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Laurent Milchior, directeur général du groupe Étam, était lundi 3 juillet l'invité de franceinfo. il répondait aux questions de Benjamin Fontaine.

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00:00 Bonjour Laurent Milchior, vous êtes le directeur général du groupe de prêt-à-porter ETAM
00:04 qui possède aussi les marques Undies et Maison 1-2-3.
00:07 Sur vos 716 magasins en France, une dizaine ont été saccagées ces derniers jours.
00:11 Hier, une centaine de magasins ont fermé par sécurité.
00:14 Ça représente quoi en termes de pertes ?
00:16 C'est un million d'euros de chiffre d'affaires qui est perdu pour le premier samedi de solde,
00:22 qui est la première journée de la saison printemps-été.
00:24 Donc c'est significatif pour les acteurs de prêt-à-porter et de lingerie,
00:27 puisqu'on est d'abord avant tout leader de lingerie plutôt que de prêt-à-porter.
00:29 Un million d'euros sur la seule journée d'hier, ça veut dire ?
00:32 De samedi.
00:33 De samedi, pardon.
00:34 Vous avez chiffré sur les dégâts aussi depuis le début de la semaine ?
00:38 On n'a pas chiffré encore les dégâts.
00:40 Pour nous, ils ont eu lieu principalement ce week-end, donc on n'a pas encore de chiffrage.
00:43 On a surtout préféré sécuriser nos équipes, qui pour certaines se sont enfermées dans
00:47 leurs réserves, etc.
00:48 Parce qu'il y a les quatre magasins qui ont été complètement massacrés, qui n'ont
00:51 plus de vitrine, qui n'ont plus de stock, plus rien.
00:53 Et puis il y a les autres magasins où il y a eu pas mal d'attaques, où les équipes
00:57 ont dû sécuriser et fermer beaucoup plus tôt les points de vente.
01:00 Donc c'est un traumatisme de plus pour cette industrie qui est clairement en train de passer
01:03 une phase un petit peu difficile.
01:05 Et on va y revenir, il y a le choc économique, il y a le choc psychologique si je vous écoute
01:08 aussi.
01:09 Clairement pour les équipes.
01:10 Les équipes sont essentiellement féminines, donc vous imaginez quand il y a 54 heures
01:13 qui arrivent dans un magasin et que vous êtes quatre jeunes filles en train de tenir une
01:16 boutique de lingerie, c'est effectivement assez traumatisant.
01:19 Après, ces dégâts se posent bien sûr la question des indemnisations.
01:22 Bruno Le Maire a demandé une prolongation des délais de déclarations d'assurance, une
01:26 réduction des franchises.
01:27 Est-ce que c'est suffisant ? Je pense surtout, pour un groupe de notre taille, on fait un
01:32 peu moins d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires, c'est sûr qu'on va pouvoir payer
01:35 nos quatre magasins qui ont été massacrés.
01:37 Le sujet est pour les plus petits commerçants de s'assurer que le remboursement ait lieu
01:41 rapidement et que l'outil de travail puisse se remettre sur pied le plus rapidement possible.
01:46 Parce que si les déclarations prennent du temps et que les remboursements prennent du
01:48 temps, certains ont une trésorerie qui est serrée, donc ne vont pas pouvoir réouvrir
01:52 leur outil de travail.
01:53 C'est vraiment l'accélération de la réouverture de ces points de vente et de leur réparation
01:58 qui va primer plutôt qu'uniquement le délai.
02:01 Donc il va falloir que les assureurs jouent le jeu, ce qui n'est pas toujours le cas en
02:07 ce qui nous concerne pendant le Covid.
02:08 C'est les assureurs qui ont été nos propriétaires les plus difficiles en termes de négociation
02:12 de loyer.
02:13 Parce que justement, quand on ferme par précaution comme vous l'avez fait ce week-end, est-ce
02:16 que c'est toujours aussi facile de se faire indemniser ?
02:18 Ce n'est pas toujours facile.
02:22 On va relire tous nos contrats ce matin.
02:23 C'est déjà en cours et on va voir ce à quoi on a droit.
02:28 Mais je le répète, plutôt qu'une enseigne comme la nôtre, c'est pour les plus petites
02:33 enseignes ou ceux qui sont plus fragiles en termes de trésorerie.
02:36 C'est la vitesse qui va primer.
02:38 On sait que les assureurs ont l'intérêt de traîner.
02:41 L'argent est plus cher en ce moment, donc la trésorerie est serrée pour tout le monde.
02:45 Même si France Assurance dit ne pas avoir attendu l'appel de Bruno Le Maire pour commencer
02:49 les démarches et les accélérer.
02:51 Il y a les démarches, mais il y a vraiment le remboursement pour que les commerçants
02:56 puissent réparer leurs magasins.
02:57 C'est ça qui compte.
02:58 Ces saccages, ces fermetures arrivent en plein début des soldes.
03:00 Vous nous l'avez dit, c'était le premier week-end des soldes.
03:02 Est-ce que pour compenser, vous demandez déjà une prolongation au-delà du 25 juillet ?
03:05 Je pense que Bruno Le Maire est assez réactif globalement.
03:08 Il a tout de suite annoncé le rallongement d'une semaine des soldes.
03:12 Pour être très honnête, du premier mercredi au premier samedi des soldes, c'est 60% de
03:18 la recette des soldes.
03:19 Globalement, on peut rajouter en fin de solde une semaine de plus.
03:22 Ce n'est pas ça qui va vraiment changer, puisque notre enjeu est aussi de sortir des
03:25 nouvelles collections le plus rapidement possible.
03:27 Maintenant, il fait ce qu'il peut faire dans l'immédiat.
03:30 Mais il y a un sujet, on voit que nous les commerçants, il y a une forme de stigmatisation
03:35 autour du textile également.
03:38 On a beau être leader, aujourd'hui on est leader en lingerie, on est dans les plus
03:40 gros acteurs mondiaux de lingerie, il y a une stigmatisation sur les problèmes de RSE,
03:45 d'industries polluantes, etc.
03:47 Alors même qu'on traverse tous une époque assez difficile.
03:51 Je pense qu'il faut aussi nous remettre en avant et c'est bien de valoriser l'industrie
03:55 et de réindustrier la France.
03:56 Par contre, les emplois qu'on crée aujourd'hui, on est aussi un moteur d'intégration.
03:59 On voit les jeunes de ces banlieues, on est aussi un des gros employeurs de ces jeunes
04:05 de banlieue et donc on a notre rôle à jouer socialement.
04:07 - Justement, vous parlez des difficultés de certaines marques, est-ce que ce nouveau
04:10 coup dur pour vous, ça peut vous fragiliser très clairement ?
04:13 - Ça nous fragilise, c'est 1 million d'euros de chiffre d'affaires, c'est 1 million de
04:17 cash sur 0,15% de notre chiffre d'affaires annuel, donc c'est significatif.
04:22 Donc si on était plus serré, il y a des entreprises que ça fragilise et on voit toutes les semaines
04:26 qu'il y a un acteur textile qui tombe.
04:28 Alors on a la chance de ne pas être dans cette situation-là aujourd'hui pour plein
04:31 de raisons et on n'est pas là pour en parler ce matin.
04:32 Mais clairement, il y a des acteurs qui vont être fragilisés, il y a des entreprises
04:35 qui vont déposer le bilan suite à une semaine d'émeute.
04:38 - Merci beaucoup Laurent Milker, directeur général du groupe de prêt-à-porter et
04:42 d'être homme du groupe de lingerie d'avoir été l'invité de France Info ce matin.

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