Souvent réduites à une poignée de clichés romantiques – celui d’une jeune messagère à vélo ou d’une combattante qui pose avec sa mitraillette en bandoulière –, les femmes sont longtemps restées invisibles dans l’histoire de la Résistance française. Or, dans un pays vaincu, humilié et privé en partie de sa population masculine, les femmes furent les premières à réagir et à initier un esprit de résistance. À travers cinq destinées individuelles, cette collection met en scène le rôle crucial des femmes entre 1940 et 1944. Parmi elles, deux figures illustres : Geneviève de Gaulle et Lucie Aubrac, et trois femmes demeurées dans l’ombre : Renée Davelly, Mila Racine et Simonne Mathieu. Les trajectoires de ces cinq résistantes se croisent, se répondent et dessinent l’engagement féminin face à l’occupation nazie. Cette résistance féminine paraît d’autant plus remarquable qu’elle implique une double transgression : face à l’ordre imposé par Vichy et l’occupant d’une part, au regard de la place assignée aux genres dans la société française de l’époque, de l’autre.
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00:00...
00:00Vous avez posé vous-même des peintes plastiques.
00:16Avec des détonateurs que je n'avais fabriqués moi-même parce qu'on en manquait.
00:21Souvent réduites à une poignée de clichés romantiques,
00:24les femmes sont longtemps restées invisibles dans l'histoire de la résistance française.
00:28Moi je distribuais des traces et je fabriquais des fausses cartes d'identité.
00:36Pourtant, elles furent les premières à réagir et à initier un esprit d'insoumission et de désobéissance.
00:43Ce refus d'accepter l'occupation, cette volonté rigoureuse de combattre l'ennemi, se fortifie jour en jour.
00:51A travers cinq destins entremêlés, cette série met en lumière le rôle crucial.
01:02Longtemps passées sous silence, des femmes dans la résistance.
01:05Pour que la résistance s'installe, il fallait qu'il y ait une espèce de trame sur laquelle on puisse construire.
01:17Et les femmes ont été en grande partie cette trame.
01:22Parmi elles, deux figures illustres.
01:24Geneviève de Gaulle et Lucie Aubrac.
01:26Ces cinq trajectoires hors du commun témoignent de l'engagement féminin face à l'occupation nazie.
01:45Car la résistance fut aussi l'affaire des femmes.
01:50On ne repose pas chez une femme francaise.
01:52Lorsque le 14 juin 1940, l'armée allemande entre dans Paris,
02:13nos cinq personnages sont déjà des féroces opposantes au nazisme.
02:17Moi, je n'aime pas les cambrioleurs et les pillards.
02:23Et il y avait dans mon pays une bande de cambrioleurs et de pillards.
02:26C'était l'armée nazie.
02:28Et puis j'aime encore moins les gens qui aident les cambrioleurs et les pillards.
02:32Et c'était le gouvernement de Vichy avec le maréchal Pétain.
02:37Ces cinq femmes ne sont pas devenues des résistantes du jour au lendemain.
02:42Leur esprit combatif s'est construit tout au long des années 30.
02:47Comment s'est forgé avant-guerre leur goût pour l'insoumission ?
02:53Voici le terreau dans lequel ont poussé les graines de la résistance.
02:57Notre récit commence en Sars en 1923.
03:18Cette région allemande est, depuis le traité de Versailles,
03:21placée sous le contrôle de la Société des Nations.
03:24La France a obtenu le droit d'exploiter les mines de charbon de la Sars.
03:35Et c'est là, en Sars, que vit avec ses parents une petite fille française de 5 ans.
03:41Notre premier personnage, elle s'appelle Geneviève de Gaulle.
03:45Elle est l'aînée d'un couple qui, visiblement, s'aime beaucoup, qui a beaucoup d'affection.
03:59Une maman, Germaine, qui est née en 1898, Germaine Gourdon.
04:04Et puis un père dont le nom, évidemment, est très célèbre,
04:08puisque son père s'appelle Xavier de Gaulle.
04:10Et Xavier de Gaulle est le frère aîné de Charles de Gaulle.
04:15À cette époque-là, évidemment, les de Gaulle sont des gens complètement inconnus
04:19et vont le rester encore très longtemps.
04:23Ce nom de famille jouera en effet un rôle déterminant dans la vie adulte de Geneviève.
04:28Mais pour l'heure, en Sars, Xavier de Gaulle est surtout connu pour être ingénieur des mines.
04:36Et cette position sociale lui permet d'assurer un certain train de vie à sa femme et ses trois enfants.
04:42Alors la vie d'une petite fille française dans cette Allemagne de 1920,
04:49c'est une vie anormale dans une famille unie,
04:53dans une famille aussi qui vit de façon très aisée.
04:58C'est une famille qui a, par exemple, une voiture.
05:01À l'époque, ça n'est pas si courant.
05:02Une voiture décapotable avec laquelle on se promène dans la région.
05:07En même temps, c'est une famille qui n'est pas portée tant que ça sur les valeurs matérielles.
05:12Ce qui compte beaucoup, c'est les valeurs, c'est le respect de l'autre,
05:17c'est le catholicisme qui est vraiment une valeur cardinale dans cette famille,
05:21une forme d'humanisme qui vaut pour tout le monde.
05:24Xavier de Gaulle, il élève ses enfants en leur expliquant qu'on doit le même respect
05:28à une domestique allemande qu'à sa grand-mère française.
