• l’année dernière
Jacques Pessis reçoit Véronique Dabadie : la dernière épouse de Jean Loup Dabadie. Elle raconte dans un livre « Jean Loup tant d’amour » le scénariste, l’auteur de chansons, mais aussi l’homme dont le sourire dissimulait des angoisses (Éditions l’Archipel).

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-06-13##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celle de mon invité, sa plume s'est envolée vers le ciel,
00:07mais grâce à ses scénarii et ses chansons, il est toujours présent dans nos cœurs.
00:12Je veux parler de Jean-Loup Dabadie, que vous racontez dans un livre plein d'amour dans tous les sens du terme.
00:18Bonjour Véronique Dabadie.
00:19Bonjour, merci de me recevoir.
00:21Merci d'être là et merci d'avoir écrit ce livre, Jean-Loup, temps d'amour,
00:24aux éditions de l'Archipel avec Françoise Piazza,
00:27parce que vous racontez celui qui a été l'homme de votre vie pendant des années,
00:30dont on connaît le parcours, mais pas totalement,
00:33donc on va l'évoquer dans les clés d'une vie, aujourd'hui, à travers des dates clés.
00:36Alors, le plus simple de voir, c'est d'entendre sa voix.
00:39C'est un rêve de se dire si un jour, dans tant d'années,
00:43longtemps, longtemps, longtemps, après que j'aurai disparu...
00:48C'est vrai que cette voix, on la reconnaît entre mille, Véronique Dabadie.
00:53Il avait une voix très radiophonique, c'est vrai qu'il avait une aisance,
00:57ce qui n'excluait pas un travail en amont, parce que toute télévision, toute radio,
01:01il était très sérieux, c'était toujours un éternel écolier,
01:04mais il avait une voix qui passait très bien.
01:06Et justement, la télévision, ça a commencé le 19 septembre 1959,
01:10avec une émission qui s'appelait « Chez vous ce soir »,
01:12qui est lancée dans des talk-shows avec Michel Arnault.
01:15Vous vous rendez compte, j'avais un mois.
01:17Ah, c'est fou !
01:19Il évoque la sortie de « Les yeux secs », son premier roman.
01:21Oui, « Les yeux secs », son premier roman, en 1958.
01:25Après, il y a eu « Les dieux du foyer ».
01:27Voilà, c'était ses deux livres.
01:29Mais alors, il n'a pas pu...
01:31Il avait 18 ans, il n'a pas pu les signer, s'il n'avait pas la majorité.
01:34C'est son papa qui l'emmenait chaque fois pour la signature chez l'éditeur.
01:38C'est étonnant.
01:39Et ils sont...
01:41Il avait été repéré par Michel Arnault,
01:43qui avait à l'époque un cabaret chez Miller-Larsouille,
01:46où elle avait repéré Gainsbourg.
01:47Et quelques années après, elle a remarqué un journaliste sportif,
01:51qui est devenu Michel Drucker,
01:52qu'elle a engagé à la télévision dans « Tilt ».
01:54C'est fou, hein ?
01:55C'était une chanteuse aussi,
01:57mais elle a fait beaucoup pour la télévision.
01:59Et il y a aussi Bouvard qui interroge Jean-Louis Dabadie dans cette émission,
02:04et qui lui demande si on peut vivre de sa plume avec un premier livre.
02:09À l'époque, il n'était pas très content, ses deux livres.
02:13Donc, non, il n'était pas encore en position d'artiste reconnu et confirmé.
02:19En fait, il a pu vivre après, quand il a commencé à écrire des sketchs.
02:23Et donc, finalement, le point de départ de cette belle aventure artistique,
02:26ça a été Guy Bedos.
02:27Oui, on va en parler.
02:28Mais justement, il faut savoir que Jean-Louis Dabadie,
02:30à trois ans et demi, il savait lire.
02:33On lui raconte, il y avait un conte d'Anatole France,
02:37« L'Abeille », qu'il adorait.
02:39Et il était un élève très brillant.
02:40Il était premier partout au lycée Jeanson.
02:42Oui, les fées étaient tombées sur ses genoux.
02:45Résultat, il partait, je crois,
02:47de la distribution des prix avec une brouette de livres.
02:49Oui, oui, c'est ce que racontait aussi Philippe Labeau,
02:52qu'il a bien connu.
02:53Il avait toujours, oui, plein de récompenses.
02:56C'était ses livres.
02:57Et il avait deux ans d'avance pour le bac.
03:00Exactement.
03:01Et puis, ce premier livre a quand même une histoire,
03:02c'est que ce premier livre, quand il l'a écrit,
03:04il a demandé conseil à Hervé Bazin.
03:06Et je crois qu'Hervé Bazin ne l'a pas aidé.
03:08Ça, c'est pas bien passé du tout.
03:10Il y a eu un premier jet d'affection, un élan de sympathie, d'empathie.
03:13Puis après, il a dit, non, c'est...
03:15Cher Jean-Loup, avec ce livre, nous y perdrions tous les deux notre temps.
03:20Donc, c'était une première blessure pour lui.
03:22Oui, parce qu'il n'aimait pas ce genre de choses, de trahison.
03:25C'est-à-dire, quand quelqu'un retourne sa veste comme ça,
03:27c'était pas tellement...
03:29On est fragile à cet âge-là, on est complètement...
03:31Vous savez, quand on est...
03:34Comment vous dire ?
03:36C'était pas un bon souvenir pour lui.
03:38C'était une blessure profonde.
03:39Il faut savoir qu'Hervé Bazin a une particularité.
03:42Il a eu un enfant à 80 ans.
03:44C'est-à-dire que son enfant en naissant est devenu grand-oncle déjà.
03:47Ça aurait pu être la base d'un scénario.
03:49Alors, ce qui a compté aussi dans la jeunesse de Jean-Loup Dabadie,
03:56c'est ses jeunes années à l'île de Ré.
03:59C'est vrai que ça l'a marqué.
04:00Oui, sa jeunesse à l'île de Ré.
04:01Évidemment, il a connu l'île de Ré vers 3 ans, 4 ans,
04:04parce que ses grands-parents sont venus, son grand-oncle.
04:09Ça a été effectivement...
04:12Si on avait su plus tard, c'était les premiers petits cailloux
04:15sur ce chemin de la route du Fier.
04:17Il a vécu là.
04:18Il est là parce qu'avec son grand-père, il avait la nostalgie.
04:22L'île de Ré, à l'époque, il n'y avait pas autant d'oncles qu'aujourd'hui.
04:24Il y avait des parties de boules, il y avait des promenades à vélo.
04:28Déjà, c'était une île totalement isolée.
04:31Le bout de l'île, c'était pas du tout...
04:33C'était des cailloux, c'était la campagne totale.
04:35Après, il se retrouvait avec des amis, la famille Nougaro.
04:38C'était tout un ensemble de groupes d'amis.
04:40C'était des vacances inoubliables.
04:42En même temps, il se trouve qu'il y avait aussi Régine Deforge
04:45qui faisait du vélo plus tard, vous l'avez vu ?
04:47Oui, ça c'est sûr.
04:48Vous savez que la bicyclette bleue, qui était un succès, ça l'a ruinée.
04:51Parce qu'elle a eu tellement de procès avec les héritiers de Haute-En-Importe-Le-Vent
04:55qu'elle a perdu tous ses droits d'auteur.
04:57Il y avait aussi la maison de Johnny et Sylvie.
04:59Vous l'avez connue, cette maison ?
05:00Non, pas du tout.
05:01Je veux dire, pourquoi ?
05:02Parce qu'en fait, c'est Jean-Jacques Debout qui a fait acheter cette maison à Johnny.
05:05A Saint-Martin ?
05:06Non, à l'île de Ré.
05:08Oui, mais à Saint-Martin ?
05:09Le village ? La ville de Saint-Martin ?
05:10Exactement.
05:11Je vois où elle est, la maison.
05:12Oui, mais il n'est jamais venu.
05:14Il a voulu l'acheter et puis finalement, il est allé à Saint-Tropez.
05:16Il n'est jamais venu.
05:17Je connais ça.
05:18C'est extraordinaire.
05:19Merci.
05:20Il y a aussi, à l'île de Ré, la maison La Varangue qui était votre maison.
05:25Voilà, c'est une maison qu'on a construite ensemble.
05:27Oui, absolument, La Varangue.
05:28Et il y avait des choses très particulières.
05:31C'était des vitraux qui provenaient de son grand-père.
05:35C'est une très jolie histoire.
05:36Jean-Loup, fou de rugby.
05:37Entre autres, nous sommes à Grenoble.
05:39Je vais à une brocante et je devrais me faire une dernière brocante d'ailleurs.
05:43Et là, je trouve des vitraux.
05:45J'appelle Jean-Loup.
