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Aujourd'hui, dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Manuel Valls, ministre d'État, ministre des Outre-mer.

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Transcription
00:00politique générale du Premier ministre, dans un contexte marqué par une crise financière,
00:04il l'a dit, c'était l'ouverture de son discours, et une dette particulièrement élevée,
00:09et puis, d'une certaine manière, vous venez d'en faire la remarque,
00:11une situation politique unique, marquée par l'instabilité.
00:16Et au fond, le Premier ministre en a appelé à une forme de maturité démocratique,
00:21avec une grande ambition, me semble-t-il, surtout par rapport à la situation que je viens de décrire,
00:27une ouverture, ouverture vis-à-vis de tous les groupes,
00:30en tout cas ceux qui veulent discuter avec le gouvernement,
00:33et vis-à-vis des partenaires sociaux.
00:35Au fond, pour sortir de cette crise démocratique,
00:38il faut faire appel à la confiance de chacun et à la responsabilité de tous.
00:43Est-ce qu'il y a une forme d'irresponsabilité de la part des dirigeants socialistes ?
00:47Non, je crois que c'est le contraire.
00:49Moi, j'étais très critique par rapport à mon ancienne famille politique,
00:53mais hier, et depuis déjà quelques jours, dans les discussions qui ont lieu avec le gouvernement,
00:58notamment avec le ministre de l'Économie et des Finances, Éric Lombard,
01:01je vois un parti, une formation politique, qui est marquée par la responsabilité
01:06et par la volonté de permettre, tout en restant dans l'opposition, une stabilité.
01:12Et je crois que, très honnêtement, sur les retraites, je vais y revenir,
01:16sur la fiscalité, sur le fait qu'on ne va pas supprimer de postes d'enseignants,
01:21les choses avancent et les choses vont être précisées sans doute encore aujourd'hui.
01:24Oui, c'est ça le problème, c'est que c'était très flou tout de même hier,
01:27vous avez sans doute lu les journaux ce matin,
01:29c'est, pour le Parisien, c'est Bayrou le contorsionniste,
01:33Bayrou a un discours de politique très général, nous dit l'Opinion,
01:35on a l'impression qu'il a quand même été très prudent le Premier ministre
01:37et que le PS dit, ben oui, mais on n'a pas envie de se faire avoir.
01:40Je ne crois pas, je trouve que le commentaire de presse est un peu facile,
01:42et en tout cas, au fond, ne revient pas sur ce qu'est la situation politique.
01:49Vous avez raison, aucune majorité à l'Assemblée nationale
01:53est la première motion de censure qui passe depuis 1962.
01:57Est-ce qu'on peut se permettre une autre motion de censure
01:59dans la situation financière et politique que nous connaissons ?
02:02Non, il a été audacieux par exemple sur les retraites, il a dit pas de tabou,
02:06et il fait confiance, parce qu'au fond,
02:08on n'a pas fait suffisamment confiance ces dernières années
02:10aux partenaires sociaux, aux patronats comme aux syndicats.
02:12Mais parce qu'il n'arrive jamais à se mettre d'accord sur cette question,
02:14ça fait des décennies qu'on en parle sur les retraites.
02:16Il y a une lettre, qui date déjà de quelques semaines,
02:19de tous les partenaires sociaux, sauf la CGT si je ne me trompe pas,
02:22qui au contraire veut se saisir de l'ensemble des questions,
02:25et notamment la question des retraites.
02:26Donc, au fond, avec une certaine idée, je remonte à plus loin,
02:30à ces Mendèsistes, je fais référence à Mendès France ou à Michel Rocard,
02:34on se donne trois mois pour réussir.
02:37Si on n'aboutit pas à cette négociation,
02:40eh bien c'est la réforme des retraites qui a été adoptée il y a déjà deux ans,
02:45sous Élisabeth Borne, qui s'imposera.