05:38Le début paisible de cette vie promise au bonheur
05:41connaît un premier revirement brutal en 1926.
05:46Le 15 mai, la mère de Geneviève de Gaulle décède des suites d'un accouchement avec son nouveau-né.
05:52Voici le souvenir qu'en garde Geneviève de Gaulle dans son récit autobiographique « La traversée de la nuit ».
06:03Elle était si tendre, si douce et si gaie.
06:07Je me suis enfuie dans le jardin dont on avait coupé les iris pour fleurir le cercueil.
06:12Une petite fille de 4 ans et demi entrée d'un seul coup dans le malheur.
06:24C'est un choc évidemment extrêmement violent dans sa vie d'enfant.
06:28Et un choc qui est redoublé par la douleur de son propre père qui est affligé.
06:33Et au-delà d'affligé, qui est au bord du désespoir.
06:36Geneviève parle, je la cite, d'une période terrible où il n'avait plus envie de vivre.
06:42Et cette vie en Allemagne, cette Allemagne qui était synonyme d'un bonheur possible,
06:49devient celle d'un drame et d'une tristesse absolue.
06:52Où la petite fille va se mettre en quête du rôle qu'elle peut jouer auprès de ce père.
06:58Et d'essayer de lui apporter un soutien.
07:00Et on peut penser que c'est là que se construit aussi une partie de cette personnalité
07:05totalement dévouée tout le reste de sa vie à autrui.
07:12Malgré ce drame, les deux Gaules vont rester en sars.
07:18Ce qui aura une importance cruciale dans la construction de Geneviève de Gaulle.
07:26Alors que le nazisme gagne l'Allemagne, elle est au plus près des événements.
07:33Le 30 janvier 1933, le vieux président Hindenburg nomme Adolf Hitler,
07:40chancelier de la République de Weimar.
07:42Adolf Hitler s'est donc emparé du pouvoir par la voie légale.
07:48Le soir de sa nomination, une foule païenne se presse dans la rue.
07:54Les sections d'assaut défilent et acclament leur chef dans une communion virile.
07:58Tout à coup, on a vu déferler la vague nazie.
08:06Moi, je me souviens de Sarbrück avec tous ces drapeaux à croix gammées.
08:11Mais vraiment, il n'y avait pas une maison qui ne portait ce drapeau à croix gammées.
08:15C'était prodigieux.
08:18Mon père m'avait expliqué aussi ce que c'était que le nazisme.
08:22Il m'a fait lire une traduction de Mein Kampf en m'expliquant les choses.
08:28Xavier de Gaulle accorde une importance ou une confiance complète dans l'intelligence de sa fille,
08:38et donc dans l'intelligence de la femme de manière générale.
08:42L'idéologie de la race et de l'exclusion, ça ne peut pas du tout coller avec leur respect de l'humain,
08:48leur volonté de protéger les plus faibles.
08:50Et Xavier de Gaulle est très soucieux de faire toucher cela du doigt à sa fille.
08:58En janvier 1935, le coup près tombe.
09:03Les Sarrois votent pour l'avenir de leur région, et le résultat est sans appel.
09:09L'Allemagne récupère la Sarre.
09:13Ce référendum chasse les maudits français qui se précipitent vers la frontière,
09:19prêts à quitter la région par tous les moyens.
09:24Geneviève de Gaulle rentre elle aussi en France.
09:31Quittons Geneviève de Gaulle et poussons notre récit plus à l'est,
09:35à la rencontre de notre deuxième personnage.
09:41Nous sommes en Union soviétique,
09:43où une autre petite fille découvre elle aussi les joies et les peines de la vie.
09:49Elle est russe, elle a un an de plus que Geneviève,
09:54elle s'appelle Mila Racine.
09:58Alors en 1923, Mila Racine a 4 ans.
10:01Elle vit à Moscou avec sa famille,
10:05son frère Emmanuel, dit Mola, qui a 8 ans de plus.
10:09Et cette année-là, sa sœur Sacha,
10:12naît à Moscou elle aussi.
10:13Et la mère aurait été chanteuse d'opéra.
10:18Alors est-ce que c'est une formation ?
10:20Est-ce que c'est un métier qu'elle a exercé ?
10:22Ou est-ce que c'était en amateur ?
10:23En tout cas, c'est une femme qui adore la musique,
10:27qui adore chanter.
10:28Et au sein du foyer, c'est quelque chose de très important.
10:31Cette mère chanteuse transmet son amour de la musique à sa fille.
10:42Sans savoir que cette passion deviendra une ressource précieuse pour Mila
10:47dans les moments les plus difficiles de sa vie.
10:49C'est une famille de la bourgeoisie juive de Moscou,
10:59traditionnelle, sans être pieuse.
11:02C'est-à-dire qu'elle fait les fêtes juives, le Shabbat,
11:06tous les vendredis soirs,
11:09et côtoie a priori un monde juif en Russie,
11:15et notamment est très proche de la famille du côté paternel.
11:19Cette famille a été secouée par la révolution de 1917.
11:26Et c'est depuis leur balcon que les parents de Mila Racine
11:29ont vu se déchaîner la tempête bolchevique.
11:35Pour fuir autant le nouveau régime politique que l'antisémitisme,
11:40cette famille russe décide d'émigrer en 1926.
