• il y a 6 mois
Thierry Cabannes reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 - Bonsoir à tous, je suis ravie de vous retrouver. Bonjour Céline Pinard, merci.
00:00:03 Je vous en prie, installez-vous, passez devant la caméra.
00:00:06 Ravi de vous retrouver pour cette édition de Midi News.
00:00:08 C'est une journée importante, importante pour les petits garçons et les petites filles que nous fûmes,
00:00:13 et à qui on a raconté très tôt, bien sûr, l'histoire de ce débarquement.
00:00:17 80 ans aujourd'hui, il y a 80 ans, 156 000 soldats des forces alliées débarquaient au lever du jour
00:00:24 sur les vastes étendues des plages normandes, sur des embarcations qui s'étiraient à perte de vue.
00:00:29 Heureusement, cette journée est quand même assez documentée.
00:00:32 Quel spectacle impressionnant, mais pour pouvoir libérer la France et le reste de l'Europe,
00:00:36 il a fallu pour beaucoup le payer de leur vie.
00:00:40 Ce fut le cas, évidemment, en ce petit matin du 6 juin 44 à Omaha Beach,
00:00:43 dite la sanglante qui a vu des milliers de soldats américains tomber sous les balles et l'artillerie allemande.
00:00:50 Les premières lignes complètement décimées, on va y revenir,
00:00:53 et c'est à eux, notamment, que Joe Biden et Emmanuel Macron vont rendre hommage aujourd'hui
00:00:58 dans cette cérémonie de colville sur mer, située sur la falaise qui domine littéralement la plage d'Omaha.
00:01:06 Pour rappel, c'est une concession américaine.
00:01:08 Il y a 9 387 tombes et vous voyez les invités d'honneur, ils sont déjà sur place.
00:01:14 Eux n'ont pris aucun retard, ils voulaient pour rien au monde rater ce grand moment.
00:01:19 Combien sont-ils encore ? Plusieurs dizaines, peut-être une petite centaine au moins de vétérans.
00:01:25 Mais combien seront-ils encore dans 10 ans ?
00:01:27 Voilà, on comprend à quel point cette commémoration en ce 80e anniversaire est importante.
00:01:33 Pour m'accompagner et suivre le déroulé de la cérémonie, j'ai le plaisir de recevoir Michel Chevalet.
00:01:39 Bonjour Michel, merci d'être avec nous.
00:01:41 Vous allez nous être précieux pour les petites anecdotes aussi de cette journée, pour la partie militaire.
00:01:46 Bien sûr, Bruno Clermont, merci à vous d'être présent.
00:01:48 Thomas Bonnet, il sera beaucoup question politique, on va le comprendre dans un instant.
00:01:51 Céline Pinard est là, bienvenue.
00:01:54 Gabriel Cluzel et André Valigny, merci à tous les six de m'accompagner.
00:01:59 Alors, je le disais, c'est une concession américaine comme la pointe du Hoc.
00:02:02 Et donc, à cet égard, si j'ai bien compris, général, c'est l'Amérique qui accueille,
00:02:08 qui organise cette première grande cérémonie de la journée,
00:02:11 puisque Joe Biden va venir au devant d'Emmanuel Macron.
00:02:15 Donc, il est censé arriver avant lui.
00:02:17 Oui, les Américains sont chez eux à Colville.
00:02:20 C'est la plage sur laquelle ils ont laissé, au cours de la première journée du débarquement,
00:02:26 4700 soldats. Omaha Beach, la sanglante.
00:02:30 Les Américains avaient deux plages à tenir.
00:02:31 Il y avait cinq plages. Les Alliés, c'était la partie cinq plages, dans un secteur de cinq plages.
00:02:35 Il y avait deux plages pour les Américains. Omaha Beach à Utah.
00:02:38 Il y avait deux plages pour les Britanniques et une plage pour les Canadiens.
00:02:40 Mais c'est effectivement Omaha Beach que le débarquement a été le plus sanglant pour des raisons militaires,
00:02:44 que j'expliquerai peut être plus tard.
00:02:45 Mais c'est un des temps forts de cette cérémonie des 80 ans.
00:02:49 C'est effectivement le président Biden, Omaha Beach et les 200 anciens combattants,
00:02:54 vétérans américains qui ont réussi, dont la moyenne d'âge est de 100 ans,
00:02:57 voire plus de 100 ans, qui sont présents pour ces 80 ans.
00:03:00 Et on les voit tous sourire, certains d'ailleurs qui ont de belles histoires à raconter.
00:03:03 On a vu tout à l'heure ce sujet consacré à Jake Larson, qu'on a aperçu d'ailleurs aux premières loges.
00:03:09 C'est un survivant évidemment de ce 6 juin.
00:03:10 Il est même devenu une star des réseaux sociaux grâce à sa petite fille.
00:03:13 Il y a une vraie belle histoire derrière, parce qu'elle lui a ouvert un compte pour qu'il puisse raconter
00:03:18 les différentes séquences et émotions par lesquelles il est passé ce jour-là.
00:03:22 Céline Pina, pourquoi c'est important à vos yeux que cette séquence qui s'étire sur trois jours,
00:03:27 et on verra aussi à la portée politique que ça comporte ?
00:03:30 Parce que si nous vivons aujourd'hui en démocratie, si nous sommes libres,
00:03:36 si nous revendiquons l'égalité en droit entre tous les hommes, c'est grâce à ces hommes-là.
00:03:43 Tous ces gens qui ont laissé leur sang sur les plages normandes et puis plus tard,
00:03:47 dans la reconquête de la France, sont des gens qui nous ont donné une formidable leçon de courage
00:03:54 et qui nous ont dit qu'il fallait savoir se lever et se battre pour ce qui comptait le plus pour nous.
00:03:59 Et ce qui est paradoxal, c'est que finalement aujourd'hui, on va célébrer le courage,
00:04:04 alors que sincèrement, quand on voit l'aéropage de politiciens sur l'estrade,
00:04:10 on n'a franchement pas le sentiment d'être avec les héritiers de Churchill, de Roosevelt, de De Gaulle.
00:04:16 Aujourd'hui, on voit monter un nouveau totalitarisme, on voit l'islamisme monter,
00:04:20 on voit le retour des crimes contre l'humanité et des pogroms.
00:04:25 Et tous ces gens-là qui vont acclamer et expliquer que d'autres se sont battus contre le totalitarisme avant eux,
00:04:33 eux ont déposé les armes, eux sont très lâches face aux violences de notre temps.
00:04:38 Et je trouve qu'il y a là un contraste qui interroge,
00:04:43 mais qui n'est pas forcément en l'honneur de nos politiciens et de notre temps actuel.
00:04:49 C'est un peu le sens du message, on en sait un petit peu plus sur la manière dont Emmanuel Macron
00:04:54 a présenté à Vladimir Poutine la non-invitation de la Russie.
00:04:59 Et aujourd'hui, vous êtes en train de faire de l'exact inverse que le message qu'on souhaitait envoyer à cette époque-là.
00:05:03 Oui, il a précisé cela parce que visiblement il va faire allusion au front de l'Est
00:05:08 lors de son discours tout à l'heure à Omaha Beach plus précisément.
00:05:12 Et évidemment, les représentants russes ne sont pas là lors de ces commémorations.
00:05:16 Et Emmanuel Macron estime évidemment, et comme vous l'avez rappelé,
00:05:19 que la guerre d'agression qu'il mène actuellement en Ukraine
00:05:22 est l'exact opposé des valeurs que véhicule le débarquement.
00:05:27 C'est donc pour cette raison qu'il n'a pas invité Vladimir Poutine.
00:05:30 D'ailleurs, on le voit aussi, il y a par exemple Nancy Pelosi, qui est la présidente de la Chambre des représentants aux États-Unis,
00:05:35 qui est également présente, qui porte un pin's aux couleurs de l'Ukraine
00:05:39 et qui fait elle aussi un parallèle entre ce débarquement, le fait de recouvrer la liberté, la souveraineté, l'indépendance
00:05:46 et la guerre d'agression qui se joue actuellement en Ukraine.
00:05:48 Alors pour le coup, ce n'est pas du tout moi ce que je voulais dire, c'est ceux que je pense lâches aujourd'hui.
00:05:52 Oui, oui, je comprends.
00:05:53 C'est Emmanuel Macron.
00:05:54 Mais ça m'a fait panier.
00:05:54 Même si, de fait...
00:05:56 Ça m'a fait penser au message politique que lui avait voulu relayer aussi sur la mise en parallèle.
00:06:00 Mais 20 millions de morts quand même pour les Russes et ils ne sont pas là, c'est un peu gênant quand même.
00:06:05 Bien sûr.
00:06:06 Et les Ukrainiens quand même, qui faisaient partie de l'armée rouge aussi.
00:06:09 André Valigny, c'est une belle image.
00:06:12 J'aimerais aussi qu'on s'attache vraiment aux images.
00:06:14 Ils sont, pour certains, encore en forme.
00:06:17 Pour d'autres, on sent que ça a été un voyage éprouvant,
00:06:20 ce qui dénote le courage qu'il leur a fallu aussi et la volonté pour venir.
00:06:26 Ça force le respect quand même.
00:06:28 Oui, bien sûr, ce qui force le respect, c'est leur présence.
00:06:31 Et ils sont, pour certains, handicapés, sur des fauteuils roulants.
00:06:34 Ils sont venus quand même.
00:06:35 Mais ce qui force le respect avant tout, c'est de se souvenir des images, notamment des films,
00:06:40 comme "Il faut sauver le soldat Ryan", voir ces jeunes de 18 ans sur des barges qui débarquaient,
00:06:46 qui savaient que la mort les attendait.
00:06:48 Certains avaient très peur, parce qu'ils avaient peur, ils le disent d'ailleurs.
00:06:51 Les survivants disent "on avait très peur, la plupart sont morts".
00:06:54 C'est vraiment un courage énorme qu'il leur a fallu aux Américains, aux Canadiens, aux Anglais,
00:07:00 aux commandos kiffeurs, n'oublions pas les Français qui étaient là aussi.
00:07:03 Et puis c'est vrai que c'est dommage que les Russes ne soient pas là,
00:07:06 parce que je trouve que Macron a eu raison de ne pas inviter Poutine.
00:07:09 Poutine lui-même, bien sûr, mais les Russes et le front russe
00:07:12 ont contribué au moins autant à la victoire sur le nazisme
00:07:16 que le débarquement en Normandie ou le débarquement en Provence.
00:07:19 Et c'est un peu dommage qu'à cause de cette guerre
00:07:23 qu'a déclenché Poutine contre l'Ukraine, les Russes ne soient pas là.
00:07:26 - Florian Tardif est sur place en direct avec nous.
00:07:30 Bonjour Florian.
00:07:32 Il semblerait que la cérémonie prenne un tout petit peu de retard,
00:07:34 puisqu'on l'a encore aperçu Emmanuel Macron il y a quelques minutes,
00:07:37 à celle qui précède, avec les Anglais.
00:07:40 C'est donc Joe Biden qui va attendre logiquement le président de la République.
00:07:45 On sait que les deux hommes quand même enclenchent un cycle de rencontres,
00:07:47 parce qu'il y a les cérémonies du souvenir, c'est important,
00:07:50 mais il y a aussi d'autres sujets brûlants qu'on a déjà plus ou moins abordés,
00:07:53 que les deux chefs d'État vont aborder en marge également.