05:46Qu'est-ce que ça te parle, ces vitraux ?
05:47Il me dit, oui, effectivement, on avait des vitraux à la tronche dans la maison de mon grand-père.
05:54Et donc, je demande au monsieur, m'écouter, monsieur Vitrault, vous avez une idée d'où ça peut venir ?
05:59Parce que mon mari me parle...
06:00Écoutez, ça vient d'une vieille succession.
06:02Famille d'Abadie.
06:03Alors, comme disait Jean-Loup, mon chéri, il disait, les chaussettes me glissent.
06:07Parce que franchement, c'est incroyable l'histoire.
06:09Et ils sont dans la maison.
06:11C'est extraordinaire.
06:12C'est une histoire unique.
06:13Alors, il y a aussi une femme unique que vous évoquez, c'est la mère de Jean-Loup d'Abadie.
06:17Madalena, qui est un personnage incroyable de la famille d'Abadie.
06:20Ah oui, j'ai la belle-mère la plus délicieuse du monde,
06:23qui était une artiste déjà, très gay,
06:26qui avait travaillé pour la maison Paul Becher,
06:28qui voyageait aux Etats-Unis pour ce travail-là.
06:30Et puis donc, voilà, une femme délicieuse.
06:33Si on a, par exemple, une anecdote, on cherchait un mot, on l'appelait à deux heures du matin,
06:36elle avait la réponse.
06:37On faisait des parties de scrabble en diablés.
06:39Mais elle était très, très, très, très gentille, très douce, très présente.
06:43Vraiment, c'était un amour de femme.
06:45C'est elle qui a trouvé le prénom de Jean et Loup pour les associés.
06:48Oui, oui, oui.
06:49Même qu'ils se sont trompés quand ils ont inscrit son prénom.
06:52Ils ont dû retourner à la mairie.
06:54C'était un autre nom.
06:55Il y avait un problème sur Le Loup.
06:57Oui, c'est elle qui a trouvé ce prénom, oui.
06:59Et je crois qu'enfant, elle racontait une histoire qui touchait Jean-Loup d'Abadie.
07:04C'était la chèvre de M. Seguin.
07:06Oui, ça le touchait beaucoup, évidemment.
07:08Pourquoi ?
07:09Écoutez, là, je n'étais pas non plus à côté de lui,
07:11mais bon, c'était une histoire qu'il affectionnait particulièrement.
07:16Comme je peux vous dire, je ne sais pas.
07:17Je sais qu'il m'en avait parlé, mais à partir de là...
07:19Voilà.
07:20Il se trouve aussi une chose qu'on ne sait pas.
07:22Elle a travaillé à Radio-Luxembourg, madame.
07:24Tout à fait, oui.
07:25Elle a découvert quelqu'un.
07:26C'est-à-dire que quelqu'un a passé dans la rue chercher du travail.
07:28Elle lui a trouvé du travail.
07:30Elle l'a engagé et c'était Zappi Max.
07:32Et c'est comme ça que Zappi Max a démarré grâce à la mère de Jean-Loup d'Abadie.
07:35Oui, oui, oui.
07:36Qui est une vedette de la radio.
07:37C'est incroyable.
07:38Et elle a fait aussi cette chose-là pour la compagne de Robert Charlebois,
07:43qui était donc la belle-sœur de Jean-Loup.
07:45Oui.
07:46Elle a travaillé aussi grâce à Graëlle, dans une radio aussi.
07:48Alors, il se trouve qu'elle était aussi au racing.
07:52Et elle faisait des parties doubles à un âge très avancé.
07:55C'était une passion.
07:57S'il y avait par exemple...
07:59Bon, Roland-Garros, c'est dans nos horaires.
08:01Mais quand il y avait le tournoi aux Etats-Unis,
08:02elle était dans la salle à manger et regardait en décalage horaire.
08:06Elle jouait en double.
08:07Alors, elle adorait le racing.
08:08Elle retrouvait ses amis.
08:09Après, elle s'installait dans un des jardins.
08:13Et elle avait cet humour qui était absolument tordant,
08:16plein d'humour, plein d'esprit.
08:18Et là, ils devisaient ensemble.
08:20Et elle disait, nous sommes dans le boulevard Arago.
08:22Oui.
08:23Parce qu'il critiquait un peu les gens qui passaient.
08:26Il taquinait.
08:27C'était un jeu de mots absolument charmant.
08:29Le boulevard Arago, en fait, c'était le titre de la première chronique
08:32de Carmen Tessier et les potins de la Comère.
08:34Ah oui.
08:35Car Pierre Lazareff avait remarqué les columnistes aux Etats-Unis.
08:38Et il avait engagé Carmen Tessier pour raconter les potins.
08:41Ah, voilà.
08:42Et Pierre Lazareff a beaucoup compté aussi dans la vie de Jean-Loup de Badi.
08:45Bien sûr.
08:46C'était le choc de sa vie sur le plan journalistique.
08:48Évidemment, c'était une immense rencontre pour lui.
08:51Parce que je crois qu'il a travaillé pour Candide et François
08:54en faisant des reportages en tout genre.
08:57Il était pigiste.
08:58Il faisait des reportages.
08:59Absolument.
09:00Il a fait des reportages, je crois, notamment quand John Yelideh a quitté l'armée.
09:05Il était là.
09:06Il a fait le reportage.
09:07J'ai tout un journal dans la maison à l'île de Ré.
09:10J'ai cette page.
09:11J'ai ce journal.
09:12Voilà.
09:13Il était vraiment...
09:14Et là, ça lui a appris son métier de faire ce genre de choses.
09:16Oui, oui, oui.
09:17Mais il se sentait fondamentalement journaliste.
09:19Et ça l'a servi toute sa vie dans la construction de ses chansons, de ses pièces.
09:22C'est une chose qui ne doit pas vous quitter généralement.
09:25Bien sûr.
09:26Mais en même temps, ça lui a donné un réflexe de curiosité qu'il a conservé.
09:29Complètement.
09:30Exactement.
09:31Très, très, très à l'affût des choses.
09:32Très observateur.
09:33Très rapide.
09:34La synthèse.
09:35Et puis, il y a le père de Jean-Loup Dabadie, Marcel.
09:38Et on ne le sait pas, il a écrit des tas de chansons pour Maurice Chevalier, pour Jean-Sablon
09:42et pour d'autres.
09:43Les frères Jacques.
09:44Les frères Jacques aussi.
09:45Oui, bien sûr.
09:46Oui, oui, oui.
09:47Ah oui, oui.
09:48Jean-Loup était un enfant de la balle, on peut dire.
09:49Mais c'est vrai qu'il a vu son père travailler pour ses artistes.
09:52Et bon, à temps en temps, il y avait un peu de relâchement.
09:55Enfin bon, il fallait travailler.
09:57Oui, parce qu'on lui demandait une chanson, il ne la faisait pas forcément.
10:00Exactement.
10:01C'était un petit peu un souci pour la famille plus tard quand même.
10:04Oui, il faut savoir aussi que Jean-Loup a été très marqué par la séparation de
10:07ses parents.
10:08Ah, le mot est faible, vraiment.
10:10Oui, ça a été quelque chose d'assez, comment dirais-je, ça a partagé son cœur, son âme.
10:16Et ça a peut-être eu une influence, on peut dire, sur son oeuvre.
10:18On quitte jamais son enfance, son adolescence.
10:21Alors évidemment, ce divorce, certes, il l'a vécu de façon très douloureuse.
10:25Mais en même temps, ça a été quelque chose qu'elle a peut-être nourri dans son parcours.
10:28C'est-à-dire ?
10:29Vous savez, on écrit des chansons, la chanson d'Hélène, c'est la séparation.
10:34Il y a beaucoup de choses, des chansons, c'est la séparation, c'est la tristesse, c'est
10:38l'abandon.
10:39Donc voilà, c'est quelque chose qui est récurrent.
10:41Vous en parlez, il en parlait quelquefois ?
10:43Oui, oui, il m'en parlait, bien sûr.
10:45Ce n'était pas un sujet facile.
10:48Quand il avait appris le soir où son père partait, il était, tous ses vêtements, il
10:53était complètement trempé d'émotions.
10:55C'était difficile, c'était très difficile parce que sa mère a pleuré longtemps.
10:59Son père est parti avec cette personne.
11:02Mais heureusement, Nettie avait une nature extrêmement dynamique, résilience.
11:10Et donc, elle avait ce travail chez Paul Becher.
11:13Elle a pu voyager aux Etats-Unis.
11:15Elle est allée en Angleterre.
11:16Elle avait une nature et ça l'a sauvée.
11:18Et puis, il y a d'autres moments importants dans la vie de Jean-Luc Dabadie.
11:21Il y a une date aussi clé, c'est le 7 juillet 1974.