11:49Et c'est dans le 17e arrondissement de Paris que l'on retrouve Mila dix ans plus tard.
11:56Elle a 17 ans et elle vient d'obtenir son certificat d'études secondaires.
12:00Elle mène la vie d'une jeune fille de cette époque, d'un quartier bourgeois.
12:07Donc elle se promène avec ses amis au parc Monceau.
12:10Elle fait des pique-niques.
12:11Elle va au cinéma.
12:14Ce qu'on sait, c'est que Mila était une bonne élève quand elle était au lycée Racine,
12:17et elle excellait particulièrement en anglais.
12:19Et elle serait partie à Londres pour apprendre l'anglais.
12:22Donc dans cet archive-là, on apprend qu'elle est étudiante au City of London College,
12:27qu'elle suit un cours pour étrangers.
12:32Il y a cette appétence pour ce qu'on peut appeler une culture universelle.
12:37Et ce que ça montre aussi, je pense, c'est une forme d'indépendance
12:39chez une jeune fille de ces années-là qui part vivre seule à Londres.
12:43Elle n'est pas accompagnée.
12:44Mais à l'horizon de cette jeunesse encore insouciante,
12:52les nuages s'accumulent.
12:54Cette famille juive et russe vit dans une France sous haute tension.
13:01Les ligues d'extrême droite foisonnent,
13:03la société se déchire et l'antisémitisme se répand comme un sirop noir.
13:10Il est certain que la famille lit la presse,
13:14que la famille est au courant des premières manifestations d'antisémitisme violent.
13:19D'ailleurs, les juifs de France s'inquiètent beaucoup à cette époque-là.
13:24Et même les enfants, qu'ils soient politisés ou non d'ailleurs,
13:28sont conscients du risque qui pèse sur eux.
13:33L'antisémitisme que Mila Racine a déjà fui en Russie,
13:37la rattrape en France.
13:40Et devant le péril fasciste qui se répand en Europe,
13:43de nombreux juifs de France aspirent à se mettre à l'abri.
13:50Le sionisme, c'est le rêve pour une partie des juifs,
13:54et pas tous évidemment,
13:55de s'installer en Palestine et d'y créer un État juif
13:59en réaction à l'antisémitisme.
14:02Et donc la création d'un État juif
14:04donne l'espoir de ne plus subir d'antisémitisme
14:08et de pouvoir vivre sans danger.
14:12Le père de Mila a lui aussi acheté un terrain en Palestine
14:16et a transmis à ses enfants beaucoup de récits de son voyage.
14:19Influencé par les idéaux sionistes de son père,
14:29Mila Racine choisit de rejoindre la VISO,
14:32l'Organisation Internationale des Femmes Sionistes,
14:36qui a pour but d'aider les femmes et les enfants
14:38qui vivent ou souhaitent s'installer en Palestine.
14:40Mila constate qu'à Paris, la branche de cette organisation,
14:48la branche parisienne,
14:50est constituée essentiellement de femmes de l'âge de sa mère.
14:53Et elle souhaite dynamiser cette organisation
14:55et insuffler un peu de vie dans le mouvement sioniste.
14:58Et ce qu'elle fait, c'est qu'elle crée
14:59une branche de jeunesse mixte de la VISO.
15:04Ça montre un certain savoir-faire dans l'organisation
15:07et dans la mise en œuvre d'un mouvement
15:10qu'on peut qualifier de politique.
15:13À la fin des années 1930,
15:16ces deux jeunes femmes, Mila Racine et Geneviève de Gaulle,
15:19ont une conscience aiguë du péril nazi qui monte en Europe.
15:25Elles savent l'une et l'autre l'ampleur du danger qui rôde.
15:31Ce qu'elles ignorent encore, c'est que 7 ans plus tard,
15:34leurs chemins seront amenés à se croiser.
15:37Au cœur de la tempête nazie.
15:41Mais pour le moment, dans la vieille Europe,
15:44la vie continue.
15:48Elle continue, notamment pour une autre future résistante,
15:52Simone Mathieu, notre troisième personnage.
15:57Elle a 30 ans et elle est au sommet de sa carrière sportive.
16:01Après avoir été nettement dominée au premier set,
16:03Mme Mathieu reprend un peu l'avantage
16:05et malgré la belle exhibition de Mme Half,
16:07elle remporte de justesse le match vers 0-6-18-6-4.
16:14Et au printemps 1938, Simone Mathieu tutoie la gloire.
16:20Elle se met à gagner le simple dame,
16:23la finale du double mixte et la finale du double dame.
16:27Ce qui est historique, aucun athlète au monde qui est venu à Roland-Garros
16:33n'a jamais pu refaire ou accomplir cet exploit.
16:38C'est une immense championne,
16:40c'est une des trois meilleures tennis-oomans de l'époque.
16:44Rien qu'en 1938, elle gagne 32 tournois en Europe.
16:46Malgré sa rage de vaincre,
16:54Simone Mathieu refuse de mettre le pied sur les cours allemands.
16:59Son père a été gazé et gravement atteint au poumon
17:02pendant la Première Guerre mondiale.
17:05Cette souffrance a plané sur son enfance
17:07et a certainement joué dans la construction du sentiment patriotique
17:12et l'identité de la jeune fille.
17:20Elle s'appelle Simone Passemard,
17:22Simone avec deux N,
17:24comme l'état civil l'indique.