00:07:56 - Oui, tout à fait. La cérémonie ici britannique à Vers-sur-Mer
00:08:02 vient de se terminer et donc à présent,
00:08:05 le président de la République est attendu à Colville-sur-Mer,
00:08:08 à quelques kilomètres de là où nous nous trouvons,
00:08:10 afin de participer à cette cérémonie pour rendre hommage
00:08:15 aux soldats américains tombés lors du débarquement il y a 80 ans,
00:08:19 aux côtés de Joe Biden.
00:08:21 Ça ouvre en quelque sorte cette visite d'État du président américain,
00:08:27 prévue entre le 5 et le 8 juin ici en France.
00:08:33 Séquence bien évidemment mémorielle pour l'heure,
00:08:36 avant peut-être d'aborder des sujets plus politiques,
00:08:39 ça sera dans un second temps, après la fin des commémorations
00:08:43 qui se dérouleront jusqu'à demain, tout simplement parce que
00:08:46 le président américain est attendu à Paris
00:08:49 et il doit s'entretenir à plusieurs reprises
00:08:52 avec le président français.
00:08:55 Un tête-à-tête est prévu notamment à l'Elysée
00:08:57 dans l'organisation d'un dîner d'État
00:09:00 et d'ores et déjà l'entourage du président de la République
00:09:02 nous a fait savoir que durant ce tête-à-tête organisé
00:09:06 dans l'après-midi à l'Elysée,
00:09:08 plusieurs sujets seront abordés entre les deux chefs d'État.
00:09:11 Vous avez évoqué à l'instant la guerre entre la Russie et l'Ukraine,
00:09:14 ça fera partie des sujets évoqués,
00:09:16 mais également des sujets peut-être plus économiques.
00:09:19 On a assez souvent parlé depuis maintenant deux ans
00:09:23 de l'Ira, l'Inflation Reduction Act,
00:09:27 jugé comme pouvant être menaçant pour l'économie européenne.
00:09:30 Eh bien, ça sera également un des sujets
00:09:33 qui sera abordé par les deux chefs d'État.
00:09:35 Donc voilà, séquence mémorielle aujourd'hui
00:09:38 avant d'aborder une séquence peut-être un peu plus politique,
00:09:40 économique, géopolitique également
00:09:42 avec le président américain dans quelques jours.
00:09:44 Merci Florian, je vous dis à tout à l'heure,
00:09:46 mais pas sûr parce qu'on sait qu'avec la sécurité,
00:09:48 une fois que tout le monde est en place,
00:09:49 c'est très difficile de bouger du périmètre qui vous a été alloué.
00:09:53 Donc voilà, on croise les doigts pour vous avoir
00:09:55 dans le courant de cette cérémonie.
00:09:57 Gabriel Cluzel, à votre sens,
00:09:58 on entame à peine, à vrai dire, les commémorations.
00:10:02 On sait que le point d'ordre ce sera cet après-midi
00:10:03 pour la commémoration internationale à proprement parler
00:10:05 avec tous les chefs d'État, sauf donc Vladimir Poutine.
00:10:10 Que retiendra-t-on de ce 80e anniversaire ?
00:10:13 Ce sont ces visages qui arrivent encore à parler de leurs souvenirs ?
00:10:18 Je crois qu'il est important, que ces commémorations sont importantes.
00:10:20 Même si au fur et à mesure où les vétérans disparaissent,
00:10:23 eh bien, ça devient un peu plus politique.
00:10:25 On sent bien que c'est repris en main par les politiques
00:10:27 avec des messages politiques.
00:10:29 Il faut rappeler qu'Emmanuel Macron, comme Joe Biden,
00:10:31 ne sont pas à la même échéance, mais sont en campagne électorale.
00:10:33 Donc, il ne faut pas être naïf et évacuer cette dimension-là.
00:10:37 Mais néanmoins, pour notre jeunesse en quête de sens,
00:10:41 ça me paraît vraiment essentiel.
00:10:43 Moi, je suis frappée de la façon dont les Américains
00:10:45 savent aussi faire perdurer, rendre hommage à leur mort
00:10:49 et faire perdurer leur roman national.
00:10:51 Parce que nous aussi, nous avons 177 membres du commando Kieffer
00:10:55 qui ont débarqué en Normandie.
00:10:56 Et c'est important que nos jeunes le sachent.
00:10:59 Et vous parliez des films "Il faut sauver le soldat Ryan".
00:11:03 La France est tout à fait incapable de faire ce genre de choses.
00:11:06 Quand elle fait du cinéma, c'est plutôt pour aller jeter l'opprobre
00:11:09 à part peut-être les films de Schoendorfer,
00:11:11 mais qui restent quand même un cinéma d'initié.
00:11:13 Il y a peu de films qui rendent hommage comme ça à notre armée
00:11:17 qui a eu des heures glorieuses.
00:11:18 Et c'est vrai que ça a contribué, évidemment, à faire connaître
00:11:21 ces instants de bravoure.
00:11:24 Évidemment, c'est très touchant.
00:11:25 Tous ces jeunes de 20 ans, je ne sais pas,
00:11:26 moi, j'y suis allée il n'y a pas très longtemps avec mes enfants
00:11:28 à Colville-sur-Mer.
00:11:29 Il faut voir les dates.
00:11:31 Mes enfants me disaient "Oh là là, ils ont 18 ans, 20 ans".
00:11:34 Et mourir, c'est déjà une chose, mais mourir si loin de chez soi,
00:11:39 sortir de la barge un matin, au petit matin en Normandie,
00:11:42 de cette façon-là, avec pour certains une mort presque assurée
00:11:46 au bout du chemin, eh bien, c'est évidemment un acte de bravoure
00:11:49 qui aujourd'hui nous paraît presque fou.
00:11:52 Donc, ça me semble extrêmement important de continuer à le commémorer.
00:11:56 Moi aussi, je suis un peu heurtée de voir que la Russie n'est pas là,
00:12:00 parce qu'évidemment, c'est mettre de côté une dimension
00:12:06 qui est juste historique.
00:12:07 C'est une forme d'anachronisme.
00:12:10 Alors, vous avez parlé de l'Ukraine.
00:12:11 C'est vrai qu'une partie des Ukrainiens était aux côtés des Russes,
00:12:15 mais pas tous, parce qu'il faut savoir qu'avec,
00:12:18 vous en avez peut-être déjà parlé sur ces plateaux,
00:12:20 mais qu'avec l'holodomor, il y a eu une telle déchirure
00:12:23 entre Ukrainiens et Russes que certains Ukrainiens n'ont pas fait,
00:12:27 n'ont pas choisi ce côté-là, parce que pour eux, c'était vraiment le diable.
00:12:32 Ça me rappelle, pardon, j'essaie juste d'en finir sur un point,
00:12:34 même si ce n'était pas tout à fait aussi médiatisé.
00:12:37 On avait oublié, pendant les commémorations de la guerre de 14-18,
00:12:41 en 18, on avait oublié les Serbes.
00:12:43 Les Serbes qui, vraiment, s'étaient battus aux côtés des Français.
00:12:47 Ça avait alimenté la rancœur dans la population serbe,
00:12:51 et je trouve que c'est tout à fait regrettable.
00:12:52 Oui, parce qu'on était dans l'après-séquence du Kosovo.
00:12:56 Et après, évidemment, l'histoire n'a pas été adaptée aux chausses-pieds
00:13:01 à nos contingences politiques.
00:13:02 En effet.
00:13:03 Revenons sur la question des vétérans, Bruno Clermont.
00:13:05 Est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'en France,
00:13:07 on a un petit peu du mal avec la perpétuation de la mémoire de nos vétérans ?
00:13:11 Oui, je pense que c'est vrai.
00:13:12 D'ailleurs, une chose assez simple, c'est qu'en fait,
00:13:15 personne ne sait que 3000 Français ont participé au débarquement.
00:13:18 On parle tout le temps du commando Kieffer,
00:13:19 parce qu'évidemment, il était en première ligne,
00:13:21 il a débarqué au sol avec les troupes britanniques.
00:13:25 Mais il y avait 2600 marins,
00:13:26 il y avait 12 bâtiments de guerre de la Marine nationale
00:13:28 qui ont participé à la protection des côtes,
00:13:31 qui ont transporté des soldats qui vont être débarqués.
00:13:35 Et puis, vous avez 125 avions de l'armée de l'air
00:13:38 et 227 pilotes qui ont mené des missions de guerre à l'occasion de ce jour-là.
00:13:43 Donc, on a un peu de mal avec cette histoire,
00:13:44 comme si en fait, on était toujours dans l'espèce de logique du général de Gaulle,
00:13:48 qui avait été un peu surpris par le débarquement,
00:13:50 puisqu'il n'en avait été informé que très tard
00:13:53 et qui, pour lui, avait été monté en quelque sorte dans son dos.
00:13:56 Il faut se souvenir qu'à l'époque, toutes les forces françaises,
00:13:58 les forces françaises libres qui étaient en Angleterre,
00:14:01 étaient par construction, par accord avec les Américains,
00:14:03 passées sous commandement américain.
00:14:05 Donc, je terminerai en disant qu'il faut effectivement rappeler
00:14:08 ce roman national.
00:14:09 Les Français ont participé au débarquement.
00:14:11 3000, c'est que 2% sur 150 000, mais c'est extrêmement symbolique.
00:14:15 Et ils ont failli mourir comme tous les autres.
00:14:16 D'ailleurs, certains sont morts.
00:14:18 Et le général de Gaulle, quand il a pris la parole pour la première fois,
00:14:21 le 6 juin 1944, à la demande de Churchill,
00:14:24 alors qu'il ne voulait pas prendre la parole,
00:14:25 ce débarquement, en quelque sorte, le gênait.
00:14:28 Il savait que c'était la bataille de France.
00:14:30 D'ailleurs, son discours parle aux Français, parle de la France,
00:14:34 parle de l'installation d'un gouvernement proviseur de la France.
00:14:36 Il réinstalle la France et il rappelle que c'est le début
00:14:39 de la bataille de France qui commence.
00:14:40 Alors, tandis que vous parliez, et pour être tout à fait précis,
00:14:43 ces images que vous apercevez, ce n'est pas Colville-sur-Mer,
00:14:46 mais une autre cérémonie, parce qu'il y a plusieurs cérémonies concomitantes.
00:14:48 C'est très, très dense.
00:14:50 On rend hommage à tous les soldats des nationalités diverses,
00:14:54 des alliés qui nous ont accompagnés.
00:14:55 Là, on est à Courseul-sur-Mer, dans le Calvados.
00:14:58 Et vous voyez Gabriel Attal qui est venu à la rencontre des vétérans canadiens.
00:15:02 Là aussi, il ne faut pas minimiser leur rôle.
00:15:04 Ils ont été très nombreux.
00:15:05 Eux aussi, ils ont tenu une plage entière.
00:15:08 Michel Chevalet, j'aimerais qu'on parle un petit peu de la logistique
00:15:11 de ce jour-là et de ce qui a failli complètement être raté.
00:15:16 C'est-à-dire, ne serait-ce que la météo,
00:15:18 il y a eu beaucoup d'incertitudes jusqu'au bout.
00:15:20 - Voilà, ils pouvaient jouer de malchance et il s'en est fallu de peu.