11:26On en parle dans quelques instants avec Véronique Dabadie.
11:29Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:32Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Véronique Dabadie.
11:36Vous signez avec Françoise Piazza chez l'archipel Jean-Luc dans l'amour.
11:39Jean-Luc, c'est Jean-Luc Dabadie, votre mari, et son parcours qu'on évoque aujourd'hui.
11:44Et si je parle du 7 juillet 1974, c'est le jour où il est rentré en studio pour l'enregistrement de ceci.
11:52Quand j'étais gosse ou comme trois pommes, je parlais bien fort pour être un homme.
11:58Maintenant, je sais. Il est devenu un classique.
12:02C'était un être extraordinaire, Jean Gabin.
12:07Je ne l'ai pas connu, mais par procuration, Jean-Luc m'a raconté comment s'est construite cette chanson.
12:12Il voulait une chanson construite comme un plan de cinéma.
12:15Le premier enregistrement, ça n'a pas marché, il était grippé.
12:18Il est revenu une deuxième fois avec un mot d'excuse du médecin.
12:22Après, très content évidemment des résultats.
12:25Jean-Luc, Jean-Luc, il faut que je vous dise une chose.
12:27Avec son accent, je suis devant l'épine Floyd et derrière, Claude François.
12:33Il l'a appelé comme un enfant, un gosse tellement...
12:36C'était une belle aventure.
12:38Il disait, mes mômes sont fiers de moi parce que je suis 8 de parade.
12:41Il était 8 de parade, il y avait un top 50 à l'époque.
12:44Il se trouve qu'au départ, c'est une mélodie irlandaise,
12:48On propose à Jean Gabin, qui accepte d'écouter le texte,
12:52parce que c'est Jean-Luc Dabadie.
12:54Il disait toujours, si c'est le môme Dabadie, je fais.
12:57C'est curieux.
12:58Et il le reçoit, et vous le racontez dans ce livre,
13:00Dabadie en charentaises.
13:02Oui, comme disait Jean-Luc, il avait la bâche, c'est-à-dire la casquette,
13:05les charentaises, la robe de chambre.
13:08Et puis voilà, c'était très nature.
13:10Mais on a oublié que finalement, d'abord, Jean Gabin,
13:13il a chanté bien avant d'être comédien.
13:16Il a débuté avec Miss Tinguette dans une revue
13:19qui s'appelait Allô ici Paris,
13:21où il chantait la Java de Doudoune.
13:23Et s'il est devenu comédien, c'était uniquement pour gagner un peu d'argent.
13:26Dans un film, chacun sa chance.
13:28Il ne pensait pas faire une carrière.
13:30Mais non, bien sûr, il a commencé comme ça.
13:32Mais il a souffert aussi de cette coupure.
13:35À un moment donné, Jean Gabin n'a pas tourné pendant longtemps.
13:37Il était évidemment dans l'armée, il a fait son service.
13:40Après, pour revenir aux affaires, ça n'a pas été facile.
13:42Je pense que c'est du temps perdu pour un artiste comme ça,
13:45qu'on ne lui ait pas donné, tout de suite au retour de son armée,
13:49l'occasion de beaux films.
13:51Enfin bon, il nous a donné des pépites aussi, cet homme-là.
13:54La musique, je crois que Jean-Loup Dabadie l'a découverte
13:57grâce à son grand-père qui aimait l'opéra et le classique.
14:00Oui, son grand-père avait deux choses dans sa vie fondamentale.
14:04Il tenait un cabinet dentaire,
14:06ce qui était assez révolutionnaire à l'époque.
14:08Il y avait cinq cabinets.
14:10Et dans son temps de relaxation,
14:14on peut dire de charme, de vie,
14:16il aimait chanter, donc il était à l'Orpheon de Grenoble.
14:19Mais c'était des airs d'opéra, c'était sérieux.
14:21Et après, il perdait la vue progressivement
14:23et Jean-Loup lui faisait la lecture de ses partitions.
14:26C'est comme ça, petit à petit, Jean-Loup est un petit peu
14:28rentré aussi dans le monde de la musique.
14:30Mais il n'a jamais écrit de musique,
14:31mais il était très sensible à cette discipline, monsieur.
14:35Et la première chanson qui a été enregistrée, c'est celle-ci.
14:39Ce soir, elle ne rentre pas, je ne sais plus, je ne sais pas.
14:44Elle écrira demain, peut-être, nous aurons une lettre.
14:48Ça, je crois que cette chanson a été faite
14:50lorsque Reggiani a téléphoné à Jean-Loup Dabazi
14:52quatre jours avant de faire Bobino.
14:54Voilà, alors cette chanson, pour la petite histoire, j'avais neuf ans.
14:56Je dévorais cet album de chez Jacques Canetti, je le dévorais.
15:00Et c'était dans les pick-up où il y avait tout, la radio, il y en a.
15:03Et effectivement, cette chanson,
15:06elle a vu le jour où il y avait donc une urgence dans l'écriture.
15:10Il fallait, en quatre jours, il a écrit pour Reggiani et qu'il l'appelle
15:14et lui dit, écoutez, je cherche quelqu'un qui pourrait écrire une chanson.
15:17Et Jean-Loup dit, je ne sais pas, mais c'est pour ça que je vous appelle.
15:20Donc, lancez-vous.
15:21C'était un challenge incroyable.
15:22Et donc, le petit garçon est né.
15:25Et ça a été, je crois, le tube de l'été cette année-là.
15:28Tout à fait, c'est le tube de l'été.
15:30Mais pour lui, c'était une chanson qui n'était pas aboutie.
15:33Elle n'était pas finie.
15:35Il y avait des...
15:36Nous sommes là, ce soir, seuls.
15:37Il n'y a pas de...
15:38Pour lui, elle a été ce qu'elle a été, magnifique.
15:41Mais dans l'absolu, pour le puriste qu'il était, elle n'était pas terminée.
15:44Il faut dire que Serge Reggiani, à l'époque, faisait Bobineau parce que Barbara lui avait demandé.
15:50Mais Barbara lui avait dit, tu feras Bobineau parce qu'elle le connaissait à peine.
15:53Mais à condition que tu prennes des cours de chant parce que tu chantes comme une patate.
15:56Et il a pris des cours de chant, Reggiani, avec la prof de Barbara.
16:00D'accord, très bien.
16:02Il se trouve aussi que ça, c'était la première chanson.
16:04Et puis, il y en a eu beaucoup d'autres, dont celle-ci.
16:18Dans la maison vide, chanson magnifique de Michel Polnareff.
16:22Il l'avait écrite jour après jour.
16:25Et il a rencontré Polnareff qui, pour lui, était un personnage lunaire, Véronique Dabadie.
16:30C'était un chanteur à part.
16:31Il avait une voix d'ange.
16:33Il avait un parcours musical absolument éblouissant.
16:36Évidemment, il est parti.
16:38Il a quitté sa famille.
16:39Il se retrouvait sur les marches, comme on sait, de Montmartre.
16:42Mais c'était un homme d'une qualité, je dirais, à part par rapport à tous les autres.
16:48Parce qu'il était très, très musical et très exigeant.
16:51Quelques fois, il pouvait recommencer 30 fois la chanson.
16:54Il a poussé Jean Lou à écrire des choses.
16:57Ça a donné ce que ça a donné.
16:58Mais ils ont eu une longue collaboration.
17:00Je regrette bien que ça n'ait pas pu se faire plus longtemps.
17:04Oui, parce qu'en plus, Polnareff était tellement précis.
17:07Il a resté pendant deux ans auprès de la maison de disques Royal Monceau à Paris.
17:11Ça, c'est sa période noire.
17:13Pour le retrouver, c'était facile.
17:15Il fallait aller au bar à 14 heures.
17:17Il recevait tout le monde en tenue de jogging.
17:19Et le disque n'a jamais abouti.
17:21Il était vraiment dans un tunnel.
17:24Cet homme souffrait de ses yeux.
17:25Il a trouvé le chirurgien qui lui a redonné la vie à ses yeux.
17:31Ça, c'était un autre homme après.
17:32Mais je peux imaginer vraiment ses angoisses.
17:34Alors, l'histoire des fesses de Polnareff aussi que vous évoquez dans ce livre,
17:38il y a une anecdote très vraie.
17:40Comment l'idée est née ?
17:42Il faisait faire ses costumes de scène chez François et Maïté Gerbeau.
17:46Et le pantalon, quand il était prêt, il n'arrive pas à le mettre.
17:51Il est trop petit.
17:52Et c'est comme ça qu'il a eu l'idée de montrer ses fesses au public.
17:56Je pensais qu'il y avait une connotation par rapport aux impôts.
17:58La France, je fais ce que je veux et je pense ce que je veux.