17:26Elle a connu une enfance heureuse,
17:30à Saint-Cloud, une famille de très grands banquiers.
17:35Elle ne ressent pas les effets de la crise économique,
17:37la grave crise économique de l'après-guerre.
17:39Et sa vie est de la vie d'une fille de 15 ans, 1923,
17:47à qui on présente lors de balles des jeunes garçons,
17:50dans ce qu'on appelle les rallies,
17:53et qui apprend tous les rudiments des conventions de la haute bourgeoisie,
17:56des sorties, notamment à Deauville,
17:59mais aussi des sorties pour aller suivre un stipul de chaise,
18:02par exemple, à l'hippodrome.
18:04Et à ce moment-là, on ne peut pas sonder les reins,
18:08les foies et le cœur de Simone Mathieu,
18:10mais quelque part, elle sait très bien à 15 ans
18:12que sa vie est en partie dessinée,
18:14c'est-à-dire qu'elle devra se marier à ses jeunes,
18:17avoir des enfants et rester à la maison,
18:20tout en accompagnant les poux potentiels
18:22dans des cérémonies mondaines.
18:24Et pourtant, Simone va trouver le moyen d'échapper à l'ennui
18:30auquel elle semble être prédestinée.
18:33Et ce, grâce à l'un des seuls sports accessibles aux femmes.
18:39À 12 ans, pour combattre sa santé fragile,
18:42Simone s'arme d'une raquette.
18:46Trois ans plus tard, son coup de roi ravageur
18:48en a déjà fait une championne.
18:50À partir de là, rien ne semble plus pouvoir l'arrêter.
18:56Ni un mariage à 17 ans,
18:59ni les deux enfants qui suivent rapidement après.
19:03Simone Mathieu, dans le Grand Écho du Nord,
19:06le 26 septembre 1931.
19:10Et bien qu'ayant maintenant deux enfants,
19:12je pratique le tennis avec autant d'ardeur
19:14que lorsque j'étais jeune fille.
19:15Je ne pense pas que la maternité soit un handicap au tennis.
19:23Pour Simone Mathieu,
19:26ce n'est pas tellement la recherche du vedettariat
19:28qui la motive,
19:30c'est réellement la défense du tennis féminin.
19:37C'est-à-dire que le tennis féminin
19:39doit aussi avoir quelques photos
19:42à la une des journaux.
19:45Elle était profondément agacée
19:48par cette omnipotence,
19:50omniprésence des hommes
19:51dans le milieu du tennis
19:53et dans le milieu de la presse.
19:57Simone Mathieu,
19:58temps match,
19:59le 14 octobre 1930.
20:03Vous voulez m'interviewer ?
20:05Eh bien,
20:06j'en profiterai d'abord pour vous dire
20:08qu'en plusieurs occasions,
20:10les journalistes n'ont pas été gentils pour nous,
20:12faibles femmes.
20:13notamment l'année dernière
20:15quand nous essuyâmes une si cuisante défaite
20:18à Eastbourne
20:19devant l'équipe féminine anglaise.
20:23On ne nous a pas épargnés.
20:26En effet,
20:28Simone Mathieu défend le tennis féminin
20:30même les jours de défaite,
20:32bien qu'elle-même déteste perdre.
20:34une anecdote.
20:37Elle joue un quart de finale à Wimbledon
20:40à la fin des années 30
20:41et elle fait un peu
20:43le McEnroe féminin avant l'heure.
20:46Vous voyez,
20:46on est obligé de prendre une référence masculine
20:47et elle jette sa raquette.
20:50Elle s'en va du coup en plein match
20:51vociférant contre l'arbitre.
20:54Elle revient,
20:55elle tape dans le filet
20:56et elle dit
20:57« Même le filet est anglais. »
21:00« Même le filet est anglais. »
21:02Donc ça fait montre aussi
21:02d'une forme de patriotisme
21:03et surtout d'un très mauvais caractère.
21:05Très mauvais caractère,
21:07le caractère bien trempé
21:08que l'on retrouve
21:09chez d'autres femmes
21:10qui entreront plus tard
21:11dans la résistance.
21:12Le tennis international
21:16offre à Simone Mathieu
21:17une certaine indépendance
21:19jusque dans sa vie conjugale.
21:22Si son mari ne la quitte jamais,
21:24c'est lui qui la suit
21:25et non pas l'inverse.
21:28Tout au long des années 30,
21:29la tennis poumane
21:30sillonne l'Europe
21:31et les Etats-Unis
21:32en femme libre.
21:35Une envie d'ailleurs
21:36et d'aventure
21:37qui habite aussi pleinement
21:39notre quatrième résistante
21:40en devenir
21:41René d'Avely.
21:48René,
21:49cette femme divorcée,
21:50vide à Paris
21:51et aspire à devenir chanteuse.
21:55À 36 ans,
21:56elle n'est pas encore une vedette.
21:58Mais pour en arriver là,
22:00René d'Avely
22:00a déjà parcouru
22:02un long chemin.
22:05Elle est né à Angers
22:06et elle est issue
22:07d'un milieu familial provincial
22:09qui est celui
22:11d'artisan et de commerçant.
22:13Son grand-père,
22:14Charles Touron,
22:15est serrurier à Angers.
22:17Son père est boulanger.
22:20Il s'appelle Joseph Touron.
22:21Son oncle est épicier.
