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00:00On a parlé de la violence, il y a quelques instants, on a fait une longue litanie des faits divers et tragiques,
00:06qui sont des faits de société d'ailleurs, qui se sont déroulés en l'espace du week-end,
00:11de Bordeaux à Sens, en passant par Drancy.
00:14Là, j'aimerais qu'on parle, puisque c'est vraiment pour ça que vous êtes là, M. Gardon,
00:18de cet enlèvement en plein Paris, c'est le retour des kidnappings en plein jour,
00:23avec le père d'un homme qui avait fait fortune dans les crypto-monnaies.
00:26Mais on fait le point avec Marie-Victor Daudionnet, du service police-justice de CNews,
00:30et puis je vous passe la parole. D'abord, on écoute le rappel des faits.
00:33Paul, un Parisien âgé d'une cinquantaine d'années, est en train de sortir son chien,
00:38quand quatre individus cagoulés l'empoignent, se saisissent de lui et le font monter dans un faux fourgon UPS.
00:46Il va crier à l'aide, mais il est déjà trop tard.
00:49Paul, dont le fils a fait fortune dans la crypto-monnaie à Malte,
00:53va voir ici commencer 58 heures d'un long calvaire.
00:57Son doigt est sectionné.
00:59Parallèlement à cela, c'est bien évidemment une enquête hors normes
01:02qui se met progressivement en place.
01:04Au total, une centaine de policiers de différents services est mobilisé.
01:08Ils doivent traiter les données issues des appels,
01:11des messages et des vidéos envoyées par les ravisseurs au FIS.
01:15Ils réclament à ce dernier plusieurs millions d'euros payés en crypto-monnaie, bien sûr.
01:21Concrètement, le délai du premier ultimatum passe.
01:24Les malfaiteurs vont couper le doigt de la victime.
01:28Preuve vidéo à l'appui.
01:29C'est donc une véritable course contre la monde qui s'engage avec les enquêteurs.
01:34Leur objectif, c'est bien sûr de trouver ce micro-détail,
01:37cette erreur qui permettra de remonter la piste jusqu'au malfaiteur.
01:41Finalement, victoire.
01:42Un probable lieu de séquestration est identifié dans l'Essonne.
01:46C'est une demi-heure avant l'expiration du deuxième ultimatum
01:51que l'ordre de l'assaut est donné à la BRI, avec succès,
01:54puisque l'otage est retrouvé sain et sauf.
01:57Depuis, sept personnes ont été interpellées,
01:59sept personnes qui ont en commun à la fois leur jeune âge
02:02et leur probable statut d'exécutant.
02:04Merci beaucoup Marie-Victoire Dudenay.
02:06Fabrice Gardon, d'abord hommage aux policiers.
02:08Vous êtes le directeur de la police judiciaire de Paris.
02:10Mais deuxièmement, on enlève, on kidnappe des gens en plein Paris, en plein jour.
02:14Ça y est, c'est la cartélisation de la France qui est à l'œuvre ?
02:17Alors, ce que je dois vous dire d'abord,
02:19c'est que je peux aujourd'hui vous parler un petit peu de l'affaire,
02:22notamment la façon dont la police judiciaire s'est organisée
02:24pour réagir après l'enlèvement, effectivement, jeudi matin,
02:28dans le 14e arrondissement à Paris de cet homme.
02:30Mais nous travaillons sous l'autorité du parquet de Paris,
02:35la juridiction interrégionale spécialisée, la GERS de Paris.
02:37Donc des gardes à vue sont en cours.
02:39Le parquet communiquera plus en détail le moment venu.
02:41Donc voilà, je ne peux pas vous donner trop de détails.
02:42Ce que je peux vous dire, c'est que ça a été un énorme travail collectif.
02:48Ça a été dit juste avant dans le petit reportage d'une centaine d'enquêteurs.
02:52Tout se joue dans les premiers instants, dans ce genre d'affaires très grave.
02:57Il faut qu'on s'organise très vite,
02:59que tout le monde soit sur les bons rails d'entrée de jeu.
03:02Et donc concrètement, on a mobilisé plusieurs services
03:04de la police judiciaire, de la préfecture de police.
03:06D'abord la BRB, la brigade de l'impression du banditisme,
03:09la brigade criminelle, la BRI, la brigade de lutte contre la cybercriminalité.