18:02Non, c'est tout à fait autre chose.
18:04C'est d'un ordre vestimentaire.
18:06Exactement.
18:07Je pensais que c'était plutôt une réplique au système et aux impôts et je fais ce que je veux.
18:10D'accord.
18:11C'est une erreur du créateur.
18:12Et puis, il y a quelqu'un aussi qui est très important dans la vie de Jean-Luc Dabadie
18:17et pour nous aussi.
18:18Et on l'a reçu plusieurs fois dans l'acte d'une vie.
18:20Il a chanté ceci.
18:23Femme, je vous aime.
18:29Femme, je vous aime.
18:34Julien Clerc est arrivé dans la vie de Jean-Luc Dabadie par Bertrand de Labey.
18:37Il disait, il faut renouveler après ce n'est rien.
18:40Oui, alors cette chanson, au début, notre Julien, adoré et national,
18:45a toujours une petite réticence quand c'est des sujets un peu comme ça.
18:48C'était pareil pour l'assassin assassiné.
18:50Femme, je vous aime.
18:51Il avait une petite réticence.
18:52Je ne veux pas passer pour un Casanova.
18:55Jean-Luc lui a quand même expliqué comme Bertrand.
18:58C'est un autre domaine qui est traité ici.
19:03Et il y a une autre histoire dans l'histoire.
19:05C'est que Miu Miu lui disait non, non, non.
19:07Faut pas chanter Femme, je vous aime.
19:08Faut chanter Femme, je t'aime.
19:10Parce qu'ils étaient mariés à l'époque.
19:11Oui, oui.
19:12Non, non.
19:13Mais après, vous imaginez.
19:14C'est incontournable dans tous les concerts.
19:17C'est une merveille.
19:18C'est une merveille.
19:20Il est venu en soirée dîner chez vous.
19:21Il y a une anecdote à l'heure du dessert.
19:24Il y a des framboises.
19:26Ça, c'était dans sa période de régime.
19:30Il était venu pour les francopholies.
19:31On l'avait reçu.
19:32Il faisait un régime.
19:33Donc, on lui avait fait un repas.
19:35Il avait tout pesé jusqu'aux framboises.
19:36On a bien ri avec ça.
19:37Il y avait une complicité.
19:39Jean-Luc Lamadie écrivait pour des interprètes qui devenaient des amis.
19:43Il ne pouvait pas écrire autrement.
19:45Non, que ce soit au niveau théâtral, au niveau cinématographique,
19:48chansons, il fallait qu'il soit en phase avec ces personnes-là.
19:53Les connaître, les ressentir.
19:55Et puis, il disait une chanson, c'est un scénario de trois minutes.
19:58C'est un scénario, absolument.
19:59C'est un scénario.
20:00C'est une histoire.
20:01Début, développement, conclusion.
20:04C'est un petit scénario, effectivement.
20:06Mais en même temps, il faut écrire l'histoire.
20:07Vous l'avez vu, réfléchir à une histoire, ne pas trouver d'idée.
20:10Femme, je vous aime, il ne trouvait pas d'idée au départ.
20:12Femme, je vous aime, je n'étais pas dans sa vie.
20:15Il m'a expliqué qu'il était à Biarritz, dans la maison.
20:19Il travaillait sur cette chanson.
20:21Ça tournait, ça tournait dans sa tête.
20:23Puis un jour, ça descend du ciel.
20:25En même temps, quand il écrivait, vous l'avez vu écrire avec ses feutres,
20:29il réfléchissait avant de trouver la bonne idée, longtemps ?
20:32Il avait plusieurs étapes.
20:34Il avait des feutres de toutes les couleurs, effectivement.
20:36C'est brouillon.
20:37Il se donnait des annotations.
20:39Il marchait dans le couloir.
20:41C'est un enfantement, on peut dire.
20:43Oui, je l'ai vu.
20:45Ce n'était pas spontanément.
20:47J'ai fait ma chanson, je vous la donne.
20:49Non, non, c'est un long travail.
20:51Et puis, il a eu un pseudonyme, ce que peu de gens savent.
20:53C'est Jérôme Dalhui, pour passer l'examen d'entrée à la SACEM.
20:57Oui, absolument.
20:58Alors, il a dû passer un examen.
21:00Je n'ai pas le texte ici, malheureusement.
21:02C'est sur le thème du joli cœur, je crois.
21:04Le joli cœur, c'est un joli texte.
21:06Je ne sais même pas ce qu'est devenu ce texte.
21:08Il doit être dans les archives de la SACEM.
21:10Il mériterait d'être chanté.
21:12C'est ça que je veux dire.
21:14Et pourquoi avait-il choisi un pseudonyme ?
21:16Il vous l'a dit ?
21:17Ça, je ne sais pas.
21:18L'examen d'entrée à la SACEM était obligatoire ?
21:20Obligatoire, pour le plus grand de l'époque.
21:22Il n'était pas le seul sur ce banc-là.
21:24Est-ce qu'il pensait au départ à écrire des chansons ?
21:26Il vous en a parlé.
21:28Il pensait qu'il y arriverait ou pas du tout ?
21:30Vous savez, c'est difficile de dire.
21:34Il avait plusieurs choses en tête.
21:36Le fait que son père, c'était difficile
21:38simple parolier pour la vie de tous les jours à la maison.
21:40Il s'est dit un jour, je veux avoir plusieurs disciplines.
21:42Donc, il a fait des chansons.
21:44Il a fait des adaptations.
21:46Il a fait tout ce que l'on sait.
21:50Comme conclusion dans toute sa vie,
21:52ce qu'il a par dessus tout aimé,
21:54c'est le théâtre.
21:56Le théâtre et le cinéma et d'autres choses
21:58qu'on va évoquer à travers la date du 10 avril 2008.
22:00A tout de suite sur Sud Radio,
22:02avec Véronique Dabadie.
22:04Sud Radio, les clés d'une vie.
22:06Sud Radio, les clés d'une vie.
22:08Avec mon invité Véronique Dabadie
22:10qui signe avec Françoise Piazza
22:12chez l'Archipel.
22:14Jean Loux, temps d'amour.
22:16Un livre consacré à Jean Loux Dabadie, l'homme de votre vie
22:18et qui nous manque et qu'on a tous bien connu.
22:20Alors, il y a une date importante, c'est le 10 avril 2008.
22:22C'est le jour au Seychelles
22:24où vous apprenez une bonne nouvelle.
22:26Alors, figurez-vous.
22:28Jean Loux s'était présenté à l'âge de 42 ans
22:30à l'Académie française.
22:32Mais ça n'a pas abouti.
22:34Il y a eu trois tours, ça n'a jamais abouti.
22:36Et puis, progressivement, avec le temps,
22:38les années faisant,
22:40Hélène Carrard d'en cause, il dit,
22:42Jean Loux, vous pourriez peut-être penser,
22:44oui, vous croyez, Hélène, je ne sais pas.
22:46Donc, il se présente.
22:48Franchement, on n'y croyait pas.
22:50On est parti, comme chaque année.
22:52C'était un peu le moment de mon anniversaire.
22:54On était au Seychelles.
22:56Et, comment dirais-je,
22:58l'épouse de Frédéric Vitoux,
23:00Nicole Vitoux, nous appelle
23:02C'était 3h30,
23:04parce qu'il commence à 15h, 3h30,
23:06élue.
23:08C'était une nouvelle extraordinaire.
23:10Jean Loux disait, on y va en basket,
23:12on verra bien ce qui se passera.
23:14Donc, c'est effectivement
23:16le couronnement de beaucoup de choses.
23:18Il disait à l'Académie,
23:20on ne connaît pas forcément,
23:22mais je suis arrivée par les femmes,
23:24les enfants des académiciens qui chantaient
23:26ces chansons-là, et je suis arrivée
23:28avec ma famille, mes amis et tous mes personnages.
23:30La première fois, il n'était pas trop triste
23:32parce qu'il avait rencontré des gens fabuleux
23:34comme Leopold Sanger.
23:36Il m'en a beaucoup parlé de ses rencontres, absolument.
23:38Beaucoup de belles rencontres.
23:40Mais ce n'était pas le moment.
23:42Je crois qu'il y a des choses qui arrivent et qui arrivent aussi plus tard.
23:44Et puis, il faut savoir que les académiciens
23:46vous reçoivent très poliment,
23:48mais ça ne veut pas dire qu'ils votent pour vous.
23:50Il y a toujours un petit suspense.
23:52Il avait une vague idée
23:54qui avait voté ou pas.
23:56Mais une fois que nous sommes reçus,
23:58dans cette cour merveilleuse de ses grands esprits,
24:00tout se passe très bien.
24:02Il était élu au fauteuil
24:04numéro 19 qui est celui de René Clair.
