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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Jean-Baptiste Marteau revient sur les questions qui font l’actualité avec Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.

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00:00Bonjour Valérie Pécresse, et bienvenue dans les 4V. Vous qui avez été ministre du budget,
00:06l'idée de François Bayrou a dû vous interpeller. Le premier ministre envisage la possibilité d'un
00:11référendum pour un vaste plan de réforme de l'état, de la réduction des déficits ou encore
00:15de la dette. Est-ce que c'est une bonne idée de passer par le référendum ? Pour moi c'est un
00:20pari vraiment périlleux. Un pari vraiment périlleux parce qu'il y a quand même un risque
00:25aujourd'hui d'un vote sanction de ce gouvernement. Et moi pour tout vous dire je ne fais pas vraiment
00:31confiance à la gauche ni au rassemblement national pour prendre une posture de responsabilité sur ce
00:36référendum. Je pense qu'ils appelleront à un vote sanction. Et s'il y avait un non, si ce référendum
00:42se soldait par une gifle électorale alors ça affaiblirait considérablement la France et ça
00:48pourrait même accélérer notre faillite financière parce que les marchés vont nous regarder et si
00:53les français disent non à la baisse des dépenses, baisse des dépenses qui est quand même très
00:57impopulaire, alors le risque c'est la hausse des taux d'intérêt, c'est la faillite. Malgré tout sur
01:01le fond le Premier ministre parle d'un plan complet de retour à l'équilibre avec un volet production et
01:05un volet finance publique. Les deux sont indispensables dit François Bayrou dans le JDD. Sur le fond il faut
01:11quand même prendre des décisions très courageuses. Vous savez en 2022 j'avais dit que la caisse était
01:16cramée donc personne ne m'a écouté à l'époque. C'est dommage d'avoir raison trop tôt mais aujourd'hui
01:23voilà il est temps voilà il faut arrêter de procrastiner. La baisse des dépenses c'est
01:28maintenant c'est maintenant et il faut le faire mais l'état doit d'abord balayer devant sa porte,
01:32l'état doit donner l'exemple, c'est d'abord dans l'état qu'il faut remettre les choses en ordre.
01:37En faisant quoi ? En touchant à notre modèle social peut-être ? D'abord il faut mettre fin à tous les
01:42abus dans le modèle social mais surtout je pense que ce que les français attendent c'est que
01:46l'état se réorganise. Vous savez moi à la région Île-de-France j'ai supprimé quand je suis arrivé 15
01:52structures. J'ai fait des économies drastiques. Pourquoi ? Parce que mes transports et mes lycées
01:57étaient dans un état apocalyptique et de délabrement donc il fallait les renforcer. J'ai fait des choix.
02:03Aujourd'hui il faut faire quoi ? Protéger, éduquer et soigner. C'est les trois priorités. Tout le reste
02:10doit être re-questionné et il faut arrêter les doublons, les surnormes. Vous avez peut-être entendu François Bayrou dans
02:17son discours de politique générale. Il a dit les normes, les surnormes, ça nous coûte 3 % du PIB français.
02:263 %, c'est des dizaines et des dizaines de milliards d'euros chaque année. Mais pourquoi est-ce qu'on
02:31dénorme pas ? Pourquoi on libère pas aussi les énergies ? Il y a tout un plan à faire.
02:35C'est donc d'abord à l'état, vous dites, de balayer devant sa porte. Il y a aussi les collectivités locales qui
02:40semblent être dans le viseur du gouvernement. Notamment l'idée de certains de remettre une taxe d'habitation
02:45pour pouvoir permettre aux collectivités locales d'être un peu plus indépendantes et de faire face
02:49aux baisses des budgets. Est-ce que c'est une bonne idée de remettre cet impôt local qui a disparu ?
02:53Aujourd'hui, la hausse des impôts, c'est non. Il faut vraiment que l'État fasse des économies. Ce mot
03:00économie n'est pas un mot tabou. La baisse des dépenses, ça commence d'abord par questionner les dépenses.
03:07Donc quel que soit l'impôt, il ne faut pas en augmenter.
03:09Mais non, parce que ce serait un contre-message terrible. Alors bien sûr, je pense que comme les
03:14collectivités locales, enlever le lien entre les habitants et la commune, ça n'a pas été une
03:20bonne décision. Mais on y reviendra un autre jour. Ce n'est pas la question du moment. L'État ne peut
03:25pas se défausser sur les autres. Il ne faut pas faire les poches des Français. Il faut que l'État
03:31fasse la cure d'amincissement chez lui, pas chez les Français.
03:35L'État aussi veut regarder du côté des collectivités locales. Vous qui présidez effectivement
03:38un exécutif régional. Vous avez déjà fait beaucoup d'économies l'année dernière, contraint un peu
03:42par le budget de l'État, la baisse effectivement des indemnités versées aux régions. Vous avez
03:48économisé 760 millions d'euros en trois ans. Vous étiez contraint de faire ça. Vous pouvez faire
03:53encore plus ?
03:54Attendez, vous avez dit plusieurs choses, mais qui sont... Je dois m'arrêter.