00:15:24 Vous verrez que ça tourne parfois à la catastrophe.
00:15:28 Moi, ce qui me bloffe, outre le fait d'armes militaires,
00:15:32 que décrit très bien Bruno, c'est toute la logistique qu'il a fallu mettre en place.
00:15:37 Il faut penser que l'Angleterre était devenue un porte-avions
00:15:40 ancré au large du continent à reconquérir.
00:15:44 Et là, pendant deux ans, il a fallu avoir la maîtrise de la mer
00:15:49 de façon à ce que les bateaux américains, canadiens,
00:15:53 qui arrivaient en Angleterre ne soient pas tampillés.
00:15:57 Eh oui, sinon la plupart allaient par le fond, les Liberté Ship.
00:16:01 Donc, il a fallu d'abord avoir la maîtrise.
00:16:02 Et on n'a eu la maîtrise que parce qu'il y a eu les sonars
00:16:05 qui ont permis de détecter les sous-marins
00:16:07 et donc les grenadés.
00:16:08 Donc, il a fallu avoir d'abord la maîtrise de la mer.
00:16:12 Ensuite, l'autre problème, ça a été de recueillir près de 2 millions de soldats.
00:16:18 Sur le sud de l'Angleterre, il y a eu 2 millions de soldats qui étaient là,
00:16:22 avec des milliers de camions, de chars.
00:16:25 – Mais ça, ça attire le regard, le regard de l'ennemi.
00:16:27 – Oui, oui, toutes les routes.
00:16:28 – Il a fallu dissimuler tout ça.
00:16:29 – J'ai mis des photos, toutes les routes du sud de l'Angleterre,
00:16:32 tous les champs étaient encombrés de matériel.
00:16:35 Il a fallu les tenter, il a fallu les héberger, il a fallu les nourrir,
00:16:37 il a fallu les laver, les raser, les entraîner,
00:16:40 les entraîner à utiliser le matériel, etc.
00:16:43 Vous voyez, et ça, c'est pas tout.
00:16:45 Donc ça, c'était pour le jour J.
00:16:48 Il a fallu aussi mettre de l'ordre dans toute la flotte de près de 5 000 bateaux
00:16:53 qui en une nuit ont traversé, sans qu'il y ait de catastrophe,
00:16:56 c'est-à-dire de collision.
00:16:58 Vous y pensez ?
00:17:00 La nuit, et la nuit, et la nuit, avec la houle,
00:17:03 parce qu'on va y revenir, la météo commençait à en jouer les tours.
00:17:08 À tel enceinte que le débarquement qui était prévu pour le 5,
00:17:11 il a été repoussé d'une journée en disant "il va y avoir une accalmie,
00:17:16 vous n'aurez que des creux de 2 mètres, c'est déjà pas mal, maximum,
00:17:21 il va falloir le clair de lune, les conditions,
00:17:23 pour que les types, quand ils vont sortir, puissent voir quelque chose,
00:17:27 et surtout les systèmes d'anti-débarquement qu'ont mis les Allemands,
00:17:32 et puis à marée basse, de façon à pouvoir voir
00:17:36 tous les systèmes installés par les Allemands.
00:17:38 Vous voyez, c'est pour ça qu'il y avait une fenêtre de tir très étroite,
00:17:42 et donc ça a été repoussé au 6.
00:17:44 Et là, c'est Eisenhower qui a dit "on ne peut plus maintenir les hommes
00:17:48 qui sont à bord des bateaux, on y va le 6".
00:17:52 Et le dernier point...
00:17:53 – Churchill n'était pas d'accord d'ailleurs.
00:17:54 – Comment ?
00:17:55 – On voit que Churchill n'était pas d'accord pour ce débarquement ce jour-là.
00:17:58 – Ah oui, vous voulez par le Sud, par les Ardennelles, enfin...
00:18:00 – Il s'est opposé au général Eisenhower,
00:18:02 il y a le film "Churchill" d'ailleurs qui le montre très bien,
00:18:05 il était persuadé, il avait raison, qu'il y aurait beaucoup trop de morts,
00:18:08 et que c'était un sacrifice quasiment pas inutile,
00:18:11 mais qu'il ne fallait pas faire comme ça.
00:18:12 Churchill était contre ce débarquement.
00:18:14 – Céline Bidart ?
00:18:15 – Churchill n'était pas forcément un stratège émérite.
00:18:20 C'était quelqu'un qui avait énormément d'énergie,
00:18:22 qui avait beaucoup de volonté, qui allait au bout de ce qu'il entreprenait,
00:18:25 mais il faut toujours se rappeler qu'en fait,
00:18:27 quand Churchill commence sa vie et sa vie militaire,
00:18:30 eh bien on charge encore sabre au clair et à cheval.
00:18:33 Il est de la fin du 19e siècle aussi.
00:18:36 On en fait un homme du 20e, c'est un homme du 19e siècle.
00:18:39 – Donc il est déjà un peu anachronique par rapport aux techniques.
00:18:41 – Oui, et il n'a jamais eu de formation militaire en termes stratégiques,
00:18:45 et donc très souvent, ces généraux parfois s'arrachent les cheveux.
00:18:48 Mais il y a quelque chose que Churchill a, il a de la chance.
00:18:52 Et il y a une anecdote qui le montre et qui est très amusante,
00:18:54 c'est qu'à un moment donné, vraiment,
00:18:56 Hitler bombarde l'Angleterre, Churchill est tout seul à résister,
00:19:01 et tous ses généraux lui disent "mais là, c'est l'armée,
00:19:05 c'est les endroits où on fait décoller les avions,
00:19:07 ce sont même nos réserves d'avions qui sont en train d'être détruites
00:19:10 par l'armée allemande".
00:19:12 Et puis Hitler finit par bombarder Londres.
00:19:15 Et là, Churchill pète un câble furieux,
00:19:18 et il dit à ses généraux "vous allez me bombarder Berlin".
00:19:20 Les mecs lui disent "mais il n'y a pas d'objectif militaire,
00:19:23 monsieur le Premier ministre, franchement, ça ne sert à rien,
00:19:25 en plus, ça va l'énerver".
00:19:27 Et eux, ils sont vraiment très inquiets,
00:19:28 ils ont vraiment peur de ne plus être capables de mener la guerre.
00:19:31 Et il dit "tant pis, on le fait quand même".
00:19:33 Ils le font, ils bombardent Berlin,
00:19:35 et là, Hitler a une réaction complètement stupide
00:19:37 et absolument pas stratégique,
00:19:39 il dit "puisque c'est comme ça,
00:19:40 vous allez arrêter de me bombarder les terrains d'aviation
00:19:43 et vous allez tout mettre sur Londres".
00:19:45 Sauf que ça va permettre à l'Angleterre
00:19:48 de pouvoir respirer et de refaire un petit peu
00:19:51 sa logistique, son armement, etc.
00:19:55 Et donc, une décision stupide va se révéler en fait très positive,
00:19:59 comme quoi la chance dans la vie, ça aide quand même énormément.
00:20:02 Et puisqu'on parle de Winston Churchill,
00:20:03 il faudrait aussi qu'on dise un mot du rapport de Churchill à de Gaulle,
00:20:06 parce qu'il l'agacait copieusement quand même le général de Gaulle
00:20:09 et il le trouvait bien encombrant,
00:20:10 y compris dans les jours des préparatifs du débarquement.
00:20:14 Gabrielle ?
00:20:15 Oui, c'est vrai que je pense que dans ces circonstances,
00:20:20 l'Angleterre n'était pas forcément prête à faire une place
00:20:24 importante à la France.
00:20:25 Il y avait sans doute beaucoup de siècles aussi de rancœurs
00:20:29 accumulés qui se jouaient ce jour-là.
00:20:32 D'ailleurs, quand on visite le musée de Caen du Mémorial,
00:20:38 un petit entrefilé explique que les Américains étaient,
00:20:41 semble-t-il, plus économes ou plus soucieux de la vie des civils
00:20:46 que ne l'avaient été à ce moment-là les Anglais.
00:20:48 C'était des Américains qui avaient dit "il faut envoyer
00:20:49 des petits papiers pour prévenir les populations civiles".
00:20:52 Elle doit être bombardée.
00:20:54 Je ne sais pas si le commentaire a été fait par un Américain,
00:20:56 mais je vous livre en tout cas ce que j'ai lu.
00:20:59 Ils expliquent que Levant malheureusement avait déporté
00:21:02 ces petits papiers et que peut-être les Français,
00:21:04 de toute façon, se seraient dit "mais pourquoi on nous demande
00:21:05 tout d'un coup de quitter nos maisons ?"
00:21:09 Donc c'est vrai qu'il y a toujours eu cette rivalité.
00:21:12 Moi, ce que je trouve très frappant aussi,
00:21:14 c'est ces deux trésors stratégiques.
00:21:17 Le premier, c'est de diversion.
00:21:18 Je crois qu'on appelle peut-être ça la déception en matière militaire.
00:21:22 De faire croire à l'ennemi qu'on allait débarquer ailleurs.
00:21:27 C'est incroyable.
00:21:27 L'opération Fortitude.
00:21:28 Ah oui, c'est quand même incroyable de voir tout ce qui a été développé,
00:21:32 une espèce d'ingénierie incroyable.
00:21:34 C'est fou les petits parachutistes en toile.
00:21:37 Il faut les reproduire à l'identique.
00:21:39 Il fallait aussi envoyer des faux espions à Berlin
00:21:42 pour faire croire en effet que le débarquement aurait lieu
00:21:45 à Calais et non pas plus au sud.
00:21:46 Exactement.
00:21:47 Donc ça, c'est quand même assez impressionnant.
00:21:49 Et puis les ports artificiels, le port artificiel d'Aromanche aussi,
00:21:52 qui est très impressionnant.
00:21:54 Là aussi, des trésors de technologie qui ont été mis au point
00:22:00 à la fois sur le temps long, mais de façon assez courte quand même.
00:22:03 Et je crois que c'est important, encore une fois,
00:22:05 d'emmener nos jeunes sur ces lieux-là.
00:22:08 Parlons quand même, tandis que là, on est toujours sur l'image
00:22:11 de Cours Sol-Sur-Mer, la cérémonie canadienne en présence de Gabriel Attal,
00:22:14 puisque Emmanuel Macron lui est attendu à Colville-sur-Mer
00:22:16 avec Joe Biden pour la cérémonie franco-américaine au cimetière américain.
00:22:21 Donc, vous l'avez compris, elle a été prévue pour démarrer à midi 30.
00:22:24 On accuse un gros retard.
00:22:26 Ça va être compliqué pour le reste de l'après-midi,
00:22:27 parce qu'on rappelle quand même qu'il y a l'autre cérémonie
00:22:29 qui est censée s'enchaîner à 15h30.
00:22:31 J'aimerais qu'on revienne à ce jour du 6 juin avec vous, Bruno Clermont.
00:22:37 Parfois, on ne comprend pas pourquoi il y a eu autant de pertes.
00:22:40 Michel évoquait l'importance des marées, de la météo,
00:22:44 mais pas seulement.
00:22:45 Il y a l'aviation qui, d'une certaine manière, a failli faire,
00:22:48 comment dire, compromettre l'opération de débarquement
00:22:51 parce qu'ils n'ont pas touché les cibles souhaitées
00:22:55 avec le succès qu'ils escomptaient quelques heures avant, n'est-ce pas ?