22:23Et voilà d'où sort René d'Avely.
22:25Milieu catholique,
22:26franchement catholique.
22:27Pas ou peu d'études,
22:30pas de diplôme constaté.
22:31Un mariage relativement jeune.
22:34Il se marie à 20 ans,
22:35en 1922.
22:36Son mari est lui,
22:38issu du même milieu.
22:40C'est quelqu'un qui fabrique
22:41des casquettes.
22:42Et plus tard,
22:43il aura aussi une entreprise
22:45qui sera dans le textile
22:47à partir du chinchilla
22:48de Lapin,
22:49Angora,
22:49plutôt,
22:50plus exactement.
22:50À 24 ans,
22:57René Touron,
22:58épouse Chudo,
22:59donne naissance
23:00à une petite fille.
23:02Tout semble alors réuni
23:03pour faire le bonheur paisible
23:05d'une jeune épouse angevine.
23:08Seulement,
23:09voilà.
23:10Dans une lettre,
23:11en 1939,
23:13elle écrit à son amie
23:14Jeanne Triboulin
23:14« Et puis c'est tellement compliqué,
23:16un mariage. »
23:20Expérience difficile,
23:25en effet,
23:26le mariage.
23:28Au point que René
23:28décide de partir.
23:30Il s'agit là
23:31d'un choix courageux
23:32pour une jeune femme
23:33dans cette France
23:34de l'entre-deux-guerres.
23:35D'autant que ce n'est pas seulement
23:36son mari
23:37dont elle se sépare.
23:39Divorcée,
23:41René laisse sa fille
23:41en garde à sa mère
23:43et quitte l'enjou.
23:46Contestablement,
23:46la vie de René Daveli,
23:48c'est une vie
23:49qui est constituée
23:50de ruptures.
23:50Et le choix
23:51qu'elle fait
23:51de devenir
23:52en quelque sorte
23:53représentante de commerce
23:54dans le domaine
23:55du textile,
23:56on n'en sait pas
23:57beaucoup plus.
23:58On a une photo
23:59qui nous la montre,
24:00photo remarquable
24:01pour plusieurs raisons.
24:03Elle est élégante,
24:04debout,
24:04devant une voiture.
24:07Et une femme
24:07qui conduit une voiture,
24:08déjà,
24:09on est au début
24:09des années 30,
24:10c'est un marqueur
24:11social et culturel
24:13très intéressant.
24:15Mais elle le fait
24:15en plus pour travailler.
24:16Mais René aspire surtout
24:24à réaliser son rêve
24:25de toujours,
24:27devenir une star
24:27de la chanson.
24:30Installée
24:30dans sa nouvelle vie,
24:31elle prend des cours
24:32de chant
24:32et un nom
24:33de scène glamour,
24:35René Daveli.
24:36Elle vit une aventure
24:41amoureuse
24:42avec un homme marié.
24:44Il s'appelle Charles,
24:46c'est lui
24:46qui la meuble.
24:47Autrement dit,
24:48il lui paye un loyer
24:49et sans doute
24:50lui achète-t-il aussi
24:52un billet d'avion.
25:00Comme d'autres chanteuses
25:01en devenir,
25:02René Daveli
25:03compte sur son charme français
25:05pour lancer sa carrière
25:06en Amérique du Sud.
25:12C'est la première fois
25:14qu'elle prend l'avion
25:15et qu'elle va
25:15vers des cieux
25:17aussi lointains.
25:18Et pour gagner sa vie
25:19tout en le faisant
25:20dans une voie
25:21qui la passionne
25:22depuis longtemps,
25:23avec un track immense
25:25qu'elle décrit
25:25pour ses premières prestations,
25:27elle va se retrouver
25:29à accepter
25:30des engagements,
25:31des engagements
25:31pour la radio
25:32tout en faisant
25:33et assurant
25:33des soirées
25:34dans des casinos
25:35à Buenos Aires.
25:36Je ne sais pourquoi
25:41j'allais danser
25:43à Saint-Jean
25:45au musette
25:47l'être de René Daveli
26:00à son amie Jane.
26:01Oui, ma chère,
26:06ton amie René
26:06est une vedette
26:07de la radio Toupie.
26:10C'était pour moi
26:10l'unique solution
26:11pour gagner gros,
26:13car tu sais
26:13que je n'ai pas caractère
26:14à faire argent
26:15de mes charmes
26:15et quelle joie
26:17pour une femme
26:18de gagner sa vie
26:19et d'être indépendante.
26:21une voix hors du commun,
26:37excellente interprète
26:38des mélodies parisiennes,
26:40admirable chanteuse
26:41ovationnée par les princes.
26:43La presse argentine
26:44encense
26:45cette nouvelle vedette française.
26:46Mais la plus grande reconnaissance
26:53arrive le 14 juillet 1938.
26:56René Daveli
26:57est invité
26:57à l'ambassade de France.
27:04Pour la première fois
27:05ce jour-là,
27:07la chanteuse réalise
27:07qu'à travers son art,
27:09elle peut servir son pays.
27:14J'ai reçu
27:15les plus grands honneurs
27:16et j'ai fait sensation.
27:19Je portais
27:20une ravissante robe blanche
27:21et tu ne peux t'imaginer
27:23avec quel cœur
27:24j'ai chanté
27:24l'hymne national.