03:14Et donc chacun, dans son cœur de métier, dans son cœur d'expertise,
03:18a développé des ateliers de travail.
03:21On va déclencher un atelier sur les constatations,
03:24les recueils des témoignages,
03:25un atelier sur la vidéoprotection,
03:27un autre sur la cybercriminalité,
03:29parce que cet aspect était très présent dans cette affaire,
03:33sur les actions de terrain.
03:34Et donc tout ça, ça nous a permis assez rapidement
03:38d'accumuler des données colossales.
03:40Bien sûr.
03:40Et après, la question c'était, qu'est-ce qu'on en fait ?
03:43Et où il est ? Où se trouve le kidnappé ?
03:4558 heures pour le retrouver, quand même, il a fallu du temps.
03:49On parlait de cyber-enquête,
03:51parce que tout est lié au fait que c'était des crypto-monnaies, c'est ça ?
03:54Ou pas du tout ?
03:55Alors, en fait...
03:57Son fils avait fait fortune dans les crypto-monnaies.
04:00On a dit que dans cette affaire,
04:00mais encore une fois, je ne peux pas entrer dans trop de détails,
04:02en effet, dans l'univers de la crypto-monnaie.
04:05Et il y avait une demande de rançon qui était réclamée,
04:09d'un montant très élevé, de plusieurs millions d'euros,
04:11qui devait en effet être payé en crypto-monnaies.
04:14D'accord.
04:14Et donc c'est comme ça, peut-être que l'enquête a permis
04:16d'aller jusqu'au donneur d'ordre ?
04:18C'est pas que comme ça.
04:18En fait, si vous voulez, on était face à des malfaiteurs dans cette affaire
04:23qui font à peu près ce qu'on fait de mieux dans la criminalité organisée
04:29pour s'anonymiser et pour pas qu'on les trouve.
04:31À la fois sur la façon dont ils communiquent entre eux,
04:34sur la façon dont ils communiquaient entre eux et la victime,
04:36sur la façon dont ils voulaient qu'on leur verse les fonds.
04:38Et tout ça était très professionnel.
04:43J'entends.
04:44Des techniques les plus récentes pour déjouer l'action de la police.
04:49Et donc, comme je vous le disais, on a accumulé une quantité de données colossale,
04:52des milliers de réquisitions en téléphonie, dans tous les domaines.
04:56Mais après, une fois qu'on les a, il faut savoir les exploiter.
04:5758 heures, vous avez dit que c'est long.
04:59C'est sans doute très long pour la victime.
05:01Mais on l'a sauvé, la victime.
05:02Mais c'est aussi très court dans ce délai-là.
05:04Et donc, l'enjeu, c'était de trouver la petite aiguille,
05:08qui était l'erreur, en fait, des malfaiteurs,
05:10qui nous a permis de tirer une ficelle et de remonter progressivement
05:12jusqu'au pavillon où la victime était séquée.
05:15Alors, une question de Louis Doragnel et après Joseph Massescar.
05:17La question qu'on se pose, c'est que ce n'est pas la première fois
05:19qu'il y a un rapte en lien avec quelqu'un qui détient,
05:23ou là, c'était le père de quelqu'un qui a gagné manifestement
05:25beaucoup d'argent dans la crypto-monnaie.
05:27Est-ce que ça illustre une nouvelle tendance ?
05:29Ça, c'était ma question.
05:30Et deuxièmement, comment est-ce qu'on s'y prépare ?
05:32Parce qu'initialement, les enjeux de crypto-monnaie, de tech,
05:36pour parler de manière globale,
05:38c'est des sujets qui sont un peu loin des sujets de la police judiciaire
05:41classico-classique.
05:43Comment vous faites ça ?
05:44Alors, en effet, il y a eu d'autres faits similaires.
05:48On verra ultérieurement s'il y a des liens entre les affaires ou pas.
05:52À ce stade, ce n'est pas possible de le dire.
05:54Il se trouve que, justement, comme on a eu connaissance des faits antérieurs,
06:01depuis quelques mois, on était en train de prévoir des scénarii
06:05entre les brigades que j'ai citées pour savoir justement comment réagir.