03:59D'abord, j'ai fait plein d'économies, 20% d'économies, volontairement, quand je suis arrivée,
04:04parce que j'avais besoin de cet argent pour le réinvestir dans les transports et les lycées.
04:08Ça, c'est la première chose. Ensuite, j'ai fait des économies contraintes et forcées. Ça,
04:13c'était cette année. Parce que l'État, ce n'est pas des indemnités qu'il me verse,
04:17c'est les recettes fiscales que je dois avoir. C'est la loi qu'il m'a confisquées.
04:24Il me les a confisquées.
04:24L'État compense aux régions et aux départements ?
04:25Non, non, il ne les a pas compensées, il ne compense rien. Il me verse de la TVA,
04:29il nous verse aux régions de la TVA et il l'a confisquées à la source.
04:34Donc, c'est comme si on vous disait, votre salaire, je vous retire 4% dessus.
04:39Donc, il nous a confisquées nos recettes. Et comme il nous a confisquées des recettes,
04:42moi, j'ai été contrainte cette année, contrainte et forcée, de geler 750 millions d'euros de projets.
04:49C'est très douloureux pour les porteurs de ces projets. J'ai fait des choix.
04:53J'ai décidé que tout ce que je cofinançais avec l'État, l'État allait le faire tout seul.
04:56Le logement, les énergies renouvelables. Donc, tout ça, c'est très douloureux,
05:00mais j'ai été obligée de le faire.
05:01Valérie Pécresse, si on doit faire 40 milliards d'euros d'économies supplémentaires l'année prochaine,
05:05vous allez peut-être devoir de nouveau geler des projets au niveau régional ?
05:08Écoutez, nous, les régions, nous ne votons pas nos budgets en déficit.
05:13Alors, moi, la région Île-de-France, c'est la mieux gérée de France.
05:18C'est celle qui dépense le moins dans le fonctionnement, le moins dans les fonctionnaires.
05:22Donc, moi, ce que je demande, c'est quand même qu'on questionne un tout petit peu
05:25l'organisation des collectivités locales. Est-ce que c'est normal qu'en Île-de-France,
05:29on ait cinq niveaux d'administration locale ? Cinq niveaux.
05:34Les communes, les territoires, les départements, la métropole et la région. Cinq niveaux.
05:40Il faut en supprimer certains.
05:41Mais on est champion du monde, de la bureaucratie. Il n'y a pas un autre pays au monde
05:45où il y a autant de niveaux.
05:47Mais il faut supprimer les échelons. Il faut avoir le courage de le faire.
05:49Moi, j'ai toujours dit qu'on n'a pas la place aujourd'hui en Île-de-France
05:52pour des territoires qui sont des intercommunalités, des départements et une métropole.
05:57Voilà. Les départements ont un rôle social éminent.
05:59Je pense qu'il faut fusionner la métropole et la région. C'est une évidence.
06:03Et Rebecca Creswick avait été également ministre de l'Enseignement supérieur.
06:05L'initiative Choose Europe for Science, lancée aujourd'hui à la Sorbonne,
06:09pour tenter de faire venir en France les meilleurs chercheurs,
06:11notamment américains, qui sont licenciés par Donald Trump en partie.
06:15Est-ce qu'il faut dérouler le tapis rouge à ces chercheurs ?
06:17Ou on montrera peut-être aux meilleurs pour qu'ils viennent en France ?
06:19Mais bien sûr. D'abord, c'est la réponse.
06:22La réponse la plus douloureuse à Donald Trump.
06:25La plus douloureuse, la plus impactante.
06:27Parce que c'est lui piquer ses cerveaux.
06:29Nous devons ouvrir les bras et attirer à nous tous les chercheurs,
06:34américains, français, mais étrangers, qui sont aux États-Unis,
06:37qui ne veulent pas que le fruit de leur recherche aille au gouvernement de M. Trump.
06:42On fait comment pour les attirer ? Il faut beaucoup d'argent pour ça ?
06:45Les caisses sont vides ?
06:46Mais vous avez raison, M. Marteau.
06:48C'est pour ça que je vous dis que de temps en temps, il faut savoir choisir.
06:52Il faut savoir arrêter des dépenses qui ne sont pas essentielles pour se concentrer sur l'essentiel.
06:58La région fera un projet qui s'appelle « Les réfugiés de la science » et nous aiderons à déménager les chercheurs qui voudraient venir s'installer en Ile-de-France
07:06dans les domaines qui sont cruciaux pour nous.
07:10Toute la santé, la santé mentale, l'IA, le quantique, l'alimentation, la pollution, la longévité.
07:17Mais vous savez, c'est très important de dire qu'il faut choisir.
07:21Je vous ai dit que j'avais fermé 15 structures.
07:23Ça a été douloureux.
07:24Ça a manifesté.
07:26Ça a un peu râlé.
07:28Est-ce que vous, qui êtes francilien, qui habitez en Ile-de-France,
07:30est-ce que vous vous souvenez des 15 structures que j'ai fermées ?
07:34Pas forcément.