00:22:58 Alors ça, c'était vrai pour Omaha Beach en particulier.
00:23:01 Oui, mais là, comme on va vraiment être au-dessus avec Colville,
00:23:03 c'est vrai que je vous parle demain.
00:23:05 Il y avait une manœuvre aérienne,
00:23:07 c'était une manœuvre interarmée extrêmement sophistiquée.
00:23:09 C'est la plus complexe opération jamais menée
00:23:12 compte tenu du fait qu'il s'agit d'un débarquement.
00:23:15 Le débarquement, c'est une des opérations les plus complexes.
00:23:17 Donc, elle a été ambitieuse.
00:23:18 Globalement, elle a réussi.
00:23:19 Elle a décidé des moyens considérables,
00:23:21 une coordination considérable,
00:23:22 des chefs militaires de très grande qualité.
00:23:24 Eisenhower était le patron,
00:23:25 Montgomery était le patron pour les Britanniques.
00:23:27 C'est des gens qui avaient de l'expérience de la guerre,
00:23:30 qui avaient déjà mené des opérations majeures.
00:23:32 Donc, effectivement, il fallait coordonner.
00:23:34 Il fallait à la fois coordonner les forces navales, terrestres et aériennes
00:23:37 et à la fois rester discret pour conserver l'effet de surprise.
00:23:40 Et c'est un peu la conjonction des deux qui a fait que l'aviation,
00:23:43 en s'y concerne, les bombardements,
00:23:44 les pourrissons allemandes, juste avant que les Allemands ne voient arriver
00:23:48 les bateaux et ne voient arriver les bateaux de démarquement,
00:23:51 les bombardiers anglo-américains, il y avait des Français également,
00:23:55 ils ont tapé un peu loin.
00:23:57 Ils n'ont pas suffisamment détruit les défenses allemandes
00:23:59 qui protégeaient la place de Haoma Habitch.
00:24:01 Donc, quand les Américains sont arrivés,
00:24:04 c'était compliqué pour eux, d'autant plus que Haoma Habitch
00:24:07 était défendu par des troupes allemandes qui, finalement,
00:24:10 étaient plus valeureuses que ce qui avait été estimé au départ.
00:24:13 Donc, le vrai... C'est pourquoi Haoma Habitch est sanglante.
00:24:17 C'est parce que là, il y a eu dix fois plus de morts à Haoma Habitch
00:24:20 qu'il y en a eu sur les autres plages.
00:24:21 Les raisons s'expliquent d'un point de vue militaire.
00:24:25 Et c'est pour ça que Haoma Habitch reste le symbole.
00:24:28 Mais pour revenir à Churchill, les estimations de perte globale
00:24:32 de cette journée, pour Churchill, c'était le triple de ce qui s'est passé.
00:24:35 En gros, il y a eu 10 000 morts militaires pendant cette journée.
00:24:38 Churchill en estimait entre 25 et 30 000.
00:24:40 Donc, malgré tout, même si, évidemment,
00:24:42 ce sont des opérations de très haute intensité,
00:24:44 c'est comme ça qu'on les appelle aujourd'hui.
00:24:46 Le nombre de morts a été inférieur à ce que craignait Churchill.
00:24:50 Et dernier point sur Churchill,
00:24:51 on a parlé hier de l'affaire des bombardements aériens.
00:24:53 Il y a eu également un grand différent avant l'offensive
00:24:55 entre Roosevelt et Churchill.
00:24:57 Roosevelt demandant... Churchill demandant de revoir ses plans d'attaque
00:25:01 parce qu'il considérait que les plans américains
00:25:02 allaient coûter trop de vie à la population française.
00:25:05 Et Roosevelt a refusé de revenir sur ses plans.
00:25:07 - Donc, il y avait quoi ? 2 000 Allemands en face qui les attendaient ?
00:25:10 - En face ?
00:25:12 - Sur la plage de Mahà.
00:25:14 - Sur l'ensemble des plages, il y avait plus d'Allemands.
00:25:17 Il y avait 200 000 Allemands qui attendaient les 150 000 alliés qui allaient débarquer.
00:25:20 - Ah oui, donc forcément...
00:25:21 - Plus le fameux mur de l'Atlantique qui était censé être infranchissable.
00:25:26 Et une des raisons pour laquelle les Allemands dormaient sur deux oreilles,
00:25:29 c'est qu'ils avaient construit ce mur de l'Atlantique
00:25:30 qui partait du nord de la Norvège jusqu'à la frontière de l'Espagne
00:25:34 et qui était censé, comme l'allusion d'Igno est très franchissable.
00:25:36 Et qui était vraiment extrêmement militaire
00:25:40 avec des mitrailleuses, des canons avec une proportion considérable.
00:25:44 Donc, tout ça a été pris en compte par les Alliés
00:25:47 avec l'opération de déception qui était évoquée, qui était fondamentale.
00:25:51 Même le jour du débarquement en Normandie,
00:25:53 les Allemands imaginaient que ça allait se passer au Pas-de-Calais.
00:25:56 Ils pensaient que c'était la diversion en Normandie,
00:25:57 que c'était au Pas-de-Calais que ça allait se passer.
00:25:59 Donc, tout ça, on voit bien que le renseignement n'était pas le même qu'on a aujourd'hui.
00:26:02 Il n'y avait pas de satellite, il n'y avait pas de GPS.
00:26:04 Il y avait de la radio pour transmettre des informations.
00:26:06 Il y avait du cryptage à l'ancienne.
00:26:07 Mais tout ça, ça a été géré magnifiquement par les Alliés.
00:26:12 – Ce qui est terrible, c'est qu'en fait,
00:26:13 c'est pas que les bombardiers rataient leur cible parce qu'ils n'étaient pas compétents.
00:26:16 C'est qu'ils avaient peur aussi de toucher les leurs qui arrivaient très près des côtes
00:26:19 et qu'ils ne voulaient pas qu'il y ait de dommages parmi leurs forces anti-billes.
00:26:25 C'est ça un petit peu l'idée.
00:26:27 Michel, un petit mot encore.
00:26:28 – Je voudrais revenir sur le rôle de l'information
00:26:31 et surtout le fait que finalement, les Allemands les faitent surprise.
00:26:36 On y reviendra quand on va parler du port d'un remanche
00:26:38 parce que ça, c'est encore un truc unique dans l'histoire militaire.
00:26:43 Donc le problème de l'information, les Français ont joué un grand rôle,
00:26:47 également en Angleterre, on l'oublie.
00:26:50 Pourquoi ? Parce qu'ils avaient de l'expérience, ils étaient Français,
00:26:53 ils connaissaient ce qu'était le bocage,
00:26:55 ce que les Américains ignoraient complètement.
00:26:57 Ils ont eu de gros problèmes avec les haies, justement.
00:27:00 Et où étaient les défenses allemandes, où était stocké le matériel ?
00:27:04 C'était le rôle de la résistance.
00:27:06 Mais les Français étaient près des Américains
00:27:08 pour analyser les photos aériennes et leur dire "non, ça c'est ça,
00:27:12 ça c'est ça, c'est ça, c'est ça, ça va plus loin".
00:27:14 Et les Anglais avaient, la BBC, par le biais de la BBC,
00:27:17 avait lancé un concours en disant "envoyez-nous vos cartes postales",
00:27:24 peu de photos, "les cartes postales de vos vacances en Normandie".
00:27:28 Et on a les extraits au musée d'un remanche, on voit, c'est ces cartes postales.
00:27:33 Et donc les Anglais ont envoyé les cartes postales
00:27:36 qui ont permis, en l'analysant, de sélectionner les plages,
00:27:41 les blocaux où ils étaient, mais surtout, le problème,
00:27:46 c'était le port d'un remanche, on va y revenir,
00:27:48 qui était nécessaire que le rouleau compresseur de la logistique américaine
00:27:52 tourne à plein régime, le plus près possible du débarquement.
00:27:56 Vous voyez les astuces qui ont été utilisées.
00:27:59 André Vallini, réaction à ce que nous dit Michel et finalement,
00:28:04 ces tactiques, on voit qu'à chaque étape, il fallait faire preuve d'audace quand même.
00:28:09 Il fallait un sacré imagination, au-delà même de la logistique,
00:28:13 pour avoir une longueur d'avance sur l'ennemi.
00:28:15 C'est ça qui est impressionnant.
00:28:16 Les préparatifs ont été très longs et ce débarquement
00:28:21 a donné l'occasion aux Américains, aux Anglais, aux Canadiens
00:28:24 de faire preuve d'une ingéniosité, d'une intelligence dans l'anticipation remarquable.
00:28:29 Moi, je voudrais ajouter un mot pour parler des civils.
00:28:33 Il n'y a pas très longtemps que l'on parle des victimes civiles à Caen
00:28:37 et dans toute la Normandie, des Français qui ont été bombardés,
00:28:40 enfin qui ont été tués par les bombardements alliés.
00:28:43 Alors Emmanuel Macron, je crois avant-hier, a rendu hommage aux civils.
00:28:47 Et François Hollande est le premier qui avait commencé à rendre hommage
00:28:50 en 2014 aux victimes civiles de ces bombardements.
00:28:53 C'était un mal nécessaire, hélas, bien sûr.
00:28:55 Il y a eu beaucoup, beaucoup de Français, de familles, de parents, de grands-parents,
00:29:01 d'enfants qui ont été victimes des bombardements alliés,
00:29:03 qui étaient hélas nécessaires pour détruire les forces allemandes.
00:29:06 - On peut s'interroger sur la question de la proportionnalité.
00:29:08 Il y a des historiens aujourd'hui, vous l'évoquiez aussi,
00:29:11 qui disent qu'il y a des choix qui ont été faits,
00:29:13 qui auraient pu être faits différemment.
00:29:15 Ça rappelle aussi qu'une guerre, ce n'est jamais chirurgical,
00:29:18 contrairement à ce qu'on nous a tenté de nous expliquer.
00:29:23 Donc c'est vrai que moi, je trouve bien que l'on ose parler de ce sujet
00:29:27 qui était un peu tabou, comme si on se disait
00:29:29 "Ah bah oui, mais parler des pertes civiles, ce serait égratigner la légende dorée".
00:29:33 Mais quand on imagine certaines villes comme Le Havre,
00:29:38 qui ont connu vraiment un nombre de morts s'élevant à plusieurs milliers,
00:29:43 essayons d'y penser aujourd'hui, essayons de penser à ce traumatisme.
00:29:47 Il y a des familles qui sont encore très meurtrées,
00:29:50 et d'autant plus meurtrées qu'on n'en parle pas.
00:29:51 Il y en a quelques-uns, mais il n'y a pas beaucoup de mémoriaux dédiés à ces civils.
00:30:00 Moi, ce que je veux dire sur les Canadiens, parce qu'on voyait les Canadiens,
00:30:03 c'est que c'est assez touchant parce que certains, quand même,
00:30:06 je dis ils venaient de loin, mais certains ont l'impression de revenir chez eux
00:30:08 un petit peu en arrivant en France, parce qu'ils ont entendu parler français.
00:30:12 Et finalement, cette France dont on avait bercé leur jeunesse,
00:30:16 ils l'ont retrouvée là, ils ont retrouvé d'une certaine façon leur racisme.
00:30:21 Et il y a des témoignages très touchants à ce sujet.
00:30:25 Céline ?
