1947. Le monde est sorti de la guerre. La paix semble enfin retrouvée, mais ce n'est qu'une apparence. Un autre conflit est né : la guerre froide. Ce nouveau conflit plonge l'Amérique dans une crise d'espionite aigüe.
Une terrible chasse aux « sorcières » est lancée : Le Maccarthisme. On voit des espions soviétiques partout. Les rouges, les communistes, dénoncés comme « ennemis de l'intérieur » sont traqués. Les méthodes sont brutales, expéditives, elles touchent tous les milieux, mais tout particulièrement celui du cinéma.
Edgar Hoover, le patron du FBI, va mener durant trois décennies une implacable traque contre Charlie Chaplin qu'il accuse de sympathies communistes. Profitant du départ du cinéaste pour Londres, en 1952, il obtient du Procureur Général son interdiction définitive de retour sur le sol américain.
Cet impitoyable duel qui oppose les deux hommes est à l'image des courants idéologiques qui déchirent l'Amérique. Comment ce grand pays démocratique en est-il arrivé à bannir le cinéaste le plus populaire de sa génération ? A bafouer les principes les plus fondamentaux de liberté d'expression ?
Plongée dans les eaux troubles d'une Amérique paranoïaque. Année de Production : 2019
Une terrible chasse aux « sorcières » est lancée : Le Maccarthisme. On voit des espions soviétiques partout. Les rouges, les communistes, dénoncés comme « ennemis de l'intérieur » sont traqués. Les méthodes sont brutales, expéditives, elles touchent tous les milieux, mais tout particulièrement celui du cinéma.
Edgar Hoover, le patron du FBI, va mener durant trois décennies une implacable traque contre Charlie Chaplin qu'il accuse de sympathies communistes. Profitant du départ du cinéaste pour Londres, en 1952, il obtient du Procureur Général son interdiction définitive de retour sur le sol américain.
Cet impitoyable duel qui oppose les deux hommes est à l'image des courants idéologiques qui déchirent l'Amérique. Comment ce grand pays démocratique en est-il arrivé à bannir le cinéaste le plus populaire de sa génération ? A bafouer les principes les plus fondamentaux de liberté d'expression ?
Plongée dans les eaux troubles d'une Amérique paranoïaque. Année de Production : 2019
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00:00 Les services secrets américains ont récemment déclassifié un étonnant document.
00:07 Il s'agit d'une enquête de 2000 pages consacrée au cinéaste le plus populaire de son temps,
00:15 Charlie Chaplin.
00:17 Tout au long de sa carrière, Edgar Hoover, le puissant patron du FBI, a nourri ce dossier,
00:23 persuadé que le cinéaste était un dangereux agitateur communiste.
00:27 Pendant 50 ans, il n'a cessé d'espionner sa vie privée, de le mettre sur écoute,
00:33 de surveiller son entourage, ses relations sexuelles et sentimentales, de scruter ses films.
00:39 Du premier mémo daté de 1922 jusqu'à la dernière note datée de 1978,
00:49 ces pages nous racontent l'histoire de cet impitoyable traque.
00:55 Le duel qui opposa les deux hommes pendant près d'un demi-siècle
00:59 est à l'image des courants idéologiques qui n'ont cessé de déchirer l'Amérique jusqu'à ce jour.
01:05 Comment ce grand pays démocratique en est-il arrivé à bannir Chaplin, ce grand humaniste,
01:11 à bafouer les principes les plus fondamentaux de la liberté d'expression ?
01:16 Pour comprendre ce divorce, il faut remonter aux années 1910,
01:20 lorsque le jeune britannique de 25 ans débarque aux États-Unis avec la troupe de musical de Fred Carnot.
01:26 Lorsque Chaplin arrive à Los Angeles, Hollywood est en passe de devenir la capitale du 7e art.
01:37 Ce n'est pas encore une industrie, tout juste de petites sociétés de production artisanale.
01:42 L'une d'entre elles, la Keystone, dirigée par Max Ennette,
01:47 l'embauche pour les courts-métrages qu'elle produit à la chaîne.
01:50 Pourtant, dès son 3e film, on ne voit que lui sur l'écran.
01:55 Sa silhouette de vagabond et ses déboires font hurler de rire un public déjà conquis.
02:01 Chaplin a toujours été au bon endroit au bon moment.
02:05 Il est arrivé à Hollywood quand le cinéma commençait à se développer.
02:10 Si on regarde le personnage de Charlot dans ses attributs vestimentaires,
02:13 il a des godesses trop grandes, il a des culottes trouées,
02:16 mais il a un chapeau melon, il a une canne, il a une rodingote,
02:20 il a un bas qui est extrêmement modeste, pauvre, et un haut qui est extrêmement noble.
02:25 Il s'est donné une moustache parce qu'il disait qu'avec une moustache,
02:28 cela lui permettait de le vieillir un peu.
02:30 Les attributs vestimentaux qu'il a choisis
02:32 contenaient déjà les ingrédients de ce qu'allait constituer
02:36 la personnalité même de ce personnage à la fois humble et digne.
02:40 Charlot est né. Le succès est immédiat.
02:43 Désormais, Chaplin va donner plus de substance à la figure du vagabond.
02:48 Il va voir Max Sennett, le producteur qui l'a embauché,
02:55 pour lui dire « tes films, ça vaut pas beaucoup, je veux maintenant produire mes propres films ».
03:00 Max Sennett se sent mal de lui dire non et lui donne un coup d'essai.
03:05 Alors qu'il réalisait ses propres films, il voulait de plus en plus d'indépendance.
03:10 Il cherchait toujours plus de liberté pour pouvoir faire les films, comme il l'entendait.
03:14 Avec plus de 70 films réalisés pour la Keystone, SNA, Mutual, First National,
03:21 Chaplin se constitue en moins de 4 ans une fortune colossale.
03:25 Dès 1917, il lance la construction de ses propres studios à Los Angeles.
03:31 Il élabore des histoires satiriques qui prennent pour cible ces messieurs en haute forme,
03:36 que l'on en tarte ou bien ces policiers lourds d'eau à qui l'on botte les fesses.
03:40 Le maigre et souffroteux vagabond, symbole des opprimés, se transforme insensiblement en icône.
03:47 Charlot, l'irrévérent, le marginal, le révolté, devient le porte-parole des plus faibles.
03:56 Chaplin se taille, de film en film, une réputation de pamphlétaire.
04:05 Charlie va faire de Charlot non seulement un vagabond,
04:08 il va en faire un vagabond travailleur, un vagabond immigrant.
04:12 Il multiplie les représentations du personnage de ce vagabond,
04:17 qui sont toujours des personnages de condition modeste.
04:20 Il y a dans l'écriture chaplinienne, dès les débuts, dès 1915 et 1916,
04:27 une sorte de métaphore de David et Goliath, qui va se poursuivre pendant toute la vie de Charlot.
04:35 Il était vraiment conscient de l'oppression sociale sur les plus faibles,
04:41 ce qui n'est pas surprenant au regard de son enfance.
04:46 Cette conscience de l'injustice sociale ne l'a jamais quittée.
04:51 Dans "Les migrants", il dénonce les mensonges de la propagande américaine,
04:56 en montrant les brutalités des autorités contre les étrangers qui arrivent à New York,
05:00 sous le regard bienveillant de la liberté éclairant le monde.