02:48C'est ça, dont ne veulent pas les socialistes justement,
02:49ils veulent que François Bayot revienne là-dessus.
02:51Je crois que, moi qui suis un républicain de gauche,
02:54je crois qu'il faut faire confiance aux partenaires sociaux
02:57pour trouver à la fois une réforme plus juste,
03:00mais qui ne dégrade pas la situation financière.
03:03Donc faisons, au fond, appel à la confiance et à la responsabilité de tous.
03:07Cela s'impose pour le pays, je crois que très honnêtement,
03:10c'est ce qu'attendent les Français.
03:11Mais Olivier Faure peut-il aussi imposer ses vues à son groupe ?
03:14On a l'impression que c'est très tiraillé au sein du PS,
03:15surtout que pendant ce temps-là, Jean-Luc Mélenchon met la pression.
03:17Vous avez vu ce qu'il a dit hier, il a dit
03:19« tous ceux qui ne voteront pas la censure sortent du Nouveau Front populaire,
03:21on met une option sur leur circonscription ».
03:23Autrement dit, ils auront un candidat face à eux.
03:24Jean-Luc Mélenchon, il met un pistolet sur la tempe
03:27de ceux qui ne vont pas voter la censure.
03:28Mais les menaces et les invectifs dans ce moment-là sont ridicules.
03:34En tout cas, ne participe pas de cette volonté de sortir par le haut.
03:38Ridicule, mais efficace.
03:39Et d'une certaine manière…
03:41Non, moi je crois que c'est à partir du moment où les socialistes,
03:44aujourd'hui je comprends parfaitement leur débat,
03:46il faut les respecter, discuter ou même négocier,
03:51c'est vrai sur les retraites, c'est vrai sur une proposition
03:54qui a été faite hier encore, sur une taxe sur l'optimisation fiscale
03:57qui peut rapporter plusieurs milliards.
03:59Je veux le rappeler, c'est peut-être la première fois depuis 1981
04:03qu'on va imposer ainsi le capital sur les postes d'enseignants,
04:07le Premier ministre a été très clair.
04:10Y compris avec l'augmentation de budget,
04:12je pense à celui sur le développement de mon propre ministère,
04:16ça va être un des rares ministères qui va avoir ses crédits augmentés
04:20par rapport à la loi de finances 2024.
04:22Je parle évidemment des Outre-mer,
04:24sans compter le soutien financier que nous devons apporter
04:26à la Nouvelle-Calédonie et à Mayotte qu'il faut reconstruire.
04:29Donc non, il y a un dialogue fructueux.
04:31On ne peut pas ne pas constater cette situation
04:34extrêmement compliquée au Parlement et s'étonner qu'on négocie.
04:38C'est difficile, mais c'est nouveau.
04:40On n'était pas habitués au fond à s'écouter.
04:42Il faut bien entendre ce qu'a dit François Bayrou,
04:44c'est un discours de responsabilité dans lequel au fond on parle avec tous,
04:49il n'y a pas un camp qui peut l'emporter sur l'autre.
04:51Et donc tous les invectives ou le sectarisme
04:54qu'il y a des deux côtés de l'hémicycle de l'échiquier politique
04:58permet peut-être aux autres de trouver une voie,
05:01une voie d'intérêt général et de responsabilité pour le pays.
05:03Il faut mettre son mouchoir sans doute sur certaines de ces convictions.
05:05On va revenir sur Mayotte dans quelques instants parce que c'est important,
05:07mais d'abord quand même certains sujets
05:09avec lesquels vous pourriez être en porte à faux.
05:11D'abord il vous a mis un petit tac sur la dette quand même
05:12parce qu'il a dit 10 points de dette supplémentaire
05:14à l'époque de François Hollande quand vous étiez ministre.
05:16Et puis il a parlé de la proportionnelle, il a dit qu'il est favorable.
05:18Vous, vous avez toujours été contre la proportionnelle.
05:20Est-ce que vous avez changé d'avis ?