27:27Des haut-parleurs
27:28distribuaient ma voix
27:29sur cette mer humaine.
27:31Une immense gerbe
27:32aux couleurs nationales
27:34me fut offerte
27:35par le consul
27:36qui m'a embrassée.
27:39Tous avaient les yeux
27:40remplis de larmes.
27:43Et j'ai vécu
27:44le plus joli moment
27:45de ma vie.
27:46quel triomphe
27:48et aussi
27:49quelle curieuse destinée.
27:51C'est là que s'opère
27:54une première initiation
27:56à ce qui sera son rôle
27:57pendant la guerre.
27:58On va lui demander
27:59d'animer
28:00telle ou telle soirée.
28:01Et je pense que c'est là
28:02qu'elle est entrée
28:02dans les réseaux
28:03de cette diplomatie
28:04culturelle française
28:05où on a besoin
28:06d'artistes évidemment
28:07pour exprimer
28:08le génie français
28:09par la chanson.
28:10Alors que René Daveli
28:13devient la voix de la France
28:15en Argentine
28:16de l'autre côté
28:18de l'Atlantique.
28:19Notre cinquième
28:20et dernier personnage
28:21vit elle aussi
28:22un moment de grande fierté.
28:24Lucie Aubrac a 26 ans
28:28et vient de décrocher
28:30l'agrégation d'histoire.
28:32Or,
28:33ce n'était pas gagné d'avance.
28:34Dans les années 1920,
28:41c'est à Blanzy,
28:43un village du Maconais,
28:44que grandit Lucie Bernard
28:46qui deviendra Aubrac.
28:48Elle y mène la vie ordinaire
28:50d'une petite fille
28:51de la campagne.
28:56Lucie Aubrac
28:57dans
28:57« Cette exigeante liberté ».
29:01Pour aller à l'école,
29:03nous utilisions des vélos,
29:06formidables instruments
29:07de liberté.
29:09Bien qu'aimant
29:10et respectant profondément
29:11les études,
29:12il m'arrivait de faire
29:13l'école buissonnière.
29:16Je dégonflais un tenu
29:17et arrivais en musardant,
29:19très en retard.
29:22Ces pulsions de liberté
29:23qui ont perduré
29:24remontent
29:25à ma petite enfance.
29:30Elle a des parents
29:31qui sont des gens
29:32de milieux très pauvres.
29:35Lucie et sa sœur Jeanne
29:36sont reconnus
29:37pupilles de la nation
29:38en 1924
29:39parce que leur père
29:41a été très grièvement
29:42commotionné
29:42en octobre 1915
29:44dans la plaine d'Alsace.
29:45Et ça a comme conséquence
29:47qu'elles vont toucher
29:47une petite subvention
29:49qui va les aider
29:50à faire des études.
29:52Des voisins m'auraient bien
29:55vu marier à leur fils
29:56histoire d'additionner
29:58des terres.
30:01Mais ma mère
30:01s'était promis
30:02que ces filles
30:03auraient de l'instruction.
30:06Cela rendait libre
30:08et assurait la vieillesse.
30:09Donc les parents
30:15nourrissent
30:15une vraie ambition
30:16pour leurs filles
30:17leurs deux filles
30:18mais Lucie
30:18est la plus brillante
30:20des deux
30:20et donc
30:21quelles que soient
30:22les difficultés
30:23que les uns
30:23et les autres éprouvent
30:24parce que c'est pas facile
30:25non plus pour les parents
30:26qui se sacrifient
30:27vraiment pour leurs filles
30:28et bien finalement
30:29ils vont tous tenter
30:30d'atteindre leur objectif.
30:32En 1928
30:35alors que Lucie
30:36a 16 ans
30:37la famille s'installe
30:38en banlieue parisienne
30:39pour permettre
30:40à leurs filles
30:41de suivre l'école normale
30:43d'institutrice
30:43des Batignolles.
30:46Mais Lucie
30:46a des rêves
30:47plus ambitieux encore.
30:49Elle vise
30:49l'enseignement supérieur
30:50qui est alors réservé
30:52à une toute petite élite
30:53et à une minorité
30:54de femmes.
30:57Pour entrer
30:57à la Sorbonne
30:58et donc viser
30:59l'agrégation
30:59in fine
31:00il faut le baccalauréat
31:02elle va le préparer
31:03toute seule
31:03en candidate libre
31:04première partie
31:06juillet 1932
31:06deuxième juillet 1933
31:08et quand elle a son bac
31:09en poche
31:10elle entame
31:10des études supérieures
31:11d'histoire et de géographie
31:12c'est pas évident
31:14en raison de ses lacunes
31:15de culture générale
31:16mais c'est aussi
31:17très difficile
31:18en raison de la vie
31:19très précaire
31:20qu'elle mène à Paris
31:21et donc elle a
31:22deux fers au feu.