05:04 De film en film, les gardiens de la morale perçoivent cette critique de la loi et de l'ordre
05:09 comme une charge subversive contre les valeurs puritaines de cette Amérique,
05:13 qui sort à peine des temps héroïques de la conquête de l'Ouest.
05:17 Alors que près de 4 millions de citoyens américains s'embarquent
05:27 pour prêter main-forte aux Français et aux Anglais,
05:30 on reproche vivement à Chaplin de refuser la citoyenneté américaine.
05:34 Charlie était considéré comme un mauvais citoyen,
05:37 parce que Charlie Chaplin a toujours refusé de demander la nationalité américaine.
05:41 Il disait « Je suis un citoyen du monde, je n'ai pas besoin d'une nationalité supplémentaire
05:46 à celle que le hasard m'a donnée. »
05:48 Pourtant, malgré son rejet du discours patriotique,
05:51 il n'hésite pas à soutenir la campagne gouvernementale visant à collecter des fonds,
05:55 les bonds, destinés à soutenir l'effort de guerre.
05:59 Il va plus loin encore dans son engagement,
06:17 en réalisant dans ses propres studios et à ses frais,
06:20 un petit film de propagande destiné à financer l'armement des soldats.
06:25 Mais le film sort un mois trop tard.
06:28 L'armistice ayant marqué la fin des hostilités,
06:31 les armées sont déjà rapatriées.
06:33 La décennie qui suit la Première Guerre mondiale
06:36 commence par une période de croissance et d'insouciance.
06:39 Les « Rolling Twenties », avec la prospérité retrouvée,
06:43 aussi bien sur le plan économique que culturel,
06:46 les années 20 correspondent à l'âge d'or d'Hollywood.
06:49 Les grandes compagnies de l'usine Arev, les majorities de l'armée,
06:53 produisent plus de 700 films muets, exportés dans le monde entier.
06:57 Hollywood devient véritablement le centre mondial du cinéma.
07:01 On comptait des dizaines de milliers de salles de cinéma aux États-Unis.
07:05 Le cinéma, c'était l'écran géant, c'était la découverte de l'image géante.
07:10 Pour les gens, c'était la magie.
07:12 Et donc, le cinéma était extrêmement populaire
07:15 et les gens suivaient de façon presque religieuse
07:18 l'évolution des différents films.
07:21 Fort de l'immense succès de ses films,
07:24 Chaplin monte son propre réseau de distribution.
07:27 Il s'associe avec trois autres vedettes hollywoodiennes,
07:30 Griffiths, Pickford, Fairbanks.
07:33 Ensemble, il crée la United Artists.
07:36 Cette société, qui n'était pas une société de production,
07:40 mais une société de distribution, a été créée pour contrer
07:44 le pouvoir de plus en plus monopolistique de ces majors aux États-Unis.
07:48 Maintenant qu'il contrôle la distribution de ses films,
07:51 Chaplin a gagné en autonomie.
07:54 Il s'attaque au thème des nombreux orphelins que la guerre a laissés en héritage.
07:57 Dans le film Le Kid, Charlie s'associe à un enfant orphelin
08:01 abandonné dans les rues de New York
08:04 pour dénoncer la manière avec laquelle l'Amérique ne prend pas soin
08:07 des enfants qui sont abandonnés dans ces rues
08:10 malgré les espoirs d'un monde nouveau et d'un rêve américain
08:14 dont Charlie va se faire le critique à maintes reprises et de maintes manières.
08:18 À Washington, on est inquiet de la propagation des idées de la révolution bolchévique.
08:24 On charge le jeune juriste Edgar Hoover
08:28 de surveiller les étrangers suspects aux États-Unis.
08:31 C'est un serviteur de l'État qui va être mis en charge
08:34 de l'organe qui se charge de la surveillance politique pour le FBI
08:37 dans les années de la fin de la guerre et de l'immédiate après-guerre.
08:40 Raciste décomplexé, pour qui un blanc vaut de noir,
08:44 sexiste assumé et profondément homophobe,
08:47 il est avant tout foncièrement anticommuniste.
08:51 Pour Hoover, parmi d'autres, va s'ancrer cette idée d'une organisation internationale
08:55 dont le but déclaré est de subvertir les États occidentaux
08:58 pour qu'ils basculent dans la révolution socialiste.
09:01 En 1919, il expulse les leaders communistes
09:04 qui, à ses yeux, représentent le principal danger pour la sécurité nationale.
09:09 Sa haine du communisme va même devenir chez lui une obsession,
09:16 au point qu'il soupçonnera bientôt tous ceux qui prônent des idées sociales ou libérales
09:20 d'être leurs complices.
09:22 C'est ainsi qu'il cible ceux qui répandent leurs idées subversives dans les médias de masse.
09:27 Et il n'est pas de meilleur véhicule pour ces idées séditieuses
09:32 que les intellectuels et les artistes qui mettent à disposition du tout-venant,
09:35 sans qu'on ait à ouvrir un livre, de manière très convaincante,
09:38 ces idées séditieuses.
09:40 Hoover ordonne à ses agents de surveiller Hollywood,
09:55 d'espionner les avant-premières, les réceptions.
09:58 Les journaux People, qui consacrent l'essentiel de leur colonne à la vie privée des artistes,
10:03 sont également une précieuse source d'informations pour le FBI.
10:06 Charlie est l'homme le plus populaire aux États-Unis,
10:09 l'artiste le plus populaire au monde à cette époque,
10:12 donc les masses le suivent.
10:14 C'est ainsi qu'Hoover ouvre le dossier Chaplin.
10:17 En 50 ans, il va s'enrichir de 2000 pages,
10:21 dont les premières sont constituées des articles consacrés à son mariage
10:25 avec la comédienne Mildred Harris.
10:28 Elle n'a que 16 ans et est enceinte de lui.
10:31 Mais maintenant qu'il est constamment sous le regard des médias,
10:34 Charlie ne peut risquer un scandale impliquant une mineure.
10:38 Il se retrouve sans aucun plaisir, dans la peau d'un homme marié.
10:43 Mildred accouche d'un garçon mal formé qui décède trois jours après sa naissance.
10:48 Le mariage tourne au fiasco.
10:50 Elle l'attaque en justice pour "cruauté mentale et dépravation sexuelle"
10:54 et obtient le divorce en novembre 1920.
11:00 Mais l'affaire fait grand bruit dans la presse à scandale qui fait sécher au gras des frasques de Chaplin.
11:05 A l'automne 1921, il quitte les États-Unis pour une longue tournée européenne.
11:12 A Londres et à Paris, il est ovationné par les foules.
11:20 En novembre 1924, Charlie se marie avec la jeune comédienne Lita Gray qui lui donnera deux fils.
11:26 Charles Chaplin Jr. et Sidney.
11:29 Mais le mariage vire rapidement au fiasco.
11:32 Sidney n'a pas six mois lorsque Lita quitte le foyer communiste.
11:36 Elle est enceinte de 16 ans et est enceinte de 16 ans.
11:39 Elle est enceinte de 16 ans et est enceinte de 16 ans.
11:42 Elle est enceinte de 16 ans et est enceinte de 16 ans.
11:45 Sidney n'a pas six mois lorsque Lita quitte le foyer conjugal avec ses deux enfants.
11:50 Elle l'accuse d'infidélité, de violence et de désir sexuel pervers.
