la principale chose à retenir.
19:29Merci beaucoup pour vos explications.
19:34Marc-Henri Bernard, je rappelle que vous êtes DRH du groupe Rémi Cointreau
19:38et ex-handballeur de haut niveau.
19:41Adrien Lericham, vous êtes athlète de haut niveau
19:44et représentez la France pour le cross-country
19:48et assistant de direction RH chez Gérezo.
19:51On retiendra bien évidemment la passion, le plaisir et le sens du collectif.
19:57Merci beaucoup à vous.
20:00N'oubliez pas, plus vite, plus haut, plus fort, mais ensemble.
20:04À très vite.

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