00:30:27 Non, mais j'avais été très marquée, je me souviens, par l'entrée du film
00:30:32 sur le soldat Ryan qui montre vraiment le débarquement,
00:30:36 où vous voyez justement l'atmosphère de la mort qui s'abat sur ces gamins,
00:30:41 parce que ce sont des gamins.
00:30:43 Ceux qui les commandent ne sont pas beaucoup plus vieux.
00:30:46 Et ce sentiment tout d'un coup que jamais vous n'arriverez à faire un pas de plus,
00:30:50 qu'ils vont tous mourir là, au ras des vagues, au ras de la plage.
00:30:54 Et je trouve que cette introduction d'« Il faut sauver le soldat Ryan »,
00:30:58 on devrait la montrer dans tous les collèges et dans tous les lycées,
00:31:02 parce qu'on commence à avoir une idée de ce que pouvait être l'horreur de la guerre.
00:31:06 Cette scène est en effet légendaire.
00:31:08 Mais vous savez qu'en plus, il y a un rapport avec Colville,
00:31:10 parce qu'il se trouve que parmi les tombes célèbres,
00:31:14 il y a celle du sergent Frédéric Nylande, qui est en fait le vrai nom du soldat Ryan.
00:31:19 C'est-à-dire que l'histoire du soldat Ryan, ça a existé.
00:31:21 Je ne sais pas qui s'y est intéressé.
00:31:23 Il faut peut-être rappeler à ceux qui nous regardent, s'ils ne l'ont pas vu,
00:31:26 qu'en fait, c'est tous les fils d'une même famille qui sont tombés les uns après les autres.
00:31:30 Il en reste un qui est au milieu de la bataille.
00:31:33 Il s'y dit, mais quand même, on ne peut pas enlever ce dernier fils.
00:31:37 Ça fait écho aussi à ce qui s'est passé pendant la guerre de 14-18.
00:31:40 Vous savez, je crois que la famille Rueland en Bretagne a perdu,
00:31:43 je ne sais combien de fils, je pourrais dire cinq ou six.
00:31:46 Il y a eu quand même des familles qui ont payé un lourd tribut.
00:31:50 Et ça aussi, c'est des choses que l'on peine à imaginer aujourd'hui.
00:31:53 Et je pense que c'est important d'honorer, de continuer à honorer, par exemple,
00:31:57 nos monuments aux morts.
00:31:58 Quand je les vois aujourd'hui, parfois profanés, ça me fait beaucoup de peine.
00:32:04 Et puis il y a aussi Théodore Roosevelt Junior, le fils.
00:32:07 Je ne sais pas si vous le savez, c'est le fils du président Theodore Roosevelt qui est là.
00:32:10 Et aussi un résistant français, Bernard-Ancôtille,
00:32:13 qui on avait connaissance ici.
00:32:15 Enfin voilà, il y a quand même 9387 stèles, je vous le disais,
00:32:18 dont certaines qui sont inconnues.
00:32:20 Je crois qu'il y en a quand même 300 qu'on n'a jamais réussi à identifier.
00:32:24 C'est toujours un peu poignant de se dire que leur famille ne le saura jamais.
00:32:29 Et c'est un trotinu de façon incroyable, ce cimetière.
00:32:31 Les Américains honorent leurs morts.
00:32:32 C'est vrai. Et il y a un million et demi de visiteurs par an quand même.
00:32:35 Je ne sais pas. D'ailleurs, qui ici est déjà allé ?
00:32:39 À tous en fait.
00:32:40 Bruno, clairement, je ne vous demande même pas.
00:32:41 Mais Michel aussi, vous y êtes allé ?
00:32:43 J'ai.
00:32:44 Au cimetière de Colville-sur-Mer ?
00:32:46 Oui, bien sûr.
00:32:47 Moi, je n'y suis pas encore allé.
00:32:49 Donc ça va peut-être me donner envie de m'y rendre.
00:32:52 C'est un lieu de visite presque incontournable.
00:32:54 Il y a le cimetière de Michel, la tour Eiffel et le cimetière de Colville-sur-Mer.
00:32:57 Il y a beaucoup d'Américains qui viennent, particulièrement en Normandie,
00:33:00 alors à l'occasion parfois des anniversaires du débarquement,
00:33:02 mais même en visite en France, c'est un lieu de passage important pour les Américains.
00:33:07 Et puis, il y a toute l'histoire aussi autour des noms
00:33:09 qui ont été attribués à ces plages, ces noms de code.
00:33:12 Il y en a certains qui sont totalement banals, en fait.
00:33:16 Bruno Clermont, notamment pour Oma et Utah.
00:33:20 Ça s'est fait un peu comme ça par hasard.
00:33:22 C'était complètement arbitraire.
00:33:24 Où Bruno Clermont ?
00:33:25 Dans tous les États américains, il n'y avait pas de noms.
00:33:28 Il y avait des noms de code, évidemment militaires pour le secret,
00:33:31 mais ils ont baptisé des noms.
00:33:34 On interrogeait un soldat, "tu viens d'où ?"
00:33:36 "Ah ben je viens de tel État."
00:33:38 "Ah ben tiens, Oma."
00:33:40 Ça se faisait comme ça.
00:33:42 Et alors pour les Anglais, c'était les poissons qui ont inspiré "sword".
00:33:45 Non mais vous saviez ça ?
00:33:46 Oui, forcément.
00:33:47 Sword, gold, swordfish, c'est l'espadon.
00:33:51 Goldfish, c'est le poisson rouge.
00:33:53 Voilà, et on les a contractés.
00:33:55 Et alors Juno, c'est un peu plus romantique pour la plage de Juno.
00:33:58 C'est le nom d'une femme, d'un militaire,
00:34:00 à qui on a demandé "comment s'appelle votre femme ?"
00:34:02 Il a répondu "Juno", qui est déjà un prénom assez rare aux États-Unis.
00:34:06 Et c'est devenu Juno.
00:34:07 Ah ben vous voyez qu'on en apprend encore.
00:34:09 Merci Nelly.
00:34:10 Bon, non ben ne me remerciez pas.
00:34:12 J'aimerais quand même qu'on revienne à l'opération.
00:34:14 Là, vous voyez toujours les images de la cérémonie canadienne de Courseul-sur-Mer.
00:34:17 C'est coquin, couquin.
00:34:18 Ouh là, c'est le ballon du bleu.
00:34:20 Pour les Britanniques.
00:34:21 Les vétérans de Colville-sur-Mer sont obligés d'attendre l'arrivée
00:34:26 de Joe Biden et d'Emmanuel Macron, qui étaient à la cérémonie anglaise précédente
00:34:31 et qui va donc rejoindre maintenant le cimetière américain,
00:34:34 qui est un cimetière, un territoire américain de Colville-sur-Mer.
00:34:38 Dans le cours de mes lectures, reparlons un peu de stratégie militaire, Bruno Clermont.
00:34:42 Qu'est-ce que ça veut dire, faire un pont entre les différentes positions ?
00:34:45 Parce qu'il y avait donc toutes ces plages qui s'étourdaient sur une vingtaine,
00:34:48 une trentaine de kilomètres.
00:34:49 Il fallait faire une sorte de continuité pour pouvoir prendre le littoral, c'est ça ?
00:34:53 Il fallait faire une brèche dans le fameux mur de l'Atlantique avec un débarquement.
00:34:57 Et donc, des plages ont été identifiées comme étant les plus propices à un débarquement
00:35:02 dans les meilleures conditions possibles.
00:35:03 Et des secteurs de plage, donc des noms avec des noms, ont été attribués
00:35:07 aux pays principaux, États-Unis, Canada et Grande-Bretagne.
00:35:11 Ensuite, tout ça a été coordonné.
00:35:13 La façon d'opérer, il y avait des parties communes et des parties spécifiques
00:35:16 à chacune des armées.
00:35:17 Mais par exemple, la logistique est commune.
00:35:19 Mais les divisions qui vont pénétrer sont identifiées.
00:35:21 Les bateaux qui vont les amener sont identifiés.
00:35:23 Donc c'était un énorme travail de coordination à la fois entre les alliés,
00:35:27 justement pour répartir ce plan de charge, les forces, les troupes,
00:35:29 les moyens de transport, la logistique, pour coordonner l'aviation,
00:35:33 pour coordonner également tout ce qui va être l'artillerie navale.
00:35:36 Vous savez qu'elle a joué un rôle très important.
00:35:38 À l'époque, on n'a plus beaucoup de bâtiments de guerre.
00:35:40 Aujourd'hui, ils ont des canons qui ne tirent pas très loin.
00:35:42 La France, par exemple, avait deux croiseurs, deux croiseurs importants,
00:35:46 le Mokalm et le Georges-Legge, qui sont des croiseurs qui avaient des canons
00:35:49 avec des portées de plus de 40 kilomètres, qui pouvaient comme ça tenir à distance,
00:35:52 faire des tirs d'artillerie sur le rivage pour tenir à distance les armées allemandes.
00:35:57 Donc c'est vraiment ce travail de coordination.
00:35:59 Je pense que c'est dit par Michel et est essentiel.
00:36:02 Seuls les Américains à l'époque étaient capables de le programmer de cette manière là.
00:36:06 Et 80 ans après, seuls les Américains seraient encore capables
00:36:09 de refaire une opération de ce type là, avec sans doute des technologies encore plus performantes.
00:36:14 Mais le développement technologique, l'innovation technologique dont il fait preuve,
00:36:18 en 1944, dans le cadre de cette opération, est absolument stupéfiant
00:36:22 quand on regarde ce qui était le niveau moyen des armées à cette époque là.
00:36:25 Ils avaient déjà une longueur d'avance.
00:36:27 Le monde entier découvre la puissance militaire américaine.
00:36:30 On la découvre en 1944 et après depuis, on n'a de cesse que de la constater.
00:36:35 Mais en fait, c'est fondamental parce que ce qui se passe,
00:36:39 dès qu'on annonce l'entrée en guerre de l'Amérique, vous avez deux réactions.
00:36:43 Réaction de Churchill, réaction de De Gaulle, qui disent "la guerre est gagnée".
00:36:46 Ce n'est pas encore le cas.
00:36:48 Pourquoi est-ce qu'ils disent ça ?
00:36:50 Parce qu'ils se souviennent très bien de ce qui fait basculer la guerre de 1914-1918.
00:36:54 C'est l'industrie américaine, la force de cette industrie
00:36:57 et sa capacité non seulement à innover, mais à produire en masse.
00:37:00 Et donc, ce que va vouloir en Normandie,
00:37:04 c'est qu'on puisse débarquer toute la force de cette industrie américaine.
00:37:07 Donc pour ça, c'est comme un entonnoir en fait, il faut un grand déversoir.
00:37:12 Et le déversoir, ça va être ce port dans lequel on va amener
00:37:16 mais des tonnes et des tonnes de matériel, des hommes aussi,
00:37:20 parce qu'il faut des hommes pour faire la guerre.
00:37:22 Et en fait, c'est...
00:37:23 Elle ne vise toujours pas.
00:37:24 Le concept américain, c'est la force dominante, c'est la force écrasante.
00:37:27 Il faut qu'on arrive extrêmement fort pour qu'on ait le minimum de pertes,
00:37:30 y compris au prix d'imposer le maximum de pertes à l'adversaire.
00:37:33 Ça rentre dans le concept de guerre juste, en principe.