11:55 Il va devoir lui verser un million de dollars pour obtenir le divorce,
12:00 la plus grosse somme jamais accordée aux États-Unis jusqu'alors.
12:04 Le procès fait la une des journaux.
12:06 Dans une Amérique profondément puritaine, qui dans l'après-guerre va même vivre la prohibition,
12:11 Charlie a choqué énormément d'Américains bien-pensants.
12:15 Il se moque d'une part de l'Amérique.
12:18 Plus que ça, il les ridiculise.
12:20 Il lutte à contre-courant de cette société conservatrice.
12:24 Par contre, il est adulé de la part des masses.
12:32 Les masses apprécient, comme dit Charlie Chaplin,
12:35 qu'on vote le derrière des bien-pensants et des gens de pouvoir de cette société.
12:39 La Ligue des familles appelle au boycott de ses films.
12:42 Mais il n'y a pas que Chaplin qui déplie au milieu puritain.
12:45 Il y a toute une partie de la population américaine qui est préoccupée par le contenu des films.
12:50 Il y a un discours religieux qui poussait à un effort moral,
12:53 si nécessaire, à militer pour une forme de censure des contenus.
12:56 Pour les producteurs d'Hollywood, elle est très dangereuse.
12:58 Elle interdirait à la diffusion certains films.
13:00 Elle aura un coût direct financier.
13:02 Il y a un enjeu économique très important.
13:04 Il faut trouver le moyen de dire que l'on fait quelque chose
13:06 pour éviter la régulation par les autorités publiques.
13:08 Et ce moyen, c'est de fonder une association,
13:10 qui est l'Association des producteurs d'Hollywood, la MPPDA,
13:13 et de faire adopter par ce MPPDA une sorte de code de bonne conduite.
13:17 Les producteurs nomment à la tête de cette association
13:21 l'avocat et sénateur républicain William Hayes.
13:24 C'est un membre très influent du parti américain
13:28 qui va être désigné à partir de 1922
13:30 à la tête de cette toute jeune, toute nouvelle
13:33 Association des producteurs et distributeurs de films.
13:36 Il va la présider jusqu'en 1945.
13:39 D'abord, il crée un organe de relations publiques.
13:41 Et puis, il a une seconde stratégie,
13:43 qui est de commencer à mettre en place des sortes de pré-codes.
13:46 La première mesure prise par ce syndicat de producteurs
13:49 est l'obligation d'un certificat de moralité
13:51 pour toute personne apparaissant à l'écran.
13:54 Désormais producteur et distributeur de ses propres films,
14:00 Chaplin est devenu totalement indépendant
14:03 et échappe donc aux règles qu'imposent les majors à leurs artistes.
14:06 Il devient d'autant plus dangereux
14:09 qu'il n'a de compte à rendre à personne.
14:12 Il va se mettre à dos les pouvoirs,
14:15 et particulièrement le FBI.
14:18 En août 1922, Hoover confie à son agent spécial Hopkins
14:22 une mission de surveillance de Charlie Chaplin.
14:25 Après enquête, Hopkins adresse son rapport à Hoover.
14:30 C'est le tout premier des nombreux mémos consacrés aux relations politiques du cinéaste.
14:34 L'agent spécial rend compte d'une réception donnée par Chaplin
14:38 à son domicile de Los Angeles.
14:41 Elle relève que parmi les invités,
14:43 il y a des sympathisants bolchéviques et des radicaux hollywoodiens.
14:47 Elle insiste sur la présence du leader syndicaliste communiste,
14:51 William Foster.
14:54 Hopkins relate qu'au cours de la soirée,
14:59 Chaplin aurait critiqué Will Hayes et déclaré
15:02 "Nous sommes contre toute forme de censure,
15:04 et en particulier contre celle des presbytériens."
15:07 Il serait même allé jusqu'à afficher une banderole dans ses toilettes
15:10 sur laquelle était inscrite "Welcome Will Hayes".
15:13 Lorsqu'Hoover transmet ce rapport à Will Hayes,
15:18 celui-ci l'informe que le cinéaste ne participe pas aux réunions du MPPDA
15:22 et qu'en plus, il refuse de se soumettre aux règles mises en place par les producteurs.
15:26 Il propose une plus étroite collaboration entre le FBI et le MPPDA
15:31 afin de censurer toute propagande séditieuse dans les films.
15:34 Cet échange d'informations entre les deux organismes va perdurer jusqu'en 1945.
15:40 [Musique]
16:00 Persécuté par les médias, surveillé par le FBI, encadré par le MPPDA,
16:05 Chaplin est cerné de toutes parts.
16:07 [Musique]
16:13 "En 1927, soumis à nouveau à de la pression extérieure sur le contenu des films,
16:17 il faut adopter un deuxième pré-code de bonne conduite
16:20 qui s'appelle les "Don'ts and be careful",
16:22 donc les "ne pas faire" et les "soyez attentif à"
16:25 qui listent 11 choses à ne pas montrer ou à ne pas faire à l'intérieur des films
16:29 et une trentaine de choses sur lesquelles il faut se montrer prudent."
16:34 Par exemple, il est conseillé de ne pas montrer la nudité,
16:37 ni de se moquer de la religion,
16:39 ou bien même encore d'encenser le crime et l'adultère.
16:43 "N'ayant pas de moyens de sanction, on s'arrangeait de la règle,
16:46 on la contournait avec la complicité des producteurs d'Hollywood
16:49 et donc on répétait pour faire passer un film,
16:51 c'est six wheels of sins, one of salvation,
16:54 donc six bobines de péché et une bobine pour sauver le film et sauver les âmes,
16:59 donc sauver le film en même temps."
17:02 Commencer dans l'insouciance, les années folles se terminent dans le drame.
17:06 New York, jeudi 24 octobre 1929.
17:10 La bourse de Wall Street s'effondre.
17:13 Le pays plonge dans une grave crise économique.
17:16 Plus de 12 millions de personnes, soit un quart de la population active,
17:19 se retrouvent au chômage.
17:21 La crise fait également exploser la pauvreté.
17:24 Deux millions d'Américains sont sans abri.
17:29 "La crise économique, elle est tout de suite interprétée par ces gens
17:32 du premier appareil sécuritaire américain
17:34 comme une crise qui n'est pas seulement économique,
17:36 mais qui va se révéler une crise politique.
17:38 Et là, il va y avoir une directive, vicieuse évidemment,
17:40 que ça se passe en secret, de mettre en surveillance
17:42 les catégories subversives dans la population américaine,
17:45 ce qui signifie à la fois les gens d'extrême droite et les communistes."
17:48 Pour Chaplin, qui commence à écrire le script des Lumières de la Ville,
17:55 il s'agit avant tout de témoigner des conséquences sociales
17:58 de la crise financière qui vient de frapper durement les classes populaires.
18:02 Avec son histoire de milliardaire qui joue avec la vie d'un clochard,
18:05 rencontré un soir de beuverie,
18:07 il file la métaphore du mépris des classes dominantes
18:10 pour les pauvres et les sans-grades.
18:12 Mais alors qu'il lance la production de ce film,
18:16 le cinéaste se trouve confronté à un nouveau défi,
18:19 l'avènement du parlant.
18:27 Depuis trois ans, les majeurs se sont lancés
18:29 dans la production de films sonores.
18:31 Toutes les salles commencent à s'équiper.