24:06Châteaubriand au début.
24:08Il n'a fait
24:10l'éloge de Pierre Moineau
24:12qui était un commissaire à la Cour des Comptes.
24:14Il a dû lire 13 livres
24:16dans ce domaine, La Chasse, tout ça.
24:18Mais oui, il était élu
24:20après le fauteuil de Pierre Moineau.
24:22Je crois qu'un autre
24:24cinéaste, c'était Marcel Pagnol,
24:26qui était élu quelques années auparavant.
24:28Lui, il avait un peu intrigué pour venir à l'Académie.
24:30Et surtout, il a été le premier
24:32à faire rentrer les caméras
24:34de la télévision à l'Académie française,
24:36ce qui ne se faisait pas.
24:38Jean-Louis Dabadie, on le voit
24:40recevoir son épée.
24:42On le voit avec son costume.
24:44Ça ne se faisait pas avant
24:46Marcel Pagnol.
24:48C'est vrai qu'il y a aussi la tradition
24:50de l'épée et du costume.
24:52Ça aussi, c'est quelque chose qui a été
24:54compliqué à vivre. Facile et compliqué en même temps.
24:56Non, c'était que du bonheur, de l'honneur.
24:58C'est Marc Fiumaroli qui lui a remis
25:00cette épée avec un très beau discours.
25:02Le costume, c'est la maison de
25:04Chiruti qui nous a énormément
25:06gâté. On est allé dans
25:08les ateliers de M. Le Sage.
25:10C'était magnifique.
25:12C'était un enchantement.
25:14En même temps, sur l'épée, il y a ses trois enfants.
25:16Sur l'épée, il y a tous les symboles
25:18qu'il a mis dans la vie.
25:20Il y a le prénom de ses enfants.
25:22Il y a également les symboles
25:24qui illustrent le théâtre,
25:26le cinéma, la chanson.
25:28Il y a des paroles de Julien Clerc
25:30qui sont gravées côté nacre.
25:32Mais elle est ma préférence à moi.
25:34Il y a beaucoup de choses.
25:36Il y a l'éléphant qui était son animal
25:38adoré. Et j'ai l'honneur
25:40d'y figurer dans un petit médaillon.
25:42L'honneur ou le bonheur, plutôt ?
25:44Moi, je dirais l'honneur parce que
25:46c'est vraiment un cadeau de vie.
25:48Il se trouve aussi qu'il a
25:50retrouvé Jacqueline de Romy.
25:52Qui était son professeure.
25:54Elle habitait dans l'même quartier.
25:56Elle habitait rue de Passy.
25:58Jean-Loup l'a saluée.
26:00Le destin a fait qu'ils se sont retrouvés.
26:02Très court, elle n'a pas resté longtemps.
26:04Il y a aussi le cinéma.
26:06On ne le sait pas assez.
26:08Ça a commencé avec des sketchs,
26:10notamment avec Les Parisiennes,
26:12un film qui a permis à Catherine Deneuve
26:14de rencontrer Johnny et de lier une amitié.
26:16Et puis, il y a eu une comédie populaire
26:18qui a eu grand succès.
26:20C'est Jean-Loup Davidi qui l'a scénarisé.
26:22Cette comédie, il y a eu une chanson
26:24qui a été numéro 8 de parade.
26:26À la tête du client
26:28On sait déjà
26:30Ce qu'il attend
26:32C'est totalement oublié.
26:34C'est toute une époque, malheureusement.
26:36J'aurais bien pu en parler avec lui.
26:38Il y avait Jean Poiré, Michel Serrault
26:40et Francis Blanche qui sont tous des films
26:42à condition qu'il y ait un chèque.
26:44Jean Poiré, son idole absolu.
26:46Et Jean Poiré, au départ,
26:48il devait être croque-mort.
26:50En face de ses parents, il y avait une église.
26:52Et en voyant tout ça, il s'est dit
26:54c'est le métier que je vais faire.
26:56Il a fait tout le contraire.
26:58Vous savez que Jean-Loup voulait être routier.
27:00Il voulait conduire des camions.
27:02Il a conduit des carrières.
27:04Et puis, il y a un autre film
27:06qui est très important
27:08dans la carrière de Jean-Loup Davidi.
27:10Les choses de la vie.
27:12Ça, c'était important
27:14parce que Paul Guimard est dans sa vie
27:16et ça a été très important pour Jean-Loup Davidi.
27:18Absolument.
27:20Et puis Alain Sard a toutes ses chansons.
27:22Oui, oui.
27:24Ce film, au départ, c'est un roman.
27:26Et puis, il faut savoir que Paul Guimard
27:28a débuté comme journaliste
27:30à la Tribune de Paris
27:32qui était la première émission de débat
27:34à la radio après la guerre.
27:36Après, il s'est mis à écrire des livres
27:38et ce scénario, vraiment,
27:40l'adaptation, Jean-Loup Davidi
27:42a travaillé en allant en Bretagne
27:44avec lui.
27:46C'était important de travailler.
27:48Encore une fois, ce sont des choses
27:50dont il m'a parlé, mais on en a parlé ensemble
27:52avec François.
27:54Et Claude Sautet, ce n'était pas évident.
27:56Non, Claude Sautet était un tournant
27:58de sa vie.
28:00Il ne voulait plus du tout faire de cinéma.
28:02Donc, Jean-Loup lui parle
28:04de revenir au cinéma.
28:06Sur son...
28:08Comment ça s'appelle ? Devant sa porte.
28:10Et puis, le lendemain, Claude Sautet
28:12le rappelle et lui dit
28:14on va refaire du cinéma.
28:16Heureusement pour nous, mais c'est drôle
28:18le destin, quand même, parce qu'il ne voulait
28:20plus du tout refaire de cinéma, Claude.
28:22Et je crois que Montand et Ventura avaient refusé
28:24le rôle que Michel Piccoli a pris.
28:26Oui, c'est des choses aussi qui existent.
28:28Et puis, Catherine Deneuve devait être remise.
28:30Il y avait des choses
28:32qui se sont passées.
28:34Et il y a eu une apparition de Jean-Loup Dabadie
28:36dans le film. Oui, avec sa fille sur ses épaules.
28:38C'est ça. C'est étonnant.
28:40Clémentine Dabadie.
28:42Et puis, il y a une scène d'accident
28:44qui a été réglée.
28:46Et la scène d'accident, c'est Gérard Striaf.
28:48Et je crois que Jean-Loup Dabadie
28:50a travaillé avec sa minutie habituelle
28:52à cette préparation.
28:56Ce film ne devait pas exister
28:58parce qu'on commençait par l'accident.
29:00Ce n'était pas du tout bien vu.
29:02Ça s'est fait comme ça et heureusement.
29:04Et on avait demandé même au cascadeur
29:06de rouler à une certaine vitesse.
29:08Il a pris des risques.
29:10J'imagine que Jean-Loup Dabadie
29:12avait peur de ce genre de choses en même temps.
29:14C'était aussi un risque par rapport à l'histoire.
29:16Mais il n'assistait pas.
29:18Ce n'était pas trop son truc
29:20d'assister au tournage du film.
29:22Il n'y allait pas ? Non.
29:24Ça évitait de voir les humeurs des comédiens, disait-il.
29:26Non, il disait que ce n'était pas sa place.
29:28Même quand les comédiens se mettaient en colère.
29:30Il se sentait...
29:32Ce n'était pas son rôle.
29:34Il avait cette pudeur-là.
29:36Quelquefois, ça servait.
29:38Lorsqu'il est allé sur un tournage,
29:40Jacques Prévert, et qu'il a vu Michel Morgan,
29:42il avait écrit « t'as de belles jambes, tu sais ».
29:44Et quand il a vu ses yeux,
29:46il a changé immédiatement le dialogue.
29:48C'est lui « t'as de beaux yeux, tu sais ».
29:50Alors là, ça vaut le coup d'être là.
29:52Il y a aussi une histoire simple
29:54qui est née à la Colombe d'Or,
29:56où il aimait aller.
29:58Il n'a pas remonté loin.
30:00Évidemment, il connaissait le couple Montant-Signeret.
30:02Il adorait Simon.
30:04C'était dans le couple sa préférence, on va dire.
30:06Mais bon, c'était un couple qui était
30:08très important. Et la Colombe d'Or,
30:10oui, il a fait beaucoup de choses là-bas.
30:12Il a notamment écrit la chanson
30:14sur Valentin.
30:16Et donc, le fils
30:18de Montant et de Carole Amière.
30:20Voilà, exactement.
30:22Moi, je l'ai vu même travailler sur d'autres scénarii.
30:24Là-bas, il avait une grande table.
30:26Il avait un bureau.
30:28Quelle grande maison !
30:30Et c'était comme de la famille.