00:37:35 Ça rentre dans le...
00:37:36 En tout cas, c'est la façon dont les Américains voient la guerre,
00:37:38 ce qui n'est pas du tout conforme au droit international.
00:37:40 Oui, voilà.
00:37:41 Il nécessite la proportionnalité, mais on voit bien
00:37:43 entre la proportionnalité et la rarité de ce qui est une guerre,
00:37:45 il y a une grande différence.
00:37:46 Et effectivement, ça, c'est une vraie guerre d'intensité.
00:37:48 Il y a eu l'emploi du Napalm, même.
00:37:49 Pardon ?
00:37:50 Il y a eu l'emploi du Napalm, également.
00:37:52 Alors, il y avait des armements qui ont été interdits après.
00:37:54 La Convention...
00:37:54 Les vrais...
00:37:56 L'intérêt de la Convention de Genève,
00:37:57 apparemment, la Convention de Genève avant 1949,
00:38:00 traitait surtout du traitement des armées,
00:38:03 des prisonniers, des hôpitaux militaires, etc.
00:38:06 Après 1949, on a commencé à s'intéresser aux civils.
00:38:09 Et là, on a commencé à limiter la guerre,
00:38:11 à l'organiser de manière à ce que les civils
00:38:14 ne soient pas les otages des guerres.
00:38:16 Rappelons, ça a été dit, 65 millions de morts.
00:38:19 Il y a 60 ou 70 % de civils dans les 65 millions de morts.
00:38:22 Une des guerres les plus meurtrières pour les civils.
00:38:23 De cette guerre mondiale.
00:38:24 En effet.
00:38:24 Regardez cette image, quand même, ce que c'est touchant.
00:38:26 Là, c'est la fin de la cérémonie canadienne.
00:38:28 On est à Coursolles-sur-Berre.
00:38:30 Donc, dans un instant, l'image basculera,
00:38:32 j'imagine, sur Colville-sur-Mer.
00:38:35 La cérémonie a pris fin.
00:38:37 Ça fait une heure pour certains,
00:38:38 ceux qui attendent dans le cimetière américain
00:38:40 l'arrivée des chefs d'État,
00:38:42 qui sont quand même au soleil,
00:38:43 parce qu'il fait assez chaud aujourd'hui,
00:38:44 et il a l'air de faire très beau en Normandie.
00:38:46 Qui attendent au soleil, très couverts.
00:38:49 Ils ont quand même un certain âge.
00:38:51 On imagine quand même, voilà,
00:38:53 la dureté des conditions dans lesquelles
00:38:55 ils attendent cette cérémonie aujourd'hui.
00:38:57 Et donc, il faut leur rendre doublement hommage
00:39:00 d'avoir voulu s'imposer ça, André Valigny,
00:39:02 d'une certaine manière.
00:39:03 Oui, bien sûr.
00:39:04 Ils ont quand même 95 ans, on n'oublie pas.
00:39:06 Oui, c'est vrai.
00:39:06 Mais après ce qu'ils ont vécu le jour J,
00:39:08 le 6 juin 44,
00:39:10 je pense qu'eux-mêmes sont heureux d'être là,
00:39:13 même si physiquement,
00:39:14 ça doit être assez pénible à supporter, effectivement.
00:39:16 Mais je crois que la joie n'est pas le mot,
00:39:18 mais l'émotion d'être là l'emporte sur tout le reste.
00:39:21 La ponctualité, c'est la politesse des rois,
00:39:23 mais on a des présidents de la République,
00:39:24 donc c'est pour ça que ça ne peut pas fonctionner.
00:39:26 Ce n'est pas la caractéristique première d'Emmanuel Macron,
00:39:28 la ponctualité, mais à la décharge des autorités,
00:39:30 on est quand même face à une organisation
00:39:31 très complexe, très lourde.
00:39:33 Il y a plus de 25 chefs d'État et de gouvernement.
00:39:35 Il y a toute une mécanique à mettre en place
00:39:38 qui peut aussi prendre du temps
00:39:39 et expliquer peut-être une partie de ce retard.
00:39:41 Et là, c'est le moment poignant,
00:39:42 on sort un petit peu du cérémonial et du protocole.
00:39:44 Vous voyez, les familles rejoignent la plage, à proprement parler.
00:39:47 Je crois que c'est important pour eux de retourner sur les lieux
00:39:50 et de se prendre en photo avec leur famille
00:39:52 et sans doute de se remémorer aussi leurs camarades de combat
00:39:55 qui sont tombés ce jour-là,
00:39:57 parce que beaucoup ont perdu directement des soldats,
00:40:00 des troupes qui appartenaient à leur régiment,
00:40:02 à leur bataillon, qui étaient autour d'eux, Bruno Clermont.
00:40:05 Effectivement, parce que pour eux, le jour J,
00:40:07 c'était le premier jour de la guerre.
00:40:09 Après, il y a eu le deuxième, le troisième, le dixième,
00:40:11 le centième, le deux-centième.
00:40:13 Certains d'entre eux sont allés jusqu'à la capitulation d'Allemagne,
00:40:16 jusqu'au 8 mai 1945.
00:40:18 Donc pour eux, effectivement, ils ont survécu à Moabitch.
00:40:20 Mais ceux qui sont là, ils ont survécu aux autres semaines,
00:40:22 aux autres mois de la guerre.
00:40:23 La campagne de Normanie, elle a duré deux mois.
00:40:26 Il y a plus de 100 000 morts.
00:40:27 Ensuite, il y a eu l'avancée vers Paris,
00:40:30 l'avancée vers les Vosges.
00:40:32 Donc non, ce sont des survivants qui ont survécu
00:40:36 bien au-delà d'Omahabitch.
00:40:38 Mais Omahabitch, ça reste pour eux le premier jour de la guerre.
00:40:41 Celui, ils sont passés de l'âge où c'était des jeunes enfants de 18 ans
00:40:45 tout d'un coup à des adultes qu'on a plongés dans l'international.
00:40:47 - La fin de l'innocence.
00:40:48 Vous voyez cette belle double image à gauche, les Canadiens.
00:40:50 À droite, les Américains, les vétérans américains
00:40:53 qui attendent donc le début de la cérémonie commissionnaire.
00:40:55 Michel.
00:40:56 - Oui.
00:40:58 - Bon, je ne sais pas que vos impressions sur ces souvenirs.
00:41:01 On avait beaucoup parlé des 75 ans.
00:41:03 - Oui.
00:41:04 - Je ne sais pas comment on peut se projeter vers les 90 ans,
00:41:07 sachant qu'ils seront quoi, peut-être pour certains chanceux,
00:41:10 une petite dizaine.
00:41:11 Ils ne seront plus très nombreux dans 10 ans.
00:41:13 - C'est pareil que pour les camps de la mort,
00:41:14 c'est-à-dire qu'on a la mémoire vivante
00:41:16 qui est en train de disparaître totalement.
00:41:19 Et la question qui se pose, c'est qu'on sait que quand les vivants disparaissent,
00:41:24 continuer à entretenir la flamme du souvenir est compliqué.
00:41:28 Et ce qu'on voit aujourd'hui, c'est finalement,
00:41:31 on a très peu de profondeur de champ.
00:41:33 Quand on regarde aujourd'hui la façon dont, par exemple,
00:41:36 les très jeunes se mobilisent sur des questions historiques,
00:41:38 ce qu'on voit, c'est surtout absence totale de connaissances,
00:41:42 hystérie politique.
00:41:43 Et on a envie de dire, ces commémorations-là,
00:41:48 elles sont censées structurer à la fois notre mémoire,
00:41:52 mais notre façon de nous penser en tant que nation, en tant que société,
00:41:56 et replonger dans les valeurs qui font qu'on est une civilisation.
00:42:00 Parce que cette guerre a été une guerre de civilisations.
00:42:03 Et aujourd'hui, on est peut-être en train de perdre cette capacité-là
00:42:07 à se penser en tant que civilisation, à transmettre cette civilisation,
00:42:12 et à transmettre ce qui fait notre grandeur, notre beauté,
00:42:16 malgré et au-delà de tous nos défauts.
00:42:20 Et je crois que c'est cette carence-là que l'on anticipe.
00:42:24 Et quand on se dit, mais avec cette mémoire vivante,
00:42:27 est-ce que ce n'est pas tout simplement aussi une part de la civilisation
00:42:30 qu'on a reçue, qui risque de disparaître ?
00:42:33 - Vous êtes d'accord avec ce constat d'une perte, finalement,
00:42:40 de sens et de civilisation, Bruno Clarmont ?
00:42:42 - Je m'insiste dans cette logique, mais disons que le nazisme,
00:42:48 le régime politique que voulait instaurer le nazisme,
00:42:51 était un régime inhumain, un régime qui n'était pas de nature humaine,
00:42:56 avec des privations de liberté, une espèce de folie
00:42:59 dans laquelle l'homme était tout puissant et imposait sa volonté aux autres hommes.
00:43:03 C'est ce à quoi cette guerre nous a permis de nous délivrer.
00:43:08 On a échappé au nazisme qui aurait pu contrôler l'ensemble de l'Europe.
00:43:11 Donc je pense que c'est vraiment des combattants de la liberté.
00:43:15 C'est comme ça qu'il faut les voir. C'est comme ça qu'ils se sont vus eux-mêmes.
00:43:18 C'est comme ça que le général de Gaulle les a vus malgré tout,
00:43:20 puisque même si pour lui c'était difficile,
00:43:23 je reviens, c'est important de comprendre que c'était difficile,
00:43:25 parce qu'il n'avait pas été prévenu et que c'est vrai,
00:43:27 il n'y avait pas beaucoup assez de Français à ses yeux pour libérer la France.
00:43:30 Il voulait que ce soit les Français qui libèrent la France.
00:43:32 - Il avait peur de l'administration américaine.
00:43:34 - Il avait peur de l'administration américaine.
00:43:36 Et puis surtout pour le général de Gaulle, c'est pour ça qu'en fait,
00:43:39 le 6 juin 1944, c'est un point dans l'histoire de cette guerre.
00:43:43 Il va se terminer le 8 mai avec la capitulation.
00:43:45 Il a commencé le 8 novembre 1942
00:43:48 avec le débarquement des Américains en Afrique du Nord,
00:43:50 où là, on a commencé à envisager la libération de la France.
00:43:53 Et le général de Gaulle, je permets de le dire,
00:43:55 a tout misé sur le débarquement de Provence,
00:43:57 sur la 1ère armée, sur Delattre et sur Jouin,
00:44:00 qui vont effectivement participer extrêmement activement à la campagne d'Italie.
00:44:04 - Et c'est pour ça, général, qu'il n'a jamais voulu commémorer le 6 juin de Gaulle,
00:44:09 mais qu'il est allé commémorer en 64,
00:44:12 le 15 août, au Mont-Faron, le débarquement de Provence.
00:44:14 - C'est vrai. Par contre, il s'est battu avec Churchill.
00:44:17 Et c'est pour ça que c'était intéressant,
00:44:18 l'hommage qu'a rendu le président Macron aux SAS français,
00:44:21 les parachutistes français qui étaient formés par les...
00:44:24 Parce que De Gaulle a obtenu que le premier combattant
00:44:27 qui pose les pieds sur l'hétero de la France soit un français,
00:44:30 et ça a été un parachutiste français.