18:33 Mais Chaplin n'est pas convaincu par cette nouvelle technologie
18:36 qu'il considère comme un gadget qui disparaîtra bientôt.
18:39 "Et Charlie a toujours dit, je ne peux pas faire parler Charlo.
18:42 Si Charlo parle, je tue Charlo.
18:45 Parce que l'essence même de ce personnage
18:47 est de communiquer par l'art gestuel.
18:50 Donc il a refusé le plus longtemps qu'il a pu,
18:54 jusqu'en 1936, de faire quelques films parlants que ce soit."
18:58 Il justifie son choix en déclarant
19:01 "Je suis un pantomime, et dans ce domaine,
19:04 je suis unique et sans fausse modestie, le maître.
19:07 Je suis persuadée qu'avec le sonore,
19:14 je ne réussirai jamais à atteindre l'excellence de mes films muets."
19:21 Il a refusé de faire des films parlants au moment où produire un film muet
19:25 était presque une catastrophe économique annoncée.
19:28 Et pourtant, le succès est au rendez-vous.
19:30 Chaplin a gagné son pari.
19:32 "1933-1934, de nouveau charge des associations conservatrices,
19:36 en particulier catholiques,
19:38 qui cette fois-ci vont mener une charge plus nette.
19:40 Ils vont créer une Legion of Decency,
19:42 donc une Légion de la décence,
19:44 qui va mettre en place une campagne de boycott
19:47 des films d'Hollywood jugés indécents.
19:49 Les producteurs hollywoodiens sont très inquiets.
19:52 Ils vont mettre à la tête de cette gestion de la censure
19:54 un catholique irlandais qui s'appelle Joe Breen,
19:56 qui est beaucoup moins sensible à la question de la liberté artistique
19:59 que ses prédécesseurs et beaucoup plus préoccupé des questions de décence.
20:02 Et puis ils vont lui donner des instruments de sanction,
20:05 notamment la possibilité d'imposer jusqu'à 25 000 dollars.
20:08 Et donc dans ce contexte économique déjà un peu difficile
20:10 pour les producteurs d'Hollywood, on va se soumettre.
20:12 Et donc ça va avoir un impact sur le contenu des films."
20:15 Cette mesure d'autocensure marque un vrai tournant
20:17 dans la production hollywoodienne.
20:19 Dès lors, et pour de longues années,
20:21 les cinéastes américains vont soit se soumettre,
20:24 soit devoir faire preuve d'ingéniosité pour les contourner.
20:27 Pour Chaplin, c'est tout simplement inacceptable.
20:30 En 1933, le président Roosevelt met en œuvre le New Deal,
20:40 un programme de relance et de lutte contre le chômage.
20:43 Chaplin, fervent supporter du président,
20:45 n'hésite pas à se prononcer en faveur de son programme
20:48 sur les antennes de la CBS.
20:50 Son engagement en faveur d'une meilleure justice sociale
20:55 lui inspire le scénario de son nouveau film,
20:57 Les temps modernes.
20:59 "Charlie Chaplin voit arriver dans les villes
21:01 des hordes de paysans et de gens venant des régions
21:04 et qui s'agglutinent en banlieue de ces grandes villes
21:07 pour vivre finalement encore plus pauvrement
21:09 que ce qu'ils connaissaient dans leurs propres régions rurales auparavant.
21:12 Et Charlie est témoin de cette misère.
21:14 Il fait le film The Modern Times après avoir visité l'usine Ford.
21:17 Charlie dénonce le taylorisme, la théorie de la division
21:20 et de la mécanisation du travail.
21:22 Il prend le parti des ouvriers et dénonce l'automatisation,
21:26 dénonce le pouvoir économique qui transforme les ouvriers
21:30 en automates et en robots."
21:41 Il choisit la comédienne Paulette Goddard
21:43 pour jouer le rôle féminin principal.
21:45 Commence entre eux une belle histoire d'amour
21:48 qui durera dix ans.
21:50 "Paulette Goddard est une femme très délurée,
21:52 très forte, très affirmée, qui a apporté beaucoup de bonheur.
21:55 Dès que Charlie l'a rencontrée, il a compris que ça devait être elle
21:59 qui allait jouer le rôle de la gamine,
22:01 cette espèce de jeune révoltée,
22:03 une femme forte dans le film Les temps modernes."
22:05 Tout de suite après la première hollywoodienne du film,
22:10 Charlie embarque Paulette pour un tour du monde.
22:13 Il se marie secrètement en 1936.
22:16 Le film connaît un énorme succès public,
22:19 mais nombre de chroniqueurs écrivent qu'il s'agit d'un film communiste.
22:23 Chaplin se défend.
22:25 "Ce n'est ni pour, ni contre le communisme ou le capitalisme.
22:31 Il est assis à Califourchon sur la barrière.
22:34 Il ne l'a pas saisi que dans le contexte de montées des idéologies nationalistes.
22:39 Il ne peut rester neutre. On est sommé de choisir son camp."
22:42 "Il y a une inquiétude politique au plus haut de la hiérarchie de l'État.
22:45 C'est Roosevelt qui va convoquer Hoover, entre autres,
22:48 en s'inquiétant de l'action des militants extrémistes."
22:51 Pour Hoover, l'épicentre de l'agitation est à Hollywood,
22:54 mais les producteurs s'en défendent.
22:56 "I tell you, this industry has no sympathy
23:01 with communism, fascism, nazism or any ism other than Americanism."
23:08 "Les communistes à Hollywood, jusqu'au milieu des années 30,
23:11 c'est totalement groupusculaire.
23:13 La bascule, elle se fait véritablement en 1935-1936,
23:17 où le nombre de communistes aux États-Unis double,
23:19 passant d'à peu près 40 000 à 80 000."
23:22 Hoover use de toute son influence pour que les cinéastes participent
23:28 à la lutte contre ces subversifs.
23:30 "And we who can think clearly must view the picture of disaster which faces us
23:36 and concentrate ourselves to save our education."
23:39 Il leur commande des films de propagande qui montrent comment le FBI,
23:44 grâce à lui, est devenu une véritable machine de guerre
23:47 en matière de renseignement intérieur.
23:49 Il les incite également à produire des films qui mettent en valeur
23:52 le travail de ces agents fédéraux, tel le film "G-Men" avec James Cagney,
23:56 produit par la Warner en 1935.
23:58 Grâce à son important réseau d'agents,
24:03 Hoover surveille de près les investissements et les profits de Chaplin.
24:07 S'il trouve beaucoup d'argent sur les comptes du cinéaste,
24:10 les enquêteurs du FBI n'y décèlent pas la moindre trace
24:13 d'une contribution compromettante à la cause communiste.
24:16 Déçu par ces investigations, Hoover remarque avec ironie
24:24 qu'on ne peut concevoir une satire angoissante et bouffonne
24:27 du grand capitalisme industriel tout en s'enrichissant sans scrupule,
24:31 comme un Rockefeller.
24:33 C'est à nouveau l'actualité politique qui va inspirer à Chaplin
24:41 le sujet de son prochain long-métrage, "Le dictateur".
24:45 Il voyait en Europe la montée d'un mouvement qui l'effrayait.
24:50 Charlie a toujours été un Européen de cœur.
24:54 Il commence à réfléchir à la configuration d'un scénario
24:57 qu'il va appeler "Production numéro 6",
24:59 qui était le nom du film qui allait devenir "Le dictateur".