06:08C'est-à-dire, comment adapter nos techniques
06:10par rapport à celles qu'on avait sur les enlèvements
06:13avec demande de rançon dans les années 80,
06:15où c'était une remise d'argent physique.
06:17Donc là, on avait une façon d'agir.
06:18Là, c'est très différent.
06:21Il n'y a pas de remise d'argent.
06:23Tout est fait à distance.
06:25C'est fait sur des sites d'échange de crypto-monnaies, etc.
06:28Et donc, il faut, nous, s'adapter autrement.
06:30Et donc, ce travail qu'on a fait en amont, finalement, nous a servi
06:33puisque, dès la saisine jeudi matin,
06:35on a été capable de développer des axes de travail
06:37qui nous ont permis d'aboutir à la libération de la victime
06:41avant que les ravisseurs s'en prennent à elle de nouveau.
06:46Vous avez des nouvelles de l'état de santé de la victime ?
06:50Écoutez, par respect pour elle, pour sa famille,
06:52je ne vais pas rentrer dans trop de détails.
06:53Non, mais est-ce qu'il va ?
06:55Ce que je peux vous dire, c'est qu'elle a eu des conditions
06:57de détention forcément très difficiles
07:00qui ont nécessité à chaud une prise en charge
07:04pour des soins médicaux, je dirais, pour des blessures physiques
07:07et puis également une prise en charge psychologique.
07:10Mais j'en dirai pas plus.
07:11Non, non, mais c'est important que les victimes sachent aussi
07:13qu'elles seront prises en charge et suivies sur le long terme.
07:15Une dernière question, Laetitia, après on avance.
07:17Là, vous décrivez effectivement des bandes,
07:19des techniques extrêmement à la pointe,
07:21une bande très organisée, alors qu'on a entendu jusque-là
07:23que c'était des jeunes qui étaient recrutés
07:24pour cet enlève-là et pour des précédents,
07:27des jeunes qui étaient recrutés par des réseaux sociaux, etc.
07:29Enfin, que c'était un petit peu les pieds nickelés.
07:31Qu'en est-il justement ?
07:32Est-ce qu'ils sont extrêmement organisés eux-mêmes ?
07:36On a affaire à une délinquance hyper professionnelle
07:39ou au contraire des gens qu'on envoie comme ça au casse-pipe
07:43avec une base arrière très longtemps ?
07:45Alors, encore une fois, là, les gardes à vue viennent de débuter.
07:48C'est un peu tôt pour déterminer le rôle des uns, des autres.
07:50Est-ce que tous les protagonistes du dossier sont en garde à vue ?
07:53Voilà, tout ça, ça va faire l'objet d'investigations.
07:57Mais en effet, on est sur des gens plutôt jeunes,
08:00une vingtaine d'années,
08:02qui ont un profil criminel qui n'est pas extrêmement...
08:06Des amateurs, quoi.
08:07Je dirais.
08:07Des amateurs violents.
08:08Non, non, non, je n'en pense que les amateurs.
08:09C'est des gens qui aiment connu la police.
08:10Mais, alors, est-ce qu'ils l'ont fait eux-mêmes ?
08:13Est-ce qu'ils suivaient un plan ?
08:14J'en sais rien, on verra.
08:15C'est l'enquête qui va le déterminer.
08:16En tout cas, ils exécutaient un plan d'action qui était très pro.
08:21Voilà.
08:22Et ce qu'on voit dans d'autres affaires,
08:23je ne parle pas de cette affaire-là encore une fois,
08:24parce qu'on est à chaud et on ne peut pas trop donner de détails,
08:27mais ce qu'on voit de plus en plus dans des affaires de home-jacking,
08:30dans des affaires de home-jacking, attaque à domicile,
08:32dans des affaires de règlement de compte,
08:34également dans le trafic de stupes,
08:37les basses besognes sont souvent faites par des gens
08:39qui sont payés à la commande
08:41et qui sont téléguidés par des commanditaires
08:44qui se tiennent de plus en plus à l'écart,
08:46à la fois pour se protéger de poursuites judiciaires,
08:49pour se protéger des réseaux concurrents,
08:50des équipes concurrentes, parfois depuis l'étranger.
08:53Donc ça, effectivement, ça complique un peu nos investigations,
08:55mais c'est une tendance nouvelle d'équipes à tiroir
08:57qui se constituent à géométrie variable,
09:00qui vont faire des actions très violentes,
09:01des jeunes inexpérimentés.