00:44:31 - Oui.
00:44:32 Reprenons aussi le cours de la cérémonie,
00:44:38 vous voyez à droite, Colville-sur-Mer, c'est dans le Calvados,
00:44:40 avec ces vétérans qui, pour certains,
00:44:42 vous voyez, je vous parlais tout à l'heure des conditions météorologiques,
00:44:45 se protègent du soleil, parce qu'il y en a certains
00:44:47 qui sont à l'ombre, fort heureusement,
00:44:48 mais d'autres qu'on a vus dans le public,
00:44:50 vraiment en plein canillard, comme on dit,
00:44:53 de manière un peu triviale.
00:44:56 Ce n'est pas simple pour eux.
00:44:57 La cérémonie, franchement, Thomas, a pris une grosse demi-heure de retard.
00:45:01 Ça risque d'être compliqué sur le plan du protocole pour la suite.
00:45:04 - On est en plus d'une demi-heure, parce que ça devait démarrer à 12h20.
00:45:07 Il est 13h, passés de 6 minutes.
00:45:09 Donc, vous voyez, on a déjà presque 45 minutes de repas.
00:45:12 - Et pour l'instant, on n'a pas d'explication,
00:45:14 parce qu'on imagine que Joe Biden est arrivé à bon port.
00:45:16 - Oui, on l'a vu arriver ce matin en Normandie.
00:45:20 Non, on n'a pas d'explication.
00:45:21 - On l'a senti arriver avec les embouteillages aussi,
00:45:22 même quand on ne l'a pas trouvé.
00:45:23 - Ça, on va en parler.
00:45:25 On parlait de matériel tout à l'heure
00:45:27 et de la grosse machine de guerre que constituent les États-Unis.
00:45:31 Il ne faut pas oublier, Michel Chevalet,
00:45:32 que beaucoup de chars ont été perdus lors du débarquement,
00:45:36 parce que soit ils ont coulé,
00:45:37 soit ils ont été déchargés trop tôt des embarcations.
00:45:40 - Alors, l'explication, c'est que les Américains,
00:45:43 bon, ne sont pas des bons marins.
00:45:45 Faites attention.
00:45:46 Mais c'est très important pour la suite.
00:45:48 Les Anglais sont de très bons marins.
00:45:51 Mais pas les Américains, c'était l'armée de terre.
00:45:54 Et donc, on avait imaginé,
00:45:55 puisqu'il fallait débarquer du matériel,
00:45:57 et que le matériel, le port d'un remanche et de Saint-Laurent,
00:46:02 il y en avait deux ports, n'existait pas.
00:46:04 Il a fallu une semaine à peu près pour les installer.
00:46:07 Et donc, il fallait utiliser un truc génial,
00:46:10 c'est-à-dire ce qu'on appelle les pénistes de débarquement,
00:46:12 les cestés, c'est-à-dire de gros engins à fond plat
00:46:16 qui venaient se vomir, c'est étonnant,
00:46:19 il faut être gonflé pour faire ça, sur le sable.
00:46:22 Les portes avant s'ouvraient, il y avait une rampe inclinée,
00:46:26 et là, descendaient les hommes, mais surtout les véhicules.
00:46:29 Et là, seulement, il y avait deux mètres d'eau.
00:46:33 Oui, parce que le bateau ne pouvait pas aller plus loin.
00:46:35 Il y avait deux mètres d'eau.
00:46:36 Et donc, les moteurs n'aiment pas tromper dans l'eau.
00:46:39 Oui, vous allez voir.
00:46:40 Donc, les Américains ont dit qu'à cela ne tienne.
00:46:43 Les Jeeps, les GMC, les gingembre,
00:46:45 on va leur mettre une espèce de schnorkel,
00:46:47 c'est-à-dire que les gaz d'échappement,
00:46:49 on prolonge le tuyau en haut,
00:46:50 et l'aspiration de l'air du moteur avec un tuyau sur le côté,
00:46:55 vous le voyez des fois sur des gros 4x4.
00:46:57 Ça, ça marchait, à part qu'il n'y avait pas d'électronique,
00:47:01 sinon que ça pouvait tremper dans l'eau de mer.
00:47:03 Mais les chars, c'est autre chose.
00:47:05 Alors, le problème des chars, c'est que ça déchigne,
00:47:08 ça s'enfonce dans le sable,
00:47:10 et surtout, ça flotte pas, un char.
00:47:13 Donc, les Américains ont dit qu'à cela ne tienne.
00:47:14 Alors, on va leur faire des chars
00:47:16 dans lesquels on va surmonter à la fois la prise d'air
00:47:20 et le refroidissement du moteur par des espèces de gros cheminées.
00:47:24 On le voit sur un certain nombre de chars.
00:47:27 Le moteur de chars,
00:47:28 ne l'oublions pas, ces chars Sherman ont été faits à la hâte,
00:47:32 étaient très légers par rapport aux chars allemands,
00:47:37 et avaient des moteurs d'avions en étoile à l'arrière,
00:47:41 qui trempaient dans l'eau de mer.
00:47:42 Ils n'aimaient pas beaucoup cela, ce n'est pas conçu pour ça.
00:47:45 Alors, les Américains ont dit qu'à cela ne tienne,
00:47:48 eh bien, on va doter des chars d'une jupe d'un boudin gonflable,
00:47:53 que vous voyez sur le terrain, tout autour,
00:47:56 qui va se gonfler et qui va permettre de le faire flotter
00:48:00 le temps qu'il revienne sur le terrain dur.
00:48:03 Le seul problème, c'est qu'il y a eu la houle,
00:48:07 et on y arrive, et des vagues, et des creux de 2 mètres,
00:48:10 et là, les chars n'ont pas du tout aimé,
00:48:12 et la plupart des chars ont coulé,
00:48:14 parce qu'ils ont pris les paquets de mer par le dessus,
00:48:17 mais qui ont été donc...
00:48:19 La jupe s'est transformée en baignoire,
00:48:21 au lieu de se transformer en pirogue.
00:48:24 Voilà, ça a été à l'inverse.
00:48:26 Et il y a encore, au large d'un remanche,
00:48:30 et surtout d'Oba,
00:48:32 il y a encore des chars qui sont enfouis dans la...
00:48:35 - Et puis on pourrait dire un peu aussi de la topographie,
00:48:37 parce que c'est aussi...
00:48:38 Pour ça, c'était une des falaises les plus difficiles à prendre,
00:48:40 en fait, après et derrière, non ?
00:48:41 - Oui, puis la mer a été agitée,
00:48:43 la marée n'était pas au niveau qu'ils espéraient.
00:48:45 Il y a eu beaucoup d'éléments contraires
00:48:47 à ce qui avait été planifié,
00:48:48 mais malgré tout, c'est pour ça que c'est ça qui est impressionnant,
00:48:51 c'est que la mission a été réussie,
00:48:53 et que même si la première vague à Omaha a été hachée
00:48:56 par les mitrailleuses et les canons allemands,
00:48:58 la deuxième vague a poussé,
00:49:01 et Omaha Beach est finalement tombée.
00:49:03 Avec un sacrifice énorme de la part des Américains,
00:49:05 un soldat américain sur trois est tombé à Omaha Beach.
00:49:09 - À quel moment on prend la maîtrise du littoral ?
00:49:11 Parce qu'on parle beaucoup des premières lignes qui sont mortes,
00:49:13 qui sont tombées, mais à quel moment vraiment ça a basculé,
00:49:16 et comment ça a basculé finalement ?
00:49:17 Le fait que le rapport de force s'inverse,
00:49:20 qu'on vienne à bout des Allemands qui étaient sur cette plage,
00:49:24 pour pouvoir s'enfoncer plus loin ?
00:49:25 - C'est une guerre d'usure, une guerre d'attrition
00:49:27 qui se joue en quelques heures.
00:49:29 Il faut détruire les canons, les mitrailleuses,
00:49:33 par le sol, par les canons tirés à partir des bateaux,
00:49:36 par les bombardements des avions.
00:49:38 Donc c'est une vraie guerre, à la fois de mouvements,
00:49:41 mais de mouvements proches,
00:49:42 dans lequel il faut réduire les postes offensifs de l'ennemi.
00:49:49 C'est la pire des guerres,
00:49:50 c'est la guerre qui peut conduire au corps à corps.
00:49:52 C'est ce qu'on voit en Ukraine,
00:49:54 si ce n'est qu'en Ukraine ça dure depuis des mois,
00:49:56 là ça a duré quelques heures,
00:49:57 et au bout de quelques heures,
00:49:59 les postes allemands ont fini par tomber.
00:50:01 - On a au moins une image de Colville avec nos vétérans,
00:50:04 qui pour certains sont à l'ombre,
00:50:06 d'autres au soleil et qui attendent...
00:50:07 - Emmanuel Macron est arrivé sur place.
00:50:08 - Ah il est arrivé ?
00:50:09 - Joe Biden l'attendait.
00:50:10 On peut aussi rappeler, vous parliez du retard tout à l'heure,
00:50:12 quand même qu'il y a eu du retard sur la première cérémonie,
00:50:14 déjà ce matin,
00:50:16 Emmanuel Macron est arrivé avec une vingtaine de minutes de retard.
00:50:18 - Comme à son habitude, mais enfin pour un événement pareil...
00:50:20 - Il a démarré sans lui, c'est quand même...
00:50:22 - Ça interroge quand même pour un événement pareil.
00:50:24 - En France, la ponctualité n'est pas forcément une règle d'or,
00:50:27 mais il y a des pays où elle l'est réellement,
00:50:28 et je pense notamment que les Anglo-Saxons sont assez choqués.
00:50:32 Je veux bien entendre que ce soit une manœuvre de gourdes armées,
00:50:34 il y a une foule à bouger, etc.
00:50:35 Mais j'imagine que ça s'anticipe quand même.
00:50:38 Cette foule, on ne l'a pas vue arriver de façon inopinée.
00:50:43 Moi, je suis frappée de voir le contraste
00:50:45 entre ces vétérans très âgés, qui ont tenu à venir,
00:50:49 il faut imaginer leur état de santé,
00:50:50 qui ont tenu à venir, qui sont sous le caniat,
00:50:52 et puis M. Trudeau, M. Macron.
00:50:56 Alors, je ne sais pas pour Trudeau,
00:50:57 je ne connais pas les règles là-bas,
00:50:58 mais Emmanuel Macron n'a jamais fait son service militaire.
00:51:01 Ce n'est pas sa faute, il n'existait plus.
00:51:03 Mais néanmoins, c'est le cas.
00:51:05 On sent qu'il prolonge les bains de foule, etc.
00:51:08 Et pardonnez-moi, mais moi, je crois y voir quand même
00:51:12 un petit manque de respect, voilà, et qui me choque.
00:51:16 Et je voulais simplement finir,
00:51:17 parce qu'il y a une très belle chanson sur le 6 juin 44
00:51:20 du chanteur Jean-Pax Beffray.
00:51:21 Je recommande à tous ceux qui,
00:51:24 aux excellentes chaînes YouTube, d'y aller.
00:51:26 Elle est très sympathique sur ceux qui ont débarqué en Normandie.
00:51:30 À tout le moins, il y a un petit manque de courtoisie là,
00:51:32 et de respect par rapport à ceux qui, eux,
00:51:34 sont en place depuis deux heures pour des questions de sécurité ?