25:02 Il consacre deux ans de sa vie à analyser ce qui se passe
25:06 en Europe, aux États-Unis.
25:08 Il écrit un scénario de 300 pages.
25:10 C'est extraordinaire qu'on y pense.
25:19 L'homme le plus aimé au monde et l'homme le plus détesté
25:22 étaient presque pareils.
25:24 Ils étaient nés à quelques jours d'intervalle
25:27 et avaient pratiquement le même âge, la même taille,
25:30 le même physique. C'était trop tentant.
25:33 Charlie avait une petite moustache alors que celle d'Hitler
25:38 était plus touffue. Mais ce qui est intéressant,
25:40 c'est qu'elle a rétrécié avec les problèmes politiques.
25:43 Et là, elle ressemblait vraiment à celle de Chaplin.
25:46 En septembre 1939, alors que les troupes allemandes
25:50 déferlent brutalement sur l'Europe,
25:52 Chaplin commence le tournage de son film
25:54 dans ses studios d'Hollywood.
25:56 Charlie a décidé seul, à ses frais et à ses risques,
25:59 de faire ce film.
26:01 Son frère n'était pas d'accord, sa famille n'était pas d'accord,
26:04 Hollywood n'était pas d'accord.
26:06 Le lobby allemand, dans les années 1938-39,
26:09 a fait des pressions énormes auprès d'un gouvernement américain
26:12 qui, à l'époque, était allié de l'Allemagne
26:15 pour ne pas que Charlie Chaplin fasse ce film.
26:17 Chaplin a reçu des menaces de mort.
26:20 Il est demeuré un homme libre et prêt à prendre tous les risques,
26:23 y compris les risques financiers, pour pousser jusqu'au bout
26:26 la diffusion de ses propres convictions d'un monde
26:29 qui, à ses yeux, devait être beaucoup plus proche
26:32 des droits de la personne, des droits humains,
26:34 de la solidarité, d'une humanité,
26:36 puis d'un pacifisme auquel il a toute sa vie adhéré.
26:39 Dès sa sortie à l'automne 1940,
26:50 le film est accueilli avec enthousiasme par la presse et le public,
26:54 mais de nombreuses voix s'élèvent contre son discours final.
26:57 Son message pacifiste dérange.
27:00 Le Daily News de New York écrit qu'il braque sur le public
27:03 le doigt du communisme.
27:06 Lorsque le film est présenté au président Roosevelt,
27:09 son seul commentaire est de regretter les tensions diplomatiques
27:12 qu'il soulève avec les pays pro-nazis.
27:15 Roosevelt n'a pas encore déclaré la guerre à l'Allemagne,
27:18 mais qu'il doit faire face à une opinion publique
27:20 massivement isolationniste.
27:22 96% des Américains s'opposent à l'entrée en guerre de leur pays.
27:26 L'opinion publique américaine met beaucoup de temps à basculer.
27:35 En plus, elle est travaillée par un lobby officiellement défavorable
27:38 à l'intervention en Europe, un lobby isolationniste,
27:41 l'America First Committee.
27:43 C'est un mouvement de masse, il revendique 8 millions de membres
27:46 et il est porté par une voix qui, médiatiquement, est connue,
27:49 le héros de la traversée de l'Atlantique, qui est Charles Lindbergh.
27:52 Alors que les milieux d'extrême droite manifestent leur soutien aux nazis,
28:07 le président étend la mission du FBI.
28:10 Roosevelt va demander de surveiller tout un tas de gens différents,
28:13 du German-American Bund, les isolationnistes,
28:16 et le FBI va prendre de plus en plus de poids,
28:19 et on peut dire qu'à partir de 40-41, aux côtés des militaires,
28:22 mais devant les militaires, le FBI occupe la place première
28:25 dans cet appareil de surveillance intérieure.
28:27 Le 7 décembre 1941, l'attaque surprise des Japonais à Pearl Harbor
28:35 va faire basculer le sort de la guerre.
28:37 Une guerre a existé entre les États-Unis et l'Empire Japonais.
28:45 Au lendemain de cette déclaration,
28:47 93% des Américains se déclarent maintenant favorables
28:50 à l'entrée en guerre contre l'Allemagne.
28:53 Lorsque l'Union soviétique bascule dans le camp allié,
28:56 les communistes américains changent de statut.
28:58 De paria, ils deviennent d'indispensables auxiliaires
29:01 pour mener le combat contre les nazis.
29:03 Pour Roosevelt, il s'agit maintenant de mobiliser tout le pays
29:06 sous la bannière étoilée pour soutenir l'effort de guerre.
29:09 Roosevelt exhorte les cinéastes d'Hollywood
29:22 à mettre leur talent au service de la nation.
29:25 Notre gouvernement vous a invité à faire votre part dans le travail.
29:30 Nous sommes reconnaissants que votre réponse soit si immédiate et si saine.
29:36 Une véritable coopération se met en place entre le gouvernement,
29:40 l'armée et les professionnels d'Hollywood
29:42 pour produire des films qui exaltent les valeurs patriotiques.
29:46 Comme à l'époque de la Première Guerre,
29:48 Chaplin répond présent à l'appel du président.
29:51 Mais il va plus loin lorsqu'il déclare publiquement
29:53 qu'il faut venir en aide aux armées soviétiques.
29:56 La théorie de Charlie Chaplin, c'est de dire
29:58 "Si les Allemands gagnent le front Est, c'en est fini pour l'Europe."
30:02 Il y a tout un tas d'individus, parfois proches du Parti communiste,
30:05 mais parfois tout simplement libéraux, pro-New Deal,
30:07 qui vont s'engager dans la société,
30:09 dans une série d'associations, de groupements, d'événements
30:12 favorables à l'aide à l'Union soviétique.
30:14 Donc ces gens vont militer pour l'ouverture d'un second front
30:17 pour soulager l'Union soviétique.
30:18 Parmi les figures connues, il y a Charlie Chaplin.
30:21 Le fait que Chaplin milite à l'intérieur de ce mouvement
30:23 qui est considéré très clairement par le FBI
30:26 comme qu'ils appellent un "front", c'est-à-dire une association
30:28 qui cache l'appareil communiste,
30:30 ça le classe parmi les potentiels compagnons de route du Parti communiste.
30:34 En mai 1942, le cinéaste reçoit un appel d'un membre du gouvernement
30:45 le priant de bien vouloir remplacer l'ambassadeur des USA à Moscou,
30:48 empêché de prendre la parole lors d'un meeting du comité américain
30:51 pour le secours au front russe à San Francisco.
30:54 Chaplin accepte.
30:56 Mais lorsqu'il prend la parole, il surprend les 10 000 personnes présentes
31:00 en commençant son discours par un vibrant camarade.
31:03 Mais le cinéaste aggrave son cas.
31:12 En octobre 1942, il se rend à New York
31:15 en compagnie d'Orson Welles et de Pearl Buck
31:18 pour intervenir en faveur du second front.
31:20 Le meeting, organisé par le Front des artistes pour gagner la guerre,
31:23 une organisation classée très à gauche pour le FBI,
31:26 provoque de virulentes manifestations anticommunistes devant le Carnegie Hall.
31:31 Je dirais que la goutte qui a fait déborder le vase,
31:33 c'est quand Charlie Chaplin décide de prendre position pour le front russe.