30:32C'était le bonheur absolu.
30:34Mais ça n'empêchait pas qu'il travaillait aussi là-bas.
30:36Il importait ses dictionnaires
30:38et ses crayons de toutes les couleurs.
30:40Et il se trouve que cette chanson
30:42qu'il a écrite pour Montant,
30:44c'est la seule trace en image qui existe
30:46de ce qui n'a pas été le cas.
30:48Il n'y a pas eu de captation très officielle, absolument.
30:50Et c'est vrai que quand on voit
30:52Valentin aujourd'hui,
30:54c'est le sosie d'Yves Montant.
30:56Il est très grand.
30:58Je crois qu'il travaille dans l'informatique.
31:00Oui, c'est ça. Il a un autre parcours.
31:02Il y a aussi quelqu'un qui a beaucoup marqué Jean-Louis Davadi.
31:04C'est Isabelle Adjani.
31:06Oui, bien sûr.
31:08Il savait. Ce n'est pas parce que c'était mon mari.
31:10C'est mon mari.
31:12Il avait du flair sur les personnes
31:14qui allaient arriver
31:16sur les projecteurs.
31:18Isabelle Adjani l'avait repérée.
31:20Il l'avait invitée à ses deux grands échiquiers.
31:22Elle en a fait partie d'un.
31:24Il l'avait repérée cette merveille.
31:26Il l'avait repérée, je crois, lorsque Robert
31:28Rossen l'avait fait travailler
31:30dans une pièce au Théâtre de Reims.
31:32Ça avait été un triomphe. La maison de
31:34Bernarda Alba. Elle était toute jeune à l'époque.
31:36Et Rossen l'avait repérée.
31:38Et tout de suite, Adjani a dit
31:40ça m'intéresse.
31:42Oui, il avait senti aussi que c'était une perle rare
31:44qui allait arriver.
31:46Et c'est comme ça qu'est née la gifle.
31:48Oui, la gifle, effectivement.
31:50Avec Lino Ventura et Annie Girardot.
31:52Oui, c'est aussi
31:54un grand film, on doit dire.
31:56Et Ventura, vous en parlez souvent.
31:58Lino Ventura, c'était quelqu'un de cher à son cœur.
32:00C'était quelqu'un de cher à son cœur, oui.
32:02Il avait quelques, comment dirais-je,
32:04totems d'amitié comme ça.
32:06Mais Lino était très important dans sa vie.
32:08Bien sûr,
32:10il y a des petites anecdotes comme ça.
32:12Quand il avait reçu le prix Louis Deluc,
32:14il n'avait pas pu
32:16accompagner Jean-Loup à la Fouquet's
32:18avec ses amis. Mais il y avait ces petits moments
32:20où il avait aussi son petit caractère, Lino.
32:22Mais c'était un grand monsieur.
32:24Et Jean-Loup l'adorait, personnellement.
32:26En fait, je crois qu'ils étaient à table en train de manger
32:28et que Lino a dit, je préfère manger chaud que d'ailleurs soi.
32:30Je voulais chialer, j'aime manger chaud.
32:32Jean-Loup,
32:34il disait, j'aurais préféré deux claques.
32:36Mais bon, voilà, ça s'est passé comme ça.
32:38Oui, il y avait des moments comme ça.
32:40Et puis il y a Yves Robert. Yves Robert avec
32:42Un éléphant sa trompe et nous irons tous au paradis.
32:44Ça, c'est quelque chose de très important.
32:46Bien sûr,
32:48c'était un trio.
32:50Claude Sauteil, Yves Robert, Jean-Loup.
32:52C'était un trio. Ils se voyaient tous les week-ends.
32:54Et puis Jean-Loup jouait au tennis
32:56aussi avec sa banque de potes.
32:58Donc il jouait au tennis
33:00avec cette bande d'amis.
33:02C'est comme ça que c'est venu le thème
33:04du tennis avec ces quatre
33:06personnages que l'on sait délirants.
33:08Enfin bon, voilà.
33:10Il y avait de la partie de cartes,
33:12c'était déjà Yves Robert et Yves Robert. Il fallait trouver autre chose.
33:14Oui, c'est ce qu'il disait.
33:16Quelque chose qui réunisse des potes qui s'entendent bien
33:18et un sport populaire et que les gens
33:20se sentent concernés.
33:22Ces deux films ont été des triomphes.
33:24Oui.
33:26Et c'est devenu des classiques.
33:28Qu'a surpris Jean-Loup Dabatier ? Est-ce qu'il pensait que ça deviendrait des classiques ?
33:30Je ne peux pas vous le dire.
33:32Je ne vous en parlais pas.
33:34C'est-à-dire que chaque fois qu'on les revoyait
33:36ou que ça passait à la télévision, on nous disait
33:38j'ai vu l'autre. On sentait que ce succès
33:40était toujours présent. Ça n'avait pas vraiment
33:42vieilli beaucoup, même pas du tout.
33:44Et c'est ça aussi, c'est parce qu'il avait écrit
33:46pour des copains.
33:48Oui, c'est les copains de tennis.
33:50Et je sais aussi qu'il y avait un troisième
33:52volet qui devait être tourné, qui n'a pas
33:54pu être tourné.
33:56C'était des années après.
33:58J'étais prête, à mise à part
34:00Rochefort, qui n'a pas voulu
34:02continuer l'aventure. C'est dommage.
34:04C'est dommage, parce que Gaumont, tout ça,
34:06tout le monde suivait.
34:08Il y a eu un autre exemple aussi, parce qu'il se retrouvait
34:10au Moulin de la Guéville, régulièrement,
34:12qui était celui d'Yves Robert et
34:14de Daniel Delorme. Et Jean Carmet
34:16et Blié y allaient souvent. Et moi je me souviens
34:18d'une scène où Blié
34:20s'apprête à partir, donc il est en bas
34:22dans la voiture, et Jean Carmet
34:24qui faisait des farces sans arrêt, prend un seau d'eau
34:26et du premier étage, lui déverse un
34:28seau d'eau sur la tête. Blié
34:30ne dit rien. Il s'attendait à ça.
34:32Il ouvre le coffre. Il avait un costume de rechange.
34:34C'est la grande classe, monsieur.
34:36Ça aurait pu être une scène de Jean-Louis
34:38de Dabadie. Oui, tout à fait.
34:40Il disait aussi qu'une chose importante,
34:42les acteurs sont les souffleurs des auteurs.
34:44Oui, mais il était toujours inspiré
34:46par ses artistes.
34:48Quand il allait au théâtre, il apprenait
34:50toujours. Il remettait des choses
34:52en place. Il se nourrissait toujours
34:54des choses qu'il avait écrites, mais bon, c'était...
34:56C'est vrai que c'est la phrase qu'il ressortait
34:58souvent. Il y a d'autres phrases que vous évoquez
35:00dans ce livre, dont on va continuer à parler,
35:02à travers la date de sa sortie,
35:04le 7 mai 2024.
35:06A tout de suite sur Sud Radio, avec Véronique Dabadie.
35:08Sud Radio,
35:10les clés d'une vie. Jacques Pessis.
35:12Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité
35:14Véronique Dabadie, qui a signé
35:16avec Françoise Piazza, Jean-Louis,
35:18Temps d'amour, chez l'Archipel,
35:20un livre où vous racontez Jean-Louis Dabadie.
35:22On a commencé à l'évoquer. D'abord, pourquoi
35:24avoir fait ce livre aujourd'hui ?
35:26Je l'ai fait aujourd'hui.
35:28Évidemment, c'était difficile
35:30au moment de son départ.
35:32Et la
35:34Covid.
35:36On essaie de s'organiser une vie
35:38barricadée, et on part à
35:40Lille-le-Rez. Et 15 jours après,
35:42mon mari s'éteint.
35:44Il n'y a pas eu, à part
35:46des émissions de radio, notamment ce matin,
35:48j'étais à l'émission de Pascal Praud, où il en avait
35:50parlé, ou d'autres radios. Il n'y a pas eu
35:52à proprement dit, quelque chose de solide
35:54sur son départ, sur sa vie, son œuvre.
35:56Donc ce livre, c'était comme un
35:58impératif du cœur.
36:00Et j'avais besoin
36:02de continuer.
36:04Je voulais toujours qu'il soit là, qu'on parle de lui,
36:06et qu'on continue toujours à en parler.
36:08Et donc ce livre, c'est une
36:10merveille, parce qu'il est né d'une
36:12rencontre par l'intermédiaire d'une
36:14amie avec Françoise Piazza, qui avait
36:16déjà écrit des livres que l'on sait
36:18sur Juliette Gréco, Barbara,
36:20Francis Huster. Et donc je me dis, c'est la
36:22bonne personne, c'est le bon moment. Et bien, il a fallu
36:24attendre 4 ans, voilà. C'était comme ça.