31:29Je travaillais
31:30dans un restaurant
31:31boulevard des Batignolles
31:32j'étais serveuse
31:33oui
31:34et je faisais
31:35un peu de figuration
31:35dans le théâtre
31:36des Pitoefs
31:37qui était à côté
31:38pour gagner ma croûte
31:39il fallait que je vive
31:43quand même
31:43et mes parents
31:44n'avaient pas les moyens
31:44de m'entretenir
31:45de temps en temps
31:46ils m'envoyaient un colis
31:47ma pauvre mère
31:48mettait là-dedans
31:48des oeufs
31:49alors elle les faisait cuire
31:50avant
31:51pour que ça arrive
31:52des oeufs durs
31:52et qu'ils ne cassent pas
31:53en route
31:53ils étaient verts
31:54mais verts comme un pré
31:55si bien qu'ils étaient
31:56immangeables
31:57j'ai jamais osé lui dire
31:58et je l'ai toujours
31:59remercié des oeufs durs
32:00qu'elle m'envoyait
32:00dans ce Paris étudiant
32:04des années 1930
32:05Lucio Braque
32:07cherche des enseignements
32:08en dehors
32:09des bancs de l'université
32:11camarade de nommer
32:12président
32:12toi quand même
32:13non j'ai le rapport à faire
32:14alors Victor
32:15oui Victor
32:16alors d'accord
32:16alors Louis sera secrétaire
32:18de séance pour ce soir
32:19Lucio Braque
32:20dans les archives
32:21du parti communiste français
32:2312 décembre 1945
32:25j'ai adhéré aux jeunesses
32:29communistes en 1932
32:31les difficultés matérielles
32:33que j'ai connues
32:34m'ont fait adapter
32:35mon pacifisme
32:36à des idées plus combatives
32:38et très vite
32:43elle se révèle
32:44comme une militante
32:45de premier ordre
32:46puisqu'elle est très vite
32:48secrétaire des jeunesses
32:49communistes du 5ème
32:50puis du rayon du 13ème
32:51et puis elle devient membre
32:52du bureau de Paris-Ville
32:53Lucie Braque
33:02défie les ligues
33:03d'extrême droite
33:04de plus en plus nombreuses
33:05et devient une militante
33:07antifasciste
33:08prête à en découdre
33:09pourquoi est-ce qu'elle se distingue ?
33:13parce qu'elle a
33:13un courage physique
33:15hors normes
33:16elle se bat physiquement
33:18contre les camelots du roi
33:19par exemple
33:19elle a une très grande
33:21audace intellectuelle
33:22c'est-à-dire qu'elle n'a peur
33:23de rien
33:24elle pense que tout est possible
33:25et il est certain
33:27que cette formation
33:28d'antifasciste
33:30va jouer un très grand rôle
33:31dans les décisions
33:33qu'elle aura à prendre
33:34et puis arrive
33:48le 1er septembre 1939
33:50et sans doute peut-on imaginer
33:53chacune de nos 5 femmes
33:55l'oreille collée à son poste de radio
33:57c'est le début
34:01de la seconde guerre mondiale
34:02en Europe
34:03les allemands
34:04attaquent la Pologne
34:05sans déclaration de guerre
34:06le peuple polonais
34:08avec l'invasion de la Pologne
34:10par le jeu des alliances
34:12le Royaume-Uni
34:13et la France s'interposent
34:14et déclarent
34:15la guerre à l'Allemagne
34:16le cours de l'histoire
34:21déferle
34:22sur nos 5 personnages
34:23comme sur la France entière
34:25mais alors que l'Europe s'embrase
34:27elles sont toutes les 5
34:29et déjà armées
34:30pour maintenir le cap
34:31de leurs convictions
34:32et refuser le naufrage
34:34à commencer par notre tennis woman
34:37Simone Mathieu
34:39Simone Mathieu est proche
34:45de devenir numéro 1 mondial
34:47il lui suffit de gagner
34:482 ou 3 tours
34:49à l'US Open
34:50donc elle joue un tour
34:52et elle apprend que
34:54la guerre
34:54est déclarée
34:55et donc elle décide
34:56de retourner
34:58en Europe
34:59son bateau
35:02s'arrête
35:02en Angleterre
35:03et elle est reçue
35:05par une amie anglaise
35:06et Simone Mathieu
35:10fille d'anciens combattants
35:11découvre qu'en Angleterre
35:13les femmes peuvent
35:14entrer dans l'armée
35:15ce qui n'est pas le cas
35:16en France
35:17en novembre 1939
35:20la joueuse de tennis
35:22prend l'uniforme
35:23des ATS
35:23service des volontaires
35:25féminins
35:25de l'armée britannique
35:26elle sert en tant que
35:29traductrice et conductrice
35:31notamment au pays de Galles
35:33pendant ce temps
35:36Renée Davili
35:37chanteuse française
35:39en devenir
35:39à Buenos Aires
35:40est rentrée à Paris
35:41et elle n'est pas au mieux
35:43Charles
35:45l'amant
35:46et protecteur de Renée
35:47est mort du jour
35:48au lendemain
35:49et donc
35:50quand la France
35:51s'apprête
35:52à entrer en guerre
35:53son monde
35:54s'est écroulé
35:55et ça s'écroule
35:57de façon d'autant plus
35:58raide pour elle
36:00qu'en fait
36:00elle a engagé des frais
36:01pour partir un mois
36:03en tournée au Levant
36:04elle embarque à Marseille
36:05pour aller au Caire
36:06sa vie à ce moment là
36:12c'est
36:12il faut que je chante
36:13que j'ai des engagements
36:14que je ne cesse d'avoir
36:15des engagements
36:15pour vivre
36:16ainsi
36:18Renée Davili
36:19se dit qu'en écumant
36:20les cabarets du Caire
36:21elle pourrait gagner sa vie
36:23certes
36:24mais aussi
36:24se donner la chance
36:25de devenir célèbre
36:26or
36:31la guerre va bouleverser
36:33son destin de chanteuse
36:34en France
36:41après la mobilisation générale
36:43les semaines passent
36:45mais le conflit armé
36:46ne s'engage pas
36:47pendant cette drôle de guerre
36:51Lucie Aubrac
36:52est professeure d'histoire
36:53dans un lycée à Strasbourg
36:55et c'est ici
36:56qu'elle a rencontré
36:58son futur partenaire
36:59de vie
36:59et d'action
37:00alors Raymond Samuel
37:04il est aussi discret
37:05et réservé
37:06qu'elle est expansive
37:07et volubile
37:08mais
37:09je dirais que l'amalgame
37:10entre ces deux tempéraments
37:11aux antipodes
37:13l'un de l'autre
37:13va se faire
37:15remarquablement
37:16le 14 décembre 1939
37:23le 14 décembre 1939
37:23Lucie Aubrac
37:24épouse Raymond Samuel
37:25jeune ingénieur
37:26des ponts
37:27mobilisé sur le front
37:28mais le jeune couple
37:31a aussi pris
37:33une autre décision capitale
37:34renoncer à des visas
37:37pour les Etats-Unis
37:38et donc à l'opportunité
37:40d'échapper à la guerre
37:42rester en France
37:44est une décision
37:45d'autant plus risquée
37:46que Raymond Samuel
37:47est de confession juive
37:49mais aussi
37:55parce que l'étau
37:56se resserre
37:57après des mois
38:08d'observation
38:08le 10 mai 1940
38:10la Wehrmacht
38:11lance une offensive éclair
38:13en moins de 6 semaines
38:15la guerre est perdue
38:17très vite
38:19l'armée française
38:21est en faillite
38:21et des millions
38:23de français
38:23se jettent sur les routes
38:24après l'installation
38:28des troupes allemandes
38:29à Paris
38:29et la division
38:31de la France
38:31en plusieurs zones
38:32la famille
38:33de Mila Racine
38:34famille juive
38:35immigrée de Russie
38:36décide
38:37durant l'été 1940
38:38de passer
38:39en zone sud
38:40je m'appelle
38:42Sacha Racine
38:44Medenberg
38:45Sacha Racine
38:46épouse Medenberg
38:48et soeur cadette
38:49de Mila
38:49se souvient
38:50de cet exode
38:51en famille
38:52mon cousin
38:54Naoum Racine
38:56a ramassé
38:57tous les membres
38:58de la famille
38:58qui existaient
38:59on devait être
39:00une vingtaine
39:00il a téléphoné
39:02à tout le monde
39:02il a pris
39:03les deux camions
39:04de l'usine
39:04et sa voiture
39:05et il a emmené
39:07une vingtaine
39:08de personnes
39:09pour quitter Paris
39:11et à Pau
39:12on avait des amis
39:13qui avaient loué
39:13une grande villa
39:14mais vide
39:15sans rien
39:15alors on a tous
39:17dormi par terre
39:18et on n'a jamais
39:19autant ri
39:20de notre vie
39:21et on avait
39:21une cousine
39:22qui avait emmené
39:23une robe de chambre
39:24très élégante
39:26et qui s'est mis
39:26des crèmes
39:27et des trucs
39:28et des machins
39:28et on s'est couché
39:29par terre
39:30vous savez
39:31à 16-17 ans
39:32on rit de tout
39:33quand on n'a pas
39:34des malheurs
39:35non
39:36on ne se rendait pas
39:38compte de ce qui
39:39nous attendait
39:39mais j'en ai un souvenir
39:41absolument tordant
39:42pour le moment
39:45le rire
39:46est encore une armée
39:47efficace
39:48contre la catastrophe
39:49qui s'annonce
39:50car depuis le 17 juin 1940
39:56la France
39:57a basculé
39:58monsieur le maréchal Pétain
40:00président du conseil
40:01des ministres
40:01vous parle
40:02je me suis adressé
40:04cette nuit
40:04à l'adversaire
40:05pour lui demander
40:06il est prêt
40:08à rechercher avec moi
40:09entre soldats
40:10après la lutte
40:12et dans l'honneur
40:13les moyens
40:13de mettre un cerne
40:14aux hostilités
40:15le maréchal Pétain
40:19annonce que la guerre
40:20est finie
40:21c'est l'armistice
40:22mais ce discours
40:24qui sonne
40:25comme la fin
40:25d'un combat
40:26marque en réalité
40:28le début
40:29d'un autre
40:29c'est une sorte
40:34de mouvement
40:35très simple
40:36de coup de foudre
40:38le refus
40:39d'accepter
40:40l'asservissement
40:41de notre pays
40:41j'ai entendu
40:43le discours
40:44du maréchal Pétain
40:45qui demandait
40:45l'armistice
40:46j'étais auprès
40:48de mon père
40:49et ça m'a paru
40:51tellement intolérable
40:53moi je date
40:54mon engagement
40:55dans la résistance
40:56de ce moment là
40:57c'est le refus
40:59comment nos 5 héroïnes
41:04ont-elles affronté
41:05l'effondrement
41:05de la France
41:06c'est l'horizon
41:08du prochain épisode
41:09que la seule
41:11est-àuprès
41:11de la France
41:23m'a paru
41:24de la France
41:24m'a paru
41:24de la France