09:03On n'est pas sur des vieux wayous
09:04comme on l'avait auparavant avec un code d'honneur.
09:07On ne va pas attaquer une femme,
09:08on ne va pas attaquer un enfant.
09:09Aujourd'hui, tous ces verrous ont sauté.
09:12Et en plus, comme ils sont jeunes inexpérimentés,
09:15il peut arriver que parfois,
09:17confrontés à de la résistance
09:18ou à un plan qui ne se passe pas comme prévu,
09:21ils puissent déraper.
09:21Donc ça, effectivement, c'est une préoccupation.
09:24Dans cette affaire particulière,
09:25c'est trop tôt pour savoir qui a fait quoi
09:28et comment ça s'est monté,
09:30mais d'un point de vue général,
09:31oui, c'est ce qu'on constate
09:32dans les dossiers de la police judiciaire.
09:33Dernière question, Fabrice Gardon.
09:36Il y a ce doigt qui a été coupé,
09:38ça rappelle l'enlèvement du baron en pain.
09:40Est-ce qu'on risque de revenir à des scénarios
09:42où on va enlever des gens
09:44parce qu'ils ont de l'argent
09:45et qu'on va demander des rençons ?
09:46Il ne faut pas que ce soit une mode
09:47qui se répande.
09:49J'espère que les interpellations
09:51qui ont été faites
09:52dans les dossiers similaires précédents
09:54comme celle-ci
09:55vont dissuader ces malfaiteurs
09:57de recommettre ce genre d'action criminelle
09:59puisqu'à chaque fois,
10:00ils sont perdants.
10:02Et retrouvés,
10:02surtout,
10:02et retrouvés par la police.
10:04Voilà.
10:04Ceci dit,
10:05il faut en mettre la main dessus.
10:06par rapport aux victimes potentielles,
10:11dans ce genre d'affaires
10:11liées à la crypto-monnaie
10:12comme des gens
10:13qui vont être victimes
10:14de vols avec violence,
10:15de boom-jacking,
10:16quand on s'expose
10:18sur les réseaux sociaux,
10:19quand on expose sa richesse,
10:20quand on expose des mondes de luxe,
10:22quand on expose des sacs de luxe,
10:25forcément,
10:25on devient une cible.
10:26Et en effet,
10:26il y a des malfaiteurs aujourd'hui
10:27qui ciblent,
10:29qui localisent
10:30et qui demandent ensuite
10:31à des équipes
10:32d'aller attaquer ces gens-là.
10:34Donc, le conseil
10:36que je pourrais donner
10:36en tant que patron de l'APJ,
10:38c'est, voilà,
10:38pour vivre heureux,
10:39vivons cachés,
10:40soyons discrets
10:41sur les moyens
10:42dont on...
10:43Dernière question d'Éric Revelle.
10:44Je vais juste titre
10:44l'affaire en peintre,
10:46parce que l'aspect psychologique
10:47est terrifiant.
10:48On peut dire
10:48que le baron en peintre
10:49ne s'est jamais remis
10:49de son enlèvement en 1978.
10:51Je crois qu'il est resté
10:52deux mois
10:53dans sa géole
10:56et il n'a jamais pu
10:57se reconstruire.
10:59pour faire surface
10:59contre une rançon.
11:00Puis, il y a aussi
11:01les papiers nickelés,
11:02on peut la citer,
11:03l'affaire Kardashian.
11:04Là, ce n'est pas des jeunes,
11:05c'est des voyous
11:07de plus de 60 ans
11:08qui avaient repéré,
11:09notamment sur les réseaux sociaux,
11:11la bague de la star
11:12de la télé-réalité,
11:14je ne sais pas comment
11:14on l'appelle,
11:14Madame Kardashian.
11:16D'ailleurs,
11:16bague qu'on n'a jamais retrouvée,
11:17je crois, en méconne de sens.
11:18Alors, effectivement,
11:19cette affaire,
11:19c'est un peu un exemple
11:20de tout ce qu'on...
11:21Oui, voilà,
11:21c'est pour ça que je voulais
11:22en parler.
11:22L'exception qui confirme la règle.
11:24...
11:25...
11:25...
11:37...

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