36:26Alors, vous racontez notamment dans ce livre votre
36:28mariage, dans le quartier de son enfance,
36:30un 19 décembre.
36:32Jean-Loup voulait se marier l'hiver.
36:34Il voulait les couleurs, les lumières qui s'éclairent
36:36dans les rues.
36:38Donc on s'est mariés en plein hiver. On a bu très froid,
36:40mais c'était un bonheur absolu.
36:42Et on comprend à la lecture de ce livre
36:44une phrase de Pauline Carton,
36:46elle l'appelait l'enfant au sourire
36:48permanent. Et c'est vrai que ça a été un grand enfant
36:50toute sa vie, Jean-Loup Dabadie.
36:52Oui, un regard d'enfant
36:54sur les choses,
36:56un éternel écolier,
36:58quelqu'un qui était toujours
37:00observé, à étudier,
37:02beaucoup d'humour sur lui-même
37:04et avec les autres. Mais oui, c'était
37:06un grand enfant et ça fait partie de ses charmes
37:08majeures. Et il écrivait partout.
37:10Je crois qu'un jour à la Comédie Française,
37:12quand il a ennuyé, il a écrit
37:14un texte. Alors, il avait
37:16toujours un petit carnet, que ce soit
37:18dans un aéroport, au théâtre, chez des amis,
37:20ou si c'était au théâtre,
37:22il avait ce stylo qui s'éclairait, vous savez.
37:24Et il prenait des notes et tout ça.
37:26Il disait
37:28j'adore les aéroports, j'adore les
37:30gares, j'adore la ville et la rue
37:32parce que c'est là qu'on apprend
37:34beaucoup des fonctionnements
37:36des gens, des réactions des gens.
37:38Et il y a des choses qui basculent dans la fiction
37:40parce qu'elles viennent de la vie, ces choses-là.
37:42Il se nourrissait de ça.
37:44Il a joué Molière une fois à la télévision avec Adjani
37:46dans Le Grand Échiquier. Mais finalement, le théâtre,
37:48c'est ce qu'il adorait par-dessus tout.
37:50C'est pas forcément ce qu'on retient
37:52de jour de lui.
37:54On s'amusait tous les deux à faire
37:56des essais. Il disait
37:58heureusement que je n'étais pas
38:00acteur dans ma vie, on aurait été
38:02à la soupe populaire parce qu'il était pris de fou rire.
38:04Il avait du fou rire. Dès qu'il commençait
38:06à apprendre un truc, il m'a
38:08raconté des scènes, mais hilarantes, avec
38:10Yves Robert, mais il partait dans le couloir.
38:12Il n'arrivait pas.
38:14En fait, il a écrit. C'était mieux.
38:16Il était le premier auditeur
38:18ou spectateur de ce qu'il écrivait.
38:20Oui, c'est ça, absolument.
38:22Tout a commencé, il faut le savoir, au service
38:24militaire lorsqu'il voit quelqu'un
38:26à la télévision et qu'il lui écrit une lettre
38:28et qu'un jour plus tard, à la télé,
38:30il voit ce sketch.
38:32Bonne fête, Paulette.
38:38Je vais lui dire à ma femme.
38:40Bonne fête, Paulette.
38:42Guy Bedos, il l'a découvert
38:44à la télévision.
38:46Pendant qu'il était effectivement
38:48à l'armée, il regarde la télévision
38:50et il voit un petit bonhomme qui ressemble à...
38:52C'est pas péjoratif, mais quelqu'un comme
38:54un petit Chaplin, un petit Robert Hirsch
38:56qui, effectivement,
38:58avait un tempérament sur la scène.
39:00Ça l'a inspiré. Il a écrit ce sketch
39:02qu'il a envoyé à l'émission
39:04Jean-Christophe Averti,
39:06télévision française, Paris.
39:08La lettre est arrivée.
39:10Avec le cachet de militaires.
39:12Oui, oui. Et donc, finalement, 15 jours après,
39:14Robert l'autre,
39:16il se trouve devant la télévision et il voit son sketch
39:18qui prend vie, vous imaginez.
39:20Et ça a été le point de départ d'une amitié
39:22avec Guy Bedos.
39:24Oui, une collaboration étroite avec Sophie, avec Guy.
39:26C'était une
39:28bonne aspiration,
39:30tous les trois.
39:32Vous racontez dans ce livre que Guy Bedos a tenté d'enlever
39:34Julien Craque à la sortie du Gisecto de Bernard.
39:36Quelque chose que tout le monde ignore.
39:38C'est fou.
39:40Il y a aussi une autre chose.
39:42Il y a une émission qui a fait scandale à la télévision
39:44dans les années 60, c'était Les Raisins Verts.
39:46Et Jean-Christophe Averti a eu comme collaborateur
39:48Jean-Loup Davani.
39:50C'est étonnant, ça.
39:52C'est tout à fait étonnant, mais il a suivi Jean-Christophe.
39:54Il y avait des choses qui étaient un peu sévères
39:56pour l'audimat de l'époque,
39:58ceux qui regardaient ses émissions,
40:00les petits poupons qu'on passe dans la molinette.
40:02Mais Jean-Loup
40:04a été très franc avec lui,
40:06mais il ne l'a jamais lâché.
40:08Il le soutenait.
40:10Il n'avait pas du tout la même forme d'humour.
40:12C'est sûr, c'est pas la même forme d'humour.
40:14Mais il travaillait quand même avec lui.
40:16Il lui apportait des idées et des textes.
40:18Et dans cette émission,
40:20moi j'ai un souvenir d'enfance, c'est une vieille dame
40:22qui s'appelait Louise Petit,
40:24qui avait la tremblote, qui jouait dans un cabaret
40:26où ces trois petits vieux s'appelaient Chez Nous.
40:28Et c'était monstrueusement laid.
40:30Mais le public était là tous les soirs
40:32parce qu'elle était passée à la télé dans Les Raisins Verts.
40:34C'était scandaleux.
40:36Et puis il y a eu aussi,
40:38il n'aimait pas l'économie musicale,
40:40mais il a quand même un jour
40:42collaboré à un succès dans la chanson.
40:52Sous le soleil, exactement, Anna Karina.
40:54Oui, Anna Karina.
40:56Parce qu'on pense beaucoup à Anna Karina et Jean-Luc Godard,
40:58mais il y a eu Jean-Loup Dabadie aussi.
41:00Oui, non, il n'était pas très fervent
41:02pour décrire l'économie musicale.
41:04D'ailleurs, Richard Cochent a tenté de lui proposer
41:06un projet comme ça, mais c'était
41:08pas son univers, effectivement.
41:10En même temps, ça a été au départ un téléfilm,
41:12je crois, avec Jean-Claude Brialy.
41:14Et c'est comme ça que la chanson est née.
41:16Mais c'était quelque chose qui a marqué les gens
41:18ensuite. Et puis il y avait Jacques Villerey.
41:20Jacques Villerey, ça a été aussi
41:22un bonheur et puis une grande tristesse
41:24d'un gâchis.
41:26Il est parti trop tôt, notre Jacques, bien sûr.
41:28On le voyait avec Jean Becker,
41:30on a eu des moments formidables
41:32avec cet homme.
41:34Après, il a écrit des sketchs,
41:36comme on connaît, et félicitations.
41:38C'est une vérité incroyable.
41:40Oui, mais en même temps, c'était un personnage
41:42double. Il aurait mérité de faire
41:44une planque là. Il disparaissait. Moi, je me souviens
41:46d'un jour où Francis Weber me dit
41:48on a perdu Jacques Villerey.
41:50Et par hasard, trois jours plus tard, je vais dans un cabaret
41:52de Montmartre, il était là depuis trois jours.
41:54Son petit problème, c'est qu'il avait un petit problème
41:56lié un petit peu à l'alcool,
41:58mais un talent immense, un grand,
42:00grand manque dans le cinéma français.
42:02Je vais vous raconter une anecdote. Un soir, je suis chez moi,
42:04mon répondeur sonne, je prends pas l'appel,
42:06Jean-Loup Dabadie, qui remerciait Jacques
42:08pour un sketch qu'il faisait jouer à la télévision.
42:10Il a confondu, j'avais un numéro voisin
42:12de Jacques Villerey, et Jean-Loup m'a appelé
42:14en me remerciant d'un sketch. J'ai pas compris tout de suite.
42:16Alors, il se trouve
42:18il y a aussi le Vison Voyageur, qui est un classique
42:20du théâtre, et là aussi,
42:22ça doit beaucoup à Jean-Loup Dabadie.
42:24Alors donc, c'était créé par Poiré et
42:26Serrault. Ils ont été trois ans à la chiche
42:28quand même. Je vous dis, c'était son idole, Poiré.