00:51:36 Oui, moi, je pense que de toute façon,
00:51:38 il faut toujours être à l'heure.
00:51:39 Et je m'y efforce.
00:51:40 Et je trouve que, notamment pour une cérémonie comme celle-ci,
00:51:44 a fortiori réalisée par des militaires,
00:51:46 on doit être à l'heure.
00:51:46 Vous savez ce que disait Edgar Ford,
00:51:48 qui avait beaucoup d'humour ?
00:51:49 Edgar Ford était toujours très en retard.
00:51:51 Comme Mitterrand d'ailleurs, il est toujours très en retard.
00:51:53 Et quand il arrivait très en retard à une cérémonie
00:51:55 ou à une manifestation, Edgar Ford disait
00:51:58 "Mesdames et Messieurs, la politesse étant l'exactitude des rois,
00:52:02 ou pardon, l'exactitude étant la politesse des rois,
00:52:05 vous mesurez à l'importance de mon retard
00:52:08 la profondeur de mes sentiments républicains."
00:52:11 C'est très bien mis en contrepoint, en effet.
00:52:15 Effectivement, on voit ici Gabriel Attal et Justin Trudeau,
00:52:19 tandis qu'Emmanuel Macron est toujours invisible.
00:52:21 Ce n'est pas organisé par des militaires, si je peux me permettre.
00:52:23 Ce n'est pas organisé par des militaires ?
00:52:24 Ce n'est pas organisé par une mission d'opération
00:52:27 et présidée par Yves Pétier, qui est un ambassadeur.
00:52:29 C'est l'American Battle Monuments Commission,
00:52:32 c'est la BMC, c'est une association qui entretient les lieux.
00:52:37 Après, l'ensemble de la séquence sur les trois jours
00:52:39 est une mission spécifique qui a été désignée par décret,
00:52:43 à la tête duquel il y a un ambassadeur.
00:52:45 Donc c'est vrai que la séquence est extrêmement ambitieuse.
00:52:47 Pour que ce soit ambitieux, il faut qu'on respecte le calendrier,
00:52:52 respecter le timing.
00:52:53 En fait, c'est ça, parce que le décalage qu'on va prendre,
00:52:55 après, il y a la grosse cérémonie à 15h30,
00:52:57 la cérémonie internationale.
00:52:58 Donc ça risque également d'avoir un impact sur la cérémonie.
00:53:01 Thomas Bonnet, il n'a pas trop d'excuses.
00:53:03 Il n'y avait pas d'autre réunion à son agenda ce matin.
00:53:05 Non, simplement, je vous dis, il est déjà arrivé en retard
00:53:07 à la première cérémonie franco-britannique.
00:53:09 Comment c'est possible ?
00:53:11 Mais vous savez...
00:53:12 On est sur un événement mondial majeur.
00:53:14 Comment c'est possible ?
00:53:15 On n'est pas toujours d'accord.
00:53:16 Mais là, vous voyez, on s'en soucie.
00:53:18 Là, on vient de trouver un terrain d'accord.
00:53:19 Il faudrait arrêter les selfies, les bains de foudre.
00:53:22 Voilà, c'est ce que j'allais dire.
00:53:22 Ces cérémonies ne se prêchent ni aux selfies, aux bains de foudre.
00:53:24 On a vu le président de la République s'attarder avec les vétérans
00:53:27 ou même avec le public ce matin,
00:53:28 ce qui a pu provoquer un certain retard.
00:53:31 En revanche, ce que l'on peut dire quand même sur ces cérémonies,
00:53:34 c'est qu'on a l'art en France de savoir honorer aussi
00:53:37 les grands événements, les grands hommes.
00:53:40 Vous voyez les images qui nous parviennent depuis hier déjà de Normandie.
00:53:44 Je pense qu'il y a peu de pays qui peuvent se targuer d'organiser
00:53:46 une telle scénographie, une telle mise en scène pour honorer la mémoire.
00:53:50 Ça a été le cas aussi dans un autre registre, mais pour la santé.
00:53:52 En plus, pour envoyer un bon message au sommet de l'État.
00:53:55 J'allais dire quand...
00:53:56 Le retard, voilà, c'est un peu le bémol.
00:53:58 Quand on a été sauvé sur son propre sol par le sacrifice
00:54:02 de tellement de jeunes gens étrangers,
00:54:05 c'est peut-être le moins que l'on puisse faire,
00:54:07 y compris 80 ans après.
00:54:10 Aujourd'hui, regardez, on est en train de parler de l'Ukraine.
00:54:13 Il y a pas mal de gens qui estiment
00:54:15 qu'il faudrait peut-être intervenir en Ukraine.
00:54:18 Je ne me prononce pas sur le fond,
00:54:19 mais regardez à quel point la simple idée, nous,
00:54:23 d'aller mourir loin de chez nous,
00:54:25 entraîne un rejet et un refus profond.
00:54:29 Les voici, vous voyez.
00:54:30 Et eux, ils sont venus le faire.
00:54:32 Avec une bonne petite heure de retard.
00:54:35 Voici donc les deux couples présidentiels qui s'avancent
00:54:38 depuis l'allée qui sépare le cimetière de la mer,
00:54:42 de la falaise d'Omaha Beach.
00:54:44 Et donc voilà, c'est l'honneur au drapeau.
00:54:50 Et les hymnes d'ici quelques minutes,
00:54:52 on devrait entendre les hymnes français et américains retentir.
00:54:56 (Musique)
00:55:00 (Musique)
00:55:03 (Musique)
00:55:06 (Musique)
00:55:10 (Musique)
00:55:13 (Musique)
00:55:19 (Musique)
00:55:28 (Musique)
00:55:36 (Musique)
00:55:39 (Musique)
00:55:45 (Voix de l'interprète)
00:55:58 (Voix de l'interprète)
00:56:01 Chers invités, le président des Etats-Unis d'Amérique
00:56:09 et la Docteur Biden accompagnés du président
00:56:12 de la République française et de Madame Macron.
00:56:16 (Musique)
00:56:19 (Applaudissements)
00:56:24 (Musique)
00:56:27 (Musique)
00:56:33 (Musique)
00:56:40 (Musique)
00:56:48 (Musique)
00:56:51 (Musique)
00:56:58 (Musique)
00:57:06 (Musique)
00:57:15 (Musique)
00:57:18 (Voix de l'interprète)
00:57:26 Chers invités, veuillez rester debout
00:57:36 pour l'hymne national de la République française
00:57:39 suivi de l'hymne national des Etats-Unis d'Amérique.
00:57:43 (Musique)
00:57:46 (Musique)
00:57:53 (Musique)
00:58:06 (Musique)
00:58:09 (Musique)
00:58:22 (Musique)
00:58:30 (Musique)
00:58:33 (Musique)
00:58:40 (Musique)
00:58:50 (Musique)
00:58:59 (Musique)
00:59:02 (Musique)
00:59:11 (Musique)
00:59:19 (Musique)
00:59:28 (Musique)
00:59:31 (Musique)
00:59:39 (Musique)
00:59:48 (Musique)
00:59:57 (Applaudissements)
01:00:00 (Voix de l'interprète)
01:00:07 - Chers invités, veuillez rester debout
01:00:13 pour l'invocation prononcée par le boniaire Karen Meeker.
01:00:24 (Propos en anglais traduits de l'anglais)
01:00:28 (...)
01:00:56 (...)
01:01:00 (...)
01:01:04 (...)
01:01:07 (...)
01:01:12 (...)
01:01:17 (...)
01:01:23 (...)
01:01:30 (...)
01:01:33 (...)
01:01:39 (...)
01:01:45 (...)
01:01:51 (...)
01:01:58 (...)
01:02:01 (...)
01:02:07 (...)
01:02:13 (...)
01:02:19 (...)
01:02:26 (...)
01:02:29 (...)
01:02:35 (...)
01:02:42 (...)
01:02:48 (...)
01:02:54 (...)
01:02:57 -Veuillez accueillir le secrétaire de la Commission américaine
01:03:03 des monuments de guerre, Sean K. Dejus.
01:03:07 (Applaudissements)
01:03:11 -Merci.
01:03:17 Monsieur le président, madame la Première dame Biden,
01:03:20 madame la présidente, monsieur le président Macron,
01:03:23 bienvenue à la Commission des monuments de bataille américaine,
01:03:28 au cimetière américain de Normandie.
01:03:31 Le jour J est un moment marquant de l'histoire.
01:03:36 C'est ici que nous pouvons nous replencher
01:03:39 sur le meilleur des valeurs américaines.
01:03:42 L'Amérique a envoyé ses meilleurs éléments,
01:03:48 et ils n'ont pas été envoyés pour se battre
01:03:51 pour un roi ou une couronne.
01:03:54 Ils ne se sont pas battus pour une secte.
01:03:57 Nous ne nous battons pas pour une mère patrie ou une nation.
01:04:02 Non.
01:04:04 Nous ne nous battons jamais pour la conquête,
01:04:08 pour rendre à notre peuple esclave.
01:04:11 Lorsque l'Amérique envoie ses meilleurs éléments,
01:04:16 elle envoie ses plus courageux éléments pour se battre,
01:04:21 pour défendre ses valeurs élémentaires,
01:04:24 les valeurs de liberté et de démocratie.
01:04:28 Et lorsque le travail est fait, lorsque la mission est accomplie,
01:04:35 lorsque le tyran est renversé, et que la démocratie peut prospérer,
01:04:40 alors l'Amérique fait quelque chose d'unique dans l'histoire.
01:04:45 Nous rentrons à la maison.
01:04:49 Tout ce que l'Amérique demande en échange de ce sacrifice
01:04:53 de nos meilleurs éléments,
01:04:56 ce sont quelques parcelles de terre pour enterrer nos morts.
01:05:01 Vous êtes ici assis sur l'une de ces parcelles de terre.
01:05:08 C'est pourquoi, aujourd'hui, le 6 juin,
01:05:12 en ce lieu, en Normandie, à l'occasion de cette cérémonie,
01:05:16 est un moment capital.
01:05:19 C'est un rappel à nous toutes et tous du vrai coût de la guerre
01:05:24 et du vrai prix appelé pour la liberté.
01:05:28 Un prix que nous avons payé le jour J, il y a 80 ans.
01:05:34 C'est un prix que nous rappelons à tous les dictateurs
01:05:40 autoritaires.
01:05:44 Nous disons que si nécessaire, le sacrifice, nous le referons
01:05:49 pour garantir le succès de la liberté.
01:05:56 Et voilà pourquoi la France sait, voilà pourquoi les Etats-Unis
01:06:04 savent, nous savons, nous savons que le système d'armes
01:06:14 le plus puissant du monde, ce n'est pas une équipe de mercenaires,
01:06:20 ce n'est pas un aéronef, ce n'est pas un mécanisme de surveillance,
01:06:25 ce n'est pas un terroriste qui se suicide.
01:06:29 Non, l'arme la plus puissante du monde a été, est et sera pour
01:06:39 toujours un peuple libre, prêt à se battre pour la liberté.
01:06:47 Mesdames, Messieurs, merci d'être venus.
01:06:51 Merci pour cette commémoration.
01:06:53 Merci de vous souvenir.
01:06:55 Merci de votre détermination à l'égard de la liberté.
01:07:00 Dieu vous bénisse en France et aux Etats-Unis.
01:07:04 (Applaudissements)