31:37 Et vraiment, il s'est mis à dos la totalité du Congrès
31:40 et le président des États-Unis.
31:43 Mais Hoover manque toujours de témoins fiables
31:46 et surtout de pièces à conviction pour le faire comparaître devant les tribunaux.
31:50 L'affaire John Barry tombe à point nommé.
31:53 Un article, daté de juin 1943,
31:57 révèle que la jeune comédienne John Barry est enceinte de 6 mois.
32:01 Elle accuse Charlie Chaplin d'être le père de son enfant.
32:05 Lorsqu'il découvre cette affaire,
32:07 le chef du FBI charge l'agent spécial Hood de mener l'enquête.
32:12 Hood interroge d'innombrables témoins.
32:14 Deux mois plus tard, il remet à son patron un memo de 400 pages.
32:18 Tout commence en juin 1941,
32:23 lorsque Chaplin fait la connaissance de John Barry, 23 ans,
32:27 fraîchement arrivé à Los Angeles dans l'espoir d'y trouver un petit rôle.
32:31 Elle rencontre Chaplin, le séduit et obtient un rôle dans son film.
32:39 Moins d'un an plus tard,
32:41 John Barry présente des signes d'instabilité mentale.
32:44 Elle rentre à l'aube complètement ivre, provoque des accidents de voiture.
32:48 Craignant le scandale, Chaplin rompt le contrat.
32:51 Ensuite, les deux amants ne se voient plus pendant 5 mois.
32:55 Mais ce que révèle la suite du memo de l'agent Hood
32:59 retient plus particulièrement l'attention d'Hoover.
33:02 Lorsqu'en octobre 1942, Chaplin s'est rendu à New York
33:05 pour le meeting de soutien au front russe,
33:07 il aurait payé un billet de train de Los Angeles à New York à John Barry
33:11 dans l'intention d'avoir avec elle des rapports sexuels illicites.
33:14 Hoover saisit immédiatement l'intérêt de cette dernière information.
33:18 Il note en marge du memo
33:21 « Ne faudrait-il pas éclaircir ce point ?
33:24 S'il y a violation du Mann Act, nous devrions agir vigoureusement. »
33:28 Il existe depuis 1910 une loi fédérale qui s'appelle le Mann Act
33:32 qui condamne ce qu'on appelait la traite des blanches.
33:35 Donc ce Mann Act interdisait le transport de femmes inter-étatiques
33:39 dans le but de les réduire à la prostitution,
33:42 de commettre des actes de débauche ou tout autre acte immoral.
33:46 Or cette loi, au bout de quelques mois à peine,
33:49 son usage va être détourné et en fait elle va être utilisée
33:52 dans la lutte contre les comportements indécents.
33:54 Et donc, lorsque Chaplin paie le billet de train à son ex-maîtresse
33:58 pour la faire venir de Los Angeles à New York
34:00 et qui lui fait franchir une ligne inter-étatique
34:03 pour avoir une relation sexuelle hors mariage avec elle,
34:06 il tombe sous le coup du Mann Act.
34:08 En récupérant la note de l'hôtel Astoria,
34:13 Hoover détient enfin une pièce à conviction
34:15 qui pourrait amener un tribunal à le condamner pour « turpitude morale ».
34:19 Outrepassant largement ses fonctions,
34:22 le chef du FBI, Post John Barry, va porter plainte contre Chaplin.
34:27 Il va même jusqu'à payer deux avocats pour assurer la défense de la plaignante.
34:32 Lorsque Chaplin se rend au tribunal, le 10 février 1944,
34:36 les paparazzis se bousculent pour assister au procès.
34:40 L'avocat demande au jury s'il lui paraît vraisemblable
34:43 que son client ait fait parcourir 4 500 km à John Barry
34:47 dans le but d'avoir des relations intimes avec elle,
34:50 alors qu'elle lui aurait donné son corps n'importe où, n'importe quand.
34:54 Chaplin est finalement acquitté pour ce chef d'inculpation.
34:57 Mais il n'en a pas fini pour autant avec John Barry.
35:02 Un second procès s'ouvre huit mois plus tard.
35:05 Il est accusé cette fois d'être le père biologique de l'enfant
35:09 que John a mis au monde 14 mois plus tôt.
35:12 Les tests sanguins ordonnés par le tribunal prouvent de manière irréfutable
35:16 qu'il ne peut pas être le père.
35:19 Et l'avocat de Chaplin démontre que Miss Barry
35:22 avait un autre amant à la date où l'enfant fut conçu.
35:25 Malgré les dénégations de Chaplin et sa déclaration sous serment,
35:29 qu'il n'y a eu aucun rapport intime entre eux depuis deux ans,
35:32 le tribunal autorise l'enfant à porter son nom
35:35 et le condamne à lui verser une pension alimentaire jusqu'à sa majorité.
35:39 Charlie accepte d'autant plus mal ce verdict
35:42 qu'il avait rencontré celle qui allait devenir la femme de sa vie
35:45 avant même que John Barry soit enceinte de cet enfant.
35:48 En effet, c'est en juin 1943 qu'il avait épousé Una.
35:52 La jeune femme lui apportera un soutien indéfectible
35:55 pendant ces longues années de procédure judiciaire
35:58 et restera à ses côtés jusqu'à sa mort.
36:01 Alors qu'il se débat avec la justice,
36:04 Chaplin se lance dans l'écriture de ce qui va devenir la plus noire de ses comédies.
36:08 Le script, qui à ses débuts s'intitule Production n°7,
36:12 deviendra Landru, puis Barbe Bleue,
36:15 et enfin Monsieur Verdoux.
36:18 Moustache soignée, costume sur mesure, élégant et courtois,
36:22 Monsieur Verdoux se révèle être un tueur en série qui finit sur la guillotine.
36:28 Chaplin règle ses comptes en dénonçant les tribunaux américains qui viennent de le condamner.
36:32 Il fait dire à Verdoux,
36:34 « Si l'on tue une seule personne, on est un assassin.
36:38 Si l'on en tue des millions, on est un héros. »
36:41 Avec le retour de la paix,
36:45 les Alliés d'hier deviennent d'irréductibles ennemis.
36:48 Une guerre froide s'installe entre les deux superpuissances.
36:54 Elle fait rage entre les États-Unis et l'URSS.
36:57 Ce nouveau conflit plonge l'Amérique dans une crise d'espionnites aigües.
37:02 Une terrible chasse aux sorcières est lancée.
37:05 Le maccartisme.
37:06 On voit des espions soviétiques partout.
37:08 Les Rouges, les communistes, dénoncés comme ennemis de l'intérieur,
37:12 sont traqués, débusqués, traduits en justice.
37:15 Les méthodes sont brutales, expéditives.
37:19 Elles touchent tous les milieux, mais tout particulièrement celui du cinéma.
37:24 La présentation de M. Verdoux à la presse tourne au fiasco.
37:37 Huée, sifflée, salle envahie par des opposants à Chaplin.
37:41 Au lieu de l'interroger sur le film, les journalistes s'acharnent contre lui.
37:45 "Êtes-vous communiste ?" Une fois de plus, Chaplin s'en défend.
37:49 "Je ne suis pas communiste."
37:51 "Pourquoi refusez-vous de prendre la nationalité américaine ?"
37:54 C'est précisément sur cette question que le très conservateur sénateur John Rankin
37:58 intervient devant la Chambre des représentants.
