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L’effet de levier, c’est l’illusion d’être riche avec l’argent des autres. Une stratégie brillante quand l’argent ne coûte rien. Mais un piège mortel quand il redevient rare et cher. Car derrière chaque entreprise à forte dette se cache un pari sur les taux. Et ces taux ont parfois une fâcheuse tendance à remonter, sans prévenir. [...]

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00:00L'effet de levier, c'est l'illusion d'être riche avec l'argent des autres.
00:13Une stratégie brillante quand l'argent ne coûte rien,
00:16mais un piège mortel quand il redevient rare et cher.
00:21Car derrière chaque entreprise à forte dette se cache un pari sur les taux.
00:25Et ces taux ont parfois une fâcheuse tendance à remonter sans prévenir.
00:31Pendant plus d'une décennie, l'argent ne valait rien.
00:34Des taux proches de zéro, voire négatifs.
00:38Emprunter devenait un réflexe, une stratégie, presque une vertu.
00:43Pourquoi mobiliser ses fonds propres quand les banques prêtent à taux plancher ?
00:47Les dirigeants ont empilé les dettes comme d'autres empilaient l'égo,
00:51avec enthousiasme et sans penser à l'effondrement possible.
00:55Mais les taux ont changé de cap.
00:58Entre 2022 et 2024, la BCE puis la Fed multiplient les hausses pour freiner l'inflation.
01:05Résultat immédiat, les charges financières explosent.
01:10Une entreprise qui empruntait à 1,5% se retrouve à 5 ou 6.
01:15Le service de la dette devient un fardeau.
01:18Et quand 20 ou 30% du chiffre d'affaires part dans les intérêts,
01:21on arrête de parler stratégie.
01:23On parle survie.
01:24Jean-Charles Nauri avait bâti un empire en s'appuyant sur le crédit.
01:30À coups de montages sophistigués,
01:32sa holding rallie contre les casinos avec très peu de capital.
01:36Mais dès que les taux montent, la structure s'écroule.
01:40En 2023, les intérêts sont ingérables.
01:43Les créanciers reprennent la main.
01:45L'entreprise est dépecée.
01:46Patrick Drahi a lui aussi bâti son empire télécom-médias sur un endettement massif.
01:54Altice s'est plus de 50 milliards d'euros de dettes accumulées pour financer des acquisitions tous azimuts.
02:02Tant que les taux restaient bas, le modèle tenait.
02:04Mais en 2023, la remontée des taux et les doutes sur la transparence financière du groupe déclenchent une tempête.
02:12Les agences de notation dégradent.
02:15Les investisseurs s'éloignent.
02:17Drahi, longtemps maître du jeu, devient otage de sa propre dette.
02:22Atos, champion français du numérique, multiplie les acquisitions à crédit entre 2016 et 2020.
02:30En 2021, les taux remontent, la rentabilité s'érode, le service de la dette devient insoutenable.
02:37L'action perd 90% de sa valeur.
02:40En 2024, Atos vend dans l'urgence et licencie massivement.
02:46Ce n'est pas la technologie qui a tué Atos, c'est le coût de son crédit.
02:49Le problème n'est pas l'endettement en soi.
02:54C'est de l'oublier quand on calcule.
02:56Trop d'entreprises ont bâti leur avenir sur un taux fixe, dans un monde variable.
03:03Une erreur de jugement devenue faute de gestion.
03:06Il n'y a pas de stratégie solide quand on ne maîtrise pas le prix de l'argent.
03:11Le levier, c'est séduisant sur le papier.
03:14Mais la dette, elle, a toujours un prix.
03:17Et ce prix, c'est le taux.
03:18Quand il double ou triple, l'addition devient létale.
03:24Les dirigeants qui l'ignorent ne dirigent pas, ils parient.
03:29Et tôt ou tard, les marchés leur présentent la facture.

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