Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, le programme du Nouveau Front Populaire sur les impôts. L'alliance des gauches souhaite réformer le modèle actuel en passant des 5 tranches existantes à 14. Qu'en pensez-vous ?
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00:00Un sujet dans cette campagne, les élections législatives, les impôts, le Nouveau Front Populaire souhaite que l'impôt sur le revenu devienne progressif.
00:08Bon, il l'a toujours été progressif, mais aujourd'hui je crois qu'il y a cinq tranches et il y en aurait peut-être quatorze.
00:13En clair, si vous gagnez entre 60.000 et 102.000 euros bruts par an, vous êtes imposé à 45% !
00:19Là on parle de la classe moyenne supérieure, même si jusqu'à 100.000 euros, a priori, on est hors statistique de la classe moyenne.
00:28Mais ceux qui gagnent, je le sais, entre 60.000 et 70.000 euros par an, ils ont le sentiment d'être dans la classe moyenne.
00:37Ils n'ont pas le sentiment, évidemment, d'être riches, loin de là.
00:41C'était François Hollande qui avait dit qu'au-delà de 4.000 euros, on est riches.
00:45Non, évidemment qu'on n'est pas riches en gagnant 4.000 euros.
00:48Alors, vous pouvez réagir là-dessus, racontez-nous votre situation.
00:52Écoutons Manuel Bompard du Nouveau Front Populaire hier soir sur TF1.
00:57La question qui nous est posée, c'est qui doit payer plus et qui doit payer moins ?
01:01Nous voulons faire davantage de tranches pour qu'il y ait davantage de progressivité.
01:04Le résultat, il est très simple à comprendre pour les Françaises et les Français.
01:0792% d'entre eux, c'est-à-dire tous ceux qui gagnent moins de 4.000 euros net par mois, paieront moins ou autant d'impôts qu'aujourd'hui.
01:14Et oui, il y aura davantage d'impôts pour les 8% et en particulier pour les 1% les plus riches.
01:19Et en particulier pour les 0,1% des plus riches qui, aujourd'hui, payent moins d'impôts proportionnellement que les classes moyennes.
01:26Jordan Bardella est le président du Rassemblement National et était hier soir sur TF1.
01:30Je vous propose de l'écouter sur quelque chose qui a beaucoup fait parler d'ailleurs.
01:34Il sera ce soir sur CNews entre 20h30 et 21h.
01:37Sa volonté d'exonérer d'impôts les jeunes gens de moins de 30 ans.
01:41Alors vous allez me dire qu'il n'y a pas beaucoup de jeunes de moins de 30 ans qui payent l'impôt sur le revenu.
01:45Mais je veux que nos talents, que nos cerveaux, que nos élites puissent être...
01:50Pardon ?
01:51Ça veut dire que vous allez vous auto-exonérer d'impôts, vous avez moins de 30 ans.
01:55Pourquoi est-ce que je dis ça, Jordan Bardella ?
01:57Vous n'avez pas seulement maquillé...
01:59Pourquoi est-ce que je dis ça, Jordan Bardella ?
02:00Je dis ça parce que je trouve cette proposition totalement hors sol.
02:06Pourquoi est-ce qu'un ouvrier de 31 ans paierait des impôts
02:09et un consultant ou un trader de 29 ans arrêterait de payer des impôts ?
02:13Monsieur le professeur, permettez-moi de vous répondre.
02:14Non, je vous ai question, ce n'est pas une question de professeur.
02:15Je ne comprends pas cette proposition que vous ne chiffrez pas par ailleurs.
02:18Pourquoi est-ce que vous prenez une règle comme ça générale pour tous les moins de 30 ans
02:22si on vous écoute qu'Iliane Mbappé a eu tort de partir à Madrid,
02:27il aurait plutôt dû rester puisqu'avec vous il aurait été exonéré d'impôts ?
02:30Bon, nous sommes avec Mathieu qui est agriculteur.
02:33Bonjour Mathieu.
02:34Bonjour Pascal.
02:35Quel âge avez-vous Mathieu ?
02:37J'ai 44 ans.
02:38Est-ce que vous êtes salarié, vous êtes libéral, comment ça se passe ?
02:43Libéral à mon compte, indépendant.
02:45Est-ce qu'on peut savoir les revenus que vous avez déclarés l'année dernière aux impôts en 2023 ?
02:52Je n'ai pas forcément envie de le dire, et nous en agriculture on a une particularité,
02:55c'est que c'est très variable.
02:56Comme on dépend de la production de la météo et des cours mondiaux,
02:59on a un autre problème, mais ça c'est une autre chose.
03:02C'est-à-dire que des années, on s'en sort bien et on se fait éclater fiscalement,
03:06et l'année d'après c'est la misère et on n'a pas mis assez d'argent de côté
03:09parce qu'on s'est fait qualifier comme les derniers.
03:11Je suis d'accord avec vous, mais bon c'est le principe, ça vous le saviez,
03:13en entrant dans ce monde de l'agriculture,
03:17les revenus étaient sans doute liés au temps qu'ils pouvaient faire.