38:01 Chaplin porte préjudice aux faunements moraux de l'Amérique.
38:05 Dès lors, nous devons le tenir à l'écart des écrans
38:08 et cacher ces films répugnants aux yeux de notre jeunesse.
38:11 "Fake !" "What ?" "Bless you, silly ass !"
38:14 Rankin exige du procureur général d'instituer une procédure d'expulsion de Chaplin.
38:20 En juillet 1947, le cinéaste apprend par la presse qu'il est appelé à comparaître
38:25 comme témoin devant la HUAC, la Commission parlementaire sur les activités anti-américaines.
38:31 House Un-American Activities Committee.
38:36 Un-American, on est vraiment dans l'idée qu'on n'est pas contre le gouvernement des États-Unis,
38:42 mais qu'on est non-américain, qu'on est un mauvais américain,
38:45 que d'une certaine façon, le vert est dans le fruit
38:48 et que c'est l'essence même de la nation américaine
38:51 qui est mise en cause par un certain nombre d'individus.
38:54 La mission de cette commission d'enquête est de faire la lumière
38:58 sur les activités subversives des cinéastes d'Hollywood.
39:01 À l'automne 1947, elle procède à l'audition d'un certain nombre d'entre eux.
39:06 Il faut bien avoir à l'esprit que les gens qui siègent dans ces commissions-là,
39:18 ils font carrière, et donc plus il y a de presse, plus c'est intéressant pour eux.
39:22 Et donc s'attaquer à Hollywood, c'est s'attaquer à quelque chose de tellement médiatique
39:25 que ça va tourner les lumières en direction de cette commission d'enquête.
39:30 Chaplin fait savoir à la commission qu'il a bien l'intention de répondre à sa convocation,
39:33 mais qu'il s'y rendra déguisé en charlot et fera ses pantomimes durant l'interrogatoire.
39:38 La commission, bien inspirée, lui répond que son audition n'est plus jugée nécessaire
39:43 et qu'il doit considérer l'affaire comme close.
39:46 Si Chaplin réussit à échapper aux auditions de l'HUAC,
39:49 ce n'est pas le cas pour d'autres qui sont convoqués en octobre 1947.
39:53 Alors ils hésitent longtemps sur les gens qui vont convoquer.
39:56 Il faut convoquer des gens dont le dossier est suffisamment "chargé".
40:00 Et puis finalement, ils décident de s'en tenir à la liste de dix individus
40:03 qu'ils pensent être le plus indéniablement subversif et lié au Parti communiste,
40:07 et donc convoquent les fameux Hollywood Ten.
40:09 Un comité de soutien composé entre autres d'Hommefrey Bogart et de Lorraine Bacall
40:13 prend la défense de leurs amis inculpés.
40:15 Les studios vont faire comprendre, en particulier à Hommefrey Bogart,
40:19 qu'il faut vite rentrer à Hollywood et arrêter de soutenir les Hollywood Ten
40:22 s'ils ne veulent pas que sa carrière se termine trop rapidement.
40:25 De son côté, Chaplin défie à nouveau la commission
40:28 en prenant la défense de son ami compositeur juif, Hans Eisler.
40:32 L'artiste est accusé d'être le Karl Marx de la musique.
40:35 Mais ses protestations sont vaines.
40:49 Eisler est expulsé.
40:51 Chaplin est accusé d'avoir soutenu un communiste.
40:54 Le 30 octobre, le président de la commission déclare que les auditions sont closes.
40:59 Les cinéastes qui ont refusé de répondre à la commission
41:02 sont inculpés d'outrage au Sénat et condamnés à de la prison ferme.
41:06 Ce même jour, 58 hauts dirigeants des studios d'Hollywood
41:10 s'y réunissent à New York pour adopter une position commune
41:13 et se mettent d'accord sur un texte stipulant que désormais,
41:16 plus personne ne sera employé par les studios
41:18 sans avoir déclaré sous serment qu'il n'est pas communiste.
41:22 Des listes noires circulent.
41:24 Les proscrits n'ont d'autre choix que de renier haut et fort leur engagement
41:28 et, pour prouver leur bonne foi, de donner des noms.
41:31 Si Chaplin échappe au foudre de l'HUAC
41:37 et aux mesures discriminatoires du syndicat des producteurs,
41:40 il sera le premier à être accusé de faire face à la commission.
41:43 Chaplin est accusé d'avoir soutenu un communiste.
41:46 Le président de la commission déclare que les studios d'Hollywood
41:49 sont des "producteurs discriminatoires du syndicat des producteurs".
41:52 Il n'échappe pas aux accusations de l'Association des anciens combattants catholiques
41:56 qui exige une enquête sur le soutien de Chaplin à Hans Eisler
42:00 et surtout à son frère Gerhardt.
42:03 Ainsi, lorsqu'au printemps 1948, il demande le renouvellement de son visa
42:08 afin de préparer le tournage de son prochain film à Londres,
42:12 il reçoit la visite d'une commission d'enquête des services de l'immigration.
42:17 Pendant quatre heures, on l'interroge sur ses origines raciales,
42:20 ses activités sexuelles, ses raisons de ne jamais avoir demandé la citoyenneté américaine
42:25 ou d'avoir soutenu les soviétiques pendant la guerre.
42:28 Chaplin se défend.
42:30 "J'ai soutenu la Russie car je crois que sans elle, les nazis seraient là.
42:34 Je ne suis pas un subversif.
42:37 Je suis un démocrate progressiste, pas un socialiste.
42:40 Je suis un patriote de l'humanité, un citoyen du monde.
42:44 J'ai toujours adoré ce pays."
42:46 A l'issue de l'interrogatoire, on lui promet que son visa de retour lui sera accordé.
42:52 Mais alors qu'il s'apprête à partir,
42:54 le fisc exige qu'il dépose dans une banque la caution de 2 millions de dollars.
42:59 Il renonce alors à son voyage et décide de tourner les feux de la rampe
43:04 dans ses studios de Los Angeles.
43:06 Une décision paradoxale, car la tragédie sentimentale qu'il s'apprête à réaliser
43:11 se déroule dans les quartiers populaires du Londres de son enfance.
43:14 Après un long casting et de nombreux essais,
43:17 Chaplin fait venir Claire Bloom, une comédienne de théâtre anglaise,
43:21 pour jouer le rôle féminin principal.
43:24 "J'étais complètement inconnue.
43:27 Pas en Angleterre, où j'étais une petite star montante du théâtre,
43:31 mais à Hollywood.
43:33 J'étais très nerveuse à l'idée de le rencontrer.
43:36 Et j'ai vu cet homme dans un pull bleu comme ses yeux qui m'a dit
43:39 « Dieu merci, vous êtes bien arrivée, je m'inquiétais pour votre vol ».
43:44 C'est comme ça que je l'ai rencontré, et je l'ai aussitôt adoré."
43:48 "Quand j'ai quitté les États-Unis, j'étais très triste de laisser Charlie,
44:04 qui ne réalisait pas qu'il était devenu comme un père pour moi,
44:09 et Una, que j'aimais tendrement, comme une sœur.
44:13 Ils m'ont promis qu'ils viendraient en Angleterre,
44:16 et que je les reverrai bientôt."
44:19 Aussitôt le film terminé, Chaplin décide de quitter les États-Unis
44:25 pour organiser son avant-première à Londres.