05:22Tout comme le retour sur le non-cumul des mandats.
05:24Là aussi, vous avez porté ce projet du non-cumul des mandats.
05:27Vous avez raison, mais nous sommes dans une crise démocratique.
05:30Donc les uns et les autres, nous pouvons avancer.
05:32Si on reste tous fermes, attachés à ces convictions,
05:38sur la République, sur la laïcité,
05:40sur la lutte contre l'antisémitisme ou l'islamisme,
05:42je ne vais jamais transiger.
05:44Mais je vois bien qu'il faut avancer.
05:46Et François Bayrou, je le sais depuis toujours,
05:48il est aujourd'hui Premier ministre,
05:50a toujours été très favorable à la proportionnelle.
05:53Et au fond, c'est peut-être la manière demain
05:56de faire la politique différemment,
05:58de trouver un chemin, de négocier.
05:59Il n'y a pas d'autre chemin.
06:01Un camp ne va pas imposer ses positions aux autres.
06:03C'est pour ça que aussi bien l'extrême droite et l'extrême gauche sont gênés.
06:07Mais c'est peut-être une manière, au fond, de faire preuve,
06:11je le disais au début de notre entretien,
06:12d'une plus grande maturité politique,
06:14faire confiance au Parlement,
06:16faire confiance aux formations politiques,
06:18faire confiance aux partenaires sociaux
06:20et donc du coup, faire confiance aux Français.
06:22Expliquez-nous ce qui va se passer sur Mayotte,
06:23parce que le Premier ministre a évoqué hier la situation là-bas.
06:26Il est revenu sur un point important.
06:27Il a dit qu'il souhaitait ouvrir le débat
06:30sur la fin du droit du sol à Mayotte.
06:32Vous êtes favorable à cette mesure.
06:34Est-ce que vous avez compris dans sa bouche
06:36que lui aussi était favorable ?
06:37Parce que quand on ouvre le débat, on ne prend pas position non plus.
06:39Non, il l'a toujours été.
06:41Alors, serions les choses.
06:42Au fond, il y a deux mots qui rongent Mayotte depuis des années.
06:46Et si on ne les règle pas, si on ne les traite pas,
06:49tout ce qu'on fera pour reconstruire, ça ne servira à rien.
06:52C'est l'immigration irrégulière.
06:53Ce sont des dizaines de milliers de clandestins qui sont sur Mayotte
06:57et qui viennent essentiellement des Comores.
06:59Et c'est l'habitat illégal, c'est-à-dire des bidonvilles.
07:01J'ai terminé tard cette nuit en commission des affaires économiques.
07:05Le travail sur la première loi d'urgence sur Mayotte
07:08que je présenterai la semaine prochaine devant toute l'Assemblée nationale.
07:13Il y a toutes les mesures pour lutter contre l'immigration.
07:15Donc, il faut restreindre incontestablement le droit du sol.
07:18Et puis, je présenterai au mois de mars une autre loi,
07:21la plus structurelle pour s'attaquer à tous les maux en matière d'immigration illégale,
07:26les questions de sécurité, de développement économique
07:28et aussi évidemment les questions d'éducation.
07:30Ce département, c'est 75 % en dessous du taux de pauvreté.
07:34Une grande partie de la population qui ne parle pas français ou qui est illettrée.
07:39Nous sommes très loin de la promesse d'égalité
07:42de ce qu'est le 101e département français.
07:44Donc moi, je veux en faire au fond, je n'ose pas dire un laboratoire,
07:47mais la démonstration que ce département qui est profondément français
07:51va changer de visage.
07:53Et grâce à l'effort de l'État, c'est ce que nous devons aux Mahorais
07:55qui ont été marqués par ce terrible cyclone Shido.
07:58Manuel Valls qui fait confiance donc à ses anciens amis du Parti socialiste
08:01pour qu'on avance. Merci beaucoup.
08:02Il faut bien. Merci.