03:22Oui, mais à l'époque, si vous voulez, le bon sens paysan c'est d'avoir sa petite bourse,
03:26son petit matelas de laine, et les bonnes années on met de côté pour les années où ça ne va pas.
03:30Aujourd'hui la fiscalité fait que les années où ça va, vous vous faites imposer maximum,
03:33et vous n'avez pas l'argent l'année d'après où ça ne va pas bien,
03:36parce que vous avez payé beaucoup d'impôts.
03:37C'est vrai que les impôts, on en est tous d'accord, sont assez importants.
03:43Cela dit, vous êtes dans quel domaine de l'agriculture ?
03:47Je me suis diversifié, et j'en parlais tout à l'heure,
03:49je suis plutôt dans le domaine de la céréale grande culture,
03:52et puis je produis aussi de l'énergie verte, du biogaz et de l'électricité photovoltaïque.
03:56Et vous êtes tout seul ou vous êtes plusieurs dans votre entreprise ?
03:58Non, on est plusieurs, je suis associé avec ma sœur et puis avec d'autres agriculteurs,
04:01parce qu'aujourd'hui pour porter des projets comme ça, il faut savoir être plusieurs.
04:04Et du chiffre d'affaires, par exemple, vous pouvez le dire, le chiffre d'affaires, ou c'est aussi secret ?
04:09Je ne sais pas, sur la production de biogaz, peut-être 1 million d'euros de chiffre d'affaires,
04:131,5 million d'euros de chiffre d'affaires, voilà.
04:15Ça ne donne pas une idée du résultat, c'est quel chiffre d'affaires, il y a toutes les charges qui viennent derrière.
04:19Je n'ai pas idée, moi, si vous gagnez 30 000 euros par an, si vous en gagnez 50 000 ou si vous en gagnez 100 000,
04:25je ne sais pas, et évaluer.
04:26Mais bon, il y a peut-être une fourchette, vous êtes entre 40 et 80 000 euros, on peut le dire comme ça ?
04:31Ouais, je dirais aux alentours de 30 000, on va dire.
04:3430 000 euros, bon, ce n'est pas un salaire extraordinaire pour, j'imagine,
04:37le nombre de temps que vous passez dans votre entreprise et sur les champs,
04:44et dans tous les domaines de l'agriculture que vous couvrez.
04:47On vit une passion, voilà, on va dire ça aussi.
04:49Bon, alors, quel est votre sentiment sur les impôts en France et sur ces impôts de la France insoumise ?
04:55A priori, la France insoumise ne va pas piloter ce pays, je le dis, à priori.
05:00Ah bah j'espère, sinon on va se barrer.
05:02Ah écoutez, ça sera aux uns aux autres de voter, mais c'est vrai que c'est très,
05:06comment dire, c'est une imposition punitive.
05:10Si vous voulez, si mes chiffres sont bons, on doit être le pays du monde et d'Europe le plus fiscalisé.
05:15Donc après, on peut jouer sur deux leviers, soit on joue sur les impôts pour rentrer de l'argent,
05:19soit on joue sur les dépenses.
05:20Il y a un tabou à l'époque, qui n'en était pas un, qui avait été abordé par Fillon,
05:24et même à l'époque par Macron, c'était de dire qu'on a peut-être trop de fonctionnaires dans notre pays.
05:29Il ne faut pas caricaturer les fonctionnaires, il y en a qui font leur boulot.
05:31Après, on est quand même dans un pays où le nombre de fonctionnaires ne cesse d'augmenter.
05:35Donc en face de ça, on a aussi des gens qui, pour la plupart, font bien leur travail
05:40et disent peut-être à juste tort qu'ils ne sont pas assez payés.
05:42Et donc en fait, on a une tentation à toujours augmenter le nombre de fonctionnaires,
05:46ce qui bride aussi l'activité économique, moi je le vois.
05:49Dès qu'on veut créer quelque chose, dès qu'on veut ouvrir une porte,
05:52on a quelque chose, une réglementation, quelque chose qui nous tombe dessus et qui nous pèse.
05:56Donc est-ce qu'il ne faut pas tant jouer sur ce volet-là, libérer un peu les énergies ?
06:00Ces gens de la France Insoumise, ils sont tous dans un schéma classique
06:04où ils ont adhéré à l'INEF, ils étaient déjà avec le marteau et la faucille quand ils étaient étudiants,
06:09et ils s'imaginent que tous les indépendants gagnent de l'argent.
06:13Et sous prétexte qu'on a des fleurons français et que c'est très bien d'avoir des LVMH qui gagnent de l'argent,
06:17on vous dit toujours regardez celui qui est là-haut, on va le taxer, sauf qu'en réalité on ne peut pas le taxer.
06:21Et c'est toujours la classe moyenne ou moyenne supérieure qui se fait allumer
06:24parce qu'ils n'ont pas d'autres possibilités. Donc c'est manichéen.
06:27Merci, on marque une pause et merci Mathieu de cette franchise à l'antenne, il est 11h28.