44:27 Le vendredi 17 septembre 1952,
44:30 le Queen Elizabeth quitte les États-Unis avec Chaplin, Una
44:33 et leurs quatre enfants.
44:35 Le navire est en mer depuis deux jours,
44:37 lorsque la radio de bord reçoit la terrible nouvelle.
44:40 Le ministre de la Justice vient d'annuler le visa de retour de Chaplin
44:44 et d'ordonner au service de l'immigration de l'arrêter,
44:47 au cas où il tenterait de revenir en Amérique.
44:50 L'administration justifie la mesure en évoquant une loi
44:53 qui autorise le refoulement d'étrangers sur la base de la moralité,
44:57 de la folie, de la propagande ou de l'appartenance au Parti communiste.
45:02 Cette décision de justice avait été préparée de longue date
45:06 grâce aux enquêtes transmises par Hoover.
45:09 "Il n'avait rien fait d'illégal.
45:14 Il n'avait pas le droit d'agir comme ils l'ont fait."
45:17 Chaplin, abasourdi, est bien décidé à faire face à ses accusateurs.
45:22 Pour lui, il est inenvisageable d'être interdit de séjour dans ce pays
45:26 où il a établi son domicile durant ses 40 dernières années
45:29 et auquel il a apporté tant d'amour et d'éclats.
45:32 "Charlie était assis sur une chaise, complètement sonné.
45:37 C'était ses studios, sa maison,
45:40 les gens merveilleux qui travaillaient pour lui au studio, dans la maison.
45:45 Pendant toutes ces années, on lui avait tout pris,
45:48 y compris son argent, ses biens."
45:51 Londres lui réserve un accueil digne de la star mondiale qu'il est devenu.
45:57 Les Britanniques ont toujours adoré Chaplin.
46:00 Lors de l'avant-première, le film reçoit un accueil triomphal.
46:19 "Quand nous sommes sortis en descendant l'escalier,
46:24 on a vu que tout le monde nous attendait.
46:27 Personne n'était parti et ils ont commencé à nous applaudir.
46:30 C'est alors que j'ai passé mes bras autour de son cou.
46:33 Je ne l'avais jamais touché auparavant.
46:36 C'était un moment très émouvant et merveilleux."
46:40 Honneur suprême, il est reçu par la famille royale.
46:46 Paris et Rome le reçoivent avec la même ferveur.
46:52 Résolu à l'idée qu'il ne pourra jamais revenir en Amérique,
46:55 Chaplin demande à sa femme Una d'y retourner à sa place
46:58 pour liquider leurs biens.
47:01 "Una n'était pas beaucoup plus âgée que moi, elle devait avoir 25 ans.
47:05 Elle est repartie seule. Il ne faut pas oublier qu'elle était américaine.
47:08 Elle avait un passeport américain.
47:11 Elle a fermé la maison, les studios.
47:14 Elle a dit au revoir au personnel, retiré l'argent de la banque,
47:17 les papiers, que sais-je.
47:20 Et elle est revenue."
47:23 En janvier 1953, la famille Chaplin s'installe au Manoir de Bans, en Suisse,
47:28 dans une magnifique propriété surplombant le lac Léman.
47:31 "Il en avait un peu roll ball des années de difficultés,
47:35 de procès, de macartisme, d'ostracisme qu'il venait de vivre.
47:39 Il avait envie de trouver un endroit calme
47:42 où il retrouverait la sécurité et aussi la paix
47:46 dont il avait besoin pour continuer à produire."
47:49 Ils continuent leur vie, et une vie triomphante en ce qui concerne Charlie.
47:53 Et ils ont eu quatre autres enfants.
47:56 En 1953, Una, par solidarité,
48:00 renonce définitivement à sa nationalité américaine.
48:03 Mais Charlie n'a pas fini de régler ses comptes avec ceux qui l'ont banni.
48:07 "Il entretenait une véritable haine envers l'Amérique
48:11 à cause de ce qu'il lui avait fait et qu'il faisait subir à d'autres."
48:16 En 1954, il écrit, produit et réalise son avant-dernier film,
48:20 "Un roi à New York".
48:22 Son fils, Michael, y joue le rôle d'un garçon
48:25 dont les parents sont traqués par le FBI.
48:28 Cette satire parodie, bien évidemment,
48:31 ses démêlés avec son ennemi juré, Edgar Hoover.
48:34 La sortie du film aux États-Unis réveille l'éternel affrontement
48:38 entre conservateurs et libéraux.
48:41 Des manifestations de boycott sont organisées
48:44 dans les salles où il est projeté.
48:47 Chaplin a quitté l'Amérique depuis 20 ans,
48:50 mais Hoover continue à s'acharner contre lui.
48:53 Des notes attestent qu'il interroge les services secrets anglais
48:56 sur les éventuelles origines juives du cinéaste,
48:59 qu'il classe les rapports fournis par les services secrets suisses
49:02 sur ses rencontres, ses visiteurs, ses activités jusqu'au début des années 70.
49:05 Mais avec les années Vietnam, l'opinion publique bascule.
49:11 Des voix s'élèvent pour réclamer le retour de Chaplin.
49:14 Le New York Times de juillet 1962 s'indigne.
49:17 "Nous ne pensons pas que la République serait en danger
49:20 si l'administration levait le bannissement imposé en 1952."
49:23 En 1971, l'ambassadeur des États-Unis à Berne
49:27 informe le procureur général que Chaplin est invité
49:30 par une université américaine et recommande aux autorités
49:33 de lever l'interdiction de séjour de Chaplin.
49:38 L'étoile du patron du FBI a commencé à pâlir.
49:41 Critiqué dès les années 60 pour sa lutte obsessionnelle
49:44 contre le communisme, il est accusé d'abus d'autorité
49:47 sur ses propres agents, de chantage sur les personnalités politiques,
49:50 d'être corrompu par la mafia.
49:53 Il termine sa carrière sur le scandale causé
49:56 par la révélation de ses méthodes illégales de surveillance.
49:59 Le retour triomphal de Chaplin aux États-Unis
50:04 est une ultime revanche de l'artiste sur Hoover.
50:07 Il est reçu par le maire de New York
50:10 qui lui remet les clés de la ville.
50:14 Cette clé signifie que les cœurs de tous les gens de New York
50:17 sont toujours ouverts à vous.
50:20 Et vous venez.
50:23 Je me sens très honnête et très émotionnel
50:26 à ce moment.
50:29 Il est ovationné à Hollywood pendant de longues minutes.
50:40 Lors de la cérémonie des Oscars
50:43 où il reçoit le prix spécial du jury pour son génie cinématographique
50:46 comme le repentir tardif d'une profession
50:49 qui a ostracisé le cinéaste pendant 20 ans.
50:52 (Applaudissements)
50:55 Hoover meurt d'une attaque cardiaque
51:14 un mois à peine après la réhabilitation hollywoodienne de Chaplin
51:17 entraînant dans sa tombe
51:20 le premier film d'artiste de l'époque d'après-guerre.
51:23 Comme un dernier pied de nez à l'histoire
51:26 le petit Saltabank, parti sans un sou d'Angleterre 63 ans plus tôt
51:29 est anobli par la reine en 1975.
51:32 Il s'en va pour toujours
51:35 un soir de Noël 1977
51:38 en portant avec lui son charlot vagabond
51:41 incarnation de l'homme opprimé mais digne et libre.
51:44 (Musique)
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