07:35J'ai fait 400 millions d'euros d'économies.
07:37Alors, c'est petit, 400 millions d'euros d'économies.
07:39Mais à l'échelle de l'État, j'ai déménagé en banlieue.
07:41Est-ce que vous ne pensez pas que…
07:42Le siège du Conseil régional, oui.
07:43Le siège du Conseil régional.
07:44Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a un certain nombre de ministères qui pourraient aller déménager de l'autre côté du périphérique ?
07:48Ça coûte beaucoup moins cher, vous savez, que de l'autre côté du périphérique.
07:51Il n'y a pas de petites économies.
07:53Il n'y a que l'incapacité à en faire.
07:56Un mot des transports en Ile-de-France.
07:57Vous êtes également en charge de transports, de mobilité Ile-de-France.
08:01C'est le nom, Valérie Pécresse.
08:02Aujourd'hui, le début d'une grande semaine de grève à la SNCF.
08:04Des perturbations attendues dès aujourd'hui sur plusieurs lignes en Ile-de-France.
08:07Est-ce qu'il faut s'attendre à une semaine compliquée pour les usagers ?
08:10Depuis des années, moi, je plaide pour qu'il y ait un service garanti aux heures de pointe.
08:17Parce que je n'arrive pas à comprendre comment une entreprise,
08:20une belle entreprise de service public peut bloquer les Franciliens,
08:25peut leur pourrir la vie en leur bloquant leurs transports.
08:28C'est quelque chose qui, moi, me fait mal.
08:30Et donc, je plaide pour une loi sur un service garanti aux heures de pointe
08:34pour permettre aux Franciliens et aux Français d'aller travailler.
08:38Mais c'est d'abord les Franciliens,
08:39puisqu'ils sont 9 millions dans les transports tous les jours.
08:42Mais c'est le cas aujourd'hui.
08:43Il y a déjà une...
08:44La grève est déjà encadrée depuis la réforme de Nicolas Sarkozy.
08:47Avec un service minimum.
08:48Mais moi, le service garanti, c'est un service plein aux heures de pointe.
08:51C'est-à-dire interdire la grève à certaines heures de la journée.
08:54Exactement.
08:54C'est ce que vous souhaitez ?
08:55Quand les Français vont travailler,
08:56parce que le Premier ministre nous parle du droit au travail
09:00et du fait qu'on ne travaille pas assez,
09:01croyez-moi, aller travailler un jour de grève,
09:03c'est un parcours du combattant.
09:05Avec une loi qui est déjà votée au Sénat,
09:06pour interdire la grève 10 jours par an,
09:08lors de fêtes, de grands départs en week-end, par exemple,
09:10il faut aller au bout, que cette loi soit votée à l'Assemblée nationale ?
09:13En fait, ce dont ces projets de loi témoignent,
09:18c'est de la fatigue, de la lassitude,
09:21de l'exaspération des Français,
09:23quand on les empêche de circuler.
09:24C'est un droit, c'est une liberté fondamentale.
09:27Un mot pour finir, Valérie Pécresse, sur les Républicains.
09:29Votre famille d'origine, dans 10 jours maintenant,
09:32les adhérents devront choisir le prochain président du parti,
09:34Bruno Retailleau ou Laurent Wauquiez.
09:36Vous avez quel regard sur cette campagne,
09:37qui est parfois très dure,
09:38avec des propositions provoquantes, parfois de part et d'autre ?
09:42D'abord, il faut se poser la question.
09:44Pourquoi est-ce que les Républicains vont choisir ?
09:46Et qui faut-il choisir ?
09:48Moi, je crois qu'aujourd'hui, l'objectif de cette élection,
09:51c'est de donner de la force à Bruno Retailleau.
09:53Parce que Bruno Retailleau, aujourd'hui,
09:55il s'est imposé, par son charisme et par son action,
09:59il s'est imposé comme une boussole au gouvernement.
10:03C'est une boussole qui marque l'ordre,
10:05le retour à l'ordre,
10:06le retour à l'ordre aux frontières,
10:09le retour à l'ordre dans la rue,
10:10le retour à l'ordre dans les comptes.
10:12Et cette boussole de retour à l'ordre,
10:14pour moi, c'est la bonne direction.
10:16Et donc, il faut donner de la force à nos convictions.
10:18Et donc, donner le parti, la présence du parti,
10:21à Bruno Retailleau,
10:22c'est lui donner de la force,
10:23mais c'est aussi donner de la force à nos idées,
10:25à notre message.
10:26Et d'un mot, il pourra rester au gouvernement,
10:28à long terme, s'il est élu président du parti ?
10:30Cette décision d'entrer dans le gouvernement,
10:32elle a été prise collectivement par les Républicains.
10:35Et donc, la décision de quitter le gouvernement,
10:37elle doit aussi être prise collectivement.
10:39Ça s'appelle la démocratie interne.
10:41Et je crois qu'il faudrait la faire vivre un peu plus
10:43dans notre beau parti.
10:44Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France,
10:46merci d'avoir été l'invité des 4 V.
10:47Bonne journée.
10:48Merci beaucoup.