42:30Et puis bon, ça a été rejoué.
42:32Et ça a été repris récemment
42:34avec une mise en scène de Michel Faux
42:36et Sébastien Castro.
42:38Et bon, voilà.
42:40C'était une belle aventure de revoir cette pièce.
42:42Là aussi, c'est une mécanique
42:44parce que Poiré et Serrault étaient extraordinaires,
42:46mais cette pièce qu'on a vue dans
42:48le théâtre ce soir, c'était une mécanique.
42:50Et ça, la mécanique, c'était très important pour Jean-Loup Dabadie.
42:52Oui, bien sûr.
42:54Mais bon, voilà. Je peux pas
42:56trop vous dire par rapport au Vison Voyageur.
42:58Moi, je les ai vues en captation
43:00à la télévision.
43:02Mais c'était la mécanique habituelle.
43:04Je crois qu'il a fait copie privée
43:06pour Michel Sardou.
43:08Comédie privée pour Michel Sardou et Marianne Chazelle.
43:10Là aussi, ça a été quelque chose de très précis.
43:12Il a adapté 5 pièces
43:14américaines, oui.
43:16Et à chaque fois, adapter une pièce,
43:18c'est pas si simple.
43:20Non, c'est pas si simple. Mais il demandait toujours free adaptation.
43:22C'est-à-dire qu'il fallait qu'il ait une liberté totale.
43:24Et puis, il était à l'aise
43:26dans ce travail et puis ça donnait des bonnes choses.
43:28C'est comme Madame Marguerite aussi.
43:30Il a adapté. À partir du moment où il avait
43:32les choses en main, liberté totale,
43:34ben voilà.
43:36Madame Marguerite, c'était le dernier grand succès d'Annie Girardot.
43:38Oui, son dernier grand succès.
43:40Et là, il a travaillé avec elle.
43:42Comment il faisait pour travailler avec quelqu'un ?
43:44Il était presque dans la peau
43:46cette personne pour l'écrire.
43:48Comment vous dire ?
43:50Il avait déjà fait des films avec elle.
43:52Donc, il la connaissait.
43:54Cette pièce a eu un succès
43:56dans les premières années. Elle a rejoué plus tard.
43:58C'est une pièce
44:00qui aurait pu continuer
44:02mais qui est interdite maintenant
44:04parce que Roberto Taïd ne permet plus
44:06que ce soit le texte de Jean-Loup Dabany.
44:08Pourquoi ?
44:10Pourquoi ? La jalousie des auteurs ?
44:12Qu'est-ce que vous voulez ? Je ne sais pas. J'ai pas d'autre explication.
44:14Parce qu'on me demande tout le temps
44:16on serait très intéressé
44:18à jouer Madame Marguerite.
44:20Je leur dis, écoutez, maintenant
44:22c'est Monsieur Roberto Taïd
44:24qui met une interdiction
44:26à ce que ce soit le texte de Jean-Loup.
44:28Il y a une soirée que vous avez vécue
44:30le 11 octobre 2016
44:32la 8ème édition du Festival Lumière.
44:34C'est-à-dire que là, il a eu
44:36l'hommage du cinéma à Lyon.
44:38Oui, Thierry Frémaux
44:40merveilleux ami et qui nous a reçus
44:42plusieurs fois à Lyon.
44:44Et là, effectivement, il y avait
44:46un hommage merveilleux pour Jean-Loup.
44:48Heureusement. Et même Guy
44:50était venu le voir. C'était un moment assez...
44:52Guy Bedos, oui.
44:54Guy Bedos était venu sur la scène.
44:56On les a vus tous les deux. Il y a eu une masterclass.
44:58Enfin bon, voilà.
45:00Une masterclass au cours de laquelle il a expliqué
45:02aux jeunes ses secrets de fabrication.
45:04En disant comment on travaille un personnage
45:06comment on met une voix off
45:08sur un dialogue.
45:10Oui, ça c'était son truc.
45:12Jean-Loup, il aimait beaucoup les voix off.
45:14C'était quelque chose qu'il exploitait beaucoup
45:16dans son cinéma.
45:18Oui, il a expliqué beaucoup de choses.
45:20Moi, j'étais présente, effectivement.
45:22C'était toujours l'écolier
45:24très rigoureux, sa méthode.
45:26Oui, pour toutes choses.
45:28Oui, mais il était en même temps aussi souriant qu'angoissé
45:30parce qu'il avait ses angoisses.
45:32C'était une chose qui allait de pair, oui.
45:34Très angoissé, très inquiet.
45:36En même temps,
45:38beaucoup de dérision.
45:40On riait beaucoup dans la journée.
45:42C'était quelque chose d'assez salvateur.
45:44Mais oui, c'est un inquiet.
45:46Est-ce que ça remonte
45:48au moment de la séparation de ses parents ?
45:50Je ne sais pas.
45:52Mais c'était un inquiet toute sa vie.
45:54Comment peut-on être inquiet alors qu'on a tant de talent
45:56et qu'on a tant de réussite et qu'on sait que ça va marcher ?
45:58On ne sait pas que ça va marcher.
46:00Il y a toujours
46:02la période probatoire.
46:06C'était des contrastes.
46:08C'était en lui.
46:10C'était la tristesse,
46:12l'humour, le rire, l'inquiétude.
46:14Il fonctionnait comme ça.
46:16C'était quelqu'un qui était ying et yang tout le temps.
46:18C'était quelque chose qui fonctionnait comme ça.
46:20C'était sa nature.
46:22Mélancomique, il était.
46:24Je n'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi élégant
46:26dans la tenue que dans les mots.
46:28Vous avez raison de le dire.
46:30Très élégant, très respectueux.
46:32Oui, très élégant.
46:34C'était quelqu'un qui était dedans
46:36comme dehors élégant.
46:38Et écoutant tout, quoi qu'il arrive.
46:40Il s'intéressait à tout.
46:42Je l'ai vu quelques fois écouter des choses
46:44alors que visiblement, ce n'était pas sa tasse de thé.
46:46Il pouvait s'impatienter
46:48mais il ne le montrait pas.
46:50Il y avait des moments d'un certain dîner
46:52où je voyais qu'il se levait.
46:54Il allait même travailler au bout de l'appartement.
46:56Il avait toujours
46:58ce savoir-vivre, évidemment.
47:00Et puis, il y a
47:02beaucoup de témoignages d'amis dans le livre que vous avez ajouté.
47:04C'est une grande chance.
47:06Beaucoup de gens ont répondu présents.
47:08Même Adjani,
47:1048 heures, elle a demandé
47:12ça ne vous enduit pas mais je pourrais vous répondre
47:1448 heures.
47:16Nous avons des merveilleux témoignages,
47:18des belles signatures.
47:20Vous avez voulu ces témoignages parce que ça apportait
47:22quelque chose, un complément à ce que vous racontez.
47:24C'est-à-dire
47:26je voulais savoir,
47:28Jean-Loup est aimé, mais je voulais savoir
47:30bien sûr, il est toujours vivant
47:32dans le cœur de ces personnes.
47:34Mais c'était important de mettre aussi
47:36tout son travail
47:38qui est un lien
47:40avec tous ces sketchs
47:42parce qu'il y a beaucoup de personnes qui disent
47:44ah c'est Jean-Loup qui a écrit ça,
47:46ah c'est Jean-Loup qui a fait ça.
47:48On ne met pas forcément un visage
47:50mais on connaît ses œuvres.
47:52Donc je voulais qu'il y ait un rapport étroit
47:54connecté entre tous ces personnages et lui.
47:56Je pense effectivement
47:58qu'il était unique et qu'on aura peut-être du mal
48:00à trouver un nouveau Jean-Loup de Badié aujourd'hui.
48:02Il est unique, je vous rassure.
48:04Il avait une modestie aussi incroyable.
48:06C'est toujours
48:08le phénomène de l'inquiétude, une modestie.
48:10Bien sûr, toujours prêt à se remettre à l'ouvrage.
48:12Si quelqu'un lui disait dans la chanson
48:14ou au théâtre, il faudrait Yves se mettre au travail.
48:16Jamais Yves ne l'a dit.
48:18Non, non, non, il n'est pas question.
48:20C'est quelqu'un qui avait beaucoup d'humilité par rapport à ça.
48:22Et vous le racontez très bien dans ce livre avec François Spiazza
48:24Jean-Loup, temps d'amour
48:26et on sent tout l'amour que vous lui portez
48:28et que nous lui portons et que nous lui conservons.
48:30Merci infiniment.
48:32Merci à vous Véronique Dabadie.
48:34Merci Jacques pour le souvenir de Jean-Loup et cette continuité j'espère.
48:36Ne changeons rien.
48:38Ici les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:40Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
48:42Et